Bienvenue à la SHINRA
Chapitre 279)Moments difficiles
Les détonations furent entendues par les TURKS, mais aussi par Arkady qui fonça en direction de la chambre de Salomon où devait se trouver Aven. Même si les TURKS se hâtèrent autant qu'ils le pouvaient, le SATURNE qui était bien plus proche, fut le premier à entrer dans la chambre et à découvrir Aven ensanglanté, la tête reposant sur les genoux d'un adolescent en larmes. Une arme était posée sur le sol à quelques distances d'eux.
Le garçon leva vers l'arrivant un regard noyé par les pleurs, dans lequel Arkady vit de la peur puis de la résignation.
- Je ne voulais pas le tuer... souffla le garçon. Il m'a surpris... j'ai sursauté et les coups sont partis... est ce que vous allez me tuer aussi ?
Alors qu'Arkady luttait pour garder son calme, désarçonné par le comportement de l'adolescent, Aven laissa échapper un gémissement et remua faiblement.
Le garçon ouvrit de grands yeux stupéfaits et considéra le tigre noir avec incrédulité.
Même si le premier tir n'avait pas atteint sa victime à un endroit qui aurait pu mettre sa vie en danger, le second l'avait touché à la tête, qu'il soit encore en vie lui semblait relever du miracle.
Lorsque les TURKS dans leur grande majorité, seuls Martial, Cissnei, Doom, Howl, Emma et Elena étaient restés pour protéger la jeune femme les ayant aidé et le petit groupe de vedettes, débarquèrent à leur tour, ils trouvèrent Arkady sous forme humaine, en train d'essayer de soigner Aven, lequel était toujours sous sa forme de tigre.
Le jeune homme cause du drame se tenait dans un coin de la pièce, où il avait reculé pour laisser Arkady prendre soin du blessé. Il pâlit un peu en voyant tous ces gens, ces intrus qu'il avait essayé d'éviter, entrer dans son champs de vision.
Avec leurs tenues strictes pour la plupart, et leurs visages sombres, ils lui faisaient très peur et il ne savait comment se comporter en face d'eux. Il avait envie de fuir, mais ils se dressaient entre lui et l'unique moyen de quitter les lieux. Il se recroquevilla contre une paroi, tremblant de tout son être.
Reno fendit la foule des autres TURKS pour entrer à son tour. Lorsqu'il vit l'état d'Aven il laissa échapper un grondement menaçant. S'avançant vers le tigre noir, il s'agenouilla auprès de lui et d'Arkady, passa une main tremblante sur le corps blessé et la ramena couverte de sang. Cette vision acheva de le mettre en avait osé blesser celui à qui il devait d'être encore en vie, une blessure grave qui plus est... c'était impardonnable ! Qui avait fait cela ? Qui donc s'était permis d'infliger cela au tigre noir ? Il brûlait de le venger et se tourna très vite vers le garçon. Ce ne pouvait être que lui... il n'y avait personne d'autre en mesure de commettre un tel acte, mais il allait payer. Peu importait les conséquences, il allait lui faire payer.
Avant que qui que ce soit ne puisse intervenir, Reno avait bondi en direction de l'adolescent terrifié et frappé, un seul coup de sa main ensanglantée désormais munie de griffes acérées, qui lacéra le visage du malheureux, ravageant ses yeux et le faisant défaillir tant la douleur était atroce.
- Reno ! Mais qu'as tu fait ! Lança Artémis d'un ton horrifié. Il n'était pas une menace ! Il n'a fait que se défendre.
- Pas une menace ? Il a blessé Aven ! Hurla Reno. Se défendre contre Aven ? De nous tous, il est le plus inoffensif !
- Il n'en reste pas moins u tigre de belle taille, pour quelqu'un qui ne le connait pas, c'est tout de même impressionnant, tu ne crois pas ? Fit valoir Katti. Ce garçon n'a probablement jamais connu autre chose que cet endroit.
Reno tourna la tête vers elle, elle soutint son regard sans ciller. Elle semblait certaine de ce qu'elle avançait, ce qui le fit grogner de frustration.
- Tu dis cela, mais tu n'en sais rien. Commenta t'il avec humeur. Aucun de nous ne sait quoi que ce soit sur ce type. Comment il a pu nous échapper d'ailleurs ? Vous voyez, il n'est pas clair, on ne sait ni qui il est, ni d'où il sort.
- Moi, je sais qui il est. Affirma la jeune femme qui les avait aidé en les rejoignant.
Elle avait les larmes aux yeux devant les blessures d'Aven, et celles du garçon. Elle pressait ses deux mains l'une contre l'autre, dans un geste de protection, pour réprimer ses émotions.
