Chapitre 52 – 17 juin
Je me réveillais lentement en ce lundi. Des bruits m'avaient alerté et j'eus le temps d'apercevoir Sasha s'habiller.
« Bonjour, » lançais-je à mon compagnon.
« Salut, » me répondit-il sèchement.
Je me relevais sur le coude, me frottant les yeux.
« Quelque chose ne va pas ? » m'inquiétais-je.
« Ca va. Je vais au travail. On se voit ce soir. »
Sur ce, il sortit de la chambre et ferma violemment la porte. J'étais abasourdie, jamais il n'avait été si froid avec moi. Habituellement, le matin, il m'embrassait avant de partir.
Médusée par ce comportement, je sortis également de la chambre et le retrouvais dans la cuisine. Il se préparait un café.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Il soupira et me tourna le dos, s'agrippant au plan de travail.
Quelques secondes plus tard, il planta ses yeux bleus dans les miens et soupira longuement.
« Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu vas dans un bar – qui n'a même pas encore ouvert soit dit en passant -, tu pars en début de soirée et tu reviens à une heure du matin pour me dire que tu as passé la soirée avec ton ex ! »
Je voulu l'interrompre mais il me coupa la parole.
« Ex, à qui tu penses encore régulièrement et de qui tu as rêvé toute la nuit ? »
Je me sentis rougir fortement, honte et désespoir m'envahissant.
« Comment… »
« Bella. Tu sais que tu parles pendant la nuit. »
« Ce n'était pas intentionnel ! »
« Evidemment que non ! »
« Que veux-tu faire, dans ce cas ? Hein ? Il ne s'est rien passé cette nuit avec Edward et il ne se passera plus rien, c'est ça que tu veux entendre ? Très bien ! C'est dit ! Je suis avec toi et c'est toi que j'aime ! Ce n'est pas suffisant ? » m'agaçais-je. « Si j'avais voulu finir avec Edward, je serais rentrée avec lui, » finis-je.
Il mit le café dans un thermos avant de le mettre dans son sac. Il commençait toujours à boire son café dix minutes avant son premier cours.
« Je dois aller travailler, » dit-il finalement. « Et, je pense que tu as un article à écrire. »
Sur ce, il sortit de l'appartement.
Je n'en revenais pas. Il venait de me faire quoi, là ? Une dispute pour une crise de jalousie ? Depuis quand je lui disais quelque chose lorsqu'il rentrait tard d'une soirée entre collègues ?
Plus, le fait que j'avais rêvé d'Edward… malheureusement, je ne pouvais pas contrôler mes rêves et ce que j'en disais.
Frustrée, je retournais dans la chambre. Et dire qu'il n'était que six heures trente et que j'étais déjà bien réveillée et énervée.
Je commençais qu'à neuf heures, moi…
Je décidais de prendre une douche pour me calmer. Cela fonctionna un tout petit peu, l'eau chaude me détendit et je reprenais des forces. Je devais simplement prouver à Sasha que je l'aimais et que revoir Edward ne signifierait pas la fin de notre couple. Parce que c'était le cas, pas vrai ?
Merde. Même moi je n'étais pas certaine… après tout ce qu'il s'était passé hier…
Il m'avait fait le tour de son bar et des locaux où il donnerait les cours. Tout était assez spacieux et agréable. Esmé et Alice l'avait aidé pour la décoration et elles étaient incroyables – les murs étaient en bois acajou et le sol en bois légèrement plus sombre. En plus d'une magnifique baie vitrée donnant vue sur ce magnifique lac…
Un piano trônait sur une estrade dans un coin. Il m'avait joué un morceau magnifique, j'avais encore pleuré…
C'était le morceau qu'il avait joué lors de son premier examen. Il l'avait écrite en pensant à moi et je pouvais clairement sentir la mélancolie mais également l'espoir traverser ces touches de piano. Les notes, la mélodie, était lente et incroyablement mélancolique. Mais le rythme, lui, pourtant rapide et… je ne sais pas, il donnait cette touche positive, d'espoir et d'impatience. Edward était un génie.
Après cela, nous avons encore parlé devant un verre.
