Le jour où on a chié dans le salon :
Chapitre 36 : Space Cake :
La mine basse, les yeux rendus humides par un trop plein de réflexion, Natsuo soupirait alors que son regard vadrouillait dans la pièce un peu trop blanche. Tenko lui avait demandé de la décorer pour eux et lui avait laissé carte blanche car il n'en aurait pas le temps. Carte blanche… Il grimaça devant son pinceau. Même lui ne savait pas quoi faire en réalité. Il ne savait même pas s'il était encore prêt à tout ça, prêt à s'installer là, à ne plus revoir sa famille, à emménager dans un nouvel environnement.
Il renifla et se redressa ensuite pour poser son pinceau sur la table et rejoignit d'un pas lent les pots de peintures qui se trouvaient collés contre les plaintes des murs. Il en prit un, l'analysa et se retourna sur lui-même, cherchant ce qu'il pourrait bien en faire. Il voulait bien tout repeindre et avoir son coin à lui, il reconnaissait les efforts de Shigaraki mais, mais il n'arrivait à savoir si c'était réellement ce qu'il voulait.
« Sir Natsuo ? Demanda une voix qui se voulait agréable à l'entrée.
-Entre Re-Destro. Soupira le blanc en reposant son pot de peinture qu'il venait d'ouvrir. Et pour la dernière fois, appel-moi juste Natsuo.
-Je ne peux pas. Vous êtes le compagnon du…-
-Je sais. Bon, que voulez-vous ? »
L'homme d'affaire eut un grand sourire et dévoila un plateau avec dessus un papier aluminium. Il laissa Natsuo s'en approcher et méfiant, le blanc retira du bout des doigts le papier recouvrant le plat. Ce fut avec surprise qu'il découvrit un moelleux au chocolat bien fondant à souhait. Il eut un petit sourire timide et sous l'invitation de l'autre homme de Shigaraki, il s'empara d'une part afin d'en prendre une bouchée tout en remerciant l'homme qui déposa l'assiette au sol. Tout en mâchant sa part, le blanc se demanda quel était cet étrange arrière gout qu'il sentait se frotter contre sa langue. Il haussa finalement les épaules. Avec le temps, il avait appris à ne pas tout croire empoisonné et savait de qui il pouvait accepter ou non de la nourriture. Aussi ne se posa-t-il pas plus de question compte tenu du fait que la pâtisserie ne venait d'autre part que de la cuisine de Re-Destro. Le pinceau de nouveau en main et une nouvelle part en bouche, il se prépara à peindre, prit d'une soudaine énergie positive. Ses gestes se ralentissaient, mais il n'en tint pas réellement compte, après tout, tout lui paraissait aller très bien.
Lorsque Shigaraki ouvrit la porte de l'appartement dans lequel il avait placé Natsuo au moins provisoirement, il fut surpris de constater que toutes les lumières étaient éteintes. Suspicieux, il vérifia son téléphone mais vit qu'aucun message provenant de Natsuo n'y figurait. Après avoir haussé les épaules, il s'avança doucement, avec calme et attention. S'il y avait un étranger alors il fallait se faire discret.
Agile, il rejoignit le couloir qu'il longea afin d'atteindre en moins de deux l'entrée du salon. Et ce fut là qu'il se figea. Un vent de panique s'empara de lui alors qu'au sol, Natsuo se retrouvait étalé, des morceaux de gâteau au chocolat au coin de la bouche et un pinceau encore remplit de peinture sur la joue. Rapide, il alluma la forte lumière qui aveugla le blond, le faisant râler dans son sommeil. À la manière d'un enfant, il se retourna et camoufla ses yeux de son bras. De l'autre, il tenta de repousser Shigaraki qui commençait à avoir une furieuse envie de se gratter. Ne comprenant pas ce qui avait bien pu se passer, il chercha autour de lui ce qui aurait ainsi pu anéantir Natsuo et là, son sang ne fit qu'un tour. Ses yeux se posèrent sur les restes de gâteau ainsi que sur l'assiette qu'il ne connaissait que par cœur. La même assiette sur laquelle Re-Destro plaçait ses foutus muffins roses à paillettes au gout cannelle. Quand est-ce que cet abrutit comprendra-t-il qu'il n'aimait pas la cannelle d'abord ? Il secoua la tête. Le moment était très mal venu pour penser à ça. Non, ce n'était pas le plus important. Le plus important était l'état de Natsuo. Aussi, remplit de ferveur, il enleva le pinceau rose de la joue de son compagnon et prit l'assiette pour partir en courant, le pas lourd. Avant de s'en aller cependant, il confia son blanc aux trois abrutis qui faisaient partis de ses plus proches alliés.
