De toute manière, ce n'était pas comme si j'étais la seule à mettre de la distance. Les regards d'Alice n'amélioraient aucunement la situation. Elle me laissait de plus en plus l'impression d'épier mes gestes et lorsque Vanessa était venue me dire à l'oreille que l'entrainement n'aurait pas lieu cette semaine à cause des trop basses températures – mais que nous aurions à la place l'immense privilège d'avoir une réunion avec Tyler et Lewis, j'aurai juré voir Alice lever les yeux au ciel. Évidemment, elle détournait le regard dès que nos yeux se croisaient et avait pris l'habitude – somme toute relativement facilement ces derniers jours, de se positionner loin de ma personne. Je n'avais franchement pas besoin qu'elle me fasse un dessin pour comprendre ce qui lui traversait l'esprit. Elle était ridicule.

Pour ne rien arranger, nous avions une réunion avec les préfets dans la soirée. Miller – que j'imaginais maintenant accompagné ponctuellement par des gloussements de troisièmes années sur son passage, nous avait demandé d'être particulièrement ponctuels.

Le préfet-en-chef avait résumé l'entièreté de nos recherches en appuyant sur les conséquences de la maladie moldue – notamment sur le fait qu'elle pouvait devenir chronique si rien n'était fait pour la prendre en charge, et le fait qu'il ne semblait pas exister de remèdes sorciers à notre connaissance. Comme convenu, j'étais restée relativement silencieuse.

Ce fut Harper qui réagit la première.

- Cette maladie moldue nécessite-t-elle d'avoir participé directement à une guerre pour se manifester ? demanda-t-elle.

- Non, répondit Miller en me jetant un regard bien peu discret. D'après les informations que nous avons récupérées, il s'agit de quelque chose qui peut se manifester après un événement traumatique.

- De fait, les Septièmes Années ne sont certainement pas les seuls concernés, répondit-elle. Les Carrow ont été traumatiques à leur manière. Il y a certainement des élèves d'autres années qui ont pu développer ce genre de réponses.

Nous échangions un regard avec Peter ; nous pouvions vraiment être stupides parfois. Nous avions trop segmenté les évènements autour de nous par année pour pouvoir nous extirper de leurs spécificités et avoir une vision plus globale de la potentielle prévalence de cette maladie moldue dans l'ensemble du château. Il devenait pourtant évident avec le temps que les choses n'étaient pas aussi simples ; les Deuxièmes Années et les Gryffondors – du moins une partie, se renfermaient sur eux-mêmes, les Deuxièmes Années et les Septièmes Années pouvaient tout autant être victimes de la même maladie – comme le reste des élèves, mais les Deuxièmes Années n'étaient pas pour autant résumables à une entité pleine et entière – les maisons influençaient les outils que les élèves avaient à disposition pour gérer les évènements. Les problématiques n'étaient pas exactement les mêmes, mais leurs manifestations pouvaient prendre des formes similaires. Cela rendait complexe d'identifier correctement ce qui était en jeu. Certes, les causes étaient probablement identiques – la Guerre ou les Carrow, mais la manière dont les élèves s'étaient – ou non, retrouvés et avaient gérés les évènements en avait grandement modifié les répercussions. Nous ne pouvions nous contenter d'approximations et de généralisations, mais nous ne pouvions non plus être trop spécifiques et oublier de voir le tableau dans son entièreté au risque de faire l'erreur que nous avions commise avec Peter.

- Je ne suis pas sûr de comprendre en quoi notre présence est nécessaire, enchérit Griffin. Si vos Septièmes Années ont des problèmes, vous avez Chourave, non ? Et en quoi ça concerne Serpentard ?

- Tu es vraiment en train de sous-entendre que vous n'avez pas de problèmes à Gryffondor ? intervint Peter.

- Bien sûr que si, certains font leur deuil, Peter. Ils ont vu leurs camarades de classe mourir devant leurs yeux. Et je ne parle pas de la famille qu'ils ont perdu. Bien sûr que nous avons des élèves qui font des cauchemars. Qui ici n'a pas fait de cauchemars ? reprit Griffin avant de continuer face au silence. Je vous signale d'ailleurs que nous ne convoquons pas l'entièreté des maisons pour gérer des cauchemars, nous.

