Chapitre 39 : Relation à distance
Je passais Thanksgiving chez mon père. Il avait recommencé le travail et se sentait déjà mieux par rapport au divorce. Quant à ma mère, l'idée de la voir ne me réjouissais pas tellement. Bien que j'adore l'été et le soleil, le sable chaud et l'humidité quasi constante caractéristique de la Floride, je ne pouvais me résoudre à lui rendre visite.
Mon père avait plus besoin de moi.
J'étais heureuse de constater qu'il avait retrouver de vieux amis. Il s'entendait merveilleusement bien avec Sue Clearwater et ses deux enfants étaient géniaux.
Son mari était mort d'une crise cardiaque il y a trois ans et elle éduquait ses adolescents seule. Enfin, ils étaient de jeunes adultes à présent.
Seth est le plus jeune, il a dix-huit ans et commence des études en mécanique à Seattle. Leah, elle, a ouvert son magasin de quincaillerie, en ville. Des curiosités attirant surtout des touristes ou des voyageurs. Curieusement, son magasin marchait bien. Même les locaux raffolaient de ces petites babioles.
Nous avions donc passé la soirée à cinq dans la vielle maison de Charlie. C'avait été fort agréable.
C'est après le repas seulement que je reçus un message d'Edward.
« Joyeux Thanksgiving ! Je serai à Concord jusque dimanche, j'aimerai te revoir tu me manques tellement ! Je t'aime. »
Singulièrement, ce message m'avait fait sourire. Dire que je ne voyais jamais Edward serait un mensonge mais ça faisait presque deux semaines, à présent, que nous étions séparés.
Il avait un examen important à faire le vingt décembre et travaillait très dur. Il devait arriver à jouer un morceau très complexe au piano devant des juges avant la fin de l'année, c'était une épreuve complexe. C'est pourquoi il passait la première épreuve si tôt.
Une autre de ses épreuves était d'écrire un morceau avec un temps très rapide et changeant. Je n'ai malheureusement pas tout compris, je ne peux qu'imaginer la difficulté.
Le week-end, j'étais arrivée à l'aéroport de Boston, comme nous l'avions convenu. Nous avions passé le week-end à deux, juste lui et moi. J'adorais ces moments, ils étaient à chérir.
La douleur des adieux. J'y étais habituée, à présent.
Au début, je passais l'après-midi et la nuit à pleurer. Maintenant, je lui disais « au revoir » avec un grand sourire, souhaitant qu'il soit heureux et épanoui. Je prévoyais des choses à faire, comme sortir avec Senna et Angela, afin de me changer les idées.
Cette distraction fonctionnait toujours, je ne pensais plus à lui. Je pensais de moins en moins à lui…
J'étais rentrée à Dartmouth pour finir le semestre. Comme à son habitude, Alice me demanda d'aller à sa fête du nouvel an. Elle prévoyait les choses, même s'ils arrivaient dans un mois.
Il est vrai que j'étais moins proche d'elle mais nous restions en bon termes. Je sortais quelques fois avec elle et Jasper mais je sentais que quelque chose n'allait pas, quelque chose manquait…
Edward était parti, il n'était plus présent à nos rendez-vous. Sans lui, plus rien n'avait de sens.
En un clin d'œil, le semestre se finit.
Je savais qu'Edward devait revenir passer les vacances d'hiver chez ses parents mais j'étais moi-même à l'autre bout du pays – Forks.
Noel ressemblait fortement à Thanksgiving, même si cette fois je du farcir une dinde énorme !
Encore une fois, je revis Edward à l'aéroport de Boston, comme le moi dernier. Il m'accueillait toujours avec un grand sourire et me pris très fort dans ses bras.
« Tu m'as tellement manquée ! » susurra-t-il contre mon cou.
Et c'est ça.
C'est là que je compris quelque chose.
Ces mots.
Je lui avais vraiment manqué, c'étaient des mots sincères et pleins de promesses. Une véritable douleur lors de la séparation.
Je contemplais ses yeux émeraudes et la seule chose que j'y vis – c'était de l'amour.
Je souris et baissais les yeux.
Je me sentais terriblement mal, nauséeuse même.
Au fond de moi, je le savais. J'avais passé de très bonnes vacances, je ne pensais pratiquement plus à cette distance oppressante, je sortais avec mes amis, je voyais d'autres gens.
Nous sortions ensemble depuis si peu de temps, je l'aimais, j'en étais certaine !
Je l'avais aimé…
Pourquoi parler au passé me faisait si mal ? Je ne l'aimais plus ? Pas autant que lui m'aimait… ?
Qu'est-ce que je raconte ! Il suffit de penser au début de notre histoire, jamais je ne m'étais sentie aussi bien, aussi… contente d'être auprès de lui.
Les choses ne peuvent pas aller comme ça.
J'avais changé. Je le sais, j'ai changé, je ne suis plus la petite fille timide et peu sûre d'elle de l'année dernière, j'avais grandi, j'avais des amis, j'avais une nouvelle famille. J'avais survécu aux drames, j'avais survécu au divorce de mes parents.
