J'entre chez Severus et ce dernier sort de la cuisine, les bras croisés sur sa poitrine, le regard sévère.
-«Tu arrives tard, dit-il sèchement.»
Malgré tout, je ne sens pas de réel malice derrière ses mots, ni dans son air fâché. C'est simplement un masque qu'il aborde.
-«En effet, réponds-je. J'ai passé du temps avec mes amis.
-Va porter ta valise. Puis, nous mangerons.
-Tu ne m'as pas vraiment attendu pour manger?
-Bien entendu que je t'ai attendu.
-Oh! Sev, je suis désolé. Tu n'aurais pas dû.»
Je monte rapidement dans ma chambre, dépose ma valise et descends rejoindre mon ami.
Je m'assois et me rends compte que Severus a préparé mon repas préféré et qu'il a sorti une bouteille de vin. Il sert mon assiette et je me rends compte à quel point j'ai faim. C'est l'eau à la bouche que je regarde mon ami d'un air questionneur. Celui-ci est concentré à remplir nos coupes. Puis, il s'assoit et m'observe.
-«Il faut bien souligner la fin de ton parcours scolaire et les excellents résultats que tu as obtenus à tes examens, explique-t-il, répondant à mon questionnement.»
Un grand sourire apparaît sur mon visage. Son geste me fait chaud au cœur. Après tout, ce n'est pas son genre de célébrer un évènement. Mais, cette fois, il a pris le temps de souligner mes efforts et cela me touche énormément.
-«Tu es incroyable, Sev, dis-je après quelques instants. Merci.»
Nous mangeons et buvons du vin. N'étant pas habituée à boire de l'alcool, ça m'en prend peu pour que les effets commencent à se faire ressentir. Je parle plus et ris très souvent. Je m'amuse beaucoup et la bonne humeur de mon ami rend la soirée très agréable. Tout le négatif dans nos vies a disparu l'espace d'un moment.
Pouvoir avoir ces moments de bonheur lui et moi ensemble est incroyable. Nous en avons plus que besoin afin de rester sain d'esprit. Nous devons prendre des pauses nous aussi, se retrouver dans un cocon sécuritaire et se rappeler que nous sommes là pour l'autre.
Nous finissons la soirée sur le divan, mon dos appuyé sur la poitrine de mon ami, à parler de tout et de rien. Celui-ci avait sorti plus tôt du whisky Pur Feu et nous en avions bu une assez bonne quantité.
-«Les Centaures, ils sont apparus comment?, demandé-je. Penses-tu que c'est une femme et un cheval qui ont…
-J'aime mieux ne pas y penser, répondit-il, ses yeux ayant de la difficulté à fixer un point.»
J'éclate de rire et Severus sourit. Je me relève et il en profite pour étirer le bras afin de déposer son verre vide. Puis, je me rends compte que je suis fatiguée. Il est tard dans la nuit et le long voyage de Poudlard à la gare de King's Cross est épuisant. Je baye et me lève debout. Ayant peu d'équilibre dans l'état où je me trouve, je retombe dans le divan et ris.
-«Besoin d'aide?, me demande Severus.
-J'en suis capable toute seule.
-Ce n'est pas ce que je vois.»
Je tourne la tête vers lui en essayant de prendre un air fâché, mais ça ne fonctionne pas. Je souris sans pouvoir m'en empêcher. J'essaye à nouveau de me mettre sur pieds et y arrive malgré que je me sente chambranlante.
-«Tu vois, j'ai réussi!
-Et comment vas-tu faire pour te rendre à ta chambre?
-Ça, c'est une autre histoire.»
Je fais quelques pas et j'ai l'impression que le plancher bouge sous mes pieds. Toutefois, je suis déterminée à me rendre dans ma chambre. Severus me suit de près. Lui aussi à quelques difficultés à marcher.
À l'extérieur du salon, je perds l'équilibre et mon ami me rattrape avant de m'attirer contre lui. Je ne sais pas trop comment, ni pourquoi, mais nos lèvres sont près de celles de l'autre. Mon envie de l'embrasser est très forte et y résister est difficile. Toutefois, je sens les muscles de Severus devenir tendus et il recule d'un pas. C'est dans un silence un peu malaisant que nous continuons notre chemin.
Je ne sais pas comment nous avons fait, mais nous sommes à l'étage. Puis, le reste de la nuit est flou.
Je me réveille dans l'après-midi avec un mal de tête assez intense. Ça me prend quelques minutes avant d'être alerte. Puis, les évènements de la soirée précédente me reviennent en mémoire. J'ai trop bu d'alcool. Je change de position et me rends compte que je suis en sous-vêtements. Je ne me rappelle pas d'avoir enlevé mes vêtements.
