Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur
la première partie du chapitre vingt-neuf du Souffle Du Dragon !
Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !
Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.
Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…
À l'attention de Dramionymus, Stphanie Antn, GenesisYD, Lia9749, JustMarianne et Croquine, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court !
Réponses aux review anonymes:
Guest: Bonjour à toi, Guest! Merci pour ta review,
J'espère que cette histoire continuera de te plaire encore jusqu'à la fin,
Bisou,
Mya
Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !
*** Bonne lecture ! ***
Précédemment dans le Souffle Du Dragon :
Chapitre 28:
Hermione
— Tu pourrais rester, si tu veux…
Mon corps se fige, une main sur la poignée, l'autre dans mes cheveux, mais j'ai besoin de m'assurer que je n'ai pas rêvé ce que je viens d'entendre. Parce qu'elle a beau avoir chuchoté sa requête, je sais parfaitement ce que j'ai entendu, et s'il s'agit d'un songe… Merde ! Ne me réveillez pas !
Debout, dos à la porte, les épaules bien droites, la tête baissée, elle exsude tellement de peur que celle-ci résonne en moi comme si cette émotion m'appartenait. Peut-être que c'est le cas ? Je sais très bien que si je ne pars pas, alors quelque chose changera. Et je n'ai jamais apprécié le changement…
— Hermione…, fais-je, la voix rauque de désir. Est-ce que tu te rends compte que si je reste, on ne continuera pas à parler d'occlumancie et de magie sans baguette ?
Il faut qu'elle en ait conscience ! Il faut qu'elle ait conscience que, si je reste, alors elle accepte que l'on retrouve une partie de notre intimité d'avant, que je n'arrêterais pas de m'en faire pour elle, mais que je compte bien l'emmener dans notre chambre, parce que, oui putain ! Notre lit me manque !
Un mois et demi que je dors seul, que je me réveille seul, que je me réveille, d'ailleurs, en sueur la nuit parce que j'ai conscience qu'elle va mal ! Mais ce n'est pas le pire…
Le pire, c'est lorsque mon cerveau se met à me rejouer ces moments que nous avons passés ensemble et où je me réveille avec angoisse et l'envie pressante d'aller la retrouver pour m'assurer qu'elle est toujours en vie.
Hawks a, certes, bien travaillé avec moi, mais je doute qu'elle parvienne de sitôt à me faire oublier ce moment des vacances où j'ai cru l'avoir perdu à jamais.
Encore aujourd'hui, il m'arrive de me mettre à paniquer dans mon lit en m'en souvenant. Encore aujourd'hui, je sens ma magie se rebeller et mes boucliers s'abaisser lorsque je dois, encore et encore, revivre ce cauchemar.
Mais elle est là, à quelques mètres de moi, sa tête qui se tourne doucement dans ma direction avant que son corps ne prenne le même chemin, et je ne veux qu'une seule et unique chose : m'assurer qu'elle est réellement en vie, qu'elle va bien et qu'elle retrouve ses yeux brillant d'excitation et de plaisir !
C'est mal, je le sais parfaitement, mais à l'instant même, Tonks n'est pas une seule seconde présente dans mes pensées. Il n'y a qu'elle.
Elle et sa lèvre qu'elle martyrise. Elle et ses yeux humides fuyant les miens. Elle et ses mains qu'elle tortille dans tous les sens. Elle et son corps qui tremble. Elle et la force inconsciente qu'elle dégage lorsqu'elle redresse le regard vers moi.
— Je sais… J'ai peur, Charlie…, chuchote-t-elle en affrontant enfin mes yeux. Je suis terrifiée par tout ce que je ressens en ce moment…
Mon corps réagit de lui-même mais je ne peux lui en vouloir parce que c'est très exactement ce que je veux à cet instant précis. Combler les mètres qui nous séparent et la laisser faire le dernier pas vers l'inconnue.
— … mais je sais que j'ai envie que tu restes…
La fin de ses mots se retrouve noyée lorsque mes lèvres rencontrent brutalement les siennes, cherchant avidement sa langue alors que ses mains s'accrochent à ma nuque vivement, pressant son corps contre le mien.
Mes mains retrouvent avec bonheur le plaisir de toucher son dos, la chute de ses reins puis ses fesses avant de venir attraper ses cuisses et faire s'enrouler ses jambes autour de ma taille, ne quittant pas une seule seconde ses lèvres.
J'ai si souvent fait le trajet entre le canapé et la chambre durant un mois, avec elle dans cette position-là, que je le reconnaîtrais les yeux fermés. Me fiant à mes souvenirs, j'entreprends mon périple alors que ses lèvres quittent les miennes pour mon cou.
Ses petits doigts agiles partent à la conquête du col de ma chemise avant de suivre la ligne des boutons, embrassant et mordant chaque centimètre de peau qui apparaît à la lumière des bougies nombreuses qui éclairent la pièce.
Prenant mon mal en patience, je savoure sa douce torture avec un plaisir malsain jusqu'à ce que mes genoux butent contre le matelas, nous faisant partir tous les deux en avant, elle toujours fermement enserrée contre mon corps.
Maintenant libre de mes mouvements, je la laisse enrouler ses jambes autour de moi pendant que mes mains viennent enserrer ses poignets pour les poser contre les oreillers, de chaque côté de sa tête.
— Qu'est-ce que tu fais ? chuchote-t-elle lorsque je me redresse quelque peu.
Elle est vraiment magnifique ainsi. Les joues rougies, les cheveux éparpillés sur les draps, les yeux d'un noir profond, les lèvres rouges d'avoir été embrassées, la pointe de ses tétons semblant vouloir fendre sa chemise… Merde…
— Tu m'as encore plus manqué que je ne le pensais, tout simplement, soufflé-je en reprenant le chemin de ses lèvres.
Putain… Il faut vraiment que je parvienne à mieux me maîtriser… J'étais vraiment à deux doigts de le lui dire. À deux doigts de rompre tout retour en arrière possible… À deux doigts de lui dire que je ressentais quelque chose de plus fort que ce qu'il est recommandable de ressentir avec une fille comme elle…
Plus d'une fois, je me suis trouvé con, en manquant de gronder son nom lorsque je couchais avec Katya, au début de l'année… Pire encore, il m'est arrivé une fois de perdre tous mes moyens, lorsque nous étions encore tous les deux à la réserve, après avoir grommelé le nom de ma femme dans un moment d'extase… Définitivement, je n'en suis pas fier…
« Avez-vous conscience de vous servir de l'amour et l'amitié que vous aviez pour votre amie afin de vous empêcher d'être heureux à nouveau ? ». Merde ! Pourquoi les paroles de la thérapeute, durant notre troisième séance, me reviennent en tête maintenant ?
Secouant doucement la tête pour essayer de me remettre les idées en place, je me concentre sur la tâche présente, à savoir profiter des doigts d'Hermione en train de détacher un bouton de plus sur ma chemise, sa tête renversée en arrière sur les oreillers tandis que mes lèvres se trouvent un sillon jusqu'à la naissance de sa poitrine.
« Comprenez-vous que vous êtes en train de vous punir pour quelque chose dont vous n'êtes pas responsable ? ». Pleinement concentré sur le ridicule petit bouton de nacre qu'elle a refermé un peu plus tôt, je laisse la question de la guérisseuse en suspens.
Les boutons défilent sous mes doigts, mes lèvres suivent un chemin tout tracé entre la vallée de ses seins, le bout de ma langue se fraye un passage sur la peau de son ventre que je dévoile petit à petit, savourant la douceur et la texture qu'elle rencontre.
Ses doigts viennent se poser dans mes cheveux, défaisant rapidement mon catogan avant de fourrager dedans, ses soupirs de plaisir augmentant dans la chambre à mesure que mes baisers cheminent jusqu'à la bordure de sa jupe.
« Tout le monde a le droit de se montrer faible un jour, Charlie. Vous n'êtes pas le premier, et vous ne serez pas le dernier à le faire. »
Langoureusement, je laisse la pulpe de mes doigts décrire un tracé de feu sur la peau de ses cuisses, remontant inlassablement jusqu'à son entrejambe, souriant en coin en rencontrant le tissu humide qui le protège. Elle est vraiment parfaite…
Mes lèvres remplacent bien rapidement mes doigts, embrasant l'intérieur de ses cuisses tout en remontant paresseusement jusqu'en leur centre, gravant en moi le gémissement d'anticipation et de plaisir qu'elle émet.
Mais même si j'aimerais vraiment reprendre nos jeux comme nous le faisions avant Noël, ce n'est pas ce que je veux pour ce soir. Retenant un soupir de dépit, j'embrasse tout de même la petite culotte rouge bordeaux avant de reprendre le chemin en sens inverse, pour retourner à ses lèvres.
Replaçant ses jambes correctement autour de moi, un bras dans son dos, je nous fais asseoir sur le lit, elle sur moi pendant que mes lèvres partent grignoter la peau de son cou. Mes mains partent de ses épaules jusqu'à ses poignets, l'aidant à enlever sa chemise avant de revenir se placer dans son dos, dégrafant rapidement son soutien-gorge.
En douceur, je la fais se rallonger, avalant son glapissement tandis que son corps reprend ses tremblements.
Je ne sais pas ce qui a changé, je ne sais pas quand ce changement s'est opéré, mais j'ai la sensation incroyable qu'elle comprend ce que je suis en train de faire. Ce que je tente désespérément de lui faire comprendre… Cette chose que je ne sais dire avec des mots mais que j'espère parvenir à lui montrer par des gestes…
— Charlie…, souffle-t-elle, les yeux fermés.
— Arrête-moi si tu ne veux pas, chuchoté-je.
Gagné… Elle a compris… Je peux le voir à sa manière de me regarder, au choc et à la tendresse qui enrobent ses prunelles couleur noisette.
— Fais-le-moi sentir.
Par Merlin… Comment fait-elle pour toujours savoir quoi dire, quoi faire pour me faire lâcher prise ? Comment fait-elle pour comprendre, à chaque fois, de quelle manière me libérer sans que je n'aie besoin de parler ?
Mes lèvres retrouvent les siennes doucement, quémandant un baiser lent et doux, ses bras s'enserrent autour de ma nuque et les miens passent entre son corps et le matelas, la serrant plus fortement contre moi encore.
Ce n'est plus une question de sexe comme à Vegas, plus une question de volonté de domination comme au début de notre cohabitation. C'est simplement l'union parfaite des corps.
Sans méchanceté derrière, sans volonté de prouver sa force ou tenter de faire céder l'autre. Juste une union silencieuse de mots qu'on ne parvient à dire à voix haute.
Mes mains repartent lentement à la conquête de sa peau, profitant de cette étendue encore quelques instants, avant qu'elles ne rencontrent encore une fois les commissures de la jupe qu'elle porte. Grognant de dépit, je me défais de mauvaise grâce de ses lèvres pour m'asseoir sur mes talons.
— Tu veux aller plus loin ? soufflé-je tendu.
Elle ne répond pas. Pas avec des mots en tout cas. Au regard de défi qu'elle m'envoie, j'ai déjà une petite idée de ce qu'elle compte faire. Retenant un sourire, elle fait glisser la fermeture Éclair, tirant lentement sur les bords de ses deux derniers vêtements, exposant fièrement son tatouage de furet à ma vue.
