.

Mes pieds sont comme deux ballons. Je les regarde désespérément et je me demande pourquoi ils ne flottent pas dans les airs. Ma peau est tendue et me démange horriblement mais c'est trop inconfortable de se pencher en avant pour essayer de la gratter.

J'entends les pas d'Edward dans la cour juste avant qu'il ouvre les portes.

Quand il apparaît dans l'embrasure, je me tourne un peu pour le saluer.

J'envie sa forme, son corps souple, ruisselant de sa course matinale. "Je pensais que tu avais l'intention de faire une sieste ?" dit-il par-dessus son épaule alors qu'il se retourne vers la cuisine.

Je fais un léger bruit mécontent en entendant le bruit de l'ouverture et de la fermeture de la porte du réfrigérateur. Il rentre dans la pièce en buvant avec gourmandise dans une bouteille d'eau. Des gouttes tombent du bord tranchant de sa mâchoire alors que sa pomme d'Adam saute au passage de l'eau.

"Il fait trop chaud. Je ne peux pas être à l'aise," je me plains.

Il vide sa bouteille et la pose avant d'utiliser l'ourlet de son t-shirt pour essuyer la sueur de son visage. Son corps est humide alors qu'il s'assied à côté de moi, levant mes pieds avant de les mettre en équilibre sur ses genoux.

"Tu as l'air fatigué," dit-il doucement.

"Ouais, et bien le manque de sommeil te fais ça," je déplore. "J'ai juste l'impression de gonfler de partout. Mes pieds me tuent, mon dos me fait mal et j'ai besoin de faire pipi tout le temps. Je ne peux pas croire que j'en ai encore pour cinq semaines."

Il lève un pied et le masse soigneusement. Je ne peux pas retenir le doux gémissement de plaisir alors qu'il masse doucement ma peau douloureuse. "Tu sais que les jumeaux naissent généralement en avance ?" dit-il en essayant de me remonter le moral.

Je souris un peu, appréciant ses efforts. "Rien n'est jamais normal pour nous."

Il se lève et me tend la main. "Viens en haut. Je vais prendre une douche rapide et ensuite je te ferai un massage. Ça t'aidera à te détendre et peut-être que tu pourras dormir quelques heures cet après-midi."

Je le laisse me redresser et il me porte pratiquement à l'étage. Il me dépose sur le lit avec un rapide baiser et se dirige vers la douche.

Je roule sur le côté et regarde l'horloge. Il est à peine midi mais il pourrait tout aussi bien être minuit pour moi. L'épuisement de la grossesse s'est installé et le sommeil m'échappe depuis quelques semaines. Je frotte mon ventre et souris à l'ironie que les bébés semblent être plus calmes pendant la journée.

Après moins de quinze minutes, Edward revient dans la chambre. Sa peau est encore légèrement humide et un seul filet d'eau coule le long de ses abdominaux et est absorbé par la serviette nouée lâchement autour de sa taille.

Il me regarde affectueusement pendant qu'il allume le ventilateur de plafond. En quelques secondes un chuchotement d'air frais souffle sur moi et je souris de gratitude alors que le matelas s'enfonce sous son poids. Il ne se couche pas à côté de moi, choisissant de reprendre son massage des pieds à la place.

Ses doigts semblent magiques alors qu'il caresse doucement ma chair gonflée. Avec une légère pression il frotte ses paumes sur ma cheville et vers mon mollet, forçant le fluide vers le haut. Je soupire, ressentant un soulagement alors que le sang commence à circuler plus librement dans mes veines.

"C'est merveilleux," je murmure laissant mes yeux se fermer.

Il travaille sur les deux jambes jusqu'à ce que je sois pratiquement enfoncée dans le matelas. Il lisse des cercles chauffant le long de mes cuisses et quand il frôle l'ourlet de mon short de nuit, je sens le premier bourdonnement d'excitation. Mes yeux s'ouvrent et je regarde son visage attentif. "Encore bon ?" demande-t-il en souriant.

"Hmmm," je réponds voyant le moment où il détecte ce que je pense. Je le vois bien dans le petit scintillement de ses paupières et la légère dilatation de ses pupilles.

Une chose que j'ai découverte ces dernières semaines est que les orgasmes sont le relaxant parfait.

Le matelas se déplace sous moi quand il se met à genoux entre les miens. Ses mains glissent sur mes cuisses et agrippent la ceinture de mon short, le tirant vers le bas.

Jetant le short par terre, il s'installe entre mes cuisses et je gémis quand je baisse les yeux mais ma vue est bloquée par la lune blanche montante de mon ventre.

