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Chapitre 42

— Merci d'être venue, souffla Konan en ouvrant la porte à son ex-belle-mère qui pénétra dans la maison avec une grimace mécontente. Désolée d'avoir dû t'appeler si tôt.

— Pourquoi tu n'as pas demandé à mon fils ?

Konan grogna en laissant entrer Fusô qui balaya les pièces du regard et les sonda. Les cartons s'accumulaient un peu partout, certaines choses n'étant pas encore emballées. Sa bru l'entraîna dans la cuisine où régnait une ambiance de chantier au milieu de laquelle trônait un tas de médicaments.

— Yahiko m'a dit que Nagato était sur une enquête tendue, ces temps-ci. J'ai préféré faire autrement pour qu'il puisse se concentrer.

La grand-mère de Mikan pinça les lèvres. Ça, c'était la femme qu'avait épousée son fils. Prévenante, un peu brute dans sa façon de s'exprimer, comprenant l'importance du métier exercé par Nagato, ayant à cœur de l'alléger dès qu'elle le pouvait en sachant qu'il le lui rendrait sans qu'elle n'eût besoin de demander.

— Elle dort encore, spécifia Konan en jetant un œil sur le plafond. La nuit a été très mauvaise, elle a fait beaucoup de fièvre. Elle mange peu et ne garde pas vraiment ses repas. Je te fais un café ?

Elle avisa l'horloge qui lui indiquait qu'elle avait encore le temps de partager un repas avec Fusô avant de partir. La vieille dame lui sourit, posa ses doigts sur son poignet pour saisir son regard.

— Je m'en occupe, va. File te préparer.

Konan déposa un baiser sur le front de son ex-belle-mère en souriant.

— T'es la meilleure. Tu m'en prépares un aussi, s'il te plaît ? Je reviens dans cinq minutes.

Fusô la regarda disparaître par l'entrebâillement de la porte, laissant un soupir franchir ses lèvres. L'âge aidant, elle ne dormait plus beaucoup et était fréquemment éveillée vers quatre heures du matin. Quand le téléphone avait sonné, résonnant dans la maison et la faisant sursauter, elle avait su que quelque chose n'allait pas. Son cœur s'était emballé et elle avait imaginé son fils à l'hôpital, comme c'était si fréquemment arrivé lorsqu'il servait dans les forces spéciales.

À vrai dire, la doyenne était heureuse que son enfant eût choisi de ne plus suivre cette voie. Elle n'en pouvait plus de s'inquiéter, de se figurer que le pire était arrivé, suffoquant à chaque fois qu'elle entendait « Nagato est à l'hôpital ».

Cette fois-là, cependant, Konan avait murmuré un « Excuse-moi de te déranger, c'est Mikan, elle ne va pas bien du tout… ». Alors Fusô avait rappliqué, prenant sa vieille voiture bien que Nagato lui eût demandé de ne plus le faire, parce qu'il avait peur que l'engin ne tombât en panne, la laissant au bord d'une route déserte pendant des heures.

La mère de Nagato ne comprenait vraiment pas. Les quelques minutes qu'elle venait de passer avec Konan semblaient être comme au bon vieux temps. Cette femme-là avait tout en commun avec celle qu'elle avait connu toutes ces années et rien à voir avec celle qui s'était tenue dans une salle d'audience, bien décidée à ruiner son ex-mari.

Les dernières gouttes s'écoulèrent dans les tasses et elle soupira une nouvelle fois en les déplaçant sur un bout du comptoir encore dégagé. Konan ne tarda pas à revenir, charriant avec elle une odeur de savon et de parfum.

— Merci, lança-t-elle, reconnaissante, en direction de Fusô en s'installant près d'elle. Quelle semaine, j'ai l'impression que ça n'en finit pas… On a une épidémie de grippe bien méchante qui s'est déclarée, cumulée à l'ouverture des stations de ski, c'est infernal. En plus, en ce moment, Yahiko est sur quelque chose d'épineux et il s'est couché très tard… hier… soir… Pardon.

Sa voix avait décru au fur et à mesure que Fusô la foudroyait du regard et sa phrase se termina dans un murmure presque inaudible. Konan finit par exhaler, ouvrant et fermant la bouche plusieurs fois, avant de prononcer :

— Comment va-t-il ?

Fusô écrasa le sucre imbibé de café au fond de sa tasse puis elle cilla.

