Le jour où on a chié dans le salon :

Chapitre 37 : L'entraînement porte ses fruits :

Rei, en sueur, observait Enji qui la toisait à l'autre bout du tatami, les bras croisés et le dos droit. Il écarta légèrement les jambes pour se tenir droit et releva les sourcils dans une question silencieuse, ses orbes océans gravés dans les perles de son ennemi.

Le souffle court, la blanche se retint de penser qu'en quatre heures, elle n'avait pas encore fait une seule égratignure à son mari et comprenait maintenant pourquoi il arrivait à maintenir quiconque l'affrontait en un état de crainte constante et de respect.

Du revers de la main, la blanche essuya quelques gouttes de sueur et se releva, les jambes tremblantes. Aujourd'hui, oui, aujourd'hui, elle allait le mettre au tapis et lui envoyer une attaque dont il se souviendrait toute sa vie. Elle se sentit tomber et se reprit un temps alors que son mari faisait un mouvement dans sa direction, trahissant son inquiétude pour quelques secondes. Elle releva la main vers lui, lui défendant d'approcher plus.

« Tu es fatiguée, tu ferais mieux d'arrêter. »

Elle secoua la tête et lui jeta un regard déterminé, le tremblement de ses jambes calmé et son souffle totalement reprit. D'un sourire, elle lui fit signe de sa résolution et se reçu un étirement de lèvre en coin et un regard brillant de fierté en récompense, alors que son adversaire reprenait peut à peut son air sévère. Son sourire s'intensifia. Pendant quelques instants, elle avait pu voir le fruit de son travail sur le visage de son mari. Elle venait de le rendre fier. Et là, tout de suite, pour ses convictions, c'était tout ce qui lui fallait. Avoir rendu fier le grand Enji Todoroki, Endeavor lui-même.

Avec un regard acéré, elle observait les possibilités tandis qu'un feu doux accompagnait les gestes de l'autre. Elle sauta à gauche, puis à droite, se coucha sur le ventre, sauta en auteur pour éviter les différentes attaques qui bientôt l'assaillaient de toute part. Enji n'était clairement pas tendre en entraînement, mais d'après Shoto, il s'était bien calmé. Elle secoua la tête, tentant de ne pas y penser, et glissa sur le côté pour esquiver une nouvelle slave. Bien. Pour le moment, il arrivait à faire d'elle ce qu'il voulait et à l'amener où bon lui souhaitait. Elle devait vite trouver comment se construire une stratégie ou alors elle se retrouverait encore acculée et à bout de force à la fin de cet entraînement, comme les jours précédents. Elle devait trouver, elle devait trouver. Vite, elle se cacha derrière un banc et se mit à réfléchir, regardant par dessus son épaule. Évidemment, il ne laissait aucune brèche visible, du moins, pas du point de vue de la débutante qu'elle était. D'un coup brut, il envoya le banc valdinguer au loin, et alors que la porte de la salle de sport s'ouvrait, elle eut un sourire, le regard soudainement brillant. Elle avait eu une idée.

D'un geste souple, elle sauta sur ses pieds et se rua à l'opposé d'Enji pour vite se retrouver sur la même ligne d'attaque que lui, se retrouvant sur son côté gauche. Surpris, il ne lui prit même pas quelque seconde pour lui faire front et l'attaquer, laissant juste le temps à Rei d'activer son alter pour se protéger de ses avant-bras. Elle entendit un rire fier venir des lèvres du numéro un. Bien, alors elle avait bien agi. Maintenant sûre d'elle, elle se rendait petit à petit compte qu'elle venait pour la première fois d'activer son alter en entraînement, Enji ne lui en laissait jamais le temps avant. Ainsi, au comble de la joie et de la fierté, elle se jeta en avant au combat.

