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"Ne triche pas!" demande Edward en couvrant les yeux de Jacob avec ses mains.
Jacob fait un peu la moue et sa prise sur ma main se resserre alors que je l'accompagne le long de la plage. "Et si je tombe ?" grogne-t-il.
"Je te tiens," dis-je, levant son autre main alors que je recule.
Je le lâche brièvement pour ouvrir la porte puis le conduit vers la cour arrière. Je lève les yeux vers Edward et acquiesce. Un large sourire fend son visage alors qu'il enlève ses mains pour permettre à Jacob de voir.
Il cligne des yeux comme un hibou alors qu'ils scrutent la cour. "Où sommes-nous ? " demande-t-il les sourcils froncés de confusion.
"Nous sommes à la maison !" crie pratiquement Edward.
J'étouffe mon ricanement car à ce moment précis Edward ressemble à un grand enfant tandis que Jacob ressemble à un petit homme avec cette expression sérieuse qu'il arbore.
Edward le contourne pour lui faire face. "C'est ici que nous allons vivre," explique-t-il.
"Et Seattle ?" demande Jacob "Et ton appartement ?"
Il y a une petite lueur d'hésitation sur le visage d'Edward mais je n'interviens pas - je sais que Jacob va comprendre dans quelques instants.
"Je préfère ici," lui dit Edward. "Je pensais que toi aussi."
Jacob regarde à nouveau autour de lui. Ses yeux scrutent, il lève la main et protège ses yeux du soleil en les levant vers les balcons. Finalement ses lèvres se recourbent en un sourire. "C'est notre maison ?"
"Jetons un coup d'œil à l'intérieur," suggère Edward en saisissant la main de Jacob et le guidant vers la porte.
Edward nous conduit dans la maison à une vitesse vertigineuse qui correspond à la vitesse à laquelle Jacob nous assaille de questions. Il est tellement étourdi d'excitation quand Edward lui montre la salle de bain attenante à sa chambre qu'il entre rapidement dans la douche et l'allume, se mouillant dans le processus.
"Jacob !" je gronde. "Pourquoi as-tu fait ça ?"
Il saute hors du bac avec un hurlement. "C'est froid !"
Edward rugit de rire en se penchant dans la douche pour couper l'eau.
"Je n'y pensais pas," gémit Jacob, éloignant ses cheveux mouillés de ses yeux. "J'étais juste excité… je ne savais pas que l'eau allait couler."
Je brosse un peu d'eau sur ses vêtements et cherche en vain une serviette. Bien sûr il n'y en a pas puisque nous n'avons pas encore emménagé.
"Alors on va vraiment vivre ici," demande Jacob, ignorant ses vêtements mouillés et passant sa main le long du lavabo. "Et c'est ma salle de bain ?"
"Oui," dit fièrement Edward. "Ça te plait ?"
Jacob lève les yeux avec un sourire. "Tu plaisantes ? J'adore ! Attends que je le dise à Connor et à Josh." Ses yeux s'illuminent. "Je peux retourner dans mon école ! Nous pourrons faire des soirées pyjamas tout le temps. Il se tourne vers moi. "Est-ce que je peux avoir une télé dans ma chambre ? On peut la mettre sur le mur comme celle de chez papa. Est-ce qu'on l'apportera ? Tu l'as dit à Nana ? Est-ce que je peux lui dire ?"
Je ris tellement que je peux tout juste parler. "Ralentis Jacob." Mais il est dans son élément.
"Oh je pourrai aller à la plage tous les jours… comme avant. C'est tellement génial !" ajoute-t-il en se lançant sur nous. Il écarte largement les bras, nous rapprochant l'un de l'autre et enfouit son visage entre nous. Edward lui sourit, frottant ses cheveux humides. Jacob lève les yeux. "J'ai aimé Seattle mais j'aime davantage ici."
Edward hoche la tête. "Je l'ai su dès que je suis arrivé."
Relâchant son emprise, il se précipite hors de la salle de bain dans sa chambre. "Quand pouvons-nous déménager ?"
"Dans quelques semaines," lui dis-je. "Jacob ?" Il se retourne pour me regarder. "Nous avons d'autres nouvelles pour toi." Il me regarde dans l'expectative pendant que je glisse ma main dans celle d'Edward. "On va se marier."
Il y a une brève pause pendant que les mots s'enregistrent puis il se précipite à nouveau vers nous. C'est un tel soulagement de le lui dire. Edward souffre depuis trois semaines, désespéré de répandre la nouvelle mais je voulais attendre que la vente de la maison se termine et que nous puissions l'amener ici pour lui dire. Cela signifiait tellement pour moi qu'Edward ait choisi ce paramètre pour me le demander et je savais que cela semblerait plus réel à Jacob s'il était réellement là quand nous le lui annoncerions.
Pendant que nous lui montrons le reste de la maison, je remarque qu'il a commencé à tirer sur ses vêtements humides. Je suggère de le ramener à la maison pour qu'il se change et Edward décide de rester là pour prendre quelques mesures. Ce n'est que lorsque nous sommes dans la voiture pour rentrer à la maison que je réalise qu'il y a quelque chose qui dérange Jacob.
"Ça va ? je demande.
Il hoche la tête.
"Tu sembles un peu… éteint…"
"Qu'est-ce que ça veut dire ?" demande-t-il sans me regarder.
"Calme. Tu étais tellement excité il y a un moment."
"Ce n'est rien."
Je peux dire qu'il retient quelque chose. J'essaie de repenser à ce dont nous parlons depuis une demi-heure mais rien ne me vient.
Je laisse tomber jusqu'à ce que nous retournions à la maison. Il se précipite dans sa chambre pour se changer et son air solennel me laisse perplexe.
Au bout de quinze minutes, je n'en peux plus et je vais dans sa chambre. Mon cœur vacille quand je le vois assis par terre, le dos au mur et les genoux repliés sur sa poitrine. Je m'assois à côté de lui.
"Qu'est-ce qui ne va pas ?" je demande doucement. Il lève les yeux et j'essaie de sourire de manière encourageante. "Tu peux me le dire."
"Tu vas avoir un bébé ?" C'est presqu'un murmure mais la nuance de jalousie est perceptible. "J'ai entendu papa chuchoter concernant une chambre d'enfant."
Il prend un fil inexistant sur son short, refusant de me regarder. Je prends sa main dans la mienne et frotte sa paume avec mon pouce. "Tu ne veux pas d'un petit frère ou d'une petite sœur ?"
Son froncement de sourcils s'approfondit et il glisse sa main hors de la mienne avant de jeter un coup d'œil accusateur à mon ventre. "Tu as un bébé là-dedans en ce moment ?"
"Non," dis-je avec un soupir. "Pas encore."
"Alors tu ne l'as pas encore fait ?"
