Hey !

Un peu de transition, un peu d'exposition et l'action arrive… Elle arrive et avec pleeeeein de chose en prime. On avance…

Merci pour vos retours, merci si vous voyez ce message ^^

Bonne lecture ~

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Chapitre 52

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Ce mois d'octobre est passé à une vitesse… L'Automne offre ses plus belles couleurs pour la fin du mois, mais l'été me semble toujours dater d'hier. Je ne sais pas dans quel genre de déni je m'enfonce, mais il fait froid dehors et moi, je me suis pointée chez Law en blouse légère et frigorifiée.

J'ai mis plus de temps à réchauffer mes mains qu'à lui retirer délicatement ses derniers pensements à la jambe. Les cicatrices ainsi dévoilées s'ajoutent à sa collection déjà impressionnante.

Installé assis au comptoir de sa cuisine, il me tend le bras.

- Quand tu veux.

Je respire à fond… et serre le garrot.

J'ai déjà repéré la veine, il ne me reste plus qu'à désinfecter la zone, saisir la peau et planter mon cathéter jusqu'à voir le retour veineux.

Monter le fin tube de plastique jusqu'à la garde, retirer le garrot, placer une compresse dessous, retirer l'aiguille, retirer le bouchon de ma tubulure, brancher la perfusion, tester le retour sanguin, gérer l'afflux de la solution transparente.

- Alors ? Tu vois que c'est facile.

Law qui me sert de cobaye dans mon entrainement s'amuse plus qu'il ne veut bien l'avouer.

Je respire à fond.

Mes cours de premiers secours sous sa tutelle se passent bien. Je me suis occupée de ses pansements jusqu'à la fin et je pose une perfusion du premier coup maintenant. Sur Law en tous cas, dont les veines sont apparentes et difficiles à manquer rien qu'à l'œil nu. Je le lui fais remarquer mais il s'en amuse le bougre.

- Tu noteras qu'avec un peu de chance, tu ne poseras jamais de perf' à une autre personne qu'à moi ?

- Que Roger t'entende, je prie en lui retirant la solution salée que je viens de lui poser, toujours dans les règles de l'art.

Il rit bas, me laissant faire en silence. Le silence, c'est sa meilleure manière d'exprimer son approbation de mes actes.

- Comment tu vérifies si une artère est touchée lors d'une blessure à un membre ?

- Le pouls aux extrémités, radiales et pédieux.

- Et si c'est le cas ?

- Compression si possible ou garrot au plus près de la plaie.

Si quelqu'un m'entend, que je n'ai jamais à utiliser tout ce que Law me matraque dans la tête à coups de sermons. Au moins il sait rendre la chose particulièrement captivante même si tout ça ne m'intéresse pas et me dégoute.

Je préfère de loin lire des romans que des livres de secourisme, y suivre les fils de l'intrigue et non ceux de plaies. Il m'aura quand même fallu six essais avant d'arriver à m'occuper des pansements de Law sans avoir des hauts le cœur. Comment ai-je fait pour le recoudre ce soir-là ? Je devais vraiment être dans un état second.

- On arrête pour aujourd'hui ? me demande-t-il.

- Oh oui, je soupire.

Ça fait trois heures que nous y sommes. Je sors de mon sac la tisane à la mandarine de Nojiko et pendant qu'il fait chauffer l'eau chaude, que je nous prépare la théière.

L'air de rien, je suis déjà venue chez lui suffisamment de fois pour être à l'aise dans sa cuisine et avoir visité les pièces à l'étage.

Son bureau est la seule pièce remarquable : des classeurs, des rapports, des papiers, partout du papier. Un bureau avec des cadavres de tasses, un ordinateur en surchauffe constante et des étagères couvertes de livres de médecine. Le tout, plongé dans une semi-obscurité permanente. Ou en tous cas c'est comme ça que je m'imagine Law travailler.

La bibliothèque est à l'exacte opposée, parfaitement bien rangée, et rien ne dépasse. La pièce est somme toute assez grande, avec des livres de toutes les tailles ou toutes les couleurs, sur des dizaines de sujets différents (en particulier la médecine) mais une section roman assez conséquente. Law est un amateur de fiction.

