Jour 740
— Est-ce que vous m'entendez ?
Ce fut par cette première phrase que l'esprit anesthésié d'Hashuba Shôta tenta de sortir de l'état dans lequel il se trouvait depuis plusieurs heures. Pour le concerné, la voix lui semblait tellement lointaine, il avait cette impression d'être au fond de l'eau ce qui ne permettait pas aux ondes sonores d'être entendues normalement.
Au fur et à mesure que sa conscience revenait à la normale, le Daimyô prenait conscience lui aussi de son état, il réalisa qu'il faisait sombre et brumeux, comme si un brouillard épais avait été placé devant ses yeux. Sa gorge était sèche et une irrésistible envie de boire l'assaillit également.
Il avait cette sensation d'être au beau milieu d'un rêve et de ne pas réussir à en sortir. Il voulait se mouvoir mais n'en trouvait pas la force, comme si un poids l'en empêchait.
— Vous m'entendez ?
Encore cette voix.
Hashuba se demandait qui cela pouvait bien être. Il avait l'impression de connaître cette personne, mais n'arrivait pas à mettre un nom dessus et ce même si la voix avait été moins éloignée que la première fois qu'il l'avait entendue.
Ne parvenant pas à se reveiller, Hashuba se concentra sur son corps. Mais en faisant cela, il ressentit une immense fatigue le gagner tant l'effort demandé l'épuisa... comme s'il venait de courir un marathon. Comment un simple sommeil pouvait autant être difficile d'en sortir ? Le Daimyô ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait.
— Daimyô-dono ?
La voix l'interpella encore et cette fois-ci, il sut que c'était à lui qu'on s'adressait. Pendant un instant, il s'était demandé s'il n'était pas en train de rêver car il avait déjà connu une sensation similaire mais le cas échéant il n'avait jamais eu de difficultés à se sortir de cet état de veille.
Puis, une pensée lui parvint : était-il mort ? Mais le peu de logique que son cerveau arrivait à aligner en l'état actuel des choses lui fit se dire que rien ne pouvait justifier une telle possibilité.
Il voulut alors répondre à l'interpellation de cette voix, mais là aussi l'effort de parole était immense. Il concentrait son esprit pour essayer de coordonner sa pensée et les muscles de sa bouche et de ses cordes vocales.
— H-hai ? Souffla Hashuba d'une manière pratiquement imperceptible.
— Si c'est trop difficile de parler, serrez ma main, expliqua la voix qui se faisait de plus en plus claire.
Maintenant que la voix le disait, Hashuba réalisa qu'effectivement quelqu'un lui tenait la main droite et que cette personne exerçait une légère pression dessus. Cette main était douce, délicate et ne pouvait appartenir qu'à une femme. Mais là encore, faire une faible pression des doigts lui parut tellement compliqué qu'il eut l'impression d'être en décalage entre la volonté de son cerveau et l'exécution des mouvements de son corps. Mais il parvint tout de même à signaler à la personne qui attendait une réaction de sa part qu'il l'entendait.
— Bien, essayez d'ouvrir délicatement les yeux, demanda ensuite la voix qui était mélodieuse à ses oreilles mais dont il n'arrivait toujours pas à déterminer l'appartenance.
D'ailleurs, pourquoi n'avait-il pas pensé à faire cela en premier ? Mais maintenant qu'on lui suggérait l'idée, Hashuba se concentra au niveau de ses paupières encore closes. Il sentait bien qu'il sortait progressivement de cet état brumeux qu'il ne comprenait pas, et l'effort pour soulever ses paupières lourdes lui prit également un moment. Mais alors qu'il parvint à ouvrir les yeux, la lumière environnante l'éblouit fortement voire même de façon douloureuse ce qui l'obligea à les refermer aussitôt.
— Prenez votre temps, guida la voix qu'il reconnut comme celle appartenant à une femme.
Il ne pouvait s'agir que d'une femme qui l'appelait et qui l'aidait à sortir de cet état anesthésié dans lequel il se trouvait. Oui, Hashuba Shôta était sûr de lui, surtout qu'il savait que la main qui le tenait était féminine.
Il retenta d'ouvrir ses paupières mais il le fit plus délicatement, le temps que ses yeux s'habituent à la lumière et qu'il puisse surtout mettre un visage sur cette voix qu'il était persuadé de connaître.
Du temps que ses cellules visuelles s'acclimatent de nouveau à recevoir de la stimulation lumineuse, la première chose que son cerveau analysa et reconnut fut une couleur rose.
Rose ? Il fallut moins d'une fraction de seconde à l'esprit d'Hashuba pour associer toutes les informations qu'il avait accumulées depuis qu'il avait entendu la voix.
— Sa-Sakura ? Demanda le Daimyô incertain.
— Hai, vous revenez de loin Daimyô-dono, répondit Sakura avec un petit sourire et un imperceptible soulagement dans la voix.
— Où... suis-je ? Interrogea l'homme qui ne reconnaissait pas les lieux qui l'entouraient maintenant que sa vue était revenue complètement et que toute sa lucidité était également de retour.
— A l'hôpital, répondit Sakura d'un ton sérieux mais sans pour autant vouloir l'inquiéter outre mesure.
— Que m'est-il arrivé ? Demanda Hashuba inquiet des raisons qui l'avaient conduit ici. Il avait certes retrouvé l'usage de ses sens mais il avait un trou de mémoire sur les événements responsables de sa présence dans ce lit.
— Vous avez subi une tentative d'assassinat, répondit Sakura avec un peu plus de dureté dans la voix.
Assassinat ?
