Bonjour à tous !

J'espère que vous allez bien et que les cours ont bien reprit pour tout le monde.

J'ai cru comprendre que la fin du dernier chapitre vous avait agacé. Pas de panique, nous sommes vendredi, vous avez donc droit à la suite.

J'espère qu'elle vous plaira. J'attends bien sûr vos retours avec impatience et je vous remercie tous de continuer à me lire et de me dire chaque semaine ce que vous pensez de tout ça !

Je remercie ma québécoise préférée car je n'aurais pu vous offrir un chapitre de cette qualité sans elle.

Je vous souhaite une belle semaine, prenez soin de vous, et à vendredi prochain ;)

Lou De Peyrac.

Chapitre 46 :

Elsa lisait le carnet noir avec attention lorsque des coups vifs à la porte la firent sursauter. Elle fronça les sourcils, puis soupira en se levant de la chaise du petit bureau auquel elle était installée.

Cette maudite Emma Swan n'était donc pas décidée à la laisser en paix aujourd'hui. Elle traversa la chambre, bien décidée à lui dire d'aller se faire voir, et ouvrit la porte. Quelle ne fut pas sa surprise en ne trouvant pas Emma sur le seuil mais bien Mak, à moitié nue, les bras tendus de part et d'autre de l'encadrement de la porte. L'enseignante écarquilla les yeux en voyant la jeune fille relever un regard meurtrier vers elle. Elsa ouvrit la bouche mais n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que déjà, Mak empoignait le col de sa chemise de deux mains fermes et la poussait à l'intérieur en refermant habilement la porte d'un coup de pied.

Et Elsa resta encore silencieuse, bien trop surprise, quand les lèvres de la jeune fille prirent possession des siennes, jurant qu'elle aurait plutôt parié sur le fait qu'elle allait l'étrangler et non l'embrasser. Ce baiser avait un goût d'amertume, d'un peu de colère aussi, et Elsa y sentit un brin de culpabilité.

Tout se passa très vite à vrai dire et l'enseignante peinait vraiment à comprendre ce qu'il était en train de lui arriver. Pourtant, elle trouva, comme par habitude, la force de répondre au baiser fiévreux et autoritaire que lui imposait Mak. Parce qu'elle lui avait tellement manqué, Elsa gémit dans la bouche de la fille aux cheveux bleus qui la poussait à présent vers le lit. Elsa aurait pu mourir, là, maintenant, le nez au ciel comme un mendiant, mais retrouva un semblant de raison quand elle sentit les mains de Mak se glisser sous sa chemise.

- Attends… souffla Elsa en brisant le baiser non sans peine.

- Tais-toi, répondit immédiatement Mak d'une voix déformée par le désir en réclamant de nouveau ses lèvres.

Mais Elsa le lui refusa, et voulu demander :

- Tu es sûre que…

- Non, coupa Mak, de toute évidence en colère. La seule chose dont je sois sûre, est que j'ai envie de toi, expliqua-t-elle rapidement en défiant Elsa du regard. Alors tais-toi et ne me fait pas regretter d'être ici, soupira-t-elle enfin, la suppliant indirectement de se contenter d'être avec elle sans penser au reste.

Elsa resta silencieuse une seconde. Mak ne lui avait jamais parlé ainsi. Mak n'avait jamais semblé tant en colère contre elle. Et pourtant, elle avait envie d'elle. C'est ce qu'elle venait de dire, elle avait envie d'elle. Alors, elle aussi, choisissant de ne pas réfléchir, hocha simplement de la tête sans prononcer un mot.

Mak ne perdit alors pas plus de temps et fondit de nouveau sur ses lèvres alors que ses mains, sans demander permission, faisaient sauter les boutons de la chemise de l'enseignante d'un coup sec.

Elsa, aussi minable qu'un pantin, se laissa pousser en arrière et tomba à la renverse quand l'arrière de ses genoux se heurta au lit. Elle tomba lourdement sur le matelas, Mak au-dessus d'elle, ses mains de part et d'autre de sa tête.

La jeune fille l'embrassa encore, passionnément, brutalement, et vint mordre sa lèvre inférieure alors que l'enseignante sentait déjà un goût métallique se répandre dans sa bouche. Elsa comprit alors que l'heure n'était pas aux sentiments, pas du tout. Mak semblait chercher autre chose. Quoi ? Elle ne parvenait pas à le deviner. Cette Mak-là était totalement différente de ce qu'elle connaissait jusqu'ici. Elle lui semblait plus sauvage, plus adulte, plus entreprenante, plus sexy aussi, c'était une certitude. Beaucoup moins douce, portée par une colère qu'Elsa pouvait clairement deviner par ses muscles tendus et ses gestes brusques. L'adolescente qu'elle avait rencontré quelques années plus tôt ne l'aurait jamais touché ainsi. La personne était la même et pourtant, tout était différent. Elsa se doutait que Mak avait sans doute appris quelques petites choses sans elle. Il lui semblait à présent qu'un fossé les séparait.

Et pourtant, Emma Swan pouvait aller se rhabiller avec son bouquet de tournesols, Mak était dans ses bras. Mak l'embrassait. Elle ne rêvait pas, Mak la dévorait. La fliquette s'était plantée, ce qui les liait ne s'effaçait pas comme ça.

Elsa se cambra quand elle sentit les lèvres de la jeune fille dans le creux de son cou, puis les dents de cette même jeune fille aguicheuse se planter sans douceur dans son épaule. Sa chemise et son soutien-gorge lui furent retirés comme par enchantement. Mak semblait maintenant être experte dans l'art de déshabiller une fille.

Elsa cru mourir d'impatience quand elle sentit une cuisse ferme s'immiscer entre ses jambes, reprenant les réflexes d'autrefois, quelque chose qui finalement ne les avait jamais quittés.

