Chapitre 27 - T : Et après ?
Les mois et les années passèrent. Fíli régnait avec l'aide de son oncle et de multiples conseillers. La paix durait et les Nains d'Erebor profitaient pour le mieux de leur montagne. Les nains de la compagnie résidaient toujours à Erebor. Les elfes de la Forêt Noire réussirent à chasser les araignées géantes petit à petit et leur royaume devint plus paisible. Totalement reconstruite, Dale se repeuplait et Bain, le fils de Bard, régnait maintenant sur la ville.
Quant à Aghäte et Thorin, ils continuaient d'assister Fíli du mieux qu'ils pouvaient. Le couple avait fini par se marier en toute discrétion en compagnie de leurs amis. Bilbon n'avait pas pu faire le déplacement mais il leur avait envoyé une lettre avec tous ses vœux de bonheur. Quelques années après leur union, leur famille s'agrandit avec l'arrivée d'un petit garçon. Au plus grand plaisir du père, il ressemblait plus à un nain qu'un humain ou pire - un elfe. Pas d'oreilles pointu mais il avait tout de même les cheveux châtains et ondulés de sa mère. Thorin le nomma Tíli et l'éduqua comme un nain.
L'arrivée de ce descendant de Durin remena la question de succession. Fíli l'avait déjà indiqué auparavant mais il avait fini par confirmer qu'il ne prendrait pas d'épouse et qu'il n'aurait donc pas d'héritier. Avant le réveil de Thorin, la question s'était déjà posée au cas où il arriverait quelque chose au nouveau roi. Sans Thorin ni Kíli, la couronne revenait légitimement à Dáin puis à son fils Thorin III.
Fíli avait proposé à son oncle qu'il désigne son fils comme héritier légitime mais à la surprise de tous, il avait refusé en affirmant qu'il valait mieux laisser les choses telles qu'elles étaient.
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Un bel après-midi de printemps, Aghäte finissait le grand nettoyage annuel de la bibliothèque. Plusieurs nains et naines étaient venus l'aider mais à cette heure-ci, tous étaient repartis. Il ne restait que quelques livres à ranger.
Elle prenait son temps car elle savait que Thorin était occupé à voir un nouveau dossier avec Balin et Fíli tandis que leur fils, Tíli passait la journée avec Dís.
Après avoir toqué à la grande et vieille porte de la bibliothèque, un nain entra et déposa une lettre sur le bureau à l'entrée de la pièce. Le voyant du haut de son escabeau, Aghäte le remercia.
Rare étaient les personnes qui lui envoyaient des lettres. Il n'y avait que deux personnes qui lui en envoyaient habituellement : son père ou Bilbon. Le hobbit et elle avaient gardé une correspondance régulière au fil des années. Elle le tenait au courant des histoires à Erebor et de Dale tandis que Bilbon lui racontait les faits divers de la Comté ou de ce qu'il entendait de Bree.
Quant à son père, depuis qu'il était grand-père, la harcelait pour voir son petit-fils. Aghäte pensa donc qu'il s'agissait encore de son père et laissa la lettre de côté pour la lire quand elle aurait fini son travail.
Le soir, Aghäte se trouvait seule et tranquillement installée dans son lit. Elle partageait évidemment sa chambre avec Thorin mais, à cet instant, il devait certainement être avec son neveu ou avec Dwalin. Son fils dormait dans une chambre collée à la leur.
Elle ouvrit la lettre et s'aperçut qu'elle était finalement de Bilbon. En la parcourant, elle apprit que le hobbit venait de recueillir un neveu qui avait perdu ses parents dans un accident. Il les invitait, Thorin, elle et son fils à leur rendre visite quand il le désirait pour le rencontrer.
À dire vrai, Aghäte mourrait d'envie de partir en voyage depuis longtemps mais ses responsabilités envers Erebor, son époux et son fils la retenaient. L'invitation de Bilbon était une fenêtre vers un voyage qu'elle ne pouvait refuser.
Elle se leva brusquement du lit et enfila les premières chaussures qu'elle trouva. Elle se précipita vers la porte, l'ouvrit et sortit de la chambre. Quelques mètres dans le couloir, elle vit Thorin marchant avec Dwalin. Ce dernier lui fit un signe de tête avant de continuer son chemin.
