HERE FOR YOU
par wisegirl2772
traduction de m13a
Chapitre 35
Bien que la pièce soit plongée dans l'ombre, Amy reconnut les silhouettes qui se découpaient dans l'embrasure de la porte, et toute la peur accumulée quelques instants plus tôt s'envola. Sa main retomba le long de sa cuisse derrière elle Charlie lâcha une exclamation d'indignation presque inaudible, et garda sa baguette pointée sur les inconnus. La première personne à rentrer dans la maison leva la main vers sa capuche, repoussant le tissu pour révéler une masse de cheveux bruns.
« Rose ? »
La voix d'Amy résonna dans le silence de la maison, et même si la sorcière était directement dans le champ de vision de sa sœur, son aînée sursauta. Elle cligna rapidement des yeux, regardant autour d'elle, avant de repérer sa petite sœur.
« Oh put- Amy ? » s'exclama Rose, une main sur le cœur comme s'il battait à toute vitesse. « Tu m'as fait flipper ! » Derrière Rose, Dave, le beau-frère d'Amy, entra dans la cuisine et ferma la porte après lui. Lui aussi semblait surpris de voir Amy, mais il avait quand même l'air bien plus heureux que Rose.
« Amy ! » l'accueilla-t-il, s'avançant dans la maison. Il contourna sa femme et entra dans le salon rempli de livres pour venir saluer la jeune sorcière. Amy lui rendit à moitié son accolade tout en gardant un œil sur sa sœur, qui respirait toujours de manière exagérée. Dave mit quelques claques amicales dans le dos d'Amy, se retournant vers sa femme. « Si ça c'est pas une bonne surprise ! »
Aucune des deux sœurs ne parla. Le regard d'Amy commençait à virer au noir, ses traits fermés, alors que Rose prenait un air coupable. L'aînée baissa les yeux vers la moquette sous le poids des reproches silencieux de sa sœur. Le sourire de Dave s'effaça quand il réalisa ce qui était sur le point de se passer.
« Alors, tu as passé une bonne semaine Rose ? » demanda Amy, sa voix effrayante de calme alors que ses yeux lançaient des éclairs à sa sœur. « Pas de nouvelle excitante à partager ? » On aurait dit que Rose avait reçu une claque. Elle ferma les yeux brièvement. Elle s'était assez disputée avec sa petite sœur pour savoir que c'était le moment pour elle d'avoir peur. Vraiment peur.
« Amy, » commença doucement Rose comme pour apaiser sa sœur. « On allait t'envoyer une lettre, mais- »
Amy péta un plomb.
« Mais ? Mais ? » La voix d'Amy n'était désormais plus calme du tout, et les occupants de la pièce (Charlie inclus) grimacèrent en entendant la méchanceté dans son ton. « Il n'y a pas de 'mais' qui tienne dans cette situation, Rose. » Elle fit quelques pas vers sa sœur, un doigt accusateur pointé sur elle. Charlie vit clairement que toute son inquiétude quant à la santé de son père se transformait rapidement en colère car sa famille avait décidé de la tenir à l'écart d'informations extrêmement sérieuses. « Papa est à l'hôpital et au lieu de me le dire, comme vous auriez dû le faire, vous avez décidé que non, Amy est 'trop fragile' ou 'trop jeune'. » Rose s'indigna.
« Tu me fais dire ce que je n'ai pas dit, Amy. » protesta-t-elle. Elle s'avança à son tour, et Charlie remarqua que malgré leur différence d'âge de neuf ans, les deux femmes faisaient la même taille. En fait, se dit Charlie depuis le coin de la pièce où il s'était retiré depuis l'arrivée de la famille d'Amy, Rose et Amy se ressemblaient beaucoup. De longs cheveux longs bouclés, une silhouette solide. Elles auraient été aussi similaires que Fred et George sans les yeux bleus et le manque de taches de rousseur de Rose. « Tu sais on te l'aurait dit si… » Elle laissa sa phrase en suspens, son assurance lui faisant défaut.