Jacob a toujours été brutalement honnête sur tout ce qui lui passe par la tête et n'a jamais hésité à poser des questions embarrassantes. Comme la fois où il a trouvé mes tampons dans le placard de la salle de bain et que j'ai dû détourner un barrage de questions sur où il vont et ce qu'ils font quand ils y arrivent. Il n'a jamais posé de questions sur le sexe avant et étant donné qu'il n'a que dix ans, j'espérais avoir encore quelques années avant que ce sujet ne soit abordé.
"Fait quoi ?" je demande essayant bêtement de l'embarrasser à poursuivre.
Je suis mortifiée lorsqu'il fait un cercle avec son index et son pouce et passe son autre index à travers.
"Jacob !" je hurle "Qui t'a montré ça ?"
Ses joues sont cramoisies et il laisse tomber ses mains instantanément. "Les gars de l'école le font tout le temps."
Je suis immédiatement assaillie par une vision d'écoliers qui se taquinent avec ce geste dans la cour de récréation. Je regarde Jacob qui a perdu sa langue. Il n'est pas question que je me lance dans une conversation concernant le sexe avec un petit gars de dix ans.
"D'accord, oublions ça," dis-je en me raclant la gorge. "Pourquoi…"
"Je sais comment ça fonctionne," dit Jacob, imperturbable. "Josh et moi avons vu deux chiens le faire sur la plage." Son nez se fronce. "C'est comme ça que tu m'as eu ? C'est dégoûtant."
Je couvre la moitié inférieure de mon visage avec ma paume et prends quelques respirations apaisantes. "Quand tu seras un peu plus âgé ton père pourra t'expliquer ces choses, mais pour l'instant tout ce que tu dois savoir c'est que c'est différent entre un homme et une femme et entre des chiens."
"Alors on a fini de parler maintenant ?"
C'est alors que je me rends compte que le petit diable sournois avait réussi à détourner la conversation. Que c'est intelligent ! Mes yeux se plissent. Quel sournois !
"Pas si vite," dis-je en agrippant son bras pendant qu'il essaie de se lever. "Assieds-toi. Nous n'avons pas fini."
Finalement il me regarde.
"Alors pourquoi tu ne veux pas que j'aie un bébé ?" je demande doucement.
il secoue la tête tristement. "J'aime que ce soit papa, toi et moi… je pensais que tu aimais ça aussi."
Je sais qu'il fait référence à Edward et moi en disant ça. Je reprends sa main et cette fois il me laisse le réconforter. "Nous sommes une famille maintenant Jacob. Papa, toi et moi et quand nous aurons un autre bébé, il ou elle rejoindra notre famille." Son expression ne change pas. Je mets mon doigt sous son menton et incline son visage jusqu'à ce que ses yeux rencontrent les miens. "Tu es toujours mon bébé aussi."
Ses yeux se ferment brièvement en signe d'agacement. "C'est différent pour papa."
Je le prends dans mes bras et enfouis mon visage dans ses cheveux doux. Il appuie son visage sur ma poitrine quand il enroule ses bras autour de moi.
"Il ne m'aimera plus quand il y aura un bébé à aimer," clame-t-il, au bord des larmes.
"Ce n'est pas vrai," je proteste, en me battant contre la boule dans la gorge. "Je sais qu'il n'était pas là quand tu étais un bébé... mais tu es son garçon, il t'aimera toujours." En me reculant, je tiens ses épaules et fixe ses yeux luisants. "Tu es la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée, Jacob, et ce n'était pas de ta faute s'il n'était pas là." Je déglutis fort pour essayer de garder ma voix stable. "Mais il est là maintenant et il t'aime autant que n'importe quel père aime son fils. Rappelle-toi que nous t'avons dit qu'il ne retournera pas au travail ?"
Il hoche la tête, s'essuyant les yeux pour éviter qu'une larme ne tombe.
"Il fait cela parce qu'il veut rester à la maison et passer le plus de temps possible avec toi," lui dis-je. "Voilà à quel point il t'aime."
"Je ne voulais pas gâcher cette journée," dit-il doucement.
Je lui serre le visage dans mes mains et j'embrasse ses joues tout en balayant ses larmes avec mes pouces.
"Tu n'as rien gâché, Jacob. Il y a eu beaucoup de changements dans ta vie récemment, c'est normal que tu te sentes un peu inquiet à propos de certaines d'entre elles."
"J'aime bien la maison," dit-il.
"Et si ton père et moi nous marions ? Est-ce que tu aimes ça aussi ?"
Enfin, il sourit. "Oui."
"Tu sais que tu peux parler à ton père de ces choses-là aussi," lui dis-je. "Ce n'est plus juste toi et moi, Jacob, papa est là pour toi aussi."
Plus tard, quand nous retournerons voir Edward, Jacob fera un marché avec moi : je peux dire à Renée pour le mariage et il lui parlera de la maison.
En regardant fixement dans la nuit noire sans lune, j'ai perdu de vue depuis combien de temps je me tenais près de la fenêtre de la chambre. Longtemps après être venue me coucher, j'ai abandonné la notion de sommeil. Edward s'est plaint qu'il ne pouvait pas dormir sans moi et je me demande si j'ai attrapé cette même maladie. Et comme c'est étrange qu'après avoir passé toute ma vie à dormir seule, je me sois habituée si vite à avoir Edward à mes côtés.
La première lueur fend l'obscurité, une tache rose qui sépare la terre du ciel et miroite sur l'eau. Je regarde, figée, le jour naître. Le jour où je deviendrai sienne et il deviendra mien. L'aube baigne le sable de teintes roses, me poussant à sortir et sentir l'air pur du matin.
Je marche lentement jusqu'au bord de l'eau en appréciant la brise fraîche et salée sur mes bras et mes pieds nus.
La montée rythmée de la marée est apaisante et je remue les orteils tandis que l'eau pétille sur mes pieds.
En me retournant pour regarder vers la maison de Renée, mes yeux dérivent le long de la plage vers notre maison. Je me demande brièvement si Edward regarde lui aussi l'aube. La réalité que nous allons vivre ici, que nous pouvons profiter de nombreux matins glorieux comme celui-ci à venir, provoque un élan de pure joie dans ma poitrine. Je m'affaisse sur le sable, en serrant mes genoux contre ma poitrine et je laisse le plaisir me submerger.
Ces dernières semaines, j'ai eu l'impression que quelqu'un avait appuyé sur le bouton d'avance rapide de ma vie. Tout semble s'être mis en place sans trop d'efforts. Même les préparatifs du mariage se sont bien déroulés mais il n'est pas difficile d'organiser un mariage aussi petit. Je ne veux pas un mariage somptueux. C'est la cérémonie elle-même qui compte le plus pour moi et je ne veux y voir que ma famille.
"Hey !"
Je sursaute à son doux salut.
Je me tourne pour voir Edward qui s'avance vers moi, souriant. Il porte un tee-shirt blanc et un short qui font ressortir ses bras toniques et ses jambes musclées. Les poils qui jaillissent au-dessus du col en V font que mes doigts démangent de le toucher et ma langue se languit instantanément de traîner le long de l′ombre sombre de chaume couvrant sa mâchoire.