- Que se passe-t-il pour que tu sortes aussi précipitamment ?, s'interrogea Thorin en levant un sourcil.
- J'ai reçu une lettre de Bilbon !, s'exclama-t-elle en souriant. Et-
- Attends, lui dit-il en posant sa main sur l'épaule de son épouse. Nous allons d'abord aller dans la chambre avant de continuer. As-tu vu ta tenue ?
Aghäte se regarda et s'aperçut qu'elle n'était qu'en chemisette de nuit. Elle se sentit gênée d'être sortie ainsi et d'avoir croisé Dwalin. Elle se précipita dans la chambre et s'assit sur le lit pour attendre Thorin.
Après être entré dans la chambre, il commença à se dévêtir et mettre ses vêtements de nuit. Aghäte lui lut la lettre en même temps.
- Voilà. Du coup, je me disais que l'on pourrait partir tous les trois en voyage. Tíli est assez grand pour voyager maintenant ! Il y a tant d'années que nous n'avons pas vu Bilbon. C'est l'occasion idéale !
Thorin vint s'asseoir sur le lit à côté d'elle en soupirant. Aghäte sentait que la conversation commençait mal mais elle continua.
- Qu'en penses-tu ? Fíli peut se passer de nous quelques mois, non ?
- Balin a prévu de reconquérir Khazad-dûm, commença-t-il sérieusement. L'expédition est prévue pour dans quelques mois.
- La Moria ? C'est une plaisanterie ?, demanda-t-elle en se levant du lit pour faire face à Thorin. Mais qu'est-ce qu'il lui prend ?
- Khazad-dûm est une terre de nains. Nous devons aller récupérer ce qu'il nous appartient, dit-il d'une voix dure. Comme Erebor, il est maintenant temps de reconquérir notre plus grande cité.
Aghäte commença à tourner en rond dans la pièce en réfléchissant à ce nouveau projet. Le discours que tenait Thorin ne lui plaisait pas. Elle n'était pas du tout d'accord avec lui. Elle releva soudainement sa tête pour regarder Thorin dans les yeux.
- Fíli et Dáin sont-ils d'accord ? As-tu l'intention d'aller avec Balin ?
- Dáin s'y est opposé. Fíli n'est pas à l'aise à l'idée de retourner là-bas mais il laisse faire Balin comme il le souhaite.
- As-tu l'intention d'aller avec Balin ?, répéta-t-elle en serrant ses poings.
- Évidemment, répondit-il en la fixant dans les yeux.
Aghäte avait essayé de se contenir depuis le début mais elle explosa. La réponse, simple et sèche, du nain fut le déclic.
- "Évidemment", répéta-t-elle en riant d'énervement. La leçon d'Erebor ne t'a pas suffi ? Cette expédition est un suicide. Vous savez tous ce qu'il se trouve là-bas ! C'est de la folie.
- La reconquête d'Erebor n'en n'était-elle pas une ?
La semi-humaine allait continuer lorsqu'elle entendit la porte de la chambre de leur fils s'ouvrir. Le petit Tíli sortit de sa chambre en se frottant les yeux. Ses parents le regardèrent et s'arrêtèrent de parler.
Aghäte s'en avança vers son fils en chuchotant à Thorin « Nous en discuterons plus tard. » puis partit recoucher le petit.
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Les jours passèrent après leur dispute et ni l'un ni l'autre n'abordaient le sujet de la Moria. Ne travaillant pas sur le même dossier, ils se parlaient peu.
Lors d'une fin d'après-midi, Aghäte était au fond de la bibliothèque à organiser quelques documents. Son fils était installé dans un canapé à lire un livre. Alors que le calme était bien installé, la vieille porte de la salle s'ouvrit dans un grincement lent et désagréable. Aghäte ne réagit que lorsqu'elle entendit son fils crier « Mon oncle ! Que venez-vous faire ici ? ». Elle les entendit ensuite discuter calmement.
Derrière des colonnes de livres, Fíli s'approcha d'Aghäte qui ne faisait pas attention à elle. Il attendit qu'elle descende de son escabeau pour lui parler.
- Comment vas-tu Aghäte ?, demanda-t-il gentiment.
- Très bien et toi ? Que viens-tu faire ici ?
