DISCLAIMER : Cette fiction est une traduction de A Shot in the Dark par Silver_pup disponible en anglais sur ffn et sur ao3
Cette traduction est aussi disponible sur AO3.
Je ne possède ni cette histoire ni l'oeuvre originale du hobbit, seulement la traduction en français du texte
De tous ses neveux et nièces, Bilbo était celui qui inquiétait le plus Isengrim Took III.
En y réfléchissant, c'était plutôt stupide de sa part.
Belladonna avait toujours été la sœur sauvage et indomptable. Elle avait rendu leurs parents fous avec son comportement quand ils étaient plus jeunes. Que ce soit des combats de nourriture dans les tavernes ou des aventures spontanées à Rivendell avec leur frère Hildigrim, elle était toujours en train de faire des bêtises. Quand elle s'était mariée avec Bungo et s'était calmée, il avait pensé ne plus jamais avoir besoin de s'inquiéter de ce genre de choses.
Il avait eu tort. Tellement, tellement tort.
« Evidemment le fils de Bella fait encore pire, » Marmonna son frère Isembard à côté de lui en voyant ce qui se trouvait devant eux.
Leur neveu se tenait devant eux avec un sourire gêné sur le visage. Il était habillé d'une manière… intéressante avec un pantalon et une tunique liés par une ceinture qui retenait une épée. Ses cheveux étaient plus longs que ceux de tous les hobbits, et retenus par des petites tresses avec des perles dorées qui brillaient au soleil. Mais le plus étrange, la chose qui lui hérissait les poils de la nuque, était la légion de nains derrière son neveu.
« Oncle Isengrim, » Salua Bilbo, ses yeux bruns écarquillés alors qu'il prétendait être calme. « Je suis heureux de te revoir. Comment vas-tu ? »
« Bilbo, qu'est-ce qu'il se passe ? » Demanda-t-il, allant droit au but parce qu'il était un Took, bordel, pas un Baggins. « Pourquoi est-ce que ces nains sont ici ? »
Le sourire de Bilbo devint encore plus tendu et faux. « Ce sont mes amis. Ceux avec qui je suis parti à l'aventure. Ils… Ils sont venus pour rencontrer ma famille et mes amis. N'est-ce pas génial ? »
Isembard ricana sans se retenir. « Conneries. Dis-nous la vérité, gamin, ou je sors les histoires gênantes de ton enfance. »
Un des nains – qui avait de longs cheveux roux et une barbe impressionnante – leva une main et l'agita pour attirer leur attention. « Est-ce que vous pouvez les partager quand même ? Peut-être en partageant un verre ? »
« La ferme, Gloin, » Siffla Bilbo alors que la pointe de ses oreilles commençait à devenir rose.
Un autre nain s'avança jusqu'à se tenir en face d'Isengrim. Il dépassait facilement les hobbits avec ses larges épaules et ses bras épais. Ses longs cheveux noirs avaient des mèches argentées et ses yeux bleus avaient l'air vieux et fatigués sous ses sourcils. Voir une telle personne lui fit se demander, pas pour la première fois, pourquoi son neveu était avec un groupe pareil.
« Isengrim Took, » Salua le nain, sa voix profonde résonnant dans la salle. « Je suis heureux d'enfin vous rencontrer. Bilbo m'a beaucoup parlé de vous. »
« Merci, » Répondit-il lentement, sans quitter le nain des yeux. « Maintenant qui êtes vous ? »
Le nain s'inclina rapidement. « Je suis Thorin Oakenshield, Roi d'Erebor. »
Isembard ricana à nouveau.
« C'est bien, » Dit Isengrim, pas impressionné du tout. Pourquoi est-ce qu'il se soucierait d'un titre ? « Alors pourquoi êtes-vous là ? »
Le nain – Thorin – se redressa et le regarda avec une expression sérieuse, comme s'il allait annoncer une peine de mort. « Je suis venu ici pour vous demander la permission de me marier avec Bilbo. »
Isembard s'étouffa sur ce qu'il pouvait deviner être sa salive.
Son neveu prit une couleur rouge qu'il n'avait vue que sur ses tomates.
L'expression sérieuse du nain ne bougea pas alors qu'il attrapait la main de Bilbo.
Et Isengrim était certain que d'une manière ou d'une autre, quelque part, Bella se moquait de lui.
« Eh bien ça aurait pu mieux se passer, » Marmonna Bilbo en se frottant le front avec deux doigts.
« Cela aurait aussi pu être pire, » Pointa Thorin à côté de lui, étrangement optimiste à l'idée de rencontrer sa future belle famille.
Il lança un regard noir au nain. « C'est parce que tu n'as rencontré que deux de mes oncles. Ils ont sept autres frères et deux sœurs. Et ce n'est que le côté de ma mère ! »
Thorin n'eut pas l'air perturbé. « Ce sont des hobbits, ghivashel, pas des orcs. Je peux les affronter. »
Il ricana et donna un coup de coude à son fiancé. « Non, ce ne sont pas des orcs ; ils sont bien pires ! »
Ils n'étaient dans la Comté que depuis deux jours et Bilbo voulait déjà faire demi-tour et rentrer à Erebor. Quand il avait mentionné retourner dans la Comté, il avait pensé qu'il irait avec peut-être Thorin, Bofur et l'un des autres. Il ne s'attendait pas à ce que la compagnie entière l'accompagne ; pas avec Erebor enfin réclamée et en plein travaux.
