Point de vue : Harry

J'avais noté une nouvelle distance de la part de Mia dès l'arrivée de Théo et Julia mais je voyais aussi ses sourires réguliers et discrets à mon attention pendant tout le trajet. Je déduisais donc qu'elle ne savait juste pas comment se comporter avec moi devant nos meilleurs amis. J'étais frustré mais j'essayais de ne pas m'en formaliser pour le moment.

Je me figeais d'effarement ensuite en approchant du studio et en constatant la foule présente. Je remarquais l'attroupement impressionnant des invités mais aussi des fans qui étaient là pour apercevoir les filles et les invités mystères. J'étais aussi bouche bée devant l'importance des renforts de sécurité prévus pour l'événement. J'étais choqué mais ma réaction faisait pâle figure à côté de celle de Mia en ce moment. Elle était interdite et livide sur ce trottoir. Je m'arrêtais pour lui laisser le temps de se remettre de cette surprise, en obligeant Théo et Julia à en faire de même.

"C'est noir de monde, Mia...Je ne voudrais ta place pour rien au monde. Tu n'as vraiment pas intérêt à te foirer", Théo avait commenté le premier avec son manque de délicatesse habituel. Mia gémissait et paniquait encore plus après ces paroles effrayantes. Julia était outrée et se mettait immédiatement à le sermonner. De mon côté je lui donnais mon coup le plus franc derrière la tête et je me rapprochais de Mia pour lui parler et tenter de rectifier le tir avec un coaching plus approprié.

"N'écoute pas ce bouffon ! La perfection. C'est exactement ce que tu vas leur donner ce soir", mais Mia avait les yeux dans le vague et ne semblait pas très attentive à mes paroles.

"Mia ? Regarde moi. Tout va bien se passer…", j'essayais un peu plus en posant mes mains sur ses épaules et en l'obligeant à me regarder cette fois.

"Je te laisse trente secondes pour te ressaisir avant de monter sur le ring…", je la soulevais de terre ensuite avec mon plus grand sourire pour la dérider mais rien n'y faisait. Mes paroles lui passaient par-dessus la tête, alors je la reposais au sol pour essayer différemment. Je prenais son visage précieusement entre mes mains en posant mon front et mon nez contre les siens. J'espérais avec ce geste lui transmettre tout le courage nécessaire pour la suite mais elle était toujours tétanisée.

"Respire, mon ange", les derniers mots étaient sortis instinctivement. J'avais ce nouveau surnom sur le bout de la langue depuis le weekend dernier et il n'avait demandé qu'à sortir face à ses airs apeurés et pendant ces caresses que j'étais en train de lui prodiguer pour l'apaiser. J'étais soulagée de la voir enfin me sourire et me rendre une étreinte étouffante et particulièrement tendre. J'en profitais pour la serrer encore plus fort dans mes bras et je la laissais se décharger de son stress autant qu'elle le voulait. Mia sortait ensuite de sa crise de tétanie au bout de plusieurs dizaines de secondes. Je la regardais se ressaisir et retrouver toute sa bravoure après quelques exercices de respiration. Je passais ensuite mon bras autour de ses épaules pour la guider vers l'entrée en lui déposant des baisers partout où je le pouvais. Je priais silencieusement tous les saints en parallèle pour que ce spectacle se déroule effectivement à la perfection.

Mia s'était pliée ensuite au jeu du bain de foule et des photos et elle venait de nous abandonner pour monter se préparer. Je me concentrais donc de nouveau sur ce qu'il se passait à l'entrée et c'est à ce moment-là que je croisais le regard de Julia. Elle me fixait lourdement, suspicieusement et mystérieusement en me prouvant encore une fois toute son intelligence et sa perspicacité. Elle venait de comprendre en moins d'une demi-heure que les choses étaient différentes avec Mia. Je soutenais son regard en la défiant de me sermonner comme elle aimait le faire sur le sujet mais à mon plus grand étonnement, elle souriait discrètement et avec un air que je qualifierais de bienveillant. Elle se passait de tout commentaire pour une fois et je la remerciais silencieusement pour ça.

