Une fois que les bruits résultants de la chute de la sphère sur Konoha avaient cessé, cela ne laissé planer plus aucun doute sur le sort qu'avait subi le village caché de la Feuille. Le convoi de civils et de shinobi reprit sa marche en direction de Heiwa.
Beaucoup avait hésité et avait eu peur de faire le mauvais choix. Cependant, le fait de voir cette météorite lancée par Uchiha Madara, enleva tous les doutes que certains avaient pu encore avoir.
Sakura savait que le trajet serait beaucoup plus long qu'à l'aller. En effet, il y avait à présent près de deux mille personnes qu'il fallait conduire jusqu'à leur nouvelle terre d'accueil. Si cela n'avait été que des shinobi, tous auraient pu parcourir la distance à grande vitesse, mais Sakura devait prendre en compte la présence des civils. Femmes, enfants, vieillards, tout cela ralentissait considérablement leur retour.
Mais pour le moment, la Daimyô de Ta No Kuni marchait au même rythme que les civils. Comme à son habitude, elle était aimable et répondait spontanément aux questions de ceux qui osaient l'interpeller. Son sourire et sa douceur réchauffaient le cœur de ces gens qui venaient tout de même de tout quitter. Et par intérim de perdre certains de leurs amis ou familles qui avaient fait le choix de rester fidèles à Konoha.
— Sakura ! Je n'ai rien contre une balade sur les routes, mais ne pensez-vous pas que nous devrions rentrer au plus vite à Heiwa. La nouvelle ne tardera pas à se faire savoir que Konoha a été rasé, expliqua Ashina.
L'Uzumaki n'était pas inquiet de la situation, mais il savait pertinemment qu'il fallait également prévoir d'organiser l'installation de toute cette nouvelle population. Certes, des messagers avaient été envoyés jusqu'à Heiwa, mais il savait aussi que, dès l'instant où le monde apprendrait qu'Hi No Kuni avait perdu son village caché, les nations se battraient pour se partager le pays du Feu. Celui-ci ne pourrait jamais empêcher de telles tractations.
Ainsi allait le monde : s'emparer des plus faibles avant les autres.
— Je le sais bien Ashina-san, mais j'attends qu'il nous rejoigne avant de décider quoi faire, répondit Sakura en faisant allusion à son époux qui ne les avait pas encore rejoints.
Elle ne doutait pas qu'il ait survécu à sa propre attaque mais cela faisait déjà plusieurs heures qu'elle avait eu lieu et Madara Uchiha n'était pas encore parmi eux.
— Tss, on aura tout vu ! Me faire attendre ce branquignole de Madara avant d'agir ! C'est bien parce que je vous apprécie Sakura que j'accepte de patienter, rétorqua l'Uzumaki en levant les yeux au ciel.
Mais à peine avait-il dit cela qu'ils entendirent des exclamations derrière eux et le silence se fit même pesant, obligeant Sakura et Ashina à se retourner pour comprendre ce qu'il se passait. Et quand ils virent la foule s'écarter pour laisser passer la silhouette imposante de Uchiha Madara, ils comprirent alors pourquoi le silence s'était fait retentir tout à coup.
Le brun marchait d'un pas vif et n'avait pas besoin de parler pour qu'on s'écarte devant lui. Il était indemne comme cela était à prévoir, toutefois, il portait sur le côté quelque chose de volumineux que Sakura reconnut immédiatement : le rouleau des techniques interdites de Konoha.
— Je te savais plus rapide Madara, dit l'Uzumaki à peine le concerné était-il arrivé à leurs côtés.
— Tch ! Je ne t'ai rien demandé l'ancêtre : d'ailleurs comment ça se fait que vous soyez encore là ? Nous devons immédiatement rentrer à Heiwa et annoncer au monde ce qui les attends s'ils leur viennent l'idée de s'en prendre à nous !
— Madara, nous ne pouvons pas laisser tous ces gens que nous avons promis d'accueillir sans qu'ils se familiarisent avec nous et avec le fonctionnement de Heiwa. Je sais bien que nous devons rentrer rapidement mais nous ne pouvons pas agir aussi impulsivement. N'oubliez pas, ces gens ont tout quitté pour choisir ce que nous cherchons à bâtir : la paix.
Sakura avait parlé avec beaucoup de sagesse tout en fixant le regard dur de son époux qui immédiatement s'apaisa. Elle avait ce pouvoir sur lui, celui d'empêcher qu'il n'agisse trop vite en ne mesurant pas toutes les conséquences. A ses côtés, il avait encore plus développé son sens de l'analyse en prenant tous si ce n'est le maximum d'éléments en considération.