Re-Destro était un homme qu'on ne pensait pas très malin depuis sa défaite alors que pourtant, pourtant eh bien… Il l'était… Enfin sûrement. C'était que depuis que Shigaraki avait son amant, il ne comprenait plus très bien comment marchait son patron. Il le trouvait plus calme, serein et parfois même souriant. Enfin, seulement envers celui qui était siens, mais ça restait tout de même un grand changement. Sans oublier qu'il lui arrivait parfois d'avoir un rire taquin envers Natsuo ou de susurrer à l'oreille de celui-ci certaines choses qui le faisaient rougir avant de tous les jeter du bureau pour n'en ressortir qu'encore plus serein quelques longues minutes voir heures plus tard. Non, il ne le comprenait vraiment pas. Depuis que le neige était arrivé, Shigaraki n'était pas toujours le même. Pas toujours, oui, car sa cruauté ne l'avait pas totalement quittée non plus. En effet, Shigaraki restait Shigaraki et un Shigaraki énervé était un Shigaraki qui tuait, ça, ça ne changerait jamais. Il gardait son sourire sadique, sa haute stature et pouvait réduire en cendre n'importe qui se trouvant sur sa route. Enfin… Bien évidemment, il ne le faisait jamais à ce Natsuo. Pourquoi ? Pour Re-Destro, ce garçon n'avait rien de si spécial, il était même un commun parmi ses paires déjà trop communes. Alors comment avait-il attiré les faveurs de son maître et l'amitié de trois généraux ? Ça lui échappait totalement. Peut-être devrait-il parler plus longtemps à ce jeune homme, mais le blanc n'était à l'aise qu'avec Shigaraki et sa discussion n'était pas très grande. Re-Destro eut un soupire. Il ne comprendrait surement jamais pourquoi son maître préférait transformer une porte en poudreuse plutôt que le jeune garçon lorsque ces deux là se fâchaient, il ne comprendrait non plus jamais pourquoi ils se murmuraient des choses, pourquoi Shigaraki s'apaisait en la présence du blanc, pourquoi il acceptait qu'il puisse entrer et sortir comme bon lui semblait de son bureau, pourquoi il lui avait trouvé un petit coin rien que pour lui ou bien pour eux deux seulement. En fait, ce qu'il n'arrivait tout simplement pas à comprendre, c'était pourquoi Shigaraki se laissait aller à ce genre de choses, pourquoi il se permettait d'aimer. D'aimer le second fils d'un héros de surcroit, le frère d'un traître, pourquoi aimait-il celui-là en particulier alors que des centaines d'autres étaient bien meilleur que ce gringalet qui n'usait pas de son alter. Mais en tout cas, même s'il ne comprenait pas ça, il arrivait à comprendre une chose. Et c'était que lui, au moins, il se faisait actuellement dévisager par le regard hargneux de son maître. Il ne savait ce qu'il avait fait de mal, mais au moins il savait que face à ce visage, il avait plus de chance de mourir que de fêter le prochain noël.
« Tu m'expliques ? Fulmina Shigaraki en reposant l'assiette bien face à lui.
-Eh bien, maître… J'ai fait un gâteau pour sir Natsuo.
-Et je peux savoir pourquoi il est par terre et ne répond pas ? Pourquoi il est encore plus pâle que d'habitude ? Siffla Shigaraki entre ses dents alors qu'il s'approchait à pas lents, les mains bien en évidence.
-Eh bien… Couina alors Re-Destro. C'est que… J'ai voulu le détendre un peu ?
-Le détendre ?! Il y avait quoi dans ce gâteau ?! Rugit le bleu alors que l'image de son amant en position latérale de sécurité, sur le sol, lui revenait en mémoire.
-De… La… Marijuana… ? Tenta Re-Destro d'un petit ton timide, stoppant Shigaraki dans sa lancée. Sans rien dire de plus, le bleu écarquilla légèrement ses yeux sous la surprise et planta ses rubis dans les yeux de l'autre.
-On avait de la Marijuana ? Et je n'étais pas au courant ? Demanda-t-il le plus simplement du monde. Depuis combien de temps ?
-C'est pour… Mes rhumatismes… Tenta Re-Destro en détournant le regard alors que le bleu reprit en se pinçant l'arrête du nez, néanmoins plus calme.
-Donc… Vous avez fait un Space Cake. Je peux savoir pourquoi vous avez donné un Space Cake entier à mon compagnon ?
-Eh bien… C'était pour le détendre… Couina l'autre homme en se ratatinant sur lui même alors que Shigaraki chercha à se calmer comme il le pouvait.
