Chapitre 41 – Minuit
Après ma discussion avec Alice, je sentais ma volonté faiblir. Je me sentais vouloir aller de l'avant, oublier le chagrin et la peine quelques heures le temps d'une soirée.
Une grosse et belle soirée pour fêter la nouvelle année.
J'avais vraiment dû insister pour qu'Edward partes ce soir, qu'il ne participe pas à cette soirée et sortes avec ses amis. Je savais que Garrett l'appelait tous les jours, lui demandant de venir. C'était devenu une sorte de meilleur ami pour lui depuis qu'ils habitaient ensemble. Il ne voulait pas aller à cette soirée seul.
Edward m'avait dit que son ami aimait beaucoup une fille qui faisait également des études de piano. Il avait besoin de lui et de soutien pour lui parler et tenter quelque chose avec elle.
Je ne voulais vraiment pas laisser Edward ici alors qu'il avait une autre vie à présent. Il vivait avec de nouveaux amis, il avait un nouvel emploi du temps…
Il me laissait encore une trop grande place dans sa vie mais je ne sais pas si je la mérite vraiment. C'est vrai, pourquoi vouloir rester avec moi alors que sa vie prend un nouveau tournant ? Je le sens, ça ne va plus durer… à quoi bon tenir à des chaines brisées…
Je me souviens de ce soir d'été il y a quelques mois de cela. Nous nous étions baladés dans les bois, longeant la rivière en face de sa villa. L'eau était claire, le courant était faible. L'eau s'écoulait lentement vers sa source.
La lumière de la lune se reflétait sur l'eau, l'ensorcelant et lui donnant cette nouvelle lueur mystique.
Main dans la main, nous nous baladions. Ses yeux étaient brillants et le vert s'étincelait grâce à cette merveilleuse et scintillante lune.
« Pourquoi me regardes-tu ainsi ? » m'avait-il demandé.
J'avais rougi et baissé la tête.
« Tes yeux. » avais-je répondu.
Du coin de l'œil, je le vis sourire. Il avait exercé une pression sur ma main et je m'étais retournée vers lui. Il avait posé sa main contre ma joue et déposé ses lèvres sur les miennes.
Le baisé s'était approfondi et nous nous étions assis sur l'herbe fraiche, face à la lune et à la rivière.
« Tu es aussi belle que ce ciel éclairé par la lune, » avait-il déclaré. « Tu étincelle ma vie tout comme ce satellite étincelle ce ciel noir. Sans toi, c'est ce que je suis. Vide. »
« Arrête de dire des bêtises. »
Il avait souri et m'avait derechef embrassée. Rapidement, notre baiser devint plus passionné et nous finîmes enlacer l'un dans l'autre, s'aimant âme et corps face à ce sublime spectacle naturel que nous offrait la lune.
Une fois terminé, nous restâmes couchés quelques minutes. Ma tête reposait contre sa poitrine tandis qu'il jouait avec ses mains dans mes cheveux.
« Ne doutes jamais de la profondeur de mes sentiments. »
Il avait murmuré ses mots, murmuré ces paroles, si basses que je pensais avoir rêvé.
Aujourd'hui, je ne vois plus cette lune. Des nuages gris m'empêchent de revoir ce spectacle. Pourtant, je ne peux m'empêcher de repenser à cet instant, cet instant où Edward et moi avions fait l'amour au clair de lune, cet instant où je compris… Il m'aimait, il m'aimait vraiment, sincèrement, profondément et la seule chose à laquelle je pense est que nous tout nous sépare.
Le temps, la distance, la vie… il était entré dans ma vie, m'avait changé, m'avait ouvert l'esprit, m'avait ouvert les yeux, avait réussi à remonter mon estime personnelle, avait réussi à me sentir belle, aimable, désirable… humaine.
C'était la plus belle personne que je connaisse, la seule qui ne mérite pas de souffrir, la seule qui mérité l'amour du monde entier, qui ne mérite que des réussites. Il ne mérite que le meilleur… je ne peux lui offrir cela.
J'ai beau avoir une meilleure estime, j'ai beau me sentir mieux dans mon corps je ne peux imaginer être destinée ou même être digne de cet être si noble, si… parfait.
Il valait mieux que cela, mieux qu'un demi-amour que nous vivions. Je n'étais pas à sa hauteur, n'importe qui pouvait le voir.
