Chapitre 35

PDV Floireans

Et voilà.

Il savait tout.

Je ne savais pas encore comment j'avais réussi à tout lâcher comme ça. Était-ce parce qu'il était là cette nuit alors que je me sentais seule ? Ou alors qu'il m'avait ouvert son cœur ? Ou bien parce que pour la première fois depuis que je le connais il avait prononcé mon nom parfaitement ?

Tout ce que je savais c'était que je me sentais épuisée et en sécurité tout contre lui. J'avais toujours dans mes bras Siwgr et mon pendentif. Ma tête reposait sur la poitrine de Yoongi. Les battements de son cœur et les cercles qu'il traçait sur mon dos m'aidait à m'apaiser. Il n'avait rien dit quand je lui ai tout raconté. Il ne m'a pas jugée. Il n'a même pas été dégoûté que je sois souillée. Il s'est contenté d'être à côté.

En fait je voudrais rectifier quelques chose.

Ils savaient tout.

Par « ils » j'entendais bien évidemment tous les pensionnaires provisoires de la maison. Ils devaient se croire discrets mais même entre mes sanglots peu subtils, je les avais entendu. J'aurai pu me braquer mais dès que j'avais commencé à raconter mon histoire j'étais devenue incapable de m'arrêter.

Alors que je sombrais peu à peu dans un sommeil réparateur, j'entendis le grincement léger de ma porte. Yoongi qui me servait d'oreiller très confortable, n'avait pas bougé d'un poil.

-Yoongi, entendis-je chuchoter Seokjin. Pourquoi es-tu dans la chambre de Flo ?

-Qu'est-qu'elle t'a raconté ? Demanda le directeur Kwang.

-C'est vraiment arrivé ? Fit à son tour Namjoon.

-Chut ! Vous allez la réveiller.

C'était bizarre. La voix de Yoongi résonnait dans mes oreilles, alors que j'avais la tête posée sur son cœur. C'était vraiment... apaisant. Je me laissais bercer par la respiration posée et régulière de Yoongi avant de m'endormir définitivement.


Cui. Cui. Cui.

Ces satanés oiseaux ! J'avais oublié qu'ils aimaient particulièrement se poser sur le rebord de ma fenêtre pour chanter dès le lever du soleil. Je pense n'avoir jamais fait de grasse matinée à Elsamaa. J'ai toujours été levée à l'heure des poules.

-Mon petit cygne vient manger ! C'est l'heure.

Ma mère avait ouvert la porte de ma chambre. Je me relevai un peu groggy. Des mèches de cheveux voletaient autour avant de retomber sur mon visage. Ma vision était trouble à cause du réveil.

-Je... j'arrive maman.

-Descend vite ! Ton père a déjà commencé à prendre son café. Il va bientôt partir.

-D'accord.

Je me levai mais trébuchais en me prenant les pieds dans ma couette. Après avoir fait une spectaculaire pirouette pour atterrir par terre sans aucun bobo, heureusement. Je me remis sur les pieds et avec un pas un peu chancelant je descendis les escaliers. Je me tenais au mur histoire de ne pas me rompre le cou. Arrivée dans le salon, la douce brise printanière souffla sur mon visage dégageant mes cheveux de mes yeux. Les rayons du soleil matinale m'ébouissaient m'obligeant à mettre ma main en visière.

Mon père était attablée à la grande table en bois buvant son café et lisant son journal. Derrière lui les portes fenêtres menant au jardin étaient grandes ouvertes. J'avais l'impression de respirer a nouveau l'air frais après avoir passer des mois en confinement à cause du froid de l'hiver.

-Bonjour ma fille, fit mon père en levant le nez de son journal avec un grand sourire.

Il était pour une fois rasé de près le rajeunissant d'une bonne dizaine d'années. Son costume impeccable et repassé lui donnait enfin l'allure d'un professeur d'histoire et doctorant spécialisé dans la légende arthurienne de grande université.

-Tu as bien dormi ?

-Bonjour... Pa..pa.

Je ne savais pas pourquoi mais j'avais un peu de mal à parler.

-Tiens bois ton jus de myrtilles des montagnes de Slieve Bloom. Elles viennent tout juste d'arriver à maturation pour le Festival de Lugnasa.

Ma mère posa devant moi un grand verre de liquide noire. Puis elle prit place en face de moi.

Je trempais les lèvres dans le jus de fruits. J'eus le sentiment que c'était vraiment délicieux.

-C'est bon, dis-je à ma mère en reposant le verre.

Ma mère rit et prit une serviette.

-Tu es toute sale. Fais attention. Que va dire ton petit-ami en te voyant comme ça ?

Elle essuya le coin de ma bouche.

-Je ne pense pas qu'il sera plus choqué que ça, fit mon père en posant son journal. Ce petit garnement. Si jamais il ose s'en prendre à ma douce Floireans...

-Calme-toi chéri, fit ma mère en tapotant le bras de mon père. Tout va bien. Leur relation est saine et basée sur le respect.