— Tu sais que voir le Patronus de mon frère à chaque fois que tu te déshabilles, ça me fait un drôle d'effet ? haussé-je un sourcil, moqueur.
— J'ai cru comprendre que coucher avec l'ex de ton frère faisait partie de tes fantasmes, chéri, susurre-t-elle.
— Il y a tellement de nouveaux fantasmes qui me viennent, depuis que je te connais…, gémis-je.
— Tu m'en inspires de plus en plus chaque jour, Charlie, murmure-t-elle.
— J'aimerais pouvoir…
Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase. Déboulant comme une furie dans la chambre, un lynx de fumée argentée fait le tour du lit avant de s'asseoir bien sagement sur le sol, la gueule grande ouverte pour délivrer son message, la queue coincée entre ses pattes.
— Penny a perdu les eaux ! crie la voix de Percy. Grouillez-vous ! On va à Ste Mangouste !
Le lynx s'évanouit dans la pénombre après avoir accompli sa tâche, laissant un blanc incroyable dans la chambre. Si je devais placer cette scène dans ma top liste des pires interruptions de possible coït, à n'en pas douter, elle arriverait en tête de file… Faites confiance à Percy pour casser toute ambiance…
Et maintenant:
Chapitre 29 : le miracle de la vie
Hermione
Je vais tuer Percy. C'est définitif. Ou peut-être même Penny ! Ça aurait été trop lui demander d'attendre une, voire deux heures avant de perdre les eaux ?
Bordel ! J'étais à deux doigts de voir Charlie enlever ce pantalon en cuir qui m'a rendue dingue toute la soirée, et il a fallu qu'elle perde les eaux ! Mais dans quel monde vivons-nous pour qu'une fille que je considère comme une amie m'empêche de me libérer de ma frustration ? Elle doit bien connaître ce que c'est, elle, après la scène qu'elle m'a faite à Noël !
Merde à la fin ! J'ai pu profiter de son corps pendant un mois presque tous les soirs, et après deux mois de diète forcée par moi-même, je me retrouve avec un plat du jour brûlant entre les cuisses, et la certitude de ne pas pouvoir y goûter… Monde cruel…
— On fait quoi maintenant ? chuchoté-je, mal à l'aise.
En toute honnêteté, je crois que s'il me dit tout de suite qu'il préfère arrêter là, je risque de vraiment très mal le prendre… J'ai tellement envie de ressentir encore une fois toutes les émotions qu'il me fait percevoir à chaque fois qu'il me touche…
Merlin, je ne me sens jamais aussi sensible que lorsqu'il fait jouer son doigt sur mon ventre ou ma cuisse, que ses lèvres et sa langue dessinent une rivière de lave sur ma peau ou que ses mains caressent mon corps… C'est officiel, je suis vraiment dans la merde…
— C'est à toi de voir, soupire-t-il. On peut continuer ce qu'on était sur le point de faire, ou on peut aller à Ste Mangouste et attendre pendant des heures que leur bébé arrive.
Mon corps se tend immédiatement à ce mot. Bébé. Toute la soirée, j'ai fait de mon mieux pour oublier les raisons qui ont fait qu'il ne vit plus avec moi dans cet appartement, celles pour lesquelles je me suis coupée du reste de Poudlard et que j'ai instauré une froideur assez malsaine avec les personnes que j'ai toujours aimées, ainsi que celles que j'ai fini par apprécier au fil du temps…
Si certaines personnes, telles que Pansy, Padma, Susan, les jumeaux ou encore Luna, ont eu l'air de comprendre immédiatement ce qu'il se passait ou même les raisons qui me conduisaient à mettre une distance entre nous, d'autres personnes m'ont surpris. Dans le bon sens.
Je ne saurais dire pourquoi, ni même comment, mais un beau matin, que ce soit Drago, Blaise ou même Théo, chacun d'eux m'a fait parvenir un paquet de parchemin par le biais de Harry, qui contenait la somme de toutes les prises de notes qu'ils avaient pu faire durant le mois de janvier.
Peut-être est-ce réellement à ce moment-là que j'ai compris que je m'étais fourvoyée depuis le début, et que j'avais toutes les raisons du monde de vouloir leur accorder ma confiance, de même que leur témoigner mon respect.
— C'est à toi de voir.
Merde… Il ne peut pas me dire ce genre de choses alors qu'il a l'air si déstabilisé, si mal à l'aise, torse nu, dans le lit que nous avons partagé durant un mois… Putain… Un mois.
Un mois à ne plus avoir l'impression d'être seule, à apprécier l'idée que nous soyons une famille, à avoir quelqu'un qui m'attendait à mon retour de cours… Peut-être l'un des meilleurs mois que j'ai passé dans cette école depuis ma première année à Poudlard…
Mais pour lui, je sais que ce mois a été encore plus important. Pendant un mois, il a pu renouer des liens avec ses frères, réapprendre à les connaître par le biais de ce que nos amis ou même entre eux pouvaient se dire, et il m'a même avoué que, si l'expérience avec Diana n'avait pas vu le jour, il doute sincèrement qu'il aurait aussi bien accepté de s'ouvrir à d'autres personnes telles que Dennis ou même Astoria.
— Tu devrais y aller, soufflé-je en resserrant les bras autour de moi. Ton frère sera heureux de t'avoir près de lui quand il deviendra papa…
Putain ! Je me prends un coup au cœur lorsque je vois la même étincelle de douleur dans son regard que celle qu'il a exprimé, chez la thérapeute Hawks… Qu'il le veuille ou non, lui aussi s'est plus ou moins fait à l'idée qu'il aurait pu être père, et toute cette psychanalyse de couple n'a fait que remuer des choses qu'aucun de nous n'était prêt à vivre encore…
Mais il a beau m'avoir répété plusieurs fois que j'étais quelqu'un avec beaucoup de force, je n'en n'aurais jamais assez pour aller à Ste Mangouste et rencontrer l'enfant de Penny et Percy. Même si je les aime beaucoup, je n'en ai pas le courage…
— Bébé…
— Oui, c'est pour ça que tu dois y aller, ricané-je en retenant mon émotion. Pour un bébé.
Je sais parfaitement que je n'aurais pas dû être aussi cassante, ni même aussi brusque dans mon choix de mots, mais lorsqu'il se défait de mon corps, je ressens cette froideur incroyable à la perte de la chaleur du sien… Où bien peut-être est-ce la distance émotionnelle qu'il met entre nous après mon choix désastreux de mot…
Assis au bord du matelas, torse nu, les coudes sur les genoux et la tête prise dans les paumes de ses mains, je comprends que je suis allée trop loin. J'ai beau avoir mal, je n'ai pas le droit de lui faire vivre ça… Lui aussi, comme il me l'a fait comprendre, a perdu ce bébé.
J'ai peur, tout le temps, à chaque instant. Peur de blesser quelqu'un que j'aime avec des mots qu'en temps normal je ne dirais pas. Peur de frapper quelqu'un alors que ça ne me ressemble pas. Peur de le faire souffrir alors qu'il m'ait tant aidé ces derniers mois…
Je ne peux pas être lâche. Je dois trouver la force de me battre. Même si mon cœur s'affole spasmodiquement dans ma cage thoracique, je dois trouver la force de me lever et faire quelque chose de bien. Trouver la force de l'aider lui.
Pour affronter mes peurs et mes pleurs. Pour faire un pas vers la rédemption. Pour lui apprendre à refaire confiance aux relations humaines. Pour ne pas avoir de regrets si je venais à mourir demain.
D'un geste bien trop peu assuré, je referme rapidement la fermeture Éclair de ma jupe, ressentant déjà le poids de la décision que je viens de prendre sur mon corps. Que suis-je en train de faire, par Merlin ?
Me frottant les yeux de lassitude après cette journée qui semble ne jamais vouloir en finir, je parviens enfin à l'armoire, tirant sur le premier débardeur de yoga que je trouve, retenant au dernier moment un sourire ironique en voyant le « pas touche, femme mariée » que les jumeaux ont fait inscrire dessus avant de me l'offrir à Noël.
— Qu'est-ce que tu fais ? fronce les sourcils Charlie.
Je sursaute maladroitement, laissant tomber le tee-shirt sur le sol. Merde… À trop me perdre dans mes pensées, je n'avais pas pris en compte le fait qu'il se soit levé, ni même qu'il soit si proche de moi en cet instant.
Mais c'est surtout la voix qu'il a utilisée qui me fait frissonner. Elle n'est pas aussi assurée que je l'ai presque toujours connue. Non, cette fois-ci, tout comme tout à l'heure, elle est hésitante, incertaine, basse et un peu rauque. Comme s'il avait peur de briser quelque chose en l'utilisant.
Il y avait tellement d'incertitude en lui, lorsqu'il me touchait, ou même lorsqu'il m'embrassait, après ces quelques mots… Merlin… Si je ne savais pas les prouesses dont il est capable dans un lit, j'aurais pu croire qu'il s'agissait réellement de sa première fois !
Mais peut-être est-ce ça, finalement… Comme je l'ai pensé à ce moment-là, peut-être était-ce vraiment la première fois qu'il voulait « faire l'amour » et non coucher avec moi, comme nous l'avons toujours fait !
Ceci expliquerait aussi la raison pour laquelle il a voulu partir lorsque les choses ont commencé à dégénérer, dans le salon… Merde… Il était tellement proche, par Merlin et les Fondateurs… Quelques millimètres, et j'aurais pu l'embrasser… Mais il s'est dégagé…
— Ce qu'on était sur le point de faire, c'était quoi ? soufflé-je en relevant vaillamment la tête. C'était juste coucher ensemble ou… Enfin, tu vois quoi…
Les cheveux probablement ébouriffés comme jamais, les joues rouges, les yeux brûlant d'incertitude, mon débardeur à la main et ma poitrine à l'air, je dois vraiment avoir l'air d'une gourde dans les grandes largeurs…
Mais il faut dire qu'il n'est pas en reste lui non plus… Certes, il a enfin repassé sa chemise sur son dos et son érection a l'air de s'être calmée, mais son regard refuse de rencontrer le mien, et lorsqu'il fait un pas pour se dérober à la conversation, j'avance d'un pas à mon tour.
— Ne me force pas à le dire, s'il te plaît, soupire Charlie. Tu sais très bien ce que c'était.
— Comme…, chuchoté-je, me pinçant la lèvre entre mes dents pour l'avoir coupé.
— Comme à Vegas et comme à Noël, oui, soupire-t-il encore, laissant sa tête retomber contre la porte de l'armoire. Mais sans que tu ne me l'aies demandé, cette fois-ci.
Je ne pensais pas qu'une telle chose serait possible aujourd'hui, et pourtant, je sens une pointe de plaisir mêlée à quelque chose de bien plus doux et tendre se joindre à tout le maelstrom d'émotions vécu en ce moment.
Un faible sourire inscrit sur mon visage, je passe enfin le débardeur sur mon corps, appréciant l'idée d'être un peu plus couverte, maintenant que toute l'excitation des retrouvailles s'est estompée et que la fatigue des derniers jours me tombe dessus. À n'en pas douter, Harry sera heureux de ne pas être le seul à porter des lunettes ce soir…
Machinalement, je laisse mes doigts courir dans mes cheveux pour les réunir en un chignon lâche, plantant dedans ma baguette comme pourrait le faire Luna, ou bien moi-même en pleine séance de recherche, avant de me rendre, la mort dans l'âme, vers mon petit secret honteux…
Dix ans à cacher cette paire de lunette, à ne la sortir que lorsque je suis persuadée d'être seule, et il n'aura fallu que deux mois à ne pas dormir plus de quelque deux heures par nuits, pour que je sois obligée de les ressortir…
— Qu'est-ce que tu… ? fait-il, les sourcils froncés en me regardant de haut en bas.