« Erebor sera toujours là à notre retour, » Avait raisonné Balin lorsqu'il leur avait demandé pourquoi ils voulaient venir. « Mais mon roi qui courtise quelqu'un est quelque chose qui n'arrivera qu'une fois. Je ne souhaite pas manquer ça. »
« On ne peut pas te faire confiance pour ne pas faire quelque chose de stupide avec seulement Thorin, » Ajouta franchement Dwalin, n'essayant pas d'enjoliver ses paroles comme le faisait son frère.
« Et je veux voir notre oncle essayer de battre ta grand-mère pendant un concours de boisson, » Ajouta Kili, souriant de toutes ses dents, le faisant ressembler à un animal mignon et dérangé.
« Merci de ton support, » Gronda-t-il en retour, se demandant pour la énième fois pourquoi il restait à Erebor.
Et ainsi la compagnie était partie de la montagne et vers la Comté ; laissant Dis et Dain derrière. Bilbo avait été hésitant à laisser Dame Gilraen et Estel pendant si longtemps et aussi vite, mais Dis lui avait assuré qu'elle allait les garder en sécurité jusqu'à leur retour.
« J'ai gardé mon frère et mes neveux en vie pendant tout ce temps. Je vais garder ta charge et sa mère en vie pendant aussi longtemps, » Jura la princesse, souriant de son sourire carnassier qu'il avait finit par trouver réconfortant.
« Combien de temps allons-nous attendre ici ? » Gémit Kili depuis sa place sur le tapis avec son frère et les autres. « J'ai faim. »
« Je dois attendre que le reste de mes oncles et tantes arrivent, mais vous pouvez partir, » Répondit-il en regardant la compagnie s'installer confortablement dans la maison Took. « A part Thorin. Il doit rester pour qu'ils puissent le juger. »
« Et manquer le spectacle ? » Rétorqua Nori depuis sa place sur l'accoudoir de la chaise occupée par Dwalin. Le voleur fit une moue évidemment fausse. « Nous voulons être là pendant ton moment spécial. »
« Menteur. Tu es là pour les paris, » Rétorqua-t-il en attrapant l'un des coussins décoratifs de sa tante pour le lancer sur le voleur. Evidemment il le manqua, mais c'était toujours agréable d'extérioriser sa frustration.
« Quand est-ce que nous arrivons au concours de boisson ? Je veux voir Thorin affronter ta grand-mère, » Dit Gloin avec une joie évidente en se frottant les mains. « Si elle gagne, je veux qu'elle m'enseigne son art. »
Il leva les yeux au ciel et s'enfonça dans le canapé. « Tu ne feras rien de la sorte, Gloin. Tu vas traiter ma grand-mère avec le respect qu'elle mérite en tant que la noble hobbit raffinée qu'elle est - »
« Noble ? Eh bien c'est un mot que je n'ai jamais associé à ma mère. »
Bilbo sentit son cœur faire un salto lorsqu'un grand hobbit avec des cheveux bruns grisonnant entra dans la salle. « Oncle Longo. Tante Camellia. Quel… joie de vous revoir. »
Longo Baggins – le premier petit frère de son père – leva un sourcil en le fixant. A côté de lui se tenait une petite hobbit avec des boucles si pâles qu'elles avaient l'air argentées. Elle lui lança un sourire amical avant de poser ses yeux verts sur les nains répartis dans la salle avec une curiosité évidente.
« Bilbo. Heureux d'apprendre que tu es en vie après avoir disparu pendant plus d'un an, » Commenta son oncle, sa voix toujours monotone. « Pendant un moment je pensais que j'allais devoir donner Bag End au petit Drogo, qui ne se souvient même pas de toi. »
« C'est mon cousin le plus mignon côté Baggins. Cela semblait logique de lui céder, » Répondit-il doucement, détournant le regard de celui de Longo. Même s'il était techniquement plus vieux que son oncle maintenant, il était toujours intimidé par le hobbit. Il avait le sentiment que c'était parce qu'il ressemblait à son père, et qu'il voyait facilement à travers ses conneries.
« Isengrim a dit qu'un nain voulait se marier avec toi, » Dit sa tante Camellia, ignorant la tension comme d'habitude. Elle n'avait jamais été très observatrice. « Lequel ? »
Thorin se leva et s'inclina devant le couple avant que Bilbo ne puisse le stopper. « Ce serait moi. Je suis Thorin Oakenshield, Roi d'Erebor. C'est un plaisir de vous rencontrer. »
Camellia, évidemment, couina et tapa des mains alors que Longo fixait le hobbit sans cligner des yeux.
« Un roi ! Oh comme c'est excitant ! Je parie que vous avez toute sorte de gâteaux dans votre palais ! » Dit le blond, regardant Thorin avec des yeux vert brillant.
« Erebor ? C'est de l'autre côté des Montagnes Embrumées, » Répondit Longo, plissant les yeux. « C'est un long chemin pour un roi cherchant un époux. »
« En fait, Bilbo était notre cambrioleur avant de devenir un candidat possible, » Interrompit Bombur depuis un divan avec un regard innocent qui ne trompa pas du tout Bilbo. Le nain appréciait la tempête en train de se lever, l'enfoiré.