Nous avons attendu ensuite à l'extérieur comme tout le monde et j'en profitais notamment pour parler avec Sam du programme de la soirée quand je voyais trois voitures de police arriver l'une après l'autre. Je plissais les yeux car j'étais encore une fois impressionné par ce staff supplémentaire officiel et je les plissais de nouveau en voyant un homme en civil avec un brassard sur le bras sortir du premier véhicule et se diriger vers nous avec un pas assuré. J'avais ma théorie sur son identité avant même d'entendre Sam le saluer.

"Ça va Tom ?", Sam était en train de me confirmer que c'était bien lui et on était effectivement très loin du flic bedonnant proche de la retraite. Cet homme ci avait beaucoup d'allure avec sa peau noire, sa barbe poivre et sel impeccable et sa carrure irréprochable. Je comprenais mieux que Mia se soit laissée tentée par des cours d'autodéfense avec lui.

"Tu n'as jamais fait la connaissance de Harry ?"

"Non mais Mia m'en a parlé. Bonsoir", je répondais à sa salutation par une poignée de main virile et ferme qu'il encaissait très bien. Je me contentais de rester en retrait en l'écoutant échanger avec Sam.

"Alors, tout se passe bien de ton côté ?"

"Niquel, Mia vient de monter, les filles sont au complet"

"Et Mia était comment ? Parce que c'était panique à bord au déjeuner !", il riait et de mon côté je grinçais des dents à la mention de ce déjeuner car cette femme avait beaucoup trop d'hommes dans sa vie à mon goût en ce moment.

"Ça avait l'air d'aller !"

"Et le Jérémy s'est pointé ou pas ?", j'avais presque oublié l'existence de cet homme. La piqûre de rappel était désagréable.

"Non"

"Et l'indésirable numéro 1 ?", j'étais cette fois en alerte. Je détestais les messages codés et je détestais encore plus le regard fuyant de Sam.

"De qui vous parlez ?", je n'avais pas pu m'en empêcher et j'étais révolté de les voir tous les deux me fixer un court instant puis m'ignorer sans répondre à ma question.

"Non plus. Je t'ai dis : tout est niquel", Sam osait reprendre sa discussion avec Tom l'air de rien. J'essayais de prendre sur moi pour ne pas repartir dans mes humeurs et mes angoisses certainement injustifiées en repensant aux dernières consignes de Mia sur le sujet. Je décidais d'obéir et de classer simplement pour ne pas contrarier cette soirée qui commençait sous d'excellents auspices.

"Et toi ? Tu en es où de tes invités ?"

"Le premier VIP est à deux pas derrière. On est en train de boucler le secteur. Le deuxième a du retard, ce sera pour la deuxième partie au QG. Je te le dis Sam, la soirée va être longue !".

Toute mon attention se tournait à ce moment-là ensuite vers le remue-ménage qui était en train d'arriver par la rue. Je voyais une berline s'avancer au loin, entourée d'une escorte de motards et suivie de paparazzi en soif de potin. J'allais enfin découvrir l'identité du premier invité. J'attendais donc impatiemment comme le reste de la foule mais c'était l'ascenseur émotionnel en voyant cette portière s'ouvrir et en le voyant, lui, en sortir.

Ricardo était encore plus charismatique et attrayant qu'à notre dernière rencontre. Le costume et la célébrité y étaient surement pour beaucoup. Je pestais en silence pendant que la foule, elle, exultait de joie. Je m'étais préparé à le croiser ce weekend pourtant mais je n'avais pas compté sur le fait qu'il serait présent ce soir pour l'événement et encore moins qu'il serait l'un des invités d'honneur de Mia. J'étais donc passablement contrarié mais je devais vite me ressaisir puisque Ricardo était en train d'en finir avec ses fans et de se rapprocher de nous. Il venait d'accrocher mon regard le premier et me rendait un sourire très large qui m'obligeait à faire un effort de sympathie.

"Harry ? Comme on se retrouve !", je décidais de lui rendre son accolade virile avec le sourire. Je n'avais pas oublié pas que j'avais passé une excellente soirée en sa compagnie à sa soirée feu de camp au Mexique. Je souriais donc malgré moi face à sa bonne humeur qui était malheureusement toujours aussi communicative et je décidais de lui laisser le bénéfice du doute.