— Je m'habille, tout simplement, haussé-je les épaules.
Agacée de sentir que le vent frais de cette dernière nuit de janvier est désormais de retour, j'enfile un trench-coat, récupérant au passage ma baguette afin de l'échanger contre un élastique, plaçant cette dernière dans la manche du manteau.
— Mais… Pourquoi ?
— Pour venir avec toi, soufflé-je.
— Tu es sûre ?
— Non, soupiré-je. Mais je veux essayer.
S'il savait à quel point tout mon être est en train de rejeter en bloc l'idée même d'aller à Ste Mangouste, il ne poserait sûrement pas la question, et me conduirait probablement dans la salle de bains afin que je puisse rendre mon repas en toute quiétude…
Méthodiquement, préférant réellement me concentrer sur une tâche simple, je passe en revue tous les vêtements que je porte sur moi, récupère mon sac en perle et mes chaussures, mais lorsque je me retourne, il n'a toujours pas bougé d'un centimètre.
— Quoi ? froncé-je les sourcils en enfilant mes ballerines.
— Tu comptes vraiment sortir habillée comme ça ? demande-t-il, les yeux exorbités. Pas que ça me dérange, mais…
Même si le simple fait de voir ses yeux se voiler d'envie durant quelques secondes me fait un bien fou lorsqu'il m'inspecte de haut en bas, la boule d'angoisse logée dans mon ventre depuis que le Patronus de Percy est apparu fini par éclater d'une manière bien différente à celle de d'habitude…
— Écoute-moi bien, Charlie, susurré-je en m'avançant d'un pas vers lui, menaçante. Je suis déjà morte de trouille à l'idée de dire quelque chose de déplacé à Penny ou Percy quand nous serons là-bas, alors tu vas me faire le plaisir de retenir tous les commentaires graveleux, les insinuations débiles ou les petites piques que tu juges sensées pour toi au moins jusqu'à notre retour ! Est-ce que tu m'as bien comprise ?
— Putain tu as vraiment intérêt de reprendre ce petit ton là avec moi dès notre retour, bébé, chuchote-t-il, la voix enrouée de désir. Tu n'as pas idée de l'effet que tu me fais comme ça…
Il a l'air de se battre si fort contre lui-même, là, contre la porte de l'armoire, fermant douloureusement ses yeux et serrant à pleine main le bois… Qu'est-ce qui pourrait faire peur à un homme comme lui ? Bordel ! Son métier est de travailler avec des dragons ! Pas de tondre des moutons !
Mais je dois bien avouer que le timbre de sa voix me met au supplice de mon côté… J'ai l'impression que mon corps entier n'est fait que de guimauve et je sais avec certitude que, s'il ne faisait que le proposer, je retournerais bien volontiers dans le lit avec lui !
— Charlie, on va être en retard, soufflé-je, troublée.
Merde ! Il ne se rend vraiment pas compte de tout l'effet qu'il me fait lorsqu'il me parle de cette manière-là, ni même des frissons de plaisir qui me remontent l'échine ou encore mon corps qui paraît se liquéfier de bonheur de le savoir toujours attiré par moi…
— Tu ne m'aides vraiment pas quand tu fais ça, chérie…, gémit-il de dépit en refermant les boutons de sa chemise.
Le regarder faire des gestes si naturels que ceux-là, dans cette pièce en particulier, fait remonter en moi une foule de souvenirs. Combien de fois ai-je dû me sermonner moi-même pour sortir de cette chambre sans me laisser distraire par la vue de ses muscles saillants ? Bien trop souvent…
Secouant la tête pour tenter de faire partir, en vain, ces réminiscences, je parcours rapidement la distance entre la chambre et le tableau, refusant d'accorder le moindre regard au canapé où les choses ont dérapé, ni même la table basse où sont encore empilés les livres de manière précaire.
— Allez, Weasley, on se bouge avant que je ne change d'avis ! grondé-je en ouvrant le tableau, redoutant déjà la destination finale de cette soirée.
— J'arrive…
Grommelant dans sa barbe contre les belles-sœurs incapables de garder les cuisses serrées une heure de plus, il sort enfin de la chambre, renouant son catogan d'un fin lacet de cuir avant de passer une main dans mon dos.
— Satisfaite ? hausse-t-il un sourcil, narquois.
Bordel, non ! Je suis même loin, très loin d'être satisfaite ! Dans un monde parfait, il ne serait pas en train de refermer sa veste en cuir de dragon, mais très probablement nu, dans notre lit, en train de me faire l'amour comme il avait l'intention de le faire !
Mais le pire, ce n'est pas la frustration… Le pire, c'est de voir les jumeaux et Harry nous attendre, adossés au mur, dans une posture quasi similaire, un sourire en coin provocateur collé au visage. Mon envie de leur mettre un coup de poing me démange tout à coup…
— Tu comptes vraiment y aller comme ça, Mione ? hausse un sourcil George.
— Excuse mon abruti de frère, on ne savait pas que Charlie serait chez toi ! ricane Fred. Ceci explique cela !
— Mais c'est quoi votre problème à la fin ? grondé-je en commençant à descendre les escaliers.
Certes, en temps normal, je ne porte pas de jupe aussi courte, puisque celle-ci arrive au milieu de ma cuisse, mais merde à la fin ! Ne peuvent-ils pas comprendre que je suis bien trop stressée depuis que nous sommes sortis du bureau de Hawks ce matin pour prendre en considération des choix esthétiques ?
J'ai passé une demi-heure – chose que je n'avais jamais faite, hormis pour le bal de Yule – dans la salle de bains après les cours, et même comme ça, j'ai eu l'impression de ressembler à une potiche… Côtoyer Fleur ne m'a vraiment pas aidé à développer mon estime de moi, visiblement…
— Le premier de vous qui ouvre la bouche, je lui lance un Doloris, c'est compris ? susurre froidement Charlie. Et grâce à notre bon ami Harry Potter, nous savons maintenant que j'en ai tout à fait le droit puisqu'il s'agit de ma femme !
Bordel, je pourrais tuer rien que pour l'entendre encore et encore marquer tant de possessivité dans ces simples mots… Ma femme…
— Et tu t'en prendrais à ton propre frère ? s'insurge, moqueur, Fred. À moi ? Qui possède le même sang que le tien ?
— À toi non, mais à ton copain ? fait-il, narquois. Sans hésitation !
Après la première tâche, je doute sincèrement qu'il soit capable de faire une telle chose, et si mes pronostics sont bons, dans quelque temps, il ne cherchera plus une seule fois à s'en prendre à mon frère de cœur. Moi, en revanche…
— Tu peux toujours essayer, pas sûr que tu sois assez rapide pour ça, mon grand ! ricane Harry. Demande à Voldemort, il a eu le nez fin sur ce coup-là !
— C'était facile ! Il n'avait pas de nez…, levé-je les yeux au ciel.
— Je ne suis pas sûr… Je veux dire, il avait quand même deux petites fentes !
Je ne sais pas si c'est le fait de le voir si serein alors qu'il risque de tomber sur une Madame Weasley au top de sa forme, une Ginny transie d'amour pour lui en dépit du fait qu'il ne lui ait pas parlé depuis le début de l'année – cours mis à part – ou encore un Ron tiré de son sacro-saint sommeil, mais son humeur bonne enfant m'aide à calmer légèrement mes angoisses.
Même si j'aimerais lui enlever son sourire heureux du visage, même si j'aimerais qu'il ait aussi mal que moi dans le fond, je sais que jamais je ne pourrais lui souhaiter ce genre de choses. À n'importe qui, oui, mais lui, non.
Pas alors qu'il a été mon premier ami depuis la première année. Pas alors que je l'ai vu au plus bas. Pas alors que j'étais présente lors des lectures des testaments ou même lorsqu'il a appris que quelqu'un avait volé la bague de sa famille. Pas alors qu'il est enfin heureux après une traversée de l'enfer qui a duré près de vingt ans.
Non. Lui, plus que n'importe qui, mérite de trouver enfin le bonheur, c'est à moi de trouver le courage de passer au-dessus de ma colère et de ma haine constante, pour pouvoir redevenir une personne normale…
— Mon cochon tirelire aussi, et lui n'a pas essayé de réduire le monde en esclavage parce qu'il ne trouvait pas une crème anti-âge adaptée à son teint de peau ! soupiré-je.
— Tu traînes beaucoup trop avec les Serpentard, Mione, ricane George. Leur sens de l'humour commence à déteindre sur toi !
— Ça aurait pu être pire ! J'aurais pu prendre le vôtre ! souris-je, faisant bouger mes sourcils narquoisement. Vera Verto !
La statue en forme de Griffon tourne très lentement sur elle-même, dévoilant l'escalier en spirale que Charlie et moi-même gravissons pour la seconde fois de la journée, les jumeaux derrière Harry et moi, mon mari fermant la marche.
— Je crois que je préférais les mots de passe de Dumbledore…, soupire le seul homme brun de la troupe. J'avais l'impression de me retrouver à la confiserie Honeyduckes à chaque fois…
— Et moi de prendre quinze kilos à chaque fois que tu nous les disais…, grimacé-je.
Le ricanement peu discret de George n'est souligné que par mon regard noir jusqu'à ce que son jumeau frappe légèrement à la porte en chêne, attendant que la directrice ouvre.
— Coucou ! C'est nous ! scandent-ils en même temps.
— Sans déconner ? ricane Charlie. « Coucou, c'est nous ! » ? Tu sors vraiment avec ça, Potter ?
— Il a un cul d'enfer, hausse les épaules Harry, masquant bien mal ses joues rougissantes de gène.
— Jeunes gens ? fronce les sourcils McGonagall, désapprobatrice de son langage. Que faites-vous ici à cette heure-ci ? Et quelle est cette tenue, Miss Granger ?
— Pénélope Deauclaire a perdu les eaux et Percy nous a demandé de venir les rejoindre à Ste Mangouste, expliqué-je, retenant une grimace au dernier commentaire. Pourrions-nous utiliser votre cheminée pour arriver directement là-bas ?
Mais quel est donc le problème avec ma tenue, nom d'une licorne ! Comparée à certaines filles de ma promotion, je fais office de nonne avec mon trench-coat noir, ma paire de lunettes et mon chignon un peu moins strict que d'habitude !
— Bien sûr, allez-y, nous laisse-t-elle entrer.
Mon souffle se bloque dans ma gorge lorsque je vois Fred et George se chamailler devant la cheminée, tandis que Harry tente désespérément de les faire reprendre leur calme. Toute cette agitation… Merlin… Je n'aurais pas dû venir ici !
Je n'aurais pas dû quitter la sécurité de mon appartement, et encore moins vouloir me frotter à toute cette joie qu'ils semblent vouloir distribuer en masse autour d'eux !