En essayant de réfléchir à ce qui s'est passé à la fin de la soirée, mes yeux se posent sur les meubles de la chambre. Ce ne sont pas ceux de ma chambre. Je fronce les sourcils et m'assois. À côté de moi, Severus dort. Pourquoi suis-je dans son lit? Je ne sais pas.
Mon cœur manque un bond lorsque je réalise la situation. J'étais complètement saoule et je suis maintenant en sous-vêtements dans le lit de mon ami. Doucement, presque apeurée, je soulève les couvertures qui couvrent Severus. Il est torse nu, mais a toujours son pantalon. Je laisse tomber ma tête vers l'arrière avec soulagement. Il ne s'est rien passé entre lui et moi.
Je pose les yeux sur Severus qui dort paisiblement. Je souris en l'observant. J'ai envie de caresser son visage et d'être dans ses bras. Sentir sa chaleur contre moi serait merveilleux.
Puis, je fige. La porte qui enferme mes sentiments pour cet homme s'est ouverte. Non, il ne faut pas. Vouloir être plus que des amis avec lui ne me fera que du mal. Ce n'est pas à moi qu'il pense, mais bien à cette Lily Evans.
Je détourne le regard, alors qu'une colère s'installe. Il est incroyable à quel point je peux détester cette femme que je ne connais pas du tout. Je sais que c'est stupide, mais elle a, après tout, ce que j'aimerais avoir: l'amour de Severus. Suis-je jalouse? Peut-être bien.
Je secoue la tête à l'idée d'être jalouse d'un fantôme et remets mes sentiments pour Severus dans le plus profond de mon être. Ce qui m'aide, c'est le souvenir du bal de Noël où il a clairement pensé à Lily. Cette pensée est difficile à accepter, mais me fait oublier ce que je ressens pour lui.
Puis, je me lève et retrouve mes vêtements sur le sol.
Une heure plus tard, Severus me rejoint dans le salon. Il s'assoit et m'observe. De mon côté, je suis couchée sur le divan, le bras qui couvre mes yeux contre la lumière du soleil qui m'agresse.
-«Mal de tête?, demande Severus.
-J'ai l'impression que mon crâne va exploser, réponds-je.
-On a peut-être exagéré sur l'alcool.
-Dis-moi, pourquoi je me suis retrouvée dans ton lit?
-Tu as fait une crise, disant que tu ne voulais pas être seule. Je n'ai pas eu le choix que de te laisser dormir à côté de moi.
-Merveilleux.
-Tu t'es battu longtemps avec tes vêtements pour les enlever avant de t'endormir.
-Je ne me rappelle pas du tout de tout ça.»
Severus se lève et s'approche de moi. Il me tend un flacon contenant une potion.
-«Pour aider ton lendemain de veille, explique-t-il simplement avant de vaquer à ses occupations.»
Le lendemain soir, je décide d'aller voir Remus. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu et il me manque. C'est donc avec joie que je me rends chez lui.
Il m'accueille à bras ouverts, lui aussi très content de me voir. Après m'assurer qu'il va bien, je lui raconte comment se sont passés mes examens à Poudlard, ainsi que la dernière tâche du tournoi des Trois Sorciers et le retour de Voldemort. Il m'écoute avec attention sans jamais m'interrompre. Lorsque je termine, il baisse la tête, perdu dans ses pensées. Ça prend quelques minutes avant qu'il revienne à la réalité.
-«Tu as été chanceuse, lance-t-il. Voldemort aurait pu te faire du mal pour lui avoir parlé de cette manière.
-C'est vrai.
-Je t'en supplie, fais attention à toi.
-Je vais essayer, mais c'est difficile et stressant, et Voldemort est imprévisible.
-Je sais. J'aimerais tant que tu n'ais pas à subir tout ça.
-Ça ira. Severus est là. Je ne suis pas seule.
-Ça m'inquiète tout de même, dit-il en me serrant contre lui.»
Le restant de la soirée se passe dans la bonne humeur. Nous discutons jusque dans la nuit.
Trois jours plus tard, Dumbledore vient nous rendre une courte visite. Il nous informe de la journée et de l'endroit de la première réunion de l'Ordre du Phénix. Il nous explique aussi comment faire apparaître le quartier général se situant au 12, square Grimmaurd, à Londres.
Peu de temps après que Dumbledore a quitté, ma marque des ténèbres brûle. Celle de Severus aussi. Nous nous regardons, un stresse montant en nous. En quelques minutes, nous sommes prêts à transplaner.