La chambre d'ami et sa salle d'eau ont juste le strict minimum pour une nuit tout confort. Toute la subtilité de la pièce réside dans l'une de deux armoires : à la manière de la petite infirmerie de Bonney, il y a dans ce placard tout le nécessaire de premiers soins voire plus avec un peu d'imagination. « Pen' et Shachi ont dormis ici plus d'une fois en sortant de soirées étudiantes sans cavalières et éméchés… » avait expliqué Law en levant les yeux au ciel.

Sa chambre à lui est sobre mais bordélique. Le lit n'est surement jamais fait, avec des chemises un peu partout, un jean dans un coin et la porte de la salle d'eau est ouverte en grand. Clairement, il n'a pas le temps de faire dans le détail, il doit passer plus de temps à son bureau qu'à dormir dans cette chambre.

Mais la cuisine est toujours parfaite. A tel point que je n'arrive pas à savoir si c'est parce qu'il n'y cuisine jamais ou parce qu'il a son côté maniaque.

- Tu restes manger ? J'ai du poisson et des légumes frais.

- Tu me parles bien là, je soupire en m'étirant, sans rougir de mon ventre qui gargouille.

Ça creuse ces bêtises.

- Attend un peu que je te parle de médicaments, pas sûr que tu ne regrettes pas…

Il a un sourire en coin moqueur et le regard brillant. J'y répond par une moue amusée.

- Allez balance. Je peux couper des courgettes et répondre à toutes tes questions sur les antalgiques en même temps.

- C'est ce qu'on va voir.

Cuisiner ici est quand même plus pratique que dans notre minuscule appartement à Koala et moi. Ici, on a un vrai plan de travail.

Et l'entrainement de Law est plus amusant quand il reste théorique…

Je remonte plus haut mes manches et fait craquer mes articulations pour plaisanter, mais il fronce soudain les sourcils.

- Tu n'aurais pas pris un peu de muscles ?

Ah ?

Alors là, je suis bouche-bée. Je regarde mes bras, je ne suis pas sûre de voir un quelconque changement.

- Je ne crois pas…

- Et moi je t'assure que si. Qu'est-ce que tu fais d'autre à part prendre des cours de premiers soins ?

Et bam, headshot, dans le mille. Je suis grillée et du premier coup. Il a du flair le mafieux.

- Rien de grave, je minimise comme je peux de mon ton le plus léger. Tu as vu mon cœur ? Je ne peux pas faire de sport de toute façon…

Il plisse les yeux, soudain un peu plus en colère et pas dupe pour un sou. Je grimace et passe une main sur mon bras par réflexe, mais je ne sens aucune différence sous mes doigts.

Et sous le regard perçant de Law, je me sens plus faible que jamais.

- Du coup j'ai demandé à Bonney de m'apprendre à utiliser une arme à feu.

Tada ! Ne me tue pas s'il te plait !

Je hausse les épaules avec mon air de comique le plus convaincant.

Il n'est pas convaincu.

Il secoue la tête, désapprobateur mais ne me crie pas dessus tout de suite.

- Pourquoi je ne suis même pas surpris ?

Il a l'air… étrange. Entre peine, regret… est-ce de la culpabilité ?

Oh, je n'avais pas vu ça venir. Je pensais qu'il serait en colère, qu'il me traiterait d'irresponsable ou qu'il m'ordonnerait d'arrêter immédiatement… mais il détourne la tête et se reconcentre sur sa casserole vide.

Je…

Je m'approche de lui, un peu indécise, la poitrine sérrée.

Il n'est plus en colère. Il se sent coupable.

Et soudain, moi aussi.

- Law, regarde-moi s'il te plait.

Il le fait. Son visage impénétrable n'a plus de secret pour moi.

Je comble le vide entre nous d'un pas et lui prend la main, rassurante.

- Tu n'as pas… à te sentir ainsi fautif. Je vie sur cette île depuis la naissance. Mon meilleur ami est le fils de Gol D. Roger et a été élevé par le Roi Sombre avant d'être en formation chez les yakuzas de Barbe-Blanche et qu'un tueur ne le poursuive. Je ne suis qu'un minuscule maillon dans mon entourage de frapadingues. Et cela, bien avant que tu ais pris l'habitude de te faire tirer dessus quand je suis dans les parages.