- Par Merlin Kilian, soupira Taylor, ne commence pas. Tout ce qu'ils disent, c'est que nous devrions voir les profs ensemble puisque nous sommes tous touchés par ces problèmes. Les élèves qui en ont besoin seront soignés. Ce n'est rien d'autre que ça. C'est symbolique.

C'était la première fois que Taylor s'opposait aussi franchement à son camarade de maison. Elle avait toujours tendance à le calmer, mais pas aussi explicitement. Elle paraissait presque ennuyée. Ce ne devait pas être la première fois qu'elle devait le reprendre de cette façon. D'ailleurs, si Taylor utilisait le « nous » de la même manière que nous autres – en parlant de l'ensemble des élèves du château, Griffin ne l'utilisait que pour parler des Gryffondors. D'une certaine manière, il ne reconnaissait pas que nous étions un collectif. Il y avait clairement deux camps dans la Tour Gryffondor.

- C'est bien là tout le problème, répondit-il. Le symbolisme de la démarche. Tout le monde n'a pas été touché par ces problèmes. Combien de Gryffondors se sont battus ? Combien de Serpentard ont fui les combats ? À quoi ressemblent les cauchemars des Serpentards ? Vous mouillez votre lit parce que vous aviez trop honte d'avoir pris les jambes à votre cou ? reprit-il en direction de Nast qui s'avança vers lui en réponse. Sérieusement, s'énerva brusquement Griffin, vous ne pouvez pas mettre sur un pied d'égalité la souffrance des Gryffondors et la victimisation des Serpentards. Ce que j'entends est surréaliste ! Nous avons combattu, nous avons perdus des vies ! Il est hors de question qu'on aille voir qui que ce soit avec les Serpentards ! Ce serait admettre que leur lâcheté est à mettre sur le même plan que les sacrifices que nous avons fait !

Les inquiétudes de Peter avaient été tout à fait justifiées ; c'était bien le caractère collectif de la démarche qui posait soucis. Même s'il se contentait de ramener cette maladie moldue à des cauchemars, Griffin n'en niait pour autant pas l'existence. Ce qui le gênait, en réalité, était d'admettre que les Serpentards pouvaient en être touchés, et d'être dépendant d'autrui dans la résolution du problème. Peut-être que, dans son fantasme étrange, Godric aurait débarqué de son dragon pour tuer la maladie moldue d'un coup d'épée à lui seul.

- Qu'est-ce que tu crois, Griffin ? demanda Nast qui continuait d'avancer vers le Gryffondor. Que nous n'avons pas perdu des camarades de classe ? Que nous n'avons pas perdu des membres de nos familles ? Tu crois peut-être que les mangemorts se sont retenus d'assassiner ma sœur parce que je suis un Serpentard !?

Si le Serpentard avait commencé tout à fait calmement, il avait fini par crier – et pleurer. Le mélange était saisissant et je ne fus plus trop sûre de l'endroit où je me trouvais. Si jusqu'à présent, certaines réunions avaient été tendues, nous avions pour autant tous fait l'effort de nous rattacher à nos rôles et nos responsabilités pour éviter spécifiquement de finir par ce genre de disputes.

Griffin eut l'air d'encaisser le choc, il baissa furtivement les yeux avant de se reprendre en voyant le Serpentard avancer toujours plus vers lui. Le Gryffondor tenta de se tenir droit sans esquisser un seul autre mouvement ; les deux avaient déjà la main sur leurs baguettes respectives.

- Qu'est-ce que tu crois, hein !? continua Nast en criant – et pleurant, toujours plus, gagnant mètre sur mètre sur Griffin. Que la si noble maison Gryffondor est toute blanche dans l'affaire ? Votre propre putain d'héros ridicule a lancé un endoloris, pas par nécessité, pas parce que sa vie en dépendait, pas parce qu'il ne savait même plus comment il s'appelait et que crier endoloris était plus facile que de se souvenir de sa propre mère, mais par pure vengeance, et vous vous extasiez tous sur qui a lancé quoi à Poudlard ! s'indigna-t-il en arrivant à la hauteur du Gryffondor. Vous êtes des lâches incapables d'accepter la réalité pour ce qu'elle est : il n'y a pas de héros dans une guerre, cracha-t-il à quelques centimètres du visage de son opposant.

