Bonjour à tous, j'ai un peu d'avance et je voulais fêter l'arrivée du week-end. Je me suis donc dit qu'un petit chapitre, ça vous ferait plaisir :)

Merci à mes revieweurs Marinels56, cmoa, Guest et PoneyRose.

J'ai grâce à vous la motivation nécessaire dans l'écriture de cette fic qui me demande non seulement beaucoup de temps, mais aussi de l'énergie émotionnelle pour aborder correctement tous ces sujets qui sont évoqués dedans.

Je serai ravie d'avoir l'avis d'un peu plus de mes lecteurs, ça serait vraiment gentil à vous, si vous preniez quelques fics, en fin de chapitre pour me dire ce que vous en avez pensé, je compte sur vous.

Bonne lecture :)


Rar Guest : Bonjour toi! Comme j'aimerais d'avantage échanger en MP avec toi :) Te lire est toujours un réel plaisir et je me demande qui se cache derrière cet ange gardien anonyme qui prend chaque fois la peine de lire et de commenter, si tu crées un compte, et j'espère que tu le feras, je serai ravie de venir discuter avec toi ! Je suis ravie que les petits détails que j'ajoute, pour le réalisme, te plaisent :) J'espère que tu vas avoir tes réponses à mes questions dans ce chapitre! Au plaisir de te lire !


Chapitre 60

Elle était bien triste cette ambiance qui régnait entre Sirius et Remus pendant les vacances scolaires de la Toussaint. Cela faisait deux jours que James et Peter étaient rentrés dans leur famille respective, à l'instar de nombre d'élèves du château, dès le lendemain de la soirée d'Halloween, soit deux jours après la pleine lune. Et c'est inquiets qu'ils avaient tous deux laissé les deux autre maraudeurs seuls, au château le temps des vacances.

Ils avaient constaté tous que le jeune Black était en colère, et si James avait essayé de le faire parler, c'était peine perdue. Il refusait de dire quoi que ce soit. Il n'y avait que dans la cabane hurlante qu'il était redevenu Patmol, toujours aussi joueur et agréable de compagnie. Mais le reste du temps, même pour le banquet, il avait continué d'afficher cet air morne et désabusé, surtout envers Remus.

Alors qu'ils les raccompagnaient jusqu'à la grille du château, James avait même murmuré un « Prend sur toi, Sirius, s'il te plaît ». Seuls les yeux noirs plein de colère du garçon lui avaient alors répondu. Et depuis l'incident, Remus n'avait plus jamais osé jeter un regard vers la table vert et argent.

L'ambiance n'était donc pas à la fête dans le château de Poudlard, en tout cas pour les deux Gryffondors, habituellement, ils se seraient précipités dehors, avec les autres, pour profiter de la neige qui avait envahi le sol des extérieurs du château lui conférant un air solennel rapidement troublé par les diverses batailles de boules de neige engagées par les élèves.

Sirius et Remus n'y prenaient jamais part. Il régnait entre eux un non-dit que Remus n'avait pas la force de percer. Il attendait, chaque jour qui passait, que Sirius lui accorde un regard, une parole, mais cela restait somme toute rare. A cause de Severus Rogue… Il avait déçu son maître. Il le sentait bien, dans ses regards, dans ses gestes. Sirius devait être furieux. Cela n'avait pas aidé Remus dans sa pratique de la magie. Tout semblait lui être désormais impossible, pour un simple regard. Que son ami ne pouvait pas comprendre.

Il leur arrivait de croiser à l'occasion Severus Rogue, dans un angle de couloir, des étincelles semblaient alors émaner de Sirius qui, chaque fois, accélérait le pas, traînant Remus derrière lui, cherchant comme à mettre une distance le plus grand possible entre ce garçon et eux.

