Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur
la seconde partie du chapitre vingt-huit du Souffle Du Dragon !
Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !
Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.
Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…
À l'attention de Dramionymus et Croquine, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court !
Réponses aux review anonymes:
Gumpyx : Bonjour à toi, Gumpyx! Très heureuse de faire la rencontre d'une nouvelle lectrice! Je suis vraiment très heureuse que cette histoire te plaise et j'espère qu'elle continuera de le faire pour les quelques [ presque ] 25 chapitres qui suivront! Merci infiniment d'avoir pris le temps de me laisser un commentaire avec tes impression et j'espère te retrouver à nouveau dans mon fil de review,
Bisou,
Mya
Guest: Bonjour à toi, Guest! Je te l'accorde, leur relation ( leurs relations à tous à vrai dire... ) est compliquée, mais je déteste faire simple quand on peut faire compliqué, c'est ce qui me caractérise hihi
J'espère que cette histoire continuera de te plaire encore jusqu'à la fin,
Bisou,
Mya
Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !
*** Bonne lecture ! ***
Précédemment dans le Souffle Du Dragon :
Chapitre 28 (part 1):
— Je peux te poser une question, et après je te promets de ne plus jamais en parler à nouveau ? demandé-je rapidement.
Cette question, malheureusement, me tourne dans la tête depuis que nous sommes revenus d'Australie, voire depuis le rituel à Poudlard… Tous les jours, insidieusement, elle revient me hanter, me rendant folle à force…
— Demande toujours…, fait-il, intrigué.
— Tu étais sincère ? soufflé-je en versant mon regard au sien. Ce jour-là, quand tu m'as dit que ce n'était pas grave, tu le pensais vraiment ?
Il déglutit difficilement, comprenant immédiatement de quel moment je veux lui parler. Pendant cette chanson bien précise, le soir du bal. Quand je lui ai demandé pardon de ne pas avoir pu faire revenir la femme qu'il aime…
— Je suppose que je ne pourrais pas y échapper, n'est-ce pas ? soupire-t-il en renversant sa tête contre le dossier du canapé.
— Tu n'es pas obligé de répondre si tu n'en as pas envie, dis-je précipitamment. Je comprendrais.
Bon sang… Je crois que le son rauque de la douleur qu'a pris sa voix en disant ces quelques mots est presque pire que de sentir sa poigne sur mon corps se desserrer pour que je puisse reprendre ma place dans le canapé…
— On a choisi d'être honnête en venant ici, non ? grimace-t-il en se redressant. Et je ne t'ai jamais menti, donc ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer…
Il se lève, commençant à arpenter le sol de la salle de thérapie, et je dois bien avouer que je me fous pas mal que la Psychomage soit présente en ce moment.
Tout ce sur quoi je parviens à focaliser toute mon attention, c'est la détresse qui émane de son corps, ses mains qui passent et repassent dans ses cheveux qu'il noue et détache de son catogan, ses gestes brusques et la tension qui sort par vague de lui.
Tout en lui me fait comprendre qu'être sincère en ce qui concerne ce sujet est dur, bien plus dur que ce à quoi il s'était attendu en venant ici… Puis il s'arrête devant la fenêtre, dans une posture qui me rappelle un souvenir doux-amer : celui du jour où je suis venue le voir à la Chaumière après qu'il m'a ramené entre les vivants à coups de Doloris…
— Tu m'en veux toujours ? chuchoté-je.
— Non ! s'écrie-t-il précipitamment en se tournant vers moi. Bien sûr que non ! Mais en même temps, oui, Granger, je t'en veux à mort ! Comment as-tu pu croire une seule seconde que je te laisserais te sacrifier aussi facilement sans même me poser de questions ?
Sa tension augmente d'un cran et la détresse se bat la première place dans son regard avec une colère sans nom. Le même regard qu'il m'a lancé, durant le rituel, lorsque je lui ai lancé le Petrificus Totalus juste avant de plonger dans le vortex créé par Circé. Pour tenter de ramener ma meilleure amie…
— Mais c'était Tonks…, tenté-je d'expliquer.
— Mais je n'en ai rien à foutre, bon sang ! crie-t-il réellement cette fois-ci. Quand comprendras-tu que tu n'as pas besoin de te sacrifier pour le monde entier, de sourire tout le temps pour que tout le monde aille bien, de supporter les problèmes des autres et les aider alors que personne ne le fait pour toi !
Encore une fois, je prends sa remarque comme une gifle. Il a raison, entièrement raison. Même si la bataille finale s'est terminée il y a presque dix mois, je continue encore à sourire pour faire croire que tout va bien. Mais dans le fond, ce n'est pas vrai.
J'ai toujours peur lorsque la lumière s'éteint, quand les gens autour de moi parlent trop fort, quand quelqu'un se met à crier un peu trop fort, au son de certains sorts et même lorsque je vois la dague que l'on utilise pour les potions.
Ce genre de chose, personne ne le sait. Personne, si ce n'est lui. Parce que, dans toute cette histoire, il doit bien être la seule personne à savoir toute la profondeur de mon être. Le bon et le mauvais. Les rêves et les cauchemars. Les peurs et les espoirs…
— Merde, bébé ! Tu es humaine ! Tu as complètement le droit de péter un plomb, d'envoyer chier qui tu veux ou de coller la droite de sa vie à Drago si ça te chante !
Je n'en suis vraiment, mais alors vraiment pas fière, de ce moment-là… Certes, sur le moment, tout comme en troisième année, ça m'a fait du bien. Mais maintenant, lorsque je le regarde dans les yeux, je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir.
Que je le veuille ou non, Drago est devenu important dans ma vie sans que je n'en comprenne vraiment la raison. Je sais uniquement qu'un jour je le détestais, et le lendemain, il a été la seule personne sur qui j'ai pu poser mes yeux pour faire céder mes boucliers et placer mes espoirs.
Et depuis, je lui ai appris que toute sa vie, tout ce qu'on lui avait toujours appris, tout cela n'était que des foutaises. Que Drago Malefoy n'avait jamais existé, mais que Drago Prince, lui, oui. Et je dois bien avouer que Drago Prince, je l'aime bien. Bien plus que Drago Malefoy !
Mais la détresse de Charlie est de retour, me vrillant l'estomac avec une force insoupçonnée, me faisant chavirer et je sens enfin les larmes qui coulent lentement, religieusement sur mes joues. Sa peur résonne en moi, faisant écho à la mienne.
— Tu t'es effacée de la mémoire de tes parents pour les protéger, tu es partie en cavale pendant un an avec mon abruti de frère et le tien qui attire encore plus les emmerdes que toi, ce qui n'est pas peu dire ! Tu t'es fait torturer et tu as vu plus de morts et de choses horribles que nombre de sorciers centenaires !
S'il savait toute la peur que j'ai pu ressentir durant un an, perdu au milieu de nulle part, sans savoir si nous allions tous mourir…
Déjà à cette époque, je pouvais m'avouer que ses compétences de duelliste nous auraient bien aidées pour nous sortir de certaines situations… Mais je ne suis pas sûre qu'avec l'Horcruxes autour du cou il aurait pu être supportable… Il y avait tant de rancœur en lui à ce moment-là… Pas que ses émotions soient moins vives maintenant, mais elles sont différentes, peut-être un peu plus palpables aussi…
Pourtant, lorsqu'il parvient à se calmer assez pour venir s'accroupir devant moi, j'aurais préféré qu'il ne le fasse pas. Parce que sa dernière assertion est la pire. Elle déclenche la tempête en moi, encore une fois, et les larmes reprennent de plus belle.
— Tu as perdu tes parents, ta meilleure amie et on a perdu le bébé ! Tu ne crois pas que tu es parfaitement en droit de vouloir être un peu égoïste ? De vouloir penser à toi de temps en temps ?
— Je voulais juste que tu sois un peu heureux…, soufflé-je.
Si je lui avais envoyé une potion particulièrement corrosive au visage, il aurait sûrement eu l'air tout aussi hébété durant quelques secondes avant que la colère ne reprenne le pas dans ses émotions, le faisant se relever vivement, reculant d'un pas pour me darder d'un regard sombre où la fureur est plus puissante encore qu'il ne me l'a jamais fait ressentir… Définitivement, ce n'étaient pas les mots à dire pour le calmer…
— Et tu crois que je le serais si je te perdais, toi aussi ? hausse-t-il encore le ton, bâtant un bras dans le vide. Putain ! Je suis venu te chercher dans ton esprit je ne sais combien de fois, je me suis rendu passible d'Azkaban pour toi ! J'ai fait ce putain de rituel pour toi ! Je suis revenu à Poudlard après Noël pour toi !
Nous nous figeons en même temps à ses derniers mots. Lui, parce qu'il se rend compte qu'il n'aurait pas dû les dires, et moi, parce qu'ils me choquent. Pour moi ? Mais pourquoi avoir fait une telle chose ?
Ce moment semble lui faire retrouver ses esprits puisqu'il soupire, se frotte le visage, rattache ses cheveux en catogan et me tend la main pour me mettre debout. Un instant déstabilisé par la masse de signaux contradictoires qu'il envoi en un seul monologue, je me laisse tout de même faire, retrouvant en moins d'une seconde la chaleur de ses bras, mon nez se nichant contre son torse.
— Ça fait quatre ans que tu es ma bouée de sauvetage et mon moyen de décompression, chérie ! Depuis qu'on s'est revus au square… Je ne sais pas être normal si tu n'es pas là pour me montrer comment faire…, murmure-t-il enfin.
— Tu crois qu'un jour nous parviendrons à nous parler normalement, sans que l'un de nous ne crie sur l'autre ? soufflé-je contre sa chemise.
— Nous n'avons jamais su faire ça, bébé, ricane-t-il.
— C'est vrai qu'entre nous, ça à plutôt mal démarré…, fais-je de la même manière.
Bon sang… Il s'agit là de l'euphémisme du siècle ! Si seulement je pouvais savoir ce que j'ai fait de mal, ce jour-là, pour qu'il s'en prenne à moi… Parce que je ne croirais jamais Tonks quand elle m'a dit qu'il s'agit de l'expression refoulée d'un amour inconditionnel ! Il y a des limites à la niaiserie que je ne suis pas encore apte à traverser…
— Avec le recul, je me dis que j'aurais sûrement pu trouver plus percutant que : « Tiens ! Mais ne serait-ce pas la petite Sainte-Nitouche inculte Hermione Granger ? » secoue-t-il la tête.
— D'autant plus que je n'avais fait que te dire « salut »…
Bordel… La déferlante de haine et de colère qui m'a vrillé l'estomac lorsqu'il m'a dit ces mots… Je pense que j'ai totalement perdu la tête ce jour-là, mais voir le choc et cette incompréhension si marquée sur son visage lorsque le premier sortilège de découpe a atteint son abdomen… J'en ai souri durant des jours ! Certes, l'issue du combat restera pour toujours inconnue, mais bon sang, ce fut mon premier vrai duel, et il restera longtemps marqué en moi au fer rouge !
— Que veux-tu, personne ne résiste à mon charme, ricane-t-il.
— Le côté mystérieux d'un Sombral et le charisme d'un Boursouflet, c'est ça, n'est-ce pas ? souris-je en coin en reprenant ma place sur le canapé. Je ne me trompe pas ?
Toute la tension qui l'habitait quelques minutes plus tôt s'est totalement échappée, ne reste maintenant plus que le Charlie Weasley que j'ai appris à découvrir durant les vacances à la Chaumière ou même durant ce mois de cohabitation.