J'allumais mon ordinateur portable, sachant qu'il n'était que sept heures trente du matin et que je n'allais certainement pas savoir me rendormir. Curieuse, je tapais « Facebook » dans la barre de recherche.
Rapidement, je me créais un compte. C'était super facile, finalement. Depuis le temps que Senna me demandait de le faire, ce compte, j'allais enfin l'écouter.
Je lui envoyais rapidement une demande d'ami. Elle m'accepta rapidement et m'envoya directement un message depuis le service de messagerie instantané.
Bella ! Tu t'es enfin décidée !
Je ris avant de lui répondre. Nous parlions un peu avant de rechercher la personne que je voulais.
Edward Masen.
Je tombais rapidement sur son profil. Comment ne pas le reconnaitre aussi ? Il était à tomber.
Sur sa photo, il était assis sur le tabouret en cuir d'un grand piano noir au centre d'une scène vide. Il était de profil, en train de jouer et souriant. Son sourire était unique, si beau. Il semblait si épanoui. Le cliché datait de 2008.
Je cliquais sur sa photo et y découvris des commentaires. Près de cent personnes avaient « liké » sa photo.
Le premier à avoir commenté était Garrett, son compagnon de chambre. 'Toujours aussi BG !'
Il me faisait rire, Edward n'avait même pas daigné répondre à son commentaire.
Le suivant était d'Elyanna. Mon cœur se serra, c'était la fille qui avait partagé sa vie pendant une longue période. 'Alors ? Qui est la meilleure des photographes ? PS : Tu es à tomber !' avec un émoji cœur à la fin du message.
Il lui avait simplement répondu merci pour la photo, ajoutant un 'grâce à toi' toujours avec le petit émoji cœur.
Plusieurs autres personnes avaient commenté, dont évidemment Alice Cullen. Je cliquais sur son profil et lui envoya immédiatement une demande d'ami aussi.
Je retournais sur le profil d'Edward, lui envoyant une demande également. Sur son profil je pouvais voir des publications de ses amis parlant de ses performances sur Broadway, des articles et des critiques, toutes positives sur l'œuvre.
Je pouvais voir des photos de lui en soirée, embrassant Elyanna qui était sublime. Je pouvais même voir une photo où il jouait au piano sur une scène et elle dansait.
Ils étaient tellement heureux, épanouis.
Je ne pourrais jamais détester cette fille, après tout le bonheur qu'elle avait apporté à mon ami, et pourtant je l'enviais.
Ma boite de message sonna encore et je regardais le message. Encore Senna.
Edward Masen t'a ajouté à ses amis ?! Raconte-moi tout !
Effectivement, Edward était bien matinal. Je lui répondis brièvement et elle me donna rendez-vous ce soir pour que j'en discute avec elle. Je soupirais. Je devrais absolument tout lui dire…
Et mon cœur battit la chamade.
Edward m'avait aussi envoyé un message.
Salut, enfin décidée à te joindre à notre communauté ?
Je souris.
Salut. Oui, j'étais curieuse…
Moi, je suis un peu déçu…
Comment ça ?
Je ne vois même pas ta photo !
C'était vrai, je n'en avais pas encore mise. J'en choisis rapidement une qu'avait prise Angela lors de mon emménagement à Chicago, devant le lac Michigan.
Je souriais timidement à l'appareil. Senna avait pourtant essayé de me faire rire.
Je l'ajoutais.
Tu es magnifique, me renvoya Edward.
Je rougis, heureusement qu'il ne le vit pas.
Toi aussi, tu es très beau, lui répondis-je.
Tu es bien matinal ? renvoyais-je directement.
Oui. On a encore beaucoup de travail avant d'ouvrir vendredi. Le technicien ne devrait pas tarder !
Oh. Je te laisse dans ce cas. Passe une bonne journée.
A bientôt, Bella.
Et je refermais mon ordinateur, heureuse.
À présent, je me préparais afin de partir au travail. Je devrais passer ma journée à écrire son article pour qu'il soit publié demain – autant dire que je n'allais pas chômer !
oOo
Le temps passa rapidement. J'avais tellement hâte de le revoir dimanche. Alice m'avait envoyé un message via Facebook, elle était heureuse que je lui envoie une demande d'ami ! Elle m'avoua être présente vendredi et j'avais hâte de la revoir également.
