Bla Bla de l'auteur.

Auteur: Uasti

Publication du chapitre : le 31/03/2021

Disclaimer: Masami Kurumada est l'auteur de l'œuvre originale.

RAR : Merci Emma, Borealys, Olivier88, Setsunafr, Cris29, Libellule8 et Rulae! Comme d'habitude, réponses en messages privés à ceux qui ont un compte, et pour les autres:

Emma: Il ne faut pas me chanter la reine des neiges et dire à Ishtar d'être libérée délivrée ! Ca va être le bordel (aussi au sens littéral)! Tu connais le cerveau d'Ishtar? Il va y avoir des chatons épilés à la cire, des hommes obligés de se balader nus, des chevaliers harcelés, des orgies dans des temples! Je ne peux pas la laisser faire, trop de chaos! (Je connais des lecteurs qui ne diraient pas non remarque...) Roh et ça y est, ça m'a encore collé l'air de la chanson dans la tête en plus, comme lorsque j'ai lu ton commentaire la première fois! C'est moche ce que t'as fait! Et plus sérieusement, en réponse à ta review proprement dite, merci pour ton commentaire qui m'a bien faite rire. Le coup du bruit de l'eau qui donne envie de faire pipi dans le palais de Poséidon, tu m'as tuée (Je crois que t'as tué l'orgueil de Posichéri aussi, qui tire une grande fierté de son domaine). Et le coup du Père Noël c'est plutôt bien résumé, connaissant notre déesse de l'amour... Je confirme, Poséidon était en forme, malgré son manque de sommeil. Kanon est un fourbe, mais Posichéri est son Maître! Le coup de la consommation du mariage... Il y a pensé (j'y ai pensé) mais il n'a rien dit (et je n'ai rien écrit) car oui, connaissant Kanon, ce n'est pas un sujet de doute une clause pareille! MDR. J'avoue qu'Hilda est bien coincée là (tu m'as tuée avec le duo Posi-Ka). Thanatos et Hypnos, j'aime bien les imaginer ayant entre eux une relation d'inséparables, mais bien planquée sous plusieurs épaisseurs de vacheries et de coups tordus. Du genre : "bon, il est mort, ça lui fera les pieds pour les siècles suivants, mais de toute façon, je ne suis pas inquiet, parce qu'on est immortels de toute façon. Mais quand même, il va me manquer cet abruti. Avec qui je vais jouer du pipeau moi hein?"... Ereshkigal et Hadès aka Eredès (petit clin d'œil à Rulae qui a trouvé le nom officiel de ship), mdr comment ça, ça ne prendra pas un mois? Tu me lances un défi là? Tu sais à quel point je peux être horriblement sadique dans le slow burn des personnages?! Mouahahaa! Parles-en à Kanon qui ronge ses ongles d'impatience! Mais oui en vrai, sans spoiler, on ne peut que constater qu'il y a quelque chose qui naît sans grand besoin de l'intervention des titans. La trahison de Babylone et les raisons qui l'ont poussée à agir... J'ai toujours eu cette idée du perso. Je trouvais ça jouissif d'écrire une femme forte, qui rebalance à la tête du destin les saletés qu'il lui a balancées. Mais elle a ses failles, et du coup, malgré ses pouvoirs, j'espère qu'on peut voir aussi qu'elle a son propre chemin, et qu'on peut s'attacher à elle, malgré son étiquette initiale de jumelle maléfique ou démoniaque. Hippi-Bouddha... OMG! Next surnom de Shaka par Kanon... Je vais trouver un endroit ou l'inclure c'est sûr! XD Et pour les mots clés des résumés, à la base, c'était un mini délire perso pour retrouver rapidement mes scènes quand j'ai besoin de vérifier un truc rapidement dans les anciens chapitres pour rester cohérente dans l'écriture des nouveaux chapitres. Et puis c'est devenu un mini jeu avec les lecteurs XD

Olivier88: Merci pour ton petit message! Je m'étais bien amusée à l'écrire ce chapitre là, je suis contente si tu as pris autant de plaisir à me lire que j'en ai eu à l'écrire! Amuse-toi bien avec le nouveau chapitre! Et encore merci pour ton message!

Dans ce chapitre : Des explications et des retrouvailles salées, des jumeaux avertis et le retour du Truc, le ricanement intérieur d'un titan, et des méthodes mesquines et radicales...

Rating toujours (S)M *pasmafautesimespersossonttarésetjefaisdelapubmensongèresijeveux*

Un chapitre plus calme, comme un doudou, pour vous faire des câlins à distance en cette période difficile! Et avec un titre absurde, histoire de vous remonter le moral!

Ah et sinon, c'est un truc de fou, vous vous rendez compte qu'on approche des 200 commentaires?! On fêtera ça comment? Hadès en tutu?! Posisexy en tenue d'Adam?

Bonne lecture et prenez soin de vous!

Arf, et la bande son du chapitre! Eivor - Falling Free (regardez le live, pas la version studio pulvérisée par la beauté du live)


Chapitre 33 - La mort du crayon


Il avait ouvert les yeux et elle avait été immédiatement absorbée par le bleu intense de son regard, bordé de ses longs cils noirs. Il n'avait pas eu besoin de formuler une réponse. Il avait juste eu à la regarder. Elle savait. Elle savait tout ce que son regard disait sans un seul mot. L'univers et le cosmos dans ses yeux résonnaient avec le sien...

Le silence régnait sur la plage déserte, alors qu'elle avait cessé de crier.

Toute la colère qu'elle pouvait ressentir, tout le stress, le tourbillon des émotions liées à la peur d'être abandonnée ou de le perdre, le sentiment qu'elle allait se retrouver seule à nouveau...

Tout était dérisoire en comparaison.

C'était comme si sur cette plage, pont entre la mer et le sable, la vie et le désert, les vents du destin s'étaient amusés à les faire échouer là, après des siècles d'errance, dans un moment irréel.

Tout comme l'âme d'Ishtar qui avait évolué pendant ses siècles de malédiction, il était à la fois totalement différent et pourtant le même. Elle avait eu peur. Tellement peur que l'une des personnalités écrase l'autre. Que Shamash détruise Shaka ou l'inverse. Parce que Shamash avait toujours été l'un des plus importants repères de son existence. Mais ils étaient la même personne? C'était à la fois terrifiant et un profond soulagement.

Shamash était devenu Shaka au fil de ses réincarnations, retrouvant petit à petit son cosmos et en s'éveillant, Shaka s'était élevé au 9ème sens, rompant les dernières entraves dans son esprit, et se souvenant enfin de ce qu'il avait toujours été alors qu'il avait pu revivre et contempler toutes ses précédentes incarnations. Deux faces du même médaillon. Un seul être, enfin en pleine possession de ses pouvoirs, et de bien plus désormais. Un dieu qui avait dû passer par la condition humaine pour accéder à l'éveil. Une condition humaine qu'il n'avait finalement totalement expérimentée et acceptée que grâce à celle pour qui il s'était sacrifié des millénaires plus tôt, dans une boucle parfaite du destin.

Ishtar avait la sensation de tomber au ralenti sans même bouger. Leurs auras étaient mêlées comme jamais auparavant. A quoi bon lutter ou se mettre en colère? Elle ne pouvait qu'accepter et arrêter de se voiler la face.