Il a beau le savoir…

- J'ai fait la connaissance de Bonney dans un autre contexte. Elle… a ma confiance la plus absolue. Je lui ai demandé à elle et non à Hina ou Smoker car je savais qu'elle aurait plus de temps à m'accorder et qu'elle serait moins réticente. Tu te souviens de notre conversation ? Je veux juste… pouvoir être utile si quoi que ce soit arrive encore.

Il ferme les yeux et secoue la tête, comme pour chasser une mauvaise pensée. Il me rend enfin ma poignée de main avec douceur.

- Je suis un danger supplémentaire…

- Cette conversation est déjà réglée depuis longtemps.

Il esquisse enfin un bref sourire, plus chaleureux. Il a compris que son avis n'avait plus d'impact à mes yeux sur ce sujet et qu'il n'y changerait rien.

- Je suis donc si transparent que ça ?

- Pas du tout, mais tu es un livre ouvert pour moi.

Je lève le nez avec une petite fierté et il me répond d'un rire léger.

- J'ai vraiment pris des bras ? je demande en jetant encore un regard sans y voir la moindre différence.

- Oui. Ils sont plus dessinés qu'avant. Tu as toujours eu des abdos et des jambes fortes grâce au skate, mais tes épaules ressortent un peu plus maintenant. La différence avec l'année dernière est visible.

Je hausse très haut les sourcils, surprise.

- Tu avais pris le temps de remarquer tout ça ? Dois-je me sentir flattée ou inquiète ?

- Ni l'un ni l'autre, déformation professionnelle. Je vois rapidement ce que le corps exprime.

Je vois ce qu'il veut dire mais je fouille malgré moi dans ma mémoire…

Je porte des short alors mes jambes d'accord. Mais à quel moment il a pu voir mes abdos au juste ?

Il a beau avoir squatté mon appart un été entier, je n'ai pas souvenir d'être passée le ventre à l'air devant lui. J'ai dû le faire sans m'en rendre compte. Un t-shirt déchiré d'Ace ou quelque chose comme ça…

Je libère sa main, cogne mon épaule contre son avant-bras, joueuse maintenant que la crise est passée.

- Elle t'entraine bien au moins ?

- C'est un excellent professeur. Elle me fait porter beaucoup de chose à bout de bras entre autres, mais je ne pensais pas que ça se verrait.

- Et du corps à corps ? Elle a le port et l'attitude d'une combattante, elle sait se battre, c'est certain.

Il y a une note de respect dans son intonation que j'apprécie beaucoup.

- Je n'en ai littéralement pas le cœur même si je pourrais jouer sur mon physique. Disons que l'esquive reste ma meilleure option. Enfin, ma seule option. Et Bonney est très polyvalente.

- Hina pourrait t'apprendre un truc ou deux aussi.

Je hausse les épaules.

- Ils sont déjà débordés, je ne vais pas empiéter sur leur temps libre. Mais un jour peut-être.

Je préfère que la discussion ne s'attarde pas sur Bonney, penser à Lamy n'est pas le meilleur truc à faire. Je n'ai pas son poker-face…

Je préfère quand, rassénéré, il se concentre sur notre repas et les nombreuses questions qu'il continue de me poser…

Je préfère notre tranquillité.

Entaché par un secret que je dois garder car il n'est pas le mien… mais j'essaie de me convaincre : ce n'est que pour le mieux, je n'ai pas à y penser…

Il n'est pas aussi seul qu'il le croit.

Lamy est là et sera toujours là, qu'il le veuille ou non d'ailleurs.

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- On parlait de vous avec Law pas plus tard que la semaine dernière, je m'amuse en entrant chez Smoker et Hina.

Hina lève un sourcil interrogateur et j'entends Smoker râler au loin.

Il est coincé dans un fauteuil, sa jambe bandée surélevée.

Hina ne va pas beaucoup mieux avec son bras en écharpe.

