Chapitre 49 : Secrets de Serpents

Résumé :

Severus rencontre le Basilic, et explore la Chambre.


- Nous sommes dans une grande salle de pierre, éclairée d'une faible lumière verte sans source visible, » rapporta Albus, alors que la porte se fermait derrière eux. « Le plafond est porté par deux rangées de piliers, portant un motif en bas-relief de serpents s'enroulant autour d'eux. Je peux voir plusieurs ailes adjacentes de chaque côté, mais le plus gros de la lumière est centré sur la salle devant nous. À l'autre bout de la chambre, il y a une statue contenant une grande quantité de magie. Le sol est également fait de pierre. »

- Le Basilic est venu ici récemment, » ajouta Abhay. « Pas aujourd'hui, mais de nombreuses fois. »

- Alors notre priorité est de parler au Basilic, afin que vous deux puissiez explorer, » dit Madame Goswami d'une voix ferme. « Directeur, s'il vous plaît, emmenez-moi dans un espace dégagé près d'un des piliers. Il faudra peut-être un moment avant que le Basilic vienne, mais je vous demande d'éviter toute action agressive pendant que vous explorez. Nous devons éviter qu'elle nous perçoive comme une menace. »

Tout en les écoutant parler, Severus essaya de décider où il allait préférer attendre. Il avait les yeux bandés, dans un endroit inconnu, et il était très vulnérable. Il allait devoir choisir un endroit où attendre – mais était-il préférable de rester dans un espace dégagé, où il pouvait se faire attaquer depuis n'importe quel angle, ou près d'un pilier, qui risquait lui-même de l'attaquer ?

Albus montra le chemin à Madame Goswami, et Severus les suivit, balayant le sol de sa canne devant ses pieds. Au moins, s'ils restaient ensemble, Albus pourrait prévenir en cas de danger.

Albus, cependant, ne semblait pas vouloir rester avec le groupe. Severus avança à tâtons jusqu'à un pilier, et entendit Madame Goswami s'asseoir, et puis Albus dire « Je pense que je vais aller explorer » et s'éloigner.

Severus entendit les vêtements de Madame Goswami bruire, et puis le son de… quelque chose qu'elle plaçait sur le sol ? Il reconnut une odeur de poisson et de viande crue. Un appât, peut-être, ou une preuve de bonne foi. Et puis il entendit la magizoologiste se mettre à chantonner. Enfin, à l'oreille ça ressemblait à un chantonnement, mais il éprouvait la même sensation qu'avec du fourchelang. Et quand il couvrit ses oreilles, pour voir, le volume ne changea pas.

Le chant continua, alors que Madame Goswami semblait ne jamais reprendre son souffle, qu'Albus explorait la chambre, et que Severus attendait.

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Et puis, ils commencèrent à percevoir un grondement, le son d'un grincement sur la pierre, et comme le bruit des pas d'un géant. « QUI VIENT ICI ? » La voix était glaçante, et Severus eut la certitude que, quelle que soit la taille minimale que le Basilic pouvait atteindre, elle était actuellement très, très grande.

- Je suis une Locutrice et une guérisseuse de serpents qui vient de loin d'ici au sud et à l'est, » répondit Madame Goswami d'un ton calme. « J'ai déjà connu des Basilics, et je viens parler en paix avec toi. »

- VOUS VENEZ EN PAIX ? » dit le Basilic d'une voix grondante, s'approchant. « JE CONNAIS LES RUSES DES SORCIERS. JE VOIS VOS BAGUETTES. VOUS VENEZ ME DOMPTER. »

Severus dut se forcer à agir contre sa volonté, mais il rangea sa baguette, laissa tomber sa canne, et montra ses mains vides. « Je viens en paix, » répéta-t-il. « Je suis un professeur. Je veux te voir à l'abri, loin de mes élèves. »

Le Basilic s'arrêta, son corps frottant contre la pierre, et Severus sentit un souffle d'air passer contre son visage. Il se força à rester immobile alors que le Basilic s'approchait, assez près maintenant pour entendre sa respiration. « … Tu as la confiance d'une licorne au poignet, » dit l'animal.

Severus cligna des yeux derrière son bandeau. Il avait quoi ? La confiance de… Il cligna des yeux à nouveau. « Tu veux dire les crins de licorne ? » demanda-t-il. Il portait ce bracelet depuis si longtemps maintenant, il avait presque oublié sa présence.