— Vous avez raison ma chère, répliqua Ashina alors qu'il avait été de l'avis du brun quelques minutes auparavant. Nous pouvons quand même trouver un compromis à tout ceci : j'ai assez d'hommes pour veiller à la sécurité de toute cette foule. Ils ont avec eux les bandeaux permettant de les camoufler et de les protéger le temps qu'ils arrivent jusqu'à la cité. Accordons-nous deux jours ici avant de rentrer.
— Deux jours ? S'exclama Madara, pourquoi faire ?
— Pour rassurer tout ce petit monde que tu ne vas pas les éradiquer comme ce que tu viens de faire avec leur ancien village ! Répliqua l'Uzumaki.
La tension s'était élevée d'un cran entre les deux hommes mais c'était une chose habituelle pour Sakura et ceux qui avaient l'habitude de les côtoyer. Mais pas pour les nouveaux venus qui regardaient de façon craintive ces deux grands shinobi qui avaient l'air en désaccord.
— Ashina-san a raison sur ce point : nous devons rassurer tout le monde, civils comme shinobi...
— Surtout les shinobi ! Interrompit Ashina.
— Oui, ils doivent avoir l'assurance qu'ils seront traités avec respect et que vous ne vous vengerez pas sur eux de la façon dont ils auraient pu traiter les vôtres dans l'ancien temps ! Ajouta Sakura en fixant son époux qui avait les bras croisés.
— Hn, répondit simplement le brun qui avait parfaitement compris ce que son épouse venait de lui expliquer. Autant il avait été facile de convaincre les Uzumaki de les rejoindre, mais là le contexte était totalement différent. A Uzushio il avait certes détruit la ville mais tout le monde était sauf alors que Konoha et ses habitants avaient tout simplement été rayé de la carte.
Sakura et Ashina donnèrent les consignes aux shinobi Uzumaki ainsi qu'à certains Uchiha, ils voulaient à tout prix se rendre utiles et ainsi faire bonne figure devant leur chef retrouvé. Madara n'avait que faire des courbettes, il observait toutes les personnes qui avaient fait donc le choix de le suivre. Il aurait pu être fier et orgueilleux de voir que les ennemis d'hier devenaient les amis d'aujourd'hui, mais il n'éprouvait rien de particulier hormis peut-être la satisfaction de voir que son rêve de paix prenait vraiment une réalité et que des personnes étaient capables de le comprendre dans sa quête de cet idéal de vie.
Ils reprirent ensuite la route en direction de leur pays.
La plupart n'osait pas parler à Madara parce qu'ils étaient intrigués et qu'ils devaient aussi se faire à l'idée qu'ils devaient leur salut à cet homme qui avait longtemps été l'ennemi de leur ancien village. Seuls les chefs de clans avaient fini par se rapprocher du trio et ainsi en apprendre plus sur le fonctionnement de Heiwa et surtout son histoire.
Madara s'entretint un long moment avec Enchû Nara. Ce dernier, en fin stratège, était peut-être celui qui comprenait le mieux tout ce que l'Uchiha avec Sakura avaient accomplis jusqu'à présent.
A un moment, un petit groupe s'avança en direction du trio et s'inclina devant Ashina Uzumaki qui haussa un sourcil devant tant de déférence.
— Uzumaki-dono.
— Oui ? Répondit le concerné en se détournant de sa conversation avec Madara.
Il avait devant lui une dizaine de Hyûga sur la centaine qui avaient rejoint leurs rangs lorsqu'ils eurent l'opportunité de le faire. Les autres n'étaient pas loin du trio et écoutaient également la conversation qui allait se tenir. Cela avait été un choc pour de nombreuses personnes lorsqu'ils les virent se rallier à Madara, car il y eut la quasi-intégralité des membres de la branche secondaire qui avaient sauté sur l'occasion.
— Navrés de vous déranger, mais est-il vrai que le sceau en cage a été conçu par votre clan ? Demanda le représentant de la branche secondaire avec une pointe d'espoir.
— Hai ! Il y a 50 ans, votre chef de clan a fait appel à nos connaissances pour vous tenir bien sagement sous contrôle et accessoirement protéger le Byakugan. C'était immoral, mais la somme qui nous a été proposée ne pouvait pas être refusée, affirma l'Uzukage en croisant les bras, prouvant qu'il assumait ce qu'il avait fait.
Certains membres de la Bunke eurent un frisson en entendant cette version de l'existence de ce sceau sur leur front, mais après tout, plus rien ne les étonnait. Ils avaient à présent l'espoir que leur destin n'était finalement pas lié à ce sceau maudit.