- Harry n'a pas lancé d'endoloris, rétorqua Griffin en maintenant le regard du Serpentard.

La situation était des plus tendue et le geste de Miller pour s'interposer s'arrêta aussi net que la voix particulièrement calme de Stewart s'éleva dans la salle de classe vide :

- Tu devrais demander à nos collègues de chez Serdaigle. Tout comme tu devrais te demander grâce à qui exactement vos anciens ont pu arriver jusqu'où ils sont arrivés. Potter serait le premier à être horrifié par ce que tu dis.

Nast se recula enfin. Le Gryffondor se décomposa devant nos yeux secondes après secondes. Bientôt, il ne resta plus rien du préfet - énervant mais conscient de ses responsabilités, pour ne laisser place qu'à un personnage étrange qui semblait sortir tout droit d'un livre de Lockhart sur les maladies sorcières dans un pays qui n'existait probablement même pas.

- Vous racontez n'importe quoi, fit Griffin. C'est toujours la même chose. Vous gobez leurs délires ! Putain, j'arrive pas y croire…

- Tu demanderas à Ginny quand elle reviendra après les vacances, répondit Taylor.

- Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ? s'énerva le Gryffondor contre sa collègue.

- Tu te ridiculises, Kilian, enchérit Taylor. Nous n'avons pas combattu. Les Septièmes Années et la génération d'Harry ont combattu.

- Nous nous sommes défendus contre les Carrow ! cria Griffin. Jour après jour pendant que ces putains de Serpentards torturaient des premières années !

- Ce n'était pas les seuls. Certains Gryffondors l'ont fait aussi, et tu le sais très bien.

- Ce sont des traitres, la coupa-t-il. Ce n'est pas chez eux que l'épée se manifesterait ! Ils ne sont pas des Gryffondors !

Je n'avais aucune idée de l'épée dont il était question, mais Griffin eut soudainement l'air d'un illuminé. À croire qu'il réécrivait toute une histoire de la Guerre et des évènements passés. Je ne sus pas trop si je fus satisfaite ou particulièrement inquiète d'avoir vu juste à propos de l'évolution de leurs problèmes ; « traitres », non seulement s'étaient-ils déjà retournés contre eux-mêmes, mais il était devenu évident que remettre en question le dualisme Gryffondor-Serpentard – et surtout la place de héros que les premiers s'étaient attribués dans ce fantasme, nous avait valu à tous d'être automatiquement associés à ces « traitres ».

- Comme nous n'étions pas les seuls dans la salle sur demande, continua Taylor sans prêter attention à l'intervention de son collègue. Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais presque tout le monde ici était dans la salle sur demande l'année dernière. Ta résistance ne vaut pas plus que la leur. La leur ne vaut pas moins que la tienne. Les Gryffondors ne sont pas les héros de cette histoire, Kilian. Ce temps-là, c'est fini. Il va falloir que vous l'acceptiez à un moment donné. L'époque de Harry et des grandes épopées dont vous pouvez indirectement prendre la gloire à cause de notre maison commune, c'est fini.

Le « vous » de Taylor était tout aussi significatif que le « nous » de Griffin. Nous avions devant nos yeux une fenêtre sur ce qu'il se passait dans la salle commune des Gryffondors. C'était probablement ce qui devait arriver quand une maison dominait autant les autres dans la hiérarchie du château, retirez les héros qui lui avaient donné cette nouvelle place – car, si j'avais bien compris, c'était Serpentard qui l'avait détenue avant que Gryffondor ne la lui prenne, et la gloire s'effondrait. La situation des Gryffondors n'était pas uniquement liée à la Guerre ou aux Carrow, d'autres mouvements étaient en jeu ; avec le départ des anciens, Gryffondor avait perdu ce qui avait fait d'elle la maison de Poudlard ces dernières années. Peut-être Griffin se rendait-il enfin compte, comme Taylor le suggérait, qu'il n'avait fait que jouir d'un respect que les actions des Potter et Granger avaient permis d'octroyer à leur maison. Ce n'avait pas été Gryffondor qui avait été grande mais certains de ses éléments ; cela devait mettre à mal bien des choses dans la représentation que les plus âgés, qui avaient connu tant l'époque de Harry que celle des Carrow, avaient de leur maison et de leur place dans le château. Pas étonnant que l'image déplorable qu'ils avaient affichée lors de leur match face à Poufsouffle ait été un élément déclencheur de ce renfermement sur soi.