Il sentit un autre souffle lui frôler le visage. « Crins de poulain de licorne, librement donnés, » confirma le Basilic. « Te portes-tu garant de ces gens ? Vous n'allez pas m'attaquer ou me contrôler ? »

- … Je me porte garant, » dit Severus. « Nous voulons te parler, et peut-être t'aider à te rendre dans un autre endroit où vivre. Nous n'allons pas t'attaquer ou te contrôler. »

Le Basilic… soupira, il y eut un bruit de frottement, et quand la voix résonna de nouveau, elle était plus près du sol. « Je vais manger, alors. Si vous voulez parler, parlez. »

Madame Goswami prit la parole à ce moment. « Merci, » dit-elle. « Si tu promets de masquer ton regard, je promets de ne pas saisir ma baguette. Est-ce que ça te paraît juste ? »

Il y eut une pause. « Vous n'allez pas couvrir mes yeux ? »

- Non, » dit Madame Goswami d'un ton ferme. « Je te demande de masquer ton regard, mais je ne te retirerai pas tes défenses. »

Une autre pause. « Je le masquerai. »

Prudemment, Severus retira son bandeau, le regard fixé sur le sol entre ses pieds, laissant ses yeux s'ajuster à la lumière. Il pouvait entendre la déglutition du Basilic en train de manger, et quand il tourna lentement la tête vers Madame Goswami, il vit des écailles d'un vert vif.

- Elle est en très mauvais état, » dit Madame Goswami d'une voix douce mais pragmatique. « Elle est beaucoup trop maigre. Elle a probablement froid presque tout le temps, ce qui ne doit pas améliorer son humeur, mais je ne peux rien faire pour ça pour le moment. » Elle sourit tristement, caressant la tête d'Abhay. « J'espère qu'elle me laissera l'emmener avec moi. Ce n'est pas un endroit pour un Basilic. »

Severus était d'accord avec elle, mais pas pour les mêmes raisons. « Avez-vous besoin de mon aide ? » demanda-t-il. « Ou préférez-vous ne pas m'avoir dans les pattes ? »

Madame Goswami secoua la tête. « Allez explorer comme le portrait vous a dit de faire, » dit-elle. « Je vais rester ici un moment. »

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Severus trouva Albus dans une des ailes, observant avec attention un pan de mur. « Savez-vous donc, » dit le directeur, « je suis presque certain que nous sommes directement en dessous de la Grande Salle. »

Le tunnel labyrinthique les avait promenés de tournant en tournant à tel point que Severus arrivait à le croire. « Comment savez-vous ça ? » demanda-t-il.

Albus tira un globe de cristal de sa poche, où apparaissaient deux flèches or et violet pointant dans deux directions différentes. « Une est liée à mon bureau, l'autre aux toilettes du deuxième étage, » expliqua-t-il.

Severus ferma les yeux pour visualiser les angles, et hocha la tête. « C'est plausible, » reconnut-il. « Y a-t-il une raison pour laquelle vous regardez ce mur en particulier ? »

- C'est ici que s'attache l'annexe à la Grande Salle, » dit Albus d'un ton rêveur. « Et l'office des cuisines est juste en dessous. »

- Raisonnable, » concéda Severus.

Albus lui sourit. « En outre, je viens de passer dix minutes à essayer de défaire de ce mur un maléfice qui m'éventrerait et m'étranglerait dans mes propres intestins si je le déclenchais. »

- Ah.

- En effet.

Severus observa le mur. « Y a-t-il une raison particulière au fait que vous ayez tellement envie de défaire ce sort ? » demanda-t-il.

- Disons que je reconnais le style, » dit Albus. « Je ne pense pas que ce maléfice ait plus de cinquante ans. »

Severus soupira. Bien sûr. « Allons-y, alors. »

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Cinq minutes plus tard, il transpirait abondamment et son bras gauche l'élançait, mais ils avaient réussi à séparer le sort du mur assez pour qu'Albus le fasse disparaître entièrement. Après un autre mouvement compliqué de la baguette du directeur, une illusion s'effaça, révélant une arche fermée par une porte de pierre, couverte de gravures dans une écriture que Severus ne reconnut pas.