Cela fait une semaine que nous avons fait l'amour et mon corps en a tellement besoin que la seule vue des muscles bougeant dans ses cuisses fortes alors qu'il marche vers moi me stimule comme s'il était debout devant moi, tout nu. Nous avons été si occupés avec tous les projets et le déménagement dans la maison, il n'y a pas eu un moment pour être seuls et la nuit nous avons été trop épuisés ou Jacob a été trop exigeant pour que nous trouvions un moment intime.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire au souvenir de Jacob se glissant dans le lit à côté de nous lors de notre première nuit dans la nouvelle maison. Il était si désireux de s'impliquer - de partager chaque moment avec nous - qu'il n'a pas voulu dormir dans sa chambre, seul. Au moment où il a senti le poids de Jacob sur le matelas, Edward a instantanément repoussé les couvertures et l'a invité à se mettre entre nous.
"Ça porte malheur de voir la mariée avant le mariage, non ?" Je demande, en me focalisant sur le moment où Edward se laisse tomber à côté de moi.
Il trace légèrement son doigt le long de l'encolure de mon haut, chatouillant ma peau. "A moins que tu ne prévois de te marier là-dedans, je pense que nous sommes en sécurité," dit-il avec un clin d'œil. Ses yeux à demi clos scrutent mon visage pendant que son doigt traîne plus bas et fait le tour de mon mamelon à travers le coton fin.
Un petit soupir m'échappe, le faisant glousser. Il retire sa main et me prend la tête entre les mains avant d'embrasser ma joue. "J'aime ces petits bruits que tu fais quand tu apprécies mon contact," murmure-t-il contre ma peau froide. Il recule légèrement en poussant un soupir. "Mais il ne faudrait pas consommer le mariage avant la cérémonie."
"Ce n'est même pas possible," je souligne. "Il faut d'abord faire la cérémonie, sinon il n'y a pas de mariage à consommer."
"Tu ne peux pas me laisser avoir mes petits fantasmes ?" se moque t-il, en me titillant le cou.
Je gémis bruyamment lorsque ses lèvres glissent jusqu'à ma bouche et que ses doigts s'enfoncent dans mes cheveux, inclinant ma tête vers le bon angle. Sa langue a un léger goût de café et j'inspire fortement par le nez pour inhaler tout ce que je peux.
"Je me demande si cela s'arrêtera un jour," dis-je avec un soupir satisfait, me fondant dans son étreinte.
Il fronce les sourcils montrant qu'il n'a pas compris.
"Le besoin intense que j'ai de toi. Je te veux tout le temps." Quelque part à l'intérieur, il y a une voix me disant que je bavarde mais je ne peux pas m'en empêcher. "Quand nous étions ensemble avant, c'était toujours spécial mais à présent, c'est un tout autre niveau. Je te veux dans tous les sens du terme. Je veux que tu me fasses l'amour tendrement." Ma voix s'abaisse un peu. "Je veux que tu me baises fort et je veux tous les autres trucs entre."
Ses yeux brillent d'excitation.
"Et ce n'est pas seulement le sexe. C'est tout..." Je hausse les épaules, gênée. "Je suis désolée, je divague. Ça doit… le manque de sommeil."
Il me rapproche, m'embrasse à fond avant de se retirer et de me regarder dans les yeux. "Tu n'es pas en train de divaguer... tu articules tout ce que je ressens moi-même."
"Je t'aime tellement," je chuchote, en pressant mes lèvres contre sa paume quand il caresse ma joue. "Je ne peux pas… croire que nous sommes arrivés à tout surmonter."
"Je t'aime aussi, baby," dit-il en m'entourant de ses bras. "Et je ne pense pas que ça s'arrêtera."
Il se déplace de telle sorte qu'il est assis derrière moi et je m'installe entre ses jambes. J'appuie mon dos contre son torse et ma tête repose sur son épaule. Je me sens dériver lentement et je pourrais facilement m'endormir dans ses bras. Mais je n'en ai pas l'occasion, parce qu'il m'incline la tête en arrière et couvre ma bouche avec la sienne.
"Tu ne pouvais pas dormir ?" demande-t-il quand il a fini de m'embrasser jusqu'à l'oubli. Je n'arrive qu'à secouer ma tête en réponse.
"A partir de ce soir, je ne veux plus jamais passer une nuit sans toi," dit-il.
"C'est tellement étrange," dis-je. "J'ai passé toute ma vie à dormir seule et pourtant quelques courts mois avec toi et je ne peux plus le faire."
Ses bras se serrent autour de moi et il embrasse le haut de ma tête.
"A quelle heure ta famille arrive-t-elle ?" Je lui demande, mes pensées se tournant vers le jour à venir.
"Je les attends vers dix heures."
"Est-ce que Esmée vient ?" Je demande avec hésitation.
Ses mains effleurent mes bras. "Oui."
Il a l'air à la fois peiné et heureux. Esmée vit dans son appartement depuis le mois dernier et je sais qu'il se sent toujours coupable de ce qu'il s'est passé entre Carlisle et elle. Je n'ai réussi à glaner que quelques informations auprès de Rose. D'après ce que j'ai compris, Carlisle a supplié Esmée de retourner auprès de lui... mais il refuse de parler d'Edward, alors elle n'y retournera pas.
"Je suis contente qu'elle vienne," dis-je en le pensant. "J'ai hâte de les voir tous, cet après-midi."
Mon esprit commence à s'égarer vers le jour à venir. "Je devrais rentrer," dis-je avec tristesse et je sens son hochement de tête.
"Je te retrouve à deux heures," dit-il en se levant. Il tend la main et m'aide, me tirant dans ses bras.
Son étreinte est féroce et je la lui rends de toutes mes forces. "Je serai là," je murmure avant de nous séparer. Je le regarde filer sur la plage et sourit chaque fois qu'il me regarde par-dessus son épaule. Il donne un dernier salut avant que je retourne chez Renée.
Je me remets dans mon lit et roule sur le côté ne m'attendant pas à me rendormir. J'ai l'impression que je viens de fermer les yeux quand Renée rentre dans la chambre et m'informe qu'il est huit heures du matin.
"Il est temps de te lever Belle au bois Dormant," dit-elle. "Je pensais que tu serais réveillée depuis des heures."
Je roule sur le dos et m'étire sans prendre la peine de lui dire que je l'étais. Le lit tremble quand elle se jette à côté de moi. "Phil prépare le petit-déjeuner. Tu devrais manger autant que tu peux, nous ne mangerons plus qu'après la cérémonie."
"Je n'ai pas besoin de me lever aussi tôt," je grogne, vérifiant ma montre même si elle m'a déjà dit qu'il est tôt. En fait, c'est huit heures moins dix.