"Qu'est-ce que tu fous là ?"

"Mia ne te l'a même pas dit à toi?"

"ABSOLUMENT PAS !"

"Échange de bons procédés pour nos promotions respectives ce weekend. Je suis chargé de faire monter la température ce soir",

"Pas sûr que les filles aient besoin d'aide pour ça", Ricardo riait et souriait avec sa perversité habituelle. Ce trait de personnalité en particulier nous avait rapidement rapproché au Mexique.

"Pas faux ! Donc du coup, je fais quoi ? Je monte ?"

"Oui, vas y, la placeuse va t'installer"

"Parfait ! Oh, si tu savais comme ta meilleure amie m'a manqué...", je le laissais me taper amicalement l'épaule avec son regard obscène et je riais très jaune de l'entendre me confirmer d'entrée de jeu qu'il n'était pas venu jouer à la dinette avec elle. C'était très clair et c'était tout ce que je craignais, Ricardo avait de très beaux projets pour Mia ce weekend. J'aurai pu lui donner le change immédiatement mais j'étais échaudé d'être ramené aussi brutalement à mon handicap à sa référence à notre amitié. Il n'avait bien sûr absolument pas connaissance de tous les derniers évènements et de nos nouvelles relations. Je gardais le silence pour l'instant, je le laissais saluer innocemment Julia avec le même optimisme puis je le suivais comme le reste des invités pour nous installer dans l'antichambre.

Je prenais ensuite connaissance de ma place une fois en haut. J'étais au premier rang entre Liam et Julia et Ricardo était installé à plusieurs chaises de moi sur la même rangée. Je le voyais discuter et rire avec Julia et Théo. De mon côté, je m'amusais des réactions bougonnes de Liam qui ne se retenait pas de marquer son territoire auprès de Ricardo.

"Pour information Ricardo, la blonde qui va danser à côté de Mia, c'est chasse gardé, tu oublies", je riais et autant que Ricardo.

"Ne t'inquiète pas, je ne suis ici que pour Mia, si ça peut te rassurer", et j'entendais cette fois Liam qui me jetait au même moment un regard très solidaire et empathique. Je conservais encore mon droit de garder le silence face à cette nouvelle provocation et confirmation de Ricardo et c'est à ce moment précis que je recevais un message de Charlie.

"L'ENNEMI EST DANS LA PLACE ! C'est moi où il est encore plus beau gosse ? Attends-toi à ce que Mia s'en aperçoive aussi... PS : tu peux m'envoyer une photo de ta tête, s'il te plaît ?", je riais de ce tacle bien mérité et qui tombait à pic. Je lui renvoyais une photo plus appropriée de mon doigt d'honneur parfaitement dressé, en me redisciplinant en voyant les lumières se tamiser et le public se taire. Le spectacle allait commencer, je sentais la tape sur mon épaule de Liam qui subissait la même montée de stress que moi. Nous étions tous les deux en train de compatir pour Mia et Olivia qui avaient tant investi dans ce spectacle. Je croisais les doigts, comme lui, pour que tout se déroule à la perfection, sans aucun raté et surtout sans aucun accident. Nous étions terriblement stressés mais aussi très excités.

J'étais à peu près certain ensuite d'être le seul à ressentir autant de trouble et d'émotion en entendant les premières notes de musique et en voyant Mia entrer en scène pour l'introduction. J'avais senti mon cœur s'emballer brutalement, mon souffle s'arrêter et mon sourire s'effacer. L'heure était grave puisque la Mia que j'avais sous les yeux n'avait rien à voir avec la femme que j'avais abandonné sur ce trottoir une heure plus tôt. Elle avait retrouvé toute son assurance mais elle était aussi complètement métamorphosée. Elle était douloureuse de beauté et de sensualité avec cette coiffure et cette tenue. Mia était absolument parfaite. Je n'étais pas le seul à l'avoir remarqué, tout le public se taisait et se laissait envoûter par son charme et par ce numéro qui nous donnait un avant-goût très prometteur du niveau global du spectacle. Je voyais les invités et ces hommes complètement envoûtés et rêveurs et je ressentais encore plus fortement l'urgence de ma situation : il fallait que Mia me choisisse, moi, et je devais la convaincre, vite, avant qu'elle ne me file entre les doigts.