Nous arrivons devant un vieux manoir près d'un cimetière, le même où Voldemort est apparu quelques semaines auparavant. Nous avançons vers la demeure. Près de la porte, celle-ci s'ouvre. Queudver nous accueille en faisant une révérence. Étrangement, son geste enlève la peur qui m'avait habitée lorsque ma marque des ténèbres a brûlé. Après tout, il me démontre qui domine et qui se soumet. Ça me réconforte de savoir que je fais partie du premier groupe et un masque de calme et d'assurance apparaît sur mon visage.
Voldemort est assis confortablement dans un fauteuil et caresse doucement la tête de l'énorme serpent qui était présent dans le cimetière. Puis, d'un mouvement de sa main, deux autres fauteuils s'approchent et arrêtent leur course devant le Maître. Il nous fait signe de s'asseoir.
Mon père me regarde observer le serpent avec des yeux brillants. Je ne peux pas me résoudre à ne pas fixer l'animal. Ce dernier semble posséder une grande intelligence et cela m'intrigue.
-«Elle s'appelle Nagini, m'informe Voldemort en Fourchelang. Elle est mon amie la plus chère.
-Elle est si magnifique!, dis-je en souriant. Et je peux voir à quel point vous êtes très proches tous les deux.
-Nous nous connaissons depuis de longues années et elle m'a aidé à de nombreuses reprises.
-Que fait son venin?, demandé-je, curieuse.
-Il empêche la blessure de guérir rapidement.
-Donc, si elle mord, par exemple, au niveau du cou…, commencé-je.
-Sa victime mourra rapidement, vidée de son sang, termine-t-il.
-C'est incroyable et terrifiant je dois avouer.»
Voldemort rit et je tourne la tête vers lui.
-«Mais je vois dans tes yeux que l'amour que porte notre famille pour les serpents n'a pas sauté de génération.
-Oh que non! Je les adore!»
C'est à mon tour de rire. Étrangement, je me sens détendue, presque à l'aise même.
-«Severus, mon ami, lance Voldemort en tournant son attention sur l'homme, j'aimerais te récompenser pour ta loyauté envers ton maître. Viens, prend mon bras.»
Le Maître se lève et tend le bras. Severus tourne la tête vers moi. Il y a une certaine peur dans ses yeux. Par réflexe, j'entre dans les pensées de mon père pour voir ses véritables intentions. Il dit la vérité. Je fais un petit signe à mon ami qu'il peut y aller. Soulagé, il transplane vers Voldemort.
Mes yeux tombent sur le serpent qui s'est approché de moi. L'animal lève sa tête et la dépose sur mes genoux. Je la caresse distraitement. Perdue dans mes pensées, je me rends compte d'un truc: je peux lire les pensées de Lord Voldemort sans qu'il s'en rende compte. Cette réalisation me surprend.
Mes pensées sont interrompues par Queudver qui me demande si j'ai besoin de quoi que ce soit. Je secoue la tête et il me laisse seule.
-«Je vois que Nagini t'apprécie, dit la voix de Voldemort en Fourchelang.»
Ne l'ayant pas entendu arriver, je sursaute. Le mouvement brusque irrite le serpent qui lève la tête et rejoint son maître. Je regarde mon père et remarque qu'il est seul. Une panique s'empare de moi en ne voyant pas Severus. Voldemort s'en rend compte.
-«Il n'avait plus d'utilité pour le moment, je lui dis de retourner chez lui, explique-t-il.»
Rapidement, je vais voir dans ses pensées. Il dit la vérité. Severus va bien. Cela me soulage, malgré que je ne sois pas à l'aise de rester seule avec mon père.
-«Dois-je rester ici ou je peux aller le rejoindre?, demandé-je.
-Restes. Nous n'avons pas eu la chance de passer du temps ensemble avant maintenant.»
Voldemort s'assoit confortablement et m'observe longuement.
-«Severus et toi semblez proches, lance-t-il au bout d'un moment.
-Nous sommes de très bons amis.
-Racontes-moi un peu ton parcours scolaire.»
Pendant plusieurs minutes, je lui dis ce qui s'est passé d'année en année. Il m'écoute avec attention. Aussi, il pose plusieurs questions et je lui réponds avec calme. Je sais que tout ce qu'il veut c'est savoir ce qui s'est passé dans ma vie pendant son absence.
Puis, il veut connaître les détails de mon enfance, avant d'aller à Poudlard. Je lui mentionne l'orphelinat, comment certains enfants me traitaient, mes crimes et mon emprisonnement. Ses yeux brillent en entendant cela.
-«Comment as-tu gagné la confiance de Dumbledore?, demande-t-il.»
Je souris.
-«J'ai été gentille et j'ai obéi à ses ordres. Aussi, j'ai fait exprès de «devenir amie» avec des Gryffondors. Pendant sept ans, j'ai fait semblant d'apprécier cette maison, d'être sympathique avec tout le monde, d'aider ceux dans le besoin, protéger les plus faibles et de dire que les sang-de-bourbes sont comme tout le monde. Bref, Dumbledore n'y a vu que du feu et il est convaincu que je suis de son côté.»