Mon corps se met à trembler de lui-même, la peur reprenant le dessus à la simple perspective de devoir subir encore plus de bonheur et de bonne humeur, mais il ne faut pas se leurrer… Ce n'est pas tant le bonheur que de voir le bébé dans les bras de sa mère qui me terrifie et me donne envie de pleurer…
Ce bonheur qu'elle vivra bientôt, moi-même je sais pertinemment que je devrais être en train de vivre la même euphorie qu'eux en ce moment, le même bonheur dégoulinant d'une touche de bons sentiments…
— Tout va bien, Miss Granger ? m'interpelle la directrice.
Je sursaute violemment, perdant totalement le fil de mes pensées. Si elle a parlé calmement, sa question fait néanmoins se figer chacun dans la pièce, et même le fantôme du professeur Rogue, avec qui discute en ce moment même Charlie, hausse un sourcil intrigué.
— Oui, ne vous en faites pas, fais-je, prise par surprise. Je me demandais juste…
— Oui, Miss Granger ? hausse-t-elle un sourcil.
Elle envoie un regard réfrigérant à chacun des mâles de la pièce, semblant leur faire comprendre de se mêler de leurs oignons, et plutôt rapidement, Harry se jette à corps perdu dans les flammes de la cheminée, les jumeaux le suivant rapidement.
— Comment y êtes-vous parvenue, vous ? soufflé-je en refermant mes bras autour de moi. Comment avez-vous appris à arrêter de…
Je ne peux pas… Je ne peux pas voir ses yeux se teinter de mépris, de peine ou de pitié ! Tout sauf de la pitié ! Cette femme a été mon modèle depuis le jour où elle est venue m'apporter en main propre ma lettre d'acceptation à Poudlard ! Je ne peux pas la décevoir !
— De voir des femmes enceintes partout ? De vouloir réduire le bonheur des autres couples à néant ? sourit-elle douloureusement.
— Oui…, soufflé-je encore. J'ai l'impression d'être constamment en colère, de ne jamais arriver à me sentir normale… Je sais que c'est mal, et je sais que vous voulez me renvoyer pour ça, mais quand j'ai frappé Drago, c'était la première fois en près de deux mois que je me sentais bien… Vous croyez que je deviens folle ou que je vais tourner… Vous savez… Comme Voldemort ?
D'abord faible et lentement, le tout accompagné d'un regard incrédule, son rire augmente progressivement, et je serais prête à mettre ma main au feu d'avoir vu une larme de rire s'échapper de ses yeux ! Mais qu'ai-je dit de si drôle ?
Bon sang ! Ce genre de questions me tourne en tête depuis des semaines ! Depuis que j'ai commencé à m'en prendre verbalement à mes petits première année alors qu'en soi ils n'avaient rien fait de mal, si ce n'est ne pas avoir compris correctement un chapitre de L'Histoire de Poudlard !
C'est une idée abominable pour moi que celle de devenir mauvaise, de m'en prendre à des innocents que je pourrais tuer parce que, eux, sont heureux, alors que moi, je traîne ma peine comme un boulet accroché à mon pied ! Qu'est-ce qui peut être drôle là-dedans ?
— Merci, Miss Granger ! écrase-t-elle une larme. Je n'avais pas autant ri depuis des années ! Vous n'êtes pas en train de devenir un Mage Noir, ma chère ! Vous êtes simplement en train de digérer une nouvelle très dure. Ça arrive à tout le monde !
— Pourtant, j'ai l'impression de devenir plus violente…
Elle en a été témoin, elle était là lorsque Drago a atterri comme un sac sur le plancher de la Grande Salle ! Elle a vu lorsque j'ai giflé Pansy sans aucune raison, si ce n'est qu'elle souriait un peu trop fortement ! Elle a même dû aider Neville à quitter son accoutrement de bébé ! Merde ! Comment peut-elle me dire que ce n'est rien ?
— Miss Granger, soupire-t-elle en venant presser mon avant-bras. Vous avez vingt ans. Être en colère est normal ! Vous n'avez pas besoin de réprimer vos émotions tout le temps. Vous deviendriez comme Severus sinon !
— Je t'entends, stupide chatte ! grogne le directeur.
— Mort mais une ouïe parfaite à ce que je vois ! ricane-t-elle. Tu m'en vois ravie !
— Gryffondor décérébrée…, marmonne-t-il.
C'est toujours quelque chose de les voir interagir ensemble, tous les deux. Avant cette année, comme tout élève normalement constitué ayant foulé le sol pavé de cette école ces quinze dernières années je suppose, je les pensais incapable d'agir avec autre chose que de la courtoisie professionnelle feinte. Force est de constater que, comme tous les autres, je me suis bien lourdement trompée !
Ce n'est pas parce que le professeur Dumbledore les forçait à travailler ensemble, qu'ils ont développé une concordance entre eux. A dire vrai, je crois que, le Quidditch mis à part, ils sont ce qu'il se rapproche le plus de l'amitié inter maison à mes yeux.
Là où le directeur était trop laxiste avec ses Serpentard, McGonagall a toujours fait preuve d'équité envers tous les élèves, parfois sévèrement mais toujours avec justesse. En revanche, ses responsabilités envers l'école, bien trop grandes pour une directrice adjointe alors que Dumbledore lui-même n'était pas assez présent, lui ont fait bien trop fermer les yeux sur certains problèmes que je juge primordiaux, tels que le bien-être psychologique des élèves de sa maison, alors que Rogue, à contrario, en a fait une de ses priorités, s'occupant même de certains élèves non Serpentard. Ce qui n'est pas plus mal lorsque l'on voit l'ascendance de certains de ces élèves…
En un sens, je crois que tous les défauts qu'ils ont, l'un l'autre, ils le compensent grâce au caractère de l'autre.
— Ce que je voulais vous faire comprendre, Hermione, c'est que vous avez simplement besoin de digérer la nouvelle et de l'accepter, soupire-t-elle encore en détournant le regard vers moi. Ça prendra du temps, et je sais que Miss Hawks vous aide à y voir plus clair, mais même si la culpabilité et la douleur ne s'effaceront jamais réellement, vous parviendrez à apprendre à vivre avec. Vous êtes une femme forte, je vous ai vu grandir et devenir celle que vous êtes aujourd'hui. Vous ne devriez pas douter de vous. Moi, je mise tout sur vous.
Être une femme forte… Qu'est-ce qu'être une femme forte si à chaque nouveau coup dur, je deviens une sorte de fontaine ambulante adepte de match de catch dans le hall et incapable d'être heureuse du bonheur de mes amis ?
Mais je dois dire que ses mots, plus que ceux que la guérisseuse Hawks ait pu dire, me touchent en plein cœur… Est-il possible que j'ai une seconde chance ? Ou même que ma première chance ne soit pas totalement assombrie par mon attitude de ces derniers temps ?
— Alors vous n'allez pas me renvoyer ? chuchoté-je, les yeux baissés.
— Si je devais renvoyer tous les élèves un peu trop sanguins, il n'y aurait plus ni Gryffondor ni Serpentard dans cette école depuis une éternité ! ricane-t-elle.
— Comment avez-vous fait pour vous pardonner, vous ? froncé-je légèrement les sourcils.
— J'ai eu Elphinstone, hausse-t-elle les épaules, nostalgique. Avoir quelqu'un sur qui s'appuyer est le plus important dans ce genre d'épreuve, Hermione.
Il ne l'a peut-être pas dit en ces termes-là, mais je mettrais ma baguette en gage que, lorsqu'il m'a assis sur ses genoux pour me faire toucher son érection, c'était la manière dont Charlie s'est servi pour me faire comprendre que je pourrais m'appuyer sur lui à ce moment-là.
À vrai dire, j'aurais dû m'en rendre compte bien plus tôt… Déjà cet été, il a accepté de jouer à ce jeu tordu de séduction pour m'aider alors que ça allait vraiment à contresens de ses principes. Il m'a aidé en remontant mes barrières d'occlumancie avec moi et en entourant une nouvelle fois mon Noyau de sa propre magie, m'offrant une certaine forme de paix intérieure vraiment appréciable.
Mais plus que tout, c'est grâce à cette journée de décembre, celle de son anniversaire, que j'aurais dû comprendre qu'il serait toujours là pour moi, tant que les sentiments amoureux n'entrent pas en jeu. Lorsqu'il a accepté de m'aider à réapprendre à vivre.
Avec le recul et les six semaines d'atroce solitude que je me suis imposée à moi-même, j'ai eu le temps de réfléchir, et le constat est dérangeant…
J'ai bien conscience que peu d'hommes, voire aucun, n'auraient fait la même chose que lui – à savoir faire passer mon bien-être avant le sien – mais c'est de m'être rendu compte que quelqu'un comme Ron, que je connais depuis huit ans maintenant, ne l'aurait pas fait, qui a terminé de me mettre au fond du gouffre.
Mais encore une fois, Charlie m'a aidé. Il a supporté mes éclats de magie, ma colère, mes pleurs, mes coups de poing et le torrent d'émotions qui m'a traversé, cette nuit-là, lorsqu'il m'a emmené sur la tombe de mes parents.
J'ai bien conscience qu'il ne m'a pas tout dit sur sa fuite à Noël, et je sais parfaitement qu'il n'en parlera que s'il se sent réellement mis au pied du mur, mais encore une fois, il est celui qui m'a offert une bouffée d'oxygène dans mon monde empli de ténèbres…
Combien de fois, encore, devra-t-il faire passer mon bonheur avant le sien, mon bien-être avant le sien ? Comment puis-je faire pour le remercier de tout ce qu'il fait pour moi sans en avoir conscience ?
— Tu veux toujours y aller ? chuchote Charlie, incertain, plaçant une main dans le creux de mes reins.
Il faut que je me rende à l'évidence… Si pour moi, devoir y aller est dur, pour lui, ça doit être une torture… Les dernières fois où il s'est retrouvé en présence de sa mère se sont finies en bataille rangée, et il va devoir faire face à une chose qui le terrifie : un neveu implique encore une fois des liens sociaux et familiaux qu'il fuit comme la dragoncelle…
— Oui…, soufflé-je. Si ce n'est pas maintenant, je n'irai jamais…
Sa gratitude irradie dans son regard alors qu'un faible sourire de reconnaissance m'atteint. Oui, définitivement, je viens de faire la bonne chose en acceptant d'y aller. Reste maintenant à savoir si je serais assez forte pour ne pas m'enfuir en courant de l'hôpital…
Ma main attrape la sienne, serrant fortement ses doigts avec les miens pour tenter de prendre et envoyer le plus de confiance possible. Néanmoins, je crois que ni l'un ni l'autre n'avons besoin de nous concerter pour savoir que nous préférerions mille fois plus être reclus dans un donjon que d'aller affronter tout ça…
— Miss Granger ? m'appelle McGonagall, un léger sourire aux lèvres, alors que nous sommes tous deux dans la cheminée.
— Oui ? froncé-je les sourcils, intriguée.
— C'est le bon choix, hoche-t-elle la tête.
— Je sais, souris-je pauvrement.
Le déséquilibre spatial dû au voyage par cheminée ne m'a jamais paru aussi violent qu'en cet instant, et malgré les bras de Charlie fermement enserrés autour des miens, me pressant contre son torse, la nausée et l'envie de prendre mes jambes à mon cou ne se sont pas échappées, elle…
— On peut rentrer à tout instant, d'accord ? murmure-t-il en embrassant mes cheveux. Tu n'as qu'à dire un seul mot et nous rentrons.