Longo leva lentement un sourcil. « Cambrioleur ? »
« Bilbo nous a aidé à tromper un dragon qui avait volé notre maison, » Expliqua Fili, appuyant sa tête contre la cuisse de son frère en se nettoyant les ongles avec l'un de ses couteaux. « Nous l'avons engagé pour voler une pierre, mais tuer le dragon a marché aussi. »
Tante Camellia haleta et se couvrit la bouche alors que ses yeux s'écarquillaient. « Oh, mon poussin, ça a l'air dangereux ! Est-ce que ça va ? Est-ce que le dragon a brûlé tes jolies boucles ? »
Dwalin ricana. « Mon poussin ? »
Bofur la fixa. « Elle est sérieuse ? »
« Alors… laisse-moi résumer, » Dit Longo, interrompant les nains avant qu'ils ne puissent continuer. « Tu as quitté la maison sans un mot pendant un an pour devenir un criminel qui vole des dragons ? Est-ce que c'est ça ? »
« Et qui combat des gobelins et des orcs. Il a aussi fait ça, » Ajouta Kili avec un sourire si large qu'il avait l'air douloureux.
« Et des wargs, n'oubliez pas les wargs ! » Ajouta Ori depuis sa place sur l'autre accoudoir du fauteuil de Dwalin.
Les yeux bleus de Longo se fermèrent jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux fentes bleues. Bilbo essaya de ne pas gémir et résista à l'envie de se jeter derrière le canapé.
« Je vois. Et maintenant tu es rentré à la maison nous présenter ton prétendant, » Continua son oncle, passant lentement son regard de Bilbo à Thorin. « Ce roi d'au-delà de la Comté que nous ne rencontrons que maintenant. C'est bien ça, neveu ? »
Il hocha la tête et évita de regarder le hobbit dans les yeux. « Oui, c'est ça. »
Longo pencha la tête sur le côté et regarda le roi de haut en bas. « Très bien alors. Je serais l'un de vos adversaires pendant le concours de boissons. Si vous me battez, vous aurez ma permission de vous marier au fils de mon frère. Perdez, et vous et votre petit groupe retournerez dans vos montagnes pour ne plus jamais revenir. »
Thorin hocha la tête sérieusement alors que Bilbo haletait, choqué.
« Attends, tu veux dire que tu ne va pas me crier dessus pour avoir déshonoré notre nom de famille avec ma folle aventure ? » Demanda-t-il avant de pouvoir penser. « Pour avoir mis ma vie en danger et m'être presque fait tué ? »
« Je pense que tes tantes vont se charger de te disputer, » Répondit Longo, le coin de sa bouche se soulevant légèrement. « Et pour tes actions… Notre nom de famille et notre réputation sont importants pour moi. Mais moins important que la vie et le bonheur du fils unique de mon grand frère. »
« Oh. » Il cligna des yeux et se renfonça dans le canapé. « Je… merci. C'est bon à entendre. »
Longo haussa les épaules, l'air nonchalant. Peu de choses perturbaient son oncle. « Si c'est la vérité alors pourquoi est-ce que je ne la dirais pas ? »
« Oh, Bilbo, tu dois me laisser aider avec votre mariage, » S'extasia sa tante, le regardant avec des yeux de biche. « Lobelia ne m'a pas laissée l'aider pour le sien. J'aurais aimé qu'elle me laisse le faire parce que les couleurs étaient affreuses. Du bleu canard et du rose œillet. Qui a déjà entendu parler d'une chose pareille ? »
« C'est une combinaison affreuse, » Acquiesça Dori avec un tressaillement.
« Ce qui me rappelle… Lobelia a été offensée par le signe que tu as laissé l'avertissant de rester loin de ta propriété, » Commenta Longo, l'air plus amusé qu'offensé. « Otho l'a trouvé drôle mais j'ai bien peur que ce ne soit pas le cas de ma belle-fille. Attends-toi à une visite de sa part. »
« Elle ne m'a pas laissé le choix. Elle essaie toujours de me voler ma bonne argenterie, » Se défendit-il, essayant de ne pas geindre.
« C'est parce que je ne veux pas lui donner la mienne, » Gazouilla Camellia avec un grand sourire. « Je l'ai promise à ma première nièce avant la naissance d'Otho. »
Avant que Bilbo ne puisse lui dire ce qu'il en pensait, son Oncle Isengrim rentra dans la salle. Il s'arrêta et regarda le groupe avant de poser son regard sur Longo et Camellia.
« Fini de torturer le garçon ? » Demanda-t-il au couple.
Longo hocha la tête. « Pour le moment. »
« Bien. Maintenant sortez ; c'est à notre tour, » Ordonna une hobbit en se tenant à côté d'Isengrim. C'était une hobbit robuste avec des cheveux noirs et des yeux noirs en contraste avec sa peau pâle. De l'autre côté d'Isengrim se tenait une autre femme. Elle était plus vieille, avec des cheveux noisette et des mèches blanches et un petit nez. Debout en ligne, il était facile de voir que les trois hobbits étaient de la même famille.
A l'apparition des deux femmes, Bilbo sentit son cœur se geler avec une terreur qu'il n'avait pas ressentie depuis son affrontement avec Smaug. « Tante Donnamira. Tante Mirabella. Q-Qu'est-ce que vous faites i-ici ? »
« Bilbo, » Ronronna la hobbit avec les cheveux noirs – sa Tante Mirabella qui était aussi féroce que sa mère et deux fois plus vicieuse – en plissant les yeux. « Nous avons beaucoup de choses à discuter, mon cher garçon. »
« Oh, oui, beaucoup, » Acquiesça l'autre hobbit – sa Tante Donnamira qui était la plus calme des trois sœurs Took et aussi la plus effrayante – en souriant sereinement. « En commençant par la raison pour laquelle tu t'es enfuis pendant une année sans un mot à qui que ce soit. »
En réponse, Bilbo – l'ami des elfes, le porteur de l'Anneau, le Cambrioleur, le Chevaucheur de Tonneaux, le futur consort Sous la Montagne – couina et se jeta derrière le sofa.