Puis soudain, les souvenirs lui revinrent d'un seul coup. Il se rappela de cet homme, celui qui s'était introduit dans le palais, qui avait tué ses hommes en quelques secondes. Il se souvint alors du combat qu'il avait engagé contre lui, du stratagème qu'il avait choisi pour se débarrasser de son ennemi. Comme nombreux de ses adversaires, il avait vu l'étonnement qu'il puisse aisément esquiver et même riposter les coups et il avait su profiter de ses aptitudes cachées pour décider du coup fatal. Sauf que visiblement il avait échoué dans sa manœuvre car le souvenir de la vive douleur qui l'avait traversée lui revint en mémoire. Mais après ça, il ne se souvenait de rien... jusqu'à ce que la conversation qu'il avait eu avec l'ennemi lui revienne également en tête.
— Konoha ! S'exclama-t-il alors qu'il écarquillait les yeux un peu plus.
— Oui... Konoha No Sato a mandaté votre assassinat, nous avons capturé celui qui vous à fait cela, dévoila Sakura qui se souvenait de son retour à Heiwa.
A peine Madara et elle arrivèrent dans la vallée sur le dos du Nibi que des Uzumaki se précipitèrent vers eux pour leur expliquer ce qu'il s'était passé. Sakura ne perdit pas un instant et se précipita auprès du Daimyô pour voir son état et surtout le prendre en charge. Cela n'avait pas été simple mais Hashuba Shôta était sauf.
— Comment... suis-je en vie ? Questionna le Daimyô alors que Sakura faisait un diagnostique santé.
— Mon sceau, répondit simplement Sakura alors qu'elle vérifiait que tout était en ordre.
— Pardon ?
— Vous vous souvenez il y a plus d'un an de cela ? Je vous ai apposé un sceau de Fûinjutsu, et même si j'espérais intérieurement que jamais il ne s'activerait, il a permis de vous sauver la vie, dit la rose en levant légèrement le bras du Daimyô pour lui montrer.
A l'endroit où Sakura avait marqué le Daimyô, le sceau était désormais visible puisque encré dans la peau comme une cicatrice ou un tatouage. En effet, en s'activant la décharge de chakra qui était imprégnée dans le sceau se répandit brutalement dans le corps d'Hashuba. Par l'existence définitive de cette marque, le Daimyô se souviendrait toujours de ce jour, celui où il avait échappé à la mort.
— Arigato, dit simplement l'homme bien conscient que s'il était toujours parmi les vivants cela n'était dû qu'à ce que lui avait fait la jeune femme.
— C'est normal Daimyô-dono, nous prenons tous de gros risques à faire ce que nous faisons. Il est donc plus que normal que je vous ai apposé ce sceau de Fûinjutsu : il en allait de votre vie.
— Oui... mais vous ne serez pas toujours là... et peut être que la prochaine fois... exprima l'homme d'un air plutôt songeur. Si cela était arrivé une fois, rien n'interdisait que cela se reproduise.
— Il n'y aura pas de prochaine fois, car nous allons revoir notre système défensif afin que cela ne se reproduise plus, assura Sakura avec détermination.
— Combien de temps vais-je rester alité ? Demanda le Daimyô afin de changer de sujet.
— Hmm, c'est là qu'est la mauvaise nouvelle Daimyô-dono.
— Comment cela ? S'inquiéta l'homme subitement.
— Le sceau vous a sauvé la vie en vous stabilisant le temps que vous soyez pris en charge par les équipes médicales. Mais la blessure que vous a infligée l'assassin vous a fait perdre énormément de sang avant que quelqu'un n'arrête l'hémorragie. Et malheureusement la perte massive de sang a provoqué certaines lésions cérébrales que même mes compétences ne peuvent pas réparer vous laissant alors quelques séquelles, expliqua Sakura.
— Allez droit au but, Sakura-san. Je ne suis plus un enfant à qui on doit tenir la main, rétorqua l'homme d'une voix déterminée.
Sakura regarda le Daimyô avec compassion mais sans non plus une pitié exagérée. Il avait raison sur ce point : un homme de sa valeur et de son statut ne devait pas être ménagé, elle lui devait la vérité.
— Vous ne pourrez plus jamais marcher... Enonça-t-elle simplement.
Et en entendant cette phrase, Hashuba Shôta sentit tout le poids de sa vie et de son âge lui reposer lourdement sur ses épaules. C'était donc le prix à payer pour avoir choisi de croire en ce rêve de paix. Il ferma alors les yeux tout en soupirant longuement.
Jour 745
Hiruzen Sarutobi était dans son bureau et il regardait les cadres de ses prédécesseurs accrochés devant lui. Cela ne faisait même pas un an qu'il avait été placé à la tête du Village de la Feuille et qu'il était devenu le Sandaime Hokage. Et en même pas un an, il ressentait déjà tout le poids que représentait cette lourde charge. Il n'avait pas imaginé à quel point avoir tant de vies en jeu entre ses mains ou encore devoir décider qui devait mourir ou vivre pouvait être si lourd à porter.
— Comment avez vous fait ? Questionna Sarutobi à haute voix à l'intention des portraits. Bien évidemment, il n'attendait pas de réponses mais de cette manière cela lui permettait de mesurer pleinement toute la difficulté d'une telle position, pourtant si enviée par de nombreux shinobi.
— Hokage-sama ? Dit un homme en entrant dans la pièce.
— Hai ?
— Un message viens juste d'arriver.
— Posez-le sur mon bureau, répondit Hiruzen toujours en train de fixer ses prédécesseurs. Son pays était au bord de l'effondrement, la famine était à leur porte et si rien n'était fait, son pays aller en payer le prix fort.