La pression chaude de ses lèvres sur l'intérieur de ma cuisse apaise bientôt toute déception que je ressens de ne pas pouvoir regarder – mais au moins je peux encore le sentir.

Ses doigts sondent doucement, glissant sur mes lèvres, les écartant pour les préparer pour sa bouche. Au début tout mon corps se crispe avec le plaisir de son premier léchage lent mais bientôt je me détends et me fond à nouveau dans le matelas.

Mes yeux roulent de plaisir quand sa bouche chaude se referme sur moi. Mes doigts s'agrippent au bord de la couette qu'il a tirée en arrière et mes genoux s'affaissent alors que des vagues de plaisir bienvenues me traversent, effaçant chaque dernier vestige de tension. En quelques minutes mon orgasme prend vie et mes hanches se soulèvent du lit alors que je convulse sous son toucher merveilleux.

Il m'encourage et je suis à peine consciente qu'il tire la couette sur mes jambes avant de m'embrasser dans le cou et que le sommeil me réclame.

L'odeur du café me réveille. Je cligne des yeux plusieurs fois et vois Edward maintenant entièrement habillé, assis sur le bord du lit.

"Combien de temps ai-je dormi ?" je demande en me déplaçant avec toute la grâce d'un hippopotame roulant dans un bain de boue.

"Quelques heures. Je t'ai apporté du café," dit-il en désignant la table de chevet. "Je suis sur le point de partir chercher Jacob alors j'ai pensé que tu voudrais peut-être t'habiller avant qu'il ne rentre à la maison."

Je jette un coup d'œil à la couette qui a glissé jusqu'à mes chevilles et je me rends compte que je suis toujours nue de la taille aux pieds. "Oh… je me suis endormie sur toi ?" dis-je avec culpabilité.

Il se penche et m'embrasse. "C'était le but, baby. Et en plus j'ai pris une autre douche," ajoute-t-il avec un clin d'œil sexy.

Je tends la main pour attraper la couette mais il est plus rapide et la remet en place.

Je frotte ma main le long de son avant-bras. "J'ai hâte que nous puissions revenir à la normale,"' lui dis-je.

Son rire semble affectueux. "Je ne pense pas que nous retrouverons la normalité un jour, une fois que nous aurons trois enfants qui courent."

"Trois enfants," je répète. "Seigneur ça semble stupide mais je n'y avais pas vraiment pensé." Je le regarde me sentant un peu dépassée par la soudaine réalisation que nous serons bientôt une famille de cinq personnes. "Nous ne ferons plus jamais l'amour !"

Il plane au-dessus de moi et frotte son nez le long du mien avant d'embrasser légèrement mes lèvres. "Si, nous le ferons. Nous avons des serrures aux portes et ta mère habite à deux pas. Je suis sûr que nous trouverons du temps," dit-il, arborant un sourire narquois manifestement amusé par ma panique.

Je laisse traîner mes doigts sur sa mâchoire rasée avant qu'il ne se redresse. "Je dois aller chercher Jacob," dit-il.

Après son départ, je sirote mon café et m'émerveille de voir à quel point l'énormité du changement que nous sommes sur le point de vivre ne fait que me frapper. J'ai été surprise quand nous avons découvert que j'avais des jumeaux mais j'ai été prise dans le pur plaisir d'Edward à cette nouvelle. Il a révélé qu'il voulait secrètement plus d'un enfant de plus et puisque je retourne à l'université l'année prochaine nous n'avons pas à prendre en compte une autre grossesse.

Il y a toujours une partie de moi qui pense qu'il remplirait la maison avec dix enfants s'il le pouvait.

Me sentant rafraîchie après mon café et ma douche, je descends pour trouver qu'Edward et Jacob sont déjà rentrés. Jacob est assis à la table de la cuisine, renfrogné devant son livre de maths pendant qu'Edward prépare des sandwiches au comptoir.

"Tu en veux un ?" me demande-t-il en sortant plus de pain du paquet.

"Oui s'il te plaît," dis-je en allant derrière lui." Je meurs de faim."

"Tu te sens mieux maintenant ?" demande-t-il, ses yeux brillants alors qu'il appuie ses lèvres contre les miennes.

"Bonjour ? Je suis juste là," grommelle Jacob.

Je m'assois à côté de lui. "Tu sais que beaucoup d'enfants seraient heureux de voir leurs parents si amoureux," je le taquine en lui donnant un coup de coude.

"Vous n'avez pas besoin d'être si monstrueux à ce sujet tout le temps," dit-il.

"Monstrueux ?" rit bruyamment Edward.