« C'était, » Déclara plus tard Nori lorsqu'ils furent loin des tantes de Bilbo, « le plus beau savon que j'ai jamais vu. »
Dori hocha la tête, l'air d'avoir vu la performance du siècle. « Ca l'était vraiment. J'aurais du prendre des notes. »
« J'ai bien aimé quand celle en robe rouge à tiré l'oreille de Bilbo, » Ajouta Fili, souriant jusqu'à ce que tout le monde puisse voir ses fossettes. « Il a couiné comme un chaton lorsqu'on les serre trop fort. »
« Aye, elle pourrait rivaliser avec mon Joyau avec ses regards noirs, » Ronronna Gloin, fumant sa pipe avec une joie évidente.
Bilbo les foudroya du regard et jura silencieusement de remplacer leur bière par du vinaigre. « Si vous ne la fermez pas dans les cinq prochaines secondes je vous jette hors de chez moi. »
« Awww, Bilbo, ne sois pas en colère contre nous. Nous te taquinons, » Dit Kili, se laissant tomber sur le côté pour que sa tête atterrisse sur les genoux de Bilbo, lui permettant de regarder le hobbit avec ses grands yeux.
Bilbo ne fut pas ému et le montra en lui pinçant le nez. « Rends ces yeux plus grands et ils tomberont. »
« Tu es tellement méchant. Que dirais notre petit Hôfukel face à un ton pareil ? » Demanda Fili, secouant la tête avec un air moqueur.
« Son nom est Estel, » Rappela Bilbo pour la énième fois. Fili et Kili avaient refusé d'accepter un nom elfique pour leur 'nouveau cousin riquiqui' et lui avaient donné le nom Hôfukel à la place, ce qui voulait apparemment dire 'joie de toutes les joies'. Estel n'avait pas été impressionné par son nouveau nom, mais ne s'était pas plaint. Bilbo avait le sentiment que l'enfant était déjà habitué aux nombreux noms qu'il allait avoir dans sa vie.
« Hôfukel, » Répétèrent les deux frères avec la moitié de la compagnie. Personne, si ce n'est Bilbo et Balin, ne semblaient aimer le nom elfique. Même Thorin l'appelait comme ça, le traitre.
« Alors qui est le suivant sur ta liste de membres de la famille à aller voir ? » Demanda Ori, l'air beaucoup trop excité à l'idée de rencontrer le reste de la famille de Bilbo. Evidemment Nori avait réussi à corrompre son petit frère, Eru les préserve.
Bilbo pensa à sa liste et frissonna en tombant sur le nom de la personne qu'il craignait le plus de voir. « Ma grand-mère, Laura Baggins. »
Dans ses souvenirs, Laura Baggins avait toujours été son image idéale de la grand-mère parfaite. C'était une petite hobbit avec des boucles blanches épaisses et des taches de rousseurs sur ses joues roses avec des fossettes quand elle souriait. Ses yeux noisette scintillaient et elle portait toujours un châle rose qu'elle enroulait rapidement autour des épaules d'un enfant lorsqu'elle jugeait qu'il avait froid.
Elle était aussi la hobbit la plus manipulative, sournoise, impitoyable et têtue qu'il ait jamais rencontré. Pas même Lobelia pouvait être comparée à Laura Baggins née Grubb.
« Bilbo, » Salua-t-elle en le voyant, sa voix aussi musicale et douce que le chant des oiseaux. « Comme je suis heureuse de te voir, mon chéri. »
« Bonjour, grand-mère, » Salua-t-il en retour, essayant de sourire alors qu'il marchait dans le jardin pour la rejoindre où elle était assise en tricotant à l'ombre d'un arbre.
Laura arrêta de tricoter et leva un sourcil blanc.
« Je veux dire Mamie Baggins, » Corrigea-t-il rapidement, ayant l'impression d'avoir à nouveau dix ans et pas cent trente deux.
« C'est mieux, » Dit Laura en hochant la tête, tapant le siège à côté d'elle. « Assieds-toi, mon chou. Veux-tu une tasse de thé ? Je peux demander à ta tante d'en amener, ce n'est pas un problème. »
Il secoua la tête et se laissa tomber à côté d'elle. « Non merci, mamie, je n'ai pas soif. Je suis venu discuter de quelque chose dont tu es sûrement déjà au courant. »
« Mmm. » Sa grand-mère reprit ses aiguilles et continua à travailler sur sa couverture. « Peut-être. De quoi souhaites-tu me parler ? »
Il prit une grande inspiration et se prépara au combat. « Je suis venu dans la Comté demander ta permission pour me marier. »
« Oh, c'est vrai, je me souviens. Tes oncles et tantes en parlaient la nuit dernière, » Commenta Laura, hochant calmement la tête. « Quelque chose à propos d'un nain et d'un roi et de dragons – je n'ai pas tout compris. J'étais en train de cuisiner ma tarte à la noix de pécan et tu sais à quel point il faut se concentrer. »
« Oui, la majorité… l'ont rencontré hier quand je suis allé voir Oncle Isengrim, » Admit-il, tressaillant.
