- Je dois trouver un moyen de sortir...Respira difficilement Mia tout contre la porte verrouillée

Elle sentait que le contrôle d'Eveline reprenait le dessus sur elle.

- Non, pas maintenant, pas maintenant...Supplia Mia

- Où veux-tu t'en aller, Maman ? Siffla Eveline

Mia mit ses mains contre ses oreilles pour ne pas écouter la voix d'Eveline.

- Zoé, il faut que tu reviennes. Je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps.

- Tu n'as pas compris que dehors il n'y a plus personne pour toi ? C'est ici ta maison ! Cracha t-elle

- Ferme-la ! Hurla Mia en essayant d'enfoncer la porte avec son épaule

La porte ne bougea pas d'un centimètre.

Son regard se posa sur le morceau de pieu ensanglanté qu'elle avait délaissé.

Elle se jeta dessus, elle inspira de l'air, c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour repousser l'emprise d'Eveline.

Mia enfonça brusquement le pieu dans son ventre, elle poussa un long hurlement aigu, le sang gicla de la blessure.

Elle continua jusqu'à qu'elle n'entende plus la voix insupportable d'Eveline.

Mia s'effondra sur le sol, le visage baigné de larmes, sa main posée sur la lésion. Elle avait tellement mal, quelle douleur insoutenable...

Elle rangea le pieu en-cas de besoin.

Mia prit sur elle, elle se mit à chercher une solution pour sortir de cette chambre. Elle fouilla la pièce afin de trouver un objet pour crocheter la serrure.

Elle ouvrit les tiroirs et même l'armoire, elle jeta par terre les cartons qui s'avéraient être vides.

Un fil de fer sous la chaise qui avait dû tomber accidentellement, attira son attention. Mia se hâta de le saisir. Elle l'enfonça dans la serrure, elle essayait de la crocheter.

- Allez, ouvre-toi ! Implora Mia

Un bruit de clic indiqua qu'elle avait réussi.

- Oui, oui, oui ! S'extasia Mia

Elle ouvrit prudemment la porte qui grinça, elle la referma derrière elle. Mia tressauta lorsqu'elle entendit la porte de l'autre côté s'ouvrir brutalement sur Jack Baker, pelle en main.

Le patriarche arborait un sourire moqueur à la vue de Mia.

- Regardez qui voilà, une petite salope qui mérite une bonne leçon. Viens voir, Papa !

Le rire dérangé de Jack résonna comme un écho, Mia s'enfuit dans les escaliers et se précipita au rez-de-chaussée.

Il réussit à la saisir par les cheveux, Mia gémit de douleur.

- Où tu t'en vas comme ça ? Railla Jack en la tournant pour qu'elle lui fasse face

- Lâchez-moi ! Ordonna Mia

Il rit de sa demande, il l'empoigna par le col de son débardeur et la rapprocha de lui, il lâcha sa pelle par terre.

- Ma petite fille commence à en avoir assez de toi et de tes conneries ! Elle veut que je te discipline et je vais le faire tout de suite ! Gronda Jack

Les yeux de Mia s'écarquillèrent de peur.

- Oh oui ça va faire mal. Ricana le père Baker en levant son poing pour la frapper

Mia donna des coups de pieds pour le repousser, ça ne suffisait pas à l'éloigner d'elle.

Elle sortit le pieu et le planta dans sa poitrine, elle l'enfonça profondément jusqu'à que du sang jaillisse comme un tuyau cassé.

Sa main s'en retrouva entièrement tachée. Elle recula de plusieurs pas en voyant Jack devenir fou de rage.

- Tu vas voir ce qui t'attend ! Je vais t'écorcher vif jusqu'à que tu n'auras plus de peau ! Jura Jack avec fureur

Mia se précipita par la porte extérieure, elle courait sans s'arrêter et alla rejoindre la caravane.