Mak se redressa une seconde, juste le temps de débarrasser l'enseignante de ses derniers vêtements et reprit sa place entre ses jambes, tirant la blonde par les hanches d'un geste autoritaire pour la ramener plus près d'elle. Elsa gémit en lui réclamant un baiser, mais Mak se recula d'un centimètre et vint plutôt embrasser ses seins.

Une main d'Elsa voulut caresser les cheveux bleus.

- Non, imposa Mak d'une voix froide en plaquant violemment la main sur le matelas.

Mais, Elsa n'ayant jamais été très obéissante, essaya de toucher un flanc de l'autre main.

- J'ai dit non, répéta Mak sur le même ton en réitérant le même geste sans jamais cesser d'embrasser sa poitrine.

L'enseignante serra alors le drap entre ses phalanges, peinant à garder ses mains en place, jurant qu'elle ne parviendrait pas à lui obéir très longtemps. Sa peau lui avait tant manqué, son odeur aussi, qui n'avait pas changé.

La blonde ferma les yeux en se mordant la lèvre inférieure alors qu'elle sentait qu'on embrassait à présent ses côtes, ses hanches, puis qu'on descendait encore et encore, jusqu'à son entrejambe.

Mak la sentit se tendre quand elle l'embrassa brutalement là, juste là où elle savait qu'elle en avait besoin. Mais le baiser fut rapide et fugace. Mak remonta. Elsa grogna de frustration.

Et l'enseignante eut à peine le temps de protester, que déjà, Mak s'emparait de ses lèvres, pour ensuite revenir à ses seins. Et encore une fois, Elsa se fit avoir et passa ses mains dans la chevelure épaisse. Mak grimaça et mordit violemment la peau blanche, arrachant un cri de surprise à Elsa. Elle attrapa ensuite un poignet dans chaque main et les tint fermement au-dessus de la tête d'Elsa, plantant un regard dur et furieux dans le sien, la bloquant totalement sous son poids. L'enseignante tenta de protester, de se battre encore un peu, mais le regard perçant et déterminé que la jeune fille lui lançait la laissa complètement démunie.

- Si tu recommences, je me casse et je te laisse finir toute seule, expliqua-t-elle d'une voix profonde et cassante. Une voix qu'Elsa ne lui connaissait pas.

L'enseignante resta stupide une seconde face à tant de colère, face à ce visage si dur qu'elle avait pourtant connu si doux. Non, définitivement, Mak n'était plus la même.

Alors, comprenant que tout ceci n'avait rien d'un jeu, que Mak était sérieuse, Elsa hocha la tête sans rien dire.

- Bah tu vois, tu sais être sage quand tu veux, se permit la jeune fille en soupirant alors qu'Elsa se retenait de hausser un sourcil face à tant d'insolence.

Mak, sachant que le message était passé, consentit à offrir un baiser à la blonde en gardant ses mains dans les siennes, entrelaçant leurs doigts. Elsa serra ses petites mains, seule partie d'elle qu'elle avait l'autorisation de toucher pour le moment et cru défaillir en sentant la cuisse de la jeune fille onduler contre son intimité.

Alors Elsa désobéit à ce qu'elle était et fit taire son envie de la faire sienne en se laissant aller complètement à ses désirs. D'une pression sur ses mains, Mak lui fit comprendre de les laisser là et qu'elle ne le répéterai pas. Elle reprit alors son périple là où elle l'avait laissé, au sommet de la poitrine d'Elsa. Pour la première fois tendrement, elle déposa un baiser chaste sur la morsure rouge qu'elle avait laissé sur l'un des seins et Elsa se dit que quelque part dans cet être de colère, il restait un peu de douceur mais qu'elle n'y aurait pas droit aujourd'hui.

L'enseignante se cambra en sentant la bouche, la langue de la jeune fille sur ses hanches et eut toute la peine du monde à garder ses mains statiques. Sans douceur, Mak empoigna ses fesses, les griffant par endroit et embrassa l'endroit qu'elle savait désiré. Par réflexe, Elsa se mit à se déhancher contre sa bouche. La jeune fille qui savait ce geste humain, ne lui en tint pas rigueur, et ne l'affubla pas d'une nouvelle morsure mais posa seulement une main sur son ventre, lui faisant comprendre de ne pas bouger. La blonde obéit. Elsa calmée, Mak lécha doucement son intimité, sa rage bien incapable de lui faire oublier qu'il serait effroyable qu'elle la blesse. Que même dans le pire des moments, l'intimité d'une femme se respectait. Et l'intimité d'Elsa… se retrouver ainsi, la tête entre ses jambes lui avait tellement manqué…

Elsa gémit, réclamant toujours plus, se fichant pas mal de la bienséance. Mak plissa les yeux en l'observant une seconde. L'avait-elle déjà vu si belle, réagissant ainsi sous sa langue ? Elle n'en était pas certaine, ou alors elle ne s'en souvenait pas. Elle se rappela d'un point extrêmement sensible qui faisait chavirer son ancien professeur à tous les coups. Et quand sa langue s'arrêta sur ce point-là précisément et qu'elle osa le caresser d'une canine bien placée, la jeune fille sentit le corps d'Elsa trembler. Les bras enroulés autour des cuisses de la blonde se resserrèrent, lui refusant le moindre geste alors que la bouche experte l'emmenait elle ne savait où en accentuant ses mouvements.

Ne pouvant obéir plus longtemps, les mains d'Elsa se perdirent dans les cheveux bleus et les empoignèrent avec force sous la tempête de sensation qui la traversa alors que son dos décollait du lit et qu'un cri suraiguë passa ses lèvres.

Un cri de midinette… pensa Mak en haussant un sourcil amusé sans la lâcher des yeux, bien trop happée par cette vision de cette blonde en train de jouir contre sa langue.