Sa grand-mère claqua la langue. « Comment va Isengrim ? Il essaye toujours de faire passer ce rongeur mort pour ses cheveux ? »
Bilbo rit, sentant sa garde sa baisser. « Oui, et il n'y arrive pas plus que d'habitude. J'aimerais qu'il accepte qu'il est en train de perdre ses cheveux. »
« Il ne peut pas ; pas quand il avait de si beaux cheveux quand il était jeune, » Répondit sèchement sa grand-mère. « Alors les Took ont rencontré ton beau ? Pourquoi l'avoir emmené là-bas en premier plutôt qu'ici ? Peur que je ne le vole avec mes charmes ? »
Non, j'ai peur que tu ne le fasses fuir avec tes charmes, pensa-t-il, essayant de ne pas tressaillir visiblement. « Ah, nous passions par la maison d'Isengrim alors je me suis dit qu'on allait en finir le plus vite possible ? »
Laura fredonna et hocha la tête. « Bien sûr, mon cher, bien sûr. Alors parle-moi de ton beau. Comment s'appelle-t-il ? »
« Thorin Oakenshield, » Répondit-il sans hésiter. S'il montrait le moindre signe de faiblesse, il savait que la vieille hobbit allait le remarquer.
« Oakenshield ? » Répéta sa grand-mère, s'arrêtant pour le regarder avec les lèvres pincées. « J'espère que tu n'as pas prévu de prendre ça comme nom de famille. Si tu le fais je vais devoir te renier. »
Bilbo soupira et essaya de ne pas lever les yeux au ciel. « Mamie, ton nom de jeune fille est Grubb. »
Laura rit. « Pas faux. Alors ce Thorin est un roi nain, hmm ? Et depuis combien de temps le connais-tu ? »
« Assez pour lui confier ma vie, » Répondit-il, ne répondant pas à la question délibérément. « Assez longtemps pour apprendre à l'aimer. C'est la seule âme que j'ai aimé de cette manière, mamie. »
« Mmm. » Laura le fixa avec une expression illisible sur le visage. « Ces histoires que tu aimes lire tout le temps – elles parlent toujours de l'amour comme étant assez pour continuer. D'après ces troubadours, on penserait que c'est la seule chose dont on a besoin pour résoudre les problèmes de la vie. Ce sont des conneries. Le mariage – un vrai mariage, pas ces bêtises de conte de fée – est fait de plus que de l'amour. C'est des compromis, du partage, de l'apprentissage, et beaucoup, beaucoup de disputes. Ce n'est pas une fin heureuse ou un état de joie où tout se passe bien. C'est un couple et cela prend du temps et des efforts. Est-ce que tu comprends bien ça ? »
Il hocha gravement la tête. « Oui, mamie, je sais. »
« Alors tu dois aussi savoir que, en tant que roi, il ne pourra jamais t'aimer complètement. Son cœur appartiendra toujours à son peuple avant tout, » Dit sa grand-mère avec une lueur maligne dans les yeux. « Les mariages normaux sont durs, mais ce sera pire avec un roi. Est-ce que tu peux supporter une relation pareille ? »
« Pendant un moment, je n'étais pas sûr, » Admis Bilbo, jouant avec la manche de sa chemise. « Je ne savais pas si je pouvais aimer son peuple assez pour le partager. Mais maintenant je réalise que je le peux parce que c'est son amour et sa dévotion pour son peuple qui m'ont fait tomber amoureux de lui. Comprendre cela m'a aidé à comprendre que je suis chanceux d'avoir une place dans son cœur qui, jusqu'à maintenant, appartenait exclusivement à son peuple. Avoir son amour est une bénédiction et je ne le considérerais jamais comme acquis.
Laura hocha lentement la tête en l'étudiant avec ses yeux noisette. « Tu y as pensé pendant longtemps. Bien. Maintenant je sais que ce n'est pas qu'une envie passagère de ta part. »
« Vraiment, mamie, tu me connais mieux que ça, » Réprimanda-t-il doucement, levant les yeux au ciel. « Je ne me marierais jamais spontanément à quelqu'un. »
« C'est vrai. Tu es bien le fils de ton père pour ça, » Fredonna la hobbit, son visage s'adoucissant au souvenir de son fils décédé. « Quand Bungo a décidé de se marier avec ta mère, rien n'a pu le faire changer d'avis. Il savait qu'il l'aimait et c'était tout. Mon garçon si sérieux et sensible… »
Bilbo détourna le regard pour fixer les roses blanches et rouges de sa grand-mère. Comme avec sa mère, la douleur de la mort de son père était devenue une tristesse facile à ignorer. Il l'aimait toujours et il lui manquait clairement, mais pas autant qu'il manquait à sa grand-mère. Il se demanda, mal à l'aise, si son père serait blessé de savoir que son fils unique le pleurait toujours.
« Mais assez de souvenirs tristes, » Déclara Laura, secouant doucement la tête et tournant son attention vers son tricot. « Va chercher ton beau. J'aimerais le rencontrer… proprement. »
Laura regarda lentement Thorin des pieds à la tête. Thorin, pour sa part, était complètement détendu avec les mains dans le dos. Sans la raideur de sa mâchoire, Bilbo aurait dit que le nain était complètement à l'aise face à l'idée d'être examiné comme un morceau de viande.
