Bonjour !
Vu qu'il s'agit de ma première publication de l'année, joyeuse année 2021... pour le moment je ne vois pas de différence avec 2020 mais passons. J'ai pris une grande résolution : je vais finir de publier cette fic cette année. Je m'agace moi même du rythme exaspérément lent des publications alors que la plupart est déjà « écrite » dans ma tête. Du coup je me suis fixée une deadline. Ca fait quand même 6 ans cette année que j'ai débuté la publication et ça me fait prendre un sacré coup de vieux ^^''...
Et après ça, j'ai envie d'écrire sur autre chose en parallèle de ma fic sur Zilphya qui est déjà bien entamée. J'ai commencé une fic sur la quadrilogie de l'Héritage de Christopher Paolini, à voir si je la publierai. J'ai aussi bien envie de refaire une petite fic sur Naruto. Et avancer sur un projet d'écriture perso. Je vais aussi acheter un appart alors en avant les travaux !
Voilà, sur cet update sur ma vie qui n'intéresse personne, je remercie comme d'habitude les reviewers et les lecteurs, pour ceux qui sont encore là :/
Merci de continuer à me suivre alors que je publie que toutes les saints glinglin ToT
Bonne lecture !
Folie
Mercredi 12 juin 1996 : Manoir des Roses
En attendant que Kreattur ne revienne avec les informations sur Sirius, je me suis allée voir ce qui arrivait à Mary. Flitwick m'a dirigée vers une pièce où il l'avait isolée en compagnie de Cameron.
Je les ais tous les deux trouvés recroquevillés côte à côte, assis par terre à l'ombre d'une armoire massive. Voir mes enfants ainsi m'a renvoyé un puissant sentiment d'échec et de culpabilité qui m'a traversée comme une brûlure. C'est la preuve que je n'ai pas bien rempli mon rôle. Que je n'ai pas su les protéger de l'horreur. Et je sais mieux que quiconque qu'ils ne seront plus jamais comme avant. Je suis restée un moment immobile dans l'encadrement de la porte, ne sachant pas quoi faire. Une partie de moi aurait souhaité faire demi-tour. Je ne suis même pas certaine d'être capable de gérer mes propres état d'âmes et ma propre détresse alors comment pouvais-je une seule seconde croire que je pourrais y arriver pour eux ? Je n'aurais jamais dû être mère. Si j'avais été faite pour ça, j'aurais été capable de les protéger et de prendre les meilleures décisions pour eux. Je ne serais pas restée égoïstement en Angleterre pour satisfaire ma soif de vengeance.
Prenant une grande inspiration, j'ai fais un pas en avant, refermant la porte dans mon dos. Le bruit a alerté Cameron. Il a levé la tête, le visage blême, la sueur coulant sur ses tempes. Il semblait au bord de la nausée mais ses yeux étaient secs. Son expression m'a appris qu'il était au delà des larmes et je savais exactement comment il se sentait parce que ça m'était aussi arrivé. Il s'est levé tout tremblant pendant que je m'approchais et il s'est agrippé à moi si fort qu'il m'a fait mal. Il ne semblait pas chercher une étreinte réconfortante mais plutôt quelque chose qui l'ancrerait dans le présent loin des images qui devaient tourner dans son esprit. Je devrais peut-être lui apprendre les bases de l'occlumancie. J'y suis douée, il est possible qu'il ait hérité de certaines facilités.