- Zoé ! Zoé, tu es là ?! Cria Mia en ouvrant la porte en grand

Elle trouva la caravane vide. Mia essayait de garder son calme, elle plongea ses mains dans ses cheveux.

- Réfléchis, où peut-elle bien être allée ? La grange ! Il n'y a que là-bas qu'elle peut se procurer de la nourriture...J'arrive, Zoé !


- Qu'est-ce qui m'arrive ?! Qu'est-ce que vous m'avez fait ?! Hurla Ève désemparée en se débattant sur la table

Le corps tremblant et le visage blafard, du sang chaud s'écoula à flot de son nez aussi abondamment que sa maladie provoquait habituellement.

- Ça recommence, ça recommence, mes médicaments, j'en ai besoin ! Sortez-moi de là et donnez-les moi ! Saffola t-elle

- Petite idiote, vous n'avez aucune maladie, le processus d'un traitement non adapté a engendré ces dérèglements dans votre organisme, il fallait y penser avant de vouloir vous enfuir. Au contraire, vos saignements devraient s'arrêter, les transfusions que je vous viens de vous implanter vont les faire cesser. C'est assez surprenant que vous avez réussi à en sortir indemme, ils auraient pu vous tuer. Je vous ai sauvé la vie.

Ève resta silencieuse, elle n'en pouvait plus. Étrangement les dires du scientifique s'avéraient être véridiques, la minute d'après elle ne sentit plus les saignements.

Malgré ça, elle ne se sentait pas pour autant bien, elle avait des bouffées de chaleur.

Ève tourna la tête en direction de l'homme qui la dévisageait en retour avec froideur.

Elle ne voulait pas le remercier, pas après tout ce qu'il lui avait fait. Les douleurs qu'elle avait ressenties, demeuraient fraîches dans sa mémoire.

- Je ne m'attendais pas à autant d'ingratitude, mais de votre part, ça ne m'étonne pas. Souligna t-il

- Vous pensez que je vais vous remercier. La seule issue pour me libérer de ce cauchemar était à ma portée et vous l'avez détruit en mille morceaux. Ironisa Ève

Le scientifique haussa un sourcil, il ne croyait pas un seul instant ce qu'elle sous-entendait.

- Vous n'avez aucunement envie de mourir, ça je ne peux pas le croire.

- Et pourquoi en doutez-vous, Docteur Walker ? Ai-je l'air de mentir ?

- Si faible...Après tout ce que vous avez vécu, vous n'avez pas envie au contraire de survivre pour continuer à prouver cette force.

- Non, vous vous trompez, ce n'est pas par faiblesse que je veux renoncer à la vie, c'est pour ne plus faire souffrir personne...

- Que c'est touchant...

- Je n'ai plus rien à vous dire.

- Moi non plus, j'en ai fini pour aujourd'hui retournez donc vaquer à votre occupation.

- De quoi parlez-vous ?

- Eh bien vous savez, être le jouet vivant d'Eveline bien entendu. Sourit le docteur méchamment

Ève ne prit même pas la peine de répondre à sa provocation.

Sans entendre une réponse concrète d'elle, le docteur sortit son téléphone de sa blouse et composa un numéro qui était inconnu pour elle.

- Étrange, il ne m'a pas répondu. Il doit être encore en train de réaliser ces expérimentations tordues. Et dire qu'ils voulaient lui donner mon poste...Marmonna t-il pour lui-même

"Il parle de Lucas, je vois qu'il n'a pas une excellente réputation auprès de ses alliés." se disait Ève.

- Je vais devoir vous ramener moi-même...S'accabla t-il


Mia traversa des couloirs inquiétants, elle ne savait pas comment retrouver Zoé sauf qu'elle se devait de faire quelque chose.

Elle ne pouvait pas attendre que ça se passe, elle devait agir.

Zoé hurlait à s'en casser la voix à travers le bâillon contre sa bouche dans l'espoir que quelqu'un l'entendrait, elle se mit à gesticuler sur sa chaise.