"Je pense que tu veux dire démonstratif," dis-je en lui ébouriffant les cheveux, ce qui me vaut une grosse moue. "As-tu besoin d'aide pour tes devoirs ?" je demande, ignorant sa mauvaise humeur. Il déteste quand on lui fait faire ses devoirs avant de pouvoir aller à la plage avec ses amis.

"Je pense que je peux le faire," dit-il en soulevant son crayon et se remettant au travail.


Durant les deux semaines suivantes, mon instinct de nidification entre en action et avec une énergie renouvelée je n'arrive pas à m'empêcher de tout nettoyer comme si ma vie en dépendait. Il n'est pas suffisant de nettoyer les choses. Chaque placard est également attaqué. Tous les tiroirs sont réorganisés et chaque jour il me semble que j'amasse une grande collection de sacs poubelle noirs prêts à être jetés ou apportés à un organisme de charité par Edward.

Je suis tout le temps irritable et Edward et Jacob circulent sur la pointe des pieds quand ils sont près de moi de peur que mon irritation ne se tourne vers eux. Je commence à imaginer que lorsque j'entrerai enfin en travail, leur réaction sera un pur soulagement.

Cependant, lorsqu'Edward me trouve penchée sur le dossier du canapé, respirant profondément, il n'a certainement pas l'air soulagé. Il se précipite à mes côtés. "Qu'est-ce qui ne va pas ?" demande-t-il, frottant entre mes omoplates.

"Je crois que c'est maintenant," dis-je, quand la dernière vague de douleur disparaît. Je regarde dans ses yeux et ils sont si écarquillés que le blanc de ses yeux forme un anneau blanc parfait autour de ses iris vert vif.

"Ce n'est pas comme si tu ne savais pas que cela allait arriver..." dis-je, en réussissant à injecter un peu d'humour dans ma voix.

"Depuis combien de temps as-tu mal ?" demande-t-il, faisant glisser sa main le long de mon bras pour capturer ma main dans la sienne. Il me guide autour du canapé et s'assied à côté de moi.

"Depuis ce matin," j'avoue.

"Et tu n'as pas pensé à le dire ?" il souffle.

Je prends sa main dans la mienne. "Je voulais juste être sûre."

Sa mâchoire se détend un peu. "Et tu es sûre maintenant ?"

"Oui," je hoche la tête. "Mais les contractions sont encore espacées de dix bonnes minutes. Je ne pense pas qu'il faille se précipiter à l'hôpital."

Il se lève. "Je vais appeler ta mère et lui demander de récupérer Jacob à l'école." Il me regarde et je remarque une minuscule trace d'inquiétude gravée dans le pli de son front. "Et puis nous allons à l'hôpital."

Je peux entendre le bavardage excité de Renée depuis le salon et puis Edward entre dans la pièce en tenant le téléphone.

"Tu veux que je vienne avec toi, bébé ?" crie-t-elle, me faisant grimacer et éloigner le téléphone loin de mon oreille. "Phil est déjà à la maison - il peut aller chercher Jacob plus tard."

"Non, maman," dis-je. "On a déjà parlé de ça..."

"Je sais, je sais. Tu veux juste que ce soit Edward et toi," dit-elle, en ne parlant que de façon à peine plus calme. "Il fallait que je demande."

"Maman, je suis désolée."

"Hé, ne sois pas comme ça. Je comprends, je sais ce que cela signifie pour vous deux." Il y a une courte pause et elle est de nouveau au niveau dix d'excitation. "Je vais amener Jacob à l'hôpital, pour qu'il puisse voir les bébés dès que possible."

"Tu n'as pas à faire ça, ça pourrait prendre des heures. "

" Tu crois qu'il va me laisser le retenir ici ? " demande-t-elle avec un grognement.

"D'accord mais s'il est tard, tu dois le ramener à la maison."

"Je suis excitée, Bella, pas stupide."

"Il faut que j'y aille, maman," dis-je, sentant le resserrement de la douleur qui arrive.

"Bon... ok... bien, assure-toi qu'Edward nous appelle pour nous tenir au courant... Je suis tellement excitée, bébé."

Je tends le téléphone à l'aveugle, je sens les doigts d'Edward me le prendre. Quand la douleur s'estompe, j'ouvre les yeux pour le trouver accroupi devant moi, l'inquiétude brillant dans ses yeux.

"C'est ça, ma chérie", chuchote-t-il, en passant ses mains sur mon abdomen. "Si je pouvais faire ça pour toi, je le ferais."

J'ai sa joue dans ma main et il tourne ses lèvres vers ma paume. "Allons-y."