— J'aimerais que l'on parle de votre fausse couche quelques instants, Hermione, dit doucement Hawks. Comment vous sentez-vous, après un mois ?
Bordel… Je l'avais oublié celle-là… Et très sincèrement, si toute cette séance avait pu se terminer sur cet échange précédent, je crois que j'aurais largement préféré, plutôt que cette question qui remue encore et toujours le même chagrin en moi… Mais dans l'intérêt de garder ma magie – Marvel a été très clair sur ce point précis – je suppose que je dois répondre à sa question, encore une fois… Bon sang… Cette année n'en finira jamais…
— Même si j'ai compris ce que m'a dit Charlie ce jour-là, je me sens toujours coupable. Je sais que vous m'avez dit que ça prendrait du temps, mais je pensais que j'étais plus forte que ça…, grimacé-je de colère.
D'après elle, le traumatisme est trop profondément ancré… La question, maintenant, est de savoir de quel traumatisme il est question, parce que je ne vois pas en quoi la perte du bébé pourrait bien être l'expression d'un trauma !
J'ai survécu à une année de cavale, à des tortures, à un champ de bataille plein a craqué d'ennemis tous plus vicieux et violents les uns que les autres, à la mort de mes parents, à celle – orchestrée – de Harry, alors pourquoi, d'après elle, celle de mon bébé serait-elle différente ?
— En avez-vous parlé autour de vous ? fronce-t-elle les sourcils.
— Non. Mais je suppose que Harry ou Charlie l'ont fait et qu'il s'agit de la raison pour laquelle les gens que j'ai blessés ne m'en veulent pas trop… Je ne sais pas…, soupiré-je de lassitude.
— Je n'ai rien dit, secoue la tête Charlie, et je sais que Harry non plus. Je lui ai posé la question il y a quelques jours.
Je suppose que partager ses quartiers et ses samedis après-midi avec lui et ses frères permet de faire bien plus que si, comme moi, on préfère rester reclus dans son appartement et éviter la compagnie de quiconque, qu'elle soit amie ou ennemie…
Mais c'est si dur de voir le bonheur des autres et de ne ressentir que de la colère et de la haine. Si dur de voir les gens que l'on aime, que l'on considère comme de sa famille, et vouloir leur faire du mal pour qu'ils arrêtent de sourire… Parfois, il vaut mieux rester chez soi…
— Pensez-vous que Charlie pourrait vous aider à vous sentir mieux ?
— Je ne sais pas…, soufflé-je, mal à l'aise. Peut-être…
— Qu'est ce qui te bloque ? fronce-t-il les sourcils à son tour, inquiet.
— Tout, je crois…
Et maintenant :
Chapitre 28 : Ce qui est sacré en ce monde
Hermione
S'il est blessé que je lui dise ce genre de choses, il n'en montre pas un signe ! Pourtant, durant quelques secondes, je sens sa magie se rebeller, jusqu'à ce qu'il la maintienne de nouveau sous bride, m'envoyant un regard pour que je continue mon explication.
— Avant tout ça, avant Noël, quand tu me regardais, j'avais l'impression d'être désirée, d'être assez belle et que je te faisais au moins un peu d'effet, murmuré-je, mal à l'aise. Maintenant, je ne le sens plus… Quand tu me regardes, tu es juste, je ne sais pas, triste, je crois…
La fin de ma phrase est noyée sous un soupir de défaite alors que mon regard accroche une nouvelle fois le sien.
— Tu crois vraiment ce que tu es en train de me dire ? souffle-t-il, incrédule.
— Oui, haussé-je les épaules.
— D'accord, gronde-t-il avant de se tourner vers la Psychomage. Vous pourriez détourner nonchalamment la tête quelques minutes comme si vous regardiez par la fenêtre ? Ou encore mieux, faire comme si nous n'étions pas là ?
Mais qu'a encore bien pu inventer son cerveau pour qu'il ait cette lueur si… Weasley dans le regard ? Bon sang ! J'ai bien assez côtoyé Fred et George pour savoir que cette étincelle dans le regard n'arrive jamais sans raison !
— Bien sûr, rit-elle doucement. Allez-y.
Bordel ! Mais que compte-t-il faire ? J'ai ma réponse plus rapidement que je ne l'espérais lorsqu'il prend ma main, serrant doucement mes doigts avant de me tirer jusque lui, me faisant m'asseoir sur ses genoux avant de soupirer de plaisir, les yeux fermés.
Ses doigts enserrant toujours les miens, il les fait courir quelques secondes contre son torse, déglutissant bruyamment avant de les poser bien à plat sur son entre jambe, me faisant sentir la grosseur douloureuse que renferme son pantalon de cuir.
— Tu sens ça, chérie ? susurre-t-il, la voix rauque, en pressant ma main dessus. Ça, c'est l'effet que tu me fais tout le temps.
Ses yeux sont incandescents, me faisant haleter alors qu'ils se fixent sur mes lèvres entrouvertes où mon souffle peine à bien vouloir sortir. Merde, ce genre de situations n'est plus arrivé depuis si longtemps que je ne suis pas sûre de savoir encore comment faire pour retrouver mon calme.
Son bras passe dans mon dos me resserrant un peu plus contre lui avant que sa tête ne vienne s'échouer dans mon cou, dans un geste qui me semble douloureusement familier. Combien de fois a-t-il bien pu le faire, avant, pendant, et après l'acte en lui-même ? Je ne le compte plus…
— C'est vrai, je suis triste de te voir aller mal, soupire-t-il encore en passant ses doigts sous mes couches de vêtements jusqu'à ma peau, mais j'ai toujours autant envie de toi qu'avant, ça ne change pas. Tu as beau te cacher sous tes jeans et tes sweats à capuche, j'ai toujours envie de toi.
— Comment dois-je le prendre ? chuchoté-je.
Je me sens si déchirée de l'intérieur entre ma peur de m'exposer et mon besoin vital de retrouver la chaleur de ses caresses sur mon corps… Bordel ! Si c'est de ce genre de choses dont me parlait Fleur en me sommant de réapprendre à vivre, elle devait vraiment être du genre sadique !
Parce qu'on ne peut pas décemment souhaiter à quelqu'un d'avoir toutes les terminaisons nerveuses de son corps qui le brûle à un simple toucher, l'envie dévorante de se faire embrasser, le besoin impérieux de le sentir s'insinuer en nous… Non, elle n'est pas à ce point vicieuse !
Et pourtant, j'ai quand même toutes ces sensations qui sont en train de me rendre folle, et cette fois-ci, je ne peux même pas mettre tout cela sur le compte des hormones…
— Tu avais une bonne technique, avant tout ça ! rit-il en bougeant ses sourcils de manière suggestive lorsqu'il redresse la tête.
— Charlie ! crié-je, scandalisée.
— Tu vois ? gémit-il. Tu recommences !
Il est tellement près… Si proche qu'il ne me faudrait que quelques millimètres pour que mes lèvres ne touchent les siennes, que je retrouve leur chaleur et leur dureté… Si proche, et pourtant si loin… La vie est parfois bien cruelle…
— Je ne sais pas si j'arriverais à refaire tout ça…, soufflé-je en sentant des larmes couler.
Mais merde à la fin ! Pourquoi ne puis-je faire autrement que de pleurer à longueur de journée, ces derniers temps ?! Je suis bien plus forte que ça en temps normal ! Alors pourquoi ?
— Tu l'as déjà fait une fois, fait-il, redevenant immédiatement sérieux. Tu as encore assez de force en toi pour le refaire une autre fois. Moi, j'ai confiance en toi. Et si tu veux t'entraîner, je saurai être un cobaye plus que volontaire, tu te doutes bien !
Malgré sa proposition graveleuse, je peux sentir à quel point il est sérieux, à quel point il a foi en moi et en ma capacité à me relever et me réinventer encore une fois.
Mais je suis si fatiguée de me battre… Pourquoi ne puis-je pas me reposer sur quelqu'un une seule fois ? Juste une fois, j'aimerais ressentir ce que ça fait, d'avoir quelqu'un qui prenne soin de mon corps et de mon âme à ma place, pour retrouver de l'air, comme Drago le fait pour Padma…
— Comment fais-tu pour toujours savoir quoi dire pour que je me sente mieux ? soupiré-je, agacée. Même quand Harry essaye de me rassurer, il n'y arrive pas totalement !
— Parce qu'avec toi, c'est facile, fait-il de la même manière, haussant les épaules. Tu es un peu comme l'un de mes dragons, et eux, je sais leur parler.
Oh oui, je l'ai déjà vu parler avec Veyser, et je peux avouer sans honte avoir été émue de voir le lien entre eux. En effet, il ne sait pas uniquement leur parler ! Il les comprend, il les écoute et il est bien souvent plus proche du dragon que de l'homme !
— Le reste du monde n'a pas les mêmes peurs que nous, ne comprend pas forcément ce que nous avons vécu ou ce que nous ressentons, continue-t-il en souriant tristement. Regarde, même Bill, qui me connaît par cœur, ne comprend pas que je n'ai pas besoin qu'il me parle de Tonks ou qu'il marche sur des œufs en abordant le sujet, alors que, toi, oui. Tu sais me parler, parce que, dans le fond, on est pareil. Toi et moi, on se ressemble.
— Tu crois qu'un jour nous serons normaux ? soupiré-je, épuisée.
— Bien sûr que non ! éclate-t-il de rire. Pourquoi être normal alors qu'être différent est bien mieux ?
— Ta manière de penser me fascinera toujours ! ricané-je doucement.
— J'appelle ça le charme du Boursouflet, sourit-il en coin.
J'envie sa maîtrise et même temps, je remercie sincèrement le directeur d'avoir fait de lui l'homme qu'il est en ce moment. Parce qu'à bien des égards, Charlie est le croisement parfait entre un Serpentard et un Gryffondor.
Il a la maîtrise et la retenue d'un serpent, et le courage ainsi que cette capacité à amplifier les émotions que possèdent tous les lions. Et je dois bien avouer qu'une telle retenue est agréable parce qu'elle me permet de garder un minimum de contrôle sur moi-même…
Ses lèvres se pressent doucement à la commissure de mes lèvres, y restant un moment de trop, mais c'est bien assez pour que mon soupir de plaisir ne lui parvienne, le faisant sourire victorieusement. Mais je peux bien lui accorder ce point, je suppose…
Laborieusement, je rejoins ma place dans le canapé, réinstaurant une distance de sécurité entre nos deux corps, souhaitant plus que tout ne pas me focaliser sur ses doigts qui continuent de jouer avec les miens sur le canapé.
— Je crois que nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui, sourit Hawks en remettant ses lunettes. Je trouve que nous avons bien progressé.
— Je trouve aussi, sourit Charlie tandis que je hoche la tête.
— J'aimerais, si possible, que vous repreniez votre cohabitation, amène-t-elle. Pas forcément tous les jours, et pas forcément toutes les nuits, mais vous avez besoin de vous retrouver pour évacuer tout ce que vous ressentez.
Mes joues me brûlent incroyablement lorsqu'elle fixe une seconde de trop nos mains jointes sur les coussins. À quoi s'attend-elle ?