— Et, vous seriez en mesure... commença celui qui avait pris la tête de ce petit groupe.
— De vous retirer le sceau d'oiseau en cage sans vous tuer ?
— Hai, dirent bon nombre de Hyûga en même temps.
— C'est la raison pour laquelle vous avez décidé de quitter Konoha n'est-ce pas ? Une chance de vivre une nouvelle vie, loin de l'esclavage et des maltraitances pratiquées par la Soke, dit Ashina plus par affirmation que questionnement. Et le hochement de tête discret de ceux en face lui en était la confirmation.
— Ce n'était pas vraiment une vie... et...
— Oui... nous vous enlèverons le sceau, dit finalement Ashina et de nombreux sourires apparurent parmi les Hyûga et même certains se permirent de verser des larmes de joie.
— Ecoutez tous ! Intervint Madara en prenant une voix assez forte pour que le maximum de monde puisse l'entendre. Voici l'exemple parfait qui illustre votre nouvelle vie à Heiwa. Il n'y a pas de clan supérieur à l'autre, pas même les Uchiha !
Lorsque le brun fit cette remarque, il adressa un regard dur envers les membres de son propre clan. Effectivement, il avait jugé le moment opportun pour expliquer les règles de vie de leur prochain village. Il voulait que les choses soient claires pour tout le monde : aucun favoritisme n'était en vigueur à Heiwa et ce, peu importait l'appartenance.
— A Heiwa, il n'y a pas de branche principale ou secondaire ! Il n'y a pas de clans supérieurs ou inférieurs ! Vous êtes tous des membres égaux en droits et en devoirs envers votre nouveau pays ! Les crimes ne sont pas tolérés et sont punis à hauteur du préjudice commis : mais tout le monde a sa chance à Heiwa. Vous trouverez tous un foyer, un travail et surtout : la paix et la sécurité ! La seule chose qui vous est exigée : respectez les règles et vous ne craindrez rien ! Au contraire, votre vie ne sera que douce et agréable. Mon épouse, Sakura Uchiha est votre Daimyô et je suis votre Heikage ! Nous sommes vos dirigeants et sachez que vous nous trouverez toujours sur votre chemin si vous trahissez la confiance que nous plaçons en vous !
Ce discours avait eu son effet pour tous ceux qui l'avaient entendu et il avait été répété pour tout le monde. Si certains avaient pu douter, ils étaient ainsi convaincus d'avoir définitivement fait le bon choix. La sécurité, la paix et la justice comptaient vraiment pour leurs dirigeants et cela n'était pas qu'un simple effet d'annonce. Cela confortait également toutes les rumeurs qu'ils avaient pu déjà entendre sur cette cité où il faisait bon vivre.
Madara se tourna de nouveau vers les Hyûga.
— Soyez assurés que plus jamais votre destin sera lié à cette marque qui vous a été imposée ! Vous êtes libres de créer votre propre vie sans plus jamais craindre que l'on vous persécute. Et Ashina se fera un plaisir de vous en libérer, ajouta l'Uchiha en retenant un sourire.
— Arigato, dit le Hyûga qui s'inclina bien bas devant leurs dirigeants avant de se disperser avec ses camarades.
— T'étais obligé de dire que j'allais personnellement m'en occuper, cingla l'Uzumaki en direction du brun.
— Tu n'aurais pas dû me traiter de branquignole alors que je n'étais pas encore revenu de Konoha !
— Tu n'es qu'un ... Commença Ashina avant d'être interrompu par Sakura.
— Messieurs ! Cessez vos enfantillages ! Demain nous pourrons laisser l'ensemble du convoi poursuivre sereinement jusqu'à Heiwa. Nous ne pouvons plus cacher l'existence de Heiwa et de sa force armée et encore moins le retour de Madara dans le monde.
Les deux hommes acquiescèrent silencieusement avant de changer de conversation. Ceux qui avaient assisté à cette petite joute verbale furent impressionnés par Sakura. Cette femme était véritablement un phénomène : elle arrivait à tenir tête à deux grands shinobi de l'époque sans craindre d'être rabrouée. Il n'était pas étonnant que le grand Uchiha Madara l'ait choisie comme épouse. Certains pensèrent même intérieurement que l'homme, déjà connu par sa réputation, ne devait être encore que plus puissant car il était admis que derrière chaque grand homme se trouvait toujours une femme. Et sans pour autant la connaître plus en détails, ils étaient persuadés que Sakura était celle qui rendait meilleur l'Uchiha. De ce fait, il accomplirait de grandes choses pour le bien de tous avec elle à ses côtés.