Dès notre arrivée à la maternité, nous sommes conduits dans une salle d'examen. Edward reste collé à moi, m'aidant à sortir de mes vêtements et à enfiler la blouse d'hôpital, offrant constamment l'assurance que tout ira bien. L'émotion intense qui se dégage de ses paroles révèle que ce n'est pas seulement moi qu'il essaie de rassurer.

Il m'aide à monter sur le lit juste à temps pour que le médecin vienne m'examiner.

"Eh bien, Mme Masen..." dit-il en regardant les notes qu'il a à la main lorsqu'il entre dans la chambre.

"Il semble que nous ayons quelques arrivées prématurées ici."

Il dépose le dossier contenant mes notes à mes pieds et salue Edward avant de porter son attention sur moi.

Il me sourit et effectue une étrange flexion de ses sourcils qui fait tomber ses lunettes du haut de sa tête sur son nez. Pendant qu'il m'attache un moniteur sur le ventre, il me demande combien de temps entre les contractions, si j'ai mangé quelque chose aujourd'hui et les questions générales sur mon bien-être. Edward expire de manière audible lorsque le Dr Bradbury allume le moniteur et le son de deux forts battements de cœur remplissent l'air.

Le Dr Bradbury saisit les étriers qui sont fixés sur le côté du lit et les oriente vers moi. "Laissez-vous faire," dit-il, en m'aidant à équilibrer mes mollets sur ceux-ci.

Je le regarde enfiler une paire de gants en latex et prendre une petite quantité de lubrifiant sur ses doigts avant qu'ils ne disparaissent sous la blouse. Il fait une pause. "Quand avez-vous eu votre dernière contraction ?"

"Il y a quelques minutes," je réponds.

"Bien. Il ne faudrait pas être au milieu de tout ça quand la prochaine arrive. Cela peut être très douloureux. Ok, respirez profondément et essayez de vous détendre," dit-il.

Je remets ma tête sur l'oreiller et Edward passe ses doigts dans mes cheveux. Je remarque qu'il observe attentivement le moniteur et qu'il y a un léger reflet de sueur sur son front.

"Respire profondément et détends-toi," je lui chuchote, et ses yeux tombent sur les miens. Il sourit en s'excusant.

"Avez-vous évacué le bouchon de mucus ?" demande le médecin, pénétrant dans notre moment de calme. Je lui dis que je pense que oui. "Mais la poche des eaux ne s'est pas rompue," dit-il, en donnant l'impression de parler tout seul.

Il se lève brusquement et retire ses gants, les déposant dans une poubelle à proximité. "Eh bien, les choses avancent rapidement," dit-il en me souriant. " Vous êtes déjà dilatée à sept centimètres."

"Déjà ?" J'ai le souffle coupé.

Il hoche la tête. "Oui. Je pense qu'il est préférable de rompre les eaux manuellement et cela devrait aider à faire en sorte que les choses avancent. Nous vous emmenons tout de suite à la salle d'accouchement." Il commence à griffonner des notes dans le dossier. "Qu'avez-vous décidé pour le soulagement de la douleur ?"

Je repense à l'époque où j'ai eu Jacob, et il m'a semblé qu'il fallait une éternité pour en arriver là. "Nous avions discuté d'une péridurale," dis-je. "Mais si ça peut ralentir les choses, alors je ne préfère pas."

Il finit d'écrire et repousse ses lunettes sur le haut de sa tête. "Je pense que c'est très sage. Nous allons commencer par vous donner un coup de pouce et nous pourrons ensuite voir ce qui peut être nécessaire."

Je retire mes jambes des étriers pendant qu'il lit la copie des écrans. "Tout semble… bon," dit-il. "Je pense que ces deux-là sont pressés d'arriver."

Mon ventre se resserre avec la force d'une autre contraction et je serre la main d'Edward en haletant à travers celle-ci.

Le Dr Bradbury scrute à nouveau le moniteur. "Quelqu'un vous accompagnera pour vous conduire à la salle d'accouchement dans peu de temps."

Après qu'il soit parti, Edward fait le tour du lit et commence à lire l'imprimé qui jaillit encore du moniteur. Sa mâchoire fléchit un peu tandis que ses yeux se déplacent d'avant en arrière sur la page.

"Edward," dis-je, et il se tourne pour me regarder. "Arrête d'être docteur. C'est bon."

Il est tout de suite à mes côtés, me tenant le visage dans ses mains. "Je suis désolé. Je ne veux pas gâcher ça pour toi... Je suis juste... J'ai un peu peur," admet-il.

"Je m'en doutais," je murmure en le tirant vers moi. "Ça va aller, on va faire ça ensemble."

On est encore enlacés quand deux infirmières viennent me chercher pour m'emmener en salle d'accouchement.