Ce n'était que maintenant qu'elle comprenait pourquoi elle avait toujours eu peur que Shaka ne finisse par la quitter. Une part de lui demeurait incomplète, comme son nom, qui n'avait toujours été qu'un raccourci du nom qu'il avait réellement et qui était si représentatif de son destin. Shakyamuni. Le nom du bouddha. Il avait accompli son propre destin désormais et par là-même, il s'était enfin libéré. Elle pouvait voir tout cela, ainsi que l'amour profond qui emplissait son âme pour elle, mais aussi pour le monde qu'il désirait protéger. Un amour sans limite. Inconditionnel. Absolu et bienveillant.

Lui aussi demeurait silencieux, observant Ishtar. C'était comme s'ils se rencontraient à nouveau, sans plus aucun masque, sans mensonge, leurs âmes enfin à nu. Elle avait abaissé ses barrières mentales et leurs cosmos mêlés, il pouvait lire en elle aussi facilement qu'un livre ouvert, tout comme il la laissait lire en lui.

Il n'avait jamais réalisé avant, à quel point le chaos de son cosmos reflétait le chaos magnifique et vivant de son esprit, à la fois parfaitement opposé et complémentaire à sa manière à lui d'être et de vivre. C'était cette qualité qu'il avait toujours admirée le plus chez elle : elle reflétait l'imprévisibilité totale de la vie et du monde. Ishtar vivait sa vie dans une quête de liberté absolue, sans véritable but autre que celui de se sentir vivante et libre d'être.

Il comprenait aussi les raisons de sa colère. Elle avait une peur irrationnelle d'être abandonnée. Il voyait à quel point elle portait de nombreuses blessures, dont la plus profonde, étrangement, n'était pas celle liée à Zeus ou à ses amours passées et trahies, mais celle liée au départ d'Ereshkigal, que malgré leur haine et leurs dissensions, elle avait vécu comme une trahison totale et un pur abandon. Comme si toutes leurs querelles et leurs coups bas jusque là n'avaient été qu'un jeu cruel entre sœurs, mais sans qu'Ishtar puisse réellement penser être un jour abandonnée par sa propre jumelle...

Le contact s'interrompit.

Elle avait baissé son regard vert clair, presque translucide et observait désormais sans les voir les vagues qui venaient caresser le rivage près d'eux. Elle avait remis ses barrières mentales à nouveau. Il ne percevait désormais plus que ce que trahissait son cosmos, encore mêlé au sien, mais il ne lisait plus ses pensées ou son esprit.

En silence, elle déboutonna le blazer qu'elle portait et le posa au sol avant de s'asseoir dessus, les genoux ramenés contre elle et ses bras entourant ses jambes. Elle ne dit rien, observant la mer près d'eux. Elle ne tourna pas le visage en l'entendant s'asseoir sur le sable, à ses côtés, indifférent au fait d'abîmer ou non les vêtements qu'il portait.

Il y eut un long silence, avant qu'elle ne prenne la parole, presque hésitante.

"Tu sais... Je suppose que c'est un peu tard, mais avec quelques millénaires de retard... Je te demande pardon. Pour tout... Et je te remercie de m'avoir sauvé la vie." Souffla-t-elle.

"La gifle d'accueil était ta manière de me le montrer?" Du ton neutre et pourtant ironique et joueur qu'elle adorait. Même sa voix lui avait manqué.

Elle lui jeta un regard en coin. Elle ne voyait que son profil alors que lui aussi observait la mer, mais un fin sourire indéfinissable éclairait son visage. Vêtu de sa tenue noire à l'encolure brodée d'or, il ressemblait à une idole dans la clarté solaire, auréolée de la lumière blonde de sa chevelure qui voletait avec le vent. Comme tout semblait simple en sa présence...

"Tu m'as manqué... espèce de bouddhiste taré."

Il tourna le visage vers elle, une lueur franchement amusée dans son regard bleu électrique.

"M'appeler Shaka sera suffisant... " Répondit-il d'un ton amusé, avant de reprendre plus sérieusement. "C'est un nom qui incarne ce que je suis maintenant. De bien des manières, Shamash n'est qu'une des mes anciennes vies et un point de départ. Toi comme moi, nous n'avons plus rien à voir avec ce que nous étions."

"Je n'ai pas encore décidé si j'ai envie de te pardonner pour avoir passé sous silence ce que tu es est allé faire en Inde... Ne pouvais-tu pas me parler de tes projets? Et je ne parle même pas de mon abstinence forcée." Il haussa un sourcil interrogateur, qu'elle comprit sans la moindre parole." Nous pouvons parler librement ici, c'est un peu comme en Asgard. Je t'expliquerai..."

"Dans ce cas..."

Il rompit l'espace qui les séparait, passant une main derrière sa nuque pour l'attirer à lui, alors que l'autre emprisonnait au sol l'une des mains d'Ishtar, leurs doigts s'entremêlant. Elle sourit puis rejeta la tête en arrière, lui offrant ses lèvres alors qu'il se penchait vers elle pour l'embrasser.

La sensation de ses lèvres contre les siennes était douce, apaisante et enivrante à la fois. Elle savoura chaque seconde de leur étreinte, appréciant la sensation de l'avoir contre elle à nouveau, le plaisir simple de pouvoir respirer son parfum et pouvoir enfin baigner dans la chaleur qu'il dégageait. Il y avait des milliers de questions, d'explications ou de sujets qu'elle aurait voulu aborder avec lui, mais là dans ses bras, rien n'était plus vraiment urgent, à part le fait d'apprécier le moment. Plus tard elle pourrait réfléchir, mais pas maintenant.

Elle fit lentement glisser les doigts de sa main libre, remontant en une caresse le long de son torse pour ensuite s'accrocher à l'encolure du sherwani qu'il portait afin de l'attirer plus à elle. En un subtil jeu intoxicant, le baiser devenait moins doux, graduellement plus ardent et expert, empli de promesses sensuelles et non dites. Il lui avait vraiment manqué.

Elle s'écarta légèrement, pour caresser du bout des doigts son visage si noble qu'elle adorait, en retraçant les contours en une lente caresse. L'arc parfait de ses sourcils, l'angle de sa mâchoire, l'index qui passe sur ses lèvres si douces, masculines et attirantes. Index mordillé au passage par son amant joueur, qui lui avait saisi la main, la stoppant dans son exploration. Et alors qu'il embrassait ses doigts fins, puis l'intérieur de son poignet, elle n'arrivait pas à le quitter des yeux, essayant de résister au feu et au désir, allumés par ces simples gestes de lui.

Résistance futile. Pourquoi résister après tout? Il la connaissait. Il savait très bien ce qu'il était en train de faire et de provoquer en elle. En parfait bouddhiste respectant la voie du milieu, il était un savant mélange entre les extrêmes, l'ange et le démon, tentation trop parfaite pour qu'elle ait la moindre envie de penser à autre chose qu'au fait qu'il était là, enfin, près d'elle, et qu'elle avait envie de lui, là, maintenant. Après des semaines sans son contact, sa peau la brûlait là où il la touchait.

Elle fit glisser ses doigts sur le manteau traditionnel qu'il portait, dégrafant aussi vite que possible les attaches pour libérer l'accès à son corps, alors qu'elle se rapprochait de lui, toujours assis au sol, pour se mettre à cheval sur ses cuisses.

"Si impatiente..."S'amusa-t-il tendrement, obéissant pourtant à sa demande silencieuse en faisant disparaître dans un éclat de cosmos le vêtement gênant, qui se retrouva au sol. Il resserra leur étreinte, ses mains errant dans le dos d'Ishtar, puis il inclina la tête pour caresser l'oreille de son amante avec son souffle, avant d'en mordiller brièvement le lobe délicat et descendre déposer des baisers contre son cou. "Tu m'avais promis quelque chose non?" Il releva le visage vers elle, la fixant de son regard si tentateur, avant de souffler l'une des phrases les plus emplies de luxure qu'Ishtar ait jamais entendues : "Laisse-moi lire tes pensées..."

