Merci à tous pour vos reviews, comme d'habitude ça me fait super plaisir :) Et non vous ne rêvez pas, un nouveau chapitre sort moins d'un mois après le dernier !
Par contre... je le trouve extrêmement violent. Je l'ai relu plusieurs fois et j'ai envisagé de le changer, mais étant donné que je l'ai écrit en moins d'une demi-heure, c'est qu'il doit être comme ça. Ca faisait longtemps que je n'avais plus écrit aussi rapidement un chapitre.
Du coup voilà... Soyez prévenus c'est violent.
La sauvagerie d'une bête acculée
Jeudi 13 juin 1996 : le Phare
Un sourire dément étirait les lèvres de Barty Croupton Junior. Je m'étonnais que ce soit lui qui vienne me cueillir ici. Bellatrix semblait plus logique. Mais je n'allais pas m'en plaindre : ce salopard a failli tuer Alastor en le gardant enfermé dans une malle pendant des mois. J'avais des comptes à régler avec lui aussi. Dégainant la baguette de Sureau, je suis sortie de la cellule pour lui faire face.
- Le Seigneur des Ténèbres savait que tu viendrais chercher ton petit toutou. Le lycanthrope a bien fait son boulot.
- Remus n'a rien dit, ai-je craché.
- Bien sûr que si : comment aurais-tu su que nous ne l'avions pas tué sinon ?
J'ai retenu un juron : si Remus ne me l'avais pas dit, j'aurais considéré Sirius comme mort. Bellatrix veut tellement sa peau qu'il n'aurait pas pu en être autrement. Je n'aurais pas cherché à le retrouver si je l'avais cru mort. Et je ne me retrouverais pas en ce moment à Azkaban dans un endroit d'où je ne peux pas transplaner et entourée de détraqueurs. Quoique, pour le moment ils ne semblaient pas très enclins à venir me bouffer. Sans doute parce que mon occlumancie jouait encore son rôle. Plus ou moins en tout cas.
- Tout ce plan consistait donc à me faire venir ici. Et tu comptes me tuer tout seul ? ai-je ironisé.
Sans me vanter, mon niveau en duel est suffisamment élevé pour que je puisse tenir tête et vaincre même les Mangemorts les plus habiles en un contre un.
- Te tuer ? Non, voyons. Depuis ton petit coup d'éclat avec Dumby le cinglé, le Maître souhaite te tuer de sa main. Mais il ne s'abaissera pas à te traquer lui-même. Etant donné que tu as fait échouer la dernière mission qu'il m'a confiée, il a jugé… pertinent que ce soit moi qui me charge de t'amener à lui. Et crois moi, j'ai été plus que ravi de lui obéir.
Un petit caquètement qui pourrait ressembler au rire de Peeves s'est échappé de ses lèvres et il a levé sa baguette.
- Avada Kedavra !
J'ai eu un instant d'arrêt. Ce sort était illogique étant donné qu'il venait de dire qu'il me voulait vivante… J'ai tout de même levé ma baguette, prête à esquiver. Avant de me rendre compte que le sort n'allait pas du tout vers moi. Comme au ralenti, j'ai regardé le sort passer à quelques mètres de moi poursuivre dans mon dos…
Il y a eu un couinement.
Puis Sirius qui était recroquevillé près de la porte de sa cellule s'est effondré. Et n'a plus bougé. Le temps a semblé se figer. La silhouette immobile de Sirius s'est gravée dans mon esprit comme si on l'y avait appliquée un fer brulant. Mes barrières d'occlumancie ont sauté, déversant effroi, douleur et folie en moi. Tout ce qu'elles contenaient jusque là m'a traversé tel un raz de marée. J'ai hurlé, perdant tout sens du commun, et les larmes se sont mises à couler. Je ne m'y attendais pas. Ca ne devait pas se passer comme ça. Il était vivant. Il ne pouvait pas mourir. C'était moi que Barty devait viser. Comment est ce que ça avait pu arriver ?
Le Doloris m'a atteint au milieu du dos. Et j'ai continué un hurlé à m'en déchirer la gorge, ne sachant pas si c'était la douleur physique ou mentale la plus pénible. Je ne saurais dire combien de temps il a passé à me torturer. Je sais juste que quand ça c'est arrêté, j'avais la gorge en feu et je n'étais plus qu'une loque jetée au sol. Je ne pouvais plus émettre ni de sons ni de larmes. Incapable, presque, de penser. Mon corps était parcouru de spasmes.
Barty s'est approché et m'a saisie par les cheveux. J'avais tellement éprouvé de douleur auparavant que ça m'a juste semblé désagréable quand il m'a trainée à côté de lui. Il s'est approché de Sirius et a retourné son cadavre du pied pour le mettre sur le dos. L'homme que j'ai aimé était dans un piteux état. Détruit par la guerre. Sa vie n'avait été qu'une succession d'atrocités auxquelles j'avais malgré moi contribué. Il avait vécu et était mort d'une manière si horrible. Mon visage s'est contracté, mais je n'avais plus de larmes à donner. Je me sentais comme anesthésiée.
