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Interlude :
Routine sur Apatros
La cantina ne portait aucun nom de baptême. Elle n'en avait pas besoin, car personne n'avait jamais eu la moindre difficulté à la localiser. Apatros était une petite planète à peine plus grande qu'une lune. Il existait peu d'endroits à visiter : les mines, la colonie et les plaines désertes qui les séparaient. Les mines étaient un énorme complexe comprenant les galeries et tunnels creusés par la COMBE, mais aussi des usines d'affinage et de traitement.
Le spatioport était également situé à cet endroit. Des vaisseaux-cargos quittaient la planète chaque jour, leurs soutes remplies de cortosis, en direction de mondes plus riches et plus proches de Coruscant et du Noyau Galactique. D'autres vaisseaux amenant du matériel minier et des provisions s'y posaient un jour sur deux. Les individus qui n'étaient pas suffisamment forts pour travailler dans les mines étaient employés dans l'usine d'affinage ou au spatioport. Si la paie n'était pas aussi élevée, leur espérance de vie était en revanche plus longue.
Quel que soit leur lieu d'affectation, les habitants d'Apatros revenaient toujours au même endroit à la fin de leur journée ou nuit de travail. La colonie n'était en réalité qu'une ville délabrée, composée de baraquements rassemblés par la COMBE pour abriter les quelques centaines d'individus qui devaient faire vivre les mines. Comme la planète qui l'abritait, la colonie portait le nom d'Apatros, mais les résidents l'appelaient plus communément « crasse-ville ». Les bâtiments en duracier gris crasseux avaient tous des façades dégradées et usées. L'intérieur des édifices était du même acabit, et les logements temporaires des travailleurs s'étaient progressivement transformés en résidences permanentes.
Chaque structure comptait quatre petites chambres privatives conçues pour loger deux personnes chacune, mais qui en accueillaient souvent trois – quand ce n'était pas plus. Il arrivait parfois que des familles entières résident dans l'une de ces chambres... à moins qu'elles n'aient suffisamment de crédits pour payer des logements plus grands. Les chambres étaient équipées de couchettes fixées aux murs et d'une simple porte qui s'ouvrait sur un couloir étroit, dont l'extrémité était occupée par des douches et des toilettes collectives. Les portes aux gonds à moitié rouillés grinçaient, les toits des bâtiments étaient composés de véritables patchworks de plaques et de bâches qui avaient été posées à la hâte afin d'empêcher les fuites en cas de pluie. Les vitres brisées étaient elles aussi bâchées pour résister au vent et au froid, mais n'étaient jamais remplacées. Une mince couche de poussière s'était déposée un peu partout, la grande majorité des habitants se souciant peu de nettoyer leurs logements.
La colonie toute entière occupait moins d'un kilomètre carré, et il était possible de rejoindre n'importe quel endroit ou structure de la ville en un peu moins de vingt minutes standard. En dépit de l'unité architecturale, il était aisé de se repérer, car les logements avaient été construits en rangées, dont l'ensemble formait un treillis de rues fonctionnelles entre les domiciles uniformément espacés. Si ces dernières n'étaient pas jonchées de détritus, elles n'étaient pas vraiment propres non plus. La COMBE prenait en charge un nettoyage sommaire de la ville, pour garantir la salubrité des lieux et ainsi éviter tout problème sanitaire – l'apparition de maladies affecterait la production minière. En revanche, la compagnie ne semblait pas se préoccuper du bric-à-brac qui s'était accumulé dans la ville : des générateurs détraqués, des machines détériorées, des pièces de métal rouillées et de vieux outils abandonnés encombraient les rues.
Deux édifices seulement se distinguaient de tous les autres. Le premier était le marché de la COMBE, le seul commerce de toute la planète. Ancien baraquement, les couchettes avaient été remplacées par des étagères, et la salle de douche accueillait maintenant une réserve protégée. Une petite enseigne en noir et blanc au-dehors annonçait les heures d'ouverture, mais aucune vitrine n'incitait le client à entrer. La boutique proposait les produits de base, à des prix exorbitants. Elle était heureuse de faire crédit, car la COMBE proposait des taux d'intérêts bien évidemment scandaleux, s'assurant ainsi que les clients travaillent encore davantage dans les mines pour les rembourser.
L'autre bâtiment qui sortait du lot était la cantina, un édifice à l'architecture et à la conception extraordinaires comparativement à l'homogénéité lugubre de la colonie. Située à quelques centaines de mètres des abords de la ville, elle était composée de deux étages, là où tous les autres bâtiments étaient de plain-pied. Elle ne se situait finalement qu'au rez-de-chaussée, car sa hauteur n'était qu'une simple façade construite par Groshik, le propriétaire neimoidien du lieu. Celui-ci déclarait souvent avoir volontairement conféré cette apparence tapageuse à sa cantina – dôme de verre violet et lampes de la même couleur à l'extérieur pour éclairer les murs bleu pâle – dans le simple but de choquer la direction de la COMBE.
Son choix l'avait rendu populaire auprès des mineurs, mais Dess doutait que la COMBE en ait véritablement quelque chose à faire. Tant qu'une part des revenus leur était versée chaque semaine, Groshik pouvait peindre les murs de son établissement comme bon lui plaisait.
Sur Apatros, la journée de vingt heures standards était équitablement scindée en deux : Dess et le reste de l'équipe de jour travaillaient de 8 heures à 18 heures, et l'équipe de nuit de 18 heures à 8 heures. Afin de tirer le maximum de bénéfices, Groshik entamait sa journée à 13 heures et fermait à 3 heures. Cela lui permettait de servir l'équipe de nuit avant leur départ pour les mines, puis l'équipe de jour lorsqu'elle finissait de travailler. Ensuite, il nettoyait son établissement pendant deux heures, dormait six heures, puis se levait à 11 heures pour se préparer avant de rouvrir. Son emploi du temps était connu de tous les mineurs, et le Neimoidien était aussi régulier que le lever et le coucher du soleil orange pâle d'Apatros.
C'est... pas vraiment aussi paradisiaque que Scarif :/
