NdA : Ceci est le dernier chapitre de l'histoire. J'ai cassé tout ce qu'il me restait à dire dedans, donc il est long. Encore. Enfin bref. J'ai un message important concernant cette fanfic en bas du chapitre.

Disclaimer : Magic Kaito est la création d'Aoyama Gōshō et Miraculous Ladybug appartient à Thomas Astruc.


Chapitre Vingt-troisième


Pour la première fois depuis un moment — un bien trop long moment — Nooroo se permettait enfin d'espérer. Après les mois passés auprès de Gabriel et à voir ses « champions » (qui étaient plus des monstres que quoi que ce soit d'autre) tout détruire sur leur chemin, il se retrouvait soudain libéré de son emprise sans aucun préavis. Il y avait une chance sur deux pour que la situation s'aggrave encore plus, et que ce criminel n'en fasse qu'à sa tête lui aussi, mais pour le moment il préférait espérer. Cela faisait trop longtemps qu'il n'en avait pas eu l'occasion.

« Alors… si j'ai bien entendu, tu t'appelles Nooroo, c'est bien ça ? »

Il tourna la tête vers celui qui l'avait arraché des griffes de son ancien ravisseur et fit une légère courbette de remerciement.

« Oui. Merci de m'avoir sauvé.

— Ce n'était rien, je voulais trouver un moyen d'empêcher le Papillon d'agir, et c'était le plus approprié. Et puis j'ai pu l'observer pendant deux minutes et c'était largement suffisant pour décider que je n'approuvais pas la manière dont il te traitait. »

Kid s'arrêta un moment pour le regarder.

« Ça va ? Tu n'as pas l'air bien.

— Juste faim à cause de la transformation, ce n'est rien, balaya Nooroo.

— Oh… j'ai du chocolat, si tu veux.

— Ce n'est pas… ce que je préfère, mais ça fera l'affaire pour le moment. »

Comme les humains avait l'habitude de dire, à cheval offert on ne regardait pas les dents. Il attrapa le carreau que l'humain lui tendait et l'avala rapidement.

« Ça va mieux ?

— Oui, merci. »

Il y eut un petit moment de silence gênant, que Kid finit par rompre en soupirant.

« Bon… c'était une chose de te voler, mais je ne sais pas trop ce que je vais faire de toi… lança-t-il en se passant une main dans les cheveux. Je n'ai pas vraiment l'habitude de voler des êtres vivants, et je ne peux pas te rendre à ce type… enfin, si tu veux visiter le Japon, je veux bien te ramener avec moi, mais…

— Et bien… même si la proposition est tentante, je crois qu'il serait plus prudent que je retourne auprès du Gardien.

— Gardien ?

— Le Gardien des Miraculous. Son travail est de protéger les Miraculous et de les confier aux bonnes personnes en cas de besoin. Duusu et moi avons été séparés des autres il y a de nombreuses années, mais n'avons pas pu les retrouver. Le Gardien est une personne discrète, et j'ignore où se trouve son domicile.

— Est-ce que Ladybug et Chat Noir le connaissent ?

— C'est lui qui leur a donné leurs Miraculous, donc normalement oui…

— C'est réglé alors. Je m'en occuperai demain. Oh, et qui est Duusu ?

— Le Kwami des Émotions. »

Kid cligna des yeux.

« Je croyais que c'était toi ?

— Non, moi je suis le Kwami de la Transmission. Je transmets un pouvoir à un Champion en fonction de son émotion du moment. Duusu matérialise les émotions, c'est différent.

— Ça ne devrait pas être le Kwami de la Matérialisation, alors ?

— Non, ça c'est encore autre chose. Ladybug aussi peut matérialiser des objets. »

Kid émit un gémissement.

« C'est beaucoup trop compliqué, votre truc, on va changer de sujet. Et il est où ton ami ? Ou elle, ou autre chose ?

— Elle, ces temps-ci. Et elle est cachée quelque part dans le manoir. Comme son Miraculous est abîmé, elle ne sort pas beaucoup. Mais j'ai peur que le Papillon ne décide de l'utiliser en remplacement de moi… dans son état, ce serait très dangereux.

— … je vois. »

Kid se releva.