« Eh bien n'êtes-vous pas un beau nain, » Roucoula sa grand-mère, posant sa main sur sa joue. « Vous ne pouvez pas être beaucoup plus vieux que mon Bilbo. »
Thorin sourit légèrement. « En fait, j'ai cent-quatre-vingt-quinze ans, ma dame. »
Laura haleta et couvrit sa bouche alors que ses yeux s'écarquillaient. « Non ! Vous avez l'air bien trop jeune pour être si vieux ! »
« Merci mais je suis un nain, ma dame. Nous ne vieillissons pas de la même manière que les hobbits, » Dit gentiment Thorin, ses épaules et sa posture commençant à se détendre.
« Oh, quelles bonnes manières vous avez ! » Gloussa sa mamie. « Comme c'est agréable de rencontrer au roi de l'ouest aussi poli. »
« En fait, je viens d'Erebor, qui est à l'est d'ici. »
« Vraiment ? Avec cet accent je pensais que vous étiez des Montagnes Bleues. »
« Je le suis. J'ai commencé une colonie là-bas après la perte d'Erebor il y a des années. Ce n'est que récemment, avec l'aide Bilbo, que nous avons pu la récupérer, » Expliqua le nain, ses yeux se posant rapidement sur Bilbo, qui se tenait sur le côté, en sécurité.
« C'est bien mon Bilbo, toujours en train d'aider les gens. Vous savez qu'il avait l'habitude de m'aider à ramasser des pommes et des mûres pour mes tartes ? » Papota-t-elle, se levant en s'aidant de sa canne. « Il a toujours aimé mes tartes aux pommes alors j'espère que cela ne vous gêne pas si nous en mangeons un peu. »
« Pas du tout. J'apprécie aussi les tartes aux pommes, » Rassura Thorin, l'air inquiet pour la fragile hobbit. « Ma dame, avez-vous besoin d'aide ? Je serais heureux de vous aider - »
« Oh, bêtises, je vais bien ! Restez ici et gardez compagnie à mon petit-fils pendant que je vais chercher les tartes et le thé, » Dit légèrement Laura, agitant sa main libre en se dirigeant vers la maison. « Belba ! Sors la belle porcelaine ! Nous avons de la compagnie ! »
Thorin regarda avec amusement la vieille hobbit parler avant de se tourner vers Bilbo. « Elle n'a pas l'air si horrible. Je pense que tu exagérais vraiment avec toute cette peur et inquiétude, » Commenta-t-il.
Bilbo soupira et se pinça le nez. « Thorin, en cinq minutes elle t'a fait révéler ton âge, ton origine, ton histoire, et le fait que tu aimais la tarte à la pomme. Donne lui cinq minutes de plus et elle connaître le nom de tes parents, ton plat préféré et le nom de ton jouet d'enfance. »
Les yeux de Thorin s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit alors qu'il réalisait ce qu'il avait révélé à la vieille hobbit. « Je… Mais je n'ai même pas… ! »
Bilbo ne put que tapoter la main de son fiancé avec sympathie. « Je t'avais prévenu : pire que des orcs. »
Prendre le thé avec sa grand-mère et Thorin était… intéressant. Après avoir réalisé à quel point sa grand-mère était sournoise, le roi avait tenté de garder sa vie privée pour lui. Mais Laura Baggins n'était pas devenue la matriarche de leur famille uniquement parce que son mari était mort, et tissa facilement des toiles verbales qui, malheureusement, piégèrent Thorin.
« Alors vous viviez dans un palais ? » Haleta Laura, posant une main sur sa poitrine. « Oh, je ne peux pas imaginer comment votre mère faisait pour vous surveiller dans un endroit aussi grand. J'ai eu assez de problèmes à surveiller les cinq miens dans cette petite maison ! »
« Eh bien, elle avait l'habitude de demander aux gardes de nous trouver mon frère ma sœur et moi quand nous n'allions pas en cours, » Admis Thorin, finissant une tarte aux pommes par lui-même. Il était au milieu de sa bouchée quand ses mots le rattrapèrent et il se raidit en réalisant que, une fois de plus, il était tombé dans son piège.
Sur le côté, Bilbo buvait du thé avec sa tante Belba, la plus jeune sœur de son père. « J'ai l'impression que je devrais interrompre et le sauver de cette torture. »
« Si tu le fais, ta grand-mère utiliseras ses charmes contre toi, » Avertit sa tante, lui souriant gentiment par-dessus sa tasse bleue et blanche. Belba ressemblait surtout à sa mère avec ses tâches de rousseur et ses boucles dorées, mais ses yeux et sa personnalité étaient entièrement Baggins.
Il frissonna et posa doucement sa tasse. « En y repensant, il a besoin de l'entraînement s'il veut survivre à cette famille. »
« Sois heureux que le Vieux Took ne sois plus là. Quand Bungo lui a demandé la permission de se marier à Bella, il a drogué le thé de Bungo pour qu'il s'évanouisse. Puis il l'a traîné dans les champs et l'a attaché nu à un épouvantail, » Commenta Belba, ses yeux le regardant avec amusement. « Ce hobbit était très protecteur de ses filles, mais de Bella en particulier puisqu'elle était sa favorite. Bungo a du faire sa demande dix-huit fois avant d'avoir la permission de se marier avec elle. »
Bilbo pensa à ses mots pendant un moment et frissonna une fois de plus. Il aimait son grand-père et avait été proche de lui en grandissant, mais à ce moment précis il était heureux que le vieux hobbit ne puisse pas rencontrer Thorin. Il aurait fait fuir le nain ou l'aurait tué à coup de 'bière familiale Took'.