Je découvrais aussi comme tous en exclusivité son niveau de maîtrise et d'acrobatie. Elle s'était appliquée à garder le secret, j'avais passé des semaines à fantasmer du résultat mais la réalité était bien au-dessus de tout ce que je m'étais imaginé. C'était impossible que mon cœur et mon corps tiennent le choc pendant une heure entière si la suite du spectacle était aussi sublime. Et elle l'était. J'admirais la suite avec le même émerveillement et en n'ayant d'yeux que pour elle. Je commandais péniblement mon corps, je faisais du mieux que je pouvais pour rester sous contrôle mais le moment était éprouvant.

Je pouvais heureusement compter sur l'ambiance générale pour me maintenir la tête hors de l'eau. Le public était très participatif et exalté et encore plus avec les interventions répétées de Ricardo qui agissait en véritable chauffeur de salle à chaque prouesse ou pas sexy des filles. Il m'avait prévenu qu'il était ici pour faire monter la température et il prenait son rôle très à cœur. J'avais affaire à un admirateur de première catégorie. Je m'étais conditionné avant de venir à devoir sanctionner plusieurs comportements déplacés mais le public du soir était particulièrement au fait du règlement, il était respectueux. Le plus expressif était Ricardo et je riais comme tout le monde malgré moi de ses interventions qui étaient pleines d'humour et d'élégance.

Mia clôturait enfin en beauté avec son dernier acte. Elle était dans la tenue de mes rêves, dans ce body terriblement sexy qui était entièrement décolleté du dos et m'offrait une vue pleine et imprenable sur ce tatouage que je n'avais pas revu depuis une éternité. J'en avais tourné de l'œil, j'avais atteint le point d'orgue à ce moment mais mes muscles se relâchaient enfin à l'entente des applaudissements tonitruants de fin de spectacle.

Je l'avais fait. J'avais tenu une heure de supplice à la regarder danser et briller sans m'évanouir, ni jouir.

"Seigneur ! La dernière de Mia était vraiment de trop", c'était encore cet imbécile de Ricardo qui provoquait de nouveau les rires au moment où toutes les lumières se rallumaient.

C'était ensuite l'heure des bavardages, des échanges d'impression et je constatais avec beaucoup de plaisir que Mia et les filles avaient complètement émerveillé et impressionné le public également. J'étais soulagé, ravi et fier plus que jamais et mon humeur redevenait plus légère. Le plus important était passé et je me sentais beaucoup mieux, au point de bavarder et de rire également avec Ricardo.

L'ambiance était parfaite quand je voyais ensuite Sam faire irruption dans l'antichambre. Toutes les personnes présentes le remarquaient également et se taisaient car il était difficile de faire autrement avec un physique aussi imposant et intimidant que le sien.

"Harry ?", j'avais relevé la tête vers Sam avec méfiance.

"Mia te demande dans sa loge", et je me figeais. Surpris était un trop faible mot. J'étais scié. Scié d'apprendre que Mia me réclamait et scié qu'elle le fasse savoir ouvertement devant cette audience avisée alors qu'elle avait à peine osé me regarder une heure plus tôt devant Julia et Théo. La réaction du public ne se faisait pas tarder, j'entendais les sifflements appréciateurs et les commentaires graveleux mais je souriais avec fierté. Je souriais particulièrement en découvrant le visage outré de Ricardo et en l'entendant s'indigner auprès de Sam.

"Tu es sûr que Mia a demandé Harry ? Elle n'a pas dit Ricardo ? Ou bien Harry ET RICARDO à la limite ?", je riais de nouveau comme tout le monde mais j'étais le seul à saisir la portée de cette dernière blague. Je faisais le fier mais je restais malgré tout assis dans l'attente de la confirmation de Sam car j'avais aussi du mal à le croire.