« Tu connais la maison, non ? Un aller-retour ne prendra que quelques minutes, et personne n'aura le temps de nous voir. »


Aoko était de mauvaise humeur. Et oui, c'était à cause de ce qu'il s'était passé la veille au soir, quoi d'autre ?

Elle était allé au musée pour exprimer son mécontentement vis-à-vis de Kid, et finalement elle s'était retrouvée confinée au milieu d'une foule pendant une bonne partie de la nuit à côté d'un bâtiment soufflé par une explosion. Le goudron n'étant pas ce qu'il y avait de plus confortable, toute la moitié inférieure de son corps était douloureuse à cause de l'engourdissement et du contact de ses jambes avec le sol. En plus, elle n'avait pu contacter ni Kaito, ni Akako, pas même Hakuba, et son père avait été occupé toute la soirée. Finalement, elle était restée avec Nino et ils avaient discuté par Google traductions interposées en attendant qu'on leur donne l'autorisation de rentrer chez eux.

Quand celle-ci était enfin arrivée, il était trois heures du matin largement passées. Et en plus, comme elle ne se souvenait plus du chemin pour retourner à l'hôtel, qu'elle ne pouvait contacter personne, et que son portable n'avait plus assez de batterie pour utiliser le GPS, elle avait dû demander à Nino de la ramener au bon endroit. Il avait accepté, mais ils avaient d'abord dû retrouver sa petite amie Ariya, ce qui avait pris un bon moment, et au final il était presque cinq heures du matin quand elle se retrouva enfin sur le perron de l'hôtel.

Il y avait une chose à retenir de la soirée, en revanche : en effet, au bout d'une heure et demi de discussion environ, Nino et elle s'était mis à échanger les habitudes culturelles de leurs pays respectifs et elle avait décidé d'en tester quelques unes. Ou plutôt, une en particulier.

Pour ça, puisqu'elle n'avait rien préparé à l'avance, il fallait se lever tôt. En fait, vu l'heure à laquelle elle était rentrée, on pouvait tout aussi bien dire qu'elle n'avait pas dormi. Elle avait attendu le retour d'Akako, qui était rentrée encore plus tard qu'elle, en compagnie de Kaito avec qui elle semblait au milieu d'une discussion sérieuse, et avait attendu que son amie revienne dans la chambre qu'elles partageaient pour lui parler de son plan.

Elle tourna ensuite dans les rues de Paris pour trouver le bon magasin, en compagnie de sa camarade de classe qui la suivait avec un enthousiasme modéré et une envie de dormir qui rivalisait la sienne. Ceux-ci commençaient déjà à ouvrir, ce qui disait quelque chose à la fois de l'heure et du fait que les gens n'avait manifestement rien à faire du fait qu'un démon se soit déchaîné dans les rues pendant une bonne partie de la nuit (elle aurait aimé avoir ce genre de stoïcisme avec Kaito, des fois).

Quand elles revinrent à l'hôtel, son père et Hakuba étaient tous les deux rentrés, mais semblaient vouloir se coucher le plus rapidement possible et Aoko pouvait comprendre le sentiment. Elle plaça son achat à une place adéquate et s'écroula enfin dans son lit. Elle ne mit pas de réveil, elle savait qu'elle n'en aurait pas besoin.

Et comme prévu, quelques heures plus tard, un hurlement se fit entendre dans tout l'hôtel, la voix de Kaito parfaitement reconnaissable quand il trouva, posé devant le pas de sa porte, le poisson en chocolat particulièrement bien détaillé qu'elle y avait placé. Elle commençait à bien aimer les traditions françaises.

« Poisson d'avril, Kaito. »


Marinette n'était clairement pas assez réveillée, peu importe l'heure à laquelle ses parents ouvraient le magasin. Elle mit sa tête sous l'oreiller pour bloquer les sons qui provenaient du rez-de-chaussée, tentant tant bien que mal de s'accorder un peu plus de répit, mais cette technique ne marcha que jusqu'à ce que la porte de sa chambre s'ouvre dans un fracas tonitruant.

« MARINETTE ! »

C'était la voix d'Alya. Nom d'un Kwami, comment elle pouvait avoir autant d'énergie à cette heure-ci ? C'était pas humain.

« Queuwâh ?