Mon cœur se serre dès que mon regard tombe sur leurs blessures, mais ils sont vivants, habitués et je suis plus qu'heureuse qu'ils m'aient appelé pour me demander de l'aide alors qu'ils sont à nouveau blessés.

Je retire mes chaussures et remonte mes manches pour me mettre au travail.

Hina, dans l'encadrement de la cuisine, me regarde commencer à sortir la nourriture et les plats de toute la pièce.

- Vous disiez quoi ?

- Que j'aurais bien besoin de vos conseils pour des cours de self-défense, je rie.

Mais elle reste sérieuse et me désigne du menton.

- Il me semble que quelqu'un est déjà en train de te donner une base ou deux.

Touchée, coulée. Deux fois en une semaine, je suis nulle.

Je hausse les épaules puis le regrette aussitôt, voulant soudain tout cacher…

Quelle idiote !

Je n'ai rien à cacher à Smoker et Hina.

- Il s'est passé trop de chose l'année dernière pour que je ne me bouge pas plus.

- Hum…

Elle semble pensive.

Je profite de son instant de réflexion pour commencer à préparer plusieurs plats. Je ne suis venue qu'aider un peu, comme tous deux vont avoir du mal à se préparer à manger pour les prochains jours, alors je m'y attèle.

- Tu avais déjà des abdos et des jambes fortes grâce au skate…

Je rie derechef.

- C'est exactement ce que Law m'a dit ! A quel moment tu-

Oh.

Je sais à quel moment.

A quel moment ils ont vu mon ventre.

Je sais à quel moment elle m'a vue nue.

Je m'embrasse, mortifiée.

Me laissant glisser sur le plan de travail, brulante, je reprends ma respiration.

- Cara ! Tout va bien ?

J'ai honte, très honte. Mais ça va aller.

Je hoche vaguement la tête dans mes bras et me redresse le plus rapidement possible malgré mes jambes en coton, droite et fière même si je sais que je dois être plus rouge que le poivron que j'étais en train d'émincer.

- C'est rien, je toussote. Je vais me passer de l'eau sur le visage.

Elle risque de s'évaporer dès qu'elle touchera mes joues tant elles sont brûlantes, mais ça me fera du bien.

Ce n'est qu'en arrivant face au miroir que je me rends compte que c'était en réalité une très mauvaise idée.

Je préfère fuir mon regard encore un peu. J'ai mis… un an… à réaliser que Law, Hina et Smoker m'avaient vu entièrement nue puisque ce sont eux qui m'ont sauvé de Peter Pets.

Mais… aucun d'eux n'a jamais évoqué la chose, chacun avait eu un regard professionnel et non personnel. Ça m'aide à me reprendre.

Le vertige qui m'avait mis à terre cesse plus rapidement que prévu.

Ça fait plus d'un an et je n'ai jamais eu à en rougir avant, hors de question d'être mal à l'aise maintenant.

Inspiration, expiration et je suis repartie.

En arrivant jusque dans le salon, Hina et Smoker me regardent tous deux avec un regard inquiet. Je leur sourie.

- Qu'est-ce que vous voulez pour le dessert ?

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J'adore le NewKama Land. Même la journée, quand tout est vide et qu'il n'y a personne sur la piste de dance ou sur scène, l'ambiance reste presque tangible dans les murs, incrustée dans la peinture, dans le verre des chandeliers.

Qui met des chandeliers dans une boite de nuit au juste ? C'est absolument la classe.

On n'était pas venus depuis longtemps…

C'était trop agité, on ne devait pas être dans l'ambiance.

Ace est ici chez lui, accoudé au bar avec son verre de jus d'ananas.

Koala fait les cent pas sur la piste de dance vide, mais il émane tellement d'émotion d'elle, qu'elle en impose dans cette fosse déserte.

Mon verre est presque vide, j'angoisse un peu.

Sabo et toute l'équipe du Bartigo sont dans leurs bureaux, juste à l'étage. On voit la porte de notre siège. Elle est fermée depuis plus d'une heure, ce qui est normal.

Mais j'angoisse.

Sabo a terminé son roman.