— Si tu veux que je sois totalement honnête avec toi, votre divorce, il s'en remettra bien plus facilement que de la perte de Yahiko. Il a déjà tourné la page de votre histoire, presque.

Konan grimaça et son ancienne belle-mère jappa pendant qu'elle répondait :

— Je suis contente pour lui, alors, c'est une bonne chose… Il a rencontré quelqu'un ?

— À part cet horrible colocataire, tu veux dire ? Non.

L'infirmière avala une gorgée de café avant de reposer la tasse dans sa soucoupe et d'énoncer, prudente :

— Hormis sa profession, Itachi n'est pas si horrible.

Elle déglutit, affrontant le scepticisme de Fusô, caractérisé par un pli entre ses sourcils et ses lèvres qui disparaissaient presque tellement elle les serrait.

— Je t'assure, insista-t-elle. Pas le gendre idéal, je te l'accorde.

— C'est rien de le dire, s'offusqua Fusô. S'il était question de l'avoir pour gendre, je signifierais à mon fils toute la désapprobation que j'éprouve à cette idée. J'ai cherché sur l'internet qui était ce… Tsuki… Grand mal m'en a pris ! Il est de toute évidence beau garçon, mais… Il est obsédé de la fesse et je ne conçois pas que mon enfant puisse s'acoquiner avec une personne de ce genre.

L'autre garda le silence. À vrai dire, elle était relativement convaincue que son ex-mari s'était attaché à son colocataire, presque comme à un fils. Ce ne serait guère étonnant, Mikan parlait souvent d'Itachi comme étant un grand frère.

Elle finit par pincer les lèvres. Si jamais elle n'en avait pas eu la certitude, le comportement de Nagato, avec cette histoire de chat, avait achevé de la persuader : elle savait qu'il n'avait pas tant insisté uniquement pour leur fille. Une part d'elle affirmait qu'il avait voulu épargner un chagrin à son colocataire. Et bon, Itachi avait marqué des points auprès d'elle, en appréciant autant les animaux. S'il devait devenir le nouveau frère de sa fille, elle aimait mieux que ce fût quelqu'un de bien. Et elle se fiait au jugement de Yahiko, aussi.

Son compagnon avait affirmé qu'Itachi était sec, mais loyal, incisif, mais tendre.

Et de toute façon, elle n'avait pas vraiment son mot à dire. Tant que l'homme ne mettait pas Mikan en danger, il n'y avait aucune raison de s'insurger.

À la condition, bien sûr, d'accepter de fermer les yeux sur sa façon de gagner sa vie.

— Peut-être que Nagato essaie de le sauver ? proposa-t-elle. Ce serait bien son genre de vouloir sauver un jeune homme de l'industrie du X.

— C'est vrai, s'attendrit Fusô. Il est comme ça, mon fiston, toujours prêt à se salir les mains pour aider les autres. C'est pour ça qu'il voulait devenir policier, quand il était petit. Il voulait protéger ceux qui ne pouvaient pas le faire eux-mêmes. Alors tu penses qu'il prend ce jeune sous son aile pour le faire arrêter de jouer dans ces films avilissants ?

Fermement, Konan hocha la tête. Bien sûr. Et c'était certain, il y arriverait.


— Jusqu'à deux heures du matin, énonça Yahiko d'une voix d'outre-tombe en se laissant tomber sur la chaise à sa disposition.

Il réprima comme il put un profond bâillement, puis il examina les visages de ses partenaires de méfait. Nagato n'avait pas l'air mieux que lui, il paraissait plus pâle qu'à l'accoutumée, sa tasse de café était déjà salie et les cernes noirâtres qui cerclaient ses yeux semblaient encore pires que la veille.

Kakashi, quant à lui, était anormalement frais et dispos, comme s'il avait l'habitude de veiller jusqu'à des heures indécentes à s'user les rétines sur un écran couvert de culs nus. À la réflexion, c'était probablement le cas. Fourbu, le lieutenant des forces spéciales s'étira, faisant claquer ses vertèbres et son subordonné s'amusa :

— Tu es drôlement cassé, pour avoir un peu veillé, t'es sûr d'être encore apte pour les forces spéciales ?

— Le problème, c'est que ça commence à faire un moment que j'ai pas pris une bonne nuit de sommeil, contra Yahiko en bâillant de nouveau. Je pense que j'ai assez vu de bite pour le reste de ma vie, là.