C'est dans ce climat tendu que les vacances s'étaient égrainées. Remus avait recommencé à faire de plus en plus de cauchemars, malgré les potions, et il n'osait pas demander à son ami si Patmol pouvait le réconforter. Il ne se sentait plus légitime de ce genre de demandes. Sirius voyait, la nuit, que tout était redevenu, presque, comme avant, qu'en journée Remus mangeait beaucoup moins, et qu'il baissait la tête devant lui un peu trop souvent à son goût. Pour autant, il gardait sa rage au fond de lui-même, parce qu'en réalité elle n'était pas vraiment dirigé contre son ami, plutôt contre l'autre serpent. Alors, chaque jour qui passait, il se disait qu'il allait lui parler. Et chaque jour qu'il passait, il se sentait de plus en plus coupable et n'osait pas se lancer.

Et pourtant malgré cette relation qui se dégradait, malgré l'éloignement dont Sirius faisait preuve vis-à-vis de lui, Remus ne cessait de penser à Severus Rogue, à leur dernière conversation et surtout au moyen de faire craquer le Serpentard pour que celui-ci accepte de livrer son lourd secret, ne pouvant tout simplement par se résigner à tout bonnement rompre tout lien avec celui qui l'avait tant aidé.

Cet avant-dernier jour de vacances scolaires avait commencé comme les autres. Ils étaient allés déjeuner dans la grande salle, puis étaient tous deux revenus dans leur dortoir. Sirius n'avait cessé de réfléchir pendant la nuit. Il avait besoin d'aller vers Remus, de lui parler, de s'excuser aussi peut-être. Et toute la nuit, il n'avait cessé de répéter un petit discours qu'il s'apprêtait à débiter à son ami.

- Remus ?

Quelques secondes de silence passèrent, puis dans un souffle il entendit Remus lui répondre :

- Oui, Sirius ?

La voix de son ami n'était pas sereine. Sirius se tourna vers lui, après avoir terminé de plier son linge qu'il avait laissé en désordre toute la semaine sur une chaise qui aurait bientôt crouler sous le poids.

Les yeux tristes de son ami lui firent fondre toute conviction de ce discours si bien préparé.

- Tu voulais me dire quelque chose ? insista Remus face au silence de son ami qui semblait le regarder sans le voir, Sirius ?

- Oui, heu… je me demandais si tu voudrais descendre, profiter un peu des extérieurs aujourd'hui, Remus ? innova Sirius en lieu et place de la longue discussion qu'il avait prévue.

Dernier samedi avant la fin des vacances, la neige avait dehors tout recouvert et un froid mordant avait obligé les elfes de maison à ramener le double de bois habituel pour chauffer Poudlard.

Remus lui lança un regard étonné. Sirius lui parlait peu, très peu et c'était bien l'une des rares fois en quinze jours qu'il s'adressait à lui et c'était pour lui proposer de sortir se distraire.

- Ho, heu…je ne pensais pas que tu voulais me dire ça, mais si tu veux, commença-t-il avant d'être coupé par Sirius qui sentit un regain de courage monter en lui face aux paroles de Remus.

- Je me disais, cette nuit, on n'a pas passé de très bonnes vacances, hein !

Tout en parlant l'animagus s'était rapproché de lui, maintenant debout devant lui assis sur son lit, il semblait le toiser de toute sa hauteur.

- Je voudrais juste qu'on passe un peu de bon temps, on aurait pu sortir, faire une bataille de boule de neige, comme avant… il sembla à Remus qu'un air nostalgique naquit sur le visage de son maître, mais je t'avoue que j'aurais préféré qu'on reste là, tous les deux.

Il venait de s'assoir à ses côtés, leurs cuisses se touchaient presque et Remus déglutit bruyamment.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? souffla-t-il incapable d'avoir une respiration maîtrisée.

- Je ne sais pas, qu'est-ce que tu aimerais faire ? Enfin, Remus, c'est notre dernier week-end de tranquillité avant de reprendre les cours, je me suis dit qu'on aurait pu peut-être…se détendre enfin un peu tous les deux.

Tous les voyants de la nervosité étaient au vert chez Remus qui sentait une crise d'angoisse monter chez lui.