Je savais à quel point c'était important pour lui qu'il soit lu par la rédaction du Bartigo, je lui ai donc fait une correction jour et nuit, au téléphone avec lui toutes les deux minutes, pour que tout soit vu et revu à temps.

On n'a pas beaucoup dormi la semaine dernière et c'était surtout en cours de culture G qu'on rattrapé notre sommeil.

Mais je suis confiante.

Sabo est bon.

Très bon. Et jeune. Très jeune. Il va devenir encore meilleur, je le sais.

Alors même si le stress est présent, je suis confiante.

Ace n'est même pas inquiété.

Il a lu de la première ligne au point final le manuscrit lorsque nous avons fini de le corriger. Il a serré son frère dans ses bras avec une immense fierté.

Koala l'a lu… et s'est jetée à son cou pour l'embrasser. Nous en avons conclu qu'elle avait bien aimé.

Et nous voilà tous les trois à attendre la sentence.

- Cara, cette porte va finir par plus jamais s'ouvrir si tu continues à la fixer comme ça.

- C'est le pire calambour que tu n'es jamais fait, Ace.

Il hausse les épaules, quand même fier de lui. Je lève les yeux au ciel, amusée mais juste un peu et plus par sa désinvolture qu'autre chose.

- Vous vous rendez bien compte qu'il va être publié, pas vrai ? nous demande Ace, toujours à son verre et beaucoup trop détendu.

- Oui, j'ai confiance en lui, affirme fermement Koala en revenant vers nous pour s'assoir elle aussi.

Je hoche fermement la tête.

- Bien, alors parlons sérieus'ment.

A ma grande surprise, il abandonne soudain son verre pour se pencher vers nous, joueur. Ma coloc et moi échangeons un regard. Ce n'est jamais vraiment bon lorsque Ace a ce regard…

- Il va donc être à l'honneur avec les autres nouveaux publiés du Bartigo au Prime du Solstice d'Hiver.

- En effet, je dis avec suspicion sans vraiment voir où il veut en venir.

- Bal, dance, cérémonie, petit-four et champagne, on est d'accord ?

- Oui…

- Donc Sabo va y aller avec Koala…

Aussitôt, l'intéressée rougie jusqu'à la racine des cheveux.

- Je… n'avais pas penser à ça, réalisa-t-elle.

- Heureusement que j'suis là pour penser au fun et à l'amusement, aux futilités d'la vie et à la bonne humeur générale de tout l'monde, à la danse et aux embrassades, à-

Il est coupé par le coup de poing de Koala qui tourne la tête, toujours rougissante comme une jeune fille en fleur.

On échange un regard avec Ace, entre amusement et consternation. Il rit bas et la laisse se reprendre toute seule dans son coin (à moins qu'elle ne fasse que s'enfoncer davantage en s'imaginant danser avec son angélique petit-ami…).

Nous la laissons à son imagination débordante et Ace se tourne vers moi, le regard brillant.

- Tu penses y aller avec quelqu'un ?

Je grimace.

- C'est quoi cette question ? Tu sais bien que je n'ai personne à inviter. A part Luffy si Nami ne peut pas l'accompagner.

Il cligne des yeux, surprit.

- Ben. Et moi ? C'était une vanne, j'pensais qu'on irait ensemble.

Oups.

J'ai trébuché.

Autant jouer franc jeu.

- Tu ne voudrais pas plutôt inviter Marco ?

Je le prends par surprise. Il ouvre la bouche. La referme, pensif.

Mince, est-ce que je viens de clouer le bec à Ace ?!

La situation est tellement improbable que même Koala revient avec nous, attentive.

- Heu…

- Ace, je le coupe, le voyant hésiter. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, tu n'es pas obligé de répondre. Oublie ma remarque, c'était stupide.

Même Koala ne cherche pas à le titiller ou à se moquer. Elle fait un pas en arrière pour indiquer qu'elle n'a pas à prendre part à la conversation.

Ace rougit doucement sous ses taches de rousseur, passe une main dans sa tignasse noire…

- Heu… ouais ? J'oserai pas, il avait déjà du mal avec moi au début, tu t'souviens ? Pas sûr qu'il est envi d'accompagner un ado d'toute façon, il pourrait croire… je sais pas…

Je sais ce qu'on pourrait croire.