Elle ferma les yeux, posant son front contre le sien, passant ses bras autour de son cou, alors qu'ils étaient toujours assis sur le sable, elle à califourchon sur ses cuisses.

"Si je fais ça... Tu ne dis rien. Pas un commentaire compris?"

Leurs visages étaient proches, leurs souffles se mêlaient. Elle l'entendit répondre un simple "hum..." d'approbation. Elle devinait parfaitement le petit air amusé sur son visage. Ne rouvrant pas immédiatement les yeux, elle inspira profondément et essaya de se détendre, puis chercha son cosmos à nouveau, mêlant son aura à la sienne, essayant de lui laisser l'accès, abaissant ses barrières mentales.

Comme promis, il ne fit aucun commentaire. Mais la réaction fut immédiate, parce que désormais, il percevait ses pensées comme les siennes. Et les pensées d'Ishtar étaient tout sauf un appel à la chasteté.

Elle se retrouva saisie par les hanches, plaquée étroitement contre lui, alors qu'ils échangeaient un nouveau baiser qui n'avait plus rien de tendre, mais qui était une affirmation possessive que l'un appartenait à l'autre, que leurs corps résonnaient comme leurs auras, dans une dualité parfaite. Chaos et harmonie, qui se rencontraient dans un ballet sensuel et presque violent.

Elle noua ses jambes autour de lui, s'accrochant à lui, alors que d'une facilité totale, il se relevait tout en la portant pour l'emmener avec lui, parce que les pensées de la déesse indiquaient clairement une envie de baignade bien particulière.

Ils furent bientôt dans l'eau, leurs mains s'empressant d'enlever ce qui restait de leurs vêtements. Shaka les faisant parfois disparaître dans un éclat de cosmos quand ils étaient trop compliqués à enlever, ce qui s'avérait souvent, au vu de leurs corps serrés l'un contre l'autre, du mouvement des vagues qui compliquait la tâche, et de l'empressement total d'Ishtar à essayer de le déconcentrer. Ses mains auréolées de cosmos laissaient dans leur sillon une chaleur douce, qui contrastait avec les vagues fraîches qui se mouvaient autour d'eux. Il arrivait encore à utiliser ses pouvoirs dans une situation pareille? Elle se mit à sourire à cette pensée, alors qu'ils se retrouvaient parmi les vagues et qu'elle s'accrochait à lui, n'ayant plus pied.

"Tu lis vraiment mes pensées, même maintenant?! Tu pourras rester assez concentré combien de temps? J'ai très envie de tester ta résistance..." Pensa-t-elle, avant de proférer un "Hey!" à haute voix. Elle se retrouva entraînée sous l'eau par son amant. Elle émergea quelques secondes plus tard en riant.

"Tu triches! Comme en Asgard avant ton départ!"

"Je suis certain que tu n'avais jamais rien traduit de manière aussi passionnée non?"

"Et me faire l'amour ici et maintenant de manière passionnée, au lieu d'essayer de me noyer?"

"Peut-être... Si tu arrêtes de penser à des manières d'essayer de me déconcentrer..."

"C'est pour faire avancer la science!"

"Viens ici." Il l'attira à lui, déposant un baiser sur sa tempe, avant de détacher rapidement la chevelure de sa compagne, autrefois retenue en un chignon que sa petite promenade sous l'eau avait fini d'achever. Il passa un pouce sur les lèvres d'Ishtar, dont le rouge à lèvres était désormais presque totalement effacé. Elle était bien plus belle ainsi, sans artifices.

Dans la lumière du jour et parmi les vagues, elle pouvait voir chaque goutte d'eau qui brillait et redessinait les contours des épaules et du haut du torse de son amant. Il était une vision à se damner avec sa longue chevelure blonde assombrie par l'eau de mer, qu'il avait rejetée en arrière mais dont certaine mèches joueuses venaient encore caresser son visage. Et elle le dévorait des yeux, prenant bien soin de détailler mentalement à quel point elle avait envie de lui, et qu'elle n'avait absolument aucune envie qu'il soit tendre.

Il ne répondit rien à ses pensées, mais fixa son regard bleu au vert de ses pupilles, lui souriant dans une invitation sensuelle, alors qu'elle réduisait l'espace déjà ténu entre eux.

Elle fut bientôt à nouveau totalement contre lui, ses bras passés autour de son cou afin de se stabiliser, parce qu'il avait avancé et qu'elle n'avait presque plus pied là où ils étaient désormais. Il la souleva par les hanches et soutint son regard, alors qu'il obéissait à sa supplique silencieuse en venant enfin se perdre en elle, sans plus de préliminaires, la possédant là, enfin, parmi les flots. Elle gémit et ferma brièvement les yeux, enfonçant ses doigts dans les épaules masculines rendues glissantes par l'eau. Prenant appui sur lui, elle se mit à onduler, alors qu'il lui imposait le rythme de ses mouvements par ses mains plaquées sur elle, qui la soulevaient et l'abaissaient comme si elle ne pesait rien. Ils ne se quittaient pas du regard, sauf pour s'embrasser, et déguster le sel sur la peau de l'autre. Et parfois, ils étaient littéralement submergés et s'embrassaient sous l'eau, avant d'émerger à nouveau et continuer leur danse sensuelle.

Voir l'autre, sentir l'autre, se prouver qu'ils étaient bien là, ensemble. Rien d'autre n'avait d'importance que de pouvoir ressentir le flot des sensations monter en eux comme une marée inexorable, un délicieux chemin qu'ils parcouraient à deux, perdus dans leur bulle menant à l'extase, savourant les sensations en eux et contemplant sur le visage de l'autre le plaisir partagé, de plus en plus loin, plus fort, plus ardent.

Elle adorait la violence en lui, animale mais contrôlée pourtant. Avec lui, elle pouvait s'abandonner sans crainte, dans une confiance totale et parfois aussi se laisser contrôler, dominer par lui, lui laissant le contrôle total de l'acte. Et là, après des jours d'abstinence, elle avait juste envie de se concentrer très égoïstement sur son propre plaisir. Qu'il ne se privait pas de lui donner. Ses mains sur ses fesses, qui lui imposaient leurs mouvements, sa peau contre la sienne, ses lèvres qui la mordaient parfois dans le cou, entre deux caresses, et une main qui parfois, s'égaraient pour saisir violemment un sein ou lui tirer le cou en arrière pour l'embrasser, avant de retourner imposer un rythme de plus en plus violent ou descendre plus bas, entre eux, pour la caresser.

A chaque fois qu'elle croisait son regard embué par le désir, tout était décuplé. Elle ne pensait plus à rien, à part le plaisir qui montait en elle, ses cuisses qui se resserraient de plus en plus autour de lui, la sensation de sa chaleur en elle et ses va-et-vient.

Il percevait encore partiellement ses pensées désordonnées, mais lui-même n'avait plus vraiment la concentration pour les écouter. Plus fort, plus vite, dit ou pensé, peu importe... Elle tremblait de plus en plus, et il avait la ferme intention de la faire basculer avant lui.

Elle finit par s'abandonner entre ses bras, son visage perdu près du sien, alors qu'elle lâchait totalement prise, emportée par la jouissance. Une vague profonde de chaleur et de bien-être s'emparant d'elle alors que toute la tension disparaissait enfin, emportée par le plaisir.

Et alors qu'elle se cambrait, il fallut toute la maîtrise de lui-même d'un expert en méditation pour éviter de l'accompagner immédiatement. Il la tint serrée contre lui, alors qu'elle redescendait doucement de son nuage.