Des étoiles dansèrent devant ses yeux et il dût agripper sa couette pour rester en contact avec la réalité.

Il n'était pas très sûr de ce que Sirius lui proposait, il avait cependant perçu une possibilité, une demande de son maître. Maître qui avait été on ne peut plus sec avec lui, en colère à cause de l'un de ses actes, envers son pire ennemi.

Peut-être que cela avait changé sa vision ? Peut-être que Sirius voulait réclamer un dû qu'il n'avait alors jamais demandé ?

- Tout va bien Remus ? Tu es tout en sueur là, releva Sirius qui commença à s'inquiéter et se releva pour poser une main douce sur son épaule.

- Je t'ai fâché à ce point ? réussit à articuler Remus qui commençait déjà à faire le vide dans son esprit, prêt à parer toutes les éventualités que son maître venait de lui offrir.

- Fâché ? Remus, calme-toi là, je ne comprends pas pourquoi tu te mets dans cet état.

- Tu veux te détendre avec moi, seul dans notre dortoir ? explicita Remus qui ne savait pas s'il s'agissait d'un prélude malsain venant de Sirius à tourner ainsi autour du pot.

La main se décolla de lui, Sirius murmura pour lui-même quelque chose qu'il ne comprit pas et il le vit s'éloigner pour aller frapper un pan de mur faisant trembler les bois du lit proche.

- Oui, Remus, je voulais discuter de tout ce qui ne va pas entre nous et pouvoir enfin passer à autre chose. Te détendre, me détendre, en jouant aux échecs, en lisant des magazines ou en mangeant des satanées sucreries dont regorgent ces tiroirs, tout en parlant il avait associé des gestes à ses mots, jetant un magazine innocent qui retombant mollement par terre et déchira involontairement ce paquet de dragées surprises de Bertie crochue qu'il avait sorti rageusement d'un tiroir.

Remus l'étudia, se sentant soudainement bête, et craqua, se noyant dans des larmes qu'il n'arrivait pas à tarir. C'était pour lui comme s'il avait retenu jusqu'ici de toutes ses forces une vanne qui maintenant avait gagné.

Un silence lourd, marqué des pleurs de Remus, avait envahi le dortoir.

Et Sirius culpabilisait. Il savait qu'il n'aurait pas dû devenir ainsi aussi distant avec Remus, ça avait été plus fort que lui, parce qu'il s'était écouté, il lui aurait tout avoué, les lettres de Rogue, ce qu'il savait véritablement de ses abus. Mais il avait remarqué qu'après ses paroles, dans la Grande Salle, Remus était redevenu l'être terrifié qu'ils avaient recueilli. Il avait pensé qu'en lui laissant du temps, de l'espace, cela apaiserait leur situation, mais ça n'avait fait que l'envenimer. A tel point que son ami était convaincu qu'il aurait pu l'utiliser comme bon lui semble, dans ce dortoir, là où personne n'aurait rien pu deviner.

Jamais cette pensée n'avait traversé l'esprit de Sirius qui était juste trop malhabile dans ses réactions avec Remus, mais il comptait bien crever cet abcès qui les empoisonnait depuis trop longtemps maintenant.

- Je ne pensais pas qu'on en était revenus là, murmura-t-il, assis sur le lit de James, face à Remus qui paraissait inconsolable, j'étais loin d'imaginer que tu allais comprendre le pire dans mes mots, Lunard.

Le garçon lui lança un regard coupable.

- Ce n'est pas toi qui devrais avoir cet air, Remus, c'est moi, le corrigea doucement Sirius, je n'aurais pas dû laisser traîner cette situation, je sais que j'y suis pour quelque chose si tu en es arrivé à cet extrême.

Il était las sur ce lit. Foutu Rogue qui, même lorsqu'il ne faisait rien, empoisonnait leur vie.

- J'aimerais qu'on mette les choses à plat, Remus, toi et moi, mais avant ça, j'aimerais éclaircir cette situation qui ne me plaît pas. Je peux venir m'assoir après de toi ?