« Si ? » la défia Amy, toujours aussi énervée. « Si quoi ? »
« Si tu avais été là, » intervint Dave, s'aventurant face à sa furie de belle-sœur qui lui faisait face. Amy se tourna vers lui. « Honnêtement, tu crois que la meilleure manière de t'annoncer la nouvelle pour ton père c'était de t'envoyer une lettre ? Tu ne préfères pas qu'on fasse ça en personne ? »
« Oui, ça aurait été mieux en personne, mais ce n'est pas parce que je ne suis pas là que vous ne pouvez rien me dire ! » s'emporta Amy, ses mains sur ses hanches.
« La faute à qui, si tu n'es jamais là ? » demanda Rose, attirant à nouveau l'attention d'Amy sur elle. Elle semblait nourrir sa propre colère de celle qui émanait d'Amy.
« Oh, c'est de ma faute maintenant ! » siffla Amy, son visage un masque de fureur et d'étonnement. « Incroyable ! »
« C'est toi qui es incroyable ! » balança Rose, pointant Amy du doigt. « T'es là tranquille dans ton petit monde magique en Angleterre, où tout est parfait et fantastique, et dès que tu reviens nous voir c'est pour te plaindre ! »
« Tu ne sais rien de ma vie, Rose. » cria Amy. Les deux hommes sursautèrent en entendant le son tranchant. « Si tu savais ce qu'il se passe vraiment dans ma vie, tu ne la trouverais pas si merveilleuse que ça. Parce que ma vie est tout sauf géniale pour l'instant, elle est d'ailleurs plutôt en bordel, si tu veux tout savoir ! Donc non, il n'y a rien de 'parfait' ou de 'fantastique' dans mon 'petit monde magique' en ce moment. »
À nouveau, Charlie émit un petit bruit d'indignation, assez similaire à ce que ferait un dragon irrité, attirant l'attention de la pièce sur lui. Il se mit alors à rougir en voyant tout le monde le regarder. L'expression d'Amy s'adoucit lorsqu'elle vit son visage rouge et indigné.
« Sauf toi, Charlie, » ajouta-t-elle délicatement, lui lançant un doux regard avant de se reconcentrer sur Rose, bien moins énervée. « Mais comme je le disais, ma vie est tout sauf géniale pour l'instant. » Charlie savait bien qu'elle ne parlait pas de leur relation, mais plus de l'état chaotique du monde magique et de la perte de son travail. Amy attendit que Rose se désintéresse du sorcier dans l'ombre et lui accorde à nouveau son attention. Elle fixa sa sœur dans ses yeux bleus, les mêmes que leur père. Le cœur de la sorcière se serra en pensant à son père dans un lit d'hôpital quelque part.
« Rose, » dit-elle, sa voix à peine plus forte qu'un chuchotement. Elle ferma les yeux, la fatigue s'emparant d'elle. « Juste… quel hôpital ? » Rose cligna es paupières plusieurs fois, ne comprenant pas exactement pourquoi le ton d'Amy avait changé si brusquement. Elle pinça les lèvres, jetant un coup d'œil curieux à sa sœur.
« Northwestern, » finit-elle par l'informer, étudiant toujours le visage fatigué de sa petite sœur. « Il est au septième étage. Les visites sont jusqu'à 20h30. » Amy acquiesça, rouvrant lentement les yeux. Elle lâcha un gros soupir, écarta les quelques mèches qui lui retombait dans les yeux.
Elle se tourna vers Charlie, qui attendait, qui la regardait. Elle lui fit un léger signe de la tête et il sortit de l'ombre, contournant Dave pour se placer aux côtés de sa sorcière. Tentant de rester discret, le sorcier enlaça ses doigts à ceux d'Amy, lui serrant la main pour la rassurer. Rose et Dave regardèrent leurs mains Amy fourra sa baguette dans la poche de sa robe. Une fois qu'elle fut sûre que la baguette n'allait pas s'échapper, Amy regarda à nouveau sa sœur.
« Ne pense même pas à appeler Maman, » ordonna-t-elle, levant les sourcils en direction de sa sœur. « Je vais lui faire une petite surprise. » Rose ricana doucement, un peu comme Amy faisait parfois.
« Comme tu veux, Amy, » lui répondit-elle. Amy hocha la tête, et croisa le regard de Charlie pour être sûre qu'il était prêt à partir. Elle inspira profondément, se représentant le quartier central de Chicago dans son esprit. Avec toutes les caméras de sécurité autour de l'hôpital, elle savait qu'il serait plus prudent de transplaner à l'écart des bâtiments massifs. Les rues seraient sûrement pleines de monde, et il n'y avait pas vraiment d'impasses sombres où elle pouvait faire atterrir Charlie et elle sans éveiller de soupçons. Avec sa destination bien en tête, Amy s'apprêta à tourner sur elle-même.