Jour 785
La nuit était tombée depuis un moment sur la cité de Heiwa qui s'apprêtait tranquillement à s'endormir jusqu'au lendemain. De nombreuses patrouilles effectuaient leurs rondes dans les rues afin de vérifier que le couvre-feu était bien respecté. En effet, bien que la ville soit un lieu de paix et de prospérité, les habitants n'avaient plus le droit de circuler passée une certaine heure.
Seules les forces militaires étaient autorisées à être dehors à toute heure de la nuit dans le cadre de leur mission de surveillance et de sécurité de Heiwa.
Comme souvent tard dans la soirée, après avoir veillé qu'Espoir se soit endormie, Sakura se rendait dans le cimetière de la cité afin de se recueillir devant la tombe de sa défunte amie. Son deuil n'était pas encore fait, et elle essayait de soulager sa peine tout en lui demandant pardon pour le funeste sort qu'elle avait subi avec sa famille. Elle s'en voulait de ne pas avoir réussi à la sauver et ce malgré toutes les paroles de son époux.
Et comme souvent, une fine larme coula le long de sa joue avant qu'elle ne l'essuie avec sa main.
— Tu me manques, chuchota Sakura par cette nuit d'automne.
Elle resta encore un moment devant la tombe puis elle estima qu'il était temps qu'elle retourne auprès des siens : les vivants méritaient sa présence plus que les défunts. Surtout qu'elle comprenait aujourd'hui pourquoi son ancien sensei : Kakashi, passait autant de temps devant la pierre commémorative.
Elle se retourna prête à quitter les lieux lorsqu'elle aperçut une personne qu'elle n'imaginait pas revoir un jour.
Il était là, à deux mètres d'elle, dans son kimono blanc parsemés de Magatama noirs et de son bâton Gudôdama.
— Ôtsutsuki-sama ! S'exclama Sakura complétement prise au dépourvu.
Elle n'aurait jamais pensé que celui-ci referait surface après sa disparition il y a plus de deux ans de cela. Toutefois, un souvenir lui revint en mémoire alors qu'elle se faisait cette réflexion : lors de leur dernière conversation, il avait sous-entendu qu'ils se reverraient un jour. Celui-ci était donc arrivé, mais pour quelle raison ?
Le Rikudô Sennin ne disait rien, il resta un moment debout en fixant Sakura. Puis, il s'avança vers elle : son visage était fermé. Sakura n'avait jamais vu cette attitude chez l'ermite, il n'y avait aucune émotion de bienveillance comme il avait pu le faire lors de leurs précédentes rencontres.
Sakura attendait avec cette légère crainte qu'il lui inspirait alors qu'il se trouvait maintenant à sa portée.
— Ôtsutsu... Commença Sakura pour interroger le vieil homme sur sa présence dans ce lieu, mais elle ne put continuer sa phrase.
En effet, le Rikudô Sennin ne lui permit pas de parler plus longtemps qu'il lui administra une gifle monumentale comme jamais Sakura n'en avait reçu. Même Tsunade Senju ne lui avait jamais administré un tel traitement quand elles s'entraînaient au combat. La force du coup était telle que la tête de Sakura bascula violemment vers le côté opposé à l'impact. Le geste avait été ferme et fait sans aucune hésitation.
Elle ne comprenait pas pourquoi l'ermite lui infligeait un tel acte : qu'est-ce qui pouvait d'ailleurs le justifier ?
— Je t'ai renvoyée dans le passé afin que l'enfant de la prophétie accomplisse sa destinée et que le cycle de la haine se termine enfin ! Pas pour que tu le perpétues à ton tour ! Gronda le vieil ermite avec dureté.
Sakura porta la main à sa joue légèrement rougie avant de redresser lentement la tête et de plonger son regard dans les deux Rinnegan du Rikudô Sennin. Elle était confuse de ce geste et ne comprenait pas pourquoi il lui disait tout cela. Elle se frotta délicatement la joue afin d'en atténuer la douleur qui lui picotait la peau.
Elle resta sans voix, elle avait peur et en même temps elle était confuse. Elle n'avait jamais vu Ôtsutsuki avec ce regard, pas même quand il avait vu Sasuke partir combattre Naruto dans la Vallée de la fin. Alors qu'est-ce qui expliquait qu'il la regarde de cette manière ?
— Tu as une mission Sakura, rajouta le Rikudô de façon moins tranchante.