Mak se surprit à sourire en sentant ses mains baladeuses alors qu'elle goûtait un parfum qu'elle pensait avoir oublié, n'éloignant jamais l'intimité d'Elsa de sa bouche, serrant ses cuisses fermement, l'empêchant ainsi de se dérober. Encore une fois, la jeune fille fut conciliante et lui autorisa cet écart, se doutant bien que de toute façon, dans l'instant, Elsa était si tremblante, frémissante, même si bruyante qu'elle n'était probablement plus vraiment là.

Après de longues secondes, Elsa retomba sur le lit et les spasmes se calmèrent. D'une main, Mak s'essuya la bouche et déposa un dernier baiser sur l'entrejambe de la blonde. Elsa sursauta et Mak ne put empêcher un rire grave de passer ses lèvres. Elsa avait toujours été comme ça. Après l'orgasme, on ne pouvait plus la toucher.

Elsa inspira longuement alors que les dernières effluves de l'orgasme la quittaient doucement. Ses yeux étaient fermés, ses muscles détendus, son cœur réparé alors qu'elle reprenait lentement possession du corps qu'elle avait offert à Mak. Mak qui se redressa et qui se laissa tomber dans le lit près d'elle.

La jeune fille reprit une respiration lente en fixant le plafond, remarquant qu'elle n'avait même pas pris le temps d'enlever ses chaussures. Sans un mot, elle sortit un paquet de cigarettes de sa poche et en extirpa la dernière qu'elle coinça entre ses lèvres.

- Je ne sais pas si tu peux fumer ici, dit doucement Elsa en se tournant sur le côté.

Mak haussa seulement les épaules et alluma la cigarette avant de s'en offrir une grande bouffée et de cendrer dans le paquet vide. Elsa la laissa faire, incapable de lui refuser quoi que ce soit, peinant à lire sur son visage, incapable de deviner ce qui se passait dans sa tête. Elles restèrent ainsi silencieuses dans la sérénité qu'offrait cette chambre.

Pourtant, aucunes des deux n'étaient sereines. Pour la première fois, un malaise s'installait entre elles. La blonde, loin d'être discrète, l'observait sous toutes les coutures, profitant du fait qu'elle s'expose à elle sans t-shirt. Ce qu'Anna lui avait dit par téléphone la frappa de nouveau.

Ce corps-là, lui non plus, n'avait rien à voir avec celui qu'elle avait connu. Elle remarqua que Mak avait perdu une taille de poitrine et sans doute une taille de pantalon. Ses hanches, déjà visibles à l'époque, étaient maintenant bien trop apparentes. Et l'ensemble du corps se révélaient finement musclé, probablement tendu en permanence par un stresse quotidien alors que Mak semblait ne même plus le sentir. Et Elsa se dit qu'il était bien triste qu'une personne en arrive à ne même plus sentir les tensions de son corps.

Elsa fronça les sourcils en jetant un œil à la main que la jeune fille avait abîmée la dernière fois qu'elles s'étaient vu. L'enseignante attrapa doucement le poignet. Mak, surprise par le contact soudain, lui jeta un regard, un regard d'une seconde à peine qui ne trahissait rien avant de le refixer au plafond. Elsa caressa la main du bout des doigts avant de la reposer délicatement sur le matelas alors que Mak se laissait faire sans broncher, immobile sur ce lit, sûrement perdue dans ses pensées. Dans ce silence embarrassant, Mak termina sa cigarette, l'écrasa dans le paquet vide et se redressa pour s'asseoir au bord du lit sous le regard inquiet d'Elsa.

- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda l'enseignante en se redressant sur un coude.

- Il faut que j'aille bosser, répondit seulement Mak d'une voix monocorde en enfilant son t-shirt qu'elle avait abandonné près du lit.

Une incompréhension totale passa dans les yeux d'Elsa alors que Mak se levait déjà. La blonde s'assit alors, incapable de comprendre pourquoi cette jeune femme qui venait de lui offrir l'un des plus bels orgasmes de sa vie, semblait maintenant si froide.

- Eh attends, arrêta Elsa alors que Mak ne se tournait que d'un quart pour lui offrir un haussement de sourcils méprisant. On pourrait en parler… ? Essaya-t-elle n'y croyant pourtant pas elle-même.

- Ce n'est pas pour parler que je suis venue ici, répondit Mak en faisant déjà un pas vers la sortie, Elsa figée dans ce lit, capable de rien face à l'ascenseur émotionnel qui se plaisait à faire faire des grands huit à son cœur.

- Lichtenstenner s'il te plait…soupira Elsa. Ne fait pas ça, murmura-t-elle en la suppliant des yeux.

- Je fais ce que je veux, gronda Mak sans se retourner avant de claquer la porte derrière elle, laissant une Elsa bouche bée seule dans sa chambre.

Elsa s'était faite avoir comme une adolescente par un putain de fuckboy… Elle se sentait minable. Comme si un type inconnu l'avait prise contre un mur d'une boîte de nuit, juste à côté d'un fumoir bondé, pour la laisser après avoir fini son affaire, une bretelle baissée, un collant déchiré, une odeur de tabac froid dans les cheveux.

Elle qui s'était dit que quelque chose s'était réparé entre elles, se dit que finalement, elle aurait peut-être besoin d'un bouquet de tournesols…

Déshabillez-moi… réclamait Juliette Gréco par les enceintes du Storybrook d'une voix suave et provocante alors que de nombreux clients buvaient, dansaient, puis buvaient encore, cherchant avec qui ils allaient conclure ce soir.

La soirée était électrique et sensuelle. La musique incitait à la luxure et la chaleur qui se dégageait des corps ne faisait que confirmer que Régina Mills était définitivement la meilleure dans son domaine.

Une lumière rouge tamisait la grande pièce, se reflétant sur les murs de la même couleur.

La teinte ambrée des liquides qui remplissaient les bouteilles d'alcool faisait scintiller le bar.