— Houlà, fit sa camarade en arrêtant sa lancée, t'a pas dormi, toi, ou quoi ?

— Il est trop tôt pour se lever…

— Il est onze heures et demi. Et ne prétend pas avoir moins dormi que moi, je suis presque sûre que je me suis couchée plus tard.

— … alors qu'est-ce que tu fais là ? »

Une force démoniaque retira l'oreiller qui protégeait sa pauvre tête fatiguée du monde extérieur et un portable allumé se retrouva sans préavis sous son nez. La lumière violente l'éblouit même avec les yeux fermés.

« C'est quoi, ça ?

— Un direct ! C'est l'alerte qui m'a réveillée, je suis venue direct ici. »

Un direct de quoi, une alerte de quoi, elle n'en savait rien et elle n'avait pas d'énergie pour vouloir le savoir. Manque de pot, Alya en avait pour deux.

« Regarde ! C'est la première fois que je vois un Akuma se comporter comme ça. »

Eeeeeet… Marinette était sur pieds au mot « Akuma ».

« Tu te fiches de moi ? Ça fait combien de temps depuis la dernière transformation ?

— Je dirais… huit heures ?

— C'est inhumain… complètement inhumain… espèce de monstre

— Marinette, où tu vas ?

— Aux toilettes ! »


Bien sûr, les toilettes n'étaient qu'une excuse, mais plonger la tête sous le robinet d'eau froide eut au moins l'avantage de réveiller un chouïa Marinette. Elle se transforma alors, et fila par la fenêtre environ six secondes avant de se rappeler qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où était l'Akuma, vu qu'elle n'était pas encore assez réveillée quand Alya lui avait mis le direct sous le nez. Elle dût donc s'arrêter sur un toit pour ouvrir son yo-yo et chercher la vidéo.

L'Akuma était en costume violet, et particulier par le fait qu'il ne faisait absolument rien. Il était simplement aller trouver des journalistes et leur avait demandé de prévenir Paris qu'il était là, avant d'aller s'asseoir sur un banc pour aller manger du chocolat. Il était tellement sage que la Police n'osait même pas lui passer les menottes, et l'entourait juste pour le séparer des civils et faire mine de l'empêcher de partir.

Sur le chemin, elle croisa Chat Noir qui allait dans la même direction.

« Ma Lady ! Comment vas-tu ?

— Ça irait beaucoup mieux si cet Akuma ne m'avait pas réveillée… surtout qu'il ne fait rien, je suis sûre que j'aurais pu finir ma nuit et il serait resté là.

— Oh. On dirait que quelqu'un s'est couché tard hier soir.

— Ce matin. Pas assez tôt.

— Certes… enfin comparé à ce qu'on a eu hier soir, ce sera tranquille, tu ne pense pas ?

— Ça m'étonnerait… »

Ils arrivèrent ensemble et atterrirent sur l'asphalte devant la barrière de policiers qui séparait l'Akuma des passants.

« Ah ! Ladybug et Chat Noir. Je me demandais quand est-ce que vous alliez arriver, fit l'Akuma en avalant un fragment de chocolat comme s'il n'était pas entouré de policiers et menacé par des super-héros en ce moment même. Vous en voulez ? »

Ladybug en regardant le sachet en plastique d'où provenait la sucrerie avec méfiance. Les morceaux étaient tellement petits qu'il était impossible de savoir quelle forme le chocolat avait au départ. En fait, on avait l'impression qu'il avait été écrasé avec le plus de force possible avant d'être ouvert. Elle se demanda si c'était pour faire passer un message.

« … non, ça ira. Nous allons juste vous désakumatiser, si vous voulez bien. Et même si vous ne voulez pas, d'ailleurs. »

L'Akuma eut un petit rire.

« Je crois que ça va être difficile, Ladybug. Je ne suis pas akumatisé, je voulais simplement venir vous présenter des excuses pour ce qu'il s'est passé hier soir. J'ai aussi un cadeau d'excuse, qui j'espère sera suffisant. Nous pouvons donc garder cette conversation civilisée.

— … de quoi. »

L'Akuma se leva de son banc pour épousseter son costume mauves, avant de lancer : « détransformation ! »

Aussitôt, une lumière l'entoura et l'Akuma laissa la place à un homme en costume blanc.