Comme il ne semblait pas décidé à me lâcher, et ne souhaitant pas le brusquer, j'ai porté mon attention sur Mary. Qui m'a bien plus inquiété que son frère. Lui, au moins, bougeait et se trouvait avec moi. Elle, elle semblait complètement ailleurs. Les expressions passaient sur son visage, s'enchainant parfois trop vite pour que je puisse les reconnaître. Puis, elle avait de longues phases de blanc. On aurait dit qu'elle s'était retirée dans son esprit si profondément qu'elle avait perdu tout sens de son environnement. Sachant qu'elle n'était pas douée en occlumancie, je doutais qu'elle l'ait fait consciemment. Je n'avais d'ailleurs que rarement entendu parler de cas pareils. En fait, je n'en ai connu que deux : Alice et Franck Londubat, après que les Lestrange et Croupton Jr se soient acharnés sur eux avec le Doloris. J'étais raisonnablement certaine que ça n'était pas arrivé à ma fille puisqu'elle avait été dans son état normal avant de se dégrader. Il était en tout cas certain qu'elle avait subi un énorme choc mais qui n'avait rien de physique.
J'ai fini par reporter mon attention sur mon fils. J'ai posé une main sur son crâne pour caresser ses cheveux ras, regrettant son ancienne tignasse qu'il avait été obligé de couper à Poudlard à cause d'Ombrage.
- Maman...
Il a tourné le visage vers moi. Je voyais que ses yeux bruns étaient hantés par ce qu'il avait vécu, mais il y avait aussi de la détermination. Une détermination féroce et inébranlable. Je me suis demandée quand mon petit garçon avait commencé à devenir un homme. Ca m'a déboussolé mais en même temps je me suis sentie fière de lui.
- Je ne veux plus jamais être impuissant. Je ne veux plus que des gens meurent devant moi.
Il commence à devenir un homme du haut de ses presque 14 ans, je ne peux le nier. En revanche l'autoriser à combattre ? Alors que j'étais déjà réticente à autoriser les 7ème années de Poudlard, pourtant majeurs, à le faire ? Même pas en rêve ! Je savais cependant qu'il n'accepterait jamais une telle réponse de ma part, et cela ne me semblait pas juste de le renvoyer sur la touche. Il avait vécu un événement traumatisant, il était un Gryffondor et voulait agir. Pour le canaliser j'avais besoin de lui donner une chose sur laquelle se concentrer. Et puis, il risque quand même de se retrouver un jour dans une situation où il devra se défendre...
- Je vais voir s'il est possible que tu rejoignes les entrainements que va proposer Alastor, d'accord ? Il va se concentrer sur les sorciers majeurs, mais tu as raison : tu ne dois plus jamais te retrouver impuissant.
Cameron doit savoir se défendre. Et si jamais il risque de se faire capturer, il doit suffisamment savoir se battre pour que les mangemorts soient contraints de le tuer. Mieux vaut pour lui mourir que se trouver capturé.
- Ca fait longtemps que ta sœur est dans cet état ?
- Quelques heures... Elle allait très bien et soudainement elle... Qu'est ce qui lui arrive ?
- Je ne sais pas encore, il va falloir que je demande à quelqu'un qui s'y connait mieux.
Je me suis demandé si je devais appeler Ted Tonks... Cameron s'est écarté quand j'ai tiré ma baguette, pas la baguette de Sureau, et jeté un sort de diagnostic basique qui m'a informée qu'elle n'avait aucune lésion physique. Ce qui m'embêtait quand même : les lésions mentales sont bien plus complexes à guérir. Il fallait que je me tourne vers un légilimancien. Dumbledore était le meilleur que je connaissais, mais est ce que ça ne lui demanderait pas trop d'effort ? Andreas avait des notions à l'époque, mais les avait-il travaillées jusqu'à devenir suffisamment doué ? Sirius aurait pu m'aider, mais il n'était pas là...
M'agenouillant devant ma fille, j'ai posé une main sur son front et je l'ai retiré immédiatement. Elle était gelée. D'un Accio, j'ai fait venir à moi une couverture et je l'ai enroulée dedans avant de la soulever. Pas le temps de tergiverser. Cameron m'a emboité le pas quand je suis sortie en trombe de la pièce, me dirigeant vers la chambre de Dumbledore.
- Je ne m'attendais pas à vous revoir si rapidement Crystall, a lancé le vieux mage.