— En général, j'évite de conseiller aux survivants de guerre de lancer des sorts, mais votre relation est plutôt atypique, dirons-nous, rit-elle doucement avant de reprendre son sérieux. Vos fondations se basent sur l'opposition et la marche miroir. Vous avez besoin de vous opposer pour avancer. Ce n'est pas orthodoxe, je vous l'accorde, mais je pense que vous entraîner ensemble vous ferait du bien.
— Qu'en penses-tu ? me demande Charlie, un sourcil haussé.
Et si c'était une erreur ? Et si nous faire reprendre les duels n'était qu'une nouvelle manière de nous faire régresser ? Et si en reprenant le combat, nous ne faisions que régler des choses que nous n'arrivons pas à nous dire avec des mots ?
Mais il y a aussi l'envers de la médaille. Cet été, c'est à cause des entraînements que notre relation s'est renforcée – peu importe le nom que nous pouvions et pourrons lui donner – à cause de cette énervante habitude qu'avait prise Bill à vouloir nous voir combattre côte à côte…
Et c'est de l'un de ces combats qu'est née la base branlante sur laquelle nous avons évolué durant des mois. Et si, en reprenant les duels comme cet été, nous ne faisions que renforcer les fondations de ce qui nous unit ?
— Je m'entraîne tous les matins à l'orée de la Forêt interdite, proposé-je timidement. Si tu le souhaites, je veux bien partager ce temps avec toi.
— Dans ce cas, Hermione, je vous dis à mercredi, quatorze heures, hoche-t-elle la tête en se levant, ne lui laissant le temps que de me donner son accord. Et vous, Charlie, ce sera à seize heures.
— Double séance ? grimacé-je.
Bordel… Je déteste les doubles séances… Dans ces moments-là, elle me force à raconter encore et encore, ce qu'il s'est passé au manoir Malefoy, se foutant totalement que je détruise systématiquement son bureau…
Mais je dois bien avouer qu'au bout de six séances, je commence à sentir une légère différence durant mes cauchemars relatant ce moment-là particulièrement… Alors peut-être n'est-ce pas forcément une si mauvaise chose…
— Il y aura du thé et des petits gâteaux, rit-elle.
Et c'est bien la seule chose de délectable durant ces séances… Elle me serre la main, en fait de même avec Charlie, puis nous raccompagne jusqu'à la porte, nous remettant, comme à chaque fois, un petit papier avec la date et l'heure. Comme si nous pouvions oublier notre double séance de torture hebdomadaire…
— Tu vas bien ? demande-t-il en enfilant sa veste en cuir de dragon.
— C'est la première fois que je n'ai pas envie de déménager à l'autre bout du monde en sortant de ce bureau, haussé-je les épaules. En général, je reste des heures à fixer le baldaquin du lit en pensant à tous les mauvais choix que j'ai pu faire…
Combien de fois Harry a-t-il dû être une présence réconfortante et silencieuse à mon retour dans l'appartement pour m'aider à supporter les deux heures passées à raconter les moments peu glorieux de ma vie ? Trop souvent, encore une fois…
— Quand je reviens d'ici, en général, je prends l'un des trois hippogriffes que nous avons en pension à Poudlard et je vole pendant une ou deux heures pour me vider la tête, soupire-t-il. En général, ça m'aide.
— Hermione Granger ?
La voix hésitante et bourrue dans mon dos me fait pivoter immédiatement alors que nous arrivons au bout du couloir. La main prudemment sur ma baguette, en posture de défense, je m'apprête à la dégainer quand j'aperçois un visage qui m'est familier. Un visage que je ne m'attendais pas à revoir de sitôt…
— C'est moi, en effet, fais-je prudemment.
— Qui la demande ? gronde Charlie.
— Gregory. Enfin, Goyle, bafouille-t-il. Gregory Goyle, de Poudlard.
Ça me fait si bizarre de ne pas le voir avec son ami à ses côtés, traînant avec lui comme son ombre… Nous avons beau avoir été dans deux camps opposés, et avoir failli mourir à cause de son meilleur ami, le voir à ce point mal à l'aise et refusant de croiser mon regard tout en se dandinant d'un pied sur l'autre me fait mal.
Bordel… Nous avons le même âge, nous sommes allés à l'école ensemble, nous avons des amis en commun !
— Comment vas-tu Gregory ? demandé-je doucement en le rejoignant. Tu te plais ici ?
— Il y a des jours avec et des jours sans, hausse-t-il les épaules. Des fois ça va, des fois…
— Des fois beaucoup moins, c'est ça ? souris-je amèrement.
— Ouais…, soupire-t-il. Mais la bouffe est plutôt bonne, alors je crois que je n'ai pas trop à me plaindre.
Je ris doucement en entendant cette phrase qui semble tellement normale dans sa bouche. Ou peut-être est-ce parce qu'elle me fait penser à une époque bien plus douce où nous ne devions pas gérer des choses aussi compliquées que les séquelles d'après-guerre ? À l'une de ces choses que le Ron que j'ai rencontré dans le train pourrait dire ? Ou simplement parce qu'il n'est pas aussi agressif que durant nos études ? Je ne sais pas, mais en quelques secondes, je me retrouve projetée en première année, alors que je venais de découvrir réellement le monde des sorciers.
— En tout cas, tu as l'air d'aller un peu mieux, souris-je, contente.
Et c'est la vérité ! Certes, auparavant, il avait déjà perdu un peu de poids, mais là, il a vraiment l'air mieux, comme si son centre de gravité avait changé de place. Même son visage paraît moins joufflu, et ce n'est pas plus mal, je dois bien avouer. Il a l'air moins effrayant. Plus accessible.
— Miranda est cool avec moi, fait-il de la même manière. Enfin, le guérisseur Hawks. Elle me laisse rester une heure dans son bureau sans parler, le soir, pour que je puisse dessiner tranquillement sans avoir besoin de faire la conversation avec personne. Ça me plaît. Elle est gentille.
Une main que je reconnais bien vient se placer dans le bas de mon dos alors que mon mari me dépasse. C'est fou ça… Même après tout ce temps, le simple fait d'avoir sa main à cet endroit, par-dessus mes vêtements, me fait toujours frissonner…
— Severus m'a demandé de te remettre ça, fait Charlie en sortant une liasse de parchemins de sa veste qu'il agrandit. Il m'a dit que tu apprécierais.
— Vous êtes le nouveau professeur de soins aux créatures magiques ? fronce-t-il les sourcils. Vous êtes Charlie Weasley ?
— Oui, c'est moi, pourquoi ? fait-il de la même manière.
Il a beau avoir bien moins de préjugés sur les Serpentard que nombre de ses frères et sœurs, il n'en reste pas moins que Gregory a la marque tatouée sur son bras, et que les vieux réflexes de la guerre ont la vie dure je suppose…
— Il m'a dit que vous auriez sûrement des livres sur les dragons que vous pourriez me prêter ou me conseiller, fait Gregory, extrêmement gêner. Je sais qu'ils ont une bonne collection ici, mais elle est trop vague, et je n'arrive pas à trouver les informations sur les Noirs des Hébrides et les Opaloeil que je recherche…
— Tu t'intéresses aux dragons ?
Oh merde ! Pas encore une fois ! Bon sang je la connais par cœur cette intonation de voix ! C'est celle qu'il prend à chaque fois qu'il aborde le sujet de ses bébés, et en dépit de tout le respect que j'éprouve pour sa passion, je crois qu'une seule personne dans mon entourage à parler d'eux avec dévotion est bien assez !
— Oh non… Pas encore un…, grimacé-je. Je croyais qu'avec Zilkonys j'avais atteint mon quota annuel…
— Le charme du Boursouflet, bébé, le charme du Boursouflet ! ricane Charlie.
Les yeux de Gregory s'ouvrent comme des soucoupes en entendant le « bébé » et son regard navigue entre nous durant quelques secondes avant de se fixer sur la bague que j'ai totalement arrêté de cacher par un charme de Glamour après Yule.
— Je vais te l'enfoncer tellement profondément dans un endroit qui ne prend jamais le soleil, ton charme du Boursouflet, qu'il faudra que tu ouvres la bouche pour lui faire des caresses ! grogné-je.
— Sois gentille avec moi, et je t'offrirai même une tarte au citron ce soir, sourit-il, charmeur.
Notre spectateur involontaire émet un ricanement qui lui offre, en retour, mon regard le plus noir jusqu'à ce qu'il ne s'étouffe avec sa propre salive.
— Je comptais m'enivrer jusqu'à plus soif et peut-être même te vomir sur les pieds, mais c'est maintenant que j'aimerais que tu aies cette bouteille…, soupiré-je de dépit.
— Si tu es ivre, on finira bien plus vite dans notre lit, ça me va moi !
Mon rythme cardiaque accélère consciencieusement à la simple idée qu'il puisse envisager de me toucher encore une fois. Sa manière d'appuyer sur le « notre »… Merde ! J'en frissonne d'anticipation !
— Bordel, Drago ! Sors de ce corps ! grimacé-je.
C'est dingue ça ! Plus il vit dans les quartiers des professeurs et plus il le fréquente, plus le fils du directeur est en train de déteindre sur lui, et ce n'est pas forcément ses meilleures caractéristiques qu'il lui transmet…
— Tu t'entends bien avec Drago ? me rappelle à l'ordre Gregory.
— Plutôt, oui, haussé-je les épaules. Nous sommes collègues et nous avons vécu dans le même dortoir pendant deux mois et demi. Je suppose que ça rapproche les gens. Pourquoi ? Tu veux que je lui transmette un message ?
— Non je… Enfin… Est-ce que…
Bordel… Il a l'air à la fois gêner et triste… Pas besoin d'être Trelawney avec son supposé don de troisième œil, ou encore Lavande et Parvati, pour savoir qu'il pense à ses anciens camarades de dortoirs qui ne savent même pas où il se trouve en ce moment…
— Est-ce qu'ils pensent à toi quelques fois, c'est ça ? supposé-je.
— Ouais…, soupire-t-il. Je sais que j'ai fait beaucoup de conneries, mais j'aurais bien voulu avoir de leurs nouvelles et savoir s'ils me pardonnaient pour… Enfin, tu sais, quoi…
S'ils le pardonnaient pour avoir détruit la plus grande œuvre de Rowena Serdaigle en laissant son copain lancer un Feudeymon incontrôlable prendre possession de la Salle Sur Demande ?
— Si ça peut te rassurer, souris-je doucement en posant ma main sur son bras, Pansy a ta photo dans sa chambre et j'aimerais vraiment savoir comment tu as bien pu accepter de te retrouver affublé de cette robe rose ! Elle était vraiment laide…
— C'était pour son anniversaire, il y a trois ans, rit-il. Elle a dit qu'elle voulait une nouvelle amie parce que Daphnée était trop chiante, et avec Vin…
Il a beau avoir passé près de neuf mois enfermé dans cette chambre à partager son temps entre thérapies et très probablement des phases d'auto-apitoiement, il n'en reste pas moins qu'il n'arrive toujours pas à oublier la mort de son ami, et ça, je peux parfaitement le comprendre.
Si j'avais dû perdre un ami comme Harry ou Ron, cette nuit-là, je sais parfaitement que je n'aurais pas su me relever. Pas même avec un très bon levier. Alors voir que, lui, y parvient, dans le fond, je crois que ça me donne du courage pour affronter la vie, d'une certaine manière…
— C'était une bonne idée, et je crois que ça lui a bien plu, souris-je encore, compatissante. Blaise et Théo ont la même dans leur chambre, et Drago a la photo de votre premier jour à Poudlard dans la sienne. Il a l'air tout aussi snobinard qu'il ne l'est maintenant !
