Note : Oliver croit avoir perdu Felicity mais il garde pour l'instant la tête froide pour effacer toutes les traces les liant au crime. Il ne peut qu'espérer qu'elle ne le livrera pas à la police. J'espère que vous aimerez ce nouveau chapitre :)

Elisa : Merci !

Chapitre 21

Après avoir nettoyé au mieux les taches de sang et leurs empreintes dans l'habitacle du van, Oliver l'avait abandonné dans un quartier des Glades éloigné de Verdant. En quelques heures, il serait soit volé soit entièrement désossé. Si la police arrivait à le retrouver malgré ses précautions, ils ne découvriraient jamais qu'Oliver Queen et Felicity Smoak y avaient été kidnappés avant de l'utiliser pour fuir leurs ravisseurs.

Il avait laissé à Verdant les armes qu'il avait récupérées et le sac contenant l'ordinateur et les téléphones de leurs agresseurs. Il effacerait tout leur contenu avant de les détruire. À coups de marteau. Ça l'aidera à évacuer la haine qui courait toujours dans ses veines contre les trois hommes qui les avaient enlevés.

Oliver rentra à Verdant en se fondant dans l'ombre des ruelles désertes à cette heure de la nuit. Il s'arrêta à la porte de son club en voyant une voiture rouge familière au bout de la rue. Felicity n'était pas partie. Il fit le tour des lieux pour la trouver. Le bar était désert ainsi que toutes les pièces du rez-de-chaussée. L'entrée de son repaire était toujours verrouillée. Il monta à l'étage où se trouvaient les salles VIP et aperçut enfin un filet de lumière sous la porte des toilettes.

Elle aussi avait dû vouloir se débarrasser du sang qui la recouvrait avant de partir. Oliver allait faire demi-tour pour la laisser tranquille mais n'en fit rien en comprenant qu'il y avait un problème. Ça faisait au moins une heure qu'elle était là. Il posa la main sur la poignée et après une dernière hésitation, entra.

Figée devant le miroir, Felicity tenait le lavabo d'une main comme pour se soutenir tandis que l'autre était à mi-chemin vers son visage, incapable de combler la distance pour le toucher. Des éclaboussures de sang marquaient toujours le côté droit de sa tête et tachaient ses cheveux blonds, leur donnant une couleur de rouille. Elle était sous le choc, réalisant enfin l'horreur de la situation.

Oliver s'approcha doucement et elle l'observa à travers son reflet, toujours immobile. Il s'arrêta à quelques pas d'elle à sa gauche, ne voulant pas envahir son espace et de façon à ce qu'elle puisse voir ses gestes dans le miroir.

-Tu les as tués, murmura-t-elle.

D'un mouvement infime de la tête, il confirma ses dires. Ce qu'il attendait était arrivé. Elle le voyait pour le monstre qu'il était. Elle prit une inspiration tremblante et porta la main à la bouche, horrifiée par ce qu'il avait fait. Oliver se fit violence pour ne pas s'approcher et la réconforter. Il avait perdu ce droit. Mais il ne pouvait pas non plus la laisser seule dans cet état et personne d'autre ne pouvait l'aider.

-Tu veux que je parte ? signa-t-il.

Elle fit non de la tête et il vit des larmes se former au coin de ses yeux. Il brûlait de les essuyer mais ne bougea pas d'un pouce, les bras le long du corps, ne lâchant pas son regard. Elle glissa la main jusqu'à une tache de sang sur sa joue et s'arrêta à quelques millimètres de sa peau. Elle ferma les yeux et prit une inspiration tremblante, s'appuyant un peu plus contre le lavabo.

-Tu peux m'aider ? demanda-t-elle dans un souffle. Je ne peux pas… C'est trop…

Si c'était possible, Oliver se tendit un peu plus. Elle lui demandait de l'aider à se nettoyer le visage. D'effacer le sang qu'il avait inscrit dessus. Son toucher ne la répugnait pas.

Malgré la paralysie qui semblait avoir atteint tous ses membres, il réussit à lever les mains pour poser une question qui n'aurait pas dû l'être, qui relevait de l'évidence, mais les réactions de Felicity lui prouvaient le contraire.

-Tu n'as pas peur de moi ?

Lorsqu'elle s'était retrouvée seule, Felicity n'avait eu qu'une idée en tête malgré Oliver qui lui demandait de partir. Se nettoyer le visage. Elle pouvait sentir sur sa joue, au coin de son œil, dans son cou, le sang poisseux de l'homme qui avait tenu une arme contre sa tempe. Elle s'était donc rendue dans les toilettes VIP de l'étage qu'elle avait visités à peine quelques heures plus tôt. Toute une vie s'était écoulée depuis.

Découvrir son reflet dans le miroir avait été un choc et elle s'était retenue au lavabo blanc, le regard figé sur les taches de sang qui la recouvraient. Leur fuite, le trajet en voiture, la courte discussion avec Oliver… tout s'était passé comme dans un rêve, un événement après l'autre, sans qu'elle n'ait le temps d'assimiler ce qu'il s'était passé avant. La réalité la frappait de plein fouet, lui coupant le souffle et la figeant sur place.