"Quoi c'est mon accent russe qui te fait penser que je ne comprends pas l'anglais ? Je confirme, la patronne a demandé "JUSTE" Harry", j'entendais à peine le reste de la salle rire de ce trait d'humour surprenant de sa part. Cette mise au point me faisait ensuite l'effet d'un électrochoc. Je sentais l'adrénaline monter et mon esprit de compétition rappliquer. Je décidais qu'il était temps de lancer les hostilités et d'informer officiellement Ricardo qu'il n'était pas le seul à concourir ce weekend. Alors je me levais, je le regardais de haut avec tous le charisme et la virilité que j'avais sous le pied, je bombais le torse exagérément, je tapotais son épaule en guise de consolation et je quittais la pièce après un sourire en coin et un clin d'œil lourds de sens. Je comprenais à son air abruti et halluciné que le message était passé. La guerre était ouverte et je me délectais d'avoir remporté ce premier duel.

Le ton n'était plus à la rigolade cependant en arrivant devant la loge de Mia. Je commençais par me recoiffer nerveusement puis j'essayais de prendre le contrôle de mon corps en chassant de ma tête toutes les images de ce spectacle et celles du dîner de tout à l'heure. Je le devais pour ne pas la perturber encore et lui gâcher sa soirée. Je poussais donc la porte sur ces résolutions et sans frapper, en la refermant derrière moi et en m'y adossant. Je soupirais ensuite lourdement en la découvrant, car si j'avais trouvé l'invitation dans cette loge déjà très émoustillante en soi, ce n'était rien à côté de la vision particulièrement érotique que j'avais sous les yeux. Mia était en effet assise sur ce fauteuil, penchée et concentrée à retirer ses talons vertigineux, dans ce déshabillé en soie à peine ceinturé qui laissait apercevoir la lingerie de mes rêves. Cette position m'offrait une vue délicieuse et imprenable sur ses jambes dénudées, sur son décolleté étourdissant et sa chevelure longue et bouclée incroyablement sensuelle. Ma tâche allait être très compliquée et je savais que je devais arrêter de l'admirer de cette façon si je ne voulais pas craquer, alors je me décidais à me manifester.

"Tu voulais me voir ?", Mia sursautait légèrement en remarquant ma présence puis elle souriait largement. Je notais qu'elle n'était pas le moins du monde gênée par mon irruption ni par sa tenue légère. Je la regardais retirer à la hâte sa dernière chaussure, se lever et courir dans mes bras. Je fermais les yeux de bien-être et de souffrance ensuite à cette étreinte car je savais que mes résolutions ne tiendraient pas longtemps dans ce contexte et avec Mia dans cette tenue si elle continuait de se coller à moi de cette façon.

"Je t'en supplie, dis moi qu'ils ont aimé ?", elle avait relevé la tête vers moi en fermant les yeux d'appréhension dans l'attente de ma réponse mais j'étais trop hypnotisé par son visage et la douceur de ses lèvres pour lui répondre. Je trouvais toutefois la force surhumaine de me ressaisir.

"Non, ils n'ont pas aimé... Ils ont adoré. Tu n'imagines pas l'ambiance qu'il y avait dans cette salle de la première à la dernière seconde...", j'avais bien fait de me forcer car son sourire immense valait tout l'or du monde et je la laissais ensuite volontiers reposer sa tête et ses mains délicates contre mon torse pour y déverser ses dernières tensions comme elle avait commencé à le faire à l'entrée du studio.

"Dieu merci… c'est terminé", j'étais aux anges pour elle. Je restais sage en embrassant chastement le sommet de son crâne, en frottant ses bras, pour lui permettre de savourer sa libération. Je la laissais ensuite quitter mes bras et je la regardais marcher d'un bout à l'autre de sa loge pour préparer sa prochaine tenue. J'étais complètement sous son charme et je continuais de la regarder avec envie pendant qu'elle s'installait devant sa coiffeuse pour sélectionner son maquillage.

"Toujours bordeaux ?", Mia m'interpellait à travers le miroir avec un sourire malicieux et un rouge à lèvres dans sa main. Je souriais jusqu'aux oreilles en comprenant la référence à notre voyage à Las Vegas. Elle m'offrait encore le privilège de choisir ce soir.