- Que pouvez vous nous dire à son sujet ? Questionna Nael.
- Son nom est Deniel, il est le fils du directeur et de l'une des patientes, je n'ai pas connu cette dernière, elle était déjà partie lorsque j'ai été embauchée.
- Partie, comme partie, ou comme morte ? Ironisa Reno.
- Je n'ai pas eu plus d'informations à ce sujet, mais je pense qu'elle doit être morte, c'est du moins ce que pense Deniel. Expliqua nerveusement la femme.
- Elle n'était peut être pas candidate au titre de la mère de l'année et s'est barrée en laissant son mioche derrière elle. Ricana Reno. Mais merci de nous avoir appris que ce gaillard est le fils du directeur. Il va pouvoir nous dire où est passé son cher papa une fois qu'il se sera réveillé.
- J'en doute. Répondit la jeune femme, préférant ne pas relever la première partie des propos. Deniel n'a jamais été traité comme un fils par cet homme. Je pense qu'il ne le voyait que comme un fardeau depuis le départ de sa mère. Il lui interdisait de parler d'elle et ne cessait de le rabrouer, le punir et critiquer chacun de ses actes. Je ne crois pas qu'il lui ait dit quoi que ce soit. Si personne ne l'a vu c'est probablement qu'il avait du se cacher. Il est d'un naturel craintif et sa mère lui a visiblement enseigné à se dissimuler pour éviter les problèmes. Laissez moi le soigner...
- Ce ne sera pas nécessaire, nous allons nous occuper de lui nous même. Affirma Nael pour la tranquilliser.
Se tournant vers Reno, il le regarda avec sévérité.
- Considérant que tu es responsable de ses blessures, je te demanderai bien de lui donner le sang nécessaire pour guérir, mais je doute que tu aies assez de nanites en toi pour que cela fonctionne... il va falloir qu'un autre d'entre nous le fasse. Je vais m'en charger, à moins qu'un autre ici ne veuille le faire.
Reno sursauta et le regarda avec des yeux ronds. Il ne fut pas le seul à manifester de la surprise, ce que venait de dire Nael surprenait tout le monde. Des murmures s'élevèrent. L'affirmation de Nael allait à l'encontre de tout ce qu'on leur avait enseigné. Cela leur ramenait à l'esprit qu'il était différent d'eux, même s'il était lui aussi un TURKS. Ils se demandaient désormais jusqu'à où allaient ses différences. Pouvait il donc agir à sa guise ?
- Notre chef par intérim serait il décidé à enfreindre les règles ? Demanda Reno avec nervosité. Mais que dirait donc le président s'il venait à l'apprendre ?
- Il dirait que j'ai fait le nécessaire pour réparer, une fois encore, tes actes irréfléchis, répondit Nael, les TURKS ne sont pas censés blesser des personnes innocentes.
- Mais je ne suis plus un TURKS, vous n'êtes pas au courant ? J'ai été viré, par le président lui même, je ne suis donc pas tenu de suivre ces règles.
Nael et quelques autres TURKS le regardèrent avec reproche, mais, avant qu'ils ne puissent dire quoi que ce soit, la voix d'Arkady s'éleva, forte et assurée.
- Prenez mon sang. Je ne suis pas un TURKS, je peux l'offrir, ainsi qu'Aven l'a fait pour Reno. Mon sang n'est peut être pas aussi fort que le sien, mais il devrait parvenir à le guérir malgré tout.
- Tu donnerais ton sang à ce type ? S'irrita Reno. Malgré ce qu'il a fait ?
- Je crois qu'en dehors de toi, tous les TURKS sont prêts à le faire. Répondit Arkady. J'aurai mauvaise conscience à agir autrement. Aven aussi le voudrait ainsi s'il était conscient.
- Je crois que cela ne sera pas possible... souffla Nael qui venait de s'agenouiller à son tour auprès du garçon inconscient et qui le fixait avec attention, une main posée sur son front.
Le sang d'Aven, présent sur la main de Reno s'était déjà mélangé avec celui de Deniel lorsqu'il avait été lacéré, il était trop tard pour revenir en arrière et inverser le processus. Les nanites du sang d'Aven, qui œuvraient pour soigner leur propriétaire devaient déjà être en train de lutter pour en faire autant pour l'adolescent mutilé.
- C'est ce que je crois ? Questionna Arkady sombrement.
- Probablement, le sang d'Aven a déjà commencé à agir, il a de la fièvre. Répondit Nael. Ce sera une guérison assez lente, mais il devrait recouvrer la vue.