Elle aurait été incapable de dire combien de temps il avait été capable de les soutenir ainsi, parmi les flots, sans perdre pied. Mais même lui avait un seuil de résistance.

Elle sourit en sentant que dans un éclat de cosmos, il les avait transportés à quelques mètres de là, sur le rivage, où il la déposa délicatement sur le sable là où les vagues venaient s'échouer, avant de s'allonger sur elle et lui voler un baiser, tout en faisant glisser ses mains le long de son corps.

Elle ne chercha même pas à lutter lorsqu'il enserra ses poignets avec ses mains, avant de les ramener au dessus de sa tête, dans le sable, la tenant désormais entravée. Leurs regards continuaient à se chercher, leurs lèvres à se trouver entre des soupirs et des gémissements de plus en plus rapprochés et appuyés.

Elle se cambra de plaisir lorsqu'il la fit sienne à nouveau. Elle garda les yeux ouverts cette fois-ci, lui offrant son âme comme elle lui offrait son corps.

Ici où la mer était leur seul témoin, où il n'y avait pas les murs du palais d'Asgard et des serviteurs partout autour, il avait envie de l'entendre crier son plaisir quand auparavant, elle se mordait les lèvres, parfois au sang, pour essayer de rester discrète.

Elle tremblait de plaisir sous lui, toujours immobilisée partiellement et entravée par ses mains, mais elle se débattait désormais, essayant de se libérer pour pouvoir l'enserrer et le toucher.

"Je veux t'entendre crier." Souffla-t-il, resserrant sa prise sur elle, avant d'accélérer et amplifier brutalement ses mouvements, lui coupant le souffle et toute envie de répondre de manière cohérente. Il connaissait son corps, il savait ce qu'elle adorait. Il finit par la relâcher, lui permettant de venir faire courir ses mains couvertes de sable sur lui, alors qu'il soulevait l'une des ses cuisses pour changer d'angle. Elle se mit à gémir fortement puis à crier.

Ce fut d'entendre ce chant divin bien particulier qui finit par faire perdre totalement le contrôle à Shaka. Leurs auras et leurs pensées à la dérive mêlées comme leurs corps, ils ne faisaient plus qu'un.

Une infinie douceur et une infinie violence, alors que les souffles devenaient hagards, que les cris résonnaient comme des râles d'une agonie exquise, chaque nouveau coup de reins les amenant vers le gouffre, alors que la chaleur montait en eux, de plus en plus forte.

Puis la libération, à nouveau, totale, profonde. Ses spasmes eurent raison de lui et il la suivit peu après, fauché par l'extase.

Après de longues secondes, elle le retint, l'empêchant de la quitter, lui faisant signe silencieusement de rester contre elle. Son poids sur elle ne la gênait pas. Au contraire. Elle ne s'était jamais sentie aussi légère et apaisée depuis une éternité. Elle finit par fermer les yeux, alors que leurs souffles s'apaisaient peu à peu.

Après un petit moment, elle le sentit se mouvoir pour s'écarter et s'allonger sur le côté, près d'elle, avant de la prendre dans ses bras à nouveau. Ils étaient totalement échevelés, couverts d'eau de mer et de sable, mais elle n'aurait changé sa place ici pour rien au monde.

"Je crois que nos vêtements sont restés dans l'eau..." Murmura-t-elle au bout d'un long moment, nichée contre son épaule et amusée par cette soudaine réalisation, alors qu'elle faisait glisser un doigt paresseux sur la ligne de ses abdominaux.

"Je devrais pouvoir nous en créer... Mais tu préfères peut-être que je te laisse nue?"

"C'est une idée..."

Elle releva le visage vers lui, s'accoudant sur le sable et posant son menton sur son épaule.

"Shaka?"

"Hum..." Il avait gardé les yeux fermés et semblait savourer simplement le moment, sous le soleil.

"Tu sais que je t'en veux quand même toujours?" Elle vit ses paupières se soulever et fut bientôt confrontée à son regard bleu.

"Je sais."

"Pourquoi tu ne m'as rien dis? Tu savais très bien en partant en Inde que tu allais essayer de réveiller la parcelle divine en toi... Et si tu avais été comme Jullian? Tu aurais disparu sans même m'en parler?"

"Je n'étais pas certain d'arriver à mon but. T'en parler n'aurait fait que te rendre inquiète pour quelque chose que tu ne pouvais pas maîtriser. Et dans tous les cas, je serai revenu, sous une forme ou une autre..."

"Tu m'exaspères! Cesse de te comporter comme si tes actes ne concernaient que toi! Tu n'es plus seul! Arrête de tout vouloir porter seul." La main paresseuse qu'elle faisait courir sur le torse de son amant continuait à caresser, malgré ses paroles, la peau humide et par endroits couverte de sable de son compagnon.

"Pardonne-moi. Je ne voulais pas te blesser. Et d'ailleurs, c'est plutôt moi qui devrait être celui qui t'en veut le plus dans tout ça..."

"Tu ne vas pas me mettre Babylone sur le dos..."

"Je pensais plutôt au fait que tu as préféré la version humaine de moi plutôt que la version divine. Si ça avait encore de l'importance pour moi, je crois que j'en aurais pris un sacré coup à l'égo."

"Vu comme ça... Mais je n'y peux rien si je préfère ta version 20ème siècle..."'

"La version 20ème siècle te remercie."

"Shamash..."

Il haussa un sourcil interrogateur alors qu'elle utilisait ce nom pour s'adresser à lui.

"Ne meurs plus jamais. Peu importe le siècle ou la version. C'est un ordre."

Il ferma les yeux à nouveau, souriant.

"Parce que tu comptes continuer à me donner des ordres?"

"Tu es encore chevalier d'or de la Vierge, non? Tu me dois donc obéissance..."

"A toi et à Athéna. Et certainement pas une obéissance aveugle."

"Tss... Ouvre les yeux..." Il l'observa, son regard bleu à moitié couvert par les longues mèches blondes humides qui traversaient son visage. Autour d'eux, tout était paisible. "Tu es quoi en ce moment? Un dieu ou un humain? Je veux dire, ton corps?" Elle leva une main, désignant le point sur le front de la Vierge, qui n'était plus rouge, mais blanc.

"Pourquoi, mon corps ne te satisfait pas?" Sourire amusé. "Tu n'avais pas l'air de te plaindre tout à l'heure."

"Pour un être éveillé, tu es sacrément pénible tu sais?"

"C'est la marque de l'éveil. Mon cosmos a changé. Et tu sais que le cosmos influence tout le reste."

"Tu pourrais... survivre à Ereshkigal alors?"

"Pourquoi?"

"Poséidon est en train d'organiser un rendez-vous avec Hadès."

"Je suis contre votre projet de guerre."

"Je sais."

"Mais tu t'es alliée malgré tout à Poséidon?"

"Nous devons parler toi et moi, sérieusement."

"Plus tard." Il sourit, faisant glisser une main sur l'épaule d'Ishtar. "Aujourd'hui, nous pourrions nous accorder du temps pour nous retrouver d'accord?"

...


...

Refusé. Refusé. Refusé. Mais ses subordonnés n'avaient-ils donc tous que des demandes idiotes?! Ah, celle-ci acceptée. Encore non. A soumettre à Poséidon. Refusé. Et puis quoi encore de plus? Ils voulaient qu'ils viennent les border dans leur lit le soir?! Ce n'était pas parce qu'on était en temps de paix qu'il fallait relâcher la discipline.