Phil et moi réussissons à contenir l'exubérance de Renée pendant quelques heures. Le petit-déjeuner est tranquille et elle me laisse même seule pour prendre un long bain. J'entends des voix en bas quand je sors de la salle de bain et serrant mon peignoir autour de ma taille, je descends pour voir qui est là.
Alice, Rosalie et Esmée sont assises dans la cuisine avec Renée.
"Bella !" C'est Rosalie qui me repère en premier.
Elles se lèvent toutes les trois à la fois et je les serre dans mes bras et les remercie d'être venues.
"Comment était votre voyage ?" je demande incapable de détacher mes yeux d'Esmée qui a l'air plus pâle et plus mince que je ne l'ai jamais vue.
"Ça n'a pas d'importance !" souffle Rosalie. "Nous sommes venues t'aider à te préparer. Alice a apporté son kit de maquillage - non pas que nous pensons que tu n'en as pas - c'est juste, elle a toutes les bonnes choses, tu sais ?" ajoute-t-elle avec un sourire.
"En fait maman et moi allons aider à préparer le jardin," dit Alice. "Ta maison est magnifique au fait."
Je regarde l'heure. "Nous avons le temps de prendre un café en premier."
Renée et moi faisons le café et rejoignons les autres autour de la table.
"Je suis tellement contente que tout le monde ait pu venir," dis-je grinçant légèrement à mon utilisation de tout le monde étant donné que Carlisle n'est pas là.
Après le café, Esmée retourne à la maison tandis que Rosalie et Alice me suivent à l'étage pour m'aider avec ma coiffure et mon maquillage. Presque aussitôt que nous sommes dans la chambre Rosalie annonce qu'elle a oublié son fer à friser et nous laisse seules, Alice et moi. Je ne suis pas dupe mais je ne suis pas mécontente non plus.
"Si tu préfères te préparer seule, ça ne me dérange pas," dit Alice en m'offrant une porte de sortie. "Je sais à quel point Rosalie peut être autoritaire."
Je secoue la tête. "Non. J'apprécierai de l'aide."
Elle s'avance et soulève la brosse de la coiffeuse puis commence à démêler mes cheveux. "Alors tu vas vivre à Londres ?" dis-je.
Elle sourit. "Ouais j'ai vraiment hâte d'y être." Au début, ses yeux sont brillants et son sourire sincère mais ensuite il faiblit. "J'essaie de convaincre maman de venir avec nous pendant un petit moment. Je n'aime pas l'idée qu'elle reste seule dans l'appartement d'Edward."
"Alice, je suis vraiment désolée…"
"Ce n'est pas de ta faute, Bella." Elle appuie sa hanche contre la coiffeuse et me fait face. "Je pense que ma mère est en train de réévaluer sa vie et d'essayer de savoir où elle va aller à partir de maintenant."
Je vois de la tristesse sur son visage. "Et ton père ?"
"Il ne se couvre pas exactement de gloire," dit-elle. "Il blâme toujours Edward pour tout."
"Et moi ?"
Elle hoche la tête. "J'adore mon père mais en ce moment j'ai du mal à l'aimer."
"Je souhaiterai que les choses soient différentes."
Elle s'agenouille à côté de ma chaise et prend ma main. "Aujourd'hui, c'est le jour de ton mariage. Nous ne devrions pas en parler." Elle me sourit. "Je n'ai jamais vu Edward aussi heureux avant… et Jacob est tellement adorable." Des larmes commencent à se former dans ses yeux.
Je couvre sa main de la mienne et ouvre la bouche pour parler.
"Ne le dis pas," prévient-elle, les yeux flous. "Pense juste à ce qui va se passer aujourd'hui et souris."
"Il est temps pour le câlin, mesdames !"
La voix de Rosalie nous surprend mais Alice n'a pas besoin d'être encouragée deux fois, elle se lève et me prend dans ses bras. Il y a un bruit de bouchon de champagne et puis nous rions quand Rosalie jure alors qu'une partie du vin se répand sur le tapis.
Elle verse trois verres et les pose sur la coiffeuse.
Quand Renée nous rejoint je lui donne un des verres. Toutes les trois s'affairent autour de moi et je me réjouis d'être choyée. Finalement Rosalie et Alice partent et j'arrive d'une manière ou d'une autre à convaincre Renée de partir et de se préparer pendant que je mets ma robe.
Juste avant quatorze heures elle entre dans ma chambre et se met aussitôt à brailler quand elle me voit.
"Tu es magnifique," dit-elle dans une inspiration tremblante. Elle vient derrière moi et regarde mon reflet dans le miroir.
Compte tenu du lieu de notre mariage, j'ai choisi une robe simple en satin ivoire sans manches. Elle est moulante sur mes hanches mais le tissu est doux et se drape de manière fluide sur le sol pour me permettre de bouger librement. L'encolure n'est pas trop échancrée et le seul détail de la robe est le petit motif de cristaux qui scintille sous la ligne du buste. Les trente-sept petits boutons dans le dos de la robe sont également en cristal et il faut un peu de temps à Renée pour fermer ceux que je n'ai pas pu atteindre.
Quand elle a fini avec les boutons, elle vrille mes boucles et les fixe sur le côté de ma tête avec une pince à cheveux qui est faite des mêmes boutons lavande, ivoire et rose que ceux de mon bouquet. Je me tourne vers le miroir, satisfaite de l'élégance simple qui s'y reflète.
Je me tourne vers la commode et ouvre la petite boîte que j'ai laissée là. Un boule se forme dans ma gorge alors que je caresse la fine chaîne en or jusqu'à l'alliance en or qui pend. Je me tourne vers Renée et lui tends la main. "Tu veux bien me mettre ça ?" je demande.
Elle me tend les mains et prend les deux extrémités de la chaîne entre ses doigts avant de l'enrouler autour de mon cou et de l'attacher. Elle me tourne doucement et soulève la bague pour l'examiner.
"C'est la seule chose que j'ai de lui que je puisse porter," je lui explique, ma voix un peu serrée.
J'ai trouvé l'alliance de Charlie dans une boîte de sa table de chevet quand j'ai nettoyé sa chambre. Je savais, suite à nos conversations avant sa mort, qu'il n'avait jamais vraiment cessé d'aimer Renée et pour cette raison j'ai décidé de porter le symbole de son véritable amour le jour où j'épouserai le mien.
Elle parvient à un sourire ironique. "C'était un homme bien. Nous n'étions tout simplement pas bons l'un pour l'autre," dit-elle en caressant l'or. Ses yeux se lèvent sur les miens. "Edward et toi êtes différents… vous êtes faits l'un pour l'autre alors ne t'inquiète pas que ce soit un mauvais présage."
Je suis étonnée de voir à quel point elle me connaît. "Cela m'a traversé l'esprit," j'admets. "Mais je n'ai jamais été aussi sûre de quoi que ce soit dans ma vie que je ne le suis actuellement."
"Alors porte-la avec fierté. "Ses yeux cherchent les miens. "Phil est tellement fier d'intervenir mais nous aurions souhaité que Charlie puisse être là pour toi aujourd'hui."