"Non. Du rouge, du très rouge cette fois...", je l'observais attentivement acquiescer à ma demande en remplaçant sa sélection et en m'adressant un regard terriblement charmeur et prometteur. Elle reprenait ensuite l'air de rien et avec un sourire très provocateur que je trouvais parfaitement inattendu.

"Qu'est-ce que tu as pensé de ma première surprise ?", je grognais mais je souriais. Elle prenait décidément un plaisir agaçant à me pousser à bout avec cet homme depuis qu'elle avait levé le voile sur mes scènes de jalousie.

"Un peu trop dominant à mon goût",

"Je m'en doutais...mais il devrait être à celui des filles"

"Des filles ?", ma question très claire appelait une réponse claire. Je devais savoir si Ricardo avait son attention. Mon cœur battait à toute vitesse puisque le moment était décisif. C'était maintenant que j'allais savoir si mes efforts avaient payé. J'attendais donc désespérément que Mia me donne son coup de grâce ou qu'elle m'envoie au ciel.

"Exactement. Des filles. Je t'ai dis que je n'étais plus intéressée. Tu vas encore me traiter de menteuse, Harry ?", elle appuyait sa réponse, lentement et avec un sourire tendre, en retournant à ses occupations joyeusement. De mon côté, j'entrais dans une bulle de félicité difficile à décrire. Je ne savais pas encore si elle l'avait fait sciemment mais cette réponse représentait une merveilleuse fenêtre de tir. Mon corps se réveillait ensuite brutalement en la voyant passer beaucoup trop près et en percevant l'odeur irrésistible de son parfum. Il me fallait une fraction de seconde à ce moment-là pour m'emparer de son poignet, me saisir de sa taille et l'attirer entièrement contre moi.

Je venais de malmener mon cœur de la pire des manières avec cette initiative et Mia continuait de le malmener avec ses réactions. Je perdais la tête de la voir s'agripper à mes épaules et à mon col de chemise pour ne pas vaciller après cette surprise, mais aussi de la voir dévorer mes lèvres des yeux avec son regard de braise. C'était terriblement bon de sentir ses formes parfaites contre mon corps. J'étais aussi chamboulé par le contact de son nez contre le mien et par la douceur de son souffle que je ressentais sur mes lèvres.

Nous étions tous les deux dans le même état à l'instant T : immobiles, à bout de souffle et en négociation avec nos corps pour leur interdire de tomber de faiblesse et d'ivresse.

"...Tu pensais vraiment ce que tu disais tout à l'heure ? Que ce serait une terrible idée...?", j'aurai pu me contenter de l'embrasser contre son gré mais je rêvais que les choses se passent différemment alors je tentais une dernière fois de la convaincre pour nous deux. Je tenais bon malgré le fait que ses lèvres soient si proches désormais.

"...Toi, tu ne m'as pas dit ce que tu avais pensé du spectacle..."

"Parce que je ne trouve pas de mots assez forts pour te le décrire... C'est à ton tour de répondre maintenant...", mon souffle était pénible mais je trouvais la force surhumaine de lui répondre malgré l'espace infime qui me séparait maintenant de mon objectif. Pour la deuxième fois de la soirée, je la mettais encore au pied du mur, je la sentais encore trembler et je lisais encore ce même désir dans son regard.

"Oui, c'est une terrible idée", le ton de Mia était plutôt convaincant mais son corps renvoyait encore des signaux contraires. Terriblement contraires puisque je sentais en ce moment la pointe de ses lèvres effleurer les miennes très furtivement. C'était quasiment imperceptible mais j'étais certain de les avoir senti et j'entrais définitivement dans un état second après ça.

"Laisse-moi une chance de te prouver le contraire", j'étais suspendue plus que jamais à ses lèvres désormais. Je n'osais plus faire le moindre geste, je ne prenais même plus la peine de respirer car le moment était parfaitement crucial. J'étais au bord de la falaise, au bord du précipice à ce moment précis à attendre désespérément son adhésion et à dévorer avidement ses lèvres des yeux.