Il le regarda avec compassion, attendant nerveusement la réponse. Si Remus avait replongé dans ses travers de punitions sexuelles, il en était entièrement fautif, et ces derniers jours lui revinrent en mémoire comme une claque glacée.

- Oui, bien sûr, murmura finalement Remus qui se dégagea un peu sur le côté, les mains jointes devant lui.

Sirius se leva et doucement s'approcha de son ami, en veillant à éviter tout contact physique. Puis il lui tendit un mouchoir et un verre d'eau qu'il venait d'invoquer.

- Merci, bredouilla Remus qui ne savait plus quelle attitude il devait tenir.

- Tu peux te détendre, tu sais, Lunard, je ne suis pas fâché, enfin plus fâché.

Le regard qu'il reçut en réponse, empli de soulagement, lui confirma qu'il avait besoin fait de préciser cela.

- Penses-tu que Patmol aurait été aussi fou, la nuit de la pleine lune, à tes côtés si j'avais eu à ce point du ressentiment pour toi ?

Il laissa s'installer un silence qui apaisa les esprits avant de reprendre, d'une voix tendue :

- Lunard, il va vraiment falloir que cette angoisse que tu as, il hésitait sur les mots à choisir, enfin, je pensais que c'était bon, que tu avais compris que jamais, ... que je n'utiliserai jamais ça contre toi. Tu vois ce que je veux dire, Remus ?

Le jeune garçon voyait très bien, et il s'en voulait d'être revenu dans ce travers. Lui qui s'était tellement vu avancé, redevenir libre et heureux.

Tout ça à cause de Sirius et son inimitié avec le garçon qui l'avait maintenu en vie.

Sentant l'air lui manquer dans les poumons, il préféra se lever, il ne savait pas quoi répondre à son ami, qu'il voyait si bouleversé.

- Remus, entendit-il, alors qu'il tournait le dos à Sirius, tu le sais, hein ?

- Oui, Sirius, je le sais.

- Alors pourquoi ?

- Pourquoi pas ? En fait ? répondit simplement Remus en se retournant pour lui faire face., C'est vrai, Pourquoi pas Sirius ? Tu ne me parles quasiment plus depuis que tu m'as vu chercher du regard quelqu'un… tu me toises d'un regard lourd régulièrement et surtout… tu m'évites. Je sens et comprends ta colère, alors pourquoi pas ? Pourquoi pas évacuer cette colère, tu meurs d'envie de te défouler, parce que j'ai eu l'outrecuidance de regarder Severus !

- Rogue ! Pas Severus, Rogue ! le corrigea Sirius, exaspéré, dans un souffle avant de continuer d'une voix rauque, et c'est tout pile sur lui que j'ai envie de me défouler Remus, mais tu m'interdis de toucher au moindre petit cheveu gras de cet idiot !

Profitant qu'ils étaient en train de crever l'abcès, Remus eut le courage de demander :

- Pourquoi ? Pourquoi tu t'acharnes autant contre lui ?

A cette question, ce ne fût plus de la colère que Sirius ressentit, mais un sentiment de gêne, que remarque sans problème Remus qui revint à la charge :

- Qu'est-ce-que tu me caches pour être autant en colère contre lui, Sirius ? demanda finalement suspicieux Remus.

- Quoi ? Sirius porta la main à sa poitrine, quoi, comment ça ? Remus je ne te cache rien du tout.

Mais le ton bégayant peu habituel chez son ami poussa Remus à poursuivre son interrogatoire :

- Alors pourquoi es-tu si obsédé par Rogue ? Depuis le début des vacances tu me fais la tête, parce que j'ai cherché Severus du regard pendant le dîner ! Ce n'est pas un peu exagéré ?