— Il n'est pas comme ça tout le temps, tu sais…, le défend-il.
— Je sais, ne t'en fais pas, lui fais-je en pressant doucement son avant-bras. Je suis désolée, Gregory, mais nous allons devoir retourner à Poudlard pour les cours, et je ne veux pas être en retard…
— Toujours première de la promo ? hausse-t-il un sourcil narquois.
— On ne se refait pas ! ris-je malicieusement.
— Drago doit en faire une dragoncelle !
Si j'avais su, un an plus tôt, que j'aurais ce genre de discussion posée avec l'un des deux gorilles de Drago Malefoy, j'en serais sûrement tombée dans les pommes. Et pourtant, je dois bien avouer que je m'amuse plus que je ne l'aurais pensé ! Comme quoi, chacun voit Merlin à sa porte !
— Il a trouvé de quoi se distraire assez longtemps pour oublier sa troisième place au classement, ricane Charlie.
— Qui est la malheureuse qui l'appelle « papa » cette fois-ci ? soupire-t-il de défaite.
— Papa ? froncé-je les sourcils.
Les éclats de rire simultanés de Charlie et Gregory me rendent perplexe mais le son de la porte de la guérisseuse Hawks ramène ce dernier à plus de sérieux, tandis que mon mari continue inlassablement à glousser comme une dinde… Bon sang… Quand je lui dis qu'il est bipolaire…
— Il t'expliquera, hausse les sourcils Gregory. Je vais devoir y aller, Miranda m'attend pour notre séance.
— Si tu veux, mercredi, j'ai deux heures de libre pendant que Charlie est chez la guérisseuse Hawks, proposé-je spontanément. Je peux venir te voir et on pourrait discuter. Je te raconterais les nouvelles de l'école et tu me montreras tes dessins, ça marche ?
Sur le pas de sa porte, un sourire bienveillant aux lèvres et le regard heureux, Miranda Hawks regarde l'échange entre nous, semblant fière de voir les progrès de son petit protégé.
— J'aimerais beaucoup, hoche-t-il la tête, un sourire sincère aux lèvres. Merci.
— Bonne séance !
Mon sourire content ne quitte pas une seule seconde mes lèvres alors que j'enroule inconsciemment mon bras autour de celui de Charlie, ne me rendant compte de notre proximité que lorsqu'il finit par se détendre, à notre arrivée à la cheminée.
— À force de trop fréquenter les Serpentard, tu vas devenir leur mascotte tu sais ? hausse un sourcil amusé Charlie.
— Peut-être que j'arriverais enfin à comprendre ton ami le fantôme de l'opéra ? souris-je en coin.
— Je ne suis pas sûr qu'il apprécie le surnom, mais je lui soumettrais, je te le promets ! ricane-t-il alors que l'homme devant nous fini par disparaître dans les flammes.
— Fais ça et tu seras veuf avant même d'être divorcé, ce serait dommage ! ris-je en lançant la poudre dans la cheminée. Bureau de la directrice McGonagall, Poudlard !
Le monde tourne autour de moi, rendant tout flou. La dernière image que j'emporte de cette heure de thérapie, est celle du sourire en coin d'un Charlie moqueur. À n'en pas douter, avant même que le repas de midi ne soit lancé, le directeur saura avec précision ce petit surnom affectueux…
Une chance qu'il ne puisse plus nous placer en retenue en tant qu'étudiant-professeur ! J'aurais été bonne pour être collée jusqu'à la fin de mes études, et je suis presque sûre qu'il aurait fait tout son possible pour me faire redoubler ma huitième année !
CW / HG *** SDD *** HG / CW
Charlie
C'était vicieux et foutrement anti-professionnel de sa part, mais je dois bien avouer qu'avec ses méthodes de Serpentard, Hawks est parvenue à ses fins, malheureusement… Bordel…
Je savais que cette idée de séance en double était une connerie ! Mais non ! Il a fallu que j'écoute ce stupide fantôme que je considère comme mon meilleur ami ! Peut-être devrais-je revoir les bases de ce que je recherche en amitié… Mais bordel ! C'est quoi mon problème ?
À vrai dire, mon problème à moi se trouve très précisément assis devant moi, sur le canapé, son verre de vin à la main, ayant troqué son sweat pour une chemise et son jeans trop lâche pour une jupe qui est en train de mettre à rude épreuve mon érection depuis des heures…
Je ne voulais pas y aller, ce matin, mais quand je fais la rétrospective de ce qu'il s'est passé dans cette salle de thérapie… Bordel ! Encore une fois, je l'ai fait pleurer. Encore une fois, je me suis mis à crier. Et putain mais c'est quoi mon problème ? Dans quelle dimension est-il socialement acceptable de faire tâter ses bourses à sa femme en pleine séance de thérapie ?
Mais je me sentais tellement bien, avec elle assise à califourchon sur mes cuisses, ses yeux irradiant d'envie et de luxure. Et sa bouche ! Merlin sa bouche et ses lèvres si attirantes, qui m'appelaient comme le chant d'une sirène… Merde ! J'aurais donné l'étendue de mon coffre de Gringotts pour pouvoir l'embrasser…
Parce qu'il ne faut pas se leurrer, malheureusement… J'ai conscience d'avoir un problème depuis un mois et demi, voire depuis bien plus longtemps, et d'avoir réellement envie de « le régler avec elle » dès qu'elle est à proximité…
Il faut dire qu'elle est si sensuelle sans s'en rendre compte, le pied coincé sous ses fesses faisant se relever un peu sa jupe sur ses cuisses, les yeux pétillant alors qu'elle m'explique ce qu'elle a découvert ces derniers temps concernant la transe d'occlumancie et ses lèvres si attirantes qui s'ouvrent et se ferment, maîtrisant bien mal un sourire de plaisir.
Il n'y a pas à dire, j'ai vraiment été chanceux, durant un mois, d'avoir la possibilité de profiter de scènes de ce genre tous les jours… Elle est vraiment tentante avec son petit air d'intello… Il ne lui manque plus que la paire de lunettes et le chignon qu'elle fait à chaque fois qu'elle se plonge dans un nouveau grimoire pour que je ne réponde plus de rien…
— Ralenti, tu veux bien ? souris-je en coin de la voir dans cet état. Donc si je comprends bien ce que tu es en train de me dire, c'est qu'en ce moment même, tu es en train de déterminer comment varie la puissance d'un sorcier, c'est ça ?
— En termes raccourcis, grimace-t-elle, mais c'est bien ça, tu as compris.
Putain, je pourrais me décerner un trophée pour être parvenu à suivre son discours alors que j'ai passé bien plus de temps à me battre contre mes envies et mes instincts primaires qui ne demandent qu'une seule chose depuis des heures : l'allonger sur ce canapé et retrouver sa chaleur tout autour de moi…
Bordel je me suis senti si con, tout à l'heure, dans le bureau de Hawks, lorsqu'elle m'a avoué ne plus se sentir désirable parce que je m'inquiétais pour elle… C'est vrai, c'était une idée stupide de lui faire toucher mes parties génitales, mais au moins, je ne pouvais rien lui cacher, elle avait la preuve dans la main de ce qu'elle me faisait !
Me sortir ce moment-là de la tête et parvenir à me reconcentrer sur toute cette conversation est plus compliqué que je ne l'aurais cru en temps normal ! Mais le temps normal, c'était il y a un mois et demi, et il y a un mois et demi, ma femme n'était pas en train de subir les répercussions d'une fausse couche, et je n'étais pas non plus mortellement frustré !
— Je vais maintenant te poser une question stupide : pourquoi ? penché-je la tête.
— Parce que j'en ai déduit, grâce à nos différentes expérimentations passées, qu'une transe d'occlumancie se base uniquement sur la puissance du Legilimens, fait-elle précipitamment, se laissant totalement emporter par ses explications. En revanche, c'est la volonté de l'Occlumens qui entre en jeu pour maintenir la connexion !
Bon sang, ce serait si simple… Je pourrais aisément faire passer ça pour de la maladresse… Juste quelques nombreux centimètres, et je pourrais retrouver la chaleur de sa peau, la douceur de ses lèvres, et ô Merlin puisse-t-il m'entendre, le paradis de son intimité…
— Mais quel est le rapport avec la puissance du sorcier ? froncé-je les sourcils, retenant bien mal un soupir de frustration.
— Je vais te montrer ! s'excite-t-elle en se levant.
Non, définitivement, il y a quelque chose qui ne va vraiment pas chez moi… Jamais je n'ai eu ce besoin impérieux de toucher une femme, ni même de simplement la sentir contre moi ! Alors pourquoi avec elle ai-je l'impression de faire ce genre de chose tout le temps ?
La réponse est simple : parce que le balancement de sa petite jupe à chacun de ses pas est en train de transformer mon sang en lave et que mes yeux ne peuvent quitter le grain de sa peau doucement nacré. Bordel… Je tuerais pour que ces cuisses reviennent se crocheter autour de mon cou…
J'ai cette impression étrange qu'en quelques mois à peine, elle est devenue, pour moi, tout aussi addictive que de la poudre de Billywig ou la vodka Pur Glace quand j'ai débarqué dans l'Est… Et peut-être que c'est ça, réellement, mon problème…
Parce que, jusqu'à présent, je me foutais passablement des femmes avec qui je pouvais bien coucher, du moment qu'elles m'apportent le bonheur éphémère de pouvoir me vider les couilles. Mais avec elle, je ne peux pas penser ainsi.
Parce que, que je le veuille ou non, bordel, elle est plus que ma femme ! C'est ma meilleure et ma pire ennemie, le meilleur coup de ma vie et celle qui me prend le plus la tête, ma chute aux Enfers et mon Paradis sur Terre… Et c'est très mal…
C'est mal, parce que j'ai conscience de changer à son contact, conscience de ne plus être aussi dépendant de ma liberté et apprécier d'avoir quelqu'un qui m'écoute, me sourit, m'accepte tel que je suis ou même me rende sociable.
J'ai conscience de ne pas penser à Tonks certain jour, alors que sa mort m'a plongé dans un abysse de souffrance et de haine envers le monde entier. Mais avec elle, la douleur s'apaise un peu, et je me sens sale. Sale de salir la mémoire de Tonks alors même que Bill me pousse à aller de l'avant. Mais je ne sais pas faire ce genre de choses là…
Je ne suis peut-être pas aussi fidèle, pour ne pas dire le plus salop qui existe sur Terre, depuis la fin de la guerre, mais je veux essayer de rester fidèle à mon amour pour Tonks…
Mais bordel, c'est dur, surtout lorsque la femme qui me rappelle le plus pourquoi Tonks était formidable, se trouve aussi être celle à cause de qui je romps tous mes vœux de fidélité…
— Tiens ! fait-elle en me posant un grimoire très épais sur les genoux et me montrant une section. C'est là ! Lis !
Le balancement régulier de ses hanches alors qu'elle marchait en rond dans le salon, un livre à la main m'a, durant quelques minutes, fait oublier pourquoi je suis très précisément dans ledit salon. En revanche le poids et l'odeur de vieux parchemin que dégage le bouquin me le rappellent très fortement. La transe d'occlumancie…
— Explique-moi ce que je dois comprendre avant, secoué-je la tête. Et par la tresse endiablée de Circé ! D'où peux-tu bien tirer un tel grimoire ?