Il y a un petit coup sur la porte et Phil passe la tête. "Il est temps de partir," dit-il puis ses yeux s'écarquillent en entrant dans la chambre. il se rapproche et pose ses mains sur mes épaules. "Tu es ravissante," dit-il. Je le remercie et il se tourne vers Renée. "Et toi tu n'es pas mal non plus," plaisante-t-il avec un clin d'œil.
Cela semble idiot de prendre la voiture alors que nous n'allons que jusqu'au bout de la rue mais Renée ne veut pas me laisser marcher dans la rue avec ma robe. Nous nous arrêtons devant la maison et j'entends le cri de joie de Jacob dès que la portière s'ouvre. Il sort de la maison et me retrouve à mi-chemin dans l'allée.
"Tu devrais voir comment le jardin est génial ! Nous avons essayé les lumières hier soir et c'est incroyable !" crie-t-il même s'il est juste à côté de moi maintenant. Il regarde mon bouquet. "Hé, ce sont les mêmes fleurs que tantes Rosalie et Alice ont installées ce matin."
Rosalie arrive derrière lui, vêtue d'une robe droite rose foncé et moulante. Ses cheveux blonds brillent au soleil alors qu'ils tombent en cascade le long de son dos en vagues douces. Ses lèvres roses s'étalent en un large sourire alors que ses yeux parcourent ma robe. "Tu es magnifique..." elle donne un coup de coude à Jacob, "... n'est-ce pas ?"
Il cligne des yeux vers elle, ses joues rouges deviennent pourpres sans me regarder. Elle tapote le bout de son nez avec son doigt. "Tu ferais mieux d'aller leur dire de se préparer."
Jacob se précipite en hurlant. Rosalie se tourne vers moi en riant. "Il a été comme ça toute la journée."
Nous entrons dans la maison vide et Renée et elle m'embrassent sur la joue avant de sortir. Phil me conduit pour traverser la maison et s'arrête aux porte-fenêtre.
"Tu es prête ?" demande-t-il passant ma main dans son bras et le tapotant affectueusement.
Je regarde par la fenêtre. Tout comme Jacob l'a dit, le jardin est inondé de fleurs assorties à mon bouquet. Je peux voir les lumières qu'ils ont installées sur l'auvent et il y a d'autres ampoules en verre qui brillent au soleil tout autour de la clôture et des balustrades. Il y a neuf personnes qui nous attendent.
Je n'ai pas voulu faire des chichis. Edward a suggéré de demander au Clearwater, à Mike et à ses filles de venir et Renée a suggéré d'inviter certaines des filles avec lesquelles je travaillais. Mais tout ce que je voulais c'était passer une journée tranquille en famille. Je sais que Sue n'a pas trop d'argent et ça aurait pu être compliqué financièrement pour Mike aussi. Edward avait proposé de payer mais cela les aurait embarrassés plus qu'autre chose.
Edward m'a demandé à maintes reprises si je voulais un grand mariage - il a dit que je pouvais avoir tout ce que je voulais, me marier où je voulais. C'est ce que je veux. Je vois Jacob bouger vers la terrasse puis la musique commence. Il lève le pouce à travers la vitre et revient à sa place à côté d'Edward.
Les chaises ont été recouvertes d'un tissu blanc et fixées par des rubans lilas. C'est très beau dans le soleil éclatant et il n'y a nulle part ailleurs où je préférerais être.
Edward et Emmett se tiennent debout lorsque Phil fait coulisser les portes et me conduit sur la terrasse. Ils portent des costumes bleus assortis, des chemises blanches et des cravates lavande qui sont assorties à mes fleurs.
Il y a une rangée de chaises derrière Edward. Rosalie, Alice et Esmée sont assises plus loin tandis que Jasper et Renée s'assoient du côté où je vais passer. Il y a trois sièges devant où Emmett, Jacob et Edward étaient assis.
Je ne regarde personne car mon seul centre d'intérêt est Edward. Il s'est rasé depuis ce matin et le blanc de sa chemise rehausse l'éclat bronzé de sa peau. Ses yeux sont brillants d'anticipation et ils semblent scintiller lorsqu'il les laisse dériver le long de mon corps et remonter. Ses lèvres s'étirent en un sourire fier.
Tout se dérobe quand je marche vers lui. La musique s'estompe, le parfum des fleurs se dissipe, la chaleur du soleil passe inaperçue. Je ne suis consciente que du martèlement soudain de mon cœur et l'envie inattendue de pleurer. Je me mords la lèvre et j'ai du mal à avaler la boule qui se forme dans ma gorge. Lorsque j'arrive à ses côtés, il soulève immédiatement sa main et fait courir son pouce sur ma lèvre, la libérant de mes dents.
Ma lèvre tremble et il sourit affectueusement. "Tu es magnifique, baby," chuchote-t-il, et je sens une bouffée de fierté qui chauffe mes joues quand je le remercie.
J'essaie de me concentrer pendant que le pasteur parle mais Edward et moi sommes face à face et tout ce à quoi je peux penser, c'est à quel point je veux cela. J'étudie chaque centimètre de son visage, je vois chaque clignement de ses yeux, il a un mouvement de lèvres et son expression vacille. Il commence à prononcer ses vœux et je regarde ses lèvres former les mots et ensuite il lève les yeux pour voir la vérité dans ses yeux.
Les émotions du moment menacent de me submerger. C'est l'homme que j'aime - l'homme que j'ai toujours aimé. Si j'avais été plus courageuse dans le passé, si j'avais eu foi en lui, je n'aurais pas eu à me battre contre cet amour depuis si longtemps. Il m'a dit qu'il voulait devenir une meilleure personne pour Jacob et moi mais j'ai l'impression que l'homme dont je suis tombée amoureuse il y a dix ans est revenu à moi. Bien sûr, quand il est revenu à Forks je ne l'ai pas trouvé quand je l'ai regardé dans les yeux mais maintenant je le vois... en train de me contempler et me promettre de m'aimer pour toujours.
Quand c'est mon tour de parler, ma voix se fend et je trébuche sur les mots. Il serre mes mains ce qui me calme suffisamment pour que je puisse m'en sortir sans autre erreur. Lorsque nous échangeons les alliances, je remarque que ses mains tremblent un peu aussi et cela me réconforte. Il est aussi émotif que moi, même s'il est plus efficace pour le dissimuler.
Une larme glisse sur ma joue alors que nous prononçons nos vœux. En la balayant avec son pouce, il se penche en avant et presse doucement ses lèvres sur les miennes. Le pasteur s'éclaircit la gorge, ce qui nous fait nous éloigner l'un de l'autre.
Lorsque nous nous tournons vers lui, il sourit et nous informe qu'il n'a pas fini. Il y a un court éclat de rire derrière nous et mes joues s'enflamment de gêne du fait que nous étions un peu pressés.