« Amy. » La voix de Rose, qui semblait coincée dans sa gorge, l'arrêta. Amy ouvrit les yeux pour regarder sa sœur. Rose adressa un faible sourire à la sorcière. « Ça me fait plaisir de te voir. »
Amy sourit légèrement en retour, puis agrippa plus fort la main de Charlie, et tourna sur ses talons.
. . .
Pour la seconde fois ce jour-là, Amy et Charlie furent aspirés dans ce qui semblait être un tube miniscule se contorsionnant, le monde flashant en arrière-plan. La poigne d'Amy se resserra sur la main de Charlie alors qu'elle s'efforçait de garder en tête l'image de leur destination. Cela faisait presque un an qu'elle avait mis les pieds dans le centre de Chicago, elle espérait qu'elle pouvait se fier à sa mémoire.
D'un coup sec, la pression autour du couple se relâcha et leurs pieds s'écrasèrent au sol. Immédiatement, ils furent assaillis par des odeurs de moisissures et de café renversé. Tout autour d'eux, la foule se mouvait, personne ne remarqua le jeune couple qui venait d'apparaître au milieu des gens. Alors que le mouvement des passants allait les séparer, Amy rattrapa la main de Charlie dans la sienne et l'entraîna dans la direction opposée. Charlie regardait curieusement l'endroit où ils étaient arrivés.
Ils étaient apparemment sous terre. Certains des murs étaient d'un marron fade, tandis que d'autres étaient recouverts de carrelage blanc brillant. De grandes lettres sur le mur épelaient le mot 'CHICAGO', et Charlie pouvait sentir le sol vibrer et gronder furieusement sous ses pieds. Autour, les gens parlaient entre eux ou ajustaient leur manteau et leur sac. Le sorcier se laissa emporter par Amy vers une volée d'escaliers qui les menèrent dans l'aveuglante lumière du soleil. Lentement, le couple remonta à la surface en faisant attention à ne pas bousculer les autres usagers, une main sur la rampe rouge vif.
Le soleil était trop fort pour eux, qui émergeaient du sous-sol sombre et renfermé. Charlie cligna des yeux pour habituer ses pupilles à la lumière et aux sons de la ville. Il se tint immobile un instant, admirant la vue. Tout autour de lui se trouvaient de grands immeubles en verre et métaux polis. Il aurait sûrement pu passer sa journée ici si Amy ne lui avait pas gentiment tiré le poignet, l'écartant de la bouche du métro.
Charlie continua son observation, émerveillé, toujours un peu incapable de comprendre ce qu'il voyait. Londres était presque constamment grisâtre et sombre, le soleil s'y faisait rare. Pourtant, ici, on aurait dit que ne viendrait jamais le jour où la vie serait noire et silencieuse. Des gens qui parlaient, des voitures qui klaxonnaient, les rayons du soleil qui se réfléchissaient sur les édifices miroitants. C'était presque trop. Les sons étaient fascinants, les odeurs enivrantes. Il ne s'était jamais vraiment rendu compte à quel point le monde moldu était incroyable. Jamais il n'aurait pensé que ce monde était si grisant, et pendant une fraction de seconde, il jalousa Amy, qui avait grandi dans cette immense ville, et puis… Et puis il se rappela sa maison, les poules claudicantes et les gnomes grincheux, et sa jalousie s'envola.
Amy le conduit plus loin le long de la rue bondée, contournant et évitant les passants. Elle était totalement dans son élément, et elle remarqua à peine l'agitation autour d'elle. Charlie raffermit sa prise sur la main d'Amy, et tâcha de garder ses longues boucles dans son champ de vision.
La sorcière finit par s'écarter de la foule, tournant brusquement dans une rue bien plus calme. Les immeubles lançaient de longues ombres dans la rue pavée, et avec le soleil ainsi bloqué, Charlie pu imaginer un instant qu'il était de retour à Londres un jour de pluie. Il n'aurait pas remarqué qu'Amy s'était arrêtée s'il ne lui était pas rentré dedans. Il faillit trébucher, et lâcha sa main pour s'accrocher à la taille de la sorcière, se stabilisant.
