Chapitre 37 : Rencontre avec le Seigneur des Ténèbres
Harry pénétra dans la Cabane Hurlante et il retroussa vite le nez. Cela sentait la poussière. Bien trop de poussière. Pas étonnant, la maison était abandonnée à première vue. Et elle semblait avoir subi bien des dommages à regarder l'état lamentable des quelques meubles encore sur place, comme si un animal féroce était passé pour y faire ses griffes.
Il arriva dans une sorte de salon où une vieille table en bois bancale occupait une grande partie de l'espace. Dessus était posée une rose rouge. Harry la prit précautionneusement d'une main et l'observa quelques secondes. Il eut comme un pressentiment, ce qui guida son geste. Il sortit un couteau de sa manche d'un geste vif et le lança derrière lui. L'homme à qui il était destiné s'écarta vivement de sa trajectoire et la lame se planta dans le mur juste derrière.
« Mais c'est pas vrai ! Il te manque vraiment une case ! » s'exclama Drago Malfoy juste derrière l'homme tout aussi blond que lui. « T'as failli tuer mon père ! »
« Ainsi donc Lord Malfoy se trouve être Hadès... »
« Du calme, Drago, » fit Lucius Malfoy avec un rictus. « On pouvait difficilement s'attendre à autre chose de la part du jeune Zmeya. Et je préfère ... »
« Le Sanglant Adonis ? »
« En effet. Mais je vois que ma réputation me précède. »
« Ils ne sont pas fréquents, les meurtriers qui signent avec une rose aussi rouge que celle-ci, » rétorqua Harry en faisant revenir à lui son couteau. « Et Adonis est un peu trop associé à l'amour pour un homme associé au crime. »
« Justement, j'aime tout ce qui est crime sous le coup de la passion. Ils sont plus intéressants. »
« Je préfère ne jamais m'en mêler. J'ai déjà assez avec mes démons. »
Harry observa les hommes qui entraient, tous vêtus de noir et l'air impassible ou mauvais.
« Donc ... Malfoy m'a informé que le boss était là pour me voir. Je peux savoir qui c'est ? »
« C'est moi, » fit un jeune homme en s'avançant devant les autres et lui tournant légèrement autour.
Le jeune Black le regarda plus attentivement. Il avait des cheveux bruns et aux yeux noisette irisés d'une légère nuance vermeille. Il portait une robe sorcière noire ouverte sur un costume vert tout aussi sombre. Une fois qu'il fut de l'autre côté de la table, Harry commença à tourner lui aussi autour ne voulant pas l'avoir dans son dos.
« Alors tu es celui qu'on nomme Zmeya ? » fit pensivement Voldemort.
« En effet. »
« Tu es un peu jeune pour être cet assassin, non ? »
« Dit celui qui a l'air d'avoir vingt ans et qui semble mener une guerre depuis au moins une bonne trentaine d'années ... Vous avez fait quoi ? Piquer une tête dans la fontaine de jouvence ? »
Un murmure outré se fit entendre parmi les hommes qui accompagnaient le Seigneur des Ténèbres. Ce dernier n'eut qu'un rictus amusé à sa remarque.
« Il est vrai que les apparences peuvent être trompeuses... Quel âge as-tu ? »
« Quinze ans et vous ? »
« Ah ... c'est une réponse difficile. Disons que je suis plus âgé que toi. »
« Ca je m'en serai douté, CapitainObvious. Mais je suppose que vous êtes venu ici pour une bonne raison et pas seulement parler de la pluie et du beau temps avec un adolescent... »
« Tu es direct. »
« Je n'aime pas tourner autour du chaudron. »
Voldemort le détailla quelques instants avant de parler.
« Ton père était l'un de mes hommes. Un de mes Mangemorts. »
« Que l'un de vos hommes a fait tuer parce qu'il était un traître à votre cause, à ce que j'ai cru comprendre. »
« Es-tu seulement sûr qu'il s'agisse de l'un de mes hommes ? »
« J'ai eu une petite altercation avec le Bourreau et durant notre échange j'ai vu un tatouage sur son bras gauche. Le même tatouage que celui de mon père. Et je sais parfaitement ce qu'il signifie. Et à part Drago Malfoy, je suppose que tout le monde ici l'a à son bras. Votre marque. »
« Donc tu as tué l'un de mes meilleurs hommes. Je devrais te torturer ou te tuer pour cela. »
« Reprocheriez-vous à un enfant de venger la mort de son père ? »
Un sifflement rageur se fit entendre tandis qu'un long serpent pénétrait dans la pièce.
« Ce garçon te manque de respect, Maître. Veux-tu que je lui apprenne les bonnes manières ? »
« Laisse, Nagini. Nous devons certainement l'intimider. Nous sommes dix face à lui. »
« Ce qui n'est pas très courageux de votre part, » répondit Harry en fourchelangue. « Dix contre un n'est pas ce que j'appelle quelque chose de loyal. Cela dit, je ne suis pas le moins du monde intimidé. »
Tout le monde le regarda avec les yeux écarquillés, et Voldemort surpris.