J'étais heureuse de voir mes parents avec d'autres personnes. J'étais heureuse de savoir que ma mère était amoureuse de Phil, heureuse de voir mon père s'ouvrir à Sue.
Qu'est-ce qui a changé ?
« Bella, ça va ? » me demanda le magnifique spécimen à mes côtés.
Je ne m'étais pas rendue compte que nous étions déjà dans la voiture, direction Concord. Sa maison.
J'étais resté silencieuse un long moment, je ne lui avais même pas répondu.
« Oui, je suis un peu nerveuse. Excuse-moi. »
Demi-mensonge.
Il sourit et me pris la main.
« Il n'y a aucune raison. »
Je soupirai, puis ricanai un peu.
Je le regardais conduire. Il était vraiment beau, aucun de ses traits n'avaient changés. Il restait le plus bel homme que je n'aie jamais vu.
Une nouvelle étincelle tintait ses yeux. Il était heureux.
Il me racontait tout ce qui lui arrivait à New York mais je ne pouvais réellement l'écouter. Tout ce que j'entendais était l'épanouissement.
Je ne faisais que le ramener dans cette petite ville pourrie du New Hampshire. Il ne fallait pas être un idiot pour le savoir. Il ne revenait que pour moi à chaque fois, même s'il aimait rendre visite à sa famille je savais qu'il ne les verrait pas autant si j'étais hors de l'équation.
Qu'aurait-il fait, s'il n'avait pas dû venir ici ? Sortirait-il avec Garrett et ses nouveaux amis ?
Je pense que oui.
Je le retiens ici et ce n'est pas bien. Je nuis à son bonheur pour des retrouvailles éphémères. C'était un peu égoïste de ma part, sachant que j'aimais également passer du temps avec mes amis et sortir sans lui. En fait, je redoutais souvent être avec lui. Il y avait toujours un au revoir douloureux.
Ces pensées me hantèrent pendant trois jours. Notre histoire en valait-elle toujours la peine ?
Le 29 décembre, je me réveillais par la sonnerie du téléphone d'Edward. Il soupira et grogna avant de décrocher.
« Allo ? » dit-il, groggy.
Il se releva du lit, s'asseyant sur le bord.
Curieuse, je tournais la tête et contempla son dos nu. Il plaça l'une de ses mains dans ses cheveux.
« Demain ? »
Je n'entendais pas la voix au téléphone.
« Ah, oui, le nouvel an. Non, désolé mec, je reste chez mes parents. »
…
« Bah, parce qu'elle fait une fête. Non, je lui ai dit que je serai là… Oui, je sais mais… Oui. Tu comprends… » soudainement, il se mit à rire. « Amusez-vous bien… Mais si, tu verras… Je reviens lundi… A l'année prochaine, si tu veux. Salut. »
Il raccrocha en soupirant. Ensuite, il déposa son téléphone sur la table de nuit et se coucha avec son bras sur ses yeux.
Je lui touchais son bras.
« Ca va ? » demandais-je.
Il prit une grande inspiration avant de retirer son bras et de me regarder dans les yeux. Il fronça les sourcils.
« Oui. Désolé, Bella, je ne voulais pas te réveiller. »
« Ce n'est rien. Tu veux y aller ? »
« Quoi ? »
« A la soirée du nouvel an. »
« On y va déjà » répondit-il, confus.
Je soupirais.
« La fête avec tes potes. Tu aimerais y aller. »
« J'ai dit que je resterai avec toi. »
« Je ne veux pas t'empêcher d'y aller… »
« Cela ne me dérange absolument pas. »
« Tu en es certain ? »
Il ne répondit pas. A la place, il me prit dans ses bras et enfui son visage dans mon cou.
« Sérieusement, ne reste pas ici pour me faire plaisir. »
Il grogna et me fit de légers baisers dans le creux de mon épaule, contre ma mâchoire.
« Edward, je sais que tu préfèrerais aller là-bas… »
« Tu aimerais venir avec moi ? » demanda-t-il, déplaçant ses lèvres vers le coin de mes lèvres.
Je secouais la tête.
« J'ai mes amis ici. »
Il soupira puis fit un sourire tordu.
« Tu préfères rester avec tes amis ? »
« Tout comme je suis sûre que tu aimerais être avec les tiens. »
Il embrassa mon nez avant de soupirer.
« Tu en es certaine, ça ne te dérange vraiment pas ? »
« Idiot ! Va t'amuser ! Je te retiens ici, je suis une vilaine fille… »
« Humm… très vilaine » répondit-il, joueur.
Enjôleur et joueur, il se mit sur moi et m'embrassa.
C'est ainsi qu'Edward passa la nouvelle année en compagnie de ses amis plutôt qu'avec moi. Curieusement, j'étais soulagée. Ce n'était pas moi qui l'avais retenu ici, ce n'était pas moi qui le forçais à rester auprès de moi.
Nous prenions chacun nos propres décisions. Nous prenions chacun de la distance…
Alors, que pensez-vous de la réaction de Bella?