- Vous avez une différence d'âge.

Il grimace.

- Crois-moi, je la sens.

Il est rare de le voir si sérieux. A se livrer ainsi, il exprime enfin ce que Sabo et moi redoutions un peu sans vraiment oser l'avouer. Koala doit se sentir de trop car elle se lève, prend nos verres vides et s'éloigne pour les laver avant de nous en resservir d'autres.

Entre nous, Ace se détend un peu.

- Il te plait ce Marco, hein ?

- Ouais… Mais bon, nous avons une sacrée différence d'âge. Je suis même pas majeur. J'espère que ça me passera. Je suis juste sensible à son charisme, rien d'autre.

Hum… Il essaie d'être réaliste, mais il sonne défaitiste à mes oreilles. Et pour qu'il utilise un tel vocabulaire, c'est qu'il y a bien trop réfléchis. Seul. Cette andouille.

- Peut-être que tu devrais juste laisser le temps faire son effet ? je propose lorsque je comprends qu'il n'ajoutera rien si je n'enchaine pas. Donne-toi du temps. Nous sommes encore jeunes.

Il hausse les épaules, un sourire en coin.

- Ouais…

- Quant à Marco…

Je ne vais pas lui dire que le jeune homme semble très sensible à la personnalité d'Ace, qu'il semble apprécier notre adorable Prince plus que prévu, même s'il le cache plutôt bien.

Sabo a eu l'occasion de d'observer plus que moi et de son propre aveux, Marco est tout aussi conscient de leur différence d'âge qu'Ace. Il ne va pas faire ou dire quoi que ce soit si jamais ses sentiments évoluent avant plusieurs années. C'est le genre d'homme qu'est Marco et même Sabo avait salué ce fait sans râler.

Ces deux-là, on entendra peut-être parler d'eux mais pas dans l'immédiat.

- Garde ton ami, je lui propose. Il sera sûrement là de toute façon, avec Izou, le Professeur Nico et son mari. Vous pourrez vous parlez là-bas. Et Sabo aura surement d'autres Primes dans quelques années… si les choses évoluent.

Il soupire… me sourit.

- Ouais…

Il se secoue et me tend la main, prince charmant.

- Viendriez-vous à ce Prime avec moi, Miss Swallow Cara ?

- J'en serai honorée Ô Prince Gol D. Ace.

Il rit mais me fait déjà me lever pour faire un tour de piste de dance dans ses bras. Koala prend ça pour une autorisation à revenir parmi nous, avec nos verres.

Et elle manque de tout faire tomber lorsque la porte s'ouvre avec Ivan, portant le manuscrit à bout de bras.

- C'est validé !

Sabo derrière lui est à deux doigts de l'évanouissement. Mais fier.

- Vous voyez ? Je vous l'avais dit, rit Ace, tout aussi fier de son petit frère. Et maintenant, champagne !

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Demain, nous serons en décembre.

Dans vingt-deux jours tous ronds, aura lieu le Prime biannuel du Bartigo où les auteurs et surtout les nouveaux sont conviés ainsi que leurs proches pour faire la fête dans l'illégalité la plus totale.

Le Professeur Nico étant une de leur auteure phare, elle s'était fait un plaisir de féliciter Sabo à la première occasion, en lui assurant qu'elle serait son chaperon pour son Prime. La nouvelle l'avait beaucoup soulagée.

Le stress du manuscrit disparu, nous nous étions penchés sur des choses bien plus frivoles. Avec qui y aller et comment nous habiller entre autres.

Koala et Sabo étant bien entendu à l'honneur.

Rayleigh avait pris ses trois garçons dans une seule embrassade avant de les emmener dans un magasin de vêtements digne de ce nom. Il a ensuite appelé Benn pour passer nous prendre, Koala, Nami et moi.

J'ai un mauvais souvenir de la dernière fois que je suis montée dans la voiture d'un yakuza… mais le Bras Droit de Shanks conduit plus prudemment que Marco.