- Remarquable, » murmura Albus, se rapprochant de la porte. « Hmm. » Il fit apparaître un morceau de papier, l'agrandit jusqu'à la taille de la porte, et avec un morceau de charbon également créé, entreprit de copier les gravures. « Je ne pense pas avoir vu cette écriture jusqu'ici, » commenta-t-il. « Et vous, Severus ? »

Severus ouvrit la bouche pour dire non, mais une part de lui hésita. « … Je ne crois pas. Ça me rappelle l'alphabet arabe, mais… »

- Mais pas exactement, » acquiesça Albus. « Bien. Voyons voir ce que nous pouvons découvrir à propos de cette porte. »

Quand la copie fut complète, Severus se mit à tester la porte, alors qu'Albus essayait de déchiffrer l'inscription. Le succès, pour chacun d'eux, ne fut que partiel.

- Je suis à peu près certain que ce système va répondre à une déclaration similaire à celle qui a permis d'ouvrir la Chambre, » dit enfin Albus. Le sol autour de la copie papier était couvert de runes, et certains symboles brillaient. « Je n'ai pas pu identifier le langage de base – ce n'est certainement pas de l'arabe – et je pense qu'il est idéographique, pas alphabétique. Cependant, l'Enchantement de Kalbakieli a permis d'identifier quelques-uns des concepts de base. Il y a là lignée, ou sang, ou Maison. Serpent, évidemment. Et un accent important sur… l'autorité, ou peut-être la revendication. »

Severus émit un bruit pensif. Les sorts de traduction n'étaient pas sa spécialité, mais ils étaient connus pour être redoutablement compliqués. Un grand nombre de briseurs de maléfices s'étaient attirés des ennuis dans des tombes anciennes en pensant avoir lu 'descendance' alors que le mot était 'sang'. Ou en ayant considéré un petit point comme une dégradation liée au temps alors que c'était une part du texte originel. « Une déclaration de ma lignée, peut-être, et de mon droit à être ici ? » demanda-t-il d'un ton sceptique. « Moi, Severus, fils de Tobias Rogue et d'Eileen Prince, réclame accès en tant que Directeur de la Maison Serpentard ? »

La porte craqua, et Severus se tourna brusquement. La bordure gravée brillait d'une lueur verte, ainsi qu'un symbole en plein milieu de la porte. « Albus ? » demanda-t-il d'un ton méfiant.

Albus vérifia sa copie. « Ah. Celui-ci est… très probablement 'sang'. »

Severus eut une grimace. Il connaissait assez bien ce genre de choses pour savoir ce que ça signifiait. Mais cela ne voulait pas dire qu'il allait faire preuve d'imprudence. Tirant son couteau, il découpa une pièce de bandage dans le rouleau rangé dans sa trousse, et remonta sa manche pour pratiquer une petite coupure au dos de son bras. Il pressa le bandage dessus jusqu'à ce que la plaie arrête de saigner, rangea son couteau, puis fit léviter le pansement jusqu'à la porte, pressant son sang contre le symbole au centre (il n'était pas stupide au point de presser son pouce entaillé contre un objet magique inconnu, peu importe ce que feraient certaines personnes).

Le symbole se mit à briller plus fort, puis la lueur s'étendit, prenant toute la porte, et elle glissa sur le côté, grinçant contre le sol dallé. Derrière elle se trouvait une pièce au sol de carrelage vert et blanc, aux murs couverts de rayonnages chargés de livres, et accueillant en son centre un piédestal portant lui-même une boîte en argent sertie d'émeraudes.

- Une chambre des secrets, en effet, » murmura Albus. « Voulez-vous bien mener la voie, Severus ? »

Personnellement, si on lui laissait le choix, Severus préférait de loin rester ignorant. Mais apparemment, il n'avait pas ce choix. Il avança, baguette à la main… et la porte se referma derrière lui.

- Oh, bordel.


Notes de l'autrice :

Il va s'en sortir, promis.

Petite question : qu'est-ce que vous pensez de l'idée de Severus conservant la capacité de comprendre et parler le Fourchelang après cette aventure ? Je ne suis pas sûre de le faire, mais c'est une possibilité. Est-ce que c'est trop demander, à votre avis ?

Note de la traductrice :

Le temps que je publie cette traduction, la réponse à la question ci-dessus avait déjà été choisie, mais je suis curieuse de connaître votre avis ! Les lecteurs de la VO avaient des hypothèses très intéressantes.