Je ne sais pas comment il fait, mais je l'envie réellement de tout le sang-froid qu'il arbore en ce moment. Malgré l'agitation qui règne en lui, il affiche un masque de calme plus ou moins relatif qui paraît totalement incongru lorsqu'on connaît son aversion pour les relations humaines.
Néanmoins, il fait montre de beaucoup de courage et de bonne volonté, en allant à l'encontre de ses propres peurs, tout ça pour pouvoir épauler son petit frère et être là, lorsqu'il deviendra papa. Réellement, j'envie la pratique qu'il a obtenue auprès du professeur Rogue, dans de tels moments…
— Ananas ? Fleur en sucre ? Plume de phœnix ? ris-je faiblement. Fais ton choix, j'ai une liste longue comme le bras !
Un sourire en coin moqueur brise durant quelques secondes sa carapace de calme et de timide froideur lorsque les mots fleur en sucre sont prononcés. Pourtant, je pourrais presque l'avoir imaginé tant il retrouve sa neutralité rapidement…
— Dis-le-moi simplement, souffle-t-il en plongeant son regard dans le mien, inquiet. Ça ne changera rien à ma façon de te voir ou celle que les autres auront de te voir. Le simple fait que tu sois venue est déjà un énorme pas.
Je ne sais pas qui de nous deux il cherche à convaincre du courage résidant dans l'acte stupide de venir dans une maternité alors que deux mois plus tôt, nous étions les deux futurs parents, mais je peux affirmer avec certitude qu'il fait tout son possible pour me transmettre sa certitude…
Quand je le regarde, dans les ténèbres quasi menaçantes de la cheminée de l'unité néonatale de Ste Mangouste, je vois l'ombre de la douleur et de la peur qui réside dans le fond de son regard, la colère et le doute qui subsiste.
Il est toujours dans une sorte d'entre-deux et je ne peux l'aider à en sortir, parce que, dans le fond, il n'a pas encore envie que quelqu'un le secoue assez fort pour cesser de se bercer de rêves utopistes où Tonks reviendrait d'entre les morts…
Finalement, Circé a beau avoir agi comme la reine des garces en nous enlevant le bébé, il n'en reste pas moins que, pour lui en tout cas, elle a bien fait de nous le reprendre.
En dépit de tout ce qu'il peut bien dire, il n'est pas prêt à s'imaginer père d'un autre bébé que celui qu'il aurait eu avec ma meilleure amie, et je pourrais faire tous les efforts du monde, je ne parviendrais jamais à lui faire oublier son amour tortueux pour mon amie métamorphomage…
Il l'a aimé, il l'aime et je ne doute pas qu'il continuera de l'aimer encore un bon moment. Peut-être avais-je tort, cet été, à Vegas, de vouloir commencer à détruire la muraille qui enserrait son cœur… Il n'est pas prêt.
Pas prêt à laisser quiconque s'installer dans son cœur, pas prêt à s'ouvrir à quelqu'un qui pourrait le briser comme Tonks l'a fait, pas prêt à se laisser reprendre à ce jeu odieux de tomber amoureux. Alors peut-être est-ce à moi de faire un pas en arrière, pour pouvoir lui laisser la place d'en faire un en avant. Mais je ne peux pas…
Je ne peux pas accepter de perdre la relation étrange mais surtout vitale que nous avons dessiné entre nous, perdre la chaleur qu'il me fait ressentir lorsqu'il me regarde avec ses yeux de braise ou la douceur et l'impression que ma peine s'allège lorsqu'il me prend contre lui.
J'ai besoin de lui, tellement besoin de lui, qu'au bout du compte, je me demande si je ne suis pas en train de me convaincre moi-même que je ne suis pas amoureuse de lui…
Accepter le fait que j'ai des sentiments pour lui n'a déjà pas été chose aisée, alors si je devais me confronter à la perspective d'en être réellement amoureuse alors que je le sais complètement fermé à cette idée ? Je ne me relèverais pas d'un tel coup en plein cœur, c'est une certitude…
Mais il a déjà tellement fait pour moi, tellement subit et accepter pour moi que je ne peux pas m'arrêter en si bon chemin.
Comme tout à l'heure, lorsqu'il m'a laissé le choix de le laisser rester ou bien repartir dans la salle commune. Comme il y a trois semaines, lorsqu'il m'a laissé le choix de suivre cette thérapie ou bien de continuer à me débrouiller avec les moyens du bord, comme je le fais depuis un an. Alors que devrais-je faire ?
Est-il prêt à plus qu'une simple relation d'amis avec des avantages – non négligeables soit dit en passant – ou bien dois-je continuer de garder pour moi ces sentiments tous plus dévastateurs les uns que les autres, commençant doucement mais sûrement à me détruire ?
Tous les jours, du lever au coucher, et parfois même dans mes songes, je ne fais que penser à lui, à sa façon d'être en général et celle qu'il a en ma présence. À la chaleur de ses bras lorsque nous vivions ensemble. À la fougue et à la passion qu'il a mises, à Noël, dans sa manière de me faire l'amour pour tout oublier.
À chaque instant, je ne fais que penser à tout ça, et vient se joindre à la liste toute cette souffrance que nous avons endurée, chacun de notre côté, à propos du bébé.
Tout ce maelstrom de sentiments s'arrêtera-t-il un jour de me submerger comme une vague en pleine tempête ? Arriverai-je un jour à relever la tête fièrement et pouvoir dire « Je l'ai fait » sans avoir besoin de lui demander de me tenir la main pour être sûre d'avoir une ancre qui m'empêche de sombrer ? Merlin… Toutes ces émotions sont si destructrices…
— Je suis en colère et je suis triste, Charlie, murmuré-je, détournant le regard. Je suis aussi terrifiée et anéantie. Je n'arrive pas à savoir ce que je ressens réellement…
Le raclement de gorge fort peu discret de l'employé chargé de gérer les arrivées et départs par cheminette nous fait comprendre qu'il est grand temps de quitter notre refuge à l'ombre du monde extérieur.
Adressant un étrange sourire crispé au gardien, je prends la main de Charlie, le forçant à faire quelques pas dans le couloir menant à la salle d'attente, avant de le laisser s'adosser contre la porte d'un placard à balais où il soupire, fermant durement les yeux en se frottant le visage.
Jusqu'à ce qu'il ne redresse le regard vers le mien, notant au passage contre quelle porte il s'est adossé, il n'est que l'image même de la lassitude et d'une certaine forme de frustration.
Toute cette journée n'a fait qu'une chose : le mettre à nu, l'exposer au reste du monde et l'angoisser plus que tout. Je connais ce genre d'émotions, et je suis vraiment impressionnée qu'il ne se sente pas dans la nécessité d'opprimer qui que ce soit avec sa douleur ou sa terreur. Il tient le fort, encore et encore.
— Tu veux qu'on essaye quelque chose ? fronce-t-il les sourcils.
— Si c'est aller dans le placard à balais et poursuivre ce qu'on a commencé, c'est non ! grondé-je.
Un sourcil grivois se surélève à ma proposition, mais il faut dire que ma bouche à parler bien plus vite que mon cerveau ne le lui en a permis l'action…
— Pas que l'idée soit déplaisante, ricane-t-il avant de reprendre son sérieux, mais je te parlais de quelque chose de plus scientifique, on va dire.
— Ça m'aiderait ? plissé-je les yeux.
— Pas forcément, mais ça m'aiderait à comprendre tes émotions, soupire-t-il. Définir comment t'aider et te permettre d'avancer.
La lueur calculatrice dans son regard, un brin folle, me rappelle celle qu'il arbore à chaque fois que je lui parle de ma théorie sur la transe d'occlumancie ou même lorsque je lui ai parlé de la possibilité de faire de la magie sans baguette en étant un fantôme, tout à l'heure.
Elle me fait penser à celle qu'il a lorsqu'il parle ou se retrouve face à un dragon qu'il ne connaît pas : il analyse son interlocuteur et juge à quel point il va devoir donner de lui-même.
Parfois, je me rends compte qu'il a raison, il me voit vraiment comme l'un de ses petits protégés, à la seule différence près que, s'il me met réellement en colère, ce n'est pas un jet de flammes, mais plutôt une volée de sortilèges cuisants que je lui enverrais…
— D'accord, hoché-je la tête.
— Donne-moi ta main.
Encore une fois, j'ai cette impression prodigieuse d'être au bord d'un gouffre et que le moindre geste brusque pourrait me faire tomber dans le vide. C'est ce que je ressens lorsque je lui tends la main.
Durant quelques secondes, c'est comme si toutes sensations, toute chaleur ou fraîcheur s'arrêtaient brutalement dans mon membre, le laissant aussi lourd qu'une pierre et pourtant léger comme une plume.
Puis, à l'instant même où il ressert ses doigts entre les miens et que je vois nos deux magies s'écouler doucement contre notre peau pour entrer en communion, toute sensibilité me revient, m'abrutissant de signaux contraires.
En proie à une déferlante de nouvelles émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres, violente comme une lame de fond et cotonneuse comme de la laine de mouton, je me sens suffoquer sous cette puissance dévastatrice.
Mon regard rencontre le sien, durant à peine quelques secondes, mais c'est juste ce qu'il me fallait pour sentir les émotions m'étreindre à la gorge, une boule d'angoisse brûlant mon larynx comme jamais et tordant mon ventre dans tous les sens.
Lentement, toutes ces nouvelles sensations refluent doucement hors de mon corps, me permettant d'inspirer une grosse goulée d'air pour tenter de replacer mes idées dans mon cerveau, mais en vain…
— C'était quoi, ça ? soufflé-je en récupérant mon membre. C'était étrange et puissant à la fois !
— Un accès direct à mes émotions par mon Cœur de magie, hausse-t-il les épaules. J'arrive à le faire avec certaines personnes que je connais depuis longtemps quand mes émotions sont trop fluctuantes pour être contrôlées par mes boucliers primaires d'occlumancie primaire.
Des boucliers d'occlumancie primaire ? Je pensais qu'il n'en existait qu'un type ! Qu'entend-il par là ? Se pourrait-il qu'il soit possible d'en débloquer de nouveau ? Et, si oui, comment le faire ? Est-ce réellement important d'en avoir ? Que bloquent-ils de plus qu'un bouclier d'occlumancie normal ?
Merlin… Tant de questions et si peu de réponses… Peut-être que Viktor sera assez gentil pour me fournir de nouveaux livres qui traitent de ce phénomène…
— C'est prodigieux…
— La seule limite à ce que la magie puisse faire, c'est ce que ton inconscient lui refuse d'accomplir ! déclare-t-il, souriant nostalgiquement. C'est ce que Muriel nous disait, lorsque nous étions petits.
— Une femme sensée, si tu veux mon avis ! approuvé-je en reprenant mon chemin.
La seule et unique fois où j'ai vu cette femme, elle n'a fait qu'une seule chose : me dire que mes chevilles étaient trop fines pour ma corpulence.
Pourtant, en écoutant Charlie ou même Bill me raconter leurs souvenirs d'enfance avec cette femme, je me rends bien compte que, comme toute Lady aristocratique britannique, elle savait parfaitement contrôler son image publique.