Il avait tenté de passer des accords avec les pays voisins, mais tous étaient dans le même état qu'Hi No Kuni : les réserves de nourriture étaient maigres. Et dans ce contexte compliqué et précaire, Sarutobi avait été contraint d'imposer un rationnement de la nourriture au peuple qui n'était forcément pas très bien accepté par certains petits villages du Pays du Feu.
Sarutobi poussa un lourd soupir après que son secrétaire eut refermé la porte de son bureau derrière lui. Il espérait de tout cœur que ce message serait porteur de bonnes nouvelles.
Il retourna vers son bureau et saisit le petit parchemin enroulé sur lui-même : c'était l'écriture de Nao hyûga.
Considérez votre demande comme accompli, si vous ne recevez pas un deuxième message de ma part avant ce soir, c'est que je serais mort.
Oiseau en cage.
PS : Tsunade Senju est à Heiwa !
Le début du message rassura énormément le Sandaime Hokage.
En arriver à décider de se débarrasser d'un Daimyô pouvait sembler un peu extrême, mais il n'était pas normal que ce pays soit prospère alors que tous les autres peinaient à remonter la pente. L'excuse d'avoir été un pays neutre n'était pas suffisante aux yeux de Sarutobi pour expliquer cette croissance plus qu'exponentielle. C'est pourquoi il en était arrivé à cette décision : éliminer ce Seigneur afin de pouvoir déstabiliser son pays et ainsi récupérer une partie, si ce n'est la totalité de leurs richesses.
Mais lorsqu'il lut la fin du parchemin, Hiruzen Sarutobi fronça immédiatement les sourcils. Que faisait son élève à Heiwa ? Et depuis combien de temps était-elle là-bas ?
A y réfléchir, l'homme se rendit compte qu'il n'avait pas eu assez de temps pour se consacrer à ses élèves qu'il n'avait pas fini de former. La fonction de Hokage lui avait pris tout son temps et cela faisait vraiment un long moment qu'il n'avait eu aucune nouvelle d'aucun d'eux.
Il savait qu'Orochimaru avait choisi de s'isoler le temps de se remettre de la perte de ses parents après la dernière guerre. Tsunade Senju avait également choisi de se cloîtrer après la terrible constatation de la disparition de tout son clan. Jiraiya l'avait tout de même informé qu'elle continuait de s'entraîner et qu'il l'accompagnait dans cette démarche. Mais le jeune ninja lui avait dit ceci il y a des mois de cela. Qu'en était-il à présent ? Et que s'était-il donc passé pour que la dernière des Senju soit arrivée jusqu'à Heiwa ? La seule mission ordonnée dans ce coin était celle qu'il avait donné à Nao Hyûga.
Se pourrait-il que...
— OURS ! Cria Sarutobi pris soudainement par la panique.
L'Hokage se mit à avoir une multitude de questions en tête. S'était-elle faite enlevée et était-elle retenue prisonnière ? Si ce n'était pas le cas, comment avait-elle fait pour se rendre là-bas sans qu'il en soit au courant ? Et par-dessus tout : est-ce qu'elle allait bien ?
En effet, envisager que Konoha puisse perdre un autre héritier de clan serait complètement déstabilisant pour le mince équilibre qu'il maintenait au village. Si ce dernier l'apprenait, Sarutobi craignait tout bonnement qu'une révolution du village éclate au sein même de Konoha : et cela était inenvisageable.
Il devait absolument avoir des réponses à ces questions et vite... très vite !
Une seconde à peine avait-il hurlé le nom de code d'un de ses Anbu que celui-ci apparut un genou à terre devant son chef militaire.
— Commandez et j'obéirais Hokage-sama !
— Va immédiatement au domaine Senju et trouve Tsunade ! Si elle n'y est pas détermine depuis combien de temps elle n'y a pas vécu ! Trouve également Jiraiya et Orochimaru ! Ordonna Hiruzen avec une force de voix qu'il utilisait rarement, cela démontrait l'inquiétude qu'il ressentait au fond de lui.
— Hai ! Dit l'anbu avant de disparaître pour accomplir sa mission.
— Faite qu'elle aille bien, murmura Sarutobi pour lui-même en regardant à travers la fenêtre.
L'après-midi touchait à sa fin et le Sandaime Hokage était toujours debout à regarder la fenêtre où la vie nocturne de Konoha commençait à se préparer. Il n'avait eu aucune nouvelle ni de l'Anbu qu'il avait missionné pour retrouver ses élèves et il n'avait pas non plus reçu de message de Nao.
Le crépuscule avait tendance à augmenter ses craintes : pourquoi n'avait-il encore reçu aucune information. L'attente et la patience faisaient pourtant partie de son devoir, mais aujourd'hui, Hiruzen Sarutobi trouvait cela insupportable.
Puis alors que les lumières de la ville étaient en train de s'allumer progressivement, il fut interrompu dans ses pensées.
— Hokage-sama, dit la voix étouffée par le masque d'Anbu du ninja en question.
L'Hokage se retourna vivement et retint une exclamation en ne voyant que deux personnes debout devant lui : Ours et Orochimaru qui le regardait avec un air surpris d'avoir été convoqué à cette heure de la journée.
— Où sont les autres ? Demanda Sarutobi même s'il connaissait déjà la réponse.
— Introuvables Hokage-sama.
— Que se passe-t-il sensei ? Interrogea Orochimaru complétement perdu.
— Orochimaru quand as-tu vu Tsunade et Jiraiya pour la dernière fois ? Questionna Hiruzen en ignorant l'interrogation de son élève.
— Plusieurs mois, je me suis un peu isolé dernièrement, répondit le concerné.