- Je souhaitais te parler, hum, à propos de Khazad-dûm, dit-il en voyant qu'elle avait arrêté ce qu'elle faisait. Thorin m'a dit que tu n'étais pas d'accord pour qu'il y aille.
- Est-ce que cela change quelque chose que je sois d'accord ou non ?, dit-elle sèchement.
Surpris de la manière dont elle lui avait répondu, le nain ne répondit pas. Il la vit soupirer avant de se retourner vers lui.
- Excuse-moi Fíli… Je ne voulais pas te parler ainsi. En plus de ce que j'ai compris, tu n'y es pour rien.
- Alors en vérité, je n'y suis pas pour rien non plus. Mais-
- Tu le fais exprès ?, demanda-t-elle en échappant un petit rire. Bon, pourquoi es-tu venu ici ?
- Je voulais te proposer de venir dans mon bureau pour que l'on discute tous les deux de Khazad-dûm. Tranquillement ? Sans Thorin ? Sans Tíli ? Avec un verre de vin ?
La semi-humaine accepta instinctivement lorsqu'il lui proposa du vin. Le roi s'en amusa et ils retournèrent auprès de Tíli.
Après l'avoir déposé le jeune nain auprès de Dís, Fíli et Aghäte s'installèrent dans le bureau du nain. Dans la pièce, il y avait un petit espace aménagé pour s'asseoir agréablement en petit comité. Aghäte s'assit sur un fauteuil tandis que Fíli prit le canapé.
Pendant de longues minutes qui se transformèrent en heures, il lui expliqua la démarche et le but de Balin par rapport à la Moria. Elle comprenait mieux maintenant la raison de leur expédition mais elle s'y opposait toujours. Fíli lui confia qu'il n'était pas spécialement pour mais qu'il ne voulait pas empêcher Balin et d'autres nains d'essayer. Ayant lui-même pris part à la reconquête d'Erebor, il se voyait mal refuser une telle requête.
Leur discussion dura tellement longtemps que Fíli fit demander deux dîners auprès de servants et ils dînèrent ensemble. Aghäte savait que son fils était entre de bonnes mains et que Thorin savait se débrouiller seul.
- Cela faisait une éternité que je n'avais pas dîné dans le calme, dit-elle en souriant. Mais pour revenir à cette expédition et Thorin, je pense que j'ai la solution. Je vais partir avec lui.
À sa dernière phrase, Fíli s'étouffa avec ce qu'il avait en bouche. Après une quinte de toux, il se racla la gorge et prit la parole.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu n'as pas compris ce que je t'ai expliqué ? C'est encore plus dangereux qu'Erebor. Et Tíli ?
- Il vient avec nous évidemment !
- Tu es complétement folle…, dit-il en se passant la main sur le visage de dépit.
- Parce que tu ne t'en doutais pas quand je vous ai rejoint pour tuer un dragon dans une cité naine abandonnée ?, sourit-elle en finissant son verre.
- Thorin ne l'acceptera jamais. Il serait plus prudent que tu restes ici et que-
- Non. Et puis, j'ai deux hobbits à rendre visite !
Aghäte ne le laissa pas plus argumenter et se leva, difficilement avec la fatigue et l'alcool, du fauteuil. Elle le remercia d'avoir passé la soirée avec lui, du repas et du vin.
Elle passa rapidement faire sa toilette dans la salle d'eau et regagna sa chambre. Vu l'heure qu'il était, elle savait que son fils dormait déjà.
Quand elle entra dans sa chambre, elle vit Thorin assis dans le lit à lire des documents. Même dans le lit, il ne pouvait s'empêcher de ramener des dossiers. « Qu'est-ce que cela aurait donné s'il avait été roi ? », se dit-elle. Maintenant qu'elle avait trouvé une solution pour la Moria, elle était de meilleure humeur.
Une fois en tenue pour dormir, elle sauta dans le lit, où Thorin s'y trouvait. Elle le prit dans ses bras en le serrant fort. Le nain ne bougeait pas mais regarda tous ses dossiers tomber au sol.
- Mais qu'est-ce qu'il te prend ?, grogna-t-il.
- On va se bouder longtemps ?, demanda-t-elle en lui faisant les yeux doux.
- C'est à toi de me le dire. C'est toi qui boude.