Dans l'esprit de Sirius, au vu de ce qu'il savait, ça ne l'était pas du tout, au contraire, mais comment répondre à son ami sans rien révéler de ce qu'il savait. Il fit travailler ses méninges à vive allure, ce n'était pas le moment que Remus découvre l'existence des lettres. Aussi il opta pour une approche en douceur :

- Il était chez Tomson, il était là, Remus, tu l'as oublié ? Tu as oublié par qui tu as été soigné alors que Tomson te faisait ce qu'il voulait ?

Un tressaillement bizarre emporta l'estomac de Remus qui se demanda s'il n'allait pas vomir. Pourquoi Sirius avait besoin si froidement de lui rappeler ça ? Comme si lui pouvait oublier.

- Justement, Sirius, répondit son ami d'un ton doux mais blessé, il était là.

Sirius le regarda, perplexe, ne comprenant définitivement pas ce que Remus pouvait bien rechercher en la compagnie de cette vermine.

- Et moi, je ne sais pas, je crois que, Remus réfléchissait à ses mots, ne pas trop en dire, si Sirius apprenait les actes que Severus avait eu sur lui, sa colère ne serait qu'amplifiée, ça m'a lié à lui, d'une certaine façon, voilà pourquoi j'ai besoin de le voir.

Sirius huma l'air, les narines écarquillées. Il commençait à voir flou. Son secret venait étrangler leur discussion, il se prenait peu à peu les pieds dans les fils de sa toile de mensonges.

- Remus, ce n'est pas quelqu'un de fréquentable…, tenta-t-il

- C'est parce que tu es mon maître, que tu penses pouvoir décider à ma place qui est fréquentable ou non ?

Sirius ne s'en était pas rendu compte mais il s'était relevé, sa tête dépassait celle de Remus et il le toisait de toute sa hauteur.

Il ne cherchait qu'à le protéger de l'influence néfaste, des souvenirs cauchemardesques, des traumatismes avec lesquels Remus devait maintenant vivre à cause de lui.

Mais Remus ne pouvait pas comprendre tout ça parce qu'il lui manquait une donnée, la principale.

Devait-il enfin se jeter ? Avouer, pour que peut-être enfin Remus comprenne pourquoi il haïssait tant Severus Rogue et pourquoi Sirius ne comprenait pas que Remus ne le haïsse pas de même ?

Il posa un regard lourd sur sa malle, devant son lit. Cachées tout au fond, une liasse épaisse de courriers.

Verraient-ils enfin la lumière du jour ?

Avec une lenteur démesurée, sous le regard incompréhensif de Remus, il se pencha sur elle, l'ouvrit et commença à fouiller.

- Qu'est-ce-que tu… ? commença Remus, mais Sirius l'interrompit d'un mouvement de main.

Quelques secondes plus tard, il ressortit cette liasse de parchemins ficelés.

Sur la première enveloppe, Remus vit apparaître une écriture formant le nom de son ami et maître, une écriture qu'il avait appris à connaître et blêmit, les yeux s'écarquillant doucement d'horreur, comprenant rapidement que son secret n'en était finalement peut-être pas un et que la colère de son maître relevait du contenu de ces lettres qu'il avait maintenant dans les mains.

- Je vais te laisser lire tout ça, j'aurais préféré que James et Peter soient là, mais nous sommes, à cause d'elles, dans une impasse. Peut-être qu'après, tu comprendras.

Et d'une main tremblante, Sirius lui tendit la liasse et sortit du dortoir, le front couvert du sueur, incapable de prédire s'il venait de perdre son meilleur ami ou si un espoir de pardon était possible.

Resté seul dans le dortoir, perplexe face au paquet de courriers qu'il avait sous les yeux, étalés sur le lit, tous adressés à Sirius Black, à James Potter, parfois aux deux sur la même enveloppe, Remus tremblait. Qu'est-ce-que tout cela pouvait bien signifier ? Pourquoi Severus Rogue avait écrit à ses meilleurs amis, et pourquoi ceux-ci le lui avaient caché ?

Il décacheta au hasard une des lettres, le parchemin avait été défroissé, comme si quelqu'un l'avait serré trop fort dans sa main.