— Ils ne t'ont rien dit qui t'aurait paru étrange ?
— Etrange comment ?
— T'ont-ils parlé de partir ? Enchaîna l'Hokage.
— Non.
Les réponses de son seul élève présent ne le rassuraient guère. Hiruzen se rendait totalement compte qu'il les avait délaissés bien trop longtemps. Où était passé leur esprit d'équipe ? Quand bien même chacun avait eu besoin de s'isoler, pourquoi n'avaient-ils pas chercher à rester en contact les uns avec les autres ?
— Et chez Tsunade ? Qu'as-tu trouvé ? Demanda Hiruzen en se tournant vers son anbu.
— Aucune trace de vie depuis bien longtemps. Le domaine est silencieux comme cela était à prévoir et sa maison est vide d'occupants. Jiraiya n'y était pas et personne ne l'a vu depuis un moment. Ils ont tout bonnement disparu de Konoha Hokage-same, énonça l'homme d'une voix grave avant d'ajouter, par contre il y avait ceci chez la jeune fille.
Il tendit alors un livre à la couverture verte à son chef qui le saisit immédiatement. Hiruzen le tourna dans tous les sens avant de demander :
— Un livre ?
— Oui, c'était sur une table basse avec pleins d'autres papiers, j'ai pensé que cela aurait peut être une signification pour vous.
— Comment devenir un Ninja Medic Tome 1 par Sakura Haruno, lut Sarutobi à voix haute. Qui est-ce ?
— Aucune idée.
— Moi je sais, intervint cette fois-ci Orochimaru. Il avait reconnu le livre en question, c'était celui que la femme avait donné à Tsunade pendant la guerre.
— Qui est-ce ? Dis-le-moi tout de suite ! Ordonna son sensei.
— Il est à la femme aux cheveux rose. Celle qui accompagnait l'homme que tout le monde recherchait pendant la guerre. Ceux dont personne ne connaissait l'identité et les motivations.
— Quand vous l'a-t-elle donné ? Exigea Hiruzen surprit que son élève ait une telle information et qu'il ne l'en ait pas informé plus tôt.
— C'était pendant la guerre, quand on s'est fait prendre en embuscade en allant au front contre Tsuchi No Kuni. Nous avions été séparés sensei et...
— Et quoi ? Demanda l'Hokage qui se souvenait très bien de ce jour-là, il s'était tellement inquiété du sort de ses élèves qui s'en étaient miraculeusement sortis indemnes.
— Et nous ne serions plus en vie s'ils n'étaient pas venus nous sauver la vie. Jiraiya avait été gravement blessé et Tsunade avait essayé de le soigner. Mais la femme est intervenue et elle a guéri cet idiot de Jiraiya...
— Pourquoi ne m'avoir rien dit sur son intervention médical et sur ce livre ? Interrogea Sarutobi qui avait besoin de comprendre pourquoi aucun des trois ne lui avaient raconté la vérité à cette époque.
— Parce que Tsunade nous a fait promettre de garder le secret...
— Quel secret ? Demanda le sensei tout à coup soupçonneux des intentions de ces individus qui avaient croisé ses élèves durant la guerre.
— La femme a donné ce livre à Tsunade en lui disant que quand elle serait prête, elle pourrait venir la rejoindre, expliqua Orochimaru en voyant son sensei de moins en moins calme.
— La rejoindre où ? Exigea Hiruzen.
— Aucune idée sensei, avoua sincèrement l'adolescent au teint blafard.
Il savait que son élève ne lui cachait à présent rien. Il poussa un nouveau soupir avant d'ouvrir le livre sur une page aléatoire. Il lut rapidement le contenu qui était très détaillé et perturbant. En effet, jamais il n'avait eu de livre comme cela entre les mains. Il était pourtant considéré comme quelqu'un d'érudit, mais certains termes lui étaient complètement inconnus. Il feuilleta à nouveau le manuscrit et en conclut qu'il s'agissait d'enseignements nécessaires à devenir un soignant, mais d'une manière dont il n'aurait jamais songé voir un jour possible.
Il atteignit alors la dernière page du livre et ce qu'il y lu provoqua immédiatement une violente colère. L'explication de la disparition de son élève, de la dernière des Senju était là, sous ses yeux et dans ce livre.
Retrouve moi à Heiwa.
Tout s'éclaircit alors pour le Sandaime Hokage. Il comprit même pourquoi son défunt maître Tobirama Senju lui avait dit de se méfier des deux individus de l'ancienne guerre. Non seulement ils faisaient raser des villages, mais en plus l'un d'entre eux n'avait aucun scrupule à détourner des shinobi de leur village, les faisant alors devenir des déserteurs, des traîtres à leur pays. Et cela ne pouvait plus durer, il était grand temps de mettre fin à cette menace une bonne fois pour toute.
— Sensei ?
— Hai, Orochimaru ?
— La nuit est déjà tombée et je voudrai aller me recueillir sur la tombe de mes parents. Puis-je m'en aller ?
Mais au lieu de répondre à son élève, Hiruzen Sarutobi réalisa autre chose : Nao Hyûga n'avait pas donné signe de vie. La nuit était effectivement bien là et cela ne pouvait signifier qu'une chose : il avait échoué dans sa mission.
Cette constatation finit d'achever le calme de l'Hokage qui prit la résolution d'éradiquer ce pays lui-même. Trop, cela était beaucoup trop et cela devait s'arrêter immédiatement. Il était désormais fini le temps où ils se payaient allègrement leur tête en s'affichant comme un pays neutre ! Aucun pays neutre n'employait de telles méthodes.
— Ours ! Hurla-t-il alors que l'Anbu était toujours présent dans la pièce
— Hai ?