Bras gauche, bras droit, ses faibles protections de glace commençaient à se casser. Dans un cri de rage, elle sauta et renforça ses protections, ses bras cachant son visage et Enji eut juste le temps d'esquiver sa puissante pique de glace alors qu'il roulait sur le côté. Rei retomba au sol, sur les genoux, les ongles plantés dans le tatami et les poumons en feu. Elle avait totalement ignoré son corps plus si jeune pour apprendre ce genre de nouvelles choses si soudainement, et faisait des à présent une sorte de crise d'asthme assez violente. La gorge bouchée, elle se rendait compte que l'air ne passait plus.

Puis, un gout de sang remonta le long de sa gorge et elle se mit à tousser, signe que ses poumons se dégageaient enfin pour lui permettre d'avaler goulument le plus d'air possible.

« Tu vas bien ? »

Elle tourna la tête et vit Enji qui lui tendait gentiment la main. Elle toussa à nouveau, fit signe qu'elle reprenait de l'air et pour toute réponse, le héros s'assit à ses côtés pour lui vider une gourde d'eau fraiche sur la tête puis sur la sienne. Elle le remercia d'un soupir tranquille et soulagé, puis l'observa de ses grands yeux gris. Une petite moue déçue prit son visage avant qu'elle ne lance un regard accusateur vers son mari qui releva un sourcil rigide avant de se rendre compte de la source de son embarras.

Ah… Oui, elle n'avait toujours pas réussi à le toucher.

« Shoto y arrive à peine tu sais. Parfois il me laisse une marque mais il lui manque encore assez d'entraînement au petit. Alors ce n'est pas en quatre jours que tu y arriveras, Rei.

-Ce n'est pas comme ça que j'arriverai à en coller une à Shigaraki. Soupira-t-elle, lasse, alors qu'elle se laissait tomber sur le dos, en étoile de mer, son regard rivé sur le plafond de bois et de bambou. Demain, au cinquième jour, j'y arriverai ! Soutint-elle, le poing fermé et les yeux brûlant de la rage de vaincre. C'était bien la première fois qu'il la voyait ainsi, et très clairement, il n'allait pas s'en plaindre. Avec un sourire tendre et amusé, une de ces attitudes tellement rares chez lui, il ébouriffa les cheveux de sa femme qui eut un léger rire.

-C'est ça, on verra bien demain.

-On peut rentrer ou maman te latte encore la tronche ? »

Demanda Touya qui passait une tête curieuse dans l'entrebâillement de la porte avec un grand sourire pour siffler au vestige de l'imposante pique de glace. Il entra, les mains dans les poches, et félicita sa mère pour avoir eu le temps d'activer son alter face à son père. Rougissante, elle se redressa vivement avec une aura lumineuse, sa fierté retrouvée. Alors, même-ci elle n'avait pas touché son mari, elle était tout de même bien plus contente. S'il était si dur en temps normal de ne serait-ce qu'activer son alter face à Enji, alors elle était reconnaissante envers Touya de le lui faire remarquer. Cela voulait dire qu'elle progressait bien et plus vite qu'elle ne le pensait finalement. Elle allait leur montrer à tous, elle allait prouver à ses enfants qu'elle aussi pouvait les protéger de son alter.

« Prête à affronter Shigaraki, Rei-san ? S'amusa Hawks en entrant à son tour, sa petite endormie dans les bras.

-Bientôt ! S'enthousiasma la grand-mère sous le sourire ravi de son fils qui se mit à la taquiner et l'inviter à lui mettre deux trois coups qu'il devait éviter. Ainsi, comme deux enfants un peu turbulents en bas âge, la mère et le fils se mirent-ils à se taquiner et s'échanger de faux coups. Dabi lui donna quelques petites astuces et la blanche les mit immédiatement en pratique, esquivant maintenant bien mieux.

-Vous vous entraînez depuis longtemps ? Demanda le seul blond, le regard tendre face à un Dabi joyeux de s'amuser avec sa mère riante, soudain plein d'une énergie nouvelle.

-Depuis ce matin. Ça doit bien faire quatre heures, on à commencé à huit.