- Ça va les filles ? nous salut-il avec sa voix paternelle et rocailleuse.

Il peut être effrayant avec ses traits durs et sa cicatrice, mais cet homme est une perle de douceur et de calme. Un homme intelligent, jamais dans le jugement. Je l'apprécie beaucoup.

- Shakky ne pouvait pas venir vous prendre aujourd'hui, mais vous avez de la chance. On a une très belle boutique de robes de soirée dans notre Quartier, le propriétaire est un ami proche. Ce sera le juste prix et vous avez toute la boutique pour vous toutes seules toute la matinée. Bon shopping !

Il nous dépose et promet de venir nous chercher pour midi.

Koala n'a jamais été très robe ou soierie, mais une chance pour elle, Nami est une experte. Elle me regarde des pieds à la tête, comme pour me demander si j'ai besoin d'un coup de main pour choisir une robe et je lui affirme que non. Elle peut se concentrer sur ma colloc' et elle s'exécute, disparaissant dans les profondeurs du magasin en la trainant derrière elle.

Si Koala peut se permettre de faire des folies, ce n'est pas mon cas. Comme je travaille moins au Laboon's Soul, mes revenus ont évidemment diminué et la part consacrée au loisir est bien plus petite. J'économisais juste pour cette robe, pour faire honneur à Sabo.

Je ne sais pas comment je vais faire quand je serais étudiante…

Raaaaah ! Ce n'est pas le moment d'avoir de telles pensées.

Je fouille entre les tringles, d'un mannequin à l'autre… J'ai beau avoir affirmé à Nami que j'allais me débrouiller, je n'ai jamais été très rubans ou dentelles.

Quelque chose de simple, sans fioriture. Court. Je n'ai pas l'âge ou la taille de mettre quelque chose de long, hiver ou non.

Mon regard passe de l'une à l'autre… puis se pose sur une robe vert-d'eau.

Bustier taille empire soutenu par un ruban noir. Simple, efficace. Je la trouve assez jolie.

Mais dès l'instant où je la passe dans la cabine d'essayage et que mon regard croise mon reflet, je me rends compte de mon erreur.

Law et Hina avait raison : mes épaules et mes bras ont plus de reliefs qu'avant. J'avais parié jusqu'à présent sur le fait que Koala me voyait tous les jours pour ne pas qu'elle le remarque, comme je ne l'avais pas remarqué… mais là…

J'ai dû perdre un peu de rondeur au niveau du visage, mes pommettes ressortent plus qu'avant… et vraiment mes épaules… Je suis loin d'être une athlète mais j'ai l'air quand même un peu ridicule dans cette robe.

- Cara ? Tu as trouvé quelque chose ?

Le murmure désespéré de Koala derrière le rideau, qui s'est surement échappée des griffes de Nami quelques secondes.

- Pas tout à fait.

Je ne vais pas pouvoir sortir ainsi devant elle. Puis soudain, je me souviens d'un petit quelque chose.

- Miséricorde, Koala, tu me rendrais un service ?

- Tout ce que tu voudras ! affirme-t-elle avec désespoir (Nami doit vraiment lui en faire voir de toutes les couleurs. Littéralement.)

- J'ai pris une robe bustier, j'avais oublié mon pacemaker, on ne voit que ça maintenant. Il y a une veste très courte sur le portant à ta droite. Juste des manches avec un dos. Noir. Tu pourrais me l'attraper ?

Je garde mon calme, je tiens mon rôle mais je pourrais en trembler si je n'avais pas un peu de self-contrôle à ce stade.

Elle me passe enfin la veste que je passe en vitesse.

Le tissu n'est pas moulant, il cache immédiatement mes bras et mon pacemaker tout en me redonnant l'air d'une lycéenne avec un air innocent et immature. Je préfère ça pour faire face à Koala.

Je sors de la cabine avec une interrogation silencieuse.

Koala a un sourire éclatant.

- Tu es superbe !

J'ai ma tenue.

J'ai mon masque.

La soirée peut commencer, si personne ne vient à mourir devant ma porte entre temps.

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Merci pour votre lecture ~

Désolée pour les délais de post... life.

Bonne semaine !