— Faites préparer un contingent de l'armée ! Nous partons en guerre contre Ta No Kuni !
Jour 750
Voilà plusieurs jours que Nao Hyûga était enfermé dans une cellule sous haute surveillance. Il y avait au minimum toujours deux personnes qui le gardaient à vue et à une distance suffisante pour que l'alerte soit donnée au cas où l'idée de s'échapper lui prenait. De toute façon, il savait que dans sa situation il aurait été malvenu qu'il tente quoique ce soit et surtout il savait pertinemment qu'il n'aurait eu aucune chance de s'échapper.
Il était pourtant surpris qu'il soit toujours en vie. Son Byakugan ne lui avait été en aucune manière bloqué, mais tous ses effets personnels lui avaient été subtilisés. C'était donc avec une certaine appréhension que l'assassin royal attendait jour après jour que son sort soit décidé. Se pouvait-il que ses ennemis soient en train de négocier sa libération avec Konoha ? En pensant à cela, Nao Hyûga se demandait dans quel état le Sandaime Hokage devait se trouver puisqu'il n'avait pas pu lui envoyer de message comme prévu.
Mais ce matin, on vint ouvrir sa cellule avant de l'emmener dans une autre salle. Celle-ci était vide à part une table et deux chaises en son centre et dont l'une était déjà occupée par quelqu'un qui lui tournait le dos.
On l'installa sur la seconde sans qu'il puisse voir qui était l'individu en face de lui. Les gardes lui enlevaient ses liens ce qui lui permet de retrouver une certaine liberté de mouvements. Il commença d'ailleurs malgré tout à réfléchir à comment il pouvait se sortir de là.
— Arrête de rêver, tu ne sortiras pas d'ici, dit la voix qui était derrière les gardes qui se décalèrent pour laisser au prisonnier tout le loisir de voir qui était son interlocuteur.
— Ce n'était pas ce que vous croyiez Uzukage-dono, exprima immédiatement Nao en reconnaissant Ashina Uzumaki qui était assis et qui le fixait d'un air froid et sévère.
— Oui bien sûr je te crois, et ma fille est toujours en vie ? Demanda Ashina avec sarcasme. Si ce n'est pas ce que je crois répond à cela : Où était Konoha quand son allié était dans le besoin ? Où était Konoha quand mon peuple ce sacrifiait pour sa foutu guerre ? Ou était KONOHA QUAND MA FILLE A DISPARU !?
Ashina était un chef de clan, un Kage et son soit-disant allié lui avait pris ce qu'il avait de plus précieux au monde : sa fille. C'était donc avec une rage non dissimulée qu'Ashina exigea des réponses.
— Je... je ne suis qu'un espion Uzukage-dono, je ne saurai vous répondre, avoua sincèrement le Hyûga décontenancé par la colère, certes légitime, qu'exprimait l'Uzukage.
— Un espion... et moi je suis le Rikudô Sennin, rétorqua Ashina toujours avec un sarcasme plus que prononcé alors qu'une autre personne entrait dans la pièce avec un petit chariot.
L'Uzumaki fixait son prisonnier qui lui observait le nouveau venu. Il était en train de déposer devant Ashina des ustensiles. Des pinces étranges, des scalpels et un bocal de verre rempli d'un liquide suspect.
— Qu'est-ce que vous allez me faire ? Demanda Nao incertain du sort qu'il allait subir.
— Ça ? C'est pour tes yeux, dit sans détour l'Uzumaki.
— Mes yeux ? S'inquiéta le Hyûga.
— Oui, ce n'est pas tous les jours qu'un Dôjutsu de ce genre se présente à votre porte, alors autant que tu serves à quelque chose puisque tu es venu jusqu'ici.
— Vous ne m'interrogez pas ? Demanda Nao qui voyait que la situation se compliquait d'avantage, ses ennemis n'avaient visiblement pas du tout entamé de discussions avec Konoha quant à sa libération.
— Pourquoi faire ? On sait que Konoha est le commanditaire de cet avis d'assassinat, ton acte nous suffit amplement pour décider de ton sort.
— Sauf que vous ne pourrez pas obtenir mes yeux, s'exclama Nao sûr de lui.
— Ah non ?
— Non, affirma la Hyûga dans un sursaut de courage et de provocation.
En effet, le prisonnier savait très bien que les pupilles de son clan étaient convoités comme tous les autres Dôjutsu. C'était donc pour cela que tous les membres de la branche secondaire étaient ainsi marqués afin que le pouvoir des pupilles soit ainsi scellé à leur mort ou si on tentait de leur prendre de force, protégeant ainsi les secrets du Byakugan. Concernant Nao Hyûga, son cas était particulier, il appartenait à la branche principale, mais au vu de sa faible capacité de chakra, il avait été jugé comme une proie facile. Très vite, l'homme avait compris que s'il voulait pouvoir être utile à son clan comme à son village, il fallait qu'il se fasse volontairement apposer le sceau maudit. Cela avait été une grande première pour le clan Hyûga mais cette démarche avait finalement été acceptée car cela témoignait de sa totale dévotion aux siens. La seule chose qui le différenciait des membres de la branche secondaire était qu'aucun membre de la Soke n'exerçait sur lui un contrôle dudit sceau : il restait malgré tout un membre de la branche principale et il était donc libre.
— Ah oui... C'est vrai, il y a ça sur toi ! Acquiesça Ashina en croisant les bras tout en fixant le sceau en croix de couleur verte sur le front de Nao.