Et derrière ce bar illuminé par une multitude de leds blanches, Mak se dandinait, ondulant des hanches en remplissant un mètre de shooters. Il faisait chaud ce soir, beaucoup trop chaud. Et la jeune fille s'était contentée de porter un short court et un t-shirt blanc qu'elle avait noué au niveau de sa taille, laissant une partie de son ventre nue. L'avantage de travailler dans un bar dévergondé était que jamais personne ne l'emmerdait pour des vêtements trop courts.

La soirée ne faisait que commencer mais de nombreux clients s'asseyaient déjà sur les grands tabourets juste en face d'elle.

- Cette charmante demoiselle pourrait-elle me servir Bloody Mary ? Demanda un grand homme fin à la peau brune portant un chapeau haute forme avec une tête de mort cousue dessus.

- Sans problème, répondit Mak en lui souriant rapidement avant de s'affairer à préparer son cocktail alors que lui ne la lâchait pas des yeux.

Le verre terminé, Mak le déposa devant l'homme, coinçant l'addition dessous. L'homme y jeta un rapide coup d'œil, puis déclara :

- Il manque quelque chose.

- Vous m'avez commandé un Bloody Mary, et c'est ce que je vous ai servi, confirma Mak en fronçant les sourcils.

L'homme sourit en ôtant son chapeau de sa tête pour le poser sur le bar.

- Je suis le Docteur Facilier, se présenta-il en souriant. Et je vous assure qu'il manque quelque chose sur l'addition puisque votre numéro n'y figure pas.

Mak plissa les yeux en l'observant mieux. Des clients comme lui, elle y avait droit tous les soirs. Elle reconnut immédiatement son sourire enjôleur, ses yeux vitreux. Celui-ci avait sans doute fait la tournée des bars avant de venir ici, cherchant sûrement quelques gamines à ramener dans son lit… Elle soupira intérieurement mais tenta de rester professionnelle malgré tout.

- Cela ne fait pas partie de mes compétences, mais bonne dégustation tout de même, sourit-elle, pensant qu'il comprendrait le message.

- Pourtant c'est vous que j'aimerai déguster, appuya l'homme en faisant courir sans pudeur son regard sur le corps de la jeune fille.

Je vais vomir...pensa Mak en comprenant qu'elle ne se débarrasserait pas de lui si facilement.

Elle jeta un coup d'œil à l'entrée, et grinça des dents en voyant qu'Hercule n'était pas là, sans doute en pause l'espace de quelques minutes.

Elle sut alors qu'elle devrait se dépêtrer seule de cette situation, Régina étant dans son bureau comme souvent.

- Je suis navrée mais je ne suis pas sur la carte, déclara-t-elle avant de se retourner pour l'ignorer superbement.

- Si appétissante… entendit-elle pourtant derrière elle en se doutant que le regard de l'homme était à présent posé sur ses fesses.

Elle roula des yeux. Ces choses-là faisaient malheureusement partie de son métier. Elle ne prit pas la peine de répondre et se contenta de ranger quelques verres, remettant un peu d'ordre derrière son comptoir.

- Eh ! Entendit-elle soudain.

Elle aurait pensé que ce connard de Facilier l'interpellerait de nouveau mais fut tout à fait surprise en reconnaissant là une voix qu'elle n'aurait jamais pensé entendre ici, une voix qu'elle avait pourtant quitté quelques heures plus tôt.

Elle se retourna soudainement et eut à peine le temps de croiser un regard bleu de colère que déjà, elle vit Elsa attraper le Bloody Mary qu'elle venait de servir à Facilier pour, d'un geste rapide, le lui vider à la figure.

Mak ferma les yeux quand la vodka lui brûla la rétine et se déversait ensuite sur l'entièreté de son t-shirt.

La jeune fille, la surprise passée, grimaça et s'essuya le visage avant de se confronter au regard d'une Elsa furieuse et celui plus que lubrique que Facilier faisait courir sur son t-shirt mouillé.

Certains clients rirent en la voyant ainsi, d'autres firent semblant de n'avoir rien vu alors que Mak restait figée sur place, une colère à présent évidente sur le visage, son regard plongé dans celui d'une blonde qui se tenait droite et fière devant son comptoir.

La jeune fille ouvrit la bouche, prête à pousser une gueulante, mais Elsa la devança.

- Ne me traites plus jamais comme si j'étais ta putain ! Hurla Elsa en la pointant d'un doigt menaçant.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit Mak en avançant d'un pas, peinant à ignorer l'homme au chapeau qui souriait toujours alors qu'Elsa ne semblait même pas l'avoir remarqué.

- Ah vraiment ? Demanda l'enseignante en se penchant au-dessus du comptoir, haussant un sourcil réprobateur. Tu m'aurais laissé une liasse de billets sur le lit si tu avais pu, comment tu appelles ça ?

Mak plissa les yeux alors que la perche lui était tendue.

- Une séance de révision ? Sourit-elle avec sarcasme faisant volontairement référence à cette fois-là où Elsa, peut-être sans le vouloir lui avait fait tellement de mal, cette fois où elle avait refusé qu'elle la touche sur le canapé de son salon.

- C'était ça ton plan ? Me punir pour ça ? Demanda Elsa en claquant une main dure sur le comptoir. C'est pour ça que tu m'as prise pour ta pute ce soir ! Cria-t-elle, hors d'elle.

- Je vous en prie mesdemoiselles, nous passons une bonne soirée, détendez-vous, intervint Facilier sans jamais perdre ce sourire que Mak ne supportait plus.

Elsa tourna la tête vers lui, prenant conscience de sa présence, puis recentra son attention sur Mak et demanda une acidité certaine dans la voix :

- C'est qui lui ?

- Un client, répondit simplement Mak en haussant les épaules, essayant de faire abstraction du nombre de commandes que ses autres clients impatients lui réclamaient.

- Un client mécontent d'ailleurs, fit savoir Facilier avec un air suffisant plaqué sur le visage. Parce que deux magnifiques jeunes femmes sont devant moi et ne cessent de se crêper le chignon alors qu'elles pourraient être tellement plus belles si elles prenaient le temps de sourire.