-Euh... pardon mais quel petit-ami ? Intervins-je perdue.

-Ah tu vois ! S'exclama mon père. Quelle relation saine basée sur le respect ? Ils ont encore eu une dispute.

-Voyons chéri. Tu sais bien que tous les couples se chamaillent pour des broutilles.

Je... je suis complètement perdue. Pourquoi ai-je l'impression d'avoir louper un épisode ?

DING DONG !

Je sursautai.

-Oh ! C'est sûrement lui ! S'exclama ma mère guillerette en se précipitant dans le vestibule.

-Papa, dis-je affolée. Pourquoi avec maman vous parlez de petit-ami ? Je n'ai pas de petit-ami !

-Qu'est-ce que tu racontes, ma petite Floireans ? Dit mon père amusé. Évidemment que tu en as un. Il est même très beau. Quand tu nous la présenté la première fois j'ai cru que c'était un mannequin. Tu ne te rappelles pas ? J'ai même dit pourquoi ce n'est pas ce petit con de Loïc ton copain mais cette gravure de mode.

-Une gravure de mode ? Papa ! Je ne me souviens pas ! Je veux dire, avoir un petit-ami ce n'est pas anodin quand même ! On ne l'oublie pas en un claquement de doigts !

Mon père s'esclaffa.

-Le matin tu es toujours un peu à la ramasse ma fille. Tu devrais prendre des jours de repos.

-Mon petit cygne adoré ! S'écria ma mère sautillant comme une puce. Regarde qui est là !

Derrière elle une silhouette s'approchait. Je ne mis même pas deux secondes à le reconnaître.

-Yoongi ? Qu'est-ce que tu fais chez moi en France ?

Le jeune homme s'approcha de moi tout souriant et prit ma main. Il resplendissait de mille feux et semblait avoir un spot de lumière l'éclairer. Il était bien coiffé. Son costume était impeccable.

-Allons mon ange, ce n'est pas comme ça qu'on accueille son futur mari.

-Hein ? Dis-je en tentant de récupérer ma main.

Yoongi tint bon. Il passa son autre main sur mes joues.

-Tu es vraiment trop adorable. Je n'arrive toujours pas à croire qu'on va se marier demain !

-MARIER ? NOUS ? Criai-je sous le choc. Tu es... mon fiancé ?

-Evidemment, ma chérie, dit-il toujours avec son sourire. J'ai même fait ma demande ici même devant tes parents. Si tu savais comme je t'aime.

Il commença à approcher sa tête dangereusement.

-Attend ! Atend ! Attend ! Le stoppai en plaquant mes mains sur ses lèvres. On ne peut pas être ensemble ! D'ailleurs rien n'est réel !

-Et pourquoi ça ne le serait pas ma fille ? Demanda mon père.

-Parce que je suis beaucoup trop heureuse ! Dis-je réalisant soudain quelque chose. Papa et maman ne peuvent pas être ensemble comme si rien n'était arrivé !

-Pourquoi dis-tu ça ?

-Parce que vous êtes divorcés ! Papa est à Oxford et Maman joue les bouddhistes avec mon ancien prof de techno ! Et je ne peux par être fiancé avec Yoongi !

-Pourtant nous le sommes.

-Impossible ! Car tout ça n'est qu'un rêve !

-Qu'est-ce qui te prend ?

-Oui ! Je sais que j'ai raison tout n'est qu'un rêve ! Sinon j'aurai vraiment eu mal quand je suis tombée de mon lit.

-Tu es tombée ? Fit inquiet Yoongi. Tu as mal ? Tu es blessée ? Faut-il qu'on aille à l'hôpital ?

-Ensuite j'ai eu l'impression que le jus de maman était délicieux alors que je ne me souviens même pas du goût !

-Tu en veux à nouveau mon petit cygne ?

-Et enfin en hiver les oiseaux ne gazouillent, le soleil n'est pas aussi brillant et il y a de la bise et non de la brise ! Surtout à Elsamaa !

Ils m'observaient tous avec des gros yeux de merlan frit.

-Tu travailles trop, dirent-ils en choeur. Tu as besoin de repos.

-Non ! Vous n'êtes pas réels !

-Si nous le sommes, répliquèrent-ils en une seule voix. Pourquoi ne le serions-nous pas ?

-C'EST UN RÊVE ! Criai-je en ouvrant les yeux.

Je me relevai pour la deuxième fois.

-Non mais t'es folle de crier comme ça ?!

Je regardais à côté de moi. Là un Yoongi en pyjama et décoiffé et de mauvais poil. Puis je me levai de mon lit et alla ouvrir grand les volets et fenêtres. Une grande rafale de vent ébourriffa mes cheveux et balaya toute ma chambre. Le paysage était recouvert de givre et de neige. Le soleil peinait à se lever et était plutôt froid. Je lâchai un soupir de soulagement en ressentant les picotements gelés sur mes joues.

-Oï ! Ferme la fenêtre ! Ça gêle ! Se plaignit derrière moi Yoongi.

-D'accord, dis-je en obéissant avec un sourire.