Ce dernier continuait de soutenir le regard de l'Uzumaki, un regain de confiance dans son esprit. Il était un shinobi entraîné et même s'il n'avait jamais eu à subir de réels interrogatoires, il avait été préparé à subir moult tortures. C'est pourquoi il montrait à son futur tortionnaire qu'il n'avait pas peur de lui.
— Hmm, c'est vrai que ce sceau complique les choses ... quoique ...
Ashina était en train d'éveiller la curiosité de son prisonnier qui se mit à perdre progressivement le peu de confiance qu'il avait. L'Uzumaki se régalait de cet échange avec le Hyûga en face de lui, il n'était pas devenu Uzukage pour rien. Ashina Uzumaki était un shinobi de très haut niveau et malgré ses airs désinvoltes, il savait se montrer froid, calculateur et sanguinaire.
Actuellement, il s'amusait à traiter le prisonnier comme une petite souris qui était sur le point de mourir dévorer par le chat.
— Oui, finalement ça ne change absolument rien que tu aies cette marque sur ton front, avoua Ashina comme si cela était l'évidence même.
— Pardon ? S'inquiéta de plus en plus le Hyûga face à cette affirmation.
Ashina le regarda encore plus intensément avant d'ajouter avec un réel plaisir dans la voix :
— D'après toi, qui dans le monde est capable d'être l'auteur de ce sceau ?
— Vous ne voulez pas dire que... Déglutit avec difficulté Nao en réalisant ce que l'homme était en train de sous-entendre.
— Oh bien sûr que si ! Ton chef de clan a fait appel auprès des miens pour la confection de ce sceau. Il voulait tellement rappeler aux membres de la Bunke où étaient leur place et accessoirement protéger les secrets du Byakugan. Quel plaisir fut pour nous de créer ce Juinjutsu d'oiseau en cage ! Expliqua Ashina avec un sourire carnassier.
A peine eut il fini sa phrase que Ashina leva l'index et Nao ressentit au fond de son crâne une vive douleur comme il n'en avait jamais éprouvé. Il avait l'impression que son cerveau voulait sortir de sa tête, qu'on lui plantait des lames dans les yeux et qu'on les tournait. Le Hyûga se prit le crâne dans les mains en hurlant de douleur à tue-tête pendant plusieurs secondes avant que finalement la souffrance ne s'arrête enfin. C'était donc cela que subissait les membres de la branche secondaire ? Pourquoi aucun d'eux ne s'étaient-ils pas révoltés contre cette condition ? Mais ce n'était pas le moment de s'interroger sur les pratiques de son propre clan car même si la douleur s'était estompée, il savait pertinemment que sa séance de torture ne faisait que commencer.
— Tu vois... petit Hyûga de mes deux, tu n'es ici que pour répondre à mes questions. Une fois que j'aurai obtenu ce que je veux, je me ferai un malin plaisir de t'ôter tout souffle de vie.
— Je ne dirai rien ! Hurla le Hyûga par défi et par conviction.
— Mais tu peux résister autant que tu veux, je récupérerai tes yeux quand même ! Je sais très bien comment désactiver ce sceau frontal et ainsi préserver tes deux pupilles. Quel magnifique dédommagement tu offres à Ta No Kuni pour avoir voulu assassiner son Daimyô, assura l'Uzumaki qui apparaissait alors sous un jour que peu de personnes pouvaient témoigner y avoir survécu.
— Achevez-moi tout de suite ! Qu'on en finisse ! Supplia de rage le prisonnier qui savait que de toute manière s'en était fini de lui.
— Mais tout va dépendre de toi... une mort rapide... ou une longue agonie jusqu'à ce que tu me dises tout ce que je veux savoir.
— Je ne dirais rien, réitéra le Hyûga avec force.
— Dommage, c'est ce qu'ils disent tous, rétorqua Ashina en décroisant les bras. Oh j'y pense : une dernière chose ! Ajouta l'Uzumaki en direction de son prisonnier
— Oui ?
— Le Daimyô est toujours vivant, annonça l'Uzukage avant de voir le regard surpris de l'assassin. Je n'aurai manqué ta réaction pour rien au monde.
Nao Hyûga n'eut pas le temps de savoir comment sa victime avait pu survivre au coup mortel qu'il lui avait porté car Ashina Uzumaki venait de nouveau de lever le petit doigt. La douleur irradia une nouvelle fois dans son crâne, lui faisant perdre toute notion avec la réalité.
Jour 770
L'attaque du Daimyô était connue de tous mais cela n'empêchait nullement les conseils militaires et administratifs de se réunir pour continuer d'accomplir leur travail. Comme chaque mois, c'était donc une vingtaine de personnes qui se réunissaient autour de la grande table afin de parler de ce qui allait être mis en place pour le prochain mois.
Tout le monde était installé et la seule personne qui était absente parmi eux était Hashuba Shôta, le Daimyô lui-même qui devait sûrement encore récupérer ses forces après l'incident dont il avait été victime.
Du moins, c'était ce que tout le monde pensait en ne le voyant pas parmi eux. Pourtant, leur attention fut attirée par un bruit régulier sur le sol qui se rapprochait de la salle de réunion. Les gardes ouvrirent la porte pour laisser place à Hashuba Shôta dans une chaise roulante poussée par un autre garde.
— Daimyô-dono ! S'exclamèrent de nombreuses personnes avec cette déférence parfois un peu trop exagérée dans la voix.
Et pratiquement tous les membres de l'assemblée se levèrent en voyant l'un de leur dirigeant assister tout de même à la réunion malgré sa condition physique actuelle.
— Restez assis, ordonna Hashuba avant d'être installé à sa place habituelle.
— Ce n'est pas raisonnable de venir ici Daimyô-dono, vous avez besoin de repos, insista Sakura avec sollicitude.