- Et bien, je ne boude plus !, dit-elle avant de déposer un léger baiser sur les lèvres de son époux. J'ai trouvé une solution !
- Une solution ?, demanda-t-il en haussant un sourcil. Mais tu as bu du vin. Où étais-tu ce soir d'ailleurs ? Dís m'a dit que tu lui avais laissé Tíli en fin de journée.
- Avec mon amant !, ricana-t-elle. Fíli m'a-
- Ne plaisante pas avec cela, dit-il d'une voix dure en attrapant le poignet de son épouse et en le serrant fort.
- D-d'accord mais lâche-moi tu me fais mal.
- Excuse-moi, dit-il en la lâchant de surprise de son propre geste. Les nains ne plaisantent jamais sur ce sujet-là Aghäte. Et surtout avec Fíli.
- Pourquoi Fíli ? Il m'a expliqué les détails de l'expédition pour la Moria. Nous avons juste dîné ensemble et bu une bonne bouteille. Oh ! Tu es jaloux, n'est-ce pas ?, demanda-t-elle malicieusement.
- « Pourquoi Fíli ? », répéta-t-il en la regardant sérieusement dans les yeux et lui glissant sa main sur la joue d'Aghäte. Ne me dis pas que tu n'as jamais remarqué les sentiments qu'il a pour toi ?
- P-pardon ? Mais pas du tout ! Nous sommes juste très proches suite la reconquête d'Erebor et tes cinq années d'inconscience. Thorin, c'était juste une plaisanterie, affirma-t-elle en posant sa main sur celle que Thorin avait posé sur sa joue. C'est toi que j'aime et personne d'autre.
- Je le sais bien.
Le nain sourit affectueusement à son épouse tout en lui caressant la joue du bout des doigts. Il attira doucement le visage d'Aghäte vers lui et l'embrassa.
- Tu as dis que tu avais trouvé « une solution » pour Khazad-dûm ?, interrogea-t-il une fois le baiser fini et Aghäte allongée à ses côtés.
- Oui ! Je t'accompagne ! Enfin, Tíli et moi t'accompagnons !
- C'est hors de question.
- Ce n'était pas une question. Je pars avec vous. Nous allons tous les trois jusqu'à la Comté. Nous rendons visite à Bilbon et son petit. Ensuite, nous rejoindrons Balin à la Moria.
- La Comté n'est pas du tout sur notre chemin. Nous allons devoir faire un détour qui nous ralentira de plus d'un mois… Et Khazad-dûm n'est pas un endroit pour vous. Aghäte, tu-
Thorin s'arrêta de parler quand il vit qu'elle dormait sur son épaule. Sans se lever, il ramassa les documents qui étaient éparpillés un peu partout sur le lit. En essayant de ne pas réveiller son épouse, il souffla sur la bougie pour l'éteindre et se glissa sous les draps. À peine allongé, il sentit Aghäte se coller à lui et enfouir sa tête dans son torse. Il grogna légèrement avant de parler.
- Excuse-moi, je t'ai réveillé ?, demanda-t-il en lui caressant le haut de la tête.
- Je n'ai jamais dit que je dormais.
Malgré qu'il ne puisse pas voir son visage, Thorin savait qu'elle souriait. Il se vexa au moment où il comprit qu'elle avait fait semblant de dormir pour couper court à la conversation. Il la sentit ensuite légèrement rire et son énervement s'amplifia. Il la repoussa et la fit basculer sur le dos. Au-dessus d'elle, il pouvait voir son visage éclairé par quelques rayons de la lune. Elle souriait fièrement de sa tromperie.
- Tu es plus fourbe que je ne le pensais, dit-il avec une pointe de colère.
Pour réponse, elle avança lentement ses lèvres vers celle de Thorin et y déposa un léger baiser. Elle savait comment calmer la colère de son nain. Simple mais efficace, il se calma et s'avança vers l'oreille de la semi-humaine. Sans même avoir commencé à parler, elle sentait son souffle contre son cou.
- Tu penses vraiment t'en tirer aussi facilement ?
- Hum, oui. Cela fonctionne à chaque fois alors pourquoi est-ce que je-
Les lèvres de Thorin virent couper Aghäte. Entre son baiser puissant et ses mains se glissant sous la chemisette de nuit, elle ne put finir sa phrase. Fier d'avoir réussi à faire taire son épouse, le nain continua sur sa lancée.