« Tu es fourchelangue, Black ? » demanda Drago Malfoy sous le choc, recevant un regard noir de son père dans la foulée.
« J'ai un serpent pour familier et tu es étonné de m'entendre siffler, » rit doucement l'Assassin alors qu'il faisait sortir Shiskha de son col roulé. « Mais où en étions-nous ? » continua-t-il en reposant son regard sur le Seigneur des Ténèbres.
« Drago nous a rapporté que tu ne te sentais pas concerné par la guerre, » fit ce dernier.
« Et c'est le cas. J'ai peut-être tué l'un de vos hommes mais il m'avait pris mon père et je suis obligé maintenant de vivre auprès d'un oncle que je ne connais pas, qui ne connait rien de mes habitudes et activités, et qui m'a obligé à aller dans cette maudite école suivre des cours alors que je me débrouillais très bien au Continental ! Il voudrait aussi que j'écoute ce vieux sénile de Dumbledore et que je respecte les Potter. »
« Tu as quelque chose contre les Potter ? »
« Je ne les aime pas, » répondit Harry en haussant des épaules. « Ils ont essayé de tuer Shiskha plus d'une fois. C'est l'un des cadeaux de mon père. Et depuis que je suis réparti à Serpentard, c'est un peu la recherche de règlement de compte parce que je les aurais soi-disant trahis. Ce qui est stupide puisque je ne suis dans le camp de personne. Je viens de débarquer et dès que j'en ai l'occase, je me casse ! »
« Et si je te disais que je pouvais arranger cela, » fit Voldemort en approchant.
« Je peux me débrouiller seul, merci. Je ne suis pas fan des médaillons. »
« Les médaillons ? »
« C'est notre manière de montrer que nous sommes redevables envers quelqu'un, Mon Seigneur, » intervint Lucius Malfoy. « Une dette inscrite par une empreinte de sang à l'intérieur d'un médaillon. »
« En effet, » continua Harry en jouant légèrement avec sa lame, la faisant tournoyer dans sa main. « Et je ne suis pas un suiveur non plus. Je travaille en freelance. Aucune allégeance, aucune promesse. Je vis en fonction de certains principes et règles et je choisis quel travail je veux faire. On ne m'impose rien. Mon père a toujours fonctionné ainsi et je continuerai. C'est plus sûr. »
« Et qu'est-ce qui pourrait te convaincre de nous rejoindre ? » demanda le mage noir. « Tu as de grandes capacités si j'en crois ce que m'a raconté Lucius sur Zmeya. Plus ce qu'on dit sur le mystérieux héritier Black... Il serait dommage de ne pas les utiliser. »
« A moins de parler ma langue et de respecter mes règles et mon droit de veto, vous n'aurez rien de moi, Seigneur des Ténèbres. Je travaille en freelance. »
« Serait-ce un non ? » fit dangereusement le mage noir.
« Je ne dirais pas cela. Votre guerre ne me concerne pas. Je suis russe quoi que puisse dire les employés de l'administration. Cela dit, je ne dis que rarement non à un travail et un peu d'oseille. »
Le jeune mage noir releva un sourcil, perplexe. Lucius soupira et sortit une pièce d'or et une bourse de sa poche pour les poser sur la table. Harry les regarda un instant de loin avant de reporter son attention sur le mage noir.
« Maintenant que vous avez attisé ma curiosité, que voulez-vous ? » demanda-t-il.
« Serait-ce aussi simple que cela ? On te paie et toi tu travailles ? » fit à son tour Voldemort.
« C'est le mode de vie que je mène depuis plusieurs années. Je ne dis pas toujours oui toutefois. Je respecte certains principes et je connais aussi mes capacités et mes limites. C'est aussi simple que cela. »
Voldemort s'approcha encore de lui, venant dans son espace personnel. Harry ne craignit rien pour autant, faisant un peu plus sortir Shiskha de son col et la faire cracher de façon menaçante.
« Recule, » la fit-il dire.
Le mage noir eut un rictus amusé en voyant la réaction de l'animal et recula.
« Tu pourrais m'être utile, » remarqua-t-il. « Je t'enverrais un hibou. »
« Malheureusement mon courrier est surveillé, » soupira Harry. « Au vu de mes récentes altercations avec Potter et Dursley, Sirius me tient à l'oeil... »
« Alors nous verrons..., » répliqua Voldemort avant de se diriger vers la porte. « Nous nous reverrons, Harry Black. »
« A plus dans le bus, » dit simplement Harry en faisant un geste de la main.
Il les laissa partir avant de transplaner sur le chemin du château et rentrer. Cela ne s'était finalement pas trop mal passé.