Elle et son ami s'étaient fait attaquer et enlever. Elle s'était réveillée attachée à une chaise, Oliver inconscient en face d'elle, sans qu'elle sache s'il était gravement blessé. Il s'était fait frapper devant ses yeux et elle avait été impuissante pour les arrêter. Ils avaient menacé de la… Elle avait failli être… leur victime. Et Oliver…

Il avait attaqué férocement leurs ravisseurs, il les avait tués un à un, avec des gestes précis et calculés. Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait. Lorsqu'il l'avait vue avec une arme contre la tempe, en moins d'une seconde, son agresseur était tombé raide mort. Il avait tiré sans hésitation, sans crainte de rater sa cible. C'était là qu'elle avait compris qu'il était le justicier.

Ce justicier pour qui tuer était monnaie courante. Ce justicier qui prenait la loi entre ses mains de la plus brutale des façons. Ce justicier qui évoluait dans les ténèbres pour combattre l'injustice.

C'était Oliver.

Son ami aux attentions si touchantes et aux sourires discrets si éblouissants. Son ami si hanté par son passé et pourtant si bon. Son ami qui cachait sa souffrance pour épargner sa famille.

L'homme dont elle était tombée amoureuse était un guerrier sans merci.

Felicity leva une main vers son visage, elle devrait effacer tout ce sang, mais elle s'arrêta à mi-chemin, l'idée même de le toucher lui donnant la nausée. C'était le sang d'un homme qui s'était fait tuer parce qu'il la menaçait. Elle se rappelait de ses doigts rêches sur son épaule, juste à la naissance de son cou, du canon froid de l'arme contre sa tempe. Devant eux, Oliver se déchaînait contre l'homme qui avait pris une mèche de ses cheveux entre ses doigts. Elle avait appelé son nom d'une voix tremblante mais il n'avait rien entendu, comme enragé. Il lui avait finalement tordu le cou aussi simplement que s'il brisait une allumette en deux.

Et puis il avait levé les yeux vers elle, stoïque, et alors qu'elle avait cru qu'il allait se rendre pour la sauver, il avait levé son arme et tiré sans aucune hésitation. La main et le pistolet sur sa peau avaient disparu, remplacés par des éclaboussures chaudes sur son visage. Pendant une seconde, elle avait cru mourir. Mais Oliver avait visé juste. Car il faisait ça toutes les nuits.

La porte s'ouvrit derrière elle, laissant apparaître Oliver. Elle se demanda combien de temps elle était restée là, immobile, incapable de bouger, rattrapée par les événements de la soirée, effarée par ce dont elle avait été le témoin. Trois hommes étaient morts devant ses yeux. Elle était couverte du sang de l'un d'eux.

Oliver fit quelques pas vers elle et elle ancra son regard dans le sien à travers le miroir. Il semblait défait et fatigué, et il l'approchait comme s'il craignait qu'un mouvement trop brusque la briserait ou la ferait fuir. Dans l'homme qui se tenait derrière elle, hésitant à l'approcher, il n'y avait aucune trace du guerrier sans pitié qui avait massacré trois hommes. Il n'était qu'Oliver.

-Tu les as tués, murmura-t-elle pour s'en convaincre.

D'un mouvement infime de la tête, il confirma ses dires. Ses traits se firent impassibles et elle y reconnut la froideur qui l'avait habité quand il avait combattu leurs agresseurs. Elle porta la main à la bouche pour se retenir de pleurer pour lui, il cachait tant de douleur derrière ce masque de calme qu'il affichait tous les jours. Ce qu'il avait vécu sur l'île l'avait changé dans son âme, dans ses croyances, dans son corps. Pourtant rien de tout ça ne filtrait dans la personnalité de l'Oliver qu'elle côtoyait depuis des mois. Il était tellement fort.

-Tu veux que je parte ? signa-t-il avec des gestes lents, comme s'ils lui coûtaient.

Felicity refusa, elle ne voulait pas se retrouver à nouveau seule. Avec sa chance, elle resterait figée devant ce miroir pendant des jours. Oliver la fixait des yeux, attendant une réaction de sa part, et elle prit son courage à deux mains pour glisser les doigts vers la goutte de sang la plus proche, se convaincant qu'elle pouvait le faire, que ce n'était qu'une tache à effacer. Ça la répugnait. Ça l'horrifiait. Elle rendit les armes et ferma les yeux.

-Tu peux m'aider ? demanda-t-elle dans un souffle. Je ne peux pas… C'est trop…

Elle s'était attendue à ce qu'il rit face à son incapacité à simplement essuyer quelques taches de sang mais il la fixa comme si elle avait dit une énormité. Felicity se mit une claque mentale. Elle et Oliver n'étaient pas si proches, ils n'étaient qu'amis, il le lui avait bien fait comprendre plusieurs fois, et ça faisait des jours qu'il évitait son contact. Il ne voudrait pas la toucher. Elle allait lui dire d'oublier ça, qu'elle allait se débrouiller, mais il la devança en levant les mains pour parler.

-Tu n'as pas peur de moi ?