Chapitre 47 : Le Temps
Ma petite vie continua son petit chemin tranquillement.
J'étais retournée chez mon père pour Thanksgiving. C'était une semaine agréable à Forks, même s'il a plu tout le temps !
J'étais agréablement surprise de voir Sue et ses enfants nous tenir compagnie. Elle ne voulait pas que Charlie reste seul, même s'il était uniquement avec moi. De plus, elle ne supportait plus cette fête sans son mari.
J'étais encore sortie avec Leah. J'avais croisé Embry mais nous n'avions pas eu l'occasion de discuter – il travaillait comme mécanicien dans la seule boutique de la ville et était occupé.
Je gardais toujours sa lettre partout où j'allais sans en parler à personne. Je me demande s'il est actuellement chez lui et qu'il a remarqué l'enveloppe disparue.
Peut-être le saurais-je un jour ?
En tout cas, cette lettre est bien gardée, en secret, près de moi. Elle est cachée dans un lieu sûr, une double poche cachée dans mon sac à dos. Celui que je prends partout avec moi.
Il me reste une partie de lui. En plus de son collier, encore à mon cou depuis trois ans.
J'avais également recopié la petite histoire de l'amour et du temps sur un bout de papier et l'avait glissée dans l'enveloppe. Ainsi, je pourrais relire l'histoire quand je le souhaitais.
Je ne vais pas mentir, il me manque. La douleur s'atténue de jours en jours mais j'aperçois son absence. Il a été mon premier – premier amour, premier baiser... première fois. Dire que je regrette serait un mensonge, il a été un amant adorable.
Il est parti bien trop tôt.
Le temps passait et, comme il l'a dit, continua sa course.
Déjà, Noël approchait. Les examens s'étaient bien passés, j'adorais toujours autant mes cours.
Ma mère m'appelait et demandait si je viendrais un jour lui rendre visite.
Je promis de la voir en février.
Noël chez mon père se déroula de la même manière que Thanksgiving, avec Sue, Seth et Leah. Cette fois, je pu parler a Embry mais l'épisode du baiser semblait être oublié. Il avait compris que je ne viendrais pas souvent ici et qu'une relation longue était pas envisageable.
De plus, je ne comptais pas revenir vivre à Forks.
Peut-être irais-je vivre à Chicago ? C'est la plus grande ville du Midwest, et, par conséquent, le principal centre économique et culturel de la région. J'aimerai entrer dans une maison d'édition ou écrire des critiques, pourquoi pas ?
Il ne fait pas trop chaud, je n'avais pas envie de retourner en Arizona. Le temps est moins pluvieux qu'à Forks. Je pense qu'un maximum de 25°C et un minimum de -3°C est plutôt correct.
En plus, la ville longe le lac Michigan, donnant un accès presque direct au Canada, et avec une plage !
J'y pense, je fais mes petits projets. Je n'imagine pas ce que je serais dans dix ans mais dans trois, une fois diplômée.
Alors que j'attendais mon avion de retour à l'aéroport de Sea Tac, Charlotte m'appela. Elle était devenue ma meilleure amie entre temps, je ne sais toujours pas expliquer comment. Nous étions comme le Ying et le Yang.
Je répondis.
« Salut Bella ! J'avais peur que tu sois déjà dans ton avion. »
« Non, je l'attends encore. »
« C'est super ! Dis, tu veux venir à ma soirée du nouvel an ? Tu avais dit que tu y réfléchirais, s'il te plait dis-moi oui ! »
« Hum... Charlotte, tu sais que... Enfin, c'est que je... »
« Tu n'as pas le choix. »
Je ris face à son ton autoritaire.
« Tu sais si les autres viennent ? » demandais-je.
« Je les ai déjà appelés. Ils viennent tous ! »
« Ah ! Super alors, moi aussi. »
« Chouette, chouette ! Qu'aurais-tu fait, sinon ? »
« Hummmm regarder la télé avec un pot de glace ? »
« Mais non ! Ça va être génial. »
Et une fois arrivés à la soirée, ce fut le cas.
Je m'étais un peu écartée du bruit en compagnie de Mike. Lui et moi avions pris un verre de vodka-coca (surtout ne jamais le dire à Charlie) et nous étions quelque peu désinhibés.
Nous sortîmes quelques instants.
« C'est la première fois que tu bois ? » demanda Mike.
« Non mais je ne le fais pas souvent. »
« Moi non plus. C'est rigolo, tu as un tout petit nez. »
Il toucha mon nez de son doigt et le laissa là.
« Attends »
Il monta légèrement son doigt, gardant une certaine pression sur mon nez.
« Tu ressembles à un cochon ! » rit-il.
« Nan ! Ne dis pas ça, ce n'est pas gentil ! » boudais-je.
« Tu es un très joli cochon, ne sois pas fâchée. »
Il me prit dans ses bras, d'abord rigolant.
Je rougis.
« Merci » dis-je.
Les choses sont devenues tout à coup plus sérieuses. Il me tenait toujours, me serrant doucement. Il mit sa joue sur ma tête.
Son étreinte était rassurante. Il me prenait de ses bras forts et musclés.
Je relevais la tête. Ce geste le fit relever également la sienne mais nos yeux étaient captivés l'un par l'autre.
Il avait les yeux bleus marine. Un mélange sombre avec le blond de ses cheveux. Le voir avec sa veste en cuir me donnait des frissons.
Doucement, retenant toujours mon regard, il mit sa main contre ma joue. J'eus le souffle coupé.
C'était autre chose qu'avec Embry. Il y avait quelque chose en plus.
L'alchimie.
Il approcha lentement sa tête de la mienne. Je fermais les yeux, l'invitant à continuer.
« Je peux t'embrasser ? » susurra-t-il contre mes lèvres, à bout de souffle.
J'hochais la tête.
Ses lèvres touchèrent les miennes.
Je ne ressentis pas l'électricité qu'il y avait avec Edward. Par contre, je ressentais de la tendresse, de la douceur.
Je ne ressentais pas rien comme avec Embry.
C'était doux, naturel, mais je ressentais tout de même quelque chose.
Il m'embrassa encore. Demandant plus.
J'ouvris la bouche, l'invitant à poursuivre.
C'était un chaste baiser.
Je ne sus combien de temps nous sommes restés ainsi, à s'embrasser mais j'entendis quelqu'un s'écrier « Bonne année » au loin.
Et nous nous séparions. Il avait un immense sourire sur son visage, heureux, aux anges.
Je devais avoir le même.
Après cela, nous n'étions pas sortis ensemble tout de suite.
Nous avions eu quelques rendez-vous, certains plus formels d'autres plus « amoureux ». Nous nous étions encore embrassés, sobre cette fois.
Mais ce n'est qu'au moment où je partis pour la Floride, fin février, passer une semaine de vacances chez ma mère, qu'il m'accompagna à l'aéroport, qu'il m'avoua m'aimer.
Il l'avait dit.
Il avait dit « Je t'aime ».
À moi.
Un an après ma rupture, un an de célibat.
Je n'étais pas certaine d'être entièrement amoureuse de lui, mais je l'appréciais et l'aimais assez pour lui rendre ces trois mots.
Rien n'était comparable avec Edward. Il n'était pas le même.
Je n'étais plus la même non plus.
Je privilégiai la douceur à l'électricité. Je privilégiais l'adoration à la passion.
Mais cela me convenait.
Et cela m'avait convenu pendant mes deux dernières années à l'Université.
