Bonjour, bonjour !
On espère que tout le monde va bien :) Et merci à toi, Loanne, ça fait chaud au coeur !
Bonne lecture :)
Chapitre 32
Quand j'entre dans ma salle commune pour aller chercher une nouvelle plume dans mon dortoir, l'ancienne étant complètement ruinée après que Sam ait essayé de la faire léviter au-dessus de sa tête et a fini par la faire exploser avec son talent inimitable pour les bourdes, je tombe sur un spectacle pour le moins surprenant. Dans un des fauteuils jaunes de notre salle-commune, sont installés Keir et Blanchet. Enfin, plutôt Blanchet sur Keir. Ils rient tout en s'embrassant, leurs jambes emmêlées dans une atmosphère si légère et insouciante que ça sent bon le printemps.
Ma plume complètement oubliée, je me dirige vers eux avec un gigantesque sourire aux lèvres. Je savais que ça arriverait et qu'ils seraient capables de changer leurs conflits enflammés en une belle relation fusionnelle, mais je n'osais espérer que ça se produise en si peu de temps !
"Scar ! m'apperçoit Blanchet, qu'est-ce que tu fais là, tu dois pas être en cours ?
-Ohhh, la p'tite Scarlett Rossi sècherait-elle ? insinue Keir, tu fais des progrès !
-J'allais juste chercher une nouvelle plume, la mienne est... carbonisée ! expliqué-je, mais je suis pratiquement sûre que vous, par contre, êtes censés être en Divination, à cette heure-là...
-Hum, fait-elle mine de réfléchir, disons qu'on suit notre propre destinée, Babbling devrait être super heureuse pour nous !"
Je ris et m'assoie dans un autre fauteuil près du leur, posant mon sac à côté de moi. Leur conversation a vraiment dû se passer merveilleusement bien... quand Blanchet est venue le chercher un peu plus tôt, alors que j'étais avec Al, on s'attendait plus à une catastrophe qu'à un miracle.
"Je suis aussi super heureuse pour vous, répondé-je.
-Manquerait plus que tu le sois pas ! rétorque ma soeur avant de se tourner vers Keir, cette soeur indigne prenait toujours ta défense quand j'avais le malheur de me plaindre de toi !
-J'espère bien ! C'est mon poulain et je suis son coach !
-Ouais, bah la coache pas trop !"
Après quelques rires, ils sont à nouveau en train de s'embrasser et je décide de m'éclipser pour les laisser tranquille, pressée de retourner voir Sam et Blanchet pour leur annoncer la nouvelle !
xOxOxO
"C'est vraiment l'année de Cupidon ! s'exclame Priscilla avec incrédulité, si quelqu'un m'avait dit en septembre que Keir ferait craquer ta frangine, je l'aurais fait interner à Sainte-Mangouste illico presto pour le bien de la société !
-Tu m'as pas fait interner pourtant !" lui fait remarquer Sam naïvement.
Priscilla se détourne de moi, sa voisine de table, pour diriger son regard noir et moqueur sur Sam qui, de la table devant nous qu'elle partage avec Brian, est complètement tournée vers nous. On est en Histoire de la magie et dire que la classe est inattentive au long monologue de Binns serait un sacré euphémisme, c'est purement et simplement la foire. La majorité de notre classe n'est même pas assise et se distribue les derniers ragots ; le préféré étant bien entendu le nouveau couple que forment Blanchet et Keir. Avec tout le cinéma que Keir nous a produit pendant un an et demi, il a quelques fans à son actif et, bien que beaucoup critiquent à qui mieux-mieux le couple, certains sont surexcités par leur happy end. Ca donne de l'espoir, en fait. Finalement, si on s'accroche, si on y croit vraiment, l'inespéré peut toujours être de la partie !
"J'ai essayé, prétend Prisc, mais même l'asile de fous veut pas de toi !
-Ouais, bah, le plus beau garçon de Poudlard veut de moi, donc, NA !
-C'est pas le plus beau, arrête de rêver !
-Merci Prisc de défendre notre honneur ! dit Brian, en feignant un égo blessé.
-Ohhh Briaaaanouuuu, se lamente Sam, non, c'est pas ce que je voulais dire...
-Ouais, nan. C'est trop tard, le mal est fait...
-Oh, non, mais tu es très mignon...
-Mouais..."
Je secoue la tête, en riant à leur cinéma, et Priscilla lève les yeux au plafond d'exaspération. Je note quelques informations sur la dernière révolte de Gobelins en date, mais c'est vraiment pour la forme. Tout ce que Binns psalmodie est déjà écrit mot pour mot dans nos manuels, il n'apporte vraiment pas grand chose.