« K… Kid ? »

Le voleur fit une courbette, et le petit Kwami à côté de lui voleta d'un air gêné sous les regards.

« Je… n'approuve pas ce qu'il s'est passé cette nuit. Je suis allé faire part de mon mécontentement à Monsieur le Papillon et lui ai emprunté sa joaillerie en réponse ; je m'excuse en passant de ne pas avoir envoyé de notes en amont pour prévenir tout le monde.

— Emprunté sa joaillerie ? répéta Chat Noir.

Vous lui avez volé sa broche ? s'écria Ladybug en fixant le petit bijou accroché à la cravate du cambrioleur.

— En effet. Mais j'ai l'habitude de rendre ce que je vole à ses propriétaires, et j'ai cru comprendre en discutant avec Nooroo ici présent que le Papillon n'était pas son vrai propriétaire. Vous devez savoir de qui je parle, non ?

— Heu… oui…

— Parfait ! Je vous fais confiance, alors. »

Kid fouilla dans les poches de son costume et en sortit un petit objet bleu.

« Ceci devrait lui revenir également, je pense. Faites attention, c'est abîmé. Ça l'était déjà quand je l'ai volé, donc ce n'est pas de ma faute.

— Mais c'est… le Miraculous du Paon !

— Ah ? fit Chat Noir. C'est marrant, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. »

Il le fixa un instant avant de hausser les épaules.

« Meh, c'est probablement juste une impression. »

Kid fit une légère courbette à Nooroo avant de retirer la broche de sa cravate, laissant le Kwami disparaître de la vue des humains, puis tendit les deux bijoux à Ladybug.

« Considérez ceci comme un cadeau d'excuse pour les événements d'hier soir. Maintenant, si ça ne vous dérange pas, j'ai encore une foultitude d'autres projets aujourd'hui. À bientôt ! »

Sur ce, il disparut.

« Qu'est-ce que vient de ce passer, là ?

— Je sais pas, mais j'ai l'impression que je ne suis pas prête de retrouver mon lit. »


Saguru essaya de ne pas le montrer, mais il était soulagé en voyant Kuroba revenir à l'hôtel. Il l'avait quand même quitté plus tôt de manière… assez vocale, dirait-on. Sans compter que la vidéo de Kid rendant à Ladybug le Miraculous du Papillon une heure auparavant était déjà devenue virale.

« Kaito a fini de bouder ? demanda Aoko, un sourire sur le visage.

Bouder, qu'elle dit, lança le magicien. C'était méchant ce que tu as fait.

— C'était en punition d'avoir soulevé la jupe d'Aoko au café l'autre jour, répondit la fille de l'inspecteur en tirant la langue. Et ce n'est pas la première fois que ça te sers de punition, non ?

— Mais celui-là, il était en chocolat, Aoko ! Tu te rends compte d'à quel point c'était cruel ?

— En quoi ce serait cruel ? demanda Koizumi.

— Elle m'a laissé un chocolat parce qu'elle sait que j'adore le chocolat, je l'ai ramassé pour le voir de près, et là j'ai vu la forme qu'il avait…

— Il a hurlé, fit Saguru depuis le canapé.

— Ça m'a transpercé le cœur. Métaphoriquement, je veux dire. »

Il frissonna de terreur. Saguru se frotta les oreilles en souvenir des acouphènes que le cri lui avait filé.

« Pourquoi en chocolat, d'ailleurs ?

— A cause de Pâques, je pense, répondit le détective. Ils ont dû combiner deux traditions en une en mélangeant les chocolats de Pâques et les poissons du premier avril.

— Exactement ! C'est Nino qui a expliqué ça à Aoko pendant qu'on étaient coincés hier soir. D'ailleurs… »

Elle sembla hésitante un instant, puis prit un air déconfit.