- Bella va m'en vouloir, a dit Barty d'un air songeur. Elle le voulait pour elle. Pour lui faire payer d'avoir souillé sa lignée.
Il a assené un coup de pied brutal dans le visage de Sirius. J'ai senti la colère monter en moi. Comment… Ce… Bâtard… Osait-il… Je me suis agitée et il m'a filé un coup de talon dans les côtes, m'arrachant un gémissement.
- Bouge pas, a-t-il ordonné. Le Maître te veut seulement vivante alors je pourrais encore te torturer un peu plus. Tu ne vas pas t'infliger plus de douleur pour… ça ?
Et il a donné un autre coup dans le visage de Sirius, qui s'est tourné vers moi, avant d'y poser sa chaussure pour l'écraser consciencieusement. Ses yeux gris étaient vides, son visage émacié, fracturé…
J'étais en mauvais état. Sans doute en plus mauvais état que je ne l'avais jamais été. Mentalement, j'étais ravagée et les détraqueurs aux alentours contribuaient à me rendre inerte. Barty connaissait son affaire : après tout il avait aidé les Lestrange à torturer jusqu'à la folie les Londubat.
Si il s'était contenté de m'emmener à Voldemort directement, il aurait réussi. Mais il a fallu qu'il me provoque. Et en me provoquant, il a réussi à raviver le sentiment qui est mon moteur depuis tellement, tellement de temps.
Vengeance.
Le seul sentiment que je pouvais encore ressentir à ce moment là et qui traînait derrière lui d'autres pour le moins puissants.
Haine, colère, violence. Sang.
Un grognement qui n'avait rien d'humain est sorti de ma gorge et je me suis jetée sur la partie de mon tortionnaire qui était la plus proche de moi. J'ai planté mes dents dans sa cuisse, et j'ai attrapé d'une main ses parties intimes.
Il ne s'y attendait pas. Je n'étais pas la première qu'il avait torturée à mort. Les Londubat en étaient les vivants témoignages. Mais les Londubat n'étaient pas comme moi. Ils n'avaient pas eu leur chance. Alors je l'ai attaqué. J'ai arraché un bout de sa cuisse avec mes dents et j'ai broyé son appareil génital de ma main. La magie rouge pulsait dans tout mon corps avec tellement d'intensité que ça me faisait mal. Mais j'étais au-delà de ça. Au-delà de toute raison.
Il a hurlé.
Et ça a été la plus douce des mélodies à mes oreilles.
Il ne s'y attendait pas. Mais les années d'entrainement lui avaient fait gagner des réflexes. Il a malgré tout tourné sa baguette vers moi, me jetant au visage un maléfice Cuisant si puissant que je serais devenue aveugle si la magie rouge ne m'entourait pas telle une armure protectrice. Elle n'a cependant pas tout arrêté, et le sort m'a brulé le visage. Ca n'a pas suffi.
Je n'avais plus de force, mais les émotions violentes qui m'animaient me poussaient en avant. J'ai attrapé son poignet qui tenait la baguette tandis qu'il essayait de m'éloigner en tirant sur mes cheveux qu'il empoignait toujours. J'ai résisté et il m'a arraché des mèches. En contre partie je lui ai broyé le poignet comme j'avais broyé son entrejambe quelques secondes plus tôt.
Il a lâché sa baguette.
Et je lui ai arraché le bras.
Nouveau cri. Qui n'a fait qu'exciter un peu plus l'animal que j'étais devenue.
Il est tombé au sol et j'ai plongé sur lui.
J'ai eu le temps de voir briller dans on regard un éclat de peur tandis que je levais mon poing.
Et je l'ai abattu sur son visage. Une fois, deux fois, trois fois. De plus en plus vite, de plus en plus fort et un hurlement rauque, éraillé a jailli de ma gorge abimée. Quand j'ai finalement réussi à m'arrêter, haletante, épuisée, déphasée, il ne restait de sa tête que de la bouillie informe d'os, de sang, de cerveau et d'un liquide clair que je n'avais jamais vu jusque là. Il était méconnaissable. Ca n'avait plus rien d'humain. J'avais également donné quelques coups aveugles dans sa cage thoracique qui était enfoncée. Une côte jaillissait ici. Son foie était visible.
Quand j'ai réalisé ce que j'avais fait, j'ai à peine eu le temps de me trainer sur le côté pour vomir. Des bouts de chaire sont sortis de mon estomac. De la chaire humaine. Et il y avait tellement de sang. Sur moi, dans ma bouche sur le sol. J'ai vomi plusieurs fois jusqu'à ne plus rien avoir dans le ventre, mais ça ne m'a pas pour autant arrêté. Mon estomac se soulevait malgré moi comme si ma cage thoracique et tous les organes qu'elle contenait voulaient sortir.