A l'intérieur, le papier était jauni, et l'encre bavait à certains endroits. Le courrier datait du mois d'août.

Nulle formule de politesse n'introduisait le courrier, pas de date, juste une encre noire dessinant des pattes de mouches, parfois bavantes, comme si le courrier avait pris la pluie.

« Je sais combien vous pouvez me haïr, mais sans moi, vous ne l'auriez jamais retrouvé. Black, peux-tu mettre ta colère de côté, le temps de sauver votre ami ? Il faut le sortir de là, mais vous allez devoir la fine maintenant. Son maître n'est pas quelqu'un de tendre, et ces mots sont encore trop doux pour le décrire. Il subit l'enfer au quotidien, je le soigne autant que je peux, mais il ne me fait pas confiance, vous ne pourrez pas compter sur moi pour le sortir de là-bas. J'ai trop abusé de lui, et croyez-moi, non Black, je n'en suis pas fier. J'en ai perdu le sommeil. Littéralement. Et si j'ai accepté le travail de Tomson c'est aussi pour m'assurer que Remus survive. Parlez-moi de votre plan, je verrai ce que je peux faire, mais faites vite, les soirées d'horreur se multiplient, il s'est évanoui à la dernière, et Tomson l'a puni pour cela. Je ne sais pas combien de temps encore il pourra tenir. Faites-vite, Remus a besoin de vous. S.R. »

Des larmes glissèrent sur les mains de Remus. Cette lettre n'était pas la première au vu de son contenu. Et James et Sirius avaient ça entre leurs mains avant même de le retrouver. Ces angoisses, ces traumas dont ils voulaient absolument qu'il leur parle, ils les connaissaient déjà.

Il commença à ouvrir frénétiquement chacun des courriers qu'il avait en sa possession, parcourant nerveusement chacun d'entre eux du regard, mais son cœur explosa quand il tomba sur celle qui était sans nul doute la toute première envoyée à ses amis, elle était tâchée, le hibou avait sûrement dû traversé une averse. Severus n'avait pas été fou, il l'avait envoyée à James, plutôt qu'à Sirius. Et elle contenait ces mots :

« Je n'aurais jamais cru écrire une lettre à mes pires ennemis un jour. Mais je ne peux plus garder mon secret plus longtemps. Vous n'avez pas de nouvelles de Remus Lupin, et vous devez sans doute être inquiets. Vous le serez encore plus à l'issue de ma missive. Je sais où il est, dans la demeure d'un homme riche, appartenant à l'aristocratie sorcière, il s'appelle Edward Tomson, il doit avoir une bonne trentaine d'années. C'est un homme influent et craint, d'une vieille famille de Serpentard, sans descendance, du moins de son côté, je ne connais pas plus que ça sa famille pour le reste. Il aime infliger de la souffrance et dominer ses esclaves. Son dernier caprice s'est porté sur votre ami, lors d'une vente d'esclaves. Depuis Remus vit l'enfer. Je sais que je risque ma propre vie sûrement en vous écrivant, surtout lorsque Black portera les yeux sur ma lettre ou si par malheur, Tomson découvre que je vous ai écrit. Mais je me le devais, peut-être pour sauver le peu qu'il reste de mon âme. J'ai commis sur cet être que j'avais cru détester des choses si terribles, poussé par l'influence d'hommes auprès desquels je suis moi aussi un peu prisonnier. Si vous saviez comme je m'en veux. J'étais obligé, ils étaient tous là à me presser de le faire, après être passé sur lui toute la soirée. Je l'ai mis contre ce mur où il me suppliait. Ce regard qu'il me lançait, ses supplications me hantent, mais je n'avais pas le choix. Souhaitez ma mort, faites de moi ce qu'il vous plaira, mais s'il vous plaît sauvez-le. Aujourd'hui je ne saurai vous situer la demeure de son maître, mais j'espère qu'en collaborant, nous arriverons à sauver votre ami. Il a besoin d'aide, urgemment. En espérant que vous me répondrez, et que d'ici là, Remus sera toujours en vie. Severus Rogue. »

Remus savait maintenant que le courrier n'avait pas pris la pluie, c'était les larmes de Severus, et probablement de ses amis qui avaient coulé sur ce parchemin, et maintenant les siennes.