Là où je ne la voyais que comme une femme sans cœur et acariâtre, leurs souvenirs m'ont permis de découvrir une femme aimante, charmante, à l'écoute des besoins de ses descendants, prête à leur enseigner tout ce qu'elle savait, si tant est qu'ils respectent ce qu'elle leur transmettait.
Je crois que c'est en ça que je n'en comprendrais jamais ni Ron, ni Ginny. Ils avaient à leur disposition, durant tant d'années, une femme qui savait tout du monde dans lequel ils allaient évoluer, qui savaient quoi faire pour élever leur rang, mais ils se sont contentés de se reposer sur leurs faibles acquis.
Peut-être, finalement, est-ce ça, qui me pousse à être proche de Charlie plutôt que de Ron. Charlie a la même manière de comprendre le monde, de l'interpréter et de le voir que moi. Il se pose une tonne de questions et connaît une bonne partie des réponses que je cherche.
Mais à nous deux, je sais que nous formons une équipe imbattable. Certes, je ne pense pas qu'il existe de prix Nobel dans le monde de la magie, mais si c'était le cas, je ne doute pas que nous aurions, une fois les recherches et hypothèses validées, proposer notre thèse à un jury.
C'est sûrement vantard de ma part, mais je suis certaine qu'une telle avancée en matière d'Arts de l'Esprit pourrait intéresser des personnes telles que les Langues-de-plomb ou bien les Guérisseurs ou les Enchanteurs du Département des mystères ! Il y a tant de choses qui seraient possibles avec de telles découvertes…
La main de Charlie contre mes reins me ramène à l'instant présent et au lieu que nous venons enfin d'atteindre. La salle d'attente. Fred caresse les cheveux d'un Harry allongé en chien de fusil, la tête posée sur ses cuisses, George les regarde avec malice et Bill a l'air plus épuisé que la dernière fois où je l'ai vu. Merlin… Depuis Noël…
— Hermione ! crie Fleur en me prenant dans ses bras. Comment vas-tu ? Oh, par Morgane ! Ça fait une éternité que nous ne nous sommes pas vues !
Bon sang ! Mais d'où a-t-elle bien pu débouler à cette vitesse pour que je me retrouve prise dans une étreinte d'ours à en faire pâlir une Molly Weasley au meilleur de sa forme ?
Le corps tendu face à tant d'énergie et crispée par le flot de paroles qu'elle a pu sortir en moins de quelques secondes, la seule chose qui me rassure est la main de Charlie passée sous mon manteau ainsi que mon débardeur, qui trace des cercles apaisants contre mes reins.
— Désolée… J'ai été… occupée ? proposé-je grimaçant à ma piètre excuse.
— Tu n'as pas à t'excuser, voyons ! soupire-t-elle en me prenant par les épaules. Dis-moi simplement si tu as besoin de quoi que ce soit, d'accord ?
Je crois que je ne me ferais jamais à toute la sollicitude qu'elle a à mon encontre depuis ce fameux jour, au Terrier, où nous avons posé les fondations réelles de notre amitié.
Même si je sais que c'est par pure bonté d'âme qu'elle est ainsi, qu'elle ne ferait pas de mal à une mouche et qu'elle ne blesserait jamais quiconque, je sens la boule d'angoisse précédente revenir en masse pour obstruer ma gorge.
Prenant sur moi de ne pas paraître trop froide ou désagréable, je lui offre l'ébauche d'un sourire timide et crispé avant de hocher légèrement la tête, me détournant rapidement vers son mari qui se remet péniblement debout.
— Salut, joli cœur, souffle Bill en me prenant dans ses bras. Merci d'être venue aujourd'hui, ça compte beaucoup pour nous tous.
Peut-être est-ce parce que je n'ai plus le crépitement très léger de la magie de Charlie pour venir caresser ma peau et m'apporter chaleur et réconfort, mais je sens les larmes perler lentement au coin de mes yeux, durement retenues par mes cils.
— Arrête de dire ce genre de choses là, Bill, je suis trop émotive ces derniers temps pour supporter de tels discours…, fais-je, sentant mes yeux s'embuer.
Pourtant, je sais parfaitement que c'est quelque chose d'anodin, quelque chose qu'on dit lorsqu'on vient visiter quelqu'un de la famille sur le point d'accoucher ! Mais voilà, c'est là où le bât blesse… Même si, légalement, je suis la femme de Charlie, je ne suis rien, à proprement parler, pour les Weasley…
Néanmoins depuis que je porte cette bague au doigt, depuis que certaines personnes s'évertuent encore et toujours à m'appeler Lady Prewett, j'ai le sentiment étrange d'appartenir à quelque chose, d'appartenir à une famille. De ne plus être seule.
Mais que se passera-t-il lorsque le juge Marvel prononcera notre divorce ? Que me restera-t-il, si ce n'est mes yeux pour pleurer, lorsque je n'aurais plus ladite famille pour m'offrir cette sorte d'oasis, de havre de paix ? Rien. Il ne me restera plus rien.
— Dans ce cas, merci de lui donner une seconde chance, sourit-il en me détachant de lui.
Le hochement de tête réellement peu discret en direction de Charlie me fait rougir comme une adolescente. Bordel ! Ne pourrait-il pas arrêter de se payer ma tête comme ça ? Et pourquoi la vue de mes rougeurs le fait éclater de rire en plein milieu de la salle d'attente ? Merlin… Cette journée n'en finira jamais…
— Qui te dit que c'est le cas ? grogné-je, sentant mes joues me brûler plus fort sous le mensonge.
— N'essaye pas de tromper les sens d'un loup-garou, ma grande, tu te ferais croquer ! ricane-t-il.
Stupide. Je suis vraiment, mais vraiment stupide pour avoir oublié que les sens d'un loup-garou, à proximité de la pleine lune, sont largement décuplés, et je ne doute pas de traîner sur moi l'odeur de mon mari…
Bordel… Si nous avons dégagé tant de phéromones que cet été, son loup doit être en train de péter les plombs… Ce qui est une perspective assez alléchante si l'on considère le fait que je déteste me sentir mise au pied du mur !
— Je l'ai fait avec Rémus pendant notre troisième année, et tout s'est bien passé ! souris-je en coin.
— C'est parce qu'il était le genre gentil, rit-il. Moi je suis plus du genre grand méchant loup !
En dépit de toute la peine que je me donne, je peux assurer que jamais je ne pourrais le voir comme le méchant d'une quelconque histoire ! Ce gars est d'une rare bonté, et parfois même je me demande s'il ne sera pas changé en licorne à sa mort…
— Si je comprends bien, je ne dois pas bluffer le bluffeur donc ? souris-je à mon tour.
— Tout à fait !
— Ça, je peux faire, hoché-je la tête en riant.
Du plus loin que je puisse m'en souvenir, Bill a toujours été le Weasley – hormis Fred et George – avec qui je me sois le mieux entendu. Peut-être parce que je ne l'ai vu que peu de fois, et qu'en ces rares moments, pas une seule fois il ne s'est frotté à moi par des taquineries humiliantes, des surnoms idiots ou encore en me donnant des conseils que je ne voulais pas ou bien blessants.
Combien de fois ai-je pleuré parce que Ron me traitait de Miss Je-Sais-Tout ? Combien de fois ai-je pu être furieuse et sourire à l'extérieur pour le bonheur de Harry lorsque Ginny me comparait à un sac-poubelle au charisme d'une moule ? Combien de fois ai-je eu envie d'achever Percy pour ses conseils sur les études, en troisième année, alors que je cumulais douze cours ? Trop. Bien trop.
Fatiguée par toutes les émotions endurées en ce jour, je me laisse tomber sans aucune grâce sur l'un des canapés de la salle d'attente, délaissant mon trench-coat sur la banquette de celui-ci avant de pousser un soupir à fendre l'âme quand ma tête se cale contre le dossier. Je me sens prête à m'endormir dans l'instant…
Me rendant compte de la stupidité d'avoir fait un tel geste, je me redresse vivement, frottant mon visage pour tenter de faire s'enfuir tout signe de sommeil, faisant les cent pas dans la pièce.
— Personne n'a prévenu Ron ou Ginny ? froncé-je les sourcils en regardant autour de moi. Ou même vos parents ?
— Papa et maman devraient arriver sous peu, et en ce qui concerne les deux derniers, je suppose que le Patronus ne devrait pas tarder à leur parvenir…, soupire Fred. Encore un grand moment en perspective…
Le grondement peu avenant de George me donne une indication sur le taux d'agacement qu'ils ressentent à l'idée de revoir leurs parents pour la première fois depuis Noël. Finalement, me rasseoir n'est pas une si mauvaise idée… Peut-être que si je m'enfonce assez profondément dans le coussin, Arthur et Molly Weasley ne me verront pas…
Pas que l'idée de voir le père de famille m'ennuie, mais je me sens trop stressée, en colère et triste pour pouvoir supporter l'avalanche de questions sur les Moldus et de le voir se faire écraser par sa femme, ce qui a de fortes chances d'arriver, me mettra hors de moi. Et je n'ai pas le courage de laisser toute ma colère se déchaîner pour devoir réparer derrière…
J'ai beau chercher, je ne parviens pas à comprendre comment une femme tel qu'elle, avec la famille qu'elle a, peut bien avoir dénigré de cette manière ses cinq premiers enfants.
Certes, ils n'entrent pas dans les conventions de ce qu'elle attend d'une famille, ne vivent plus sous son toit et ont tous une vie bien à eux, mais est-ce réellement une manière de parler d'eux ? Voire de leur parler ?
J'ai eu si honte, tant de peine, ce dimanche-là, au Terrier, lorsqu'elle s'en est prise à eux sans vergogne, assenant ses paroles dégradantes et moralisatrices au possible ! Bordel ! Elle a tant de chances comparées à d'autres mères, d'autres familles ! Elle ne devrait pas s'en prendre à eux ou bien remettre en cause leurs choix de vie…
Je ne sais pas ce qui m'a le plus choqué ce jour-là entre la pression extraordinaire de la magie de Charlie de même que son flot de parole, ou bien l'abattement incroyable dont ont fait preuve les jumeaux…
Néanmoins, avec le recul, je n'ai pas honte de dire que je suis plutôt contente qu'une telle chose soit arrivée. D'une certaine manière, je sais que les choses couvaient depuis un bon moment. Tout ce que je regrette, c'est que Fred et George n'aient pas été là pour entendre la diatribe de leur dresseur de dragon de frère…
— Hermione, je peux te parler quelques instants en privé, s'il te plaît ? chuchote Harry en s'accroupissant devant moi.
— Je me demandais quand est-ce que tu aurais le courage de venir me l'avouer…, soupiré-je en passant mes mains sur mon visage.
J'aurais dû me douter qu'il finirait par retrouver son courage de Gryffondor à un moment donné… Ce à quoi je ne m'attendais pas, en revanche, c'est au fait qu'il le fasse aujourd'hui, et surtout dans cette salle d'attente…
— Tu le savais déjà ? souffle-t-il, mal à l'aise.
— Ça n'a pas été trop compliqué de faire le lien entre mes propres nausées et les tiennes, ou même ta fatigue et tes sautes d'humeur, Harry ! grommelé-je en redressant la tête.