- Eh, ça va, arrêta Mak en fronçant les sourcils. Je suis désolée pour l'incident, je vais vous refaire votre verre mais mêlez-vous de ce qui vous regarde, déclara-t-elle, espérant calmer le jeu en voyant le regard meurtrier qu'Elsa lui lançait.

Sans perdre une seconde, elle refit rapidement le mélange sous l'œil attentif de l'homme et d'une Elsa qui bouillonnait intérieurement en voyant qu'il ne la lâchait pas des yeux.

- C'est bête, quitte à m'offrir un verre, j'aurais préféré le partager avec vous, s'amusa Facilier, ignorant totalement la blonde.

- Je vous l'ai déjà dit, je ne suis pas sur la carte, soupira Mak.

- Allons, ne soyez pas si catégorique, rit l'homme alors qu'Elsa serrait les dents. Je suis certain que ça pourrait vous plaire, insista-t-il en se penchant un peu plus au-dessus du comptoir.

- Vous ne comprenez pas ce qu'elle est en train de vous dire ? Grinça Elsa, ne supportant plus qu'il lui parle ainsi malgré toute la colère qu'elle avait à son égard.

- Elsa, c'est bon, gronda Mak en lui jetant un regard noir.

- Mais oui Elsa, laisse-nous discuter un peu, renchérit Facilier. Alors ? Demanda-t-il en reportant son attention sur Mak. Vous finissez à quelle heure ? On pourrait passer un moment sympa chez moi, proposa-t-il alors qu'Elsa serrait les poings en voyant Mak grimacer, de toute évidence mal à l'aise.

- Je n'offre pas ce genre de service, refusa poliment la jeune fille en déposant un nouveau cocktail devant l'homme.

- Allons, tous services s'achètent si vous voyez ce que je veux dire, sourit-il avec un clin d'œil. Je suis sûre que vos mains délicates ne sont pas bonnes qu'à servir des cocktails...murmura-t-il en se penchant tellement que Mak, par réflexe de défense, se sentit obligée de faire un pas en arrière.

La jeune fille allait répliquer, lui demander de sortir mais ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit Elsa attraper le col de sa veste pour le plaquer contre le comptoir.

- Elle t'a dit non, qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Demanda fermement l'enseignante, prise d'une rage incontrôlable alors que Mak ne comprenait même pas ce qui était en train de se passer.

- T'es dingue ! Lâche-moi ! Cria l'homme en se débattant violemment.

Malheureusement pour elle, même avec tout le courage du monde, Elsa se révéla plus faible physiquement et le coude de Facilier cogna violemment son arcade. La blonde gémit sous la puissance du coup et se recula en se tenant la tête, quelque peu chancelante alors que les autres clients s'écartaient tout autour d'elle.

- Elsa ! Cria Mak, une inquiétude non feinte sur le visage en s'aidant de ses bras pour sauter par-dessus le comptoir. Hercule ! Appela-t-elle, en panique totale, se plaçant entre Elsa et l'homme.

Heureusement, le vigile semblait être revenu de sa pause puisqu'il déboula en trombe dans le bar.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il en voyant cette blonde qu'il reconnut avec une petite plaie au niveau du front, et ce type avec un immonde chapeau qu'il agitait dans tous les sens en hurlant quelques insultes incompréhensibles alors que Mak se tenait au milieu de tout ça, son t-shirt taché d'un liquide rouge vif qu'il ne sut identifier.

- Vire cet enfoiré, ordonna Mak en pointant Facilier du doigt et sans perdre plus de temps, Hercule s'exécuta.

- Qu'est-ce qui se passe ici ! Cria une voix alors que toutes les autres se taisaient.

Mak grimaça, et se retourna pour croiser le regard noir que lui lançait sa patronne.

- Régina, je peux tout expliquer, s'empressa de déclarer Mak.

- Non ! Arrêta immédiatement Régina en tendant une main autoritaire devant la jeune fille alors qu'elle jetait un œil à la blessure de la blonde. Je ne veux pas entendre vos explications Miss Lichtenstenner. Rentrez chez vous, et revenez quand vous serez apte à travailler sans que mes clients ne soient en danger de mort.

- Mais je… essaya Mak.

- Je ne le répéterai pas ! Cria Régina, excédée. Je vais finir avec Hercule, bonne soirée Miss Lichtenstenner, conclut-elle froidement et Mak sut qu'elle n'avait pas le choix.

Les épaules de la jeune fille s'affaissèrent alors qu'elle soupirait et que Régina se désintéressait complètement d'elle, prenant rapidement les commandes des clients que Mak avait délaissé.

La jeune fille comprit qu'elle n'avait plus rien à faire ici, et se tourna donc vers Elsa, l'attrapa par la main et la tira à l'extérieur.

L'enseignante se laissa faire sans broncher, consciente qu'elle avait merdé et se contenta de la suivre docilement en essayant d'oublier le fait que sa main se retrouvait dans la sienne.

Elles traversèrent rapidement le parking et arrivèrent devant une R5 blanche.

- Monte, ordonna froidement Mak en déverrouillant la voiture.

Elsa resta stupide, hésitante, incertaine de ce qui suivrait.

- Monte dans cette voiture, répéta Mak en marquant un temps d'arrêt entre chaque mot avant de prendre place côté conducteur.

Elsa s'exécuta alors sans poser de question.

- Tu as fini par décrocher ce foutu permis, commenta-t-elle en attachant sa ceinture.

Mak lui jeta un simple regard qui ne montrait rien sans prendre la peine de répondre et démarra la voiture.

L'enseignante choisit alors de se taire et se concentra sur la route. Elle grimaça tout de même en sentant une petite douleur tracasser sa tempe non loin de là où l'homme l'avait frappé. Ce geste n'échappa pas à Mak qui, arrêtée à un feu rouge, tendit une main vers la blonde, et posa un doigt sous son menton.
Elsa fut surprise une seconde, mais consentit tout de même à se laisser faire et tourna la tête pour rencontrer un regard inquiet qui lui réchauffa le cœur. Mak s'inquiétait pour elle, tout n'était pas perdu.