Il faisait très froid ce 31 décembre. Je sentais mes larmes coulées le long de mes joues, songeant à mon épiphanie et à quel point la décision que je venais prendre allait le faire souffrir. Je l'imaginais, cependant, aux bras d'une merveilleuse fille. Une fille belle, forte et capable de s'occuper de lui.
C'était un amant gentil et attentionné. Il trouverait une fille capable de lui donner ce dont je ne pense pas être capable un jour. De lui donner autre chose que du malheur et de la rancœur.
Oui, il ne sera pas difficile pour lui de trouver cette fille. Ou plutôt, cette fille saura le trouver.
Une nouvelle larme brula ma joue et je hoquetais bruyamment. J'était incapable de lui donner quoi que ce soit, surtout si loin de lui, si loin. Toutes mes défenses cèdent et je me retrouve inutile. Je n'ai pas assez confiance en moi pour survivre à cette relation à distance.
Je la lui avais demandée, j'étais persuadée d'être à la hauteur mais au final… peut-être que je n'ai pas tant changé que cela parce que je me sens toujours aussi nulle et… insignifiante.
Je tenais dans ma main ce collier, celui qu'il m'affait offert il y a de cela un an. Depuis, il n'a jamais quitté mon cou. Jamais je ne pourrais m'en défaire, j'espère qu'il me le laissera… mais il appartenait à sa mère. Je devrais le lui rendre. Je ne peux garder ce cadeau… il a bien trop de dignifications.
Le lui donnerais-je ne signe de rupture ?
« Bella ? »
Une voix féminine me sortit de ma torpeur. Je frottais rapidement mes yeux et me retournais.
« La soirée à commencer ? » demandais-je, essayant de paraitre joyeuse.
« Oh Bella ! » elle vint me prendre dans ses bras. « Tout va bien ? »
J'haussais les épaules. Alice savait mieux.
Je ne voyais plus ce ciel éclairé par la lune.
« Viens, la soirée a déjà commencée. Tu ne dois pas t'inquiéter, Edward comprendra. »
Alice m'avait dit qu'il avait déjà deviné qu'une chose n'allait pas, il voyait surement les choses venir.
« Allez, on va s'amuser. Laisse tes problèmes pour demain matin ! »
Je ris, Alice avait toujours une manière très personnelle d'appréhender les choses.
Une fois le spleen passé, la bonne humeur contagieuse de la fête s'abattit sur moi.
Je voyais mes amis, Mike vint directement vers moi et me prit dans ses bras. Nous travaillons encore ensemble à la bibliothèque cette année et depuis septembre nous nous étions beaucoup rapprochés.
Senna dansait avec sa petite-amie, une fille qui faisait des études d'histoire. Avery, je pense. C'était une gentille fille.
Angela discutait avec Ben, un verre à la main. Ils souriaient et semblaient bien s'amuser.
« Tu veux danser ? »
Je grimaçais. Il rit.
« Je le savais. »
Il me prit la main et m'entraina au centre de la… piste. Enfin, au centre du salon, en vérité.
« Mike… »
« Je sais. On peut faire du sur-place. »
Je souris en regardant mes pieds. Il connaissait mes pauvres talents en danse, je lui en avais parlé lors de nos soirées à ranger des livres mais il n'avait jamais été témoin du désastre. Comme prévu, je ne mis pas longtemps avant d'écraser son pied avec un de mes talon, bien que pas très grand, j'ai vraiment dû lui faire mal.
« Désolée, je… »
« T'inquiètes. Ca ne fait même pas mal. »
Je le regardais, l'air de dire vraiment ?
Il rit.
Mike était quelqu'un d'agréable. Simple. Il partageait la classe d'Avery en histoire – c'est lui qui l'a présenté à Senna.
C'était quelqu'un de simple et j'appréciais. Tout était tellement… facile avec lui.
Quelques heures plus tard, je sortis prendre l'air. J'étais plus heureuse qu'en début d'après-midi et moins soucieuse. Je ne pensais plus aux conséquences de mes actions.
Actions qui n'avaient pas encore été faites, d'ailleurs.
En sortant, je vis Jacob en train de fumer avec Emmett. Fumer ?