En entendant le mot mission, Sakura reprit immédiatement ses esprits. Ô oui, elle ne se souvenait que trop bien pourquoi elle vivait à présent à l'ère Sengoku. Toute la douleur qu'elle éprouvait à cause du sacrifice qu'elle avait dû accepter lui transperça de nouveau le cœur et tout ça pour quoi ?
— Je le sais Ôtsutsuki-sama ! S'exclama-t-elle en dépassant le choc initial de la gifle. Pas un jour ne passe où je ne pense pas à cette mission que vous m'avez confiée. Croyez-vous que j'aie oublié tout ce que j'ai dû abandonner ? Ce que j'ai sacrifié pour pouvoir réussir cette mission, dit Sakura avec une douleur au fond de son être.
A cet instant, la jeune femme aux cheveux roses ressentait énormément de peine. Elle venait juste avant l'arrivée du Rikudô, de pleurer sur son amie disparue et le fait qu'il lui fasse autant de reproches directs et injustifiés ne faisaient qu'amplifier cette plaie béante qu'elle avait au fond du cœur.
— Alors ne rend pas leur sacrifice vain Sakura, reprocha le vieil ermite qui ne se laissait pas attendrir par la souffrance qu'éprouvait la Kunoichi devant lui.
— Vain ? S'offusqua Sakura qui ne comprenait vraiment pas qu'il puisse lui reprocher cela. Pourquoi me faire culpabiliser leur disparition Ôtsutsuki-sama ? Je n'ai fait que suivre vos conseils depuis que je suis arrivée à l'ère Sengoku. J'ai sauvé l'enfant de la prophétie de la mort, je l'ai soigné, je l'ai guidé... je suis même tomber en amour avec cet homme ! J'ai implanté les cellules d'Hashirama comme vous me l'avez suggéré pour qu'il ait accès au Rinnegan. Je ne fais que mon meilleur pour accomplir votre volonté ! Tous mes actes et tous mes efforts n'ont qu'un seul but : que le cycle de la haine se termine enfin ! Et vous, vous me faites à présent des reproches... qu'ai-je donc fait qui justifie votre déception ?
— Dis-moi : qu'est-ce que le cycle de la haine ? Demanda le vieil ermite avec un ton moins réprobateur.
Sakura fut une fraction de seconde déstabilisée par ce changement d'attitude, mais elle réfléchit à la question qu'il venait de lui poser avant de lui répondre ce qui lui semblait être la définition qui lui semblait la plus juste.
— La perpétuité de la vengeance, répondit Sakura.
— Qu'as-tu ressenti quand Hitomi a été tuée par ce shinobi de la Feuille ?
— Je... je... j'ai été très en colère... répondit-elle en tremblant légèrement.
— Seulement en colère ? Sakura, ne me mens pas ! Exigea l'ermite de nouveau avec un ton dur. Qu'as-tu fais quand ton amie a eu la gorge tranchée ?
Sakura ouvrit la bouche pour répondre, mais au moment où elle allait formuler sa réponse, elle se rendit compte où voulait l'amener le Rikudô. Cette façon de faire était pire que des reproches directs. Elle réalisait cette terrible vérité qu'elle avait occultée jusqu'alors : elle avait vengé la mort d'Hitomi en décimant l'armée qui était venue envahir le village où vivait son amie. Par cette action, Sakura avait permis au cycle de la haine de perdurer.
— Alors ? Demanda l'ermite qui voyait parfaitement que la jeune femme avait compris ce qu'il voulait qu'elle lui réponde.
— Oui mais... Tenta-t-elle pour se justifier.
— Il n'y a pas de mais Sakura ! La colère est un sentiment normal ! Mais la frontière est mince avec la rage et la haine ! Tu n'as pas contrôlé tes émotions alors que tu es une ninja Sakura ! Répondit-il de nouveau avec son ton réprobateur.
— Oui je sais ! Quelle que soit la situation, un ninja ne doit jamais montrer aucune émotion. Un ninja doit toujours faire passer sa mission en premier et doit... retenir ses larmes, récita-t-elle par réflexe, mais sa voix trahissait les émotions qui la traversaient d'être ainsi mise en porte à faux.
— Alors pourquoi as-tu laissé la haine te guider et prendre le contrôle sur ta personne ! Tu n'as fait que te détourner de ta mission première : faire que l'enfant de la prophétie accomplisse sa destinée !