« Mon frère m'a dit qu'il s'était porté volontaire pour être l'adversaire Baggins pendant le match, » Continua sa tante, regardant sa mère battre verbalement Thorin. « Est-ce que tu sais qui sera le candidat Took ? »
« Non, Isengrim ne me l'a pas encore dit, » Répondit-il. « Je pense qu'il est toujours choqué par sa rencontre avec Thorin. »
Belba ricana. « Idiot de sa part d'oublier de qui tu es le fils. Il aurait du savoir que ton sang Took allait finir par surgir. Personnellement, je suis heureux que ce soit ça et pas quelque chose de pire, comme, porter des chaussures. Ugh, si indécent ! »
« Ne t'inquiètes pas ; je préfèrerais me raser les pieds que de porter des chaussures, » Assura-t-il, fronçant le nez en y pensant. « C'est déjà assez mauvais que les nains ne me laissent pas me couper les cheveux. J'ai tracé la ligne au port de bottes. »
« Pourquoi est-ce qu'ils ne te laissent pas te couper les cheveux ? » Demanda sa tante, son sourcil se levant comme le faisait celui de son père quand Bilbo faisait ou disait quelque chose de tellement stupide qu'il ne pouvait pas comprendre.
« Les cheveux sont très importants dans leur culture. Comme les pieds dans la nôtre, » Expliqua-t-il, levant une jambe pour agiter les orteils. « Quand je leur ai dis que je voulais me couper les cheveux, ils ont presque pleuré. J'ai décidé d'abandonner et de jouer le jeu. »
Le sourcil de Belba s'éleva un peu plus. « Bilbo, chéri, par Eru, que fais-tu avec un groupe aussi peu raisonnable ? »
Il haussa les épaules et but une nouvelle gorgée de thé. « Ils sont ma famille maintenant. »
Trois jours après son retour dans la Comté, Bilbo se retrouva traîné au concours de boisson.
Comme pour la plupart des choses impliquant les hobbits, le défi pour son droit de mariage s'était transformé en une fête géante qui semblait impliquer la majorité de la Comté. Même s'il ne doutait pas qu'une bonne portion des invités était là pour le soutenir, il savait aussi que la majorité étaient là pour manger et boire et danser. Les hobbits prenaient toutes les excuses possibles pour manger et boire tout la nuit.
Il avait été inquiet à l'idée de présenter ses nains à sa famille à cause leur vue des étrangers – la xénophobie était, malheureusement, un trait commun chez les hobbits – mais il fut surpris de les voir accueillis avec hésitation par sa famille. Ils semblaient incertains quant à son choix de mari, mais ils semblaient être prêts à donner à Thorin et aux autres une chance de se prouver. Les Took étaient de loin les plus amicaux, et avaient entraînés certains des nains sur la piste de dance. Les autres avaient été invités à boire et à jouer aux dés avec eux. Même les Baggins s'étaient, timidement, présentés et parlaient aux membres les plus calmes de la compagnie.
Puis il y avait Thorin, qui avait commencé le concours de boisson contre les membres de sa famille avec ses neveux en train de l'encourager.
Comme le demandait la tradition, il avait besoin qu'un membre de chaque côté de sa famille participe. Son cousin Flambard Took avait été choisi pour le côté Took et avait été le premier adversaire de Thorin. Flambard – son cousin bruyant et joyeux mais horriblement bouché – avait été facile à battre. Personne n'avait été surpris puisque Flambard était plus jeune et avait toujours eu du mal à tenir l'alcool. Il s'était évanoui après une heure et était maintenant en train de dormir sur les genoux de sa femme.
L'adversaire suivant avait été son oncle, Longo Baggins, que Thorin n'avait battu que par la force de sa volonté. Cela avait duré deux heures, avant que son oncle n'admette sa défaite. Au final il avait hoché la tête en direction de Thorin, ce qui venant de Longo était comme un gros câlin et un bisou sur le front.
Maintenant il essayait de battre sa grand-mère et pour le moment… ça ne se passait pas très bien.
« On dirait qu'il va vomir, » Commenta son cousin Adalgrim Took en grignotant un épi de maïs.
« Non, je pense qu'il va s'évanouir, » Nia sa cousine Rosa Baggins en buvant sa bière. « C'est évident qu'il ne va pas gagner. Maîtresse Baggins ne bouge même pas dans son siège. »
C'était certainement vrai. Sa grand-mère était toujours plutôt sobre et regardait Thorin avec un amusement évident alors qu'il faisait de son mieux pour rester sur sa chaise.
« Tu devrais vraiment aller le sauver, Bilbo, avant qu'il ne tombe du banc et ne s'ouvre le crâne, » Suggéra Rosa avec un sourire en coin. « Ce serait une honte de ruiner un si joli visage. »
« Tu sais, c'est ce genre de commentaires qui m'ont fait fuir à l'autre bout du monde, » Rétorqua-t-il en dépassant ses cousins en train de rire et en commençant à traverser la foule de hobbits. En se rapprochant, il entendit une grande clameur et des rires, et il soupira en réalisant ce qu'il s'était passé.
« Bilbo, » Dit sa grand-mère quand il réussit enfin à rejoindre la table où se trouvaient Thorin et Laura. « On dirait que ton roi a été battu. »
Bilbo hocha la tête en regardant le nain inconscient tenu par Fili et Kili. « On dirait bien. »
« Il s'est bien débrouillé, vu ce que Longo lui a fait subir, » Ajouta Laura en continuant à boire. « Il a même sortit la fameuse 'Folie Baggins'. Même moi je ne peux en supporter que trois verres. »
C'était un mensonge et ils le savaient tous les deux. Bilbo l'avait vue descendre un tonneau entier vingt ans plus tôt. Il commençait à sérieusement se demander si sa grand-mère avait du vin dans les veines à la place du sang, parce que ce n'était pas naturel.