« Il a aussi parlé d'un marchand de glaces appelé André qui est très populaire et qui fait les meilleures glaces de la ville, mais c'est très difficile de le trouver parce qu'il change tout le temps d'endroit. Aoko aurait bien aimé y goûter, mais puisqu'on repart demain matin on n'aura probablement pas le temps de le retrouver… »

Il n'en fallu pas plus pour que les trois qui l'entouraient mettent au point une stratégie de combat pour retrouver la trace du glacier dont Aoko avait parlé en moins d'une après-midi. Saguru en utilisant ses talents de détective, Kuroba ses talents de voleur fantôme et Koizumi… il ne savait pas trop quoi, mais il savait qu'elle pouvait être très efficace alors il allait la laisser faire. Après tout, on ne pouvait pas laisser Aoko avec cet air tout triste, non ?

(Quand il releva brièvement la tête de ses recherches quelques minutes plus tard et entr'aperçut un sourire en coin et une expression satisfaite légèrement effrayante, Saguru se souvint soudain qu'Aoko avait grandi avec Tōichi comme voisin et Kaito comme ami d'enfance et sentit un frisson lui glisser le long du dos.)


« Adrien ?

— Oui, qu'est-ce qu'il y a, Nathalie ? demanda le collégien en levant la tête de son jeu vidéo.

— Votre père… a exceptionnellement décidé de libérer son après-midi et souhaite savoir si vous voulez lui tenir compagnie. »

Adrien dut répéter la phrase mentalement plusieurs fois avant de comprendre le message. Il fallait dire que c'était une phrase tellement saugrenue qu'elle semblait contrefaite.

« B… bien sûr ! Je m'habille et j'arrive tout de suite.

— Il vous attendra dans le salon, » l'informa l'assistante avant de refermer la porte.

Adrien se mit à sauter comme une puce.

« Plagg, tu as entendu ça ? Père veut passer du temps avec moi ! En général c'est moi qui doit le supplier ! »

Le Kwami quitta l'oreiller de son Choisi pour aller voleter autour de lui.

« J'ai entendu… ça ne lui ressemble pas vraiment, mais si ça te fait plaisir…

— Un peu que ça me fait plaisir ! »

Il attrapa son pantalon et son T-shirt pour remplacer le pyjama qu'il portait et moins d'une minute plus tard, il courait presque dans les escaliers pour rejoindre le salon. Une fois arrivé, il s'arrêta sur le seuil pour jeter un coup d'œil à l'intérieur.

Son père n'avait pas l'air en forme. Il semblait épuisé, mais il était difficile de savoir si c'était physiquement ou mentalement. Il était assis dans le canapé et semblait plongé dans ses pensées, ses yeux perdus dans le vague.

Peut-être, se dit Adrien, qu'il ne l'avait pas appelé. Que Nathalie avait vu l'état de son employeur et avait décidé qu'il avait besoin de quelqu'un qui n'était pas elle.

Ou peut-être qu'il avait vraiment envie qu'il soit là, il n'en savait rien après tout.

« Père ? Tout va bien ? »

Il sursauta.

« Adrien, combien de fois je t'ai dit de ne pas être aussi discret ? commença-t-il avant de soupirer. Oh, et puis peu importe. »

Il baissa de nouveau la tête et Adrien vint s'asseoir sur le canapé à côté de lui. Son père le regarda un moment, avant de l'entourer de ses bras.

C'était quand la dernière fois qu'il avait partagé un câlin avec son père ? Beaucoup trop longtemps.

« Qu'est-ce qui vous arrive, Père ? Vous voulez m'en parler ?

— C'est… compliqué. Je viens simplement de réaliser que… qu'Émilie ne reviendra pas. »

Ah. Il comprenais mieux, maintenant. C'était un mauvais jour, il en avait parfois aussi. Il pensait avoir réussi à faire le deuil de sa mère, et d'un coup toute la tristesse revenait en voyant un endroit où elle avait été ou un objet qui était à elle. Il serra son père contre lui et le sentit faire de même.

« Père ? Je pense que vous devez vous changer les idées. Ce n'est pas bon de rester dans cet état.

— Qu'est-ce que tu proposes ? lui demanda-t-il, et si ça n'était pas la preuve que son père n'allait pas bien, il ne savait pas ce que c'était.

— Et si nous sortions dehors ? Rester dans cette maison ne vous aidera pas, il faut que vous changiez d'air.

— Mais… il y a des gens, dehors…

— Je connais un endroit où il n'y a presque personne le dimanche. »

Son père le fixa un moment, avant de se lever.