La jeune fille grimaça légèrement en voyant la plaie quelque peu sanglante qui ornait à présent l'arcade de son ancien professeur et soupira en branlant la tête avant de reprendre sa route.

Le trajet se poursuivit dans le silence total. Jusqu'à que Mak ne gare sa voiture en bas de son immeuble.

- Viens, déclara-t-elle en sortant du véhicule.

Elsa, cette fois, comprit qu'il était inutile d'argumenter.

Elles montèrent ensemble jusqu'à l'appartement de la fille aux cheveux bleus et entrèrent en essayant de faire le moins de bruit possible. Colonel, avachi sur le canapé, releva une oreille alors que Mak fermait la porte derrière elle. Le chien observa le duo, grognant doucement en remarquant cette blonde qui ne lui avait pas fait forte impression à leur première rencontre.

- Rendors-toi mon grand, tout va bien, murmura sa propriétaire en traversant la pièce

Les jeunes femmes se glissèrent dans la salle de bain que Mak partageait avec sa colocataire et Elsa s'approcha du miroir pour observer sa blessure. Ses yeux se baladèrent instinctivement sur les différents produits face à elle, son cœur serrant sa poitrine lorsqu'elle remarqua les deux brosses à dents se faisant face dans un même pot. Mak approcha doucement, hésitant presque et attrapa de quoi désinfecter la plaie dans sa pharmacie.

- Approche, lui ordonna-t-elle en croisant son regard dans la glace.

- C'est rien, laisse tomber, marmonna une Elsa que la colère n'avait pas encore quittée.

- Sois raisonnable, il faut nettoyer ça.

Mak saisit son bras entre ses petits doigts froids et l'obligea à s'asseoir sur le bord de la baignoire. La blonde céda finalement, laissant la plus jeune glisser un coton alcoolisé sur la plaie superficielle.

- Je te fais mal ? demanda Mak en remarquant les sourcils froncés de son aînée.

Elsa releva les yeux vers la jeune fille et tenta de rester impassible, malgré cette satanée écorchure qui la brûlait, il fallait l'avouer.

- Je ne vais pas mourir d'une égratignure.

- C'est ça, Rocky Balboa ou Tony Stark dans ton cas, se moqua Mak en s'autorisant un rire, se souvenant à quel point Elsa adorait Iron Man. Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça ? Demanda-t-elle plus sérieusement.

- Il n'avait pas à te parler comme ça, rétorqua immédiatement la blonde alors qu'une certaine colère revenait rien qu'à la pensée de cet abruti.

- Elsa...soupira Mak. Des types comme ça, j'en vois tous les soirs.

- Et alors ? C'est une raison ? Demanda l'enseignante en secouant vivement la tête.

- Reste tranquille, imposa Mak en posant une main sur sa joue alors que l'autre tenait toujours le coton sur l'écorchure, tentant avec expérience d'arrêter le saignement.

Elsa soupira en roulant des yeux, essayant de ne pas fondre sous le toucher que la jeune fille lui offrait. Un toucher qui ne réparait pas seulement son visage, mais également une partie de son âme.

- Et toi tu penses que c'était une raison pour vouloir lui casser la gueule ? Contra Mak. C'était stupide et inconscient, accusa-t-elle en tentant de ne pas crier, se souvenant qu'Emma dormait. Ça m'étonne de toi d'ailleurs, soupira-t-elle en prenant un nouveau coton qu'elle appliqua doucement sur la plaie bien plus jolie qu'au départ. Et s'il s'était défendu, hein ? Qu'est-ce que tu aurais fait ?

- Peu importe, répondit Elsa en haussant les épaules. J'ai dit que je me battrai sans hésitation pour te défendre et c'est ce que j'ai fait.

Mak roula des yeux en tentant de ne pas montrer à quel point elle savait pourquoi son ancien professeur avait agi de la sorte, choisissant d'oublier qu'il n'y avait pas de plus belle preuve d'amour que de se battre pour quelqu'un, enfouissant le souvenir d'Annecy dans les bas-fond de sa mémoire. Sentant que la conversation touchait à sa fin, la jeune femme attrapa un pansement et le colla délicatement sur la blessure.

- Et voilà, comme neuve.

Alors que Mak reculait d'un pas, Elsa se redressa, admirant le travail de la plus jeune d'un coup d'œil rapide.

- Merci, murmura presque la blonde

- Une chance que je vive avec un flic qui rentre souvent couverte d'ecchymoses. Une bière ça te tente ? proposa Mak en rangeant son matériel, se disant qu'après cette soirée de folie, elles l'avaient bien mérité toutes les deux.

Elsa se contenta d'un mouvement de tête et suivit son ancienne élève dans la petite cuisine de l'appartement en oubliant volontairement le fait qu'elle venait de lui dire qu'elle avait pu la soigner parce qu'elle avait pu s'exercer sur Emma... Comme par mégarde, le regard de l'enseignante voulut analyser chaque objet autour d'elle. L'endroit était désordonné, sans pour autant être plongé dans un bordel total. Chaque objet semblait y avoir sa place, voulant raconter une anecdote l'ayant amené à se trouver ici. Un léger sourire traversa ses lèvres en réalisant que tout était à l'image de Mak et de son esprit encombré. Des épices dans des pots en verre sur lesquels on avait omis de noter ce qu'ils contenaient. Des boites de thés hautes en couleurs et dépareillées. Et sur le frigo, quelques photos, bien sûr, d'elle et d'Emma.

Le sourire d'Elsa s'envola.

- Arrête, tu te fais du mal, intervint Mak à qui ce regard n'avait pas échappé en déposant une bouteille de bière sur la table de la cuisine, intimant à Elsa de s'asseoir.