-En effet, il est midi. Sourit l'oiseau alors qu'il déposait sa fille sur le banc et enlevait sa veste et ses lunettes avec un grand sourire sur le visage, tandis que mini Rei se blottissait dans la chaleur et l'odeur de la veste, qui étaient celles de son papa. Prêt pour un petit combat, Endeavor ? S'amusa l'oiseau alors que ses plumes scintillaient et commençaient à se détacher.

-Vous comptez vous battre ? Intervint une Rei qui venait de rejeter son fils d'un coup de pied bien placé. Je veux voir comment vous vous débrouillez ! S'exclama-t-elle alors qu'elle rejoignait le banc pour prendre sa petite fille sur les genoux à mesure que celle-ci se réveillait.

-Si Rei le demande. Soupira Enji qui tenta d'ignorer l'absence de son déjeuner du midi pour se placer face à un Hawks emplit d'énergie. Touya, tu participes ?

-Ouais, allez, on va voir si j'arrive à prendre ma revanche sur toi le vieux. On se fait un un contre un ?

-C'est partit. »

Abdiqua Hawks d'un hochement de tête alors que ses yeux brillèrent d'une lueur nouvelle et joueuse. Les trois hommes se mirent en position et se jetèrent dans la mêlée sous le regard émerveillé de Rei et le bâillement de mini Rei qui s'endormait à nouveau, le pouce dans la bouche et le souffle régulier qui suivit un petit soupire de bien être.

« Jeune Midoriya, on peut s'arrêter là pour aujourd'hui. Merci Todoroki pour nous avoir rejoins. Bakugo, tu peux aller te changer. Merci encore d'être venus mes garçons. »

Shoto s'inclina en signe de respect et Izuku, toujours assis à terre, reprenait son souffle, appuyé sur ses mains. Katsuki et Shoto le rejoignirent quelques secondes plus tard, et le sourire aux lèvres, le vert profitait d'un moment de silence, tout comme les deux garçons à ses côtés. Il avançait bien, vraiment bien et vite aussi, ça le motivait d'autant plus de voir qu'il donnait à Kacchan et Sho-kun du fil à retordre. Avec un petit rire, il fit remarquer ce fait aux deux autres et son rire s'accentua lorsqu'il se reçu un coup derrière la tête de la part de son ami d'enfance alors qu'il lui faisait la promesse de le battre tout bientôt.

Les mains du blond cendré crépitèrent et le rire du vert redoubla alors qu'une explosion lui atteignit le crâne. Les deux jeunes adolescents roulèrent dans l'herbe, se battant mollement et Shoto observa la scène d'un air tranquille. Rien de neuf sous le soleil et rien à déclarer ici bas. Tout était normale, tout comme ces bruits d'explosions et les cris d'Izuku qui commençait à taquiner Kacchan de plus en plus. Il s'enhardissait, c'était bien et ça semblait bien faire plaisir à Katsuki qui n'en loupait encore moins une pour lui en mettre une justement.

Au bout de quelques minutes, c'est encore plus haletant et fatigué qu'avant que Shoto les retrouva tous deux, pantelants, en étoiles de mer au sol, le rire doux et magnifique d'Izuku atteignant les cieux sous les yeux roulés et le sourire discret de Katsuki qui cachait sa profonde affection amicale pour son ami d'enfance. Oui, c'était bien ce que pensait Shoto, rien de neuf sous le soleil.

Lorsque les deux idiots décidèrent de se relever, les trois partirent en direction des vestiaires de UA, alors qu'Izuku se souvenait soudainement de quelque chose.

Sa mère devait passer à l'orée de la forêt pour lui apporter quelques affaires.

D'un ton et d'un pas pressé, il prévint les deux autres de partir sans lui et fila comme le vent vers le lieu de rendez-vous, sous la tête inclinée de Sho-kun et le sourcil relevé de Kacchan. Quoi ? Les deux se regardèrent et comprirent chacun à quoi l'autre pensait, histoire d'être sûr, Katsuki demanda tout de même.