"Alors, comment ça se passe avec Al ? s'intéresse Prisc.
-Ca se passe très bien, répondé-je sincèrement, il est adorable et... tout simplement parfait ! Et excuse-moi de te contredire, Sam, plaisanté-je en riant, mais il est un rival de poids pour Raphaël !
-Ah, allez ! rigole Prisc. Sans parler de Roger ! Raphaël peut pas test !
-D'accord, on a qu'à dire qu'ils sont aussi beaux..., marmonne Sam en faisant la moue, mais Raph s'habille mieux !
-Ok, mais Rogie sent largeeeement meilleur !
-Au fait, Scar, intervient alors Brian, Quinn t'a au moins dit qu'il t'aimait ?"
Prise de court et complètement douchée, je tourne les yeux sur Brian qui a ses sourcils blonds haussés bien haut dans une moue dédaigneuse. Implacable, il me fixe comme s'il connaissait déjà la réponse et le pire c'est de me demander comment il a pu deviner tout seul que je suis déjà amoureuse, et pas Alain. Je le sais, et je l'accepte, mais ce n'est pas pour autant la plus agréable des choses à s'entendre rappeler, sans même un avertissement, tout simplement pour se venger.
"Non parce que c'est bien beau de rêver mais faut voir la réalité en face, Scar, reprend-il quand je n'ai rien répondu.
-Brian, la ferme ! s'énerve Prisc. Ca va pas de dire ça ! Qu'est-ce qui te prend ?
-C'est pour elle que je dis ça !
-Oui, bien sûr ! ironisé-je, aigre, c'est pas du tout pour ta propre satisfaction de m'entendre te dire que non, il ne me l'a jamais dit !
-Eh, ça va, je m'inquiète ! s'indigne-t-il, visiblement surpris que je le prenne aussi mal, qu'est-ce qu'il te répond quand tu lui dis ?
-Je ne lui dis pas. "
Je lui ai dit seulement une fois, et c'était même avant que l'on soit ensemble, donc il le sait, ça ne sert à rien d'insister. Si c'est pour recevoir une réponse vague et gênée, j'aime autant éviter. Et puis, est-ce si extraordinaire de ne pas vouloir presser constamment quelqu'un qu'on aime ? Est-ce si stupide de juste accepter d'attendre, de juste garder espoir ? Je baisse les yeux sur mon parchemin, ma bonne humeur complètement envolée.
"Scar, je suis désolé, marmonne Brian, c'est pas ce que j'voulais dire... c'est juste, et si jamais il...
-Putain, Brian ! tu peux te retourner, s'te-plait, et lui foutre la paix ? s'agace Prisc. C'est pas vrai, sérieux..."
Du coin de l'œil, je le vois enfin se retourner et je me mords la lèvre pour réfréner ma colère, ma frustration, et les sursauts d'anxiété qui m'assiègent. Comment tout peut être si compliqué, et si simple à la fois ? Ca fait à peine plus de deux mois que l'on est ensemble avec Al, et il n'y aucun mal à ce qu'il ne ressente encore rien de très profond pour moi, c'est normal, ça ne se fait pas juste par magie, contrairement à toutes nos espérances, c'est juste... ce serait plus facile si j'étais sur la même longueur d'ondes que lui.
Priscilla pose une main sur mon épaule avec réconfort.
"L'écoute pas, il est juste jaloux.
-Je sais... mais...
-N'y pense pas, Scar."
J'acquiesce, bien déterminée à suivre ce précieux conseil.
xOxOxO
Je longeais notre table pour aller m'asseoir où Sam, Priscilla et les garçons m'ont gardée une place, quand je passe derrière Keir qui essaye de dîner tranquillement malgré Lilian qui semble avoir une autre idée en tête. Elle est très proche de lui et parle tellement fort que je n'ai aucun mal à l'entendre.
"Mais cette fille en a rien à foutre de ta gueule ! Tu crois vraiment qu'elle est subitement tombée in love de toi ?
-Lâche-moi, Lilian, tu m'casses vraiment les couilles, là...
-Non, non ! J'vais pas te laisser te faire utiliser comme ça, parce que, moi, contrairement à cette dinde, je t'aime ! Je...
-Comment tu peux dire un truc comme ça ?!" éclaté-je.
Je ne sais même pas ce qui m'a pris d'intervenir mais je suis tremblante, et hors de moi, et j'en ai tellement marre ! Mon sang boue en moi comme un volcan, et je vais exploser ! Ils sont si... si... pourquoi faut-il qu'ils gâchent toujours tout ?! La moindre petite étincelle d'espoir, la moindre tentative, et ils l'écrasent et l'écrasent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien ! Et c'est tellement épuisant, tellement, tellement épuisant !