...
L'organisation pour l'expédition de la reconquête de la Moria fut longue et compliquée. Les mois se transformèrent progressivement en années pourtant bien des nains se joignirent à Balin ; même Óin et Ori. Aghäte était étonnée de voir qu'à leur âge ils étaient aussi volontaires et motivés. Elle pouvait voir la même lueur de soif d'aventure dans les yeux de Balin que dans ceux de Thorin.
Ce dernier avait fini par accepter ce que voulait son épouse. Il n'avait pas vraiment le choix. Elle se prépara de son côté en parallèle de l'expédition. Matériels, derniers arrangements à la bibliothèque, lettres envoyées à Bilbon pour détailler leur venue, elle avait essayé de penser à tout. Elle avait eu le temps d'aller voir son père avec son fils. Même si Tíli n'était plus un enfant pour les yeux des humains, il l'était pour les nains et surtout les elfes. Son grand-père le couvrait de toutes sortes de cadeaux à chaque fois qu'il le voyait.
Le jour du départ, le roi Fíli vint leur souhaiter bonne chance en espérant réellement qu'ils arriveraient tous à reconquérir la Moria sain et sauf. Balin avait été mis au courant depuis longtemps que Thorin et sa famille passerait par la Comté avant de les rejoindre à la Moria.
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Le voyage jusqu'à la Comté fut long mais sans problème ; rien avoir avec le trajet inverse qu'ils avaient fait pour arriver à Erebor lors de leur quête. Après la séparation avec les nains, Aghäte sut facilement guider Thorin et son fils à travers l'Eriador. À sa plus grande tristesse, Tíli avait hérité du même sens d'orientation que son père. Après avoir évité évidemment Fondcombe sous les ordres de Thorin, ils passèrent par Bree avant d'arriver à la Comté. La semi-humaine ne voulait pas arriver les mains vides chez le hobbit.
Ils arrivèrent à la Comté un bel après-midi d'automne. Cela faisait très longtemps qu'Aghäte n'avait pas mis les pieds dans cet endroit mais elle le reconnut facilement. Il n'avait pas beaucoup changé. Quand ils arrivèrent à Hobbitebourg, Thorin ne réussit pas à trouver le chemin malgré qu'il soit déjà venu chez Bilbon. Avec l'aide d'un habitant de la ville, ils réussirent enfin à trouver la maison de Bilbon.
Lorsqu'ils toquèrent à la porte, ils virent un jeune hobbit ouvrir la porte. Il leur fit un signe de tête et les observa jusqu'à entendre une voix qu'il connaissait bien.
- Frodon. Qui est-ce ?, demanda la voix qui se rapprochait de la porte.
- Je ne sais pas, mon oncle…
- Bonjour Bilbon, c'est Aghäte. Nous sommes désolés pour le retard !
- Aghäte ! Vous n'êtes pas du tout en retard, vous-
La porte s'ouvrit entièrement laissant découvrir Bilbon qui ouvrit ses yeux en grand en les voyant. Comme s'il avait vu un fantôme, il regarda la petite famille jusqu'à ce que son neveu ne le réveille.
- Les connaissez-vous, mon oncle ?
- O-oui, ce sont des amis, dit-il les larmes aux yeux.
- Que vous arrive-t-il mon ami ?, demanda alors Thorin en souriant.
- Je ne lui avais pas dit que tu venais, lui souffla Aghäte en souriant. Et la dernière fois qu'il t'a vu, tu étais inconscient dans ton lit. Bilbon, je voulais vous faire la surprise. J'espère que vous avez de la place pour une personne de plus.
- Bien sûr ! J'ai déjà hébergé une compagnie de nains toute entière alors vous imaginez bien !, rit-il en séchant ses larmes. Venez, entrez donc.
Il laissa enfin entrer ses amis chez lui. Ils arrivaient pile à l'heure du thé !
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Quelques jours calmes et paisibles passèrent chez Bilbon. Un début d'après-midi, Thorin et Bilbon discutaient en fumant leur pipe sur le banc devant la maison du hobbit. Aghäte sortit de la maison, habillée pour la marche avec un sac à dos. Elle ferma la porte derrière elle et observa le nain et le hobbit.