« Pardon, ma belle, » murmura-t-il, mais Amy ne lui prêta pas attention. Elle était trop occupée à détailler un bâtiment en pierres aux tons gris-bleu en face d'elle. Le regard de Charlie passa de la sorcière à l'immeuble. Elle avait les yeux ronds, et son front était plissé de rides. Son cœur battait à mille à l'heure, et elle ne savait pas trop si c'était parce qu'ils avaient marché vite depuis la station de métro ou parce qu'elle savait ce qui l'attendait. Ses yeux parcoururent la façade de l'édifice, scrutant les larges fenêtres avec appréhension. L'idée que son père était maintenant juste un patient comme les autres au sein de l'hôpital lui faisait extrêmement peur.
Amy déglutit avec difficulté, carra les épaules, et serra la main de Charlie dans la sienne. Rassemblant le peu de courage qui lui restait, elle tira le sorcier derrière elle dans le hall de l'hôpital, où des infirmiers, infirmières, médecins et visiteurs étaient rassemblés. Charlie allait se diriger vers le bureau d'accueil, qui se trouvait au centre de la grande pièce d'entrée, mais Amy l'embarqua à sa suite dans un couloir vide.
« Attends, où est-ce qu'on va ? » demanda Charlie, regardant le bureau d'accueil derrière lui du coin de l'œil. « L'accueil est par là. » Il pointa inutilement dans leurs dos, mais suivit docilement Amy.
« J'ai presque grandi ici Charlie, » répondit rapidement la sorcière sans se retourner. « Tu crois vraiment que j'ai besoin qu'on m'indique le chemin ? » Charlie se fia au ton d'Amy, et garda le silence. Apparemment, elle savait où aller.
Le couple traversa le long couloir et Amy tourna à nouveau dans une pièce où une secrétaire était assise à un bureau, visiblement en train de s'ennuyer. La femme faisait des bulles avec son chewing-gum et gribouillait sur une feuille de papier, ses dessins plutôt jolis et délicats pour quelqu'un qui semblait sur le point de piquer un somme. Amy laissa tomber la main de Charlie et s'avança vers la femme. La secrétaire releva la tête et regarda Amy et Charlie les sourcils levés.
« Alan Wyman, » déclara Amy avant que la femme n'ait pu lui poser de question. Elle avait un sourire plaqué sur le visage, car, s'il y avait bien une chose que les mondes moldu et sorcier avaient en commun, c'est qu'un peu de politesse valait mille pièces d'or.
La secrétaire haussa encore un peu les sourcils face à Amy, puis regarda Charlie avec curiosité, se mordillant la lèvre et rougissant soudainement. La jeune femme, qui n'était pas beaucoup plus vielle, ou peut-être pas beaucoup plus jeune qu'Amy, repoussa une mèche de cheveux derrière son épaule dans un geste un peu séducteur. L'estomac d'Amy se révolta. Elle avait presque envie de vomir. Les doigts de la secrétaire tapaient à toute vitesse sur son clavier, et pendant ce temps elle continuait à observer Charlie, lui faisant de l'œil, les paupières papillonnantes et les lèvres ouvertes dans une moue aguicheuse. Charlie ne semblait pas du tout s'intéresser à elle, il était plutôt concentré sur la grosse boîte blanche devant la secrétaire. Il aurait aimé s'approcher pour mieux voir la masse de plastique, mais il se dit que la moldue derrière le bureau trouverait ça bizarre s'il commençait à lui poser des questions sur la machine. Amy se tenait là entre les deux, clairement gênée, ses yeux passant de la femme à Charlie.
La moldue derrière le bureau avait de longs cheveux blonds qui tombaient bien droit dans son dos. Pas de frisottis ou de volume, rien de tout ça. Sa peau était pâle, et son nez élégant était parsemés de minuscules taches de rousseur. Amy passa une main dans sa masse de cheveux emmêlés, ses doigts s'accrochant dans un nœud, puis se frotta le bout du nez, complexée. La secrétaire était belle, presque parfaite, son visage un exemple de symétrie, et Amy se sentit tout de suite mal à l'aise.