Et après douze ans d'amitié et des mois interminables à en rêver, Mia cédait. Contre toute attente, je la voyais franchir la première les derniers millimètres et presser ses lèvres délicieuses contre les miennes. Mes paupières étaient terriblement lourdes à ce choc et encore plus en sentant ses lèvres remuer avec douceur. Je fermais mes yeux instinctivement pour mieux supporter le plaisir démesuré que je ressentais pendant ce baiser d'une sensualité insoutenable.

J'étais dans une transe indescriptible pendant les premières secondes puis mon corps prenait le relais, poussé par son envie et son besoin de sentir plus intensément sa bouche. Je remontais mes mains jusqu'à sa nuque pour en réclamer davantage. Je voulais savourer ses lèvres merveilleuses et nous guider encore mieux dans ce premier baiser d'une tendresse sans égal. Les sensations étaient encore plus bouleversantes que dans mes rêves. Ce baiser n'avait également rien à voir avec celui que je lui avais volé sur cette plage une décennie plus tôt.

Je nous imposais une interruption nécessaire ensuite en me décollant péniblement de sa bouche pour reprendre nos souffles. J'en profitais pour la garder contre moi et pour caresser encore plus son visage afin de me prouver que ce n'était pas un rêve. Je n'avais aucune notion de la réalité, j'étais incapable de dire combien de temps était en train de s'écouler pendant cet interlude mais il prenait fin quand je rouvrais les yeux et quand je subissais de plein fouet cette expression ravageuse et inattendue sur son visage.

C'est à ce moment-là que j'ai senti mon cœur éclater et à ce moment précis que nos deux corps se sont mis à réclamer à l'unisson leur libération. Ce coup-ci, je plongeais le premier sur sa bouche et je gémissais de plaisir en même temps qu'elle au moment où nos langues entraient en contact pour la toute première fois. La rencontre était divine et je continuais de m'extasier et de m'embraser pendant que nos langues faisaient connaissance furieusement et passionnément après douze ans d'indifférence totale. C'était un merveilleux gâchis, d'avoir passé toutes ces années à les priver de ce plaisir monstrueux. L'alchimie et l'harmonie étaient aussi parfaites que pendant nos danses. Je me consumais de désir et je profitais sans retenue de sa bouche, de ses lèvres et de sa langue avec ce besoin urgent d'assouvir ma soif d'elle. J'étais brûlant, je passais dans ce baiser toute la frustration que j'emmagasinais depuis des mois et j'étais au paradis de voir que Mia y mettait la même fougue et le même appétit. Elle en mourrait autant que moi.

J'étais déjà plus que bouleversé à ce stade mais la situation dérapait et s'envolait davantage au moment où Mia décidait de coller encore plus sa poitrine et son bassin contre mon corps. Elle s'enflammait, violemment. Je le sentais à ses mains qui caressaient frénétiquement mes cheveux, ma nuque, mes épaules et mon torse mais surtout je l'entendais à ces gémissements qu'elle étouffait torridement dans ma bouche.

Je perdais définitivement la tête face aux réactions volcaniques de Mia. Ce premier baiser, merveilleux en soi, basculait donc dans une dimension supérieure au moment où je perdais aussi à mon tour mes moyens. Il devenait explosif au moment où je me frayais un chemin sous son déshabillé, au moment où mes doigts entraient en contact avec sa peau nue au moment où ils caressaient son corps brûlant, et aussi et surtout au moment où mes mains s'emparaient très voluptueusement de ses fesses. J'avais fantasmé de ces gestes des milliers de fois et c'était en train de se produire, ce soir, dans cette loge.

Nos mains et nos bouches s'étaient transformés en poudre à canon à partir de cet instant. Je nous sentais exploser davantage à chaque caresse et à chaque coup de langue. La température était maximale et ce n'était plus qu'une question de secondes avant que je ne prenne Mia férocement contre cette porte. J'en étais réellement à ce niveau d'embrasement et d'excitation extrême avec elle quand j'entendais dans mon dos des coups francs sur la porte. Je me figeais donc, comme elle, et avec une brutalité barbare face à l'interruption calamiteuse d'Olivia.

"MIA ?"