Il tendit sa clé USB à Nagato pour lui donner les dernières vidéos et l'inspecteur s'empressa d'ouvrir le dossier et le fichier, ajustant le volume pour éviter que les couinements désagréables et surjoués des acteurs ne s'entendissent dans tout le commissariat. Le temps que l'ordinateur procédât, Yahiko étendit ses jambes, glissa ses mains dans ses poches.

— Il y a bien quelque chose à la minute 25. J'ai repéré un spectateur agressif, précisa-t-il, c'est le seul dans son périmètre à avoir cette gestuelle. Mais y a un hic.

— Évidemment qu'il y a un hic, commenta Kakashi, ce serait trop facile si tout se passait comme sur des roulettes. Le côté positif, c'est qu'on est terriblement bons pour gérer les imprévus.

Nagato et Yahiko hochèrent la tête avec conviction, le premier sentant son regard être happé par les images qui commençaient à défiler sur l'écran. Il plissa les paupières et s'approcha plus près, sondant le côté de la foule sur la droite, une silhouette se tenait dans une posture de rejet, tendue et de dos.

Il ne mit pas longtemps à comprendre quel était le hic dont parlait Yahiko et, se repositionnant dans le fond de son siège, il grogna.

— Retour à la case départ. Ça nous aura avancés à rien.

Sur l'image que Kakashi mit en pause, l'homme s'était tourné vers celui qui filmait, une capuche rabattue sur la partie supérieure de son visage, ne laissant voir qu'une trace un peu plus sombre sur son menton.

— J'ai essayé de chercher le type sur l'autre vidéo, mais il n'y a rien, je ne le trouve pas. Il devait probablement se déplacer pour tenter d'esquiver l'objectif des caméras. Il ne veut pas être vu.

— En plus, la vidéo côté coulisses que j'ai, cette partie du public est totalement cachée par une paire de fesses, grogna Nagato en se massant les yeux doucement. On n'est pas plus avancés qu'hier.

Il finit par se redresser, posant les coudes sur son bureau, liant les doigts, alors que Kakashi se mettait derrière lui, un pied en appui contre les murs, les bras croisés.

— Au moins, maintenant, commenta l'homme masqué, on est certains du sexe de la personne.

— Génial, grommela Yahiko, ça progresse vite !

Il soupira, frottant son visage avec dépit.

— Bon, j'exagère, c'est bien d'avoir confirmation qu'on ne fait pas fausse route aussi. Et ça nous apprend aussi qu'il n'aime vraiment pas les caméras. Il les a évitées avec brio, à part ce moment. On a donc affaire à quelqu'un qui sait se montrer discret.

— Un professionnel ? demanda Nagato et Kakashi secoua la tête.

— Non, je ne pense pas. Probablement quelqu'un d'un peu parano. Ou quelqu'un qui a honte de s'être trouvé là et qui préfère ne pas être reconnu.

Nagato attrapa un morceau de papier et nota les éléments en colonne, tapotant rapidement la gomme au bout de son crayon contre le bois de son bureau. Il allait rajouter quelque chose quand la porte s'ouvrit à la volée sur le commissaire qui prit une pause pour les observer tous tour à tour.

— Ça a intérêt à être une discussion de travail, gronda-t-il.

Discrètement, Nagato fit glisser le curseur de sa souris jusqu'à la croix qui ferma la vidéo, alors que Yahiko se levait pour saluer leur supérieur et le rassurer.

— Oui. On était sur les entrepôts, là, on allait faire un topo à Nagato.

Ce dernier hocha la tête avec fougue, Kakashi présentant son air le plus innocent possible au commissaire qui les examina une fois de plus avec toute la minutie dont il était capable. Le problème était qu'il avait toujours été infoutu de repérer les moments où Nakamura et Uzumaki faisaient une connerie en sachant parfaitement être en train de merder ou quand ils faisaient une connerie de bonne foi. Et si on rajoutait Kakashi dans l'équation, ça pouvait devenir particulièrement épicé.

Alors, bien sûr, l'unité de Nakamura ne brillait pas par ses performances, ces temps-ci, mais Hanzô n'oubliait pas qu'il avait devant lui quelques-uns des meilleurs éléments de son commissariat.