La sorcière fut bien contente quand la femme blonde sortit un stylo et deux badges de visiteurs, écrivant d'un trait délié '721'. Elle adressa un sourire Colgate à Charlie en lui tendant son badge, puis passa l'autre à Amy.
« Merci, » lui fit Charlie poliment. Il lui fallut une seconde pour attacher son badge à la poche de sa veste, mais il sourit largement une fois que ce fut fait. Il se tourna vers Amy pour l'attendre, la sorcière triturait nerveusement le badge. Il inclina légèrement la tête sur le côté, ses yeux pleins de curiosité. « Prête à monter ? »
Amy jeta un dernier regard à la secrétaire - qui se mordait toujours la lèvre en dévorant Charlie du regard - puis elle se tourna vers le sorcier. Elle acquiesça, épingla le badge sur son gilet en laine. Une fois que le badge fut en place, Amy fit volte-face et s'avança dans un petit couloir où se trouvaient plusieurs ascenseurs. Charlie la suivit, la regardant curieusement alors qu'elle appuyait sur le bouton d'appel d'un ascenseur et qu'elle rentrait nerveusement ses mains dans les manches de son gilet. Elle serra férocement la laine dans ses poings. Elle sentait le regard de Charlie dans son dos, et du coin de l'œil elle voyait toujours la femme blonde qui observait Charlie. Son estomac fit un nouveau soubresaut alors que les portes de l'ascenseur s'ouvraient dans un 'ding' sonore. Elle y entra prestement, souhaitant s'éloigner de la secrétaire le plus vite possible. Charlie attendit un instant, fit un grand sourire à la moldue et un signe de la main, puis entra à son tour dans l'ascenseur.
Il se posta à côté de la sorcière alors que les portes se refermaient. Son regard parcourut l'espace restreint, se perdant dans les miroirs et la myriade de boutons au mur. Il allait appuyer sur un bouton au hasard, quand Amy écarta sa main.
« Septième étage, » dit-elle, la voix un peu tremblante. Elle pressa le bouton 7, qui s'alluma, la lumière se réfléchissant sur les murs de miroirs. Elle se replaça face aux portes tandis que le décompte s'enclenchait. 1…2…3…
« Amy ? » s'aventura Charlie en la regardant. Il pinça les lèvres quand elle ne répondit pas.
4…5…
Il observa doucement sa sorcière, prit sa main entre les siennes. Amy lui caressa le dos de la main du bout des doigts mais continua à regarder droit devant elle.
6…7… DING.
Il pressa un léger baiser sur ses cheveux bouclés alors que les portes s'ouvraient pour révéler un mur blanc orné d'un tableau plutôt hideux.
« Tout va bien se passer, » chuchota-t-il tout bas, prenant clairement son stoïcisme pour de la nervosité pour son père. Cela rassura un peu la sorcière. Peut-être qu'il n'avait pas remarqué à quel point la secrétaire avait flirté avec lui. Peut-être que non… Elle serra brièvement ses doigts dans les siens puis sortit de l'ascenseur, Charlie sur ses talons.
La porte se referma derrière eux, les laissant seuls dans le couloir. Ils pouvaient entendre le faible son des machines au fond du couloir, son qui prit de l'ampleur à mesure qu'ils s'avançaient vers les grandes portes vitrées entourées de métal qui marquaient la fin du couloir. Quand ils s'en approchèrent, les portes s'ouvrirent dans un glissement, et le couple se retrouva au cœur d'un large service hospitalier. Tout autour d'eux, des secrétaires étaient occupés sur des ordinateurs, tandis que des brancardiers, des infirmiers et docteurs couraient dans tous les sens, dossiers en mains. Pendant un instant, Amy se dit que ça ferait peut-être beaucoup pour Charlie de se retrouver dans ce brouhaha, puis elle se rappela qu'il avait cinq frères et sœur plus jeunes et que donc une journée dans un hôpital, aussi moldu soit-il, n'était rien comparé à cela.
Amy jeta un œil au numéro de la chambre la plus proche, puis contourna le bureau des infirmiers. Charlie suivit la sorcière, et s'il n'avait pas été aussi distrait par les ordinateurs qui étaient maintenant à portée de main, il aurait pu éviter de bousculer l'infirmière qui arrivait.