Un miaulement sonore et le bruit d'un objet qui tombe au sol...

Kanon soupira et leva le nez du rapport qu'il lisait et annotait pour lancer un regard à son jumeau, qui était en train de jouer avec le Truc. Le chaton courrait partout dans le bureau du Dragon des mers. Pièce du palais de Poséidon que Kanon occupait assez peu, somme toute, depuis sa nouvelle prise de fonction post résurrection, mais depuis laquelle il avait fait régner l'ordre sur le sanctuaire sous-marin, des années plus tôt. Il avait profité de sa journée relativement libre pour faire le point sur les évolutions et les derniers évènements durant son absence en Asgard, et examinait désormais les affaires courantes qui ne méritaient pas d'être amenées à l'attention de Poséidon mais que les autres généraux avaient préféré lui soumettre.

Un peu plus loin, l'urne de l'armure d'or de la Vierge brillait, posée au sol.

Shaka était quand même sacrément gonflé de lui confier son armure et le chat en surplus, avant de s'en aller l'air de rien, en laissant une armure d'or au milieu du sanctuaire sous-marin. Certes, il y avait Saga et lui-même n'était pas un ennemi d'Athéna... Mais la Vierge... Son cosmos était différent. Il lui avait brièvement semblé aussi puissant que celui d'Ishtar ou Poséidon, avant que Shaka ne le dissimule parfaitement. Qu'avait-il fait en Inde? Il n'avait pas jugé bon de donner la moindre explication.

"C'est lui le fameux chat que Shaka avait enlevé?"

"Humpf." Grogna Kanon pour toute réponse, avant de regarder plus sérieusement son jumeau. "Tu l'as senti toi aussi?" Il n'avait pas besoin de préciser pour que Saga sache exactement de quoi il parlait.

"Tu veux ma théorie?" Demanda calmement le Gémeau, alors que le chaton courrait encore après un bout de papier que Saga s'amusait à faire voleter avec son cosmos. "Je pense que Shaka est devenu un bouddha."

"Pff... Sa tête ne va plus passer les portes si c'est ça... Pourtant..." Kanon détourna le regard, fronçant les sourcils. Il repensait aux paroles de Zeus le soir du bal. Si Shaka était autre chose? Comment allait réagir Ishtar... Il fut tiré de ses pensées par son frère.

"Tu me caches quelque chose non?"

"Je ne suis pas certain. Rien de grave." Il eut un rictus. "M Parfait nous annoncera lui-même ce que nous avons à savoir lorsqu'il le souhaitera j'imagine..."

"S'il est de retour, ça signifie que je ne vais pas tarder à retourner au sanctuaire."

Les yeux aigue-marine de Kanon se fixèrent à ceux de son frère.

"J'ai été heureux qu'on puisse passer un peu de temps ensemble à nouveau Saga."

"Je te promets qu'une fois de retour au sanctuaire, j'irai voir Athéna pour lui parler de ton cas et demander ta réintégration pleine et entière."

"Peu importe. Il n'y aura toujours qu'un seul chevalier des Gémeaux. Je ne suis que le remplaçant. Ca me fera plaisir de revoir les autres, mais je n'ai pas besoin d'être chevalier d'or pour ça. Tu devrais plutôt lui remettre ceci." Kanon fouilla parmi les papiers sur son bureau, puis attrapa une enveloppe qu'il agita de la main.

"Qu'est-ce que c'est?"

"Ma lettre de démission..." Souffla Kanon avec un sourire en coin.

"Sérieusement..." Soupira Saga.

"C'est la loi d'Asgard sur les naissances gémellaires et un courrier de ma part. Mais je ne savais pas vraiment comment le transmettre à Athéna, vu mon passif actuel avec elle. Si tu veux demander quelque chose à Athéna pour moi, pour nous, demandes lui ça. Je veux que nous soyons les derniers Gémeaux maudits."

Saga jeta un regard incrédule vers son frère, avant qu'un sourire résolu ne se forme sur son visage.

"Je le ferai. Si avoir été Grand Pope doit me permettre une chose, ce sera ça. Je les persuaderai, elle et Shion."

"Je te fais une totale confiance là-dessus."

Des coups brefs résonnèrent à la porte, avant que le visage d'un garde n'apparaisse pour demander s'il pouvait faire entrer Mime.

Quelques minutes plus tard, le guerrier divin s'invitait parmi eux, s'installant confortablement sur l'un des fauteuils qui faisaient face au bureau de Kanon.

"Tu as vu Poséidon?"

"Poséidon me recevra demain. Mais Hilda oui, à l'instant..."

Vu la scène qui s'était déroulée entre eux le matin, le Dragon des mers fut presque soulagé de savoir qu'elle avait au moins pu voir un visage familier.

"Alors?"

"Elle a vu Poséidon. Le tour des évènements est..." Mime eut un rictus cruel que Kanon ne comprendrait que plus tard. "Inattendu. Je pense qu'Hilda voudra certainement te parler prochainement. Je ne sais pas si tu te rends compte de tout le bouleversement que vous êtes en train de créer pour elle et pour Asgard."

"Je ne ferai pas de mal intentionnellement à Hilda."

"Je sais que tu dis la vérité." Mime lança un regard alternativement aux jumeaux. "Si je peux vous donner un conseil à tous les deux, au vu de vos pensées... Soyez honnêtes avec vous-mêmes, vous allez en avoir besoin."

"Qu'est-ce que tu racontes?"

"C'est très simple." Mime pointa un doigt vers l'aîné. "Toi Saga, tu as peur de retourner au sanctuaire. Tu as quelque chose à régler là-bas n'est-ce pas? Tu ne me montres pas quoi. Mais arrêtes d'hésiter, ça te ronge." Il reporta son attention sur le Dragon des mers. "Et toi Kanon..." Le regard rouge de Mime soutint sans ciller celui interloqué du général en chef de Poséidon. "Je te déconseille d'aller voir Hilda dans les prochains jours. Mais lorsqu'elle va venir te parler, fais très attention à ne pas répondre n'importe quoi. Tu pourrais la perdre définitivement cette fois."

Il avait lu l'esprit de la prêtresse? Mais qu'est-ce qu'il...

"Bien, je n'avais rien de plus à vous dire. Je vais vous laisser, je ne voudrais pas vous priver de vos derniers moments entre frères. Saga, si nous ne nous revoyons pas avant ton départ, ça a été un plaisir de faire ta connaissance."

Et sur un hochement de tête laissant les Gémeaux interdits, Mime se leva souplement et sortit de la pièce, le Truc sur les talons, qui s'était engouffré dans l'entrebâillement de la porte.

"Mais quelle mouche l'a piqué?" Souffla Saga.

Pour toute réponse, Kanon soupira puis croisa les bras derrière sa tête tout en posant les pieds sur son bureau, s'étirant de manière totalement informelle.

"C'est quoi cette histoire au sanctuaire Saga?"

"Rien qui te concerne."

"Là, je suis intrigué. Vu que tu n'as rien fait de particulier à ma connaissance et que Shion et Athéna sont manifestement encore en vie, j'en déduis que ce n'est pas ton côté obscur... Alors c'est quoi? Tu as fait tomber la statue d'Athéna dans le temple de Shura? Tu as surpris une situation compromettante? Ton admirateur du 12ème t'as fait des avances?" Le sourire de Kanon s'élargit en voyant son frère tiquer.

"Je vois..." Il décroisa les bras derrière sa nuque et tendit ses bras vers le haut, avant de les faire reposer, puis croisa et décroisa ses jambes, ses pieds toujours appuyés sur le bureau face à lui. "Crache le morceau Saga!"