Ils riaient et parlaient. Emmett remarqua ma présence.
« Hé Bella ! Mais, il est où Ed ? »
Il s'approcha de moi et me fit une énorme accolade.
« Il t'a encore lâché ? » s'indigna Jake.
Je roulais les yeux au ciel devant sa remarque.
« Je lui ai dit de partir, » avouais-je. « Je ne voulais pas qu'il loupe une soirée avec des amis. »
Jacob se tendit et leva ses épaules. Il allait dire quelque chose mais Emmett le coupa à temps, sentant probablement la tension.
« T'a bu, Bella ? »
Je ris, directement.
« Non ! Plus jamais ça ! »
Il éclata de rire, même Jacob esquissa un sourire.
« Allez, t'étais plus marrante la dernière fois. »
Il tira sur sa cigarette avant d'hausser un sourcil.
« T'en veux ? »
« Emmett ! »
« Bah quoi ? »
« Non ! Je n'en veux pas. »
« Ca va te détendre ! »
Je roulais les yeux au ciel.
« Je te signale que mon père est flic, il pourrait t'arrêter s'il savait ce qu'il y a dedans. Et il me tuera s'il l'apprend ! »
« Oh je vois, Bella respecte les lois. »
Je lui tirai la langue.
Jacob se mit à rire.
« Quoi ? » soupirais-je.
« Tu n'avais pas l'âge légal pour boire l'année dernière. Il ne t'a pas tué pour autant. »
Je rougis.
« Il n'a jamais été au courant. »
« Je m'en doute ! Tu veux danser ? »
« Je ne sais pas, tu le sais bien… »
« Je te rattraperai. »
Vaincue, il me prit la main et m'entraina vers le centre de la pièce. Il plaça ses mains sur ma taille et je mis mes bras autour de ses épaules. Nous bougions doucement au rythme de la musique.
« Tu es très belle ce soir. »
« Merci. »
Je rougissais. J'avais encore du mal avec les compliments, surtout lorsque des yeux sincères me regardaient.
« Sérieusement, Edward à tort de te laisser seule. Il n'imagine pas la chance qu'il a de t'avoir… »
« Je suis la chanceuse dans cette histoire. C'est vraiment quelqu'un de bien. »
« Tu l'es aussi. »
Son regard, ses yeux dorés me prenaient au piège. Je ne pouvais détourner mes yeux, ils étaient absorbés par la couleur si particulière de ses prunelles.
Son visage s'approcha du mien, jusqu'à ce que son front vint se coller au mien. Ses lèvres étaient à quelques centimètres des miennes, si proches, si douces…
Il rapprocha encore son visage, plus près. Je sentis mon cœur battre la chamade. Je savais ce qu'il voulait faire mais et moi ? Le voulais-je aussi ?
« 5 ! ... »
Le cri strident d'Alice au micro donnant le décompte des secondes avant cette nouvelle année me remis les idées en place. Je ne voulais pas embrasser Jacob, je savais qu'il ressentait quelque chose pour moi mais… non, ce n'était pas réciproque. Avec ou sans Edward, Jacob restait un ami.
« 4 ! ... »
Je me reculais violement de son étreinte.
« Bella… » s'indigna-t-il.
« Désolée, Jake. Je… »
« 3 ! ... »
« C'est à cause de lui ? »
« Non ! Je… je ne ressens pas la même chose pour toi. »
« 2 ! ... »
Sans attendre d'explication supplémentaires, il se recula et partit de la maison. Pantoise, je ne savais plus bouger, j'étais perdue.
« 1 ! ... »
« Bonne année ! » me murmura Mike dans les oreilles.
Un millième de seconde plus tard, toutes les personnes présentes à la fête crièrent « bonne année » également. Les couples s'embrassèrent, les amis se faisaient des accolades.
Je souris en voyant Mike à mes côtés et le pris dans mes bras. C'était la première personne que je voyais en cette nouvelle année, je me demandais comment les suivantes allaient se dérouler.
Il m'embrassa la joue et me fit un beau et grand sourire.
Dans ma poche, mon téléphone sonna.
J'avais un message.
Bonne année ma belle, qu'elle soit douce et merveilleuse. Je t'aime, Edward.
Je pris une grande inspiration et retins une nouvelle larme. J'avais une grande décision à prendre…