Andreas était revenu dans la pièce avec son fils entre le moment où j'étais partie et celui où j'étais revenue. Il avait ramené de quoi prendre des notes et sa plume s'est suspendue quand nous sommes entrés.
- Moi non plus, ai-je grogné. Andreas ça tombe bien que tu sois là aussi : Mary a un problème et j'ai besoin de l'aide d'un légilimans Elle est glacée.
J'ai posé la concernée sur le lit de Dumbledore qui a péniblement tenté de se redresser sur ses coussins, mais il a eu besoin de l'aide de Lavrenti pour y parvenir. J'ai retenu une grimace : il était au bout. Les deux sorciers ont examiné Mary qui n'a pas bronché, le regard vague. Elle était aussi molle qu'une poupée de chiffon. Ils se sont concertés et Andreas a jeté quelques sorts à la demande de Dumby. Rongée par l'angoisse, je me suis écartée pour ne pas interférer. J'ai essayé de poser mon bras sur les épaules de Cameron pour l'attirer à moi par habitude, mais il est à présent aussi grand que moi ce qui rend le geste malaisé. J'ai donc posé ma main sur sa taille. Il s'est laissé faire à ma grande surprise mais aussi à ma grande joie, ce qui a réussi à me tirer un micro sourire malgré la situation.
Ayant l'impression d'être observée, mon regard a dérivé du lit vers Lavrenti qui avait penché la tête et nous observait Cameron et moi. Haussant un sourcil, j'ai entraîné mon fils vers lui, une idée soudaine en tête.
- Lavrenti, voici Cameron mon fils, ai-je dit. Cameron, Lavrenti, le fils d'Andreas qui était avec moi à Poudlard et était rentré en Russie à la fin de la dernière guerre.
Ils ont échangé une poignée de main très solennelle et j'ai ravalé mon amusement.
- Lavrenti, quand tu ne seras pas pris par tes devoirs d'apprentis, pourrais-tu entraîner Cameron ? Il a besoin d'apprendre à se battre : à Poudlard ce n'est pas enseigné et il va devoir savoir se débrouiller très rapidement.
Lavrenti a jeté un regard à son père qui avait capté notre discussion même s'il était occupé à autre chose. Il m'a regardée une seconde avant de hocher légèrement la tête à l'attention de son apprenti. C'était une bonne distraction qui éviterait que son fils ne soit trop dans les pattes du Convoyeur quand il s'agirait de s'occuper des Horcruxes et moi de m'assurer que le mien apprendrait à se battre.
- Pas enseigné du tout ? m'a demandé Lavrenti.
- Non, pas du tout. Il faudra commencer par les bases.
- Pourquoi ne pas y avoir remédié vous-même ?
Il ne s'agissait pas d'un reproche, mais de curiosité. Et la question peut sembler légitime, même si elle venait d'un garçon de 14ans.
- Par aveuglement, j'imagine : j'avais espéré que jamais plus nous ne serions en guerre et que ce serait une compétence dont il saurait très bien se passer.
J'ai abandonné les deux garçons ensemble pour me rapprocher de Dumbledore et Andreas qui m'avait fait signe d'approcher.
- L'esprit de Mary semble s'être replié sur lui-même, m'a chuchoté Dumby. Mais le plus préoccupant est l'état de son... âme à défaut de meilleure mot.
- Son âme ? On a utilisé la magie noire sur elle ?
La seule magie capable de porter atteinte à l'âme est la magie noire et effectivement, ça fait prendre à cette affaire un tout autre tournant.
- Cela semble plus que probable.
- Que fait-on ? Comment peut-on arranger les choses ?
Le regard qu'ils ont échangé m'a appris que je n'aimerais pas la réponse. Ils m'ont dit qu'ils étaient tous les deux incapables de faire quoi que ce soit. Pour l'aider, il fallait réunir en une seule personne trois compétences : la légilimancie, l'occlumancie et des connaissances pointues en magie noire. A ma connaissance, il n'existait actuellement qu'une personne capable de remplir ses conditions... Jurant entre mes dents j'ai fait un aller-retour entre la porte et le lit.