...


...

Trois jours plus tard en Elision.

Cela faisait trois jours qu'Hadès n'avait pas revu Ereshkigal, depuis l'incident de l'armurerie. Certes, il avait manqué de tact, il le reconnaissait lui-même, en repensant à la situation. Il savait qu'elle continuait à régner sur les Enfers et à suivre la purge des prisons tout en surveillant de près l'avancée du jugement en appel des âmes, au vu des nouvelles lois instaurées.

Mais elle ne répondait ni à son cosmos, ni à celui des titans, les ignorant délibérément et disparaissant dés que l'un d'eux essayait de prendre contact plus directement avec elle.

Le message était clair : Hadès était indésirable jusqu'à nouvel ordre.

Elle n'était pas retournée en Azura pourtant...

Pensif, le dieu des morts fit tourner son pinceau sur sa palette, y prélevant une légère pointe de couleur verte. Le tableau était presque terminé désormais, alors qu'il y apportait des touches de finition. La lueur des bougies aux alentours donnaient un aspect presque mystique à son activité nocturne.

Il était longtemps resté bloqué, n'arrivant pas à saisir ce qu'il cherchait à peindre. Maintenant, c'était plus clair dans son esprit. Il avait enfin compris pourquoi il n'avait pas pu la tuer ce jour là. Pourquoi il l'avait épargnée. Elle riait en pleurant. Elle pleurait en se vidant de son sang. Elle riait de sa propre âme qui était blessée mais elle refusait d'abandonner. Immortelle et irradiant de force face à l'adversité, malgré les larmes de sang de son âme, et les blessures jamais refermées de son passé...

Perséphone n'avait pas eu la force de survivre. Lui-même n'avait tenu qu'à cause de la rage, et depuis qu'il ne pouvait plus se venger, il s'était laissé dépérir.

Il comprenait maintenant pourquoi Ereshkigal avait forcé son respect et son admiration.

Par l'exemple, elle lui avait enseigné une leçon capitale : Vivre était le pire des combats. Mais mourir sans avoir accompli sa destinée, pour un dieu, était bien pire. Elle pouvait rire, elle, parce qu'elle avait accompli sa vengeance. Elle ne regrettait rien. Il voulait, comme elle, ne plus rien avoir à regretter. Peut-être était-ce trop tôt, finalement, pour dormir à nouveau.

N'y avait-il donc aucun moyen de venger Perséphone malgré tout... La guerre n'était peut-être pas le seul chemin pour arriver à ses fins... Et Poséidon qui voulait une rencontre, après tout ces siècles... Des informations à lui communiquer qui ne pouvaient pas être dites sauf en personne? Qui concernaient Zeus? A quoi jouait-il? Il visait l'Olympe désormais?

Le pinceau appliqua délicatement quelques touches sur la toile, qui semblait vivante.

Puis lentement, il posa son pinceau, puis prit un pas de recul pour contempler son œuvre. Elle était enfin achevée. Et il ne comprenait toujours pas pourquoi il l'avait peinte...

Ereshkigal...

Elle lui en voulait.

Il pouvait comprendre. Mais il n'aimait pas être ignoré. Vraiment pas.

Au loin, à plusieurs mètres de là, hors de l'atelier et assis sur la rambarde de la terrasse, sous le ciel nocturne de début de soirée, Hypnos jouait de la lyre pour son seigneur et maître tout en souriant en coin.

...


...

Il devait être aux alentours de trois heures du matin lorsqu'Ereshkigal pénétra ses appartements privés, jetant en entrant la cape qu'elle avait sur les épaules, suivie de près par les chaussures à talons qu'elle portait. Elle poussa un soupir de soulagement en faisant disparaître ses gants, puis, d'une main lasse, elle fit glisser ses doigts dans sa chevelure, faisant se dénouer le jeu de tresses complexes qu'elle avait créé pour libérer ses mèches blondes, qui retombèrent librement autour de sa silhouette. Elle se retrouva bientôt à ne plus porter que sa longue robe noire à manches longues, dont le haut sans décolleté, partiellement transparent et près du corps, était brodé de noir sur du tulle noir et dont l'une des manches était transparentes alors que l'autre était opaque, rappelant la jupe taille haute faite dans la même matière d'un noir lisse et profond, qui s'évasait élégamment jusqu'à ses chevilles.

Pieds nus, elle traversa enfin le vestibule qui servait d'antichambre à ses appartements et sans prendre la peine d'allumer la moindre lumière, se dirigea vers sa chambre dans l'optique de s'offrir un long bain avant d'aller essayer de trouver un semblant de sommeil.

En entrant dans la pièce cependant, elle se figea en constatant qu'elle n'était pas seule. Son cosmos parfaitement dissimulé, Hadès était assis là, sur le rebord d'une des hautes fenêtres, et observait le ciel rougeoyant des enfers. Son profil proprement royal se détachait en clair obscur devant les vitres et le ciel au-delà, qui semblait l'auréoler d'une aura de feu. Air princier renforcé par la tenue parfaitement coupée qu'il portait, dont la pièce maîtresse était une veste longue, brodée sur les épaules et sur haut du torse et du dos par des motifs en forme de plumes, qui donnaient l'impression qu'il était une sorte d'ange ténébreux. Les rideaux sombres attachés autour de la fenêtre semblaient encadrer la scène, comme si lui-même était un personnage de l'un de ses propres tableaux.

Depuis combien de temps était-il là?

Comment n'avait-elle pas senti son cosmos, même dissimulé?

Maudissant intérieurement son propre manque de vigilance, elle se ressaisit aussitôt, alors qu'il tournait le visage vers elle.

"Bonsoir Ereshkigal."

Elle en avait sa dose. De quel droit le mort vivant venait-t-il ici sans prévenir? Elle n'avait pas envie de le voir, il n'avait pas compris? Après tout, s'il avait attendu jusque là, il n'avait qu'à attendre encore un peu, elle n'en avait rien à faire. De quel droit avait-il lu son esprit dans l'armurerie? De quel droit s'était-il permis de la questionner sur son passé? Comme s'il pouvait comprendre? Comme s'il avait un cœur en état de marche... Elle ne lui devait aucune réponse. Aucune explication.

Pour toute réponse à son bonsoir, elle poussa donc un soupir exaspéré, puis l'ignora totalement en se dirigeant vers sa salle de bain, claquant la porte derrière elle et avec la ferme intention de se faire couler le bain le plus long du monde et des enfers, tout ceci devant un Prince des Ténèbres sidéré et peu appréciateur du fait d'être ainsi dédaigné de la sorte.

Ce qui, quelques minutes plus tard, eut pour conséquence un hurlement de rage d'Ereshkigal, alors que le bain délicieux dans lequel elle était plongée frôlait soudain la température glacialement maléfique du Cocyte.

Amusé de son mauvais tour et toujours assis sur son rebord de fenêtre, Hadès sourit cruellement en l'entendant hurler son nom pour le menacer. Quelle douce musique à ses oreilles... Trois jours sans la voir avaient décidément été trop longs. Il allait se faire une joie de lui rappeler qu'on n'ignorait pas ses convocations et encore moins sa présence.