- Il est hors de question que je participe à cette démarche, enchérit Griffin. Je ne ferai pas partie des personnes qui mettent sur un pied d'égalité le courage des résistants et la lâcheté de ceux qui ont joué le jeu de Voldemort.

- C'est sûr que c'est très courageux de fuir devant les problèmes, rétorquai-je. Godric serait fier.

- Ferme ta putain de gueule, Jonsson, répondit-il en se tournant vers moi.

Ce fut la première fois qu'il était aussi violent à mon égard et mon esprit s'arrêta quelques secondes pour enregistrer l'information ; mon corps, lui, avait bien perçu la menace et je sentis mon sang affluer dans mes poings. Ma main se referma discrètement sur ma baguette en-dessous de ma cape par un vieux réflexe hérité de l'année dernière ; toujours être préparée, ne jamais donner une raison à l'autre de frapper en premier pour autant.

- Ne me prend pas pour un idiot, reprit Griffin, toute cette histoire est encore une de tes idées. C'est plus fort que toi, hein ? Après les Têtes Chercheuses de Traitres, il a fallu que tu les amènes tous dans ton délire.

Pour la paranoïa aussi, j'avais vu juste. La situation devenait délirante.

- Tu n'as pas ouvert ta grande gueule de toute la démonstration de Miller parce que tu n'apprenais rien, reprit-il. Ne me prenez pas pour un idiot, répéta-t-il en s'adressant cette fois-ci à tout le monde. « Démarche collective », ça sonne bien Jonsson, ça. Mettre tout le monde sur un même pied d'égalité comme si nous étions tous des victimes ! Ca sonne bien Jonsson, aussi. C'est honteux, putain. Les Serpentards n'ont rien à faire dans cette démarche.

- Nous n'avons pas besoin de toi, Griffin, répondit simplement Peter.

- Nous ne devrions pas en être aussi sûrs, enchérit Harper alors que tout le monde se tourna vers elle. Nous aurons besoin de travailler ensemble le reste de l'année, rappela-t-elle. Peut-être pourrions-nous être un peu plus… prévenants dans notre façon de gérer la situation.

- Je n'ai pas besoin de ta prévenance, asséna Griffin.

Elle s'avança très légèrement vers lui et reprit d'une voix posée malgré l'attaque du Gryffondor :

- Non, tu as rendu très clair le fait que tu n'avais besoin de personne. D'ailleurs, il est clair à t'entendre que les Gryffondors n'ont besoin d'aucune aide. Mais il ne s'agit pas de demander de l'aide, il s'agit de donner de l'aide. Une démarche collective, aussi Jonssonien soit le terme, ajouta Harper en me jetant un regard, permettrait à tous les élèves le nécessitant d'avoir accès aux soins dont ils ont besoin. Si nous faisons remonter l'information uniquement en intra, nous aurons du mal à nous coordonner pour organiser les soins. Une démarche collective évite de passer par des canaux informels. Si les choses ne sont dites qu'aux directeurs de maisons, le risque est qu'ils ne perçoivent pas l'aspect collectif du problème. Shadlakorn aura tendance à chercher une solution du côté des potions, Flitwick du côté des sortilèges. Peut-être en discuteront-ils ensemble, mais c'est un grand risque que de le supposer. La démarche collective ne suppose pas seulement que nous soyons tous ensemble, elle suppose également que tous les professeurs reçoivent la même information, de la même manière, et en même temps. Ils ne pourront pas l'ignorer ou régler le problème dans leur coin. Tout comme ils ne pourront ignorer l'aspect collectif du problème. Cela les amorcera, de fait, à imaginer une solution collective. Or, il n'y a pas de remèdes sorciers. McGonagall doit se tourner auprès du Ministère si nous souhaitons pouvoir demander une dérogation au Code International du Secret Magique et avoir l'aide des médicomages moldus. Ils ne penseront jamais à en faire autant si nous ne leur imposons pas une vision collective du problème. En acceptant de participer à la démarche collective, Gryffondor permettrait ainsi de pouvoir réparer les dommages causés par les mangemorts.