— Je sais, mais j'avais besoin de faire une annonce à ce conseil aujourd'hui, dit Hashuba d'une voix déterminée.
— Désirez-vous commencer et ainsi vous pourrez retourner vous reposer ? Demanda Sakura sous le regard de tous dans l'assemblée.
Il y avait encore beaucoup de membres ici qui avaient du mal à se faire à la présence de Sakura parmi eux. Personne n'avait ouvertement fait part de leur désapprobation mais certains trouvaient cela dérangeant qu'elle soit là. D'autant plus que, Hashuba Shôta l'acceptait et surtout la traitait avec un immense respect. Mais comme souvent dans le monde politique, les gens avaient cette tendance à ne pas exprimer clairement leurs opinions.
— Effectivement, répondit le Daimyô avant de se tourner vers tous ces visages plutôt inquiets. Seules deux personnes parmi elles ne semblaient pas le moins du monde soucieux de sa situation : Madara et Ashina. Après tout, ces deux-là ne pouvaient pas réagir autrement et le Daimyô ne pouvait sûrement pas leur en vouloir de ne pas se conformer aux manières des autres personnes présentes. Hashuba Shôta ne pouvait rien attendre de plus que de la part de ces deux plus grands shinobi de leur temps !
— Allons à l'essentiel : j'annonce qu'à partir de la fin de cette réunion, je céde ma place de Daimyô, lâcha Hashuba.
Cette annonce eut l'effet d'une bombe car à peine eut-il fini sa phrase que ce fut le brouhaha parmi tous les conseillers. Beaucoup pensèrent que ce n'était pas possible, qu'il ne fallait pas qu'il arrête de les gourverner. Le peuple avait besoin de lui et de sa sagesse. Cette attitude dura de nombreuses secondes jusqu'à ce que Madara relâche un peu de son intention de tuer et tous se calmèrent en sentant cette opression les envahir. Tous tournèrent la tête dans la direction de leur Heikage avant de déglutir.
— Avez-vous désigné votre successeur Hashuba-san ? Demanda Ashina sans mettre de titre honorifique pompeux.
— Hai, répondit le concerné.
— Qui est-ce ? Demanda cette fois-ci Madara.
— Avant de vous dévoiler qui j'ai choisi, je vais expliquer pourquoi j'en suis arrivé à ce choix. Notre objectif à tous ici est la prospérité de Ta No Kuni et par extension la paix dans la monde... une vraie paix ! Et malheureusement l'évènement récent dont j'ai été la cible se reproduira indubitablement, commença à énoncer le Daimyô. Je sais qu'on peut et qu'on améliorera notre système défensif, mais il y aura toujours une faille et ce quoi que l'on fasse. Et c'est pour cette raison que notre futur dirigeant administratif doit être quelqu'un de fort afin que la stabilité réside à Heiwa et dans tout Ta No Kuni.
— Si vous m'avez choisi mon vieux, vous pouvez faire une croix dessus, prévint Ashina alors que quelques chuchotements se faisaient entendre devant un tel manque de respect.
— J'ai d'abord songé à vous mon ami... mais votre caractère ne correspondait malheureusement pas à l'énorme responsabilité que cela représente, répondit Hashuba avec un petit sourire.
— Ne me dites pas que vous donnez encore plus de pouvoir à cet énergumène ? Questionna l'Uzumaki en pointant le brun du doigt.
— L'autre énergumène a un nom Ashina ! Et calme tes ardeurs si tu ne veux pas que je te force a m'appeller Heikage-sama, rétorqua Madara les bras croisés.
— Bah, j'aimerai bien te voir essayer, se moqua Ashina.
Tous les membres autour de la table assistaient à cette conversation qui manquait cruellement de protocole et de savoir-vivre. Pourtant personne n'osa émettre la moindre objection surtout que quelques minutes avant, l'Uchiha les avait rappelés à l'ordre en émettant simplement son intention de tuer.
— Non, je n'ai pas choisi Madara-san comme Daimyô, il a suffisamment de travail à faire de son côté, rassura Hashuba tout en contenant un sourire devant le caractère impétueux de ces deux shinobi.
— Qui avez-vous choisi Daimyô-dono ? Demanda un des conseillers autour de la table en profitant de la réponse du convalescent.
Tous étaient alors suspendus à ses lèvres lorsqu'Hashuba prononça d'une voix claire et déterminée.
— Sakura Uchiha.
Il fallut quelques secondes à chacun pour réagir à cette annonce.
— Moi ? S'étonna la concernée. Elle ne s'attendait pas du tout à une telle décision et était même très surprise qu'il la désigne comme son successeur.
Toutefois la nouvelle ne fut pas accueillie aussi facilement par l'assemblée.
— C'est impensable... ce n'est qu'une femme ! S'insurgea vivement un homme du conseil.
— Et ? Demanda Hashuba en se tournant vers son conseiller.
C'est vrai qu'il y a encore deux ans de cela, lui-même aurait eu une réaction identique, mais après avoir côtoyé cette femme, il avait appris à revoir ses opinions envers le genre féminin. Surtout que cette personne était unique en son genre.
— Parce que ce n'est pas la place d'une femme ! Ajouta l'homme avec conviction et une animosité palpable. Il exprimait à haute voix ce que beaucoup n'osaient pas. Ils toléraient la présence de Sakura parmi eux, mais de là à accepter qu'elle devienne leur supérieur, il ne fallait pas exagérer.
— Et où se trouve la place d'une femme, conseiller ? Intervint Sakura sans se laisser impressionner par cette remarque plus que misogyne.
La jeune femme n'hésita pas et montra clairement son côté menaçant en fixant l'homme qui venait de faire sa remarque.