« Mère va adorer cette histoire, » Ricana Fili en aidant son oncle à rester droit en le tenant par l'épaule. « Elle va se moquer de lui à jamais. »
« Dain va partager cette histoire pendant des années, » Ajouta Kili, souriant de toutes ses dents. « Peut-être qu'il oubliera même cette stupide histoire de sable et nous laissera tranquilles. »
Bilbo avait le sentiment que ce n'allait pas arriver, mais il n'avait pas envie de lui gâcher sa joie. A la place, il se concentra sur la matriarche de sa famille et pencha la tête sur le côté. « Alors ? Est-ce qu'il a réussi ? »
« Evidemment, » Répondit Laura, lui souriant derrière sa tasse d'une manière si familière qu'il réalisa enfin d'où son père et ses oncles et tantes tenaient cette habitude. « Sinon, tes oncles seraient en train de le traîner dans la porcherie la plus proche en ce moment-même. »
Fili et Kili se tournèrent et fixèrent la vieille hobbit en train de sourire.
« Wow. Je suppose que nous savons d'où viens la folie de Bilbo, » Marmonna Kili.
« Ne sois pas stupide, mon cher. Il y a une quantité égale des deux côtés, » Dit Laura, toujours en train de sourire.
« Les garçons, pourquoi ne pas m'aider à bouger Thorin à un endroit plus calme, » Suggéra-t-il, sachant d'expérience que s'il laissait ses nouveaux neveux avec sa grand-mère pendant plus longtemps, ils seraient potentiellement soit terrifiés soit émerveillés par sa malice. « Cet arbre là-bas semble bien, non ? »
Les princes hochèrent la tête et ensemble ils traînèrent le nain inconscient jusqu'à un arbre déserté un peu à l'écart de la fête. Après avoir aidé leur oncle, les deux retournèrent à la fête ; laissant Bilbo seul avec le nain évanoui.
Secouant la tête avec affection, il s'assit sous l'arbre à côté de Thorin et s'appuya contre l'écorce froide derrière-lui. Il se sentait fatigué et agacé et anxieux mais aussi, étrangement, très satisfait. Bilbo ne pouvait pas se souvenir de la dernière fois qu'il s'était sentit aussi heureux qu'en ce moment, ce qui était plutôt ironique puisqu'il n'avait aucune raison d'être si excité.
L'anneau avait toujours disparu et Sauron rassemblait toujours son armée et récupérait ses forces. Il y avait deux villes à reconstruire, une guerre à préparer, et un enfant à élever en roi. Il y avait aussi un mariage qu'il craignait un peu, de nouvelles lois et coutumes à apprendre, des politiques et alliances à faire, et pourtant…
Il était heureux.
Il était tellement heureux qu'il pouvait sentir la joie dans ses veines qui menaçait d'exploser à tout moment. Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire et de rire, et il voulait prendre tout le monde dans ses bras pour partager ce sentiment avec eux. Bilbo ne pouvait pas se souvenir d'un moment où il s'était sentit aussi heureux que là, avec sa famille et ses amis autour de lui. Pour la première fois depuis longtemps, il n'était pas seul ou perdu ou avec le cœur brisé à la pensée d'évènements qu'il ne pouvait pas changer. Il n'était pas effrayé ou incertain ou inquiet à l'idée d'échouer ou de faire tuer ceux qu'il aimait. Pour la première fois en une centaine d'année, Bilbo Baggins avait l'impression d'avoir trouvé sa place.
A côté de lui, Thorin grogna et bougea. « Qu… Bilbo ? »
Il fredonna et passa les doigts dans les cheveux du roi. « Oui, mon amour, c'est moi. »
Thorin le regarda avec des yeux rouges. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
« Tu t'es évanoui en essayant de battre ma grand-mère, » Répondit-il franchement, lançant un sourire en coin à son fiancé.
Thorin grogna à nouveau et se couvrit le visage. « Oh. J'ai perdu non ? »
« Yup. Mais ne t'en veux pas trop. Mamie Baggins a été impressionnée par ta performance, » Gazouilla le hobbit en tapotant la tête du nain. « Elle nous a donné sa bénédiction, comme le reste de ma famille. Félicitations, nous pouvons maintenant nous marier sans que ma famille ne me renie. »
« C'est génial. Maintenant pourquoi est-ce qu'il y a quatre toi ? »
« Ne t'inquiètes pas pour ça, Thorin. Ferme les yeux et repose-toi. »
Le roi renifla et se redressa légèrement pour poser sa tête sur les genoux du hobbit. « Mmm. Bonne idée. Maintenant raconte-moi une histoire. »
Bilbo rit et tira légèrement les cheveux toujours entre ses mains. « Une histoire ? Laquelle ? »
« M'en fiche, » Marmonna Thorin, enroulant un bras autour de la taille de Bilbo et se blottissant plus près de son estomac. « Je veux juste entendre ta voix. Elle me fait me sentir mieux. »
Bilbo sentit son cœur – une chose faible et vieille mais plus légère qu'avant – se serrer avant de se détendre alors que la joie se répandait à nouveau en lui. « Très bien. Dans un trou vivait un hobbit… »