Les dossiers de la femme lui tombèrent des bras, et elle jura doucement dans une langue que Charlie ne reconnut pas. L'infirmière repoussa agressivement une mèche de cheveux qui s'était échappée de sa longue tresse noire.
« Je suis vraiment désolé, » commença Charlie. Il lâcha la main d'Amy pour s'agenouiller afin de ramasser les papiers éparpillés au sol. Amy soupira légèrement avant de se baisser aussi, récupérant quelques feuilles qui avaient volé plus loin. L'infirmière s'épongea le front et se pencha pour prendre un sac qui lui avait aussi échappé. « J'aurais dû regarder où j'allais. »
Pour la première fois depuis son retour aux Etats-Unis, Amy se dit que l'accent de Charlie détonnait vraiment ici. Elle se reconcentra sur la tâche en cours, rassemblant les derniers papiers tandis que Charlie se relevait. Il tendit la pile de dossiers à la femme fatiguée, qui lui adressa un petit sourire.
« Il n'y pas de soucis, » le rassura-t-elle. Sa voix était très élégante et sa diction parfaite, toutefois elle avait un accent Indien prononcé, qui fit immédiatement relever la tête à Amy. « Ça arrive. » Charlie lui rendit son léger sourire. Il s'excusa encore et se recula pour retourner vers Amy.
« Mary ? » s'exclama la jeune femme d'un ton doux et interrogateur, et l'infirmière se tourna vers elle. Elle fronça les sourcils en examinant le visage d'Amy. Charlie regarda les deux femmes, qui se fixaient. Amy avait l'air contente et surprise, alors que l'autre femme était plus réservée, comme figée dans une expression neutre. Le sorcier fut surpris lorsque le visage de l'infirmière se fendit d'un grand et joyeux sourire.
« Amy Wyman ? » demanda-t-elle avec excitation. « Oh mon dieu, c'est vraiment toi ? » Amy rit légèrement, et hocha la tête. L'infirmière, Mary, fit une moue émue puis ouvrit grand ses bras. « Viens là ma grande. » Amy lâcha un rire bien plus franc, et alla faire un câlin à la femme. Charlie croisa le regard d'Amy, leva un sourcil comme pour lui demander ce qu'il se passait, et Amy répondit par un sourire encore plus grand.
Les deux femmes s'écartèrent, Mary attrapa Amy par les épaules, la détaillant du regard. « Ça fait un bon bout de temps qu'on s'est vues, hein ? » fit Mary, ses épaules remuant sous ses rires. « Enfin, la dernière fois que je t'ai vue Amy, tu portais des lunettes, et j'étais toujours plus grande que toi. » Amy sourit et acquiesça à nouveau.
« Ah, c'est sûr que quand on ne revient que pour l'été à la maison, et que les profs nous mettent des tonnes de devoirs, on n'a pas beaucoup le temps de s'amuser ou de rendre visite à qui que ce soit ! » Amy avait un sourire lumineux sur le visage. C'était la première fois que Charlie voyait la sorcière si heureuse, et il fut content de voir que même si leur venue à Chicago n'avait pas été déclenchée par des raisons des plus joyeuses, elle pourrait apporter un peu de joie à sa sorcière.
« Oui, mais d'après les rumeurs, » continua Mary, « on ne devient pas prof dans l'un des meilleurs pensionnats d'Angleterre en se tournant les pouces non plus, non ? » Elle lança un regard complice à Amy, à qui le rose monta aux joues. « Je savais bien que tu étais différente de tes frères et de ta sœur. » Le sourire d'Amy flétrit un peu, ce que Mary remarqua.
« Prend ça comme un compliment, ma grande, » réprimanda Mary. « La différence, c'est bien. Qui aurait envie de ressembler à tout le monde ? » Amy sourit à nouveau, mais cela ne semblait pas aussi sincère qu'avant. « Bon, et si tu me présentais ton ami ? »
Mary se retourna vers Charlie, une main toujours autour des épaules d'Amy. Elle détailla Charlie de haut en bas, comme elle l'avait fait pour Amy.