"OUI ?", dire que j'étais contrarié était un euphémisme mais je me contentais de rester totalement silencieux en priant tous les saints pour qu'Olivia dégage purement et simplement après les réponses de Mia.

"Tu as bientôt terminé ?", je souriais malgré moi désormais et je regardais Mia en hochant la tête négativement et en retournant le plus discrètement possible vers ses lèvres pour lui confirmer que j'avais loin d'en avoir terminé avec elle. Je me consumais de plaisir en la sentant répondre à mon baiser très lascivement et onctueusement.

"Oh, tu m'entends !? Tu en as encore pour longtemps ?!"

"Ahein...", j'étais beaucoup trop fiévreux pour décoller d'elle mais j'acceptais de libérer sa bouche pour lui permettre de répondre à Olivia. Je décidais d'assouvir ma soif d'elle en compensant contre sa nuque. Je la dévorais avec un érotisme exacerbé qui était en train de lui faire tourner l'œil. Je sentais ses tremblements et ses frissons sous mes doigts, je la sentais agripper fermement mes cheveux et presser ma tête au creux de sa nuque pour m'obliger à poursuivre et à intensifier mes soins. J'étais au paradis de savoir que mes baisers étaient en train de la mettre dans cet état.

"Ahein ? Ca veut dire quoi ahein ?",

"CA VEUT DIRE OUIIII OLIVIA, LÂCHE MOI !, je riais doucement dans son cou face à sa réponse colérique.

"Ok ! Pardon ! Mais grouille-toi s'il te plaît, tout le monde nous attend, on a un timing à respecter !", je fondais de nouveau ensuite sur les lèvres de Mia en entendant enfin Olivia rebrousser chemin mais son interruption avait définitivement coupé notre élan. Je le sentais dans ce baiser, qui était beaucoup plus modéré. Mia m'obligeait à en ralentir le rythme et l'intensité. Je soupirais donc d'avance contre ses lèvres en comprenant qu'elle était sur le point de me congédier cruellement à cause de ses obligations.

"Je dois vraiment me préparer...", je levais les yeux au ciel à sa sentence pour trouver le courage de la quitter et je le faisais au terme d'un dernier baiser tout aussi sublime que les premiers mais déchirant cette fois puisqu'il s'agissait du dernier.

J'avais quitté sa loge ensuite et je descendais les marches de façon très hasardeuse. J'avais les jambes en coton et l'esprit ravagé. J'étais complètement bouleversé par le moment et ces baisers. C'était au-dessus de tout ce que j'avais imaginé et au-dessus de tous les baisers que j'avais pu offrir ou subir dans ma vie. Je comprenais que j'étais condamné. J'avais la certitude que je ne pourrais plus jamais me passer de ces émotions et de ces sensations.

J'en étais là dans mes pensées en sortant du studio quand je sentais une frappe virile sur mon épaule qui me ramenait brutalement sur terre.

"Dis-moi, mon pote, tu en as passé du temps là-dedans !", je me contentais d'ignorer Ricardo en profitant de l'air frais pour me ressaisir et rassembler mes esprits. Je n'avais aucune envie de parler et encore moins avec lui.

"Ce rouge sur ta bouche porte une sacrée atteinte à ta virilité", j'avais porté la main à mes lèvres par réflexe après sa réplique mais je comprenais rapidement en la voyant parfaitement immaculée que Ricardo venait de prêcher le faux pour avoir le vrai. Je contenais difficilement mon rire face à sa ruse.

"Putain, c'est pas vrai…", Ricardo me regardait avec un air mi-amusé, mi-contrarié après sa conclusion implicite. De mon côté, je soutenais son regard très sereinement avec ce sourire d'imbécile heureux qui ne me quittait plus depuis ma sortie du studio. Mon silence se passait de commentaire.

"C'est ça. Sourit. Tu m'as pris par surprise mais crois-moi, je n'ai pas dit mon dernier mot. Mia rentrera avec moi ce soir, Ricardo avait prononcé sa menace avec un air joueur mais j'étais complètement indifférent. Je ne me sentais plus en danger car je savais, après ces baisers d'une exceptionnelle beauté, que j'étais invincible.