- Voyons Crystall, ce n'est pas si terrible : je vous assure que Severus est moins... terrible que les gens veulent bien l'admettre.
- Ce n'est pas ça mon problème, ai-je craché. C'est comment le faire venir ici sans griller sa couverture. Nul doute qu'il est étroitement surveillé. Je ne voudrais pas qu'il meure.
Le vieux schnock a semblé étonné de mes états d'âmes et sachant que je ne suis pas la dernière quand il s'agit de mépriser Rogue, je peux comprendre. Mais j'ai récemment commencé à ressentir une certaine sympathie pour l'espion de Dumbledore...
- Rassurez-vous, j'ai des moyens sûrs de le contacter, m'a répondu Dumbledore.
- Alors faites et sortez Mary de cet état.
Un crac ! a retenti dans la pièce, attirant mon attention sur Kreattur qui venait de réapparaître. J'ai senti mon humeur s'assombrir, car je doutais d'entendre une bonne nouvelle de sa bouche concernant l'endroit où se trouvait Sirius.
- J'ai plus urgent à faire mon côté.
Je doute que qui que ce soit, mis à part peut-être Dumbledore, ait deviné que l'elfe n'était pas à moi mais à Sirius. Aucun n'a cependant mis en doute ce que je venais de dire. Personne ne m'a regardé de travers parce que je laissais ma fille entre les mains de ces sorciers. Sauf peut-être Cameron qui me fixait sans ciller. Je me suis approchée de lui, j'ai posé une main sur son épaule et j'ai dit :
- Je te charge de veiller sur ta sœur d'ici à ce que je revienne. Personne dans cette pièce ne lui fera du mal et même si j'ai conscience que tu n'aimes pas Rogue, et que je peux comprendre ce sentiment car j'ai ressenti pendant longtemps la même chose, Mary a besoin de son aide.
Son regard s'est assombri à la mention du professeur de Potion honnis mais il a hoché la tête avec tellement de sérieux que j'ai à nouveau été surprise par la personne devant moi. Mon petit garçon râleur et si enclin aux bêtises disparaît à une vitesse alarmante…
J'ai salué tout le monde dans la pièce d'un mouvement de tête puis j'ai fais signe à Kreattur de me suivre hors de la pièce. Du coin de l'œil, je voyais ses tremblements signe qu'il avait dû apprendre quelque chose qui, même pour lui qui déteste pourtant Sirius, devait être traumatisant. Nous nous sommes isolés dans une chambre vide un peu plus loin.
- Où est-il ? ai-je demandé.
Je ne doutais pas qu'il puisse le trouver et il ne serait pas revenu si ça n'avait pas été le cas. J'étais plus inquiète quant au fait qu'il n'avait pas pu ramener son Maître avec lui. Les elfes sont souvent méprisés par le commun des sorciers mais ils ont de grands pouvoirs et ce pouvoir est également canalisé par les ordres donnés par leurs Maîtres, leur permettant d'accomplir l'impossible. Qu'il ait jugé qu'il ne pouvait pas réussir à obéir sans mourir malgré l'ordre que je lui avais donné voulait tout dire.
- A Azkaban, Maîtresse.
Il y avait de la crainte dans son regard. Et j'ai senti un frisson d'horreur me parcourir l'échine. Il n'y avait pas pire endroit en ce monde pour Sirius. Il a tellement souffert des détraqueurs, malgré qu'il puisse échapper en partie à leur emprise grâce à sa forme d'animagus, que je craignais sérieusement pour sa santé mentale cette fois. J'ai fermé les yeux. Ma première pensée a été : il faut que j'aille le chercher ! Ma seconde a été de me demander s'il ne s'agissait pas d'un piège. Sirius a été capturé par les Mangemorts et je sais combien sa chère cousine Bellatrix Lestrange souhaiterait qu'il meure. Elle veut le tuer de sa main. Alors pourquoi est-il encore vivant si ce n'est pour attirer la seule personne qui viendrait le libérer –moi – dans un piège ? Je ne crains pas les détraqueurs mais cette mission de sauvetage s'avérait plus compliqué que je ne le pensais. Car, je n'envisageais pas de renoncer.