— Ce n'est pas vrai ! S'insurgea Sakura. Toute mon énergie est consacrée à cette mission ! Nous avons instauré la paix ! Heiwa est le lieu de la paix véritable ! Je n'ai fait que défendre cette paix que nous avons permis d'exister dans ce monde ! Depuis le début que je suis ici je n'ai fait que tendre la main aux plus démunis, aux plus faibles ! J'ai travaillé dur et ce sans relâche pour que cette prophétie s'accomplisse ! Ce n'est pas ma faute si l'être humain est pourri et qu'il m'arrache les rares être qui me sont chers ! Se défendit Sakura alors que les larmes coulaient le long de ses joues et qu'elle était essoufflée après cette longue tirade.
— N'as-tu pas retenu ta main contre Madara alors qu'il était le plus vulnérable et que tu savais qu'il était responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes à ton ancienne époque ?
— Oui, mais comment aurais-je pu le guider si je l'avais tué ? J'ai respecté la mission que vous m'aviez confiée ! Répliqua Sakura en reniflant bruyamment.
— Alors pourquoi ne pas avoir retenu ta main envers ce shinobi qui avait seulement tué : une personne ?
— Parce que... parce que...
Sakura tremblait de plus en plus. Pourquoi le Rikudô s'acharnait-il ainsi sur elle ? Toutes ses actions étaient passées au crible et elle avait la désagréable impression qu'elle était jugée. Elle se sentait presque misérable alors qu'elle n'avait fait qu'exécuter ce qu'il lui avait dit de faire.
— Parce qu'elle était ton amie ?
— Oui... répondit doucement Sakura
— Qui es-tu pour pouvoir décider de qui doit vivre ou mourir ? Répliqua l'ermite d'une voix tranchante.
Cette remarque fut la goutte d'eau pour Sakura : non elle ne méritait pas cela !
— Et eux !? Qui étaient-ils pour décider que ces pauvres gens ainsi que mon amie devaient mourir !? Pourquoi eux auraient pu avoir le DROIT DE CHOISIR !? Pourquoi était-ce encore à moi de retenir ma main alors que c'étaient eux qui semaient la mort et la destruction !? S'énerva Sakura qui souffrait intérieurement d'autant d'injustice envers elle et ses décisions.
— Car tu n'es pas comme eux, répondit l'ermite d'une voix de nouveau calme et bienveillante, comme celle qu'il avait toujours eu pour elle. Sakura, tu es différente et tu as quelque chose de plus important à accomplir que ces personnes-là.
— Différente ? Soupira-t-elle d'incompréhension.
— Qui parmi des centaines de milliers de personnes de ton époque ai-je choisi pour accomplir cette tâche ?
— Moi... Concéda la jeune femme en sentant ses épaules s'affaisser tant le fardeau qu'elle avait sur les épaules la pesait tout à coup.
— Oui ! C'est toi Haruno Sakura que j'ai choisi pour guider l'enfant de la prophétie et ainsi mettre un terme au cycle de la haine, répondit le vieil ermite. Car à l'instar de Sasuke qui n'avait personne pour le sortir de sa haine, toi tu as ce qu'il faut pour ne pas sombrer dedans. Mais cela n'est possible qu'à la seule condition de ne plus te laisser aller comme tu l'as fait dernièrement, rajouta le vieil ermite.
— C'est facile à dire pour vous... ce n'est pas vous qui avez dû tout sacrifier, rétorqua Sakura avec colère. Tout ce que vous faites c'est d'être passif, vous n'intervenez jamais et les rare fois où vous apparaissez c'est pour me faire la morale ! Si c'est si simple, pourquoi ne pas guider vous-même l'enfant de la prophétie !
— Parce que j'ai confiance en toi Sakura ! Et je ne suis pas passif comme tu le prétends puisque je suis là devant toi ! Je suis là pour te rappeler qu'elle est ta mission et te ramener dans le droit chemin !
— Le droit chemin... Mais quel est-il vraiment ? Car peu importe ce que je fais, l'homme ne sait faire qu'une seule chose : la guerre ! J'ai beau les raisonner, les guider, les convaincre, l'être humain ne semble être capable de résoudre les problèmes que par la guerre ! Vous voulez vraiment laisser ce genre d'individus en vie ? Des violeurs, des pilleurs, des barbares... des... des meurtriers ! Tsunade Senju m'avait appris qu'il fallait parfois faire des sacrifices pour le bien du plus grand nombre... et en éliminant ces hommes j'ai agi pour le bien de mon pays ! Affirma Sakura ne voulant pas démordre qu'elle avait agi en toute conscience et qu'elle avait appliqué ce qui lui semblait juste de faire.