Être transférée sur un brancard et transportée dans un couloir et remise sur un lit pendant la douleur extrême n'est pas des plus agréables. Heureusement, dès que je suis installée, le médecin vérifie les moniteurs avant d'administrer une piqûre pour soulager la douleur.

Ma tête tourne et l'image d'Edward flotte un peu alors que je m'affaisse sur l'oreiller. Une bulle massive de rire jaillit de ma poitrine mais meurt dans ma gorge alors qu'une autre contraction me déchire - la plus forte jusqu'à présent, ce qui n'est pas un bon signe puisqu'ils m'ont dit que dès que les eaux se rompent, elles deviendront encore plus fortes.

Un protège-matelas imperméable est glissé sous moi et la sage-femme utilise un outil à l'aspect effrayant pour rompre la poche des eaux. Même à travers la douleur et le brouillard induit par la drogue, je ressens encore la chaleur de mon rougissement quand l'eau chaude coule entre mes cuisses.

Je sens les lèvres d'Edward près de mon oreille, tandis que ses doigts tracent des cercles paresseux sur mon cuir chevelu. "Tu t'en sors bien, baby."

Me sentant étourdie, je lève la main et je lui tiens le visage. "Je suis si contente que tu sois là." Les images de la dernière fois commencent à se manifester dans mon esprit. "Je suis vraiment désolée... Je n'ai jamais voulu te faire de mal... il faut..." Mes mots traînent quand j'oublie ce que je m'apprêtais à dire et que je m'allonge contre les oreillers.

Tout comme ils l'ont dit, les contractions s'intensifient à la fois en force et en vitesse jusqu'à ce que je grogne, pleure et les supplie de l'arrêter. A présent le Dr Bradbury est de retour, la pièce semble remplie de trop de monde.

"Je ne veux pas faire ça !" je crie, me cramponnant à Edward qui dit des mots que je peux à peine entendre.

Le visage du docteur me domine me distrayant. "Bella," appelle-t-il plusieurs fois. "Regardez-moi Bella."

Je réussis à éloigner mes yeux du regard inquiet d'Edward et à me concentrer sur ce que dit le médecin.

"Vous êtes en transition," dit-il lentement. "Vous vous sentez juste un peu paniquée mais vous allez bientôt être prête à pousser. D'accord ?"

"J'ai soif," dis-je pas vraiment capable de me concentrer sur ce qu'il dit.

Edward a tiré sa chaise si près du lit qu'il est pratiquement dessus avec moi. Il tend la main pour retirer un glaçon de la petite tasse qui est apparue comme par magie à côté de moi et il la frotte sur mes lèvres.

Je le suce avec avidité mais je serre la bouche alors qu'une autre vague de douleur m'écrase. Edward prend tout le poids de ma force quand mes mains se referment sur les siennes… Je pense que mes ongles s'enfoncent dans ses paumes mais il ne fait que m'offrir des mots d'encouragement.

Il y a une petite accalmie. Je souris à Edward et - toujours dans la brume à cause de ce qu'ils m'ont donné pour soulager la douleur - je commence à lui dire à quel point je l'aime. Je le supplie de m'embrasser et j'ai conscience qu'une des infirmières lui dit de se considérer comme chanceux. Lorsqu'il l'interroge, elle fait remarquer que certaines femmes passent leur temps à insulter leur mari...

Bien sûr, ils ne savent pas ce que ça signifie pour nous. Cette fois nous sommes ensemble, cette fois c'est comme ça que ça doit être.

Ses lèvres sont sur ma tempe lorsque je suis frappée par l'envie irrésistible de pousser. J'essaie de me bouger vers le haut et Edward se lève brusquement, accrochant ses mains sous moi pour me soutenir pendant que je me baisse avec une force purement instinctive.

Des éclairs blancs apparaissent devant mes yeux à cause de l'effort tandis que la piqûre aiguë entre mes yeux me rappelle la douleur. Je sens la douce secousse sur ma cuisse et parviens à me calmer suffisamment pour entendre le médecin.

"Bella il faut que vous haletiez la prochaine fois," dit-il. "Ne poussez pas tant que je ne vous le dis pas."

Ma tête recule pour rencontrer le regard ému d'Edward. "Tu devrais être là-bas," dis-je, mes mots se brouillant légèrement d'épuisement. "Regarde-les naître," je l'incite.

Il m'appuie contre les oreillers et garde mes mains fermement jointes dans ses mouvements légèrement plus bas.

"Il faut que je pousse !" je souffle en essayant de haleter mais l'envie est trop forte. Je garde mes yeux fixés sur le médecin et sens ses doigts sur moi.

Il lève les yeux. "D'accord poussez."