Environ trente secondes plus tard, l'impératrice déchue d'Azura lui faisait face, dégoulinante d'eau glacée, un air particulièrement mauvais sur le visage alors que la fureur animait son regard vert sombre. Elle était tellement dans un état second qu'elle n'avait même pas pensé à user de son cosmos pour se sécher. Elle était frigorifiée et en rage. Pourtant ce ne fut pas sa colère qui marqua Hadès alors qu'il se tournait vers elle. Non, les premières informations que jugea utile d'enregistrer son cerveau (en bon olympien qui se respecte) était qu'elle ne portait qu'un fin peignoir en forme kimono de soie argentée, court et détrempé, qu'elle était probablement nue dessous et qu'il aurait suffit de tirer sur le nœud qui en ceignait le côté pour l'ouvrir. Il dû faire un effort conscient pour lever les yeux et garder son regard au niveau du visage d'Ereshkigal.

Alors qu'elle se lançait dans une tirade de reproches à laquelle il s'était préparé, il dû faire un nouvel effort de concentration pour la suivre. Il ferma les yeux, passant une main sur son propre visage avant de détourner le regard, observant le ciel des Enfers à nouveau et évitant avec soin de libérer la moindre parcelle de son propre cosmos. Il ne devait pas la toucher, ni la regarder. Surtout ne pas la toucher.

Que disait-elle? Qu'il avait lu dans son esprit sans son accord?

"Je n'ai pas forcé ton esprit." L'interrompit-il. "C'est ton attitude dans l'armurerie qui m'a fait parvenir à cette hypothèse. Et ta réaction n'a fait que la confirmer." Il y eut un silence. "J'aurais préféré me tromper." Compléta-t-il, alors qu'elle se taisait, un poids glacé dans le ventre, tout en observant le profil d'Hadès qui ne trahissait rien. Il regardait à travers les vitres sans voir pourtant réellement au delà, semblant perdu dans ses propres pensées. Sa dernière phrase, pourtant, semblait avoir été prononcée avec une pointe d'amertume. "Si je t'ai blessée par manque de tact, tu as mes excuses. Si tu as un problème avec moi à l'avenir, et avec ma manière de faire ou de te traiter, je te suggère cependant de venir m'en parler. Comptais-tu m'éviter éternellement?"

"Seulement le temps que ma colère se calme."

Il y eut un court silence.

"Ta colère ou ta peur?" Demanda-t-il d'un ton neutre mais où pointait malgré tout une curiosité réelle.

"Peur? De toi?" Elle releva le menton, le toisant alors qu'il demeurait assis. "Ne me fais pas rire."

"Peur oui." Il tourna de nouveau le regard vers elle, penchant la tête de côté pour observer plus attentivement le visage de son interlocutrice, dans la pénombre éclairée par la lumière sombre et rouge émanant des fenêtres. "Peur d'être vue telle que tu es."

Elle baissa le regard, fixant le sol alors qu'elle cherchait ses mots. Pour un Prince des Ténèbres, Hadès était cruellement clairvoyant pour lire les âmes. Elle ne connaissait qu'une seule autre personne avec une clairvoyance pareille, et pourtant seul Hadès avait réussi à la percer à jour. Que comptait-il en tirer? Elle prit son temps pour répondre, égrenant chaque mot d'un ton précis et froid.

"Ne prétends pas me comprendre. Je refuse d'être définie par ce que j'ai subi. Je suis plus que ça. Je ne suis pas limitée à ça. Je n'ai pas honte d'avoir survécu et d'être là, après l'avoir fait tuer. Et j'enverrai en Enfers tous les pourris de son espèce à nouveau sans me poser la moindre question. J'ai choisi d'être un bourreau pour ne plus jamais être une victime. Mais comment pourrais-tu comprendre ce que je ressens? Tu ne ressens plus rien. Et si tu es incapable d'empathie, je ne veux pas non plus de ton jugement. "

"C'est toi qui porte un jugement sur moi, en l'occurrence. Et en ce qui me concerne, je pense au contraire te comprendre parfaitement Némésis."

Némésis, utiliser ce nom lui rappelait clairement à quel point il avait lu rapidement en elle, avant même de comprendre totalement son passé. Mais le surnom avait été prononcé avec une pointe de chaleur dans la voix, légère mais bien présente.

Confuse, elle ne sut pas quoi répondre, sur le moment, resserrant ses bras autour d'elle-même. Si elle levait les yeux vers lui à nouveau, lirait-elle de la pitié dans son regard? Du dédain? Ou aucune émotion? Ou pensait-il sincèrement ce qu'il venait de dire. Elle était frigorifiée aussi bien physiquement qu'intérieurement. Dans son dos, certaines de ses mèches étaient collées entre elles par de la glace.

Elle sentit le cosmos d'Hadès l'entourer, alors que disparaissait le froid qu'il avait causé et qu'elle se retrouvait baignée dans une chaleur irréelle désormais. Ne la jugeait-il vraiment pas?

Malgré elle, elle releva le regard vers lui.

Toujours assis sur le rebord de la fenêtre, ses longues mèches ébène lui faisant une couronne, une jambe repliée et un bras posé dessus, Hadès l'observait intensément. Elle sentit un frisson lui parcourir l'échine en croisant son regard à nouveau. Cependant, il détourna le regard presque aussitôt, avant qu'elle ne puisse lire à contre jour l'expression dans ses yeux. Il était de profil de nouveau, observant l'extérieur, insaisissable, alors que son aura qui l'avait réchauffée de manière inattendue abandonnait la déesse et se rétractait totalement.

"Mort privé de cosmos, ton père va errer entre les mondes pour l'éternité. C'est sans doute une mort trop douce, mais elle a l'avantage d'être définitive... Tu as attendu des siècles pour te venger..." Un fin sourire en coin se dessina sur ses lèvres. "Utiliser Zeus pour arriver à tes fins... Ca ne manque pas de panache... Némésis te colle si bien à la peau..." Dit-il comme pour lui-même.

"C'est vraiment ta réaction?" Il demeura de profil, évitant de la regarder.

"Tu n'as pas l'air particulièrement attristée par ton propre sort. Devrais-je l'être? Les morts finissent tous par connaître l'oubli, seuls ceux qui survivent connaissent le goût de l'Enfer véritable. Selon moi, la vie est le pire des Enfers. Tu souhaites une réaction? Et bien tu as mes félicitations, il semble que tu sois parfaitement vivante." Il eut un rictus. "Tu t'en tires bien mieux que moi. Je suis presque envieux..."

"Hadès..."

"J'étais curieux. Je ne cessais de me poser la question... Comment pouvais-tu vouloir défendre l'ordre des choses, réformer les enfers et continuer à te battre? Tenter d'améliorer les choses, là où nombreux sont ceux qui seraient restés à terre ou auraient cédé au mal?" Il tourna le visage vers elle. "En vérité, ton esprit est bien plus puissant que je ne le soupçonnais. J'ai voulu détruire le monde par vengeance. Je ne peux qu'approuver tes actions. Tu as eu raison de faire brûler Babylone. Et je trouve même que tu as fait preuve de clémence. Si je pouvais te rendre Azura et te laisser libre, je le ferais. Tu mérites de vivre librement."

Il fit passer une main à l'arrière de sa propre nuque, fermant brièvement les yeux, avant d'étirer son cou et de se lever.

Plus touchée qu'elle n'aurait voulu l'admettre par ses paroles, elle demeura silencieuse, mais fut forcée de relever le visage vers lui pour soutenir son regard, alors qu'il la dominait désormais de toute sa hauteur, debout face à elle. Ils s'observèrent ainsi quelques instants, avant qu'une ombre de sourire ne vienne éclairer le visage d'Hadès.

"Cependant, tout ceci n'excuse en rien ton indiscipline manifeste et ton absence de réponse à mes convocations. Tu me vois donc contraint de prendre des mesures radicales."

Et d'un claquement de doigt parfaitement exécuté contre le front d'Ereshkigal, il mit donc sa menace à exécution.