L'enseignante ne releva rien et s'aida de ses bras pour se hisser et s'asseoir sur la table de la cuisine.

Mak ne fut pas surprise par ce geste, une habitude qu'Elsa ne semblait pas avoir perdu. La jeune fille connaissait maintenant suffisamment son ancien professeur pour savoir que cette manie de s'asseoir toujours plus haut que tout le monde était seulement un énième moyen de se protéger.

Alors elle préféra rester debout, appuyée contre l'un des plans de travail de la cuisine.

- Je peux fumer dans ton appart ? Demanda Elsa après s'être offert une gorgée de bière.

- Tu fumes encore ? S'étonna Mak après avoir déposé un cendrier sur la table.

- Non, toujours pas, répondit l'enseignante en craquant pourtant une cigarette, faisant sourire la jeune fille une seconde.

Une fumeuse qui ne s'assume pas, ça résumait plutôt bien ce qu'était Elsa Lange.

Et sans demander permission, parce que c'était quelque chose qui s'était installé entre elles très vite, Mak vola la cigarette qu'Elsa tenait entre ses doigts d'un geste rapide et gracile avant de la coincer entre ses lèvres.

Elsa ne fut pas surprise une seule seconde et alluma simplement une nouvelle cigarette en perdant de nouveau son regard sur les clichés du frigo. Emma et Mak souriantes, Emma et Mak riant aux éclats…

La fille aux cheveux bleus porta le goulot de la bouteille de bière à sa bouche et plissa les yeux en voyant, que définitivement, Elsa ne décrochait pas de ce frigo.

- Je n'avais pas envie d'une pute, déclara-t-elle soudain alors que la blonde l'ignorait toujours. J'avais juste envie de toi, précisa-t-elle en un murmure en baissant les yeux. De toi sans prise de tête, sans penser au reste.

Elsa la regarda enfin alors que ses épaules s'affaissaient face à ses mots. Elle la toisa une seconde, sentant que sa colère, comme celle de Mak d'ailleurs, semblait vouloir battre en retraite.

Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Peut-être parce qu'il était 3h du matin, qu'elles n'avaient pas dormi, ou peut-être encore parce qu'elle avait voulu casser la gueule de ce type et que Mak l'avait soignée par la suite…

- Je ne pensais pas que cette séance de révision t'avait fait tant de mal… s'entendit-elle pourtant murmurer.

Mak haussa les épaules pour toute réponse. Avait-elle vraiment envie de parler de ça ? De remuer le passé, là, maintenant ? Non. Elle ne s'en sentait pas capable. Face à son silence, Elsa reprit :

- Si j'avais su que…

- Je n'ai pas envie d'en parler, coupa Mak, de nouveau sur la défensive.

- Toujours aussi loquace… souffla doucement Elsa.

- Je me passerai de tes commentaires, grogna tout de même la jeune fille. Mon t-shirt est ruiné à cause de toi, rappela-t-elle en montrant le vêtement blanc devenu rouge écarlate.

- Mon visage est ruiné à cause toi, contre-attaqua Elsa de manière suffisante.

- Ce n'est pas ma faute si tu ne sais pas te battre, renchérit Mak en haussant un sourcil.

- Lichtenstenner… rit étrangement Elsa en un soupir de lassitude. T'as pas perdu ta grande gueule, hein ? Demanda-t-elle sans attendre de réponse en passant une main sur son visage.

Un silence pesant s'installa. Ni l'une, ni l'autre ne savait où poser ses yeux. Alors, elles se contentèrent de fixer le goulot de leur bouteille tandis que leur cigarette se consumait lentement entre leurs doigts immobiles.

Finalement, ce fut Elsa qui se décida à briser le silence. Elle fit claquer le cul de sa bouteille sur la table lorsqu'elle en descendit, faisant relever la tête à Mak. Voyant que la blonde était sur le point de partir, comme en témoignait ses pas vers la sortie, la fille aux cheveux bleus demanda soudainement, dans un souffle à peine paniqué :

- Pourquoi maintenant ?

Surprise par ses propres mots et le trémolo de sa voix, Mak se tendit immédiatement alors qu'Elsa se stoppait net au milieu de la cuisine. Puis, décidant qu'elle avait bel et bien le droit à une réponse claire, la jeune fille se redressa et, pleine d'audace, redemanda d'une voix beaucoup plus forte :

- Pourquoi avoir attendu cinq ans, Elsa ?

La voilà, cette confrontation tant attendue comme tant redoutée. Les épaules d'Elsa s'affaissèrent alors qu'elle n'osait pas faire face à Mak et aux reproches dans son regard. Pourtant, si elle s'était tournée à ce moment-là, sans doute aurait-elle vu que la peur qu'elle ressentait était partagée par la jeune femme.

Que pourrais-je bien lui répondre ? se demanda-t-elle en tirant rageusement sur sa cigarette, cherchant par ce geste à se donner une certaine contenance.

La vérité, pour commencer, non ? Lui répondit sa petite voix intérieure d'un ton goguenard.

Elsa soupira. Sa conscience avait raison, évidemment, mais la peur lui enserrait les tripes et la tétanisait. Il lui fallut un effort surhumain pour, enfin, se tourner vers Mak. Elle n'avait pas bougé, toujours appuyé contre l'un des plans de travail. Son regard n'était pas empli de reproches, comme Elsa s'y était attendue, mais d'une lassitude qui lui serra le cœur.

- J'avais peur, répondit soudainement Elsa en soutenant le regard de Mak. Peur des conséquences sur ma vie. Peur d'aller en prison. Peur de ne plus pouvoir exercer. Cette peur-là, de voir ma vie me filer entre les doigts, à supplanter celle de te perdre. Alors j'ai fait ce que je sais très bien faire… J'ai fui. J'ai fui en espérant que tu m'attendrais.

Ce que Mak avait fait, pendant un temps du moins.