Mes yeux se tournent vers Edward et je regarde son visage passer d'inquiet à émerveillé alors que la piqûre de la tête me brûle. Le médecin m'encourage à continuer et je sens que je n'ai plus de souffle dans mon corps alors que je fais ce qu'il me dit.

La sueur coule dans mon cou et entre mes seins et tout mon corps tremble sous l'effort. Enfin les tiraillements s'arrêtent et j'arrête de pousser. Du coup il y a beaucoup de monde au pied du lit alors que deux infirmières et le médecin se préparent pour le premier.

"La tête est sortie," dit Edward sa voix s'élevant au-dessus de celle de tout le monde. Sa peur est palpable maintenant et même s'il essaie de la cacher, elle est écrite partout sur lui. Dans sa mâchoire serrée, la façon dont ses yeux sont fixés, la contraction de sa tempe.

La poussée suivante est courte et je sens le corps glisser hors de moi comme un poisson mouillé.

"C'est un garçon !" déclare Edward bondissant sur ses pieds. Tout son visage s'illumine au son du gémissement du bébé. "Il va bien !" il pleure.

J'essaie de me tordre le cou pour voir ce qu'il se passe mais je ne vois rien car il y a trop de monde et mon ventre me gêne. Edward éloigne ses yeux du bébé assez longtemps pour tourner son attention vers moi.

Il s'approche et embrasse ma tempe. "Il est parfait, absolument parfait."

"Je veux le voir," je supplie.

Il essuie la sueur de mon front. "Ils doivent s'assurer que l'autre ne se mette pas dans une position difficile, ils le garderont là pour l'instant."

Je ressens une douleur pendant que le médecin m'examine puis il me dit de pousser quand je serai prête.

Le deuxième bébé naît avec deux puissantes poussées et cette fois il ne fait aucun doute que tout va bien car elle commence à brailler dès qu'elle est sortie. Mon cœur s'envole à ce son.

Il y a une vague d'activité de la part des infirmières et du médecin et je les regarde se retourner et emmener les bébés sur le côté de la pièce pour les examiner. Après que les douleurs me reprennent au ventre, je m'accroche à Edward pendant que nous regardons avec anxiété les infirmières et le médecin examiner les bébés.

"Tu l'as fait," murmure Edward, se penchant pour m'embrasser. "Tu es incroyable."

Enfin les bébés sont enveloppés dans des couvertures et nous sont amenés. Je ris à travers mes larmes lorsque notre fille hurle de colère comme ennuyée d'être née.

Une infirmière souriante me félicite en posant mon fils nouveau-né dans mes bras tendus. Le soulagement me traverse alors qu'il renifle et plisse son petit visage. "Il ressemble à Jacob," je murmure posant mes lèvres sur ses cheveux humides et duveteux. "Hé petit homme," je chantonne ressentant la première poussée d'amour quand j'inhale son odeur unique.

Edward s'assied sur le lit à côté de moi et accepte notre fille dans son étreinte avide. "Tout va bien," lui dit-il en lui caressant doucement la joue avec son doigt. Elle arrête de pleurer pendant quelques secondes mais recommence instantanément.

Edward rit, les larmes aux yeux, quand la lèvre inférieure de notre fils fait la moue avant d'ouvrir la bouche et de pousser un cri pitoyable.

Je lève les yeux vers Edward et il embrasse mes lèvres. "Ils sont parfaits… tu es parfaite."

Il embrasse chaque centimètre de mon visage, ses larmes se mêlant aux miennes. "C'est le meilleur moment de ma vie," murmure-t-il entre deux baisers.

"Je suis si heureuse," dis-je.

"Je t'aime," me répète-t-il encore et encore avant de se pencher pour embrasser notre fille et lui dire qu'il l'aime aussi. Je lève notre garçon vers lui et il plante de doux baisers sur ses joues et recommence à le répéter.

Les infirmières terminent avec moi et on me donne une nouvelle blouse et une couverture est jetée sur mes jambes.

"Est-ce que Jacob est là ?" je demande.

"J'ai appelé ta mère quand ils t'ont amenée ici," dit-il en regardant l'heure. "Mais c'était il y a quelques heures."

Je regarde et vois qu'il est encore assez tôt pour qu'ils soient encore là. "Va les chercher," je l'exhorte.

Je regarde mes bébés après son départ. Ils ressemblent tous les deux tellement à Jacob quand il est né et mon cœur se gonfle tellement d'amour que cela me donne de nouvelles larmes aux yeux.

J'entends la voix de Jacob avant même que la porte ne soit ouverte. Il se précipite en avant et ses yeux s'écarquillent comme des soucoupes quand il voit son frère et sa sœur.