Son cœur se serra au souvenir de la toute première fois où Severus avait abusé de lui. Il l'avait relevé du sol, poussé contre ce mur et avait tâché de faire vite. Ses mains tremblèrent, il pouvait encore sentir la dureté du mur froid contre son torse, tandis que derrière lui s'activait ce garçon. Apparemment cet acte l'avait autant traumatisé que lui. Remus se rappela soudain la seule chose qu'il lui ait dite juste après, ce mot lâché comme une bombe dans sa poitrine, ce pardon qu'il n'avait pas pu accepter sur le coup.

Remus chancela dans le dortoir, soudainement se sentant bien trop lourd, et tomba à genoux, des lettres tombant de ses mains, s'éparpillant sur le sol. A travers elles, Remus ne voyait que certains mots qui s'en échappaient, martelant son âme et son cœur de souvenirs qu'il voulait effacer.

Et c'en fût soudainement trop, un hurlement d'émotions trop longtemps gardées s'échappa de sa poitrine. Le loup, blessé et meurtri, laissait échappait sa peine, soulageant Remus qui se laissait aller à son instinct primaire. Le hurlement lui brisa bientôt presque les cordes vocales et c'est avec des larmes dévalant ses joues qu'il chercha à tâtons derrière lui une bouteille d'eau. Sans quitter les lettres des yeux il bût jusqu'à ne plus sentir le tiraillement dans sa gorge meurtrie.

Le choc de la réalité lui faisait face et ça faisait mal, trop mal. Il remerciait Sirius en pensée d'avoir eu la décence de sortir. Il ne sait pas ce dont il aurait été capable, dans l'immédiat, en apprenant ce secret qu'on lui avait caché pendant des mois.

Combien de temps passa-t-il à genoux sur la moquette de son dortoir ? Il ne pût le dire, la tête lourde de pensées, il décida finalement de rendre à son nez plein sa fonction première alors qu'il débordait, et tira un mouchoir de la boîte posée sur la table de nuit. Ses poings, serrés depuis trop longtemps lui firent mal quand il voulut le desserrer et il soupira devant ce qu'il venait de faire subir à son corps.

Il ramassa ensuite les lettres éparpillées devant lui, brûlant ses yeux par leur contenu et c'est sans vraiment les voir qu'il les réorganisa pour les enfermer dans cette ficelle, tentant d'étrangler par cet acte les souvenirs qui ne cessaient de l'assaillir. Quand il fût certain qu'elles ne pouvaient plus s'échapper pour lui sauter aux yeux, il se releva, faisant craquer ses genoux douloureux et tomba sur le lit, vidé de toute son énergie.

Ses pensées firent le tour de beaucoup trop de souvenirs faisant renaître des larmes dans ses yeux et c'est naturellement qu'il arriva finalement à les focaliser sur Severus Rogue. Pourquoi, au lieu d'être furieux, Remus avait simplement envie de le retrouver. De lui dire que maintenant il comprenait. Et pourquoi il avait par contre cette terrible envie d'engueuler Sirius. Son ami n'avait pas compris. Il restait aveuglé par les actes, oubliant la souffrance morale qu'ils avaient engendré.

Puis Remus soupira, lui non plus n'avait pas su comprendre. Il avait tant haï et craint cet homme pendant qu'il était enfermé chez Tomson, et même encore, au début à Poudlard.

Ces lettres le rapprochaient tellement de lui désormais. Deux êtres unis à travers l'invivable. Perdu entre sa colère contre Sirius et son besoin d'avoir près de lui Severus, Remus était noyé.