« Bien sûr, » accepta Amy, la gorge un peu nouée. C'était la première fois qu'elle présentait Charlie à quelqu'un en tant que… son petit ami, et tout le courage des Gryffondors qu'elle avait pu avoir un jour lui échappa. « Mary, voici Charlie Weasley. Charlie, voici Mary Mathias. Mary travaille avec mes parents. »
Charlie offrit un sourire timide à l'infirmière, et lui tendit la main. « Enchanté » dit-il poliment, hochant légèrement la tête. Sa voix était grave et calme, Amy la trouva extrêmement rassurante, sa nervosité retombant.
« Oh, je vous assure, Mr. Weasley, » répondit Mary, une étincelle malicieuse dans les yeux. « C'est moi qui suis enchantée. Je ne me rappelle pas la dernière fois qu'Amy a amené un… ami à l'hôpital. Et encore, je ne suis pas sûre qu'elle ait déjà amené quelqu'un. » Mary se tourna vers la sorcière, qui devenait de plus en plus rouge. Elle lança un coup d'œil à Charlie par-dessus son épaule. « Vous devez être quelqu'un de spécial. »
Un grand sourire étira les lèvres de Charlie. « J'aime croire que je le suis, » rétorqua-t-il, adressant un clin d'œil aux deux femmes. Mary rigola, et Amy vira au rouge tomate.
« Allez, » reprit Mary en s'essuyant le coin des yeux. « J'adorerais rester pour parler d'à quel point vous êtes spécial, Mr. Weasley, mais je crois bien que le devoir m'appelle. J'ai des papiers à monter au labo. » Elle désigna les dossiers dans ses mains, dont quelques feuilles sortaient dangereusement de la pile. « Et je crois que vous êtes là pour quelqu'un de plus important que moi. » Elle fit face à Amy, récupérant les derniers papiers que la sorcière avait ramassés, puis indiqua une chambre un peu plus loin dans le couloir. « Ils sont tous là. »
Le sourire d'Amy retomba alors que ses yeux divaguaient vers la pièce fermée au bout du couloir.
« D'accord, » murmura-t-elle, secouant les bras pour ses manches recouvrent à nouveau ses mains. « Merci. » Mary pressa le bras d'Amy une dernière fois.
« Pas de soucis, Amy, » dit-elle doucement, souriant à la jeune femme. Elle contourna la sorcière, et adressa un dernier sourire à Charlie. « C'était un plaisir de vous rencontrer, Mr. Weasley. » Elle leur fit un signe de la main et disparut dans le couloir.
Charlie et Amy restèrent au milieu du couloir encore un peu, puis Amy soupira, et regarda Charlie tristement. « Plus vite on ira, plus vite ça sera fini, non ? » Charlie observa la sorcière, notant son expression peinée, et les manches de son pull qui tombaient sur ses doigts.
Il s'approcha d'elle pour l'embrasser. « Après toi, ma belle, » lui chuchota-t-il, attrapant sa main pour la serrer dans un geste rassurant. Amy acquiesça, un peu perdue, les yeux baissés. Puis elle se redressa avec détermination, inspira profondément, et avança dans le couloir, Charlie la suivant de près. Ils s'arrêtèrent juste devant la porte de la chambre 721. À travers la vitre dont les rideaux étaient tirés, le couple pouvait entendre des conversations et des rires ponctuels.
Amy leva une main pour toquer à la porte, mais s'interrompit. Son père était là… sa famille était là… Elle ne devrait pas avoir à toquer. Sa main se redirigea vers la poignée de la porte. Elle était sur le point de l'abaisser, quand la porte s'ouvrit en grand. Amy et Charlie se figèrent en se retrouvant nez-à-nez avec une petite femme.
Charlie se dit qu'il la connaissait. Il aurait juré l'avoir déjà vue quelque part, mais il n'avait aucune idée d'où. Amy, cependant, n'eut aucun mal à l'identifier.
« Michelle ? »
Hello !
Un long chapitre moldu pour cette fois, je me suis presque crue dans Grey's Anatomy 😊
Wisegirl indiquait dans sa note d'auteur que Mary était une collègue de ses parents très appréciée qui était décédée, et qu'elle voulait lui rendre hommage dans ce chapitre.
Au fait, que pense-t-on de ce petit suspens à la fin ?
Au programme dans le prochain épisode : une famille au complet, Amy vs Michelle, Amy vs Richard, Amy vs la secrétaire, et un cours d'histoire de la magie…
A bientôt,
Emma