Enfin, le pasteur dit ce que j'ai le plus envie d'entendre : Edward est mon mari et je suis sa femme. Ses lèvres sont douces mais impatientes lorsqu'il scelle officiellement le tout par un baiser et je m'accroche à ses épaules de peur de m'envoler dans la félicité.
"Je vous aime, Madame Masen," me souffle-t-il à l'oreille.
Des larmes chaudes coulent sur mes joues alors que j'appuie mon visage dans son cou et que je lui dis que je l'aime plus. Il y a une explosion de bruit lorsque les chaises raclent le sol alors que tout le monde est debout et que nous sommes rapidement encerclés. Je me retourne pour regarder Jacob qui lance accidentellement une poignée de confettis tout droit dans mon visage. Ses yeux s'écarquillent d'horreur alors que je tressaille avant d'entrer en collision avec les petits morceaux qui ont atterri dans ma bouche et balaient ceux qui se sont collés à mes joues mouillées.
" Tu es censé lancer ça en l'air," réprimande gentiment Renée. "Pas directement sur eux !"
"Je suis désolé," dit-il, le visage rouge vif de gêne.
Je le prends dans mes bras et l'embrasse. " Essaie encore," je murmure.
Cette fois, il réussit et une pluie de petits cœurs colorés s'agite dans la brise. Après une série d'embrassades et de félicitations, on se dirige vers le repas.
La journée est calme et détendue. Nous mangeons dans le patio. Emmett insiste pour faire un discours qui nous fait tous rire puis plus tard, le champagne commence à couler et Jacob met de la musique.
Edward et moi sommes forcés de danser d'abord et je ne me sens pas aussi gênée que je le serais normalement quand il me conduit sur la piste. C'est peut-être l'occasion et je suis heureuse de me balancer dans ses bras sous le regard de tous.
Edward a maintenant enlevé sa veste et sa cravate et les deux premiers boutons de sa chemise sont défaits. Je pose ma joue sur sa poitrine alors qu'il m'enveloppe dans ses bras et nous nous balançons au son de la musique. Il ne faut pas longtemps avant que Rosalie n'entraîne un Jacob mortifié dans la danse tandis qu'Emmett danse avec Esmée. Renée et Alice sont à l'intérieur de la maison, laissant Jasper et Phil autour de la table pour boire de la bière.
J'incline mon visage et je regarde Edward d'un air rêveur. " Heureuse ? " me demande-t-il, en me regardant d'un air radieux.
"Très," je réponds.
Il n'est même pas tard mais déjà je souhaite que nous soyons seuls. Trop tôt, Jasper fait irruption et Edward, à contrecœur, relâche son emprise sur moi.
J'entends Renée dire à Edward qu'elle est heureuse qu'il ne lui enlève pas son bébé après tout et je soupçonne qu'elle a bu un peu trop de champagne. Je souris quand Edward la fait tournoyer et se met à danser avec elle.
"Félicitations," dit Jasper, en détournant mon attention d'eux. Il place une main sur ma hanche et me tend l'autre pour que je le prenne.
"Merci." Je glisse ma main dans la sienne.
Nous rions quand nous entendons Jacob se plaindre de la musique lente. Je sens un léger soupçon de maladresse lorsque Jasper me regarde pendant que nous dansons. Il n'essaie pas de parler et cela semble un peu comme s'il m'étudiait. Finalement, je lève les yeux vers lui.
"C'est gentil à toi de nous avoir invités ici pour partager ta journée," dit-il sur ce ton calme et régulier.
"Nous voulions la famille autour de nous," dis-je.
Il arque son sourcil. "Tu sais ce que je veux dire." Son ton est doucement grinçant, comme si j'avais été délibérément obtuse. "Alice était ravie de recevoir l'invitation."
Je détourne le regard lorsque la chanson s'arrête mais il ne me lâche pas. Je n'ai pas d'objection quand il recommence à bouger quand la chanson suivante commence.
"On a un peu bavardé ce matin", dis-je tristement. "Je pense qu'elle a du mal à faire face vu la situation entre Esmée et Carlisle."
"C'est vrai," dit-il, en regardant vers la maison comme s'il s'attendait à ce qu'elle apparaisse. "Mais elle va s'en sortir. Je suis content que vous ayez pu vous parler."
"Ce n'était pas vraiment une discussion," je l'admets. "Je dois encore m'excuser auprès d'elle comme il se doit. Je n'ai pas vraiment regardé tout cela de son point de vue."
Ses lèvres s'inclinent en un sourire complice. "Pourquoi le ferais-tu ? Tu as eu le pire," dit-il en me prenant par surprise. "Alice était pourrie gâtée, une vraie fille à papa... l'est toujours." Son visage s'assombrit un peu mais c'est juste un frémissement avant qu'il ne disparaisse à nouveau et que le sourire tendre ne revienne.
"Il me semble que vous vous êtes beaucoup souciées l'une de l'autre, sinon cela n'aurait pas fait si mal et vous ne seriez pas devenues si en colère et amères l'une envers l'autre... mais c'est fini, il faut juste voir que vous ne pouvez pas reprendre ce qui a été dit et fait... mais vous pouvez essayer de réparer les dégâts. Le moment de s'excuser a disparu. Il est temps de passer à autre chose."
Je m'arrête de danser et je le fixe. "Tu sais que tu es parfois comme un vieux sage," je me mords la lèvre, en espérant que je ne l'offense pas. "Ce n'est pas la première fois que tu es la voix de la raison. C'est grâce à toi, qu'Edward et moi, probablement ne sommes pas toujours en train de faire face aux retombées de mon silence à propos de Jacob."
"J'en doute," dit-il modestement. "Vous deux auriez fini par trouver un moyen d'y arriver. La route aurait peut-être été plus longue et plus difficile mais ça a toujours été votre destination."
"Comment peux-tu en être aussi sûr ?" Je ne peux pas m'empêcher de demander.
"Quand je l'ai vu au Brésil, la première fois que j'ai mentionné ton nom, il a changé. J'ai vu un Edward que je n'ai pas reconnu. Avant que toute la colère et la confusion ne prennent le dessus..." Il s'arrête. "... il y a eu une scission. Ensuite, quand j'ai vu la dévastation sur son visage, elle s'est mêlée à la plus petite lueur d'espoir… puis il s'est étouffé avec son bourbon et c'était parti."
"Vraiment ? Tu as vu ça en une fraction de seconde ?"
Il hoche la tête avec insistance et glousse. "Je tiens ça de ma mère. Elle aimait regarder les gens de près, aussi. Bien avant l'apparition de ces émissions de télévision, les micro-expressions, le langage corporel et tout ce genre de choses, elle le faisait déjà. Bien sûr, elle n'avait rien d'autre." La musique s'arrête et cette fois, il me laisse partir. Il met ses mains dans ses poches, tandis que nous nous dirigeons vers la table.