Lourd, très lourd, et aussi très vieux, soit dit en passant, ce sont surtout les lettres en pattes de mouche – Merlin merci, elles ont l'air d'avoir été traduite dans notre langue… – qui me font, par avance, comprendre que mon mal de tête ne sera pas dû uniquement à l'afflux de sang dans ma queue…
— Tu te souviens, lorsque nous nous sommes réveillés au square, il y a trois semaines ? commence-t-elle avec gêne.
— Comment l'oublier…, grogné-je.
En effet ! Comment l'oublier ! Le silence tendu, le matin, dans la cuisine du square Grimmaurd aurait presque pu rivaliser avec celui que les jumeaux et Harry nous avaient imposé à la fin de notre cohabitation au-dessus de leur magasin… Pour d'autres raisons cette fois-ci, cependant…
Hormis les salutations polies quoique grommelées puisque dites avant d'avoir ingéré mon café, pas un seul mot n'a été échangé entre nous ce matin-là, et le sujet de la veille et la tombe de ses parents ont été très savamment évités !
— Depuis le début des recherches, fait-elle en secouant la tête pour faire s'échapper les souvenirs sombres, dans les livres que Viktor m'a fait parvenir, je voyais toujours l'alternance des termes sorcier et mage. En général, ça ne me gêne pas, mais je me suis souvenue que j'avais déjà fait la même chose avec toi ! fait-elle en faisant les cent pas sur le tapis.
— Moi ? froncé-je encore les sourcils.
Je l'avais oublié, cette manie-là, elle aussi. Combien de fois l'ai-je vu, sur ce même tapis, déambuler pendant des heures, marmonnant des phrases pour elle-même, alors que Diana et moi-même la regardions faire, hautement amusés ? Bien, bien souvent !
— Oui, s'arrête-t-elle devant la cheminée. Entre dresseur de dragon, et dragonnier. Alors j'ai voulu en avoir le cœur net ! Du coup, ce matin-là, puisque je n'arrivais plus à dormir, j'ai voulu chercher le livre que Drago me demandait à cor et à cri depuis des semaines, à propos des secrets entourant les potions créées par les Black depuis la création de la lignée. Mais au lieu de trouver son Recueil des 1 001 secrets, j'ai trouvé mieux, beaucoup mieux ! Ça ! Lis le passage maintenant, s'il te plaît !
J'adorerais pouvoir lui poser encore une somme astronomique de questions juste pour pouvoir, encore une fois, voir ses yeux s'éclairer de cette lueur farouchement furieuse qu'elle prend, lorsqu'elle est en colère parce qu'on ne fait pas ce qu'elle dit… Mais j'aimerais aussi un jour pouvoir me resservir de ce qui se trouve entre mes jambes, et si possible, avec elle…
Merde, je suis vraiment dans la merde si j'en arrive au point de ne pas parvenir à m'imaginer plonger en une autre femme… Et le pire, dans tout ça, c'est que pas une seule fois, depuis le début de l'expérience fin novembre, je n'ai touché à une seule autre femme. Juste elle. Uniquement elle. Et je n'arrive même pas à m'en plaindre ou me trouver des excuses pour aller voir ailleurs…
De mauvaise grâce face à la tournure assez familière que prennent mes pensées, je laisse mon regard glisser sur la page de parchemin, trouvant rapidement les deux paragraphes qu'elle me montre à lire.
« En tant qu'humain, en tant que sorcier et en tant que mage, je ne peux tolérer ce que j'ai vu aujourd'hui. Tant de vies détruites. Tant de jeunes espoirs perdus. De mon temps, il était si simple de protéger la magie, lui rendre hommage et la déplacer… Si souvent, j'ai pu voir cet acte de haute magie réalisée par les anciens, qui consiste à passer de Sorcier à Mage, pour éviter qu'une lignée de Sorciers ne disparaisse…
28 Premiers, morts, ce soir. 28 enfants dont la magie est retournée à Magia. Si seulement nous avions pu déplacer leur Cœur… Mais aujourd'hui, ils ne sont plus que des humains sans pouvoir, des hommes marchant sur cette Terre, ayant conscience de la magie, mais ne pouvant plus l'utiliser. Tant de gâchis… De si jeunes vies… »
J'ai beau avoir déjà lu et entendu ce texte de nombreuses fois durant mon enfance – comment Percy a-t-il pu faire de ce bouquin son livre de chevet lorsque nous dormions chez tante Muriel ? – c'est la première fois qu'il prend ce sens dans ma tête.
Parce qu'avec ce qu'elle m'a dit un peu plus tôt, je comprends ce qui la gêne et la pousse à poursuivre encore plus loin ses recherches. Elle est concernée.
— Tu as compris ce que ça veut dire pour toi, n'est-ce pas, bébé ? soufflé-je en relevant un regard incrédule vers elle.
— Je crois…, fait-elle de la même manière.
Putain ! Ça aurait dû m'interpeller, cet été, lorsqu'elle a commencé à ponctionner l'énergie et la magie autour d'elle, durant son coma, et que les potions n'avaient que peu d'effet sur elle ! Mais non ! J'ai encore une fois été con !
Mais pourtant, ce n'est pas possible ! Ce genre de choses, ce prodige, cette prouesse, elle ne devrait pas en être capable ! Ce n'est pas normal !
— Pourtant, c'est impossible ! m'écrié-je en me levant à mon tour, commençant une tranchée sur le tapis. Tu as beau être très douée, je te l'accorde, d'une puissance incroyable pour ton âge, j'en conviens, ce genre de pratiques, tu n'aurais pas dû pouvoir le faire !
— Et pourquoi, je te prie ? gronde-t-elle.
— Mais parce que tu es une née-Moldue ! crié-je, frustré.
Je suis vraiment le pire des crétins de cette Terre ! Je le sais, je l'ai vu, je l'ai même entouré d'une membrane de ma propre magie ! Mais ce n'est que maintenant que je me souviens vraiment avoir vu son Cœur de Magie dans ses pensées et non avoir été obligé de suivre son artère carotide pour le retrouver !
— C'est le genre de pratiques qui est interdit pour tout né-Moldu, bébé ! soupiré-je encore. Tu comprends ? Même un Sang-Mêlé ne peut pas le faire lui-même ! À moins que…
Brusquement, je m'arrête de parler. Parce qu'il y a un moyen pour qu'un né-Moldu ou un Sang-Mêlé dont le parent sorcier n'appartient qu'à une famille dite mineure – à savoir moins de trois générations de sorciers uniquement – de faire le déplacement de Cœur.
— Ce serait possible si…
Je n'ai pas conscience de grommeler dans ma barbe alors que mes pensées fusent. Si elle n'est pas canalisée avant la fin de son premier cycle, la magie du sorcier croît exponentiellement jusqu'à se détruire elle-même, faisant du sorcier un Cracmol, ça, n'importe quel abruti sachant ouvrir un livre le sait !
Néanmoins, durant mes années en Roumanie, j'ai pu croiser certains Anciens qui pratiquaient encore le rituel pour protéger la magie d'un sorcier. Celui qui consiste à déplacer le Cœur de Magie pour le protéger bien au chaud dans le cerveau de la personne.
Néanmoins, une telle pratique est hautement dangereuse, ce qui est très probablement la raison pour laquelle, il y a près d'un siècle, le Magenmagot l'a fait interdire en Grande-Bretagne, de même que les Arts de l'Esprit.
Parce que, déplacer soi-même son Cœur de Magie est très dangereux et peut même être fatal dans certains cas si, durant le déplacement, le lien entre le point d'ancrage, à savoir le cœur, et celui de fixation se rompt, le sorcier ne fait pas que perdre sa magie. Il meurt dans d'atroces souffrances.
Alors comment Hermione, une née de Moldus, est parvenue au prodige de déplacer elle-même son Cœur de Magie, alors qu'il s'agit d'un procédé de Haute Magie ? Bordel ! Elle a beau être la sorcière la plus brillante de sa génération, il y a des choses sur lesquelles même Merlin ne parierait pas !
— À moins que…, chuchoté-je, pris d'une subite illumination.
Ce serait tellement évident s'il s'agissait de ça ! Tellement plus simple ! Et pourtant, ça change encore une fois la donne parce que ça amène une nouvelle variable inconnue à l'équation… Bon sang… À croire qu'elle adore lever des terriers…
— Tu sais que se parler à soi-même est le premier signe de la folie ? hausse-t-elle un sourcil amusé, les bras fermement serrés sous la poitrine.
Elle en est capable, j'en suis certain ! Intuitivement, même si je ne comprends pas comment elle y est parvenue, je sais qu'elle est bien assez futée et logique pour être parvenue à ce prodige de faire plier la magie à son bon vouloir.
Parce que, soyons réalistes, dans cette posture, les bras serrés sous la poitrine, faisant remonter ses petits seins que je sais magnifiques, ses jambes qui me paraissent démesurément longues alors qu'elle est si petite en général, ses yeux pétillant d'amusement et sa bouche charnue entrouverte en un sourire malicieux, Merlin lui-même lui donnerait sa bénédiction !
— Quand as-tu déplacé ton Cœur de Magie ? soupiré-je en détournant le regard difficilement.
— Il y a quelques années, pourquoi ? fronce-t-elle les sourcils en laissant ses bras retomber le long de son corps.
— Combien ? la pressé-je.
— Deux, peut-être trois ! hausse-t-elle les épaules.
Putain elle le fait ! Elle est en train de me faire prendre conscience qu'elle est la première née de Moldus à avoir déplacé son Noyau Magique sans en mourir, et elle n'a même pas conscience du cataclysme que ce fait va provoquer dans le monde de la magie !
Bordel ! Même sur les autres continents que j'ai bien pu visiter, jamais je n'ai rencontré ce genre de situations ! Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir parlé à un nombre incalculable de sorciers lors de mes déplacements dans les autres réserves pour prendre soin de leurs dragons !
— Avais-tu déjà la Bague de ta Maison à ce moment-là ? soufflé-je, maintenant bien mal mon excitation sous bride.
— Oui ! Bien sûr que je l'avais ! fait-elle, son doigt tapotant frénétiquement contre sa cuisse d'impatience. Sirius me l'a transmise pendant les vacances précédant ma cinquième année !
— Alors c'est possible…, chuchoté-je, passablement incrédule.
Par Merlin et tous les Fondateurs… Cette fille me mettra toujours sur le cul je crois… Mais le pire, c'est qu'encore une fois, elle a vraiment l'air de ne pas se rendre compte de ce qu'elle a fait, comme si elle l'avait lu dans un livre, et que comme tout livre qu'elle lise, ce soit parole d'évangile selon Merlin !
— Et pourtant…, chuchoté-je avant de me racler la gorge pour lui faire comprendre mon ébahissement. Tu as bien conscience que cette technique est dangereuse voire mortelle si elle n'est pas pratiquée par un Sang-Pur, n'est-ce pas ?
— Bien sûr que non ! soupire-t-elle en levant les yeux au ciel. Le directeur l'a bien fait lorsqu'il avait vingt ans, et il ne possédait pas sa Bague, si c'est ce que tu cherches à démontrer !
Si j'ai bien appris une chose en vivant avec elle et en l'observant faire ses recherches, c'est de ne surtout pas l'interrompre et de bien la laisser expliquer ses théories au fur et à mesure !
— Encore une fois, c'est différent, puisqu'il est un Prince et donc un prince de la Cour, secoué-je la tête. Mais ça ne change rien. Sa mère était morte depuis environ trois ans s'il avait vingt ans. Ce qui fait qu'il était Lord, peu importe s'il possédait la Bague ou non. La Magie l'a accepté comme Lord.