- On dirait deux vieux papys, rit-elle. C'est bien la première fois que je vois Thorin aussi calme plusieurs jours de suite.
- Sans vouloir être impoli, il me semble que les années vous ont rattrapé aussi.
- Hum, c'est vrai. J'ai plus de cheveux gris que de cheveux châtains maintenant... Mon côté humain a dû reprendre le dessus depuis que je suis à Erebor, dit-elle en haussant les épaules. Où sont Frodon et Tíli ?
- Frodon fait visiter quelques coins de la Comté à Tíli, répondit Bilbon. Je ne pense pas qu'ils reviennent de sitôt.
- Parfait ! Occupez-vous d'eux pendant que je serais partie.
- Où pars-tu ?, demanda Thorin en arrêtant de fumer. Surtout avec cette dague.
- Je vais chercher un livre. J'ai appris qu'il y avait un livre rare au nord de la Comté. La dague, c'est juste au cas où.
- Au nord…, réfléchissait le hobbit.
- Ne vous inquiétez pas, je serais revenue plus vite que vous ne le pensez !
Aghäte partit sans prendre le temps d'écouter leurs réponses. À la surprise de Thorin, elle prit même un des chevaux avec lesquels ils étaient venus.
Le soir, Aghäte ne rentra pas et son fils s'en inquiéta. Son père lui affirma qu'il n'y avait aucune raison de s'en faire pour elle. Sa mère était bien plus débrouillarde qu'il ne le pensait. Bilbon lui raconta la libération de la compagnie lorsqu'ils étaient enfermés à la Forêt Noire. Il captiva aussi bien Tíli que Frodon, même s'il avait déjà entendu cette histoire. Thorin fut tout aussi attentif à cette version de l'histoire qu'il n'avait jamais entendu.
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Le lendemain, les deux jeunes partirent de leur côté tôt le matin. Frodon voulait montrer le Pays de Bouc à son nouvel ami. Thorin et Bilbon passèrent une nouvelle journée calme ensemble. Après s'être rendus à HobbiteBourg, ils s'installèrent sur le banc à fumer leur pipe, boire des bières et manger des tartelettes salées. Le soleil commençait à se coucher et Bilbon osa parler du sujet qu'Aghäte lui avait parlé dans ses lettres.
- Vous allez rejoindre Balin à, hum, la Moria, n'est-ce pas ?
- Tout à fait. Nous allons récupérer une terre qui nous appartient. Un peu d'aventure ne me fera pas de mal. Je commence à tourner en rond à Erebor, avoua-t-il en buvant une gorgée.
- « Un peu d'aventure », répéta-t-il en soupirant. Mon ami, si je peux me permettre, vous avez déjà eu une bonne dose d'aventure depuis votre naissance ; même pour un nain. Et maintenant que vous avez enfin votre « chez vous », vous repartez ? Je pensais qu'Erebor était votre foyer et votre but était d'y rester après sa reconquête.
Thorin réfléchit à tout ce que venait de lui dire son ami. Il soupira et remplit sa pipe d'herbe.
- Erebor est mon foyer. Mais je n'y suis plus à ma place. Fíli et les autres n'ont pas besoin de moi alors que Balin oui. Et avec tout ce qu'il a fait pour moi, je peux bien l'aider à reprendre Khazad-dûm !
- Hum, je pense que Fíli aura toujours besoin de vous. Il a sa mère à ses côtés mais sans vous ni son frère, j'ai peur qu'il ne soit plus perdu que vous ne le pensez. Il doit vous attendre.
Voyant que le nain ne réagissait pas, il but une gorgée de sa bière puis continua son discours.
- Une dernière chose, vous avez eu beaucoup de chance de vous réveiller après ce qu'il s'est passé lors de la bataille. En vérité, nous savons tous les deux que ce n'est pas de la chance. Vous ne devriez pas gâcher ce que vous avez pour repartir dans une nouvelle quête alors qu'Erebor a besoin de vous. Je pense qu'il n'y a pas que votre montagne qui a besoin de vous. Aghäte est certainement du même avis que moi !