« Très bien. Je vais demander à faire sortir la voiture.

— Oh non, vous avez besoin d'air, alors nous allons marcher. »

Il ignora l'air horrifié de son père et alla chercher des manteaux. Il était en mission, et il était déterminé à gagner. Qui sait quand une autre occasion se présenterait ?


Saguru ne le montrait peut-être pas, mais il appréciait de passer du temps avec ses amis ; probablement parce qu'il n'en avait pas eu beaucoup avant d'arriver à Ekoda et que la compagnie de gens de son âge lui semblait encore surréaliste. Mais bon, ils supportaient probablement ses étrangetés personnelles parce qu'ils étaient tout aussi frappés que lui, chacun à sa manière.

Enfin bref. Localiser le marchand de glace dont tout Paris ventait les produits n'avait pas pris bien longtemps : en recoupant toutes les localisations précédentes et usant d'un peu de psychologie, ce n'était pas bien difficile.

L'endroit où il se situait en ce moment était une petite placette près de la Seine, peu peuplée comparée aux rues adjacentes, ce qui arrangeait pas mal le jeune détective. Autant ça ne le dérangeait pas en général, mais Aoko, Koizumi et Kuroba formaient à eux trois une arme de destruction massive, et il préférait limiter les dégâts au maximum quand ils étaient lâchés en liberté.

« Et voilà, Aoko-kun, nous sommes arrivés !

— Merci ! Aoko va pouvoir goûter les glaces dont Nino a parlé ! »

Elle se précipita vers le vendeur, avant de s'interrompre à mi-chemin.

« Akako-chan, tu peux traduire la commande d'Aoko ?

— Si tu veux… »

Saguru cligna des yeux.

« Koizumi-san, je ne savais pas que tu parlais français.

— Oh… juste un peu. En fait, je pense que tu sera plus doué que moi. Vas-y ! »

Elle le poussa vers le marchand.

« Dis-lui que je prendrai une boule myrtille.

— Et Aoko en veut une à la fraise !

— D'accord…

— Moi ce sera au chocolat.

— Tu n'as qu'à demander toi, Kuroba.

— Bâtard. »

Il s'approcha de la petite roulotte à glace et salua le marchant.

« Ah ! Je ne vous ai jamais vu avant. De nouveaux tourtereaux venus tester les glaces d'André ? Vous ne serez pas déçus ! Mais n'oubliez pas de la manger avec la bonne personne !

— Heu… merci ? Nous allons prendre…

— Non ! Attendez. »

Il leva soudain la main pour l'interrompre avant de regarder le groupe avec attention. Son regard passa de Saguru à Aoko, puis se dirigea vers Kuroba, puis Koizumi, puis de nouveau Aoko, puis Kuroba, puis Saguru, puis Koizumi, et continua ainsi pendant quelques minutes. Ses yeux s'écarquillaient de plus en plus à mesure qu'il les regardait, et finalement se mit à secouer la tête.

« Ah…

— Tout va bien, monsieur ? demanda Kuroba.

— Heu… oui, oui. Qu'est-ce que vous prendrez, les enfants ?

— Une glace à la fraise, une à la myrtille, une au chocolat, et une à la noix de coco, s'il vous plaît, » commanda Saguru en vérifiant discrètement que le marchant ne faisait pas d'infarctus.

André leur fit rapidement leur glaces et leur fourra dans les mains en grommelant quelque chose qui ressemblait vaguement à « Seigneur, quel méli-mélo… »

Saguru préféra ne pas faire de remarques et paya les glaces avant de récupérer la sienne des mains de Kuroba.

« Et si nous allions les manger près de la Seine ? proposa alors Koizumi. Ce sera agréable, tu ne penses pas Nakamori-san ?

— Oui ! Allons-y ! »

C'est ainsi que les quatre se retrouvèrent assis le long du canal. Aoko eut tôt fait de finir sa glace, et était en train de discuter avec animation avec Koizumi.

Kaito, lui, était resté silencieux pendant un moment, ce qui finit par attirer l'attention de Saguru. Quand il se tourna vers lui, il vit le magicien perdu dans ses pensées. Il mangeait sa glace avec bien trop peu d'entrain.