— Je vous écoute, conseiller ! Allez-y... ayez le courage de dire le fond de votre pensée !
L'homme soutint son regard par fierté et ouvrit la bouche pour enfin s'exprimer ouvertement devant tous.
— Au foyer.
Le malaise était palpable autour de la table, Hashuba était désolé que malgré tous les changements positifs qui avaient eu lieu à Ta No Kuni, les pensées machistes et misogynes étaient malheureusement toujours ancrées dans l'esprit des hommes et même dans celui de ses plus proches conseillers.
Sakura avait le regard dur et fermé, mais elle n'était absolument pas vexée par les propos de l'homme. Au contraire, cela lui démontrait bien que les mentalités étaient loin de changer.
Chez les autres personnes, il était difficile de savoir ce qu'ils pensaient mais une chose était certaine : ils étaient mal à l'aise.
Mais bien évidemment, la réaction ne se fit pas attendre du côté de Uchiha Madara qui devait se contenir de ne pas étriper de sang-froid l'individu qui venait d'ouvrir la parole.
— Conseiller, c'est le seul avertissement que je vous donnerai et estimez-vous chanceux que je le fasse car nous sommes à Heiwa et que nous faisons tout pour construire un monde plus juste et en paix ! S'exclama Madara d'une voix forte qui fit taire tout le monde.
L'homme fixait à présent l'Uchiha et n'était visiblement plus très sûr de pouvoir tenir tête à cet individu.
— Pour qui vous prenez vous pour oser créer un incident diplomatique de la sorte ? Savez-vous que vous venez d'insulter la femme d'un chef de clan : le mien, le clan Uchiha ? De plus, vous venez de rabaisser la femme de votre Heikage ! Et pour finir, vous remettez en cause la décision de votre Daimyô à qui vous avez juré allégeance et fidélité ! Dois-je vous rappeler que vous n'êtes que des conseillers ? Donc si vous ne voulez pas que votre tête se trouve détachée de votre corps, vous allez présenter des excuses à ma femme immédiatement ! Menaça Uchiha Madara en fixant l'homme.
Celui-ci se rendit compte au fur et à mesure des paroles du brun qu'il avait commis la pire ineptie en agissant de la sorte sans réfléchir aux conséquences de ce qu'il avait dit à Sakura.
— Je vous prie de bien vouloir m'excuser Uchiha-dono ! Dit immédiatement l'homme en s'inclinant devant Sakura.
Profitant de ce moment où la tension redescendait un peu, Hashuba Shôta reprit la parole.
— Je vais quand même vous répondre conseiller... Mon choix s'est naturellement porté sur Sakura car de nous tous, elle est la plus impliquée dans ce projet. N'oubliez pas que c'est grâce à elle que nous avons pu financer tout ce que nous avons entrepris et que nous pouvons encore entreprendre. C'est toujours grâce à elle que nous avons désormais deux Bijû en notre possession ainsi qu'un Jinchûriki. C'est également grâce à elle que la mortalité a drastiquement chuté depuis son arrivé à Heiwa. Dois-je continuer ou les preuves de son implication dans ce projet de paix ne vous suffit pas ?
Hashuba tourna la tête lentement vers chacun des membres du conseil autour de la table, et force était de constater qu'aucun ne pouvait réfuter ce qu'il venait d'évoquer. Au contraire, il put observer que leur rappeler ces faits était plus que nécessaire pour que chacun mesure l'importance de cette femme et que ce n'était pas parce qu'elle était une femme qu'elle n'avait pas autant de valeur qu'un homme.
— Et j'ajouterai également ceci : c'est grâce à elle que je peux encore vous parler aujourd'hui. Elle m'a sauvée la vie ! Sans son sceau et sans ses connaissances en matière de médecine, j'aurai déjà rejoint l'autre monde, tué par un assassin.
Cette remarque fit acquiescer les personnes autour de la table qui étaient définitivement convaincues par le choix plus que judicieux que faisait leur Daimyô actuel.
— Enfin, si je devais terminer de vous convaincre, je vous rappelle que dans cette cité, elle est l'une des personnes les plus puissantes que nous avons. De plus, elle est intelligente, a le soutient du peuple, les gens la vénèrent et l'admirent. Quand elle marche dans la rue, le peuple la remercie, l'acclame... Quoi de mieux alors pour un Daimyô que d'être aimé et respecté par son peuple ? C'est donc pour toutes ces raisons que je fais de Sakura la prochaine Daimyô de Ta No Kuni !
— Votre volonté sera faite Daimyô-dono, s'exclamèrent beaucoup de conseillers.
— Je ne suis plus votre Daimyô, rétorqua Hashuba Shôta avant de retirer la bague de son doigt et de la poser devant Sakura. Matû, ramenez-moi à mes appartements.
A l'entente de l'ordre, son garde personnel se mit à pousser la chaise roulante jusqu'à la sortie de la pièce. Cependant, juste avant qu'ils n'arrivent devant la porte, celle-ci s'ouvrit en trombe pour laisser passer une personne qui s'inclina bien bas devant le conseil.
— Heikage, une armée vient de passer la frontière sud de Ta No Kuni !
— Quel pays ? Exigea Madara.
— Hi No Kuni !
— Le sud ? Interrogea Sakura plus pour elle-même avant de s'écrier, oh non ! Hitomi !
La jeune femme pensa immédiatement à sa meilleure amie, mère de substitution et marraine de sa fille. Hitomi vivait à la bordure de la frontière. Sakura ne réfléchit pas plus longuement avant de se précipiter hors de la salle suivit par son mari qui l'appelait :
— Sakura !