"Ils sont si petits," halète-t-il.

Renée se précipite derrière lui et enroule instantanément ses bras autour de moi, faisant attention à ne pas écraser les bébés. Elle les regarde. "Ils sont si beaux… et ils ressemblent à Jacob."

Je lève les yeux vers Edward. "Tu as des gènes fort là. On aurait pu penser que sur trois enfants il n'aurait pas été trop demander que l'un d'eux me ressemble..."

Il fait un grand sourire. "Nous pourrions continuer d'essayer jusqu'à ce que nous en ayons un qui te ressemble," taquine-t-il.

Jacob secoue la tête. "Vraiment ?"

"NON !" dis-je avec véhémence.

"Puis-je avoir un câlin ?" demande Renée, en faisant des gestes aux bébés. Je me penche en avant, et elle prend ma fille dans ses bras.

"Lequel est le garçon ?" demande Jacob.

"Celui-là," je dis. "Tu veux le tenir ?"

Jacob secoue la tête, l'air terrifié par cette simple pensée. "Tu te souviens que tu as dit… que si tu avais un garçon je pourrais choisir le prénom, non ?"

Edward et moi en avons discuté quand Jacob l'a demandé. Étant donné que sa fixation sur Harry Potter est toujours aussi forte, nous sommes assez certains qu'il voudra appeler bébé Harry et aucun de nous n'est contre.

"Tant que ce n'est pas un nom ridicule," dis-je, en jetant un coup d'œil à Edward qui me fait un clin d'œil.

"Je veux que nous l'appelions Harry," annonce-t-il, et il nous faut tout notre talent pour avoir l'air surpris. "Pouvons-nous ?"

Il tape dans ses mains avec jubilation quand je lui fais un signe de tête. Une action qui fait sursauter le petit Harry et il se met à pleurer un peu. "Désolé," chuchote Jacob, penché en avant. "Ton nouveau nom est Harry Potter Masen."

Je m'efforce de ne pas rire. "Pas Potter," je dis. "Je pense qu'on va lui donner le nom de son père. Harry Edward Masen."

Edward brille à mes yeux. "Et pour la petite dame, sommes-nous d'accord sur Beth ?"

Quand nous parlions de prénoms, nous étions d'accord sur Beth pour une fille mais si nous avions deux filles, nous étions toujours indécis sur un autre nom.

Renée la regarde et lui sourit. "Beth est un joli nom pour une jolie fille."

"Elizabeth était le nom de ma mère," explique Edward. "Et nous aimerions lui donner votre nom aussi… afin qu'elle s'appelle Beth Renée Masen."

Des larmes de fierté remplissent les yeux de Renée qui embrasse la joue d'Edward et ensuite mon front. "Tu as choisi des prénoms charmants."

Renée ramène Jacob à la maison un peu plus tard lorsque l'épuisement s'installe mais Edward explique qu'il veut rester un peu plus longtemps. J'arrive à dormir un peu après qu'ils m'aient déplacé dans une chambre et Edward est toujours là quand je me réveille au son des pleurs des bébés. Je sens une piqûre dans mes seins et je me rends compte que mon lait est en train de couler.

Edward est assis à mes côtés, tenant Harry, pendant que je nourris Beth. Il regarde avec enthousiasme quand elle s'accroche et tète avec gourmandise.

"Tu es incroyable," dit-il en répétant ce qu'il m'a déjà dit un million de fois aujourd'hui.

Plus tard, une infirmière vient vérifier ma tension artérielle et ma température, avant d'examiner les bébés une fois de plus et nous laisse à nouveau seuls.

"Je devrais y aller," dit Edward avec regret. "Jacob reste avec ta mère mais je vais devoir rentrer à la maison un jour ou l'autre."

Il se penche dans le berceau et embrasse les deux têtes avant de venir m'embrasser pour me dire au revoir. "J'ai hâte de vous ramener tous les trois à la maison," dit-il.

"Assure-toi de profiter de la paix et du calme ce soir car c'est la dernière fois que tu le pourras pendant un bon bout de temps..." dis-je en bâillant.


"Je vais aider à souffler les bougies !" crie Jacob au-dessus des dernières notes de "Joyeux Anniversaire."

Harry et Beth regardent les bougies qui scintillent sur leur gâteau avec des yeux écarquillés. Harry rit quand Jacob se penche en avant et essaie de l'encourager à souffler. Il frappe sa main potelée contre la bouche de Jacob, faisant reculer Jacob pour essayer à nouveau.

A la fin, c'est Jacob qui souffle les bougies et Beth éclate en sanglots quand tout le monde commence à applaudir.