"Je m'occupais d'elle... elle ne pouvait pas faire grand chose pour elle-même. Elle aimait que je l'emmène dehors pour qu'elle puisse voir les gens et essayer de comprendre leur histoire. Elle n'a pas eu une vie très intense, alors elle aimait savoir ce qu'il se passait chez les autres..." Il secoue la tête. "Je suis désolé, je ne veux pas te rendre larmoyante. Elle est morte il y a douze ans et elle me manque chaque jour."
Je touche son bras. "Je comprends."
"Je sais que tu comprends," dit-il avec un sourire triste. Il me montre la bague de Charlie à mon cou. "Est-ce que c'est celle de ton... papa ?"
Je hoche la tête.
"C'est bien," dit-il d'un ton approbateur. "J'aime ça."
"De quoi parlez-vous si sérieusement ?"
Je me retourne pour voir Edward marcher vers nous avec deux verres de champagne. Il m'en tend un et se tourne vers Jasper. "Puis-je récupérer ma femme maintenant ?" taquine-t-il.
"Elle est toute à toi," dit Jasper avec un sourire éclatant avant de retourner dans la maison.
"Ça va ?" demande Edward alors que je prends son verre et les pose tous les deux sur la table.
"Tiens-moi ?"
Instantanément il m'enveloppe dans ses bras et tout fond. La chaleur de sa main frottant des cercles réconfortants sur mon dos m'apaise. Je le sens bouger et voir sa main se tendre vers le champagne. Je secoue la tête quand il me l'offre.
"Je ne pense pas que je devrais boire," dis-je. Pendant un instant, l'espoir brille dans ses yeux, mais je l'ai coupé quand il ouvre la bouche pour parler. "Je ne suis pas enceinte," lui dis-je, me sentant mal d'avoir fait naître ses espoirs. "Je pense juste que si je prends l'acide folique et toutes les vitamines que tu as recommandées alors il n'y vraiment aucun intérêt à tout gâcher en buvant."
Il sourit. "Un verre ne fera pas mal."
Je prends le verre en souriant quand il le fait tinter contre le sien. "Aux Masen !" dit-il avec une lueur dans les yeux.
"Es-tu déçu ?" je demande après avoir pris une gorgée. "Que je ne sois pas enciente …" je précise quand il me regarde.
Ses doigts effleurent lentement ma joue. "Un peu… mais je suppose que nous devrons simplement nous forcer à continuer d'essayer." Il me fait un clin d'œil.
Il lève la main et touche les fleurs dans mes cheveux. "Tu es ravissante aujourd'hui. Quand je t'ai vue sortir sur la terrasse tu m'as coupé le souffle." Un fantôme de sourire joue sur son visage. "Je ne peux pas croire à quel point je suis chanceux."
Il se penche pour m'embrasser. Je renverse un peu de champagne sur son épaule en enroulant mes bras autour de son cou et me serre contre lui, nos lèvres se séparent et je peux détecter le goût piquant du champagne sur sa langue.
"Hé Renée ! Peut-être que nous devrions déménager la fête chez toi et laisser ces deux tourtereaux seuls !" La voix d'Emmett explose dans l'air et Edward lève la tête à contrecœur et se tourne pour le regarder.
"Je suppose que nous devrions nous en mêler," dis-je, lui prenant la main et nous dirigeant vers la maison.
Quand il commence à faire nuit, Jacob me fait asseoir sur la balancelle puis fonce dans la maison. "Tu es prête ?" appelle-t-il.
"Oui !" je réponds.
Soudain la cour s'illumine de mille petites lumières. Une petite joie monte et Jacob bondit sur le patio. "C'est cool, pas vrai ?"
"C'est vrai," dis-je en tapotant le siège à côté de moi et tendant mon autre main pour qu'il se joigne à moi. Quand il s'assoit, je glisse mon bras autour de son épaule et embrasse le haut de sa tête. "Tu as passé une bonne journée ?"
Il hoche la tête avec insistance. Nous repérant, Edward monte les marches et s'assoit à côté de nous. Il pousse avec son pied et la balancelle commence à bouger.
"Nana Renée dit que je dors chez elle ce soir," dit Jacob.
"C'est juste pour cette nuit," répond Edward en lui serrant l'épaule.
Nous nous balançons pendant un petit moment et mes yeux suivent alors qu'Edward prend une longue gorgée de sa bière. Ses lèvres se courbent autour du bord de la bouteille et sa pomme d'Adam bondit doucement alors qu'il avale.
"Ça ne me dérange pas de rester chez Nana," dit Jacob à l'improviste. "Je sais que c'est parce que vous voulez faire un bébé ce soir."
Edward s'étrangle avec sa bière. Jacob lui tapote le dos aussi fort que possible pendant que j'étouffe mon rire.
Edward se tourne vers lui toujours en train de bégayer. "Je ne pense pas que je m'habituerai un jour à ta façon d'être aussi brutal."
Jacob fronce les sourcils.
Edward le tire sur ses genoux en riant. "Ce n'est pas une critique," dit-il, en lui chatouillant les côtes. "Je t'aime tel que tu es mais… " il incline le visage de Jacob vers le haut. "Parfois tu n'as pas à dire toutes les petites choses qui te passent par la tête."
"Ok gamin, rentrons chez moi !" La voix de Renée est forte et aiguë ce qui est généralement une bonne indication qu'elle est un peu ivre.
Jacob s'attarde un peu en nous serrant dans ses bras et je remarque que tout le monde s'apprête à partir.
"Vous n'êtes pas obligés de partir," dis-je, essayant de paraître convaincante bien que je puisse dire par leurs sourires ironiques qu'aucun d'eux n'est dupe.
"Ils viennent chez moi pour un petit moment," dit Renée en passant son bras autour d'Emmett.
Rosalie n'a pas du tout l'air gênée par cela et s'avance pour me serrer dans ses bras. "Ce fut une merveilleuse journée."
J'appuie mes doigts dans son dos en lui rendant l'étreinte. "Pourquoi ne restez-vous pas quelques jours … j'ai l'impression que nous ne nous sommes pas vues."
Je sens la main d'Edward sur mon épaule.
"Euh… nous ne serons pas là," dit-il, quand je me retourne pour lui faire face. "J'ai réservé une lune de miel… eh bien ce n'est pas exactement une lune de miel…"
"Vous partez ?" demande Jacob consterné.
"Oh mais tu viens aussi," dit Edward avec un sourire. "Je nous ai réservé un voyage à Orlando. Je ne suis jamais allé à Disney."
Jacob hurle de joie mais n'a pas la chance d'en profiter longtemps car Phil le prend dans ses bras et le tire sur la plage.
Des lèvres chaudes caressent mon épaule. "Vas-y, monte," murmure Edward. "Je vais éteindre les lumières et fermer."
Il n'a pas besoin de demander deux fois.