Ils se sont retournés vers moi mais je ne vois que Lilian aux yeux écarquillés, ébahi de comprendre que c'est moi qui ai dit ça, mais je n'ai pas fini ! Non, elle va m'entendre et bien comprendre que ça ne peut plus durer ! On en a marre d'eux ! On en a vraiment marre d'eux !
"Tu l'aimes ? m'exclamé-je, Ah oui ? Et ben, il aime Blanchet ! Est-ce que tu sais seulement ce que ça fait d'entendre un truc comme ça ? C'est cruel !
-Ok, ok, ma p'tite, me calme Keir, ça va, t'inquiète !"
Il se lève et m'attrape par le bras pour m'éloigner un peu, un début de rire sur les lèvres. Mais je n'ai tellement pas envie de rire, je suis littéralement indignée.
"Non, Keir ! protesté-je, les gens doivent arrêter de tout le temps PARLER !
-D'accord d'accord, me dit-il, allez, viens, on va faire un tour !"
Il me guide vers la sortie et je combats contre mes poumons et mon rythme cardiaque, mais surtout avec mes nerfs, pour restaurer un souffle normal. Mais chaque petite parcelle de moi est révoltée et veut retourner crier sur Lilian pour qu'elle s'excuse. Ce qui est parfaitement grotesque, je sais que ça ne changera rien, mais c'est à peine si j'arrive à contrôler mes pensées chevronnées qui ont déjà tout un plan de campagne pour interdire les bruits de couloirs et la diffamation, des décrets et des lois que je proposerais bien au ministre de la Sorcellerie.
Les portes de la Grande Salle se referment derrière nous mais Keir continue à me faire marcher.
"Et ben, j'arrive vraiment pas à m'faire à l'idée que tu puisses gueuler si fort ! plaisante-t-il.
-Désolée, Keir, soupiré-je, c'était plus fort que moi, elle m'a tellement énervée...
-C'aurait pas un rapport avec un certain préfet de deux de tens' ?"
J'hausse les épaules.
"On va s'boire un p'tit panaché ? Ca va pas être super en raccord avec le règlement chéri de ton mec mais...
-Je te suis.
-J'aime t'entendre dire ça !"
xOxOxO
"Deux panachés fraise !
-Te prive pas pour moi...
-On commence gentil, m'avertit-il, sinon, tu vas jamais réussir à me suivre..."
On se tient parmi les autres consommateurs, près du comptoir, tandis que les deux pauvres barmans essayent de préparer toutes les commandes assez vite pour ne pas créer une trop grosse impatience, et je ris un peu à l'air professionnel dont s'est drapé Keir. C'est une assez petite boîte de nuit, la seule de Pré-au-lard, pour être tout à fait honnête, et ça ne vient qu' à peine d'ouvrir, pourtant c'est déjà bondé. Keir m'a dit que c'était toujours comme ça le vendredi soir. Je le crois sur parole, n'égalant certainement sa connaissance sur la question. Les seules fois où je suis sortie en boîte, c'était cet été et certainement pas en empruntant un passage secret pour se rendre à Pré-au-Lard. Mais oui, je compte bien le suivre. Non seulement j'ai besoin de me changer les idées, mais je suis curieuse d'avoir un petit échantillon d'un vendredi soir dans la vie de Keir.
Les deux petites bouteilles se voient alors posées devant nous, le verre rose et bientôt décapsulée, et Keir m'en place une dans les mains avant de lever la sienne :
"Allez, santé, ma biche ! A cette pure soirée !Tchin, tchin !"
Bien que je reconnais sans mal l'ironie dans sa voix, sachant que le panaché n'est certainement pas son poison de prédilection, je rigole et fais teinter ma bouteille contre la sienne :
"Tchin !"
xOxOxO
"J'sais que c'est pas de sa faute, et qu'j'en demande beaucoup.., mais je suis tellement pressée qu'il m'aime !"
Accoudée à notre petite table carrée, les fesses posées sur la banquette et un léger geignement dans la voix, je regarde, le menton dans les mains, Keir qui m'écoute tout en construisant un château avec les carcasses de nos bouteilles de panaché qu'on interdit aux serveurs de venir ramasser. Les jeux de lumières de la boîte nous éclairent de leurs milles couleurs et je regarde le château de panaché briller comme un arc-en-ciel. J'ai un peu envie d'aller aux toilettes, mais ça fait déjà deux fois que j'y suis allée depuis le début de la soirée -ça fait combien de temps qu'on est ici ?- et il y a toujours une queue incroyable là-bas.