Il fit claquer sa langue, leur accordant une nouvelle fois le bénéfice du doute, sachant très bien qu'il allait le payer à un moment. D'un mouvement d'épaule, il se dirigea de nouveau vers le couloir, ordonnant sèchement à Nakamura et Hatake de le rejoindre dans son bureau.

— Et, Uzumaki, laissez tomber l'entrepôt, ce ne sera pas nécessaire.

— Oui, commissaire, approuva Nagato.

Kakashi et Yahiko évacuèrent son bureau en prenant garde à tout laisser en ordre en sortant, lui demandant discrètement de les tenir informés. Quand la porte claqua, il soupira, ses yeux exténués se portant sur le plafond. Il ignora le texto que sa mère lui envoya – il ne savait pas ce qu'elle avait, depuis le matin, elle avait l'air décidée à le couvrir d'affection numérique – puis il pinça les lèvres, son regard se floutant.

La trace sombre sur le menton du suspect lui était vaguement familière, sans qu'il pût pourtant identifier avec précision où il l'avait remarquée, s'il ne la confondait pas avec quelque chose d'autre et si ça valait la peine de s'attarder dessus.

Au vu de la qualité plus que médiocre de l'image – la caméra du téléphone qui filmait n'était pas adaptée à ce genre de prise de vue –, il n'était même pas réellement sûr que ce soit une cicatrice. Ça pouvait être une simple tache de la vidéo, ou encore un tatouage, un piercing… La cicatrice en forme de croix était la première chose à laquelle il avait pensé, mu par une intuition qu'il n'aurait pas pu expliquer.

Itachi aurait sûrement parlé de l'instinct des inspecteurs, avec beaucoup d'enthousiasme, mais ça ne servait pas à grand-chose si l'étincelle de génie n'allumait pas un feu magique qui résolvait l'enquête d'un coup.

En l'état actuel des choses, il n'y avait strictement rien qui s'enclenchait. L'inquiétude prenait le pas sur la fatigue qu'il éprouvait, il arracha ses yeux au plafond et saisit son mobile, expédiant une courte, mais affectueuse réponse à sa mère, lisant rapidement le SMS qu'il avait reçu de son colocataire : « Ce soir, je te propose de regarder Le Diable Aux Trousses, c'est un polar un peu daté, mais qui vaut le détour. Et j'ai proposé à mes amis de déjeuner avec nous, dimanche prochain, vu que Mikan rentre l'après-midi. J'espère que ça ne te dérange pas ? »

Il accepta le tout avec un sourire, se rappelant qu'il avait promis à Itachi de regarder un film en sa compagnie.

Quand l'alarme de son téléphone sonna, il se secoua, empoigna ses dossiers et se dirigea à la hâte vers l'ascenseur, pour sa réunion de service. Malheureusement, il avait également son vrai travail qui l'attendait.


La porte d'entrée de la résidence Phénix claqua durement derrière quand il passa le seuil, environ un quart d'heure après Itachi. Nagato traîna des pieds jusqu'au comptoir d'Asuma, attendant que la propriétaire qui discutait avec lui se fût éloignée vers l'ascenseur avant de prendre la parole :

— Bonsoir, Asuma.

— Bonsoir, inspecteur, vous avez l'air lessivé.

Nagato esquissa un vague sourire. La journée avait été longue. La réunion avec son service lui avait durement rappelé qu'il n'était plus dans les forces spéciales et les discussions s'étaient attardées en considération inutile, lui donnant l'impression de perdre son temps. Il avait écopé une affaire d'arnaque à la carte bancaire dont il se serait bien passé, en plus.

Aux environs de seize heures, sa mère l'avait appelé, une drôle de culpabilité dans la voix et elle avait fini par lui avouer que Mikan avait attrapé une angine et qu'elle était clouée au lit. Quand il s'était inquiété, elle l'avait rassuré en disant que c'était elle qui s'occupait de sa petite-fille, qu'elle avait débarqué le matin chez Konan – malgré lui, quelque chose avait remué au fond de sa poitrine et son cœur s'était serré.

— La journée n'a pas été de tout repos, confirma-t-il. Et j'ai veillé tard cette nuit. Les quarante-et-un ans, c'est… Je me souviens de mes vingt ans, quand je pouvais faire des nuits blanches sans problèmes, avec nostalgie.

Asuma eut un rire et hocha la tête, retirant son bâton de réglisse d'entre ses dents.

— Je vous comprends, mes vingt ans sont loin aussi.