Et il se retrouva quasiment aussitôt attaqué en traître par la déesse, qui d'un mouvement de jambes parfaitement exécuté, le faucha pour le faire basculer au sol. Elle fut presque aussitôt appuyée sur lui, avec la lame d'une épée plantée au sol à quelques centimètres de la tête d'Hadès.

"Ne me tentes pas." Gronda-t-elle. "Je t'avais dis que c'était mesquin comme méthode."

"Ereshkigal..." Souffla Hadès, qui n'avait même pas songé à se défendre, car ne se sentant malgré tout pas réellement menacé. "Es-tu consciente de ce que tu es en train de faire?"

"Je montre au dieu des Enfers qu'il n'est pas tout puissant."

Il la regarda droit dans les yeux, un sourire presque sadique sur les lèvres, avant de prononcer avec lenteur une phrase qui résumait toute la situation.

"Pourrais-tu le faire dans une tenue plus... appropriée?"

Elle réalisa soudain sa propre tenue et la position associée. Elle commit l'exploit de blanchir et rougir en même temps, avant de se relever prestement d'un bond, se tournant pour réajuster le (très) court kimono qu'elle portait tout en faisant se matérialiser aussitôt une belle longueur supplémentaire, le faisant arriver à ses chevilles et couvrant ses jambes sous le rire vraiment amusé de l'olympien. Elle lui jeta un regard furieux par dessus son épaule et voulut le maudire, mais s'interrompit en voyant son expression, totalement insouciante, alors qu'il riait d'elle.

C'était la première fois qu'elle le voyait rire. Vraiment rire. Pas un rire cruel ou ironique. Non, un vrai rire de joie. Il était au sol et riait, ses épaules secouées par son hilarité causée par la réaction de la déesse, une main pressée contre son visage dans une tentative de cesser de rire qui n'aboutissait pas. Et lorsqu'il croisait le regard courroucé d'Ereshkigal, tentant de la regarder à nouveau, il repartait de plus belle dans un nouvel éclat de rire.

Il riait au milieu des Enfers. Et elle ne put s'empêcher de se demander depuis combien de temps il n'avait sans doute pas ri ainsi.

Elle finit par sourire malgré elle en le contemplant.

Hadès...

Dans le fond, avaient-ils jamais été ennemis? Il avait lu en elle. Il l'acceptait telle qu'elle était sans rien lui demander d'autre que de régner pour lui et de lui prêter sa force. Il aurait dû la tuer et il l'avait sauvée. Alors qu'il lui avait dit qu'elle avait eu raison de tout faire brûler, ça avait été comme une bénédiction, comme si c'était lui, dans le fond, qui l'avait soudain aidée à se relever. Comme une lumière soudaine au cœur des ténèbres.

Comment se sentir seule, sous l'aile protectrice d'un Ange de la mort pareil?

Les titans avaient raison. Un être tel que lui devait être protégé.

Pensée qu'elle se mit à regretter quelques instants plus tard lorsqu'Hadès enfin calmé lui lança un livre qu'elle attrapa au vol.

"Tu n'es pas sérieux?"

Il avait de nouveau son visage habituellement froid, mais son regard trahissait un mélange d'irritation et d'amusement.

"Est-ce ma décision si tu as déserté nos entraînements ? J'étais disponible. Tu me dois trois jours de lecture ainsi que ce soir." Il se leva puis alla s'asseoir sur le lit de la déesse, avant de matérialiser son carnet de croquis et des bougies pour éclairer la pièce. "Je t'écoutes." Et il fut bientôt confortablement installé parmi les coussins, faisant comme chez lui. Certes, Giudecca était techniquement son palais... Mais de là à s'imposer littéralement dans son lit?!

"Tu es un dieu ou un vampire? Te faire la lecture? Tu ne dors jamais? Sauf dans ta crypte? Retourne en Elision avec tes titans de compagnie et laisse-moi dormir!"

Il lui lança un regard en coin, alors qu'il griffonnait dans son carnet.

"Ereshkigal, je te déconseille d'aggraver ton cas." Puis, avec un sourire que n'auraient renié aucun de ses frères, il poursuivit. "Notre contrat n'impose aucune restriction concernant mes choix de lecture, je pourrais te demander de me lire de la poésie érotique juste pour le plaisir de te contrarier. Voilà une chose que je ne pourrais pas demander à Hypnos..." S'amusa-t-il à considérer, tapotant d'un air distrait son crayon contre ses lèvres, avant de le mordiller d'un air songeur, puis de reporter son attention sur son carnet.

Il se moquait clairement d'elle, mais elle préférait vraiment ne pas tester la réalité des dernières affirmations du dieu.

Ereshkigal prit donc place sur le rebord de fenêtre où il était installé plus tôt, se résignant à sa peine. Cependant, alors qu'elle allait commencer sa lecture, elle fut interrompue par la voix d'Hadès.

"As-tu fais des rêves inhabituels dernièrement?" Elle lui lança un regard surpris, alors que calé sur le lit, il observait avec intérêt la chambre tout en faisant tourner le crayon qu'il avait entre ses doigts.

"Ne me reproche pas de faire des cauchemars à partir de demain, avec le souvenir de ta présence sur mon lit." Il sourit de manière cynique, puis baissa la tête vers son carnet, dissimulant son expression.

"Oublie cela. Lis pour moi je t'en prie."

S'il n'avait pas été assis ici, il n'aurait sans doute rien perçu. Mais il n'y avait pas de doutes. Il persistait ici des traces infimes de l'aura d'Hypnos. Que complotaient encore les titans? Sommeil surveillait-il la déesse dans ses rêves pour vérifier ses intentions? Il avait pourtant affirmé lui faire confiance. Manipulait-il ses songes? Dans quel but? La persuader de quoi? Il allait avoir une petite explication avec lui.

Il lança un regard en coin à la babylonienne, qui lisait désormais. Sa voix féminine, d'un timbre légèrement rauque et voilé, emplissait le silence. La connaissant, elle ne devait pas être consciente de ça, ou Hypnos aurait été menacé de démembrement imminent.

Dans le clair obscur et à contre jour, sa chevelure d'un blond laiteux avait des reflets de feu. Elle avait matérialisé une bougie près d'elle, qui éclairait son visage et le texte qu'elle lisait. Lorsqu'elle était calme et ne se sentait pas observée, ses traits délicats étaient fascinants à observer, emplis d'une pointe de douceur et de mélancolie. Ses traits pouvaient presque faire oublier la puissance pure de destruction qu'elle incarnait.

Elle n'était pas un instrument que les titans pouvaient manipuler

Elle était la reine des Enfers et donc sa reine après tout... N'avait-il pas formellement interdit aux titans de s'en prendre à elle sans son autorisation?

Devait-il punir Hypnos pour elle?

Et de quel droit Hypnos s'imposait-il à elle? Le seul à pouvoir entrer dans son lit, par cosmos ou pas, c'était lui.

Il déglutit.

Il ne venait pas de penser ça?!

Mauvaise idée, très mauvaise idée.

Mais soudainement dans l'esprit d'Hadès, le constat était clair et accablant. Mais comment? Depuis quand? Depuis quand était-il à nouveau contaminé par des émotions?! Et pire que tout, la brûlure du sentiment de trahison envers Perséphone était violente et amère... Il n'avait aucun droit de l'oublier, alors qu'il ne l'avait même pas vengée.

Ereshkigal sursauta et jeta un regard surpris en direction de l'olympien, alors que celui-ci, dans un mouvement d'humeur et visiblement en plein débat intérieur, avait brisé dans un craquement sinistre le crayon entre ses doigts.