Les propos de Nael firent réaliser à Reno qu'effectivement, dans son corps également, les nanites hérités d'Aven étaient entrées en action, ce qui, dans son cas, n'était pas vraiment utile et était pour le moins désagréable. Une déplaisante sensation de fièvre commençait à l'envahir. Il grimaça et cela alarma Nael.
- Quelque chose ne va pas ? Questionna le chef provisoire des TURKS.
- On fonctionne en réseau Aven et moi, les nanites s'activent partout pour soigner, y compris dans mon corps qui n'en a pas besoin. Grogna Reno.
Nael fronça les sourcils. Même s'il ne pensait pas que cela soit préjudiciable pour Reno, il comprenait que l'ancien TURKS allait passer de fort désagréables instants.
- Et bien, cela me semble être une punition bien méritée. Commenta Artemis. Après tout, tu t'es mis dans cette situation tout seul.
Reno lui lança un regard torve, mais Nael intervint avant que la situation ne dégénère à nouveau.
- Ce n'est ni le lieu, ni le moment. Dit il d'un ton ferme. Respectez au moins Aven.
Tous se tournèrent vers le tigre noir dont Arkady surveillait toujours les blessures. Les nanites présentes dans le corps du fauve au pelage rayé s'activaient pour le soigner, son organisme montait en température, ce qui inquiétait l'autre SATURNE. Il s'adressa à la jeune femme, qui lui semblait le plus à même de le renseigner.
- Où puis-je le conduire afin de rafraîchir son organisme ? Sa température grimpe bien trop à mon goût.
La jeune femme ne se fit pas prier pour lui indiquer le chemin de la salle où il trouverait ce qu'il nécessitait.
Arkady souleva le corps inerte du tigre, non sans mal, même s'il était assez fort pour soulever son poids, la taille d'Aven lui posait problème, il ne pouvait le tenir correctement, encore moins le transporter sans qu'une part de son corps ne traîne à terre.
Rude, Legend et Rod lui vinrent en aide, ils ne furent pas trop de quatre pour déplacer le tigre noir jusqu'à la salle et le placer dans une des grandes baignoires qui se trouvaient là.
Pendant qu'elle se remplissait d'eau tiède, Arkady fit en sorte de maintenir la tête d'Aven à la surface.
Nael et Artemis se chargèrent d'amener Deniel, même si le garçon ne nécessitait pas d'être autant rafraîchi, Nael préférait opter pour la prudence et le rapprocher au cas où son état s'aggrave brutalement.
Reno suivit le mouvement et s'immergea lui aussi dans une baignoire, avec un soulagement qu'il ne chercha pas à dissimuler. Le contact de l'eau lui fit un bien fou. Soupirant d'aise il s'enfonça dans l'eau tiède jusqu'au menton et ferma les yeux quelques secondes.
Même s'il n'était plus un des leurs, et qu'il les avait sans doute déçus, il savait ne rien redouter de leur part. Ils n'étaient pas de ceux qui attaquent une personne en position de faiblesse.
Cette penser le fit pourtant tiquer nerveusement.
Une personne en position de faiblesse ? C'était ainsi qu'il se voyait en cet instant ? Il était clairement en train de se laisser aller... il allait devoir se reprendre au plus vite. Il ne devait pas admettre la moindre faiblesse, s'il commençait à glisser sur cette mauvaise pente, il aurait du mal à la remonter.
Serrant les dents de contrariété, il s'obligea à rouvrir les yeux et regarda autour de lui.
La plupart des TURKS avaient préféré rester en arrière, mais ceux qui avaient porté Aven se tenaient autour de la baignoire où il reposait. La jeune femme et Nael surveillaient le garçon, lui était seul... c'était comme s'il ne faisait vraiment plus partie du groupe, alors qu'il avait fait de son mieux pour participer à cette intervention.
Il les regarda avec amertume.
Ils n'avaient pas mis longtemps à lui tourner le dos... même s'il n'avait jamais été le meilleur d'entre eux, il aurait espéré qu'ils se montrent plus compréhensifs et solidaires envers lui.
Il se secoua brusquement et quitta l'eau, s'empara d'une serviette et se sécha tant bien que mal, avoir le corps recouvert de fourrure n'aidait pas vraiment à cela. Finalement, il laissa tomber le linge trempé sur un tas d'autres serviettes qui avaient visiblement servies et attendaient sans doute d'être lavées, puis quitta la pièce, laissant les autres s'occuper de ceux qui leur importait tant. Il se mit à errer au hasard, sans trop regarder où il allait.
Il se retrouva bientôt au dehors et s'enfonça entre les arbres du parc. Le soleil était bas sur l'horizon, les ombres envahissaient les lieux et il appréciait grandement cette atmosphère. Il prit une profonde inspiration pour s'imprégner des odeurs environnantes.
À suivre