Epuisée, je me suis trainée un peu plus loin et écroulée.
Sirius était mort.
Mort. Mort. Mort.
Et je venais de massacrer un homme à main nue avec tellement de sauvagerie que je me terrifiais moi-même.
Terreur. Horreur. Angoisse. Tristesse. Douleur.
Allongée sur les dalles froides et sales d'Azkaban, j'ai eu envie de mourir. Et ça aurait été simple, si simple. Les détraqueurs étaient là.
Je suis restée là. Longtemps.
Jusqu'à ce que ma respiration s'apaise. Je crois que j'ai peut-être dormi aussi.
Quand j'ai rouvert les yeux, je me sentais pâteuse. Complètement incapable de ressentir quoi que ce soit. Et j'avais mal. Si mal.
Je ne sais pas pourquoi je me suis redressée. Ni comment.
Il y avait la baguette de Sureau là, au sol. J'ai envisagé de la laisser là. Je l'ai quand même prise. Je me suis mise debout et j'ai titubé, claudiqué jusqu'à Sirius. Il avait été éclaboussé par le sang du Mangemort. Je me suis agenouillée près de lui. J'ai essuyé le sang sur son visage aussi délicatement que si ça avait été sur celui d'un nouveau-né. J'ai croisé ses mains sur son torse, fermé ses paupières. J'ai embrassé ses lèvres froides, desséchées et rugueuses.
Et j'ai mis le feu à son corps.
Je n'aurais pas la force mentale de le ramener avec moi. D'organiser des funérailles. Et je ne voulais pas qu'on se serve de son corps pour en faire un inférius. Ce n'était pas ça que je voulais me rappeler de lui. Alors j'ai mis le feu à son cadavre et j'ai attendu jusqu'à ce qu'il ne reste que des cendres qui se sont rapidement dispersées.
J'ai alors fait le chemin inverse dans les couloirs, passant à côté du cadavre de Barty en essayant de ne pas le regarder.
Aucun détraqueur n'a tenté de m'attaquer. Quand j'en croisais un, il s'écartait. Pourtant je n'avais pas de patronus. Je suis repassée devant les cellules que j'avais vues à l'aller, les ouvrants au fur et à mesure avec l'énergie qui me restait. Je n'aurais pas pu repartir en sachant qu'ils étaient piégés.
Arrivant devant celle de Percy Weasley, je suis entrée et je l'ai hissé sur mon épaule tant bien que mal. Il était grand, mais inerte et plutôt léger. J'ai lutté pour parvenir à l'extérieur avec lui, mais j'y suis arrivée. Là, j'ai appelé un de mes elfes. Il a couiné quand il m'a vue.
- Au Terrier, ai-je ordonné d'une voix quasiment inaudible.
- Maîtresse…
J'ai baissé sur lui un regard si chargé de menace qu'il a posé une main tremblante sur ma jambe avant de s'exécuter. Il m'a amenée pile devant la porte. Il a toqué à ma place.
J'ai entendu du bruit de l'autre côté puis le battant s'est ouvert sur William.
Je ne sais pas quel spectacle je lui offrais. Ses yeux se sont agrandis d'horreur et il a pâli si vite que je me serais sans doute inquiétée si seulement j'en avais encore été capable. D'un mouvement d'épaule quasi involontaire, je me suis déchargée de mon fardeau. Heureusement que l'aîné des Weasley avait encore des réflexes. Il a attrapé le corps de son frère.
- Percy ? a-t-il appelé en reconnaissant le concerné.
Sans attendre, je me suis tournée vers mon elfe et je lui ai ordonné de me faire transplaner au Phare. J'ai vaguement entendu William me parler, mais je n'ai pas compris ce qu'il m'a dit. J'étais partie la seconde suivante.
Je suis arrivée devant le Phare. Je n'y avais pas remis les pieds depuis l'attaque des trois lycanthropes commanditée par Voldemort pour me tuer.
Je me suis tournée vers l'horizon. Et mes jambes se sont mises à trembler. Je me suis laissée tomber et sol et je me suis allongée, les bras en croix. Il fallait que je me repose. Que je dorme. Que j'oublie.
Physiquement, je n'étais pas grièvement blessée. Le doloris avait endommagé mes nerfs, mes membres tressautaient sans que je ne le veuille. Le maléfice cuisant m'avait brulé le visage, mais c'était superficiel. C'était surtout mentalement que je n'allais pas bien.
Je n'avais plus de force. Alors j'ai simplement fermé les yeux. J'ai laissé le sommeil noyer toute la douleur que je pouvais ressentir et j'ai espéré ne plus jamais me réveiller.
A suivre...