- Les mois se sont écoulés, puis les années. La peur de te perdre s'est transformée en la peur de te voir porter plainte contre moi, parce que tu me détestais sûrement de te faire subir ça… Ça aurait été légitime de ta part de vouloir me faire souffrir...

Avant que Mak puisse répliquer quoi que ce soit, Elsa leva la main pour l'arrêter.

- Je sais que ce n'est pas ton genre, mais ce que je ressentais à ce moment-là m'a fait prendre des décisions irrationnelles ou penser des choses qui ne sont pas vraies…

Elsa soupira, le cœur serré. Mak, face à elle, n'essaya pas de dire quoi que ce soit et se contentait de la fixer, sans un mot, l'expression indéchiffrable.

Enfin, après ce qui sembla être une attente interminable pour Elsa, la jeune femme aux cheveux bleus se décida enfin à parler. Celle-ci passa une main lasse sur son visage, semblant prendre d'un coup cinq années supplémentaires.

-Je t'ai attendue. J'ai vraiment eu l'espoir que tu reviennes vers moi. J'aurais été prête à t'accueillir à bras ouverts, sans doute…

Le visage d'Elsa s'assombrit à l'entente de ces mots. Elle serra les dents, redoutant la suite.

- Mais tu n'es pas revenue. Il a fallu que j'annonce froidement à un répondeur que je ne t'attendais plus pour que tu réagisses. Mais c'est trop tard. Tu ne peux pas exiger de moi que je te pardonne aussi facilement, que je t'ouvre mes bras… comme ça.

Elsa, soufflée par les mots de Mak comme par la maturité de celle-ci, ne savait quoi répondre. Un air surpris se peignit sur son visage lorsqu'elle sentit les larmes rouler sur ses joues. Des larmes qu'elle retrouva, soudainement, sur le visage de Mak.

- Je vais y aller… souffla le professeur en écrasant le reste de sa cigarette dans le cendrier que Mak avait posé sur la table en arrivant.

À côté du cendrier traînait une pile de papier en désordre. Sans réfléchir, Elsa saisit le crayon qui se trouvait à côté et y écrivit rapidement une série de chiffres. Elle reposa ensuite le crayon sans un bruit.

- Mon nouveau numéro, si jamais… Bonne nuit, Lichtenstenner.

Sans un mot de plus, Elsa quitta la cuisine. Jusqu'à ce qu'elle pose la main sur la poignée de la porte, elle eut l'espoir que Mak l'appelle. La retienne. Mais elle n'entendit pas la voix de son ancienne élève.

Je l'ai mérité… se flagella-t-elle en fermant la porte de l'appartement derrière elle.

À l'intérieur, Mak se laissa doucement tomber par terre, la tête dans les bras. Le bruit de griffes sur le plancher lui indiqua que Colonel s'approchait et, rapidement, elle sentit le souffle chaud de son compagnon près de son visage. Machinalement, elle leva une main pour le caresser et croisa le regard triste du chien.

- Qu'est-ce que je devrais faire selon toi, hein?

Colonel pencha la tête sur le côté, comme s'il comprenait et vint appuyer sa tête sur le genou de sa maîtresse pour lui offrir son réconfort.

- Je ne peux pas lui pardonner comme ça… la laisser revenir la bouche en cœur après ce qu'elle a fait.

Mak soupira. Cette situation lui mettait les nerfs à fleur de peau. Un gémissement de la part de Colonel lui fit baisser les yeux vers lui. Son regard de chien battu la fit sourire en coin.

- Ok… souffla-t-elle en attrapant son téléphone dans la poche arrière de son jean.

Les doigts tremblant, elle ouvrit son répertoire et cliqua sur le petit + en bas de l'écran. Elle voulut nommer le contact en tant que E. exactement comme elle l'avait fait autrefois. Pourtant, quelque chose la poussait à croire que tout avait changé depuis, et que les vestiges du passé feraient mieux de rester là où ils étaient. Elle pensa ensuite à, emmerdeuse professionnelle qui a le don de faire chier le monde, mais se dit que c'était définitivement trop long… Et pourquoi pas juste Elsa ? Non, parce qu'elle n'avait, malgré sa colère, jamais été juste Elsa pour elle… Elle sourit alors un minimum en notant Tony Stark dans la case correspondante. Puis au moment d'entrer le numéro, se releva et s'approcha de la table. Elle récupéra le papier sur lequel la blonde avait écrit et l'entra dans son téléphone.

Son doigt en suspens au-dessus de l'écran tactile, dont la luminosité lui brûlait les yeux, Mak hésita longuement avant de cliquer sur "envoyer un message". Elsa méritait-elle vraiment ne serait-ce que l'ombre d'une attention de sa part ? Non, elle avait davantage envie d'enregistrer ce fucking numéro et de ne jamais s'en servir comme pour lui envoyer un doigt d'honneur numérique, tiens, voilà ce qu'Elsa Lange méritait. Après tout, Mak n'avait jamais été très obéissante, Elsa devrait le savoir, non ? Elle a voulu changer de numéro de téléphone pour s'éloigner encore un peu plus d'elle, et bien qu'elle assume ! Foutue blonde !

Un coup d'œil vers Colonel lui fut nécessaire pour se décider, le chien s'étant assis comme pour attendre sa réaction. Une conversation vierge de tout SMS s'ouvrit sur le téléphone et Mak pianota rapidement quelques mots avant de les envoyer sans attendre. Elle savait très bien que si elle se réalisait, elle ne l'enverrait pas.

Lorsque la porte de la chambre 206 se referma derrière elle, Elsa marcha en pilote automatique jusqu'à son lit. Elle s'y laissa tomber, les traces de larmes encore visibles sur son visage fatigué. Somnolente, après tant d'émotions, elle failli manquer la notification en haut à gauche de son écran.

Plissant les yeux, elle l'ouvrit et son cœur s'emballa soudainement à la lecture du message qui provenait d'un numéro inconnu.

De Inconnu :

Tu as mon numéro maintenant, Monsieur Stark.