"J'suis déjà heureuse d'être avec lui mais c'serait mieux s'il m'aimait, j'pense...
-Ouais, carrément ! Mais Al est tellement lent... t'sais, il est comme ta frangine... z"ont pas no't talent pour ça ! Nous, on sait c'qu'on veut, t'vois ?! On l'veut et l'prend ! AH !
-T'as fait tomber la tour Nord, lui fais-je remarquer en regardant les deux bouteilles qui roulent par terre, va falloir en recommander...
-En fait, on est les architectes de l'amour ! Et ça, c'est notre pièce maîtresse !"
Il abat ses deux poings de part et d'autre du château, provoquant une affreuse dégringolade qu'il observe passivement.
"Pourquoi t'as tout cassé ?
-C'est dl'art..., me révèle-t-il.
-En plus, c'est comme si tout l'monde pensait qu'ils nous aimeraient jamais...
-On est dans un bahut d'cons...
-C'est trop vrai.
-Vu comment on est BG, d'façon, j'leur donne deux s'maines pour être carrément accrocs !"
Il se lève et vient me prendre le coude pour me forcer à l'imiter, et s'exclame :
"Au pire, pourront nous regarder danser !
-On re-va danser ?! me réjouis-je.
-Ouais, ouais ouais !"
xOxOxO
"Maintenant, on passe à la vitesse supérieure ! décrête Keir, les deux mains sur mes épaules, Place au shots ! Va falloir être forte, Scarlett Rossi !
-Oui, capt'aine McFly !
-C'est bien !"
Il se retourne vers le barman qui nous observe, goguenard, avant que Keir fasse sa commande de six shots de téquila licornes, c'est à dire qu'un arc-en-ciel de liqueur tourbillone magiquement au fond des petits verres. Le barman nous détaille des yeux, nous jaugeant avec critique, et nous indique :
"Vous formez une paire complètement zarb !
-Oh, j'sais pourquoi tu dis ça, fait Keir, c'est à cause de nos uniformes de Poudlard totalement de losers, mais c'est juste qu'on a pas eu le temps de nous changer !
-Oui, sinon, on est vraiment normaux ! appuyé-je.
-Naaaan, c'est pas ça... vous êtes pas en couple, si ?
-Ohlà, non ! rié-je, c'est le copain de ma grande sœur !
-Et elle sort avec mon pote, un intello préfet de Serdaigle bien rabat-joie !
-Ah, voilà, ça doit être plutôt ça ! "s'exclame le barman en riant.
Il aligne les six shots sur le comptoirs et s'en va en nous souhaitant une bonne cuite et une charmante gueule de bois pour demain, et je rigole. Nan, j'aurais pas de gueule de bois. Je me connais, c'est pas mon genre. Mon organisme est en béton.
"Alors, regarde bien," me dit Keir en attrapant un shot.
Je m'accoude au comptoir tandis qu'il le lève un peu, en haussant un sourcil roux en ma direction pour me répéter silencieusement d'être attentive, et le porte à sa bouche pour le boire cul-sec. Et il repose le verre vide sur le comptoir dans un claquement ferme.
"Tu vas sans doute avoir envie de gerber, la première fois, alors surtout tu cèdes pas à la panique !
-Ok, facile, j'peux le faire."
Je m'empare d'un des petits verres et répète les gestes de Keir, le buvant directement. Je vois dans un clin d'oeil le tourbillon arc-en-ciel qui scintille encore sur le fond de mes paupières quand je referme les yeux sous le choc de la brûlure intense et de la nausée qui rampe dans ma gorge.
"Tu peux chialer un coup,par contre,me rassure Keir, c'pas grave !
-Wow, McFarlan ?! Rossi ? crie-t-on alors. J'HALLUCIIIIINE..."
A côté de nous, je reconnais vaguement une bande d'élèves de Poudlard qui nous fixent comme si on était des créatures magiques en liberté mais je suis bien trop occupée à essayer d'éteindre le feu dans ma gorge pour chercher à comprendre ce qu'ils leur arrivent.
"Barrez-vous ! Vous faites pas partie de la meute ! leur répond Keir en leur balançant les deux shots qu'on a vidé, allez, dégagez, les gros nazes, ou ça va être votre fête !"
Sur ces bonnes paroles, il attaque son deuxième shot et pousse vers moi celui qui me revient.
"Allez, on perd pas la main, ma p'tite ! On finit ses devoirs !
-Je finis toujours mes devoirs !"