Je me suis sentie tellement stupide lorsque j'ai mis tous ces points en relations, tellement ingénue lorsque je me suis rendu compte que, malgré la robe de sorcier qu'il s'est remis à porter, je voyais quand même la formation d'un petit ventre sous son pull…
J'en ai passé des heures à la bibliothèque, à chercher tout ce que je pouvais trouver sur les grossesses masculines et la seule chose qui m'ait réellement rassuré, c'est lorsque j'ai compris que seul un acte d'amour des deux côtés pouvait déclencher une vague de magie assez puissante pour créer la poche du bébé…
— Et tu… Enfin, tu m'en veux ? murmure-t-il, la tête basse.
— Je t'en ai voulu, mais plus maintenant, soupiré-je, lasse.
— Vraiment ?
— S'il est bien une personne sur cette Terre contre qui je ne pourrais jamais avoir l'envie de me venger pour le bonheur, c'est bien toi, Harry, souris-je douloureusement en posant ma main sur sa joue. Je ne te cache pas que j'ai eu envie de vous frapper jusqu'à ce que mort s'ensuive quand je l'ai compris, mais je ne l'aurais jamais fait.
Bon sang… S'il y a bien un jour où les heures de thérapie auprès de la guérisseuse Hawks ont porté leurs fruits, c'est bien celui-ci… Elle n'a pas idée du torrent émotionnel que ce fut, ce jour-là, ni même de l'envie de raser Poudlard qui m'a pris… Ou peut-être est-ce totalement l'inverse.
Peut-être savait-elle parfaitement ce que j'endurais, et peut-être est-ce pour ça qu'elle m'a dit de voir les choses comme une sœur et non comme une femme qui venait de perdre son bébé. Certes, les mots ont été crus, mais le résultat était à la hauteur de mes attentes.
— Tu es mon frère, et je ne veux que ton bonheur, soupiré-je en fermant les yeux, posant mon front contre le sien lorsqu'il m'aide à me relever. Assure-toi simplement de ne pas trop me l'étaler au visage pour quelque temps encore, d'accord ? J'essaye de me soigner…
Ses bras se resserrent autour de ma taille, me collant plus encore contre son ventre rond et dur. Comment ai-je fait pour ne pas m'en rendre compte plus tôt ? Réellement, ce genre de choses me dépasse…
Ou peut-être est-ce parce que j'étais trop centrée sur mes propres tourments, mes recherches et ma douleur pour pouvoir apporter un peu d'attention à ce garçon qui a grandi trop vite, un peu comme ces enfants perdus dont ma grand-mère me racontait l'histoire, lorsque j'étais petite ? Je ne sais pas…
— Donc, si je t'emprunte Charlie, disons, à deux heures du matin, pour qu'il me prépare une crème brûlée, tu n'y vois pas d'objection ? sourit-il en coin.
— Je ne tiens pas un service communautaire, nom d'une gargouille ! gronde Charlie.
Le rire léger de Harry est comme la musique d'un carillon par vent d'été. Doux et chantant. Un son qui m'avait manqué. Peut-être est-ce vraiment la raison qui me pousse à laisser ma partie sombre prendre le pas.
Adressant un clin d'œil malicieux à Harry, je me détourne de lui lorsqu'il hausse un sourcil, pour pouvoir observer le reste de la salle.
Sur l'un des canapés, Fred et George discutent calmement avec Fleur, échangeant moult paroles en chuchotant, tandis que, avachis dans le fauteuil que j'occupais précédemment, Charlie et Bill ont tous les deux la tête sur le montant du dossier, les yeux fermés. Oui, c'est définitivement le moment de faire ressortir cette partie de moi.
D'un pas que j'espère réellement être assuré, je comble les quelques mètres qui me séparent de leur siège, réfléchissant moins d'une seconde sur la marche à suivre. Serait-ce trop ? Je prends ma décision lorsque Bill relève doucement la tête, m'envoyant un clin d'œil amusé avant de reprendre sa posture initiale.
Féline, je fléchis les jambes pour pouvoir poser un genou entre leurs deux cuisses, mes mains partant doucement à l'exploration des muscles du ventre de Charlie avant que l'une d'elles ne se pose sur sa nuque, l'autre jouant avec le bouton de sa chemise.
Attendant d'entendre la première déglutition, je retiens un sourire victorieux lorsque le son me parvient. Bravache, je poursuis mon action, me mettant calmement à califourchon sur ses cuisses, la tête au niveau de son cou et ma poitrine fermement pressée contre son torse.
Le simple fait de me retrouver dans cette position me rappelle bien des souvenirs, et tous sont plus savoureux les uns que les autres, mais c'est de sentir ses mains venir caresser la peau de mes cuisses qui m'électrise.
— Sois gentil, Charlie, susurré-je à son oreille, et il se pourrait bien que, toi et moi, nous allions faire un petit tour dans le placard à balais, finalement…
Son souffle se bloque quelques secondes dans sa gorge avant que ses mais ne me saisissent vivement derrière les genoux, me faisant m'asseoir durement contre une érection qui me semble bien douloureuse tant elle est dure dans son pantalon en cuir de dragon !
— Ne joue pas à ce petit jeu, Granger, grogne-t-il, masquant bien mal un gémissement d'envie. Je suis faible à ce genre de propositions.
— Je sais ! ris-je en me reculant. Et pourtant, tu ne le regretterais pas.
Bordel, c'est même une certitude ! Je crois que je le laisserais faire n'importe quoi pour qu'il éteigne le feu ardent qu'il a déclenché dans mon corps lorsqu'il est revenu sur ses pas, dans le salon !
Je ne m'attendais pas à ce que la soirée se passe ainsi, mais je dois dire que retrouver ce semblant de normalité entre nous, que ce soit la conversation ou même sa manière de me regarder ou bien encore de me serrer contre lui quand il m'entraîne dans la chambre, me fait un bien fou…
Merde… Je crois qu'il s'agit de ces choses que, même en perdant la mémoire, on ne pourrait oublier…
L'abandon qu'il a mis dans sa manière de me déshabiller ou de me goûter, avant que le Patronus de Percy n'arrive, ça aussi, ça fait partie de ces choses que, même avec toute la bonne volonté du monde, je ne pourrais jamais oublier…
Mais ça, ce qu'il fait en ce moment, ses yeux brûlant de cette envie dévastatrice qui semble annihiler toute rationalité en lui alors qu'il se met debout, me surplombant totalement… Putain, c'est si bon de le sentir à nouveau, sentir que je l'attire encore…
— Potter ! gronde-t-il en continuant de me déshabiller du regard. Tous les soirs, tu me feras une liste des petits gâteaux ou autre que les elfes ne veulent plus te cuisiner à cause de ton état d'incubateur ! Et toi, Granger…
Ainsi donc, même s'il ne m'en avait pas parlé ou à qui que ce soit si j'en juge les regards incrédules de ses frères, Harry ou même Fleur, lui aussi a fait le lien entre notre situation et celle de nos deux frères… Intéressant…
— C'EST UNE FILLE !
Le cri débordant d'une joie que je n'ai jusqu'à présent jamais entendu se manifester de la part de Percy, me fait sursauter vivement, les bras de Charlie se refermant souplement autour des miens, me serrant fortement contre son torse.
Il n'est plus question de frustration mise en évidence, à cet instant. Ne reste plus que la peur panique qui reprend ses droits, et l'envie de déchirer son sourire pour avoir droit à ce bonheur-là. Putain… Quand est-ce que ce genre de douleur ou même d'envie cessera-t-elle ?
— Je crois que j'ai envie de rentrer maintenant, soufflé-je à Charlie, resserrant plus fort encore mes doigts sur le tissu de sa chemise.
— Tu veux aller voir Penny avant ? fait-il, penchant la tête sur le côté.
Son regard accroche lentement le mien, me permettant de me noyer consciencieusement dans la mer déchaînée des émotions qu'il ressent mais ne montre pas. Parfois, souvent même, un tel prodige m'impressionne, et ce jour ne fait pas défaut !
J'aimerais tellement faire ce qu'il vient de me proposer, ou même aller prendre Percy dans mes bras comme les autres sont en train de le faire… Mais je n'y arrive pas. Tout ce que je parviens à faire, c'est me fondre totalement dans le bleu de ses yeux, et tenter d'y dénicher l'émotion qui m'offrira une planche de salut pour ne pas sombrer. Tout, mais ne surtout pas flancher…
J'ai bien conscience d'avoir agi stupidement cet été en croyant régler mes problèmes par la séduction et les combats, mais là, en cet instant, je donnerais tout ce que je possède, l'étendue de mes coffres à Gringotts pour que le message de son frère ne soit jamais parvenu jusqu'à nous…
C'est sûrement l'idée la plus débile de la création, mais lorsqu'il me faisait l'amour ou même lorsque nous couchions ensemble, alors plus rien ne comptait. L'espace de quelques heures ou simplement minutes, lorsque nous jouions sous la douche, il n'y avait rien qui pouvait m'atteindre et je vendrais mon âme au diable pour pouvoir user encore une fois de cette échappatoire…
— OH ! MON FILS EST PAPA !
Mes yeux se ferment douloureusement, ma magie menace de déborder à chaque instant, et ma colère est sur le point de ravager en mille morceaux le corps de Molly. Par les robes colorées de Dumbledore, nous sommes dans un hôpital, pas dans un hall de gare !
— Là, j'ai vraiment envie de rentrer…, grogné-je.
— On est deux, dans ce cas…, soupire à son tour Charlie.
Ma tête tombe en avant, venant s'appuyer confortablement contre son pectoral gauche. Le battement régulier de son cœur apaise lentement la cavalcade que produit le mien, me faisant lâcher un soupir de contentement avant que son frère ne nous rejoigne, le reste de la famille sur ses talons.
— Penny voudrait que le parrain et la marraine entrent dans la chambre en premier, comme le veut la coutume, sourit Percy en adressant un clin d'œil à mon mari. Charlie, Hermione, vous pouvez y aller.
— Moi ? soufflé-je, incrédule.
Il hoche la tête, un grand sourire amusé collé au visage en nous faisant signe de rejoindre le lieu de repos de sa femme et sa fille. Mes jambes flageolent alors que la main de Charlie rejoint la mienne en quelques secondes, la pressant douloureusement pour me témoigner du réconfort.
Prise dans ma peur, je ne fais pas réellement attention à la présence de Ron, ni même à celle, tout aussi grognon, de Ginny, tous deux semblant de mauvais poil à cause de ce réveil brutal en pleine nuit.
— Je pense qu'il veut simplement nous éviter d'avoir à nous coltiner maman, ricane Charlie.
Ce n'est un secret pour aucun des Weasley qui partagent notre vie depuis quelque temps, à Harry et moi, que Madame Weasley nous rend tous les deux chèvres. Alors savoir que le si droit Percy nous a permis de passer en douceur devant sa mère sans pour autant que nous ayons besoin de parlementer avec elle est une bénédiction.
Je retiens ma respiration au moment où il ouvre la porte doucement, veillant visiblement à ne pas réveiller le nouveau-né. Malgré mon bon vouloir, je peine à savoir de quelle manière je réagirais en voyant cette nouvelle vie, et l'idée, encore une fois, me terrifie…
— Je vais proposer à Kingsley de lui décerner l'Ordre de Merlin première classe, tenté-je de rire doucement tout en m'étranglant avec la boule dans ma gorge en entrant dans la chambre.