Il jeta un coup d'œil aux filles qui étaient plongées dans une conversations à propos de balais (il ne voulait pas savoir) et en profita pour aller s'asseoir entre elles et Kuroba.

« Ça va ? »

Il leva la tête.

« Pourquoi ça n'irais pas ? Je vais bien, arrête avec ta paranoïa.

— Je commence à te connaître depuis le temps, Kuroba. C'est à cause du Démon d'hier soir ? Si tu as besoin d'en parler… je me doute que je ne suis pas le premier choix, mais vu que je suis là…

— Pourquoi je voudrais parler de ça ?

— Et bien… je sais que tu es fan de Kid, alors… »

Le magicien le fixa un moment, comme s'il pesait mentalement le pour et le contre. Finalement, il souffla en faisant tourner son cône de glace dans sa main.

« C'est… juste difficile d'imaginer Kid agir comme le Démon l'a fait, tu vois ?

— Et bien… peut-être parce que c'était le Démon qui agissait, et pas Kid. Personne ne peut lui en vouloir de ce qu'il s'est passé, tu le sais ? Les victimes du Papillon ont généralement droit à plusieurs consultations gratuites avec un psychologue. Si Kid avait été transformé sous sa véritable identité, on le lui aurait sûrement proposé aussi.

— Je sais, mais… ça n'efface pas ce qu'il a fait.

— Non, ça c'est le travail de Ladybug, tu te souviens ? »

Kuroba lui jeta un regard peu impressionné. Il soupira.

« Écoute. Si quelqu'un est à blâmer pour hier, ce sont Snake et Spider. S'ils n'avaient pas mis ces bombes dans le musée, ça n'aurait pas rendu Kid furieux. Ce qui est une réaction parfaitement légitime, dont le Papillon n'aurait jamais dû prendre avantage.

— Chat Noir était en petits bouts. »

Saguru grimaça.

« Certes. C'était assez impressionnant. Mais au final, il n'était pas blessé, non ?

— Quand même ! C'était… »

Le jeune détective se tourna pour faire face à son camarade et l'attrapa par les épaules.

« Kid n'a rien fait de mal. Il était pris en otage par le Papillon et personne ne peut le blâmer pour ça. C'est même plutôt l'inverse, d'ailleurs. Depuis qu'il a rendu le Miraculous du Papillon à Ladybug ce matin, il y a des gens qui ont créé une pétition pour qu'on lui remette la médaille d'honneur. Des Démons, ça arrivait tout le temps ici. Mais Kid y a mis fin à sa manière. Crois-moi, personne ne le blâme.

— Vraiment ? »

Le détective hocha la tête. Il fit les épaules du Kuroba s'affaisser légèrement.

« Mange ta glace avant qu'elle ne fonde, Kuroba.

— Hum. »

La boule de chocolat avait disparut après une minute et Saguru en conclut que Kuroba allait mieux. Mais il continuerait de le surveiller pendant un moment juste pour être sûr. Il se ferait probablement encore traiter de stalker ; rien de nouveau sous le soleil, honnêtement.

« Arthur ! »

Il se redressa en entendant une voix familière. Un peu plus loin sur le quai se trouvaient Adrien et son père, chacun une glace à la main (un cône pour Adrien et une coupe pour Gabriel).

« Adrien, je ne pensais pas te voir ici, le salua Saguru avant de se tourner vers l'adulte. Monsieur Agreste.

— Monsieur Hakuba, répondit-il d'un ton succinct. Adrien m'avait dit que cet endroit était peu peuplé, mais il l'est déjà trop à mon goût.

— Ah… désolé, nous cherchions simplement le marchand de glaces. Nous pouvons partir si vous voulez… »

Le styliste haussa les épaules comme toute réponse, avant de baisser son regard vers le pot de glace comme s'il ne savait pas comment on était censé l'utiliser.

« Père et moi avons décidé de marcher un peu pour nous changer les idées, fit Adrien pour détourner la conversation. Disons que c'était une mauvaise journée. Mais une bonne glace est parfaite pour remonter le moral, et on a eu la chance de croiser André. Même s'il avait l'air préoccupé par quelque chose, aujourd'hui, je ne sais pas ce que c'est…

— Ah, tu as trouvé aussi ? répondit Saguru. Enfin, je ne sais pas comment il est en général, mais je crois que la présence de mes amis l'a mis un peu à cran. Ce qui est compréhensible, ça arrive à beaucoup de gens. »

M. Agreste et Kuroba suivaient vaguement la conversation, le second fixant le premier avec une expression indéfinissable sur le visage. Au bout d'un moment, il se leva pour aller cher les filles.