- Merci Kreattur pour ton travail, tu peux retourner à tes occupations. Mange un morceau de chocolat avant : ça t'aidera.
Il s'est incliné après m'avoir remercié et a disparu.
Comment prendre d'assaut Azkaban ? Il faudrait que j'y aille seule pour être discrète. J'ai senti une colère intense naître au fond de moi et grandir au fur et à mesure que je retournais l'information « Sirius est enfermé à Azkaban » dans mon cerveau pour tenter de trouver un plan permettant de le sortir de là. Difficile de penser clairement tellement la fureur envahissait mon esprit. A bout de nerf, j'ai fini par abattre mon poing sur une table qui s'est brisée nette. Je ne m'en suis pas sentie mieux pour autant et je me suis trouvée stupide après coup.
Vendredi 7 juin 1996 : Manoir des Roses
Ce n'était pas la première fois que je me rendais à Azkaban même si j'espérais ne jamais avoir à remettre les pieds dans le coin. L'île où a été construite la forteresse est invisible pour les Moldus et parfois je me dis qu'être Moldue ne doit pas être si mal.
J'avais transplané sur la côte non loin pour pouvoir observer l'endroit avant de m'y rendre. La sinistre tour portait toujours la marque de l'attaque de Voldemort : personne n'avait reconstruit la partie détruite quand il avait libéré ses plus fidèles serviteurs.
La dernière fois que j'y étais allée, c'était avec Alastor qui connaissait bien la prison, grâce à son passé d'auror. J'aurais été plus rassurée de l'avoir avec moi aussi, mais il avait des choses importantes à faire… et il n'aurait jamais cautionné ce que je m'apprêtais à faire. Il aurait dit, sans avoir totalement tord je dois l'admettre, que le sort de Sirius ne méritait pas les risques que je m'apprêtais à prendre. J'essayais de ne pas penser à ce qu'il adviendrait si je me faisais capturer. Je n'étais pas bien sûre d'être suffisamment forte pour résister à ce que je vivrais. Mais Alastor serait tout à fait capable de prendre ma place à la tête de la résistance. De ça, je ne m'inquiétais pas.
Les détraqueurs volaient autours de l'enceinte, mais ils n'avaient pas l'air aussi nombreux que la fois passée. Sans doute Voldemort les a-t-il envoyés ailleurs pour semer la terreur. Ou alors la diminution du nombre de prisonniers depuis la libération de ses partisans ne constituait plus un repas suffisant pour autant de ces monstres… Si seulement il était possible de les éradiquer ! Mais il faudrait déjà savoir comment ils sont apparus car je doute fortement que ce soit naturel. Je pourrais peut-être demander à Zilphya : après tout, sa Famille est responsable de l'apparition de la lycanthropie. Ca ne me surprendrait pas qu'ils aient pu créer les détraqueurs.
Accroupie, j'ai vérifié que j'avais bien mes trois baguettes. Je comptais utiliser celle de Sureau à cause de sa puissance, mais il était hors de question que je me débarrasse de la mienne où de celle de Greg. J'ai fermé les yeux, le temps de dresser toutes mes barrières d'occlumancie. Les détraqueurs sont aveugles mais ils sentent les âmes et les émotions. Un patronus étant extrêmement visible, je souhaitais n'y avoir recours qu'en dernière intention : il devait y avoir des gardes en faction en plus des détraqueurs. J'avais donc décidé d'utiliser l'occlumancie à un niveau si élevé que je ne suis pas sûre que quelqu'un hormis Rogue et moi pourrait l'utiliser en Grande-Bretagne : jusqu'à enfouir toutes mes émotions au plus profond de ma conscience. Si profondément que je ne serais plus capable d'éprouver quoi que ce soit pendant le lapse de temps concerné. Je savais que c'était possible… et j'ai passé une journée à m'y entraîner, ne voulant pas faire attendre trop longtemps Sirius. Mais c'était extrêmement compliqué et si délicat à mettre en œuvre que je savais que ce ne serait pas très « solide » comme méthode. Une émotion trop violente et tout volerait en éclat. J'avais bien conscience que j'étais sujette à ces débordements d'émotion, mais je me devais d'essayer. Et, au pire, mon patronus me tirerait du pétrin.