Il vit son ami rire légèrement. Il savait qu'il avait raison et qu'il avait bien fait d'en parler. À sa surprise, Thorin ne s'était pas du tout énervé contre lui. Il repensa ensuite à la semi-humaine qui n'était toujours pas revenue.
- Vous ne pensez pas qu'il serait temps de s'inquiéter pour Aghäte ?, demanda le hobbit.
- Me voilà !, s'écria une voix qui arrivait par le petit chemin menant à Cul-de-sac.
Aghäte était arrivée depuis longtemps mais elle les avait laissés discuter ; surtout qu'il s'agissait du sujet qu'elle voulait que Bilbon aborde avec lui. Ne voulant pas leur avouer qu'elle s'était retrouvée à chercher un livre dans une grotte pleine de gobelins et qu'elle était blessée, elle avançait doucement vers eux. Malheureusement, Thorin comprit tout de suite que quelque chose n'allait pas. Il se leva brusquement en posant tout ce qu'il avait dans les mains pour accourir vers elle.
- Que s'est-il passé ? Où est ton cheval ?, demanda-t-il en s'arrêtant devant elle.
- Hum, je suis désolée pour le cheval…
Elle se sentait honteuse que son cheval se soit fait tuer par les gobelins. En vérité, elle avait vraiment honte de rentrer dans cet état. Elle s'agrippa à son nain pour ne pas tomber. Même si elle ne voulait pas l'admettre, elle était fatiguée et blessée.
- Mais tu es blessée ! Aghäte, explique moi !, ordonna-t-il d'une voix dure.
- Thorin, calmez-vous. Nous allons l'allonger dans un lit.
Thorin regarda le hobbit d'un air énervé qui voulait dire « Ne me dites pas de me calmer alors que mon épouse revient en tenant à peine debout ». Mais Bilbon connaissait déjà ce regard et ne se laissa pas impressionner. Il prit le sac à dos et la dague de la semi-humaine et entra chez lui.
Thorin finit par porter Aghäte et la déposer délicatement sur le lit que le hobbit leur prêtait pendant leur séjour.
Aghäte était épuisée mais toujours consciente.
- Je suis désolée pour le dérangement Bilbon.
- Ce n'est rien, voyons. Reposez-vous et c'est plutôt avec Thorin que vous devriez parler.
Le hobbit lui sourit et quitta la pièce pour retourner à l'extérieur. Thorin ne cessait de fixer Aghäte tandis qu'elle porta son regard vers lui lentement. Elle monta sa couverture le plus haut qu'elle pouvait pour cacher sa gêne.
- Aghäte, que s'est-il passé ? Je pensais que tu allais juste chercher un livre et tu reviens sans cheval, épuisée et blessée, dit-il debout en tapant du pied.
Elle lui expliqua alors ce qu'il s'était passé depuis hier pendant que Thorin l'écoutait sans la couper mais avec un regard qui se faisait de plus en plus sévère. Son récit terminé, elle attendait une réaction de la part du nain et ne fut pas déçue. Il frappa d'énervement contre un mur.
- Mais quelle idiote !, s'écria-t-il. Pourquoi es-tu parti seule dans une grotte ?!
Aghäte n'osait pas lui répondre. Il était tellement énervé et elle n'avait rien pour se justifier.
- Et s'il t'était arrivée quelque chose de grave ?! As-tu pensé à Tíli ou à moi ? Si tu n'étais plus là, je…
Thorin semblait s'être calmé alors elle prit sur elle pour lui répondre.
- J'ai peut-être vieilli mais je sais me défendre, Thorin. Je suis à moitié elfe. Demain, je serais sur pied. Et tant qu'on y est… Il va falloir que tu t'habitues à que je ne sois plus là.
Sa dernière phrase fit pivoter brusquement le nain. Il s'approcha d'elle et elle évita son regard.
- Je n'irai pas à la Moria. Fais comme il te plaira mais après notre séjour ici, je retourne à Erebor.
Elle osa finalement se confronter au regard de son époux. Il semblait toujours énervé mais aussi perdu et déçu. Il allait prendre la parole lorsque la porte de la maison s'ouvrit en grand fracas. Tíli appelait sa mère aussi fort qu'un nain pourrait le faire dans une maison de hobbit et accourut vers elle.
Thorin grogna et sortit rapidement de la maison. Leur fils s'inquiéta de la réaction de son père mais Aghäte le rassura.