Une seconde. Je fis volte face et vit Yoongi sur mon lit.

-Qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ?! Criai-je en colère.

J'attrapai les livres de ma bibliothèque et commençai à les lui jeter à la figure.

-Hé ! Attend ! Flo ! Arrête ça fait mal ! Putain pourquoi tu vises bien ? Flo !

-Sale pervers ! Être dans la chambre d'une jeune fille en pleine nuit ! Tu n'as pas honte !

Alors que j'aboyai sur cet indésirable en vidant sur lui mes étagères, Yoongi parvint à m'atteindre et me bloqua les bras. Son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du mien. Son souffle s'écrasait sur moi alors que mes yeux s'ouvraient en gros. Mon cœur battait la chamade et mes joues chauffèrent.

-Floireans ! Calme-toi ! Tu as oublié ?

-Comment...

Comment arrivait-il à prononcer mon nom correctement ?

Les événements de la veille refit surface. Ce n'était pas un rêve. Il était vraiment là en France. Et j'avais tout raconté. Il m'avait même avoué ses sentiments. La chaleur s'étalait jusque sur ma nuque. Soudainement je fus incapable de le regarder droit dans les yeux.

-Qu'est-ce qui se passe ici ?

La porte de ma chambre s'ouvrit sur le directeur Kwang, Seokjin et Namjoon.

-Il est à peine neuf heures et vous vous sautez déjà dessus ? Dit sur un ton entendu Seokjin.

Prenant conscience de notre position, je m'éloignai de Yoongi le plus loin possible.

-Florieans, dit le directeur Kwang avec le plus grand sérieux. Va prendre ta douche et t'habiller. Aujourd'hui tu viens avec moi.

-Oui. Tout de suite, dis-je en ouvrant ma valise et attrapant les premiers vêtements qui s'y trouvaient.


Je ne savais pas quoi faire. J'entortillai le pompon de Xiao Zhan dans tous les sens stressée comme jamais. Le directeur Kwang conduisait la voiture de location avec moi sur le siège passager. Il avait laissé les garçons derrière en leur disant d'aller se perdre dans la forêt de Brocéliande s'ils le voulaient du moment qu'ils n'attiraient pas l'attention sur eux. Yoongi avait insisté jusqu'à la dernière minute pour venir mais le directeur Kwang avait été catégorique. Je lui en était reconnaissante. Je ne savais pas encore comment faire face à l'idole.

Il fallut attendre d'avoir quitter le petit village pour que le directeur Kwang daigne de répondre à mes interrogations.

-Floireans, ce qu'il t'es arrivé est impensable. Je refuse que ce salaud reste impuni. Tu vas faire ce que tu as pris l'habitude de faire à Séoul.

-Quoi ? Dis-je d'une petite voix sans oser le regarder dans les yeux.

-Dénoncer ses agissements à la police.


Hello tout le monde !

Alors j'ai décidé de couper ce chapitre en deux. Car il allait être vraiment trop long et surtout trop lourd par rapport à ce qui allait se passer. Du coup il y a un chapitre en plus de prévu. Je ne pense pas que ça vous dérange beaucoup xD

Aussi pour le rêve de Floireans je voulais juste apporter une petite précision qui est importante dans la façon dont sa mère l'appelle. Le cygne a une signification particulière dans la culture celtique. Florieans le sait mais ne va pas faire le rapprochement alors voilà : le cygne est un symbole de pureté, de lumière et de féminité. Il est associé à l'amour dans la légende d'Aengus et Caer, la jeune fille cygne.

Pour faire court, Aengus est le dieu irlandais de l'Amour, de la Beauté et des Rêves. Chaque nuit il rêvait de la même jeune fille. Il en est tombé amoureux et la cherchait dans la réalité sans jamais la trouver. Beaucoup l'aidèrent à la chercher pour finalement la trouver. Caer était la fille d'un prince. Aengus et son père, qui est aussi un dieu, allèrent demander sa main. Le prince refusa. Aengus doit conquérir le cœur de Cear sans l'aide de son divin père. Cear était victime d'un ensorcellement depuis toujours. Une année elle était humaine et l'année suivante devenait cygne. Si elle ne respecte pas cette malédiction, tout ses frères changés en cygnes dépériront. Aengus décida alors de se changer également en cygne. Le lendemain Aengus est à nouveau humain et a une chaîne d'argent dans la main. Si Aehngus désire voir Caer il n'a qu'à frotter la chaîne. Elle apparaîtra alors sous forme humaine seulement pour une nuit avant de reprendre l'apparence d'un cygne. Ainsi depuis il est très mal vu de blesser et de tuer un cygne en Irlande.

Voilà pour la petite histoire. Tout ça juste pour dire que Floireans est complètement tombée sous le charme de Yoongi et que son subconscient essaie de lui faire comprendre. J'espère que cette légende racontée très vite ne vous a pas ennuyé.

On se retrouve vite pour la suite, en espérant que je ne vais pas encore rajouter des chapitres. Je fais de mon mieux :)

A la prochaine !