-Bon. Ça passe pour cette fois. »
Sans rien ajouter de plus, il dévia sa trajectoire et se rendit de nouveau auprès de Natsuo. Le pauvre devait être dans tous ses états.
Himiko explosa de rire, accompagnée de la nouvelle mascotte de Shigaraki, comme l'appelait les gens de l'Alliance, qui sautait partout avec un énorme regain d'énergie. Il se mit à courir entre les chaises, et accompagné d'Himiko, il fit une partie de foot endiablée qui se transforma bien vite en une balle au prisonnier avec un seul ballon. Ils firent ensuite un concours de lancé de pots de peinture sur les murs puis se mirent en tête d'en faire un de lancé de couteau. Mais d'un lancé de couteau au hasard. Ce fut donc ainsi qu'ils en perdirent un dans le ciel, que le vaisselier entier se retrouva entièrement vidé et que les autres manquèrent de tuer chaque personne présente dans la pièce. Ils enchaînèrent les concours et la perdante, qui se trouvait être Himiko, se retrouva à devoir tout ranger et nettoyer les dégâts qui se comptaient en assiettes brisées et en verres explosés.
Finalement, quand sa tête commença à lui tourner, Natsuo se laissa retomber contre le sol et il se mit à rire pour un rien tout en se roulant par terre alors que Toga l'admirait en l'accompagnant de plus belle.
Pour Toga, ce n'était pas très étonnant comme réaction, elle semblait être tombée dans un sachet de White Widow Super Cheese étant bébé, non, ce qui était plus dérangeant, c'était de voir le discret Natsuo dans cet état là. Spinner jeta un regard à Mr. Compress qui devait penser la même chose que lui.
Le boss n'allait clairement pas être content de le retrouver ainsi alors qu'il recommençait à faire n'importe quoi avec la peinture, la faisant gicler sur les murs, sur ses vêtements, dans ses cheveux. Ayant trop chaud, il se servit même de sa veste comme d'un pinceau et explosa de rire quand une trainée de blanc rencontra le visage de Shigaraki qui venait tout juste de rentrer.
Himiko se stoppa et les deux autres écarquillèrent les yeux alors que le jeune homme rit en se jetant sur Shigaraki afin de lui demander un baiser baveux en avançant ses lèvres alors que ses pieds glissaient vers l'arrière et qu'il tombait avec lenteur sous un silence des plus gênant. Évidemment, Tomura ne fit rien pour le rattraper et à la place il se contenta de fixer les trois autres, totalement blasé. Étalé sur le sol comme une crêpe, Natsuo se mit à grogner, battre des pieds, pour au final ricaner.
« Je peux savoir ce qu'il y a ? Soupira le bleu tout en s'abaissant devant le blanc.
-Tu as une trace de penture blanche sur le front et le nez.
-Et ?
-On dirait que je t'ai giclé dessus. »
Toga eut un rire étranglé et se rua au dehors de l'appartement afin d'exploser d'un rire bien sonore. Elle revint peu après, pleurant toujours de rire alors que Spinner et Compress fixaient leur boss qui ne bougeait plus, l'air neutre. Sois il se contenait pour ne pas littéralement exploser et tuer tout le monde, sois il réfléchissait au meilleur moyen de réparer les dégâts que le blanc avait fait avec la peinture. Enfin, quoi qu'il puisse penser, il avait vraiment l'air ailleurs.
Le lézard tenta une approche, comme pour savoir dans quel état était son chef et s'il faudrait ou non nettoyer les restes de Natsuo à la petite cuillère, mais à peine eut il le temps de commencer à parler que le blanc se redressa d'un coup pour se ruer sur son homme afin de le plaquer au sol pour le dominer comme son corps en manque de force le lui permettait. Les trois se fixèrent puis se pelotonnèrent pour fixer le couple. Ils purent entendre leur boss grogner, signe qu'il était bel et bien ailleurs quelques secondes plus tôt, et purent aussi profiter du rire conquérant de Natsuo qui faisait de volutes entre le grave et l'aigu. D'une voix pâteuse qu'il se pensait maîtriser au mieux il eut un grand sourire et déclara devant tout le monde qu'il aimerait bien dominer Shigaraki pour une fois. Évidemment, Tomura se dégagea assez facilement du blanc qui s'agrippa ensuite à ses pieds, se faisant traîner partout dans l'appartement. Excédé, Shigaraki jeta un regard noir aux trois intrus qui se dépêchèrent de le laisser seul. Himiko lui souhaita tout de même bon courage et lui promit de lui apporter de la crème pour son joli fessier, se recevant le droit d'aller se faire voir comme toute réponse.