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Aghäte rattrapa son manque de sommeil et guérit rapidement. Elle était en pleine forme le lendemain soir. Elle n'avait pas revu Thorin depuis leur dispute mais son fils ne restait pas loin d'elle.
Elle se leva et fit un brin de toilette avant de demander à Bilbon où se trouvait Thorin. Il lui indiqua qu'il se trouvait en haut de la colline, près de la forêt.
Elle le vit adossé à un arbre par terre. Fumant sa pipe en regardant le ciel, il l'ignora quand elle s'assit à côté de lui. Se laissant tomber sa tête sur l'épaule de son nain, elle sourit à la vue qu'elle avait devant elle : la Comté tranquille et paisible à perte de vue. Les lumières des chemins éclairaient les petites villes. Cela n'avait rien avoir avec Erebor et sa vue sur les Terres de Dale.
- Tâchons de passer les deux derniers jours ensemble sans se disputer, dit-elle doucement. Je ne sais pas quand tu reviendras de la Moria alors autant profiter de-
Elle ne put continuer sa phrase car Thorin avait posé brusquement ses lèvres sur les siennes. Au départ gênée par son geste alors qu'ils étaient dehors à la vue de n'importe qui, elle finit par lui rendre son baiser. Elle n'aimait pas se disputer avec lui alors elle était heureuse qu'il ne la repousse pas vu ce qu'elle lui avait dit la veille.
- J'ai bien réfléchi, dit-il une fois qu'il mit fin au baiser. Je vais retourner à Erebor.
- C'est vrai ?!
Aghäte ne lui laissa pas le temps de lui répondre car elle lui sauta dans les bras. Ils tombèrent à la renverse et elle ne put s'empêcher de rire. Thorin glissa sa main sur la joue de son épouse et lui sourit.
- Je ne vois pas comment tu pourrais t'en sortir sans moi à Erebor. Je t'ai laissé seule un jour et nous avons vu le résultat.
- N'importe quoi ! Si tu-
Thorin la coupa une nouvelle fois en l'attirant vers lui pour l'embrasser. Elle le laissa faire et répondit à son baiser.
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Ce n'est qu'à la fin de leur séjour que Thorin informa son fils qu'ils n'iraient pas à Khazad-dûm. Au départ, Tíli n'était pas d'accord et voulut y aller seul. Mais ses parents réussirent à le convaincre. En échange, ils devraient passer par certains endroits précis sur le chemin du retour ; comme Fondcombe, chez Beorn et même la Forêt Noire. Même si cela n'enchantait pas son père, mais alors pas du tout, il accepta. Au contraire, sa mère fut ravie de revoir Elrond et sa bibliothèque.
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Fíli ne cacha pas sa joie en les voyant revenir. Il fut bien content que son oncle soit près de lui lorsque, des décennies plus tard, la guerre de l'anneau provoqua de nombreux dégâts.
À son grand regret, le roi Fíli ne put se battre à cause de sa jambe mais Thorin et son fils prirent part à la bataille contre les Orientaux. Dale fut totalement détruite une nouvelle fois et son roi Brand périt avec elle. La bataille dura trois jours et les pertes furent nombreuses autant pour les Hommes de Dale que pour les Nains. Dáin pleura la perte de son fils Thorin III, héritier du trône. Les Hommes de Dale finirent par se réfugier chez les Nains.
À la chute de Sauron, les Nains et les Hommes de Dale retrouvèrent leur courage et leur motivation pour se battre. Ils vainquirent l'envahisseur et ainsi leurs royaumes retrouvèrent enfin la paix.
Le Quatrième ge annonça la fin des elfes sur la Terre du Milieu. Aghäte choisit de rester aux côtés de sa famille et vieillit avec elle. Thorin et Aghäte ne quittèrent jamais Erebor. Après de nombreuses décennies, la vieillesse emporta Thorin. Malgré son chagrin, Aghäte resta plusieurs longues années à Erebor avec son fils avant de s'éteindre à son tour.
Conformément aux souhaits du roi Fíli, Tíli hérita du trône à sa mort. En dépit des opposants au nouveau roi, il se fit une place et continua à faire prospérer la paix dans la montagne et ses environs.
Fin