Il abaissa soudainement la voix.

— J'ai une théorie sur le moyen utilisé par notre corbeau pour passer outre les caméras de sécurité.

Il continua aussitôt que l'inspecteur Uzumaki lui parut plus alerte.

— J'ai réexaminé les vidéos. Je dois avouer que l'idée que quelqu'un connaisse avec exactitude l'emplacement de nos caméras et leurs mouvements, ça m'inquiétait. J'ai remarqué qu'aux dates auxquelles ont été reçues les lettres, je voyais des personnes s'approcher des boîtes. Comme elles n'avaient pas l'air d'être méfiantes, mais au contraire plutôt détendues, et comme ce ne sont jamais les mêmes, je n'y avais pas prêté attention.

Nagato hocha la tête. Lui aussi avait remarqué ces passages, mais vu la quantité de courriers et la teneur de ceux qui l'intéressaient, il avait également essayé de repérer des personnes mal à l'aise, qui tentaient de ne pas être vues, qui paraissaient en colère. Haussant les sourcils, il incita le gardien à reprendre.

— À vrai dire, je ne pense pas qu'il ait pu connaître les angles morts des caméras, ni même les esquiver. Je pense qu'il demande à quelqu'un d'autre de déposer la lettre. Comme un idiot j'ai jeté les premières enveloppes et les gants étaient déjà de nouveau de sortie quand j'y ai pensé.

— De toute façon, excusa Nagato, ça nous aurait probablement conduits sur une fausse piste, les empreintes des émissaires. C'est plausible… Ce serait donc quelqu'un qui inspire la confiance et dont on ne se méfie pas de prime abord.

— Ce n'est qu'une théorie, affaiblit Asuma, je ne suis pas un enquêteur.

— Théorie ou pas, j'avance tellement lentement que je prends. Je le garderai dans un coin de ma tête, je vous remercie.

Il finit par prendre congé, s'engouffrant dans l'ascenseur en frissonnant de fatigue. Quand il passa finalement la porte de son appartement, il eut un temps d'arrêt : la pièce principale était plongée dans le noir, quelques points de lumières émergeant des flammes de bougies répandues partout dans le salon, le film prévu était déjà prêt à être diffusé.

Il s'avança légèrement, retira ses chaussures, déposa son manteau sur la patère qui lui était assignée, puis il dirigea ses yeux vers son colocataire qui était en train de finir d'allumer des chandelles.

— Tu es déjà rentré ? demanda Itachi avec un sourire. Je ne t'attendais pas avant encore un quart d'heure, au moins.

— Oui, j'ai des heures à récupérer, ces temps-ci et je suis fatigué.

— Tu t'es endormi tard hier soir, commenta Itachi en s'approchant. J'ai vu de la lumière filtrer sous ta porte quand je me suis relevé.

— J'ai un dossier épineux, en ce moment, esquiva Nagato. Soirée cocooning ? dévia-t-il en désignant le salon et les bougies.

Itachi hocha la tête, sourit, puis se dirigea vers les escaliers.

— Oui. Nous avons eu des émotions, cette semaine.

Nagato lui présenta sa meilleure moue sceptique et Itachi se détourna, la joue creusée par une fossette amusée.

— J'ai eu une semaine riche en émotions, corrigea-t-il. J'ai terriblement besoin d'une soirée canapé, films et nourriture commandée.

Il disparut dans sa chambre, probablement pour enfiler sa tenue de nuit, et Nagato se dit que c'était une bonne idée.

Ils passèrent une soirée agréable, Nagato étant plus sensible à la vieille esthétique des polars qu'aux codes récents. Ce fut Itachi qui s'endormit avant la fin, cette fois-ci et le policier hésita : devait-il le réveiller pour qu'il allât dormir dans sa chambre ? Devait-il le laisser dormir dans le canapé ?

Il choisit la seconde option, calant un coussin sous la nuque de son colocataire et le recouvrant d'un plaid bien chaud. Il l'observa un instant, un brin de contrariété passant sur son visage quand il se replongea dans les rares éléments qu'il possédait de l'enquête.

— Je te jure que je te sauverai, murmura-t-il pour lui-même.

Il refusait de le perdre. Cette idée était parfaitement intolérable.

Il resta encore quelques minutes à écouter la lente respiration, puis il finit par se lever et rejoindre son propre lit.


À bientôt !