Lorsque j'arrive dans la chambre, je remarque que la porte de la salle de bain est entrouverte et je peux voir l'inimitable vacillement des bougies. Je pousse la porte plus loin et je souris aux rangées de bougies qui bordent la baignoire. Ses pas sont légers quand il arrive derrière moi. "Alice m'a aidé à les allumer toutes." Ses bras sont chauds alors qu'ils frottent doucement mes bras de haut en bas.
"Peux-tu défaire mes boutons ? " Je demande, mon cœur bat déjà à tout rompre.
Je l'ai observé toute la journée et le désir n'a jamais cessé. Je gémis quand son souffle s'arrête sur mon dos alors qu'il se penche vers l'avant et tire sur le premier bouton. Il le relâche et appuie ses lèvres sur ma peau. Il traîne un peu derrière moi puis ses doigts relâchent le deuxième bouton. De nouveau, ses lèvres flottent sur l'ouverture.
Lorsqu'il atteint les boutons à la base de ma colonne vertébrale, je frémis de désir. La robe descend sur mon corps et tombe au sol. En faisant un pas, je remarque que ses pieds sont nus et tout à coup, les pauses et les bruissements ont un sens. Je me retourne pour le trouver nu devant moi. Ses yeux sont sur mes sous-vêtements blancs et en dentelle.
"Superbe," murmure-t-il, en me tendant la main.
Ses baisers sont enfiévrés alors qu'il me pousse dans la salle de bain. Je gratte mes dents et mes lèvres sur son menton, alors qu'il se penche pour ouvrir les robinets. "Edward," je gémis.
"Hmmm ?" Ses lèvres cherchent à nouveau les miennes.
"J'ai besoin de toi maintenant," je chuchote. "Tout de suite ! Et pas doucement, nous pourrons faire l'amour plus tard."
Il fait un bruit bizarre qui ressemble étrangement à un grognement quand je lui tourne le dos en indiquant ce que je veux. Je saisis le lavabo avec mes mains et je me penche en avant. En quelques secondes, ma culotte est juste un tas de dentelle en ruine sur le sol et il est enfoui jusqu'au bout.
"C'est ton tour demain," dit Edward, en jetant le livre de Harry Potter sur la table de la cuisine.
"Je croyais que tu aimais lui faire la lecture ?"
La dernière obsession de Jacob est née à Orlando le mois dernier : Harry Potter. J'avais essayé de lui lire les livres quand il était plus jeune mais il n'était pas intéressé. Cependant, quand il a vu le monde de Harry Potter à Orlando, il a été époustouflé par cette histoire et ne peut plus se passer de toutes ces choses de magicien.
"Tu es plus douée pour faire les voix que moi," argumente Edward, assis à côté de moi. Il embrasse ma joue pendant que sa main monte jusqu'à mes seins. Je grimace un peu quand il me serre. Il recule, en fronçant les sourcils. "Je t'ai fait mal ?"
"Je suis juste un peu tendre," dis-je.
"Désolé, je ne voulais pas serrer si fort," dit-il avant de couvrir mes lèvres avec les siennes. Il se fige au milieu du baiser. "Je ne t'ai pas serré fort." Ses yeux fouillent les miens. "Tu es en retard ?"
Je hoche la tête et il renverse presque sa chaise, il se lève si vite. "Tard comment ?"
"Quelques jours..." je réponds, en essayant de ne pas me laisser emporter par son excitation grandissante. "J'ai acheté un test. Je le ferai demain matin."
"Où est-il ?"
En secouant la tête, je traverse la cuisine et le sors du tiroir. Je le lui lance et il l'ouvre puis déplie la feuille d'instructions. Je me mords la lèvre pendant qu'il la lit.
"Tu as besoin de faire pipi ?" me demande-t-il, toujours en regardant. "Parce que tu peux prendre ça n'importe quand, tu n'as pas besoin d'attendre jusqu'au matin..."
J'éclate de rire. "Tout cela est très romantique," je me moque.
Il me suit. "Je suis désolé. Je suis juste..."
"Excité ?" Je m'aventure.
Il enroule ses bras autour de moi. "Je veux juste partager ce moment avec toi," chuchote-t-il, en effleurant mon front avec ses lèvres.
"Je sais."
La dernière fois que j'ai fait un test de grossesse, j'étais seule et effrayée. Je me suis assise sur le sol de la salle de bain pendant une heure entière en essayant de rassembler le courage nécessaire afin de regarder le stick. Je me souviens de la violence avec laquelle mes mains tremblaient lorsque j'ai tendu la main pour le ramasser et comment je l'ai laissé tomber dès que j'ai vu le signe rose… j'avais tellement prié pour qu'il n'apparaisse pas.
Sa main qui dessine des cercles chauds sur mon dos me rappelle que cette fois, je ne suis pas seule.
Je prends sa main et je le conduis à l'étage. Je souris quand il entre dans la salle de bains avec moi.
"Tu vas me regarder faire pipi ?" Je le défie, en me tournant vers lui.
"Bien sûr, pourquoi pas ?" plaisante-t-il, avant que je lui tape sur le bras et que je le fasse sortir quelques instants. Je remets le capuchon et lui dis qu'il peut entrer. Il l'attrape instantanément.
"Nous devons attendre quelques minutes," j'essaie de lui dire mais je vois déjà qu'il ne veut pas lâcher prise. "C'est numérique, tu n'as pas d'autre choix que d'attendre."
Il m'offre sa main et me conduit à notre lit où il me tire sur ses genoux et tient le stick devant nous. Je peux sentir le battement de son cœur contre mon flanc lorsqu'il resserre son emprise sur moi.
Nous ne parlons pas. Il est assis avec ses lèvres collées à mon épaule et cette fois-ci, je prie pour le même résultat que j'ai eu la dernière fois. Ma gorge est sèche et je sens une tension qui noue mes muscles. Nous essayons seulement depuis quelques mois mais j'ai eu des moments d'inquiétude que cela n'arrive pas pour nous. J'ai entendu parler des personnes qui ont un enfant et qui ne semblent pas pouvoir en concevoir un autre et j'ai commencé à m'inquiéter que cela puisse nous arriver. Quelle ironie si nous ne pouvions pas avoir un autre enfant maintenant que nous voulons tellement partager cela !
Mes pensées sont si effrénées que je manque presque le mouvement subtil de ses lèvres sur mon épaule. "Regarde..." chuchote-t-il.
Je regarde en bas et je vois le mot et pendant une fraction de seconde, tout mon corps s'affaisse de soulagement avant que ma joie n'éclate en même temps que celle d'Edward.
"Nous allons avoir un bébé !" Sa voix est un puissant murmure.
J'enfonce mon visage dans son cou et il me berce en chantant les mots encore et encore.
"Merci," dit-il, en inclinant finalement mon visage vers le haut pour pouvoir me regarder.
"Pourquoi me remercies-tu ?" Je lui demande. "Tu as quelque chose à voir avec ça aussi."
"Tu as fait de moi l'homme le plus heureux du monde..." murmure-t-il en me tenant le visage dans ses mains.