Je ne sais pas ce que j'ai bien pu dire, mais son regard retrouve cette étincelle bien particulière, celle qui met tous mes nerfs à rude épreuve alors qu'elle reprend ses pas sur le tapis. Si je ne la connaissais pas aussi bien, je dirais qu'elle est frustrée. Mais au contraire, je la connais par cœur.
Ce n'est pas de la frustration, c'est de la réflexion, et si j'en juge les murmures qu'elle souffle de temps en temps, de même que ses soupirs de frustration, elle doit être sur la piste de quelque chose. Peu importe ce que c'est, je sais par avance que ce sera gros.
— Et si…, chuchote-t-elle, s'arrêtant brusquement. Non…
Elle reprend sa marche, me laissant appuyé d'une épaule contre l'étagère pleine a craqué de livres tous plus volumineux les uns que les autres, amusé de la voir déambuler dans la pièce comme si elle était seule.
Pendant un court instant, elle se fige, les yeux dans le vide, la bouche entrouverte de stupéfaction, un gémissement d'excitation lui échappant.
— Alors ce serait la raison ? murmure-t-elle, les yeux dans le vague avant de se reprendre. Non, ce serait trop gros…
Pourtant, elle ne s'arrête pas, poursuivant sa course folle autour de la table basse jusqu'à ce qu'elle ne se penche subitement vers le livre toujours ouvert contre le bois, m'exposant une vue parfaite sur son postérieur relevé. Merlin, achevez-moi…
— Mais Harry…, souffle-t-elle en prenant un nouveau parchemin et une plume. Oui, ce serait logique !
— Se parler à soi-même, le début de la folie, tu te souviens ?
J'ai bien conscience de mon timbre de voix beaucoup plus grave que la normal, que mon corps tremble tant il a envie de partir à la conquête du sien et de mes yeux qui doivent avoir pris une teinte bien trop sombre pour que ce soit normal.
Mais je suis à bout… Ce n'est même plus de la frustration de n'avoir plus couché avec aucune femme depuis des mois, c'est simplement le besoin de la retrouver elle… Elle me manque, bordel… Si j'avais cru ça un jour…
Je peine douloureusement à garder sous contrôle toute excitation, mais je doute réellement qu'elle ne puisse pas voir mes yeux brûlants ou mon érection dans mon pantalon de cuir… Il faut vraiment que j'investisse dans une robe de sorcier d'intérieur pour masquer ce genre de désagréments…
— Tu m'expliques ? soufflé-je, fier de pouvoir entendre que ma voix a retrouvé un timbre plutôt normal.
Son regard se lève après qu'elle a mis un point final à son paragraphe et je m'en veux presque de sentir le mien glisser jusqu'à son décolleté. Rouge gryffondor… Tout pour me faire chavirer… J'ai l'impression de me retrouver encore une fois dans cette boîte de nuit à Vegas…
— Harry est puissant, dit-elle calmement en détournant le regard, les joues rouge cramoisi.
Si j'occulte le fait qu'elle soit en train de parler du mec de mon frère, je dois dire que je ne suis pas peu fier d'entendre son souffle court ou de voir que je parviens encore à lui faire de l'effet après tout ce temps !
— Extrêmement puissant, même pour un garçon de son âge, poursuit-elle.
— Jusque-là je te suis, hoché-je la tête.
Je ne sais pas ce qui m'emmerde le plus. Le fait qu'elle se redresse subitement tout en refermant un bouton de son chemisier, ou bien qu'elle fasse un pas en arrière. Mais dans un cas comme dans l'autre, j'ai très certainement dû faire une connerie… Encore…
— Et si le fait qu'il ne parvienne pas à maîtriser sa magie totalement soit simplement parce qu'il n'a pas sa Bague, justement ? penche-t-elle la tête sur le côté. Tu me suis ?
D'accord, cette fois-ci, je crois bien qu'elle m'a perdu en cours de route… Quel est le rapport entre le Cœur de Magie et la Bague de Lord de Harry ?
— Je te prendrais en cours de route, continue, la pressé-je.
Mauvaise formulation, j'en conviens, mais il lui arrache tout de même un léger sourire en coin et la fait avancer d'un pas dans ma direction.
— J'aurais dû faire le lien bien plus tôt, Charlie ! s'excite-t-elle en levant les bras au ciel. J'aurais dû comprendre pourquoi les Sang-Pur sont si fiers de la pureté de leur sang ! Je suis si stupide !
Mais bordel ! De quoi peut-elle bien être en train de parler ? À quel moment une conversation normale s'est transformée en cette petite chose étrange qui fait bouillonner mon sang, avec sa chevelure hirsute et ses yeux brûlant d'excitation de la découverte ?
— D'accord, soupiré-je, cette fois-ci, tu m'as totalement perdu…
— C'est la Bague, bébé ! s'écrie-t-elle en comblant la distance entre nous, s'accrochant à ma chemise. C'est la Bague qui sert de compensateur !
Deux options s'offrent donc à moi, désormais : garder mon sang-froid et tenter de paraître normal tout en continuant cette conversation sans queue ni tête, ou tout envoyer se faire foutre et l'allonger sur ce canapé si souvent profané… Cruel dilemme…
— Elle contient la magie de l'un des vingt-huit Premiers ! continue-t-elle précipitamment. C'est pour ça que les Lords comme Drago ou Lucius Malefoy sont si fiers de l'être ! La Bague rend la magie du porteur plus puissant !
D'accord, cette fois-ci, elle a totalement raccroché tous mes wagons à son train ! Merde alors, son hypothèse est valable ! Quoique… Non, finalement…
— Je comprends ta théorie, chérie, soupiré-je en me laissant tomber dans le canapé, mais elle est fausse. Je ne vois pas de différence.
Certes, depuis que je porte la chevalière de Lord Prewett, je peux sentir une vague différence lorsque je lance un sort un peu plus compliqué, mais de là à dire qu'elle rend plus puissant, il y a un fossé que je ne suis pas prêt à franchir !
Et pourtant, insidieusement, je me souviens de ce que m'a dit Tonks, une fois, il y a quelques années. Avant sa cinquième année, Hermione était une sorcière se classant, certes, en tête pour la partie théorique, mais en ce qui concernait la pratique, elle était à chaque fois détrônée par Harry.
Ce n'est qu'à partir de la cinquième année qu'il ne lui fallait plus qu'un ou deux essais pour parvenir à un sort puissant. Bon sang ! Il ne lui a fallu que cinq essais pour parvenir à sortir un Patronus corporel !
— Et moi j'en vois une flagrante, sourit-elle encore, me sortant de mes pensées la concernant.
— Laquelle ? froncé-je les sourcils.
— La membrane de ta magie que tu as enroulée autour de mon Noyau.
Bon sang, quand elle dit ce genre de chose sur un ton si doux, c'en devient presque plus sensuel que lorsqu'elle dit mon prénom… Et pourtant, Merlin sait qu'elle m'a mis à genoux plus d'une fois en le faisant…
— Eh bien quoi ? grogné-je.
Je suis tellement fatigué de la désirer tout le temps et me battre contre mon envie d'elle… Je voudrais simplement que, pour une nuit, elle arrête de s'en vouloir, qu'elle arrête de m'en vouloir aussi, et qu'elle me laisse prendre soin d'elle. Je pense qu'elle n'aurait même pas besoin de me demander de lui faire l'amour, je le ferais de toute façon…
À partir de quel moment les baises endiablées se sont-elles transformées en volonté de la faire se sentir bien et belle ? Quand est-ce que le défi de la faire plier le genou s'est-il mû en volonté de la voir épanouie après le sexe ?
La réponse est simple et dramatique en même temps. Yule. C'est à ce moment-là que les choses ont dérapé. Elle était si parfaite et si brisée en même temps, que je ne pouvais décemment pas la prendre sauvagement contre un mur ou dans la douche comme j'en avais envie.
Non, cette nuit-là, elle m'a demandé de lui faire l'amour, et je me suis rendu compte que, contrairement à Vegas où je me suis quelque peu forcé, ce soir-là, la douceur et la tendresse sont venus spontanément. Normalement. Et c'est vraiment flippant…
— La première que tu as placée au mois de mai n'a tenu que jusqu'à ce qu'un acte de magie plus conséquent n'ait lieu, comme l'a été la contraction de notre union à Vegas, souffle-t-elle en détournant le regard. Elle a volé en éclat à ce moment-là même si je pouvais encore sentir la présence de quelques fragments après…
Je lui en ai tellement voulu quand je l'ai appris, le lendemain… Et pourtant, Bill et Fleur avaient raison : nous étions tous les deux dans le même bateau… Mais j'avais besoin de rendre quelqu'un responsable de mes propres erreurs, et elle était le candidat idéal pour ce genre de choses !
Parfois, tout le temps où je suis restée en Roumanie après mon départ du Davenport Hôtel, je me disais que la magie elle-même me faisait regretter ma réaction. Comment, sinon, aurais-je pu ressentir ce tiraillement dans mon corps qui me poussait à revenir en Angleterre et lui demander de m'excuser ?
— En revanche, se racle-t-elle la gorge, celle que tu as placée en septembre, malgré les cauchemars, Yule, la montée croissante des lignes telluriques, Noël et le mois qui vient de s'écouler, elle, elle est toujours entièrement fonctionnelle malgré certaines fissures.
— Je suis devenu Lord après t'avoir apposé la première, soufflé-je en prenant conscience de ce qu'elle est en train de m'expliquer.
— Je sais…
Bordel… Si je m'attendais à ça en venant ce soir ! Je pensais cuisiner, discuter, peut-être même l'embrasser ou même lui rappeler quelques souvenirs à propos de ce canapé au demeurant charmant, mais en aucun cas à ce qu'elle m'explique la raison derrière l'explication des 28 Sacrés…
— Tu crois que c'est un fait connu ? penché-je la tête.
S'il est bien une personne qui puisse répondre à ce genre de question, je veux bien me faire brûler vif si ce n'est pas elle ! Je n'ai jamais rencontré quiconque avec une mémoire et un cerveau comme le sien !
— Je pense que personne ne s'est réellement penché sur la question, et Merlin s'est bien gardé d'en faire mention, d'ailleurs ! sourit-elle en coin.
Elle a l'air si bien, si… normale, comme avant, quand elle est comme ça ! Il n'y a plus cette douleur omniprésente et cette peur mêlée de résignation qu'elle sécrète à longueur de journée depuis trois semaines.
Simplement Hermione Granger, la chercheuse, celle que j'ai appris à apprécier, celle que je désire à cor et à cri de trop nombreuses fois par jour ou dans mon lit… Merde ! J'ai l'impression de redevenir un foutu adolescent avec elle ! Comme cette fois-là, au square, il y a trois ans…
— J'ai une question pour toi, chérie, susurré-je, intrigué. La première fois que nous nous sommes revus, portais-tu la bague ?
— Bien sûr ! hausse-t-elle les épaules. Sirius me l'avait donné le soir précédent ! Je ne l'ai pas enlevé une seule fois depuis que je l'ai, pourquoi ?
Putain que la magie peut se montrer capricieuse quand elle le souhaite… Et pourtant, je ne vois pas qui, mieux que la petite sorcière debout devant moi pourrait obtenir ses faveurs !