« On est bien d'accord qu'All Might est partit vers l'orée de la forêt lui aussi ? »

Shoto hocha la tête et quatre yeux s'écarquillèrent. Rapides, les deux adolescents se ruèrent eux aussi au point de rendez-vous, ayant pour but de récupérer un Izuku encore bien trop innocent avant qu'il ne voit quelque chose qui changerait sa vie à jamais.

Mais hélas, ils arrivèrent trop tard. C'est un Izuku blanc comme un linge avec un sourire figé et un regard aussi mort qu'un poisson frit qu'ils retrouvèrent, un bras en avant, l'autre ballant et prit en plein milieux d'une pleine avancée vers sa mère. Mère qui embrassait présentement All Might lui-même sans que ça ne semble déranger personne. Shoto bougea sa main devant le visage d'Izuku, Katsuki secoua Deku comme un prunier, mais rien y fit, et raide, l'adolescent aux cheveux vert tomba sur son dos, comme un piquet.

Les deux autres soupirèrent et haussèrent les épaules pour observer la scène. Shoto s'abaissa tout de même au niveau de son compagnon et lui toucha l'épaule du doigt pour vérifier son état de santé. Et comme il le pensait, ça n'allait clairement pas. Katsuki, les mains dans les poches, haussa les épaules face à la scène avant de se tourner vers Shoto et le cadavre tout en soupirant.

« À ton avis, il va s'en remettre ? Le bicolore haussa les épaules, sûrement soucieux, difficile à dire. L'explosif tiqua. Oh et puis merde, hein. Il n'avait qu'à pas être si innocent aussi, il aurait dû s'en douter !

-Tu crois qu'il est le fils illégitime d'All Might maintenant ? »

C'était qu'il était sérieux ce con en plus. Le cendré eut un soupire de fin du monde en se frottant le visage et se pinçant l'arrête du nez. Il était vraiment entouré de cons finit.

Plus tard, ce jour là, Izuku envoya un message tremblant à sa mère ainsi qu'à All Might. Il devait comprendre… Il devait comprendre pourquoi ? Pourquoi tout le monde le savait et pas lui ? Pourquoi il n'avait rien vu alors que tout le monde s'en doutait sois disant ? Pourquoi son père de substitution lui faisait ce coup là ? Il voulait comprendre, comprendre ce qu'il avait loupé, enfin ! Pas qu'il le prenait mal… Mais… Mais pourquoi sur toutes les femmes qui existaient, il avait dû choisir sa mère ?!

« Peut-être qu'il la trouve à son gout… Les gars ? Pourquoi vous me regardez comme ça ? Izuku… ? »

Et ce fut ainsi qu'un Mineta fit un vol plané par la fenêtre de la part d'un Izuku et d'un Katsuki punch simultané et que le vert se mit à hurler sa peine, ses larmes inondant le tapis. Non, il ne voulait clairement pas imaginer ça entre sa mère et All Might, pas du tout !

« Au moins, tu sais pourquoi ils restaient sur le canapé. »

Et ce fut ainsi que Denki rejoignit Mineta.

Aizawa Shota soupira, accoudé à Yagi Toshinori qui s'excusait encore une fois. Ce que ses élèves et surtout son petit protégé pouvaient être sensible.

Cinq jours plus tard, l'ancien symbole de la paix blond observait, gêné, le héros en progression.

« Tu sais, si tu continues à pleurer, je ne vais rien pouvoir t'expliquer… Tu peux répéter s'il te plait ? »

Et peut-importait le nombre de fois où All Might demandait à son élève de reformuler, il n'y comprenait toujours rien. À ses côtés, Inko s'était transformée en une vraie fontaine de larmes et devait très certainement s'excuser auprès de son fils qui la prenait dans ses bras. Comme on disait, telle mère, tel fils. Au moins, ils se comprenaient, c'était déjà ça.