J'avais aussi rajouté Emmett entre temps.
Sasha n'avait pas cette application et ne savait pas que je venais de m'y inscrire. Heureusement d'ailleurs, parce qu'il était franchement froid avec moi. Il me parlait à peine, n'osait même pas ne serait-ce que lever les yeux sur moi…
J'en étais tellement triste. Je ne savais plus quoi faire.
Je n'avais jamais aimé le sexe comme méthode pour résoudre des conflits et j'avais peur de devoir me rabaisser à cela. Mais même en m'habillant devant lui, en mettant de jolis sous-vêtements et des petites nuisettes pour dormir il ne me regardait pas.
Je souffrais de sa prise de distance et par-dessus tout je ne la comprenais pas.
Puis, le mercredi, quelque chose changea. Il était rentré plus tôt que moi et je l'avais trouvé aux fourneaux en train de me faire une bonne lasagne.
Quand je suis entrée, il m'a pris dans ses bras et m'a embrassée. Il s'est excusé de son comportement, prétextant une dure journée à corriger des copies d'examen. Il s'en voulait de me faire de la peine.
Comme je l'ai dit plus tôt, je n'aime pas me réconcilier sur l'oreiller. Nous avons donc simplement dormi entrelacés.
Le jeudi, je lui avouais sortir le lendemain fêter l'ouverture du bar en compagnie d'Edward et de sa famille. Il ne broncha pas, me souhaitant de m'amuser et de ne pas rentrer trop tard.
J'étais contente, je n'avais pas détruit mon couple. Génial, déjà ça de bien.
Je me retrouvais donc ce vendredi soir, vêtue d'une jolie petite robe noire, pas trop habillée, dans un taxi. J'avais envie de m'amuser et donc, de boire un peu.
J'étais arrivée quelques minutes en avance mais il y avait déjà du monde à l'intérieur.
J'étais nerveuse.
J'entrais, tremblant, et tomba directement face à Alice, aussi belle que dans mes souvenirs, en compagnie de Jasper.
Elle me vit et m'embrassa sur la joue en me faisant une grosse accolade.
« Bella ! Je suis si heureuse de te revoir ! »
« Salut Alice ! Et Jasper. »
C'est ainsi que je me retrouvais trainée à une table à discuter de ma petite vie avec mes anciens amis. Ils ne m'en voulaient pas d'avoir un peu coupé les ponts, même si Alice s'en voulait de ne pas m'avoir invitée au mariage.
En même temps, je la comprends. Nous ne nous étions plus parlé depuis des années et j'étais l'ex de son frère, qui aurait voulu m'y voir de toute façon ?
Mais, maintenant que j'y pensais, il y était allé avec Elyanna. Elle sera à jamais sur les photos de famille…
À peu près une heure – et quelques cosmopolitans –, Edward se joint à nous.
Il s'assit, épuisé, à notre table. À côté de moi, sur la banquette.
« Alors, dure la vie de patron de bar ? » lui demanda Alice en rigolant. « Et ce n'est que ta première soirée ! »
Il lui tira la langue, quel enfant… cela me faisait sourire. Ils ne changeront jamais et j'aimais ça.
« Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde ! Emmett doit aider ce pauvre Riley au bar ! »
« Prends une gorgée, vieux, » dit Jasper en lui tendant son verre.
« Scotch ? »
« Du bon. »
Il le vida d'une traite et toussa un peu.
« Merci, j'en avais besoin. »
« Toujours là pour toi, » rit-il.
Nous parlions quelques minutes avant qu'Alice n'entraine Jasper vers la piste de danse.
Je me retrouvais seule avec Edward et rougis un peu. Je ne sus si c'était à cause de l'alcool ou de sa proximité, cependant.
« Merci pour ta critique. C'était super gentil de ta part, je ne t'en demandais pas tant. »
J'haussais les épaules.
« Objectivement, cet endroit est très bien, » avouais-je.
« Et… subjectivement ? »
Je souris et baissais les yeux vers mon cocktail.