Edward la soulève immédiatement dans ses bras et pose ses lèvres contre sa joue. Elle se recroqueville et enfouit son visage dans son cou.

"Elle l'a enroulé autour de son petit doigt..." dit Alice en s'approchant de moi.

"Elle les a tous enroulés autour de son doigt," dis-je. "Tu ne saurais jamais qu'elle peut marcher aussi parce qu'elle montre tout du doigt et le petit Harry va chercher les choses pour elle..." Je regarde affectueusement Jacob alors qu'il ramasse un morceau de glaçage sur le gâteau et le donne à Harry. "Et Jacob n'est pas mieux, il court après les deux..."

"Coupons ce gâteau avant que ces deux-là ne mangent tout," dit Renée, en soulevant le gâteau et en l'emportant dans la cuisine.

Esmée prend Harry dans ses bras et suit Renée.

Je regarde les visages souriants et heureux qui se baladent dans notre salon et je sens cette bulle désormais familière, de bonheur dans ma poitrine. Tout comme notre mariage, nous avons réussi à faire en sorte que les personnes qui nous sont les plus chères puissent venir fêter l'anniversaire des jumeaux avec nous.

La seule ombre au tableau est que Charlie n'est pas là.

Il me manque encore chaque jour et j'aurais aimé qu'il puisse rencontrer ses deux autres petits-enfants. Le mois prochain, lorsque nous reviendrons à Forks pour le mariage de Mike, je prendrai les jumeaux pour les présenter à Sue et Leah mais j'aimerais plus que jamais les emmener voir Charlie.

"Un penny pour tes pensées ?"

Je sursaute au son de la voix de Rosalie. "Oh, je pensais juste à mon père..." dis-je tristement. "Je voudrais qu'il soit ici." Je me retourne pour lui faire face. "Mais je suis contente que vous ayez tous pu venir, j'aime vraiment vous avoir ici."

Elle hoche la tête. "J'aimerais que vous viviez plus près. Je n'arrive pas à croire que les jumeaux aient autant grandi depuis la dernière fois que nous les avons vus... et ne me fais pas commencer sur Jacob. Il est si grand maintenant."

Je ris. "Je sais. J'ai l'impression que je dois lui acheter de nouveaux vêtements tous les deux mois. Si je ne savais pas... je jurerai qu'il dort dans du compost toutes les nuits."

"Tu lui as déjà dit ?" demande Alice, en parlant à Rosalie quand elle nous rejoint.

Je regarde Rosalie avec impatience, n'osant pas espérer qu'elle ait de merveilleuses nouvelles à partager.

"Ne me regarde pas comme ça..." dit-elle avec un léger sourire. "Nous ne sommes pas encore enceintes. Je vais avoir ma première FIV la semaine prochaine... il est donc un peu tôt pour commencer à fêter ça."

Je la prends dans mes bras. "C'est une bonne nouvelle."

"Ouais, j'espère que ça va marcher... ce n'est pas facile."

Alice me sourit par-dessus l'épaule de Rosalie et lève son verre de jus. "Eh bien, j'espère que toi… et Emmett allez bientôt agrandir notre famille. J'aime vraiment être tante !"

Juste à ce moment, Emmett saisit Jacob par la taille et le hisse en l'air. "Comment es-tu arrivé à grandir autant?" demande-t-il, alors que Jacob essaie en vain de se défaire de son emprise. "Allons à la plage."

"Il sera un bon père," dis-je, en les regardant partir.


Le soir, quand la lune est haute et que tout le monde s'est endormi, Edward et moi restons éveillés dans notre lit.

Il se tourne vers moi et passe sa main sur ma clavicule tout en m'embrassant doucement mais avec insistance.

"Je t'aime," me chuchote-t-il.

Je reconnais instantanément le timbre de sa voix. "On ne peut pas..." je murmure en reculant et en regardant son visage qui est baigné par le clair de lune. "La maison est pleine de ta famille."

"Notre famille," me rappelle-t-il. "Et nous serons discrets."

Ses lèvres retrouvent les miennes et il m'embrasse si férocement que je ne peux retenir le gémissement qu'il cause.

"Chut !" me réprimande-t-il, en me chatouillant le cou.

Le rire meurt dans ma gorge quand il glisse ses mains dans mon short et commence à le pousser vers le bas. "Laisse-moi te faire l'amour, baby," chuchote-t-il. "J'ai besoin de toi."

Je lui souris. "Tu sembles avoir besoin de moi tout le temps," je plaisante.

Il tourne les hanches en s'appuyant contre moi et nos soupirs étouffés se mêlent à la tranquillité de la nuit.

"Oui," dit-il. "Et je le ferai toujours."

FIN