Appuyé contre le mur, Natsuo venait juste de se relever. Il observait Shigaraki, les pupilles dilatées par l'herbe et le regard voilé de désir. Il se lécha timidement les lèvres et le corps tremblant, il essaya de rejoindre son amant qui se trouvait au milieu de la pièce et qui le détaillait avec attention. Mais à peine fit il deux pas que Natsuo se sentit tomber vers l'avant pour au final se faire rattraper in extremis par son bleu qui eut bien du mal à le porter. Il ne servait à rien de le redresser, les jambes de Natsuo étaient bien trop molles pour le porter. Avec un soupire supplémentaire, il réussit à traîner le blanc jusque dans la douche, le faisant ronronner alors que Shigaraki le déshabillait.
« N'y pense même pas. Gronda Shigaraki, sec, alors que le blanc chouinait et l'appelait en tendant les bras.
-Mais euh ! Pourquoi ?!
-Parce que. Répondit simplement le bleu ciel tout en trouvant une serviette propre.
-Mais puisque c'est moi qui le demande ! Râla encore plus Natsuo tandis que Tomura le rejoignait au bord de la baignoire pour venir lui frotter le corps afin d'en enlever toute la peinture.
-Je te dis que non. Tu n'es clairement pas en état. S'agaça Shigaraki sans se rendre compte que le visage du blanc venait diamétralement de se transformer pour ne plus afficher qu'une moue tristounette. Il entendit renifler plusieurs fois et put constater les pleurs de l'autre qui commençaient à naître.
-Tu crois que je vais y arriver ?
-À quoi ? Demanda distraitement Tomura qui commençait le shampoing du blanc avec le visage de celui à qui l'on demande d'essuyer le jus de fruit que mamie à fait tomber par terre avant qu'elle ne glisse dessus.
-Je ne te cause que des ennuis et te fait perdre toute crédibilité ! Se mit à pleurer Natsuo à torrent. Shigaraki soupira pour toute réponse et une fois qu'il eut bien savonné son amant, il s'empara du pommeau de douche afin de le rincer.
-Allez, arrête de pleurer. Se leva finalement Shigaraki qui prit une serviette pour la tendre au blanc qui se contenta de garder sa moue ainsi que la tête basse.
-Je suis nul. Je sers à rien. Je ne suis rien à côté de toi. Qu'est-ce que tu fais à t'occuper de quelqu'un comme moi ? Tue-moi, ça ira plus vite. Je suis vraiment …- ?!
-Ne dis… Plus… Jamais… Ça. Gronda froidement Shigaraki qui venait d'attraper les joues du blanc pour le forcer à le regarder. Plus jamais. Tu m'entends ? Ne parle plus jamais de ta mort.
-Tenko… Natsuo fixa ses perles grises sur les rubis de l'autre et hocha la tête alors qu'il sentait à nouveau ses yeux s'emplir de larmes. D'accord… Je… Je… Je suis désolé ! Hurla-t-il alors qu'il pleurait toujours et que les larmes dévalaient sans interruption.
-Allez… Sors de la douche. »
Shigaraki était épuisé. Cet idiot l'avait vidé de toute énergie en même pas une après midi. Il avait finalement, après deux courses poursuites entre lui et un Natsuo nu dans tout l'appartement, réussit à le coucher et le forcer à dormir. Cet abrutit était impossible quand il s'y mettait. Il le sentit bouger durant son sommeil et le recouvrit de la couette. Il finit, après un moment d'hésitation, par s'allonger près de lui afin de fermer les yeux pendant quelques minutes au moins. Avant de s'endormir, Tomura sentit son blanc se presser contre lui, cherchant surement à se rassurer dans ses bras alors qu'une larme nouvelle roulait sur sa joue. Shigaraki eut une grimace et un léger pincement au cœur qu'il tenta comme il le put de réprimer. Même endormit et totalement à l'ouest, Natsuo ne pouvait rien lui cacher. Il essuya sa larme et soupira en observant le plafond où un des couteaux de Toga s'était perdu sur un lustre anciennement sans aucune tâche de peinture. Natsuo n'était pas à sa place ici…
C'était indéniable.
Et on souhaite tous un énorme courage à Shigaraki! Enfin bon, bref! J'espère que ce chapitre vous aura plus les loulous! Je sais, il est spécial, mais vous me connaissez depuis le temps, je n'aime pas la norme! XD Enfin bref, j'espère que vous aurez apprécié ce Natsuo intenable et ce Shigaraki totalement blasé. Pour les prochains chapitre, on retrouve nos amis de la maison Todoroki mais aussi nos charmants petits écoliers! Dites-moi ce que vous en avez pensé, je vous dit à tous à la semaine prochaine ou bien à tout de suite dans la sections commentaire!
Sica