« C'est parfait. J'adore ce lac en plus, » dis-je en pointant la baie vitrée donnant vue au lac. « J'aimerai tellement avoir une maison au bord… »
« Ma maison est à cinq minutes d'ici à pied, au bord du lac, » m'avoua-t-il. « J'aime énormément cet endroit aussi. »
Je souris, triturant mon collier tandis qu'il m'observait.
Il fronça soudainement les sourcils.
« C'est le collier que je t'ai offert ? »
Je regardais le bijou autour de mon cou et rougis encore.
« Oui. Je ne pense pas l'avoir retiré un jour… c'est… ça te dérange ? »
Ses yeux émeraudes s'étaient illuminées, heureux.
« Non ! Non, du tout, garde-le. J'aime te voir avec. Tu es très jolie. »
Je souris au compliment.
« Je n'ai jamais eu le courage de m'en débarrasser, » reconnus-je en haussant les épaules. « C'est comme une partie de moi. »
Je soupirais et baissais la tête.
« C'est débile, je sais. »
« Non. Je ne trouve pas ça débile. »
Je soufflais, toujours souriante. Lui arborait un sourire aussi grand que l'univers et mon cœur battit encore plus fort.
« J'ai lu ta lettre, » confessais-je.
Il me contempla, pantois, et je m'empourprai encore plus.
« Tu sais, celle qui dit qu'on se retrouvera dans dix ans, un douze juin… »
« Oui, je m'en souviens. C'est toi qui… c'est toi qui l'as prise ? »
J'hochais la tête, honteuse.
« Je pensais l'avoir perdue ! »
« Je suis désolée, j'ai été tellement touchée, je… je voulais l'avoir. La relire, encore et encore, pour le souvenir que tout cela était bien réel. »
« C'était bien réel. Bella, ç'a toujours été réel pour moi. »
« Pour moi aussi. Mais… »
Je baissais mes yeux et pris une gorgée de mon cocktail, n'osant en avouer plus. N'osant exprimer mes états d'âmes et dévoiler mon âme entièrement.
« Mais… »
« Edward, » soufflais-je. « On sait tous les deux que je n'ai jamais été assez bien pour toi. »
Et ce fut la douche froide pour lui. Il était choqué, ensuite en colère et puis… triste ?
« Mais enfin, qu'est-ce que tu racontes ? »
Je le pointais et puis moi.
« Tu nous as regardés ? »
Il hocha la tête.
« Je ne fais que te regarder. »
« Tu es doué, un génie de la musique. Tu es beau, brillant, tout te réussit. Je ne suis même pas foutue de garder une relation stable ! »
« Ca ne se passe pas bien avec ton compagnon ? »
« Si, mais… je n'ai jamais réussi à trouver quelqu'un et sortir avec lui pendant sept ans ! »
« Ca ne veut rien dire. »
« Tu l'aimais ? » demandais-je doucement.
« Oui. J'étais amoureux d'elle. Mais, pas autant que de toi… je veux dire… ce n'était pas la même chose. »
« Je comprends parfaitement, » soufflais-je.
« Et tu es belle, brillante, intelligente. Je dirais même plus, tu es quelqu'un de bien, désintéressée, gentille, aimante… tout te réussir aussi, regarde où tu en es. Tu frôles ton rêve. »
Je baissais les yeux, me sentant soudainement sotte.
« Et, pour ce que je sache, tu es un très bon coup aussi. »
Je fus prise d'un fou-rire et lui donnait un coup de coude dans les côtes.
« Arrête ! » ris-je.
Et nous avions continué tranquillement cette soirée.
J'étais en compagnie d'Alice, et bien éméchée, lorsque je vis une grande blonde s'approcher d'Edward et essayer de le draguer. C'était clairement de la drague – elle mettant sa main sur son torse, se touchait les cheveux.
J'étais peinée par ce spectacle et… jalouse. Il ne pouvait pas me faire ça…
Mais en fait, si. Il le pouvait.
Il pouvait coucher avec cette fille, il était célibataire.
Il pouvait sortir avec cette fille, il n'avait personne.
Je ne pouvais pas être jalouse, je ne sortais pas avec lui.
Je ne pouvais pas être jalouse, j'étais en couple.
Je ne pouvais pas… je n'étais pas amoureuse de lui.
Pas vrai ?