— Pas dans cette mesure... la justice est légitime, mais le massacre auquel tu t'es adonné était inutile pour la seule mission que je t'ai confiée, insista l'ermite ce qui énerva encore un peu plus Sakura.
— Mais c'est vous, Ôtsutsuki-sama, qui avait exigé que je me renforce ! Vous m'avez dit de devenir plus adulte, plus dure, plus froide ! Et c'est ce que je fais ! J'ai toujours fait tout ce que vous m'avez dit de faire ! Et tout ça dans l'unique but d'apporter la paix ! Et maintenant que la paix est enfin dans la volonté de chacun, j'ai bien l'intention d'arrêter quiconque se mettra en travers de mon chemin.
— Est-ce toi qui parles ? Ou Madara ? Interrogea dubitatif l'ermite face aux paroles employées par la jeune femme.
— Mais peut-être parce qu'il a raison et qu'il a toujours eu raison ! Affirma Sakura. Parce que quand je vois tout cela, j'en viens parfois à me demander si le monde mérite d'être sauvé au vu de comment il est corrompu. Je comprends même pourquoi Pain avait agi de la sorte envers Konoha.
— Tu comprends désormais ce que j'ai dû endurer pendant 1000 ans. Voilà pourquoi le cycle de la haine doit enfin cesser !
— Vous le saviez n'est-ce pas ? Demanda Sakura même si elle connaissait déjà la réponse.
— Que l'être humain est un être abject ? Oui, je le savais...
— Pourquoi ?
— Pourquoi t'ai-je poussé à bout ce soir ? Forcée à exprimer tes sentiments ? Parce que tu avais besoin d'en faire les frais par toi-même ! Comprends-tu mieux l'importance de la tâche qui incombe à l'enfant de la prophétie ? Si je me tiens devant toi Sakura, c'est pour éviter que tu sombres dans les ténèbres et que tu échoues dans ta mission ! Mais c'est aussi pour qu'enfin la prophétie se réalise et que le cycle de la haine se termine... enfin !
— Mais... mais ça fait mal, dit Sakura qui sécha ses larmes d'un revers de la main.
— La mort est inévitable Sakura ! Elle fait partie du cycle de la vie et n'oublie pas une chose mon enfant, les êtres humains viennent au monde pour mourir un jour, c'est le destin de tout à chacun sur cette Terre, énonça l'ermite avec sa sagesse habituelle.
Sakura ferma les yeux à cette vérité immuable : naître pour mourir. Elle était pourtant bien placée pour savoir que la mort rappelait à elle bien des gens avant qu'ils aient pu vivre pleinement. Et même si cela faisait partie du cycle de la vie, cela n'en restait pas moins douloureux, d'autant plus quand le sentiment de ne pas avoir assez profité de la personne du temps de son vivant prenait une grande place dans l'esprit.
— Est-ce que... est-ce que, hésita longuement Sakura en regardant à moitié derrière elle.
— Est-ce que quoi mon enfant ? Répéta le Rikudô Sennin qui s'était complètement radouci envers Sakura.
— Est-ce que vous pourriez la faire revenir ? Osa-t-elle demander avec une pointe d'espoir dans le cœur.
— Qui donc ?
— Hitomi.
— Qu'est-ce qui te fait croire que j'en ai le pouvoir ? Interrogea l'ermite curieux d'entendre la réponse de la jeune femme.
— Je me souviens de Pain ramenant tous les habitant de Konoha à la vie après son génocide.
— Et pour cela, Pain avait donné sa vie pour que toutes celles qu'il avait prises retournent sur terre. Je ne peux répondre favorablement à ta requête Sakura. Je ne suis moi-même qu'une simple projection de mon âme. La matérialisation de mon corps physique ici-bas me demande énormément d'énergie et même si j'avais pu le faire, je n'aurai pas pu accéder à ta requête ...
— Car vous avez quitté le monde des vivants il y a bien trop longtemps Ôtsutsuki-sama et je ne souhaiterai pas que vous perdiez la vie pour seulement en sauver une seule, même si Hitomi me manque cruellement, répondit Sakura d'une voix lasse mais compréhensive.
— Sakura.
— Hai ?
— Ne gâche pas tout... vous y êtes presque, rajouta le Rikudô Sennin avant de disparaître.
Jour 800
Il avait fallu près de quinze jours entiers pour que les deux mille nouveaux citoyens de Heiwa parviennent jusqu'à la cité. Ils avaient été enregistrés et répartis dans les différents quartiers résidentiels de la capitale et dans les villages alentours notamment pour les civils. Tous les shinobi avaient intégré les rangs des forces ninja de Heiwa.