— Tu savais que Bill et Fleur ont une théorie sur le fait que tu aies fait sauter la Trace ? demandé-je d'un ton badin, un sourcil haussé. Je ne voulais pas y croire, mais aux vues de ce que tu viens de me démontrer, je ne remettrais plus jamais leur parole en doute !
— Explique…
Bordel ce qu'il est bon d'être celui en position de dominant une fois de temps en temps ! Depuis des mois, j'ai l'impression de subir chaque jour ses humeurs et ses volontés, mais pour une fois, je suis celui qui sait, et elle est celle qui veut savoir ! Bordel ce que ça peut faire du bien !
Ce jour-là, celui du bal, pendant que nous préparions la décoration malgré ma volonté puissante d'aller me reposer, mon abruti de grand frère s'est fait un plaisir de me raconter dans les détails la théorie de sa femme, et je dois dire que, si à ce moment-là, je les ai pris pour des fous, désormais ce n'est plus le cas !
— Elle pense qu'en utilisant durant un an le Retourneur de Temps durant ta troisième année, tu as ta magie qui a continué à croître…
— … et puisque je venais d'obtenir la Bague…, continue-t-elle en murmurant, les yeux dans le vague.
— Magia elle-même a décidé que tu étais une sorcière de second cycle à presque seize ans, approuvé-je, masquant bien mal une pointe de fierté. Ça n'explique pas le reste de tes capacités, mais ça explique déjà ça, au moins !
— Mes autres capacités ? fronce-t-elle les sourcils, revenant brutalement sur terre.
Est-ce possible qu'elle n'en ait pas eu conscience ? Est-il possible qu'elle n'ait pas conscience de le faire encore, depuis ce jour-là ? Combien de fois m'a-t-elle surpris alors que je la pensais désarmée ? Combien de fois nos affrontements matinaux dans l'appartement des jumeaux se sont soldés par l'une de ses victoires parce que je me sentais trop confiant ? Bien, bien trop souvent !
— Chérie, soupiré-je avec patience, tu as pu faire de la magie sans baguette, ce jour-là, sans même que…
Mais elle a totalement décroché de ce que je suis en train de lui dire. Le corps figé comme une statue, les yeux dans le vague et les sourcils froncés, je peux sentir du canapé tous les rouages de son cerveau tourner à plein régime.
— … et je parle maintenant dans le vide…, soupiré-je encore.
Elle ne m'a pas entendu, mais comme à chaque fois qu'elle s'enferme dans son esprit pour réfléchir, même la résurrection de Voldemort ne pourrait la déloger de son petit monde ! Quoique, peut-être qu'il lui ferait hausser un sourcil de frustration pour l'avoir déconcentrée…
Je n'ai jamais rencontré une femme qui place la réflexion et la concentration à un niveau aussi élevé, et pourtant, elle le fait sans aucun problème, se laissant bercer par des images qu'il n'y a qu'elle qui puisse voir. Un peu comme Luna et les Nargoles… Mais en ce qui concerne ces créatures, elles existent réellement…
Brusquement, elle reprend vie devant mes yeux, secoue la tête quelques secondes pour se remettre les idées en place, puis elle s'élance jusqu'à son parchemin sur lequel elle écrit un mot, marmonne dans sa barbe, le rature et en écrit un autre.
— C'est ça…, chuchote-t-elle, excitée.
Je n'ai aucune idée de ce qu'elle a bien pu trouver, et le simple mot « fantôme », tracé de son écriture penchée, ne m'aide pas plus que ça, malgré les deux traits qui le soulignent…
Elle se relève prestement, parcours la distance jusqu'à l'étagère contre laquelle je m'appuyais précédemment, se met sur la pointe des pieds – me révélant un peu plus de peau encore pour mon plus grand malheur – tourne furieusement les pages de son livre jusqu'à se plonger dans un paragraphe et enfin le pose ouvert sur la table basse.
— J'ai besoin de…, continue-t-elle.
Je n'ai aucune putain de foutue idée de ce dont elle a besoin, mais lorsqu'elle se penche pour écrire sur son parchemin et que son cul se retrouve à quelques dizaines de centimètres de moi, moi, en revanche, je sais de quoi j'ai besoin !
Mais à l'instant même où je décide d'envoyer chier toutes mes pensées de contrôle de moi-même et de politesse, elle se redresse vivement, reprenant son ballet dans la pièce, se remet sur la pointe des pieds et trouve un autre grimoire affreusement lourd et volumineux qu'elle peine à sortir sans se casser la gueule.
— Mais est-ce que…, marmonne-t-elle en se mordillant la lèvre.
Ses doigts tournent furieusement les pages de son livre, lui faisant lâcher des grondements de frustrations tout autant que d'excitation. Je la connais, je sais qu'elle est à deux doigts de trouver la solution à son problème, peu importe ce qu'il puisse être.
Son cri de joie, au bout de longues minutes d'attente à la voir éperdument plongée dans son volume me sort de la contemplation de ma femme dans ce que j'aime le plus chez elle : son intelligence et la sensualité qu'elle dégage en le faisant.
Elle n'en a pas conscience, mais elle plisse le nez quand elle est prise dans un paragraphe important. Elle fronce les sourcils lorsqu'elle bute sur une traduction. Elle se mâchouille la lèvre lorsqu'elle est impatiente. Elle enroule une mèche de cheveux autour de son doigt quand elle réfléchit à ce qu'elle vient de lire.
Je l'ai tellement souvent vu avoir ce genre de comportement, durant un mois, que je pourrais dire avec exactitude quelle expression doit arborer son visage en ce moment. Le triomphe. Celui où ses yeux pétillent de joie, où ses pommettes sont rosies de plaisir et ses lèvres rouges d'avoir été mordues. Je la connais par cœur… Et combien de fois ai-je profité de ça durant un mois…
Elle n'était jamais plus généreuse dans nos étreintes que lorsqu'elle venait de se faire une session intensive de recherches ou qu'une de nos conversations l'avait vraiment beaucoup stimulée.
Parfois, lorsque Bill me voyait assez saoul à ce moment-là, il parvenait à me tirer certaines confidences, mais il faut dire qu'entre nous, je voyais ces conversations comme une sorte de préliminaires étranges…
— Lis ça ! s'écrie-t-elle en venant s'agenouiller devant moi.
C'est un très, très mauvais plan que de l'avoir à cette place-là… Mais le poids improbable de son horrible grimoire qui vient percuter mes cuisses me ramène bien trop vite sur terre pour que je parvienne à me laisser totalement embarquer par mes pulsions.
À regret et parce que je sais que je dois impérativement me concentrer sur autre chose, je ferme quelques instants les yeux pour me recentrer puis entame la lecture d'un tout petit paragraphe traduit.
«…Et même après sa mort, dans le lieu où reposait son âme, les villageois ont affirmé avoir vu le fantôme de Merlin continuer à faire des prouesses. Certains témoignent que, lorsque leurs lieux d'habitation étaient envahis par les Moldus, Merlin parvenait à les chasser par des sortilèges rouges sortant de son spectre. »
Mais qu'attend-elle de moi ? Que suis-je censé comprendre en lisant ces deux pauvres malheureuses phrases ? Certes, les sorciers de l'époque étaient bien plus crédules que maintenant, mais elle ne s'attend tout de même pas à ce que je crois sur parole les dires de cette historienne, tout de même, si ? Malgré la reconnaissance qu'elle a obtenue de ses pairs à l'époque, il y a un fossé !
— Et alors ? soupiré-je en refermant le livre. Je ne vois pas le rapport, Hermione !
— Et si c'était possible, Charlie ? souffle-t-elle en se redressant, réduisant considérablement l'espace entre nos deux visages. Et si la place du Noyau de magie définissait la nature même entre sorcier et mage ? Et si les prouesses dont parle Hécate Rowle c'était de la magie sans baguette ?
J'ai bien conscience que ses arguments ont un sens et qu'ils sont peut-être même vraiment bon, mais dans cette position-là, à quelques centimètres à peine de mes lèvres, bordel, je pourrais lui donner Merlin sans confession…
Tout mon corps, toute ma magie et toute mon âme me tirent dans ce sens… Tout en moi me pousse à combler l'espace qui nous sépare et retrouver la douceur de ses lèvres. Alors pourquoi ne pas céder à la tentation ? Pourquoi la repousser inlassablement ?
— Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire ? chuchote-t-elle, les yeux brillant d'excitation. La magie même du directeur pourrait ne pas être morte mais tout simplement en dormance ! Ça voudrait dire qu'avec un peu d'entraînement, on pourrait la réveiller !
Je vois ses lèvres bouger, je sais qu'elle me parle, mais tout ce que je vois, c'est que tout ça me manque… Qu'elle m'embrasse, qu'elle me touche, qu'elle me caresse… Merde ! Je donnerais tout ce que je possède pour qu'elle arrête de parler ou qu'elle mette sa bouche à tout autre escient…
— Oh bébé ! murmure-t-elle, les larmes aux yeux. Ce serait tellement bien !
Ma main vient rapidement se perdre sous la touffe de ses cheveux, retrouvant la douceur de la peau de sa nuque, mon visage se rapproche et mon front se colle au sien. Juste une seconde… J'en ai tellement besoin… Tout mon corps me fait mal tant j'en ai besoin…
« Je ne sais pas si j'arriverais à refaire tout ça… ». Cette confession qu'elle m'a faite, plus tôt dans la journée, lorsque nous étions dans le bureau de la Psychomage Hawks, me frappe de plein fouet, me faisant durement fermer les yeux. Je ne peux pas…
— Je crois que je vais y aller… soufflé-je.
À contrecœur, alors que son souffle se bloque dans sa gorge, je recule mon visage, essayant de mettre le plus de distance possible entre nous, mais je cesse de me débattre contre moi-même lorsqu'à peine quelques centimètres plus loin, sa voix cassée me parvient.
— J'ai dit quelque chose de mal, Charlie ?
Un gémissement de fatalité m'échappe. Je ne peux pas résister quand elle m'appelle de cette manière par mon prénom. Je sais qu'elle ne l'a pas fait exprès, et peut-être même qu'elle n'en a pas conscience, mais toute volonté est en train de partir en éclat et je dois parvenir à garder le peu de relation que nous sommes parvenus à réinstaurer ce soir…
— Je vais vraiment y aller, bébé…, chuchoté-je, la voix horriblement rauque. Crois-moi, c'est plus sûr…
J'ai toutes les peines du monde à détacher ma main de sa nuque et plus encore à me lever alors qu'elle a la tête baissée vers le tapis, dans une posture d'apitoiement. Je ne peux pas rester. Pas si ce n'est pas elle qui me le demande…
Le corps douloureux de me battre contre cette attraction qu'elle exerce sur moi, je parviens vaillamment jusqu'au tableau, ne prenant le temps de m'arrêter qu'une seule seconde pour reprendre mon souffle que je n'avais pas conscience de retenir.
— Tu pourrais rester, si tu veux…
Mon corps se fige, une main sur la poignée, l'autre dans mes cheveux, mais j'ai besoin de m'assurer que je n'ai pas rêvé ce que je viens d'entendre. Parce qu'elle a beau avoir chuchoté sa requête, je sais parfaitement ce que j'ai entendu, et s'il s'agit d'un songe… Merde ! Ne me réveillez pas !