J'ai repoussé au fin fond de ma conscience tout ce que je ressentais, de l'envie de vengeance et de la haine à la sensation du vent sur ma peau. La peur, l'envie, la lassitude, tout ce qui peut constituer une personnalité. Après coup, je trouve cela effrayant, mais aussi… reposant. Ne plus se soucier de rien… Je ne peux pas dire que je ressentais de la paix, car je n'en étais plus capable, mais en comparaison de ce qui m'assaille constamment tous les jours c'était… mieux.
Peur, inquiétude et doutes m'ayant quittée, j'ai appelé un de mes elfes et lui ai demandé de me déposer le long du mur de la prison. Impossible d'y transplaner, mais encore une fois les elfes font des miracles.
Une main posée contre le mur, l'autre tendue au dessus du vide et de la mer déchaînée pour me stabiliser, j'ai avancé vers l'unique entrée de la prison. Même ma peur du vide avait disparue… J'ai sauté sur la petite plate-forme devant la porte et j'ai levé les yeux, constatant qu'il y avait des détraqueurs mais que ceux-ci ne semblaient pas se préoccuper de ma présence. Cela signifiait donc que ma stratégie fonctionnait : le seul danger venait à présent d'éventuels gardes
- Hominium revelio.
Le sort m'a dévoilé la présence des prisonniers : chacun isolé dans sa cellule. Mais il ne semblait pas y avoir d'autres personnes et je me suis demandée, sans que ça n'arrive à m'horrifier sur le moment, si les prisonniers étaient vraiment laissés livrés à eux-mêmes, destinés à mourir de soif si les détraqueurs ne les dévoraient pas avant…
La porte de la prison n'était même pas verrouillée… En même temps quelle utilité ? Si les prisonniers réussissaient par un miracle quelconque à sortir de leurs cellules, il leur faudrait encore nager jusqu'à terre sans se noyer, ce qui semblait impossible… Sirius avait survécu parce qu'un bateau l'avait repêché. Il en avait eu de la chance cet imbécile. La porte s'ouvrait sur un intérieur noir comme un four et une odeur pestilentielle se dégageait, mélange de pourriture, de sang, d'urine, de déjection et de désespoir. J'ai failli vomir sous l'impact presque physique de cette odeur. Un Lumos plus loin je me suis engagée dans le bâtiment en fronçant le nez et plissant les yeux. J'aurais voulu faire vite mais malheureusement, il allait falloir que je regarde dans toutes les cellules pour trouver celui que j'étais venue chercher.
Ils étaient assez nombreux. Si je n'avais pas enfermé mes sentiments à double tour, je sais que je n'aurais pas eu le courage de juste regarder les prisonniers et m'en détourner s'ils n'étaient pas Sirius. La plupart m'étaient inconnus. Ils étaient silencieux, immobiles, recroquevillés sur eux même. Peut-être que certains étaient morts et que je ne m'en suis pas rendue compte en les voyant de loin. J'ai reconnu une chevelure rousse de Weasley, le mystère de Perceval qui ne donnait plus de nouvelle était réglé. Je pensais qu'il avait été assassiné lors de l'attaque du Ministère. Son sort n'était pas plus enviable cela dit même s'il était vivant.