Il pleurait à chaudes larmes, épuisé, et d'un mouvement de rage lança à travers la pièce le paquet de lettres qui tomba mollement sur le sol, il ne voulait plus lire ces mots qui encraient ses viols et la violence qu'il avait connus. La tête enfouie dans ses mains, il n'entendit pas la porte s'ouvrir. Aussi il sursauta lorsque la main de Sirius le frôla, se posant avec une douceur hésitante sur son épaule.

- Ça va Remus ?

- Pourquoi me l'avoir caché, demanda-t-il d'une voix tremblante, Vraiment Sirius, pourquoi ne pas m'avoir dit que vous saviez tout ?

- On ne savait pas ce qui était le mieux, Remus, on ne savait pas si tu allais bien réagir au fait que nous savions que Rogue t'avait…

- Il n'avait pas le choix… articula Remus en l'interrompant, volontairement.

- Moi j'aurais préféré mourir, annonça Sirius d'une voix triste en s'asseyant près de lui, j'aurais préféré mourir que de te faire subir ça.

- Tu ne peux pas en être sûr, Sirius, rétorqua Remus, pendant ses longues soirées d'agonie et ses lendemains il avait souvent songé à ce qu'il se serait passé si ça avait été ses amis. Ne pense pas que pas que je doute de toi, mais ces hommes… ils étaient si violents, nous étions dans un tel climat malsain, crois-moi, Severus n'a jamais été le pire avec moi. Il tentait même d'esquiver autant qu'il le pouvait.

- Ça n'empêche pas qu'il l'a fait, objecta Sirius, ça ne fait pas de lui un saint, au contraire, c'est un Serpentard, le courage n'est pas son fort. Pardonne-moi de le haïr pour avoir violé mon meilleur ami, et pas qu'une fois. Il t'a frappé, aussi, il a assisté à des scènes sans bouger le petit doigt pour te venir en aide, non, Remus, je suis incapable de pardon pour lui. J'espère que tu es en mesure de comprendre et de respecter ça.

La voix de Sirius était tranchante. Remus pouvait le comprendre, mais il avait, lui, besoin de se rapprocher de ce garçon. Et il craignait la réaction de Sirius à cela. Il se contenta de le regarder. Non, il ne pouvait pas comprendre que son ami, qui se disait ne pas vouloir agir en maître avec lui, lui impose d'haïr une personne à laquelle, bien qu'il ne sût pas vraiment pourquoi, il tenait. Les actes avaient été ce qu'ils avaient été, mais il y avait eu aussi le pardon, le regret, la culpabilité et l'aide apportée…. Sirius refusait juste de voir ça et demandait à Remus de faire de même. Il ne le supportait pas.

- Tu nous en veux ? demanda Sirius au bout d'un moment, voyant bien que son ami était plongé dans ses pensées.

- Je crois que j'ai surtout besoin d'air ! annonça Remus en se levant. Ne me suis pas Sirius, s'il te plait. Laisse-moi.

Remus voyait l'inquiétude dans les yeux de celui qui était son maître, mais sur ce coup-là, il allait devoir lui faire confiance, il lui devait bien ça !

- Je te demande de ne pas faire de bêtise, s'il te plaît, quémanda Sirius.

La porte claqua, sans que Remus ne lui réponde. Sirius soupira en s'allongeant sur le lit. Avait-il le droit d'empêcher Remus de sortir ? Non… il n'était pas son maître. Et n'agissait pas comme tel, n'est-ce pas ?


Et voilà, un chapitre terminé, riche en émotions et en révélations ! J'ai hâte, peut-être sur ce chapitre plus encore, de lire vos impressions et réactions ! J'aimerais vraiment, pour ceux qui lisent sans forcément penser à laisser un petit mot, que vous preniez le temps cette fois de le faire ! Vous êtes une bonne cinquantaine de lecteurs en moyenne par chapitre, j'aimerais bien recueillir vos avis, ça compte pour moi, que ce soit positif ou négatif, c'est uniquement via ce biais que je peux avoir un retour alors n'hésitez pas et faites moi profiter de vos mots, ça m'encouragera pour la suite !
Mes amitiés, prenez soin de vous !

L.W