« Bon, on va y aller ! Je pense que ces deux-là ont envie de passer du temps seuls, on ne va pas les déranger plus longtemps. Après tout, il nous reste pas mal de choses à faire.

— Ah bon ? demanda Saguru qui n'avait rien d'autre de prévu dans son emploi du temps.

— Oui. Tu n'as pas oublié, quand même ?

— Heu… peut-être… j'ai l'impression d'avoir oublié plusieurs choses très importantes ces derniers temps… »

Pour une raison obscure, Koizumi et Adrien eurent tout les deux un rire gêné à ce moment-là avant de se dévisager, surpris.

« Bon, où on va, déjà ?

— Par là ! À bientôt, Adrien ! Au revoir, monsieur Agreste ! fit Kaito en traînant tout le monde.

— Mais Kaito…

— Pas de mais, Aoko ! Il nous reste plein de trucs à visiter ! »

Saguru fit un léger signe de main à Adrien avant de se faire tirer avec les autres. Il n'avait pas eut beaucoup l'occasion de discuter avec le père de son ami, mais il en savait assez pour savoir que cette sortie aujourd'hui était exceptionnelle, alors autant les laisser et suivre la nuisance là où elle avait décidé de les traîner.

« Au soleil, sous la pluie, à midi, ou à minuit, il y a tout ce que vous voulez, aux Champs-Élysées ! »

… par contre s'ils pouvaient y aller sans avoir la musique de fond, ce serait mieux.

« AAAAH ! J'AI OUBLIÉ D'ACHETER QUELQUE CHOSE POUR KEIKO ! »

— C'EST MAINTENANT QUE T'Y PENSES ! »

… ou les hurlements.

« Oh oh oh ! Je peux vous révéler quel sera le cadeau idéal, mais serez-vous capables d'en payer le prix ? »

… il avait vraiment des goûts déplorables en matière d'amis.


NdA : Et voilà ! Si je rajoute des trucs après ce chapitre, ce ne seront que des bonus. Mais bref ! Avec le chapitre 23 de cette histoire, je finis officiellement ma toute première histoire à chapitres. J'avoue que ça fait un peu bizarre comme impression. Si la fin a l'air un peu bâclée, c'est normal, j'ai la même impression, mais je voulais vraiment publier ce chapitre aujourd'hui. Je suis curieuse de savoir quelles sont vos impressions concernant l'histoire dans son ensemble ? Ça me permettra de m'améliorer pour la prochaine fois...

Mais passons ! Suite à plusieurs demandes dans ce sens (sur les sites de ff et ao3), j'ai décidé de traduire cette fanfiction en anglais. La traduction sera publiée sur ao3, et peut-être ff et wattpad (j'hésite encore). EN REVANCHE ! Ce ne sera pas pour tout de suite, car en plus de tooouuut mes autres projets actuels, je vais d'abord éditer la fic en français. (Il n'y aura pas de modification majeure, je vous rassure, c'est au niveau du détail, mais je préfère le faire avant de changer de langue. A noter que je supprimerai les réponses aux guests en débuts de chapitres à mesure de l'édition.)

La raison pour laquelle je dis tout ça, est parce que je ne suis pas confiante à 100% en ma grammaire ou en ma syntaxe en anglais, et que par conséquent je cherche quelqu'un qui acceptera de me servir de bêta-lecteur pour corriger mes fautes ou me conseiller sur certaines traductions. L'offre est donc envoyée surtout à mes lecteurs anglophones ^^

For my English readers : Several of you asked me to translate my work or even proposed to do it. After deliberation, I have decided to do it myself, and will publish it on ao3, and maybe on ff and wattpad. As I can never be certain my work is grammaticaly correct, I am searching for a beta-reader who will help to correct my work. If you are interrested, you can send me a message ^^ Ideally, I'd prefer to work with someone speaking European English, but any help is welcome.