Il m'a fallu près d'une heure avant d'atteindre la cellule de Sirius. J'ai manqué ne pas le reconnaître. Il ne s'était pas complètement remplumé depuis son dernier séjour à Azkaban, mais là, il me semblait beaucoup plus maigre qu'il n'aurait dû l'être au bout de quelques jours sans nourriture. Heureusement, il était tourné vers la porte, le regard dans le vide, tellement inerte que j'ai un instant pensé qu'il était déjà mort : il n'a même pas tourné la tête vers moi quand je me suis arrêtée devant sa cellule. J'ai immédiatement deviné que quelque chose n'allait pas : il n'était pas transformé en Patmol…
Je suis restée de nombreuses minutes à m'agiter devant la grille qui fermait la cellule avant de réussir à la déverrouiller. Il ne s'agissait pas d'une porte mais de barreaux qui s'enfonçaient dans la roche horizontalement et verticalement. Rien qui n'empêche un sorcier avec une baguette de sortir, mais sans baguette cela relevait de l'impossible. Une fois les barreaux rétractés, j'ai lancé quelques sorts, prudente, afin de m'assurer que je n'y finirais pas enfermée à mon tour. N'ayant rien détecté, je suis entrée prudemment.
Il ne m'a pas entendu et a sursauté quand j'ai doucement posé une main sur son épaule. Il s'est redressé, le regard hanté, une expression d'épouvante sur le visage avant que celle-ci ne disparaisse quand il m'a reconnue. Il s'est alors redressé à quatre pattes. Il a penché la tête avant de pousser un petit jappement.
- Crys ! Tu es là ? Wouaf wouaf.
Interloquée, je me suis vivement redressée quand il a essayé de me lécher le visage. Il est retombé au sol et s'est contenté de lécher ma main. Ravi, il a sautillé en rond sur lui-même, toujours à quatre pattes. Il était torse nu, ses cheveux emmêlés et rigides de sang coagulé glissant sur son dos et son torse, son pantalon en lambeau.
- Sirius ? ai-je demandé, incertaine tant son comportement me semblait incohérent. Pourquoi tu ne t'es pas transformé ?
- Patmol parti, a-t-il geint sur un ton plaintif, gémissant en se roulant en boule contre mes jambes avant de pousser un long hurlement de détresse.
Ses cheveux ont glissés, découvrant complètement son dos que je n'avais pas pu bien voir jusque là. Sa peau était noire de runes. Elles semblaient enfoncées dans sa peau et les pourtours étaient rouges, irrités. J'ai passé un doigt sur l'une des runes et il s'est mis à trembler.
- Mal. Mal, a-t-il haleté.
Il s'est éloigné de moi en secouant la tête comme un dément.
- Parti, parti, PARTI ! a-t-il répété, finissant par hurler.
Il a aboyé et a couru à quatre pattes pour faire le tour de la cellule. A la lueur du Lumos, ses yeux aux pupilles dilatées ont semblé briller de la folie qui l'habitait désormais. Et si j'essayais de donner du sens à ce qu'il me disait et aux runes sur sa peau, je devinais qu'il n'était plus capable de se transformer, même si cela me paraissait inconcevable. La forme animale d'un animagus fait partie intégrante de lui, plus encore pour Sirius qui a passé plus de temps qu'il ne le faudrait en chien. Si longtemps qu'il en avait gardé quelques caractéristiques même une fois transformé en humain. Ne plus pouvoir devenir Patmol avait dû contribuer à son état tout autant que la présence incessante des détraqueurs.
L'horreur qui se pressait contre mes boucliers d'occlumancie a commencé a filtrer sans même que je ne m'en rende compte. Elle me figeait. Je ne savais pas quoi faire.
Un bruit de transplanage m'a fait me retourner. J'ai constaté que des détraqueurs se trouvaient dans le couloir auparavant vide. Et au milieu d'eux une silhouette également entourée dans une cape noire, mais celle des Mangemorts, cette fois. Sa vue m'a fait plisser les yeux de haine.
A suivre...