Même si je m'y étais préparée, même si je sais que je devrais être heureuse pour elle, voir Pénélope allongée dans son lit, en sueur, les cheveux collant à son visage mais surtout épuisée, l'image même me fait un choc.
La petite forme emmaillotée dans une couverture blanche et dorée dont seule une petite touffe de cheveux blonds s'échappe est un crève-cœur. Le regard plein de dévotion qu'elle porte sur lui aussi. L'image même de l'amour et du bonheur me met un coup au cœur. Elle est heureuse.
— Salut, chuchote Penny en relevant la tête. Je ne pensais pas que vous seriez les premiers à entrer !
— C'était toi ou maman, lève les yeux au ciel Charlie. Crois-moi, le choix était vite fait…
Même s'il tente de faire passer cela pour de la désinvolture, je peux entendre sa voix qui se bloque durant quelques secondes dans sa gorge, son souffle retenu quelques innombrables instants et je peux même voir la tempête de ses émotions reprendre le pas dans son regard. Il est touché en plein cœur par le tableau que la mère et l'enfant forment.
Ma main rejoint doucement la sienne, et alors que je m'attendais à ce qu'il la repousse dans un instant de virilité mal placée, il s'y accroche désespérément, la peau moite, plantant ses ongles dans la chair de ma paume.
— Félicitations, soufflé-je.
Ce simple mot m'écorche la bouche. Jamais un tel mot ne m'a paru si dur à dire, et pourtant, je vois une étincelle de gratitude vrombir dans le gris de ses iris. Peut-être est-ce ça, le bon ton à adopter : lâcher prise et trouver des touches d'espoir n'importe où, où je peux en trouver.
Dans l'espérance qui brille dans le regard de Penny. Dans l'amour qu'elle porte à son enfant. Dans la pression des doigts de Charlie qui décroît. Dans l'agitation de mon cœur qui se stabilise doucement. Dans le boum-boum régulier qui bat à mes tempes. Dans la magie que je sens circuler dans mes veines. Dans la vie, tout simplement.
— Tu veux venir la voir ? propose-t-elle doucement.
Mon souffle se coupe, et en dépit de toutes mes bonnes résolutions, j'ai un mal fou à décider de la marche à suivre. Rester sur place et accepter la déception de Pénélope, ou bien faire un pas en avant sur le chemin de l'acceptation ?
Finalement, c'est la douce pression des doigts de Charlie qui me fait prendre ma décision. Je ne suis pas seule. Il est avec moi. Et s'il est avec moi, je peux surmonter ça. Parce que nous avons déjà affronté bien pire. La mort, la haine, la peur, la douleur, les deuils et les pertes. Nous avons déjà surmonté bien pire à deux. La vie n'est qu'un nouveau chemin à arpenter.
Retenir sa respiration en affichant une grimace de sourire. Faire un pas. Se rendre compte que le monde ne s'est pas effondré. Reprendre sa respiration et détendre son sourire rien qu'un tout petit peu. Faire un nouveau pas. Enchaîner jusqu'à être aux côtés d'elles deux. Se rendre compte qu'on y est arrivé.
L'espoir renaît sans que je n'en comprenne réellement l'origine, mais durant quelques minuscules secondes, alors que les yeux clairs du bébé s'ouvrent pour me regarder, je le sens. Il est là et il gonfle fortement dans ma poitrine.
Le hoquet d'incrédulité de Charlie me fait redresser vivement la tête vers lui, sourcil haussé. Que se passe-t-il encore ? Il me fait un signe discret de la main pour que je poursuive, me faisant froncer les miens tant que je n'aurais pas de réponses. Que s'est-il passé ?
Je ne saurais dire de quelle manière, mais depuis qu'il m'a fait partager sa magie, et moi la mienne, par ce fait, je pourrais affirmer que je peux ressentir certaines de ses émotions. Peut-être est-ce ça, qu'il vient de vivre, lui aussi. Peut-être vient-il de ressentir ce que je ressens à l'instant présent ?
— On en parlera plus tard, mime-t-il de ses lèvres.
Voilà qui est bien mystérieux… Acceptant, pour un temps, de mettre mes questionnements de côté, je laisse mon regard divaguer sur l'enfant maintenant bien endormi dans les bras d'une maman épuisée qui ne souhaite visiblement pas le lâcher du regard.
— C'était comment ? chuchoté-je.
La curiosité est un vilain défaut, mais je veux savoir. Je veux savoir ce qu'on devient en accomplissant ce geste de mettre un enfant au monde, de faire l'acte le plus désintéressé de toute sa vie… Quitte à verser bien plus de larmes encore après…
— C'était beau et touchant, et en même temps, la pire déchirure de toute ma vie, sourit-elle dans le vide. Ça faisait un mal de chien, mais tout s'est effacé quand je l'ai entendu pleurer pour la première fois…
Le timbre si doux de sa voix ne ment pas. Elle aime déjà cet enfant plus que sa propre vie. Malgré les obstacles, malgré le contexte dans lequel il a été conçu, il est la plus belle chose qu'elle n'ait jamais vue de toute sa vie.
Il faut dire qu'avec son petit nez retroussé, ses pommettes rosées, ses longs cils, ses quelques cheveux blonds épars et sa main ridiculement petite, cet enfant est une pure merveille…
— C'est un très beau bébé, Penny, chuchoté-je en caressant doucement le crâne de l'enfant. Tu as fait un très beau travail.
— Je n'étais pas toute seule pour la conception, mais je te remercie, rit-elle.
— Trente secondes de sexe ne font pas de toi le concepteur d'un enfant ! lève les yeux au ciel Charlie.
— À vrai dire, je crois que ça a bien dû durer au moins deux minutes, ce soir-là ! ricane Percy en refermant la porte.
J'en déduis donc qu'il a réussi à faire patienter la dragonne pour encore quelques minutes de répits que je prendrais avec la plus grande des reconnaissances…
Je n'ai jamais vu Percy être si expressif, si enjoué. C'est la première fois que je vois un tel sourire sur son visage, ses yeux pétillants de bonheur et d'amour à l'état brut. Jamais il ne m'a paru si vivant qu'en cet instant.
— Deux minutes ? Mais tu es une machine ! fait mine de s'extasier Charlie. Tu as mon respect éternel devant Merlin pour une telle prouesse !
— Parfois même je monte jusqu'à cinq ! ricane-t-il encore. Alors, je t'impressionne toujours ?
— Épouse-moi ! sourit-il en coin. Avec de tels pronostics, nous pouvons d'ores et déjà te déclarer sex-symbol du Ministère !
— Navré, mais tu es toujours marié pour le moment, et tu es mon frère, accessoirement… Ça me pose un léger problème moral, tu vois…
— C'est la différence d'âge, c'est ça ? hausse-t-il un sourcil.
— Ou peut-être le fait que je ressemble à une fille à côté de toi…, fait-il mine de réfléchir. Va savoir !
C'est dingue. J'ai beau l'avoir vu de nombreuses fois depuis le début de l'année, je ne me lasse pas de voir la dynamique qu'il y a entre chacun des cinq premiers frères Weasley.
J'aurais pu penser à une multitude de solutions pour l'aider à avancer, mais je comprends enfin que la seule chose qui permettra à Charlie d'accepter et d'avancer dans la vie, ce sont ses quatre frères.
Il a beau s'en être éloigné par des millions de kilomètres, les avoir laissés derrière lui pour un millier de raisons, il n'en reste pas moins qu'il est farouchement attaché à ceux qu'il considère comme sa famille.
Ceux qui ont continué de l'aimer malgré le silence, la distance et la carapace qu'il s'est formé pour se protéger. La famille, les amis et même le monde extérieur n'ont cessé de le blesser depuis des années, mais face à ses frères, il ne fait que redevenir l'un des membres de leur fratrie. Le rêveur.
— Félicitations, Perce, sourit-il en lui serrant la main, lui offrant une accolade virile. Tu fais désormais partie du cercle barbant des nouveaux parents !
J'envie la facilité qu'il a à masquer sa douleur, et j'envie aussi la force morale dont il fait preuve pour être sincèrement content pour son frère. Cet homme m'épate de jour en jour, et il n'a même pas conscience d'à quel point son abnégation pour ses frères est incroyable.
— Dis-toi que ça aurait pu être pire, hausse les épaules Percy. Nous aurions pu adopter un chiot !
— Prends un dragonneau, c'est beaucoup plus agréable à vivre, et si tu as survécu à la grossesse de Penny, plus rien ne peut te faire peur maintenant ! ricane-t-il.
Si j'ai été choquée, le jour de son anniversaire, en voyant les piques qu'il envoyait à Pénélope, avec beaucoup de recul et de discussion, j'ai compris une chose primordiale : si dans mon Poudlard interne, j'ai placé les gens qui me sont chers dans des tableaux dans la Grande Salle, lui ferait pareil pour chacun des conjoints de ses frères.
Il apprécie la douceur et l'impétuosité de Fleur tout comme il ne rechigne jamais à prendre du temps pour discuter avec elle ou simplement la rassurer, la considérant comme une sorte de meilleure amie, au même titre que le directeur ou Bill.
Il apprécie Penny parce qu'elle a eu la force de tenir pendant les mois où Percy ne croyait plus en lui, de tenir le phare en attendant qu'il retrouve assez d'assurance pour redevenir un mari et un père en devenir.
Il affectionne tout particulièrement Luna parce qu'elle est différente des autres, un peu plus proche de lui que de n'importe qui dans le château. Ils ont la même manière de rêver et de voir le monde et il aime cela chez elle.
Il a appris à aimer Harry comme un frère à force d'écouter Fred et George – et peut-être moi aussi – lui parler de mon ami brun à lunettes. Il aime sa force de caractère, ses principes et son amour pour le monde entier. Certes, il n'a pas apprécié le traitement qu'il a réservé à Fred, mais il en comprend la raison. Et c'est ce qui rend Charlie unique.
Il a beau être quelqu'un de renfermer, il examine le monde avec des yeux que peu de sorciers ont. Il voit la vie dans toutes ses palettes de gris, ne s'arrêtant pas sur ce que les gens peuvent penser. Il sent et ressent les choses, comme si Magia elle-même lui soufflait ses réponses.
— Vous savez que je vous entends, n'est-ce pas ?
Le grommellement de Pénélope me ramène sur terre et me fait perdre totalement le fil de mes pensées.
— Je croyais que tous ces trucs d'hormones détraquées s'en allaient une fois l'accouchement passé ? fronce-t-il les sourcils.
— Tais-toi et souris, ça m'a sauvé la vie un nombre incroyable de fois ces derniers mois ! sourit en coin Percy. Allez viens, qu'on vous présente notre fille comme il se doit !
Fièrement, il serre l'épaule de Charlie, le menant doucement jusqu'au lit de sa femme, comprenant implicitement que son frère a besoin de se composer un visage de façade et de ménager ses émotions avant de faire face au bébé.
Son bras s'enroule vivement autour de ma taille, me rapprochant de lui rapidement alors qu'il vient se placer dans mon dos, ses mains se rejoignant sur mon ventre. Les miennes partent lentement à la rencontre de ses doigts, appréciant à sa juste valeur cet instant de tendresse qu'il ne me réservait que dans l'espace confiné de nos appartements, avant.
— Charlie, Hermione, je vous présente ma fille, Cassie Muriel Weasley, sourit fièrement Percy.
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Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la seconde partie du chapitre 29 !
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Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.