Debout, dos à la porte, les épaules bien droites, la tête baissée, elle exsude tellement de peur que celle-ci résonne en moi comme si cette émotion m'appartenait. Peut-être que c'est le cas ? Je sais très bien que si je ne pars pas, alors quelque chose changera. Et je n'ai jamais apprécié le changement…
— Hermione…, fais-je, la voix rauque de désir. Est-ce que tu te rends compte que si je reste, on ne continuera pas à parler d'occlumancie et de magie sans baguette ?
Il faut qu'elle en ait conscience ! Il faut qu'elle ait conscience que, si je reste, alors elle accepte que l'on retrouve une partie de notre intimité d'avant, que je n'arrêterais pas de m'en faire pour elle, mais que je compte bien l'emmener dans notre chambre, parce que, oui putain ! Notre lit me manque !
Un mois et demi que je dors seul, que je me réveille seul, que je me réveille, d'ailleurs, en sueur la nuit parce que j'ai conscience qu'elle va mal ! Mais ce n'est pas le pire…
Le pire, c'est lorsque mon cerveau se met à me rejouer ces moments que nous avons passés ensemble et où je me réveille avec angoisse et l'envie pressante d'aller la retrouver pour m'assurer qu'elle est toujours en vie.
Hawks a, certes, bien travaillé avec moi, mais je doute qu'elle parvienne de sitôt à me faire oublier ce moment des vacances où j'ai cru l'avoir perdu à jamais.
Encore aujourd'hui, il m'arrive de me mettre à paniquer dans mon lit en m'en souvenant. Encore aujourd'hui, je sens ma magie se rebeller et mes boucliers s'abaisser lorsque je dois, encore et encore, revivre ce cauchemar.
Mais elle est là, à quelques mètres de moi, sa tête qui se tourne doucement dans ma direction avant que son corps ne prenne le même chemin, et je ne veux qu'une seule et unique chose : m'assurer qu'elle est réellement en vie, qu'elle va bien et qu'elle retrouve ses yeux brillant d'excitation et de plaisir !
C'est mal, je le sais parfaitement, mais à l'instant même, Tonks n'est pas une seule seconde présente dans mes pensées. Il n'y a qu'elle.
Elle et sa lèvre qu'elle martyrise. Elle et ses yeux humides fuyant les miens. Elle et ses mains qu'elle tortille dans tous les sens. Elle et son corps qui tremble. Elle et la force inconsciente qu'elle dégage lorsqu'elle redresse le regard vers moi.
— Je sais… J'ai peur, Charlie…, chuchote-t-elle en affrontant enfin mes yeux. Je suis terrifiée par tout ce que je ressens en ce moment…
Mon corps réagit de lui-même mais je ne peux lui en vouloir parce que c'est très exactement ce que je veux à cet instant précis. Combler les mètres qui nous séparent et la laisser faire le dernier pas vers l'inconnue.
— … mais je sais que j'ai envie que tu restes…
La fin de ses mots se retrouve noyée lorsque mes lèvres rencontrent brutalement les siennes, cherchant avidement sa langue alors que ses mains s'accrochent à ma nuque vivement, pressant son corps contre le mien.
Mes mains retrouvent avec bonheur le plaisir de toucher son dos, la chute de ses reins puis ses fesses avant de venir attraper ses cuisses et faire s'enrouler ses jambes autour de ma taille, ne quittant pas une seule seconde ses lèvres.
J'ai si souvent fait le trajet entre le canapé et la chambre durant un mois, avec elle dans cette position-là, que je le reconnaîtrais les yeux fermés. Me fiant à mes souvenirs, j'entreprends mon périple alors que ses lèvres quittent les miennes pour mon cou.
Ses petits doigts agiles partent à la conquête du col de ma chemise avant de suivre la ligne des boutons, embrassant et mordant chaque centimètre de peau qui apparaît à la lumière des bougies nombreuses qui éclairent la pièce.
Prenant mon mal en patience, je savoure sa douce torture avec un plaisir malsain jusqu'à ce que mes genoux butent contre le matelas, nous faisant partir tous les deux en avant, elle toujours fermement enserrée contre mon corps.
Maintenant libre de mes mouvements, je la laisse enrouler ses jambes autour de moi pendant que mes mains viennent enserrer ses poignets pour les poser contre les oreillers, de chaque côté de sa tête.
— Qu'est-ce que tu fais ? chuchote-t-elle lorsque je me redresse quelque peu.
Elle est vraiment magnifique ainsi. Les joues rougies, les cheveux éparpillés sur les draps, les yeux d'un noir profond, les lèvres rouges d'avoir été embrassées, la pointe de ses tétons semblant vouloir fendre sa chemise… Merde…
— Tu m'as encore plus manqué que je ne le pensais, tout simplement, soufflé-je en reprenant le chemin de ses lèvres.
Putain… Il faut vraiment que je parvienne à mieux me maîtriser… J'étais vraiment à deux doigts de le lui dire. À deux doigts de rompre tout retour en arrière possible… À deux doigts de lui dire que je ressentais quelque chose de plus fort que ce qu'il est recommandable de ressentir avec une fille comme elle…
Plus d'une fois, je me suis trouvé con, en manquant de gronder son nom lorsque je couchais avec Katya, au début de l'année… Pire encore, il m'est arrivé une fois de perdre tous mes moyens, lorsque nous étions encore tous les deux à la réserve, après avoir grommelé le nom de ma femme dans un moment d'extase… Définitivement, je n'en suis pas fier…
« Avez-vous conscience de vous servir de l'amour et l'amitié que vous aviez pour votre amie afin de vous empêcher d'être heureux à nouveau ? ». Merde ! Pourquoi les paroles de la thérapeute, durant notre troisième séance, me reviennent en tête maintenant ?
Secouant doucement la tête pour essayer de me remettre les idées en place, je me concentre sur la tâche présente, à savoir profiter des doigts d'Hermione en train de détacher un bouton de plus sur ma chemise, sa tête renversée en arrière sur les oreillers tandis que mes lèvres se trouvent un sillon jusqu'à la naissance de sa poitrine.
« Comprenez-vous que vous êtes en train de vous punir pour quelque chose dont vous n'êtes pas responsable ? ». Pleinement concentré sur le ridicule petit bouton de nacre qu'elle a refermé un peu plus tôt, je laisse la question de la guérisseuse en suspens.
Les boutons défilent sous mes doigts, mes lèvres suivent un chemin tout tracé entre la vallée de ses seins, le bout de ma langue se fraye un passage sur la peau de son ventre que je dévoile petit à petit, savourant la douceur et la texture qu'elle rencontre.
Ses doigts viennent se poser dans mes cheveux, défaisant rapidement mon catogan avant de fourrager dedans, ses soupirs de plaisir augmentant dans la chambre à mesure que mes baisers cheminent jusqu'à la bordure de sa jupe.
« Tout le monde a le droit de se montrer faible un jour, Charlie. Vous n'êtes pas le premier, et vous ne serez pas le dernier à le faire. »
Langoureusement, je laisse la pulpe de mes doigts décrire un tracé de feu sur la peau de ses cuisses, remontant inlassablement jusqu'à son entrejambe, souriant en coin en rencontrant le tissu humide qui le protège. Elle est vraiment parfaite…
Mes lèvres remplacent bien rapidement mes doigts, embrasant l'intérieur de ses cuisses tout en remontant paresseusement jusqu'en leur centre, gravant en moi le gémissement d'anticipation et de plaisir qu'elle émet.
Mais même si j'aimerais vraiment reprendre nos jeux comme nous le faisions avant Noël, ce n'est pas ce que je veux pour ce soir. Retenant un soupir de dépit, j'embrasse tout de même la petite culotte rouge bordeaux avant de reprendre le chemin en sens inverse, pour retourner à ses lèvres.
Replaçant ses jambes correctement autour de moi, un bras dans son dos, je nous fais asseoir sur le lit, elle sur moi pendant que mes lèvres partent grignoter la peau de son cou. Mes mains partent de ses épaules jusqu'à ses poignets, l'aidant à enlever sa chemise avant de revenir se placer dans son dos, dégrafant rapidement son soutien-gorge.
En douceur, je la fais se rallonger, avalant son glapissement tandis que son corps reprend ses tremblements.
Je ne sais pas ce qui a changé, je ne sais pas quand ce changement s'est opéré, mais j'ai la sensation incroyable qu'elle comprend ce que je suis en train de faire. Ce que je tente désespérément de lui faire comprendre… Cette chose que je ne sais dire avec des mots mais que j'espère parvenir à lui montrer par des gestes…
— Charlie…, souffle-t-elle, les yeux fermés.
— Arrête-moi si tu ne veux pas, chuchoté-je.
Gagné… Elle a compris… Je peux le voir à sa manière de me regarder, au choc et à la tendresse qui enrobent ses prunelles couleur noisette.
— Fais-le-moi sentir.
Par Merlin… Comment fait-elle pour toujours savoir quoi dire, quoi faire pour me faire lâcher prise ? Comment fait-elle pour comprendre, à chaque fois, de quelle manière me libérer sans que je n'aie besoin de parler ?
Mes lèvres retrouvent les siennes doucement, quémandant un baiser lent et doux, ses bras s'enserrent autour de ma nuque et les miens passent entre son corps et le matelas, la serrant plus fortement contre moi encore.
Ce n'est plus une question de sexe comme à Vegas, plus une question de volonté de domination comme au début de notre cohabitation. C'est simplement l'union parfaite des corps.
Sans méchanceté derrière, sans volonté de prouver sa force ou tenter de faire céder l'autre. Juste une union silencieuse de mots qu'on ne parvient à dire à voix haute.
Mes mains repartent lentement à la conquête de sa peau, profitant de cette étendue encore quelques instants, avant qu'elles ne rencontrent encore une fois les commissures de la jupe qu'elle porte. Grognant de dépit, je me défais de mauvaise grâce de ses lèvres pour m'asseoir sur mes talons.
— Tu veux aller plus loin ? soufflé-je tendu.
Elle ne répond pas. Pas avec des mots en tout cas. Au regard de défi qu'elle m'envoie, j'ai déjà une petite idée de ce qu'elle compte faire. Retenant un sourire, elle fait glisser la fermeture Éclair, tirant lentement sur les bords de ses deux derniers vêtements, exposant fièrement son tatouage de furet à ma vue.
— Tu sais que voir le Patronus de mon frère à chaque fois que tu te déshabilles, ça me fait un drôle d'effet ? haussé-je un sourcil, moqueur.
— J'ai cru comprendre que coucher avec l'ex de ton frère faisait partie de tes fantasmes, chéri, susurre-t-elle.
— Il y a tellement de nouveaux fantasmes qui me viennent, depuis que je te connais…, gémis-je.
— Tu m'en inspires de plus en plus chaque jour, Charlie, murmure-t-elle.
— J'aimerais pouvoir…
Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Déboulant comme une furie dans la chambre, un lynx de fumée argentée fait le tour du lit avant de s'asseoir bien sagement sur le sol, la gueule grande ouverte pour délivrer son message, la queue coincée entre ses pattes.
— Penny a perdu les eaux ! crie la voix de Percy. Grouillez-vous ! On va à Ste Mangouste !
Le lynx s'évanouit dans la pénombre après avoir accompli sa tâche, laissant un blanc incroyable dans la chambre. Si je devais placer cette scène dans ma top liste des pires interruptions de possible coït, à n'en pas douter, elle arriverait en tête de file… Faites confiance à Percy pour casser toute ambiance…
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Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la première partie du chapitre 29, intitulé "Le Cycle de la vie" !
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Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.