Pendant un instant, le préfet de Gryffondor réapparut devant nos yeux. Même son attitude semblait s'être apaisée. Non seulement, Harper venait de lui redonner de l'agentivité, mais elle avait redonné à Gryffondor la place qu'il chérissait, tout en recadrant le débat ; ce n'était plus une histoire opposant Gryffondor et Serpentard, mais les élèves aux mangemorts. C'était impressionnant. Peut-être les Harper étaient-ils aussi une famille de diplomates ou de politiciens.

Nous avions été trop pris dans l'intensité du moment pour réaliser ce que nous étions en train de faire ; opposer un bloc compact à Griffin, c'était s'assurer de ne jamais pouvoir essayer d'apaiser la salle commune des cravates rouges. Ils étaient déjà suffisamment paranoïaques comme cela, leur opposer une telle résistance ne risquait que de les renforcer dans leurs fantasmes.

Le préfet de Gryffondor sembla perdu dans ses réflexions et Harper se retourna finalement vers moi :

- Si cette entente Poufsouffle-Serdaigle est réelle, comme le suggère Griffin, elle est particulièrement décevante. Je te pensais un peu plus futée, Jonsson.

Je fus particulièrement gênée à l'idée de l'avoir déçue et cette réalisation me perturba. Même si Lilith disait ne pas être amie avec Harper, elle avait tout de même eu l'air de la respecter profondément et décevoir sa « non-amie » avait quelque chose de désagréable. Merlin. J'étais vraiment ridicule.

- Elle a précisé que nous ne pourrions pas continuer à mentir à Griffin, enchérit Peter avant que je n'ai le temps d'ouvrir la bouche.

- Et pourtant, elle a tout de même accepté de jouer le jeu parce que c'était la solution de facilité. Sincèrement, reprit-elle en se tournant vers Miller, j'espère que c'est la dernière fois que certaines informations transitent dans le dos de certains préfets. Ce n'est pas comme ça qu'un climat de confiance propice à une bonne résolution des problèmes peut voir le jour.

Encore une fois, la Serpentard avait raison. J'avais beau avoir essayé de régler la situation collectivement en souhaitant, justement, remettre le collectif au centre de nos préoccupations, je n'avais fait le travail qu'à moitié et n'étais pas allée au bout de la démarche. De toute évidence, nous ne pouvions régler collectivement un problème sans l'avoir d'abord collectivement identifié. Si nous n'étions pas capables de faire l'effort de discuter collectivement des problèmes, aussi difficile cette discussion pouvait être ou aussi importants nous en imaginions les obstacles, quel espoir restait-il pour le reste du château ? Si nous étions incapables de nous faire confiance, nous ne pouvions attendre des élèves qu'ils finissent par pouvoir y arriver à leur tour.

- Je suis le seul responsable, Harper, répondit notre préfet-en-chef. Et je vous présente à tous mes excuses, ce n'était pas la meilleure des décisions que j'ai prise. L'approche des vacances m'a pressé à vouloir rapidement nous débarrasser de ce problème. Ca ne se reproduira plus.

- Non, Miller, enchéris-je. C'est en réalité ma faute, c'est moi qui ai décidé qu'il serait plus logique de vous en parler d'abord à vous, Miller et Stewart, avant d'en parler à l'ensemble des préfets. Si j'en avais parlé lors de nos réunions, Miller ne se serait pas retrouvé dans une position où Gryffondor et Serpentard étaient déjà identifiés comme de potentiels obstacles. C'est à moi de vous présenter mes excuses pour ne pas vous avoir fait confiance.

Le silence n'eut pas le temps de s'installer réellement que la préfète de Gryffondor se retourna vers son collègue.

- Kilian ?

- Je comprends ce que vous dites, répondit-il, mais je pense toujours que le message que nous envoyons en fonctionnant de cette manière n'est pas le bon. Dans la mesure où Olivia pourra représenter Gryffondor, je pense que je peux m'abstenir d'être avec vous sans que cela ne nuise à l'aspect collectif de la démarche.

- Tu as raison de penser que ta présence au sein de cette démarche enverrait un signal, commença Harper, mais j'aimerais m'assurer que tu as conscience que ton absence sera toute aussi symbolique.

- J'en ai bien conscience Harper, je ne suis pas idiot. Mais un message me semble moins problématique que l'autre.


Et voici pour le chapitre 15 :)