Ils avaient tous été émerveillés par l'organisation, le développement architectural de la ville. C'était encore mieux que toutes les rumeurs qu'ils avaient pu entendre. Un seul sentiment planait dans les rues de la ville : sécurité.
Un jour qu'elle arpentait les rues de la capitale, Sakura tomba sur une scène qu'elle ne s'attendait pas à voir. Elle se tint en retrait pour observer ce qui allait se dérouler par la suite.
Tsunade et Jiraiya étaient en train de marcher dans les rues. Leurs maîtres respectifs avaient été très occupés depuis leur retour et c'était donc tout naturel que les deux apprentis ninja avaient voulu accueillir les nouveaux arrivants. Le choc passé de l'annonce de la destruction de leur ancien village, les deux adolescents étaient assez curieux de voir qui avaient fait le choix de venir les rejoindre ici.
— Ohayô Orochimaru ! S'écria l'adolescent en reconnaissant la silhouette familière de leur camarade qui s'avançait dans leur direction.
Il n'avait pas eu l'air de les apercevoir et ce fut seulement quand il entendit son nom et la voix familière du garçon que le dénommé Orochimaru porta son attention sur eux.
— Il est bon de voir que tu es toujours vivant Orochimaru, dit Tsunade avec un petit sourire.
— Ohayô Tsunade, répondit-il simplement en ignorant comme à son habitude Jiraiya qui était déjà en train de faire la moue.
— Nous ne savions pas si nous te reverrions un jour Orochimaru, déclara Tsunade avec une petite voix en pensant à ce qu'était devenu le village.
— Je n'avais rien à gagner à rester là-bas ! Sensei n'avait plus du tout le temps de s'occuper de moi... de toute façon, j'ai sûrement plus à y gagner à venir ici que d'être resté à Konoha.
— Tu nous as nous déjà ! Affirma joyeusement l'adolescent qui se reçut un regard froid de la part de son camarade à la peau blanche.
— Et je n'allais pas rester servir un pays pour qui j'ai perdu tous ceux qui m'étaient chers, expliqua Orochimaru en faisant référence à ses parents tués pendant la guerre.
— Mais tu n'es pas seul maintenant Orochimaru ! Nous sommes de nouveau réunis ! C'est une nouvelle vie qui commence pour nous trois ! Réaffirma Jiraiya qui cette fois-ci eut droit à un sourire de la part de l'adolescent.
Ce sourire provoqua un frisson chez Sakura qui ne se rappelait que trop bien des rictus malsains qu'avait cet être à son époque. La Daimyô de Ta No Kuni se jura qu'elle devrait tout de même surveiller de près ce garçon. Même si rien ne prédisposait à ce qu'il tourne mal, Sakura voulait s'assurer que lui aussi, sa destinée change d'avec ce qu'il avait été à son époque. Déjà, elle était un peu rassurée puisqu'il ne serait pas seul comme il avait pu l'être au même moment. Restait juste à faire en sorte de ne pas le laisser sombrer dans sa quête de pouvoirs ultimes ! Mais Sakura savait aussi que seul l'avenir le dirait si oui ou non, son appartenance à Heiwa changerait le destin de ce garçon.
Sakura regarda les trois adolescents partir de leurs côtés, sûrement pour faire découvrir les moindres secrets de la cité à leur compagnon retrouvé. Elle se dirigea alors vers les bâtiments officiels où le conseil militaire devait se réunir. En effet, avec l'arrivée de plusieurs clans entiers à Heiwa, il fallait songer à les intégrer pleinement au fonctionnement de la ville.
De plus, la Daimyô de Ta No Kuni savait qu'ils ne tarderaient pas à avoir le retour du courrier que Madara Uchiha avait envoyé au reste du monde quelques jours après la destruction de Konoha. Là aussi, Sakura savait que la nouvelle allait secouer le monde tout entier et que cela risquait potentiellement de créer de nouveaux conflits entre les nations. Il était fort à parier que les différents pays se disputent le partage des terres du Pays du Feu qui n'aurait aucun moyen d'empêcher cela.
Dirigeant du monde,
L'Hokage de Konoha No Sato a orchestré une tentative d'assassinat envers la Daimyô de Ta No Kuni, Sakura Uchiha. Pour cet acte de trahison envers la loi shinobi concernant les Daimyô, Hiruzen Sarutobi anciennement Sandaime Hokage a été exécuté ainsi que le reste de son village Konoha No Sato.
Voici un avertissement au reste du monde pour quiconque osera s'en prendre de près ou de loin à la nation de Ta No Kuni.
Uchiha Madara.