Rien de rien, ses efforts ne l'aidèrent pas à se détacher de la chaise.

- Pourquoi toute cette agitation, petite sœur ? Je veux juste qu'on passe du temps ensemble et qu'on s'amuse un peu. Quoi ? Tu n'en as pas envie ? Railla Lucas

Zoé l'ignora et continua à se débattre.

- Ne me mets pas en colère, je te rappelle que je n'ai pas oublié ce que tu as fait. Grinça Lucas

Zoé décida alors de se calmer, ça ne servait à rien et par-dessus tout dans cette mauvaise posture Lucas pouvait lui faire ce qu'il voulait.

- Tu deviens enfin raisonnable, ça c'est une nouveauté. Je t'explique ce qui va suivre, t'as vraiment de la chance d'avoir le don d'Eveline et tu n'en profites pas pleinement. T'en fais pas, t'en fais pas, je vais t'aider puisque tu n'y arrives pas toute seule à le faire. Ce n'est pas ce que les grands frères font ? Aider leur adorable petite sœur à apprendre les choses de la vie, mmh ?

Zoé, qui ne comprenait où il venait en venir le toisa, attendant patiemment la suite.

Amusé par l'abandon de Zoé pour toutes sortes de combativités et de protestations, Lucas finit par révéler au grand jour ses intentions à son égard.

- On va jouer à se démembrer mais petit avantage pour moi, je ne peux pas perdre. Tu as juste intérêt à tout faire pour faire un sans faute.

Zoé fronça les sourcils d'un air désapprobateur. C'était injuste comment elle pouvait sortir d'ici.

- T'inquiète pas, pour la première manche je serais cool, je vais te laisser choisir à quel endroit tu veux être découpée en rondelles.

Son rire maniaque résonna comme un écho aux oreilles de Zoé, qui trembla pour ce qui allait arriver.

Elle ne voulait pas jouer à ça, elle savait qu'elle ne supporterait pas la douleur atroce.

- Pour nous départager, on va jouer à action ou vérité. Comme tu peux pas bouger, on va se contenter de poser des questions. Je vais devoir t'enlever ça malheureusement.

Lucas se leva de son siège et dénoua le bâillon pour qu'elle puisse parler puis il regagna sa place.

Une fois la parole libérée, Zoé se déchaîna :

- Tu perds ton temps Lucas, j'ai compris, j'ai compris la putain de leçon ! Ça ne sert à rien de me le dire, c'est bon tu as gagné, je ne veux rien avoir avec toi, plus jamais ! Alors laisse-moi partir, je ne fouinerais plus dans tes affaires, fais ce qui te chante, je m'en moque, ça ne me regarde pas !

- C'est facile de dire ça après ce que tu as fait, tu crois que tu vas t'en tirer à si bon compte ? Fais-moi confiance pour que ça n'arrive pas ! Tu peux faire ce que tu veux, Zoé, tout ce que tu veux, tu ne peux pas me renier, ni moi ni notre famille.

- C'est bon tu me l'as dit que tu me détestes alors pourquoi tu racontes ces conneries que je ne peux pas vous éjecter de ma vie ?!

- Je veux que tu comprennes et que ça rentre une bonne fois pour toutes dans ta petite tête ! Tu vas payer pour ce que tu as fait !

- Et qu'est-ce que tu comptes faire bordel ?! Tu vas me torturer jusqu'à je saigne, que je souffre jusqu'à en souhaiter mourir, c'est ça ?!

- Putain t'as tout compris, ça m'étonne, d'ailleurs...

- À quoi ça sert, dis-moi ? Ça ne va rien réparer, rien du tout...

- Je pourrais enfin fermer l'œil et dormir l'esprit tranquille, rien qu'à l'idée de te voir brisée, mon petit cœur en a des palpitations.

- Je ne veux pas ! Protesta Zoé

- Je te laisse pas le choix, soeurette !