Voldemort sourit, véritablement heureux de mes efforts. Nous discutons encore un peu avant qu'il me dit que je peux m'en aller.
Je m'assois sur le divan et regarde Severus qui est en train de lire la Gazette du Sorcier. Il termine son article avant de lever les yeux vers moi.
-«Que t'a-t-il appris?, demandé-je.
-À voler, sans balais.
-Vraiment? Wow!
-De ton côté, c'était bien?
-Ouais. Il voulait juste discuter, mieux me connaître. Ce n'était pas si mal.
-Bien. En passant, j'ai pris la liberté de mettre dans ta chambre plusieurs livres de potions qu'il serait intéressant que tu lises. Après tout, je ne voudrais pas que tu me fasses honte devant les élèves.
-Tu es au courant?
-Bien entendu que Dumbledore m'a dit que je ne me débarrasserai pas de toi de sitôt.»
Je souris avant d'aller voir les livres qu'il m'a prêtés.
Pendant près d'une semaine, tout ce que je fais, c'est lire. Je suis complètement absorbée par les recettes et les ingrédients que je ne connaissais pas. Si ce n'était que de moi, j'aurais essayé de fabriquer toutes les potions que je découvre. Toutefois, je sais que Severus ne serait pas content que je gaspille des ingrédients pour faire des tests.
Un après-midi, alors que je fouille parmi les livres pour trouver un titre qui m'interpelle, j'aperçois un cahier de notes qui a été utilisé à plusieurs reprises si j'en crois à l'usure. Je le prends et l'ouvre. Je reconnais immédiatement la magnifique écriture de Severus. Je m'assois confortablement dans mon lit et commence la lecture. Je me rends compte que ce sont des notes sur diverses potions et ingrédients, ainsi que des recherches qu'il a menées.
Les informations observées dans les notes sont absolument incroyables et poussent les connaissances sur la fabrication de potions à un autre niveau. Impressionnée par ce que je lis, je me rends compte à quel point Severus est un génie et un véritable maître des potions. Il est dommage que seule moi puisse en profiter. Puis, une idée me vient en tête. Je descends rejoindre mon ami.
-«Sev, as-tu déjà pensé à écrire un livre sur les potions?, lancé-je en lui désignant le cahier de notes que j'ai en main.
-Aucunement, répondit-il.
-Ce que tu as écrit là-dedans est merveilleux et il faut que tu partages tes connaissances avec tout le monde. Imagine comment tes élèves…
-Mes élèves sont des enfants trop stupides pour suivre une recette sans faire exploser leur chaudron, me coupe-t-il. Il est donc impossible pour ces idiots de comprendre chacune des propriétés magiques des ingrédients et les interactions possibles entre eux pour pouvoir fabriquer de plus puissantes potions. Tu es déconnectée de la réalité si tu penses que les élèves en sont capables.
-Pas seulement eux. Les autres maîtres de potions en profiteraient.
-Je me fous complètement d'eux. Si des maîtres ne sont pas capables de pousser leurs connaissances plus loin que le bout de leur nez, tant pis.
-Tu impressionnerais tout le monde avec tes connaissances.
-Je n'ai pas besoin de reconnaissance.
-Être si jeune et doté d'une aussi grande intelligence, tu ne peux pas ne pas dévoiler ça. Les gens doivent savoir qu'il y a des moyens de rendre les potions plus puissantes. Ce n'est pas rien, ce que tu as fait.
-Séléna, c'est bien gentil les compliments, mais je ne suis pas intéressé.»
Je le regarde quelques instants, sachant très bien qu'il n'acceptera jamais.
-«Très bien, dis-je finalement. Je l'écrirai moi-même.
-S'il te plait, ne…
-Je te laisse tranquille. Bonne soirée.»
Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, je remonte dans ma chambre. Là, je sors un rouleau de parchemin, une plume et un encrier, et j'inscris des notes et des points à inclure dans le livre. J'écris toutes les idées qui me viennent en tête. Vers la fin de la soirée, je compare les notes de Severus avec les bouquins de potions que nous utilisons à l'école.
Au bout d'un moment, des coups sont donnés à la porte. D'un mouvement rapide de la main, je l'ouvre, gardant toujours les yeux sur mon travail. Severus s'approche de moi et regarde ce que je fais. Il prend mes notes et les lit. Il soupire.
-«Fais-moi de la place, dit-il de mauvaise humeur.»
Je garde le silence, mais souris. J'ai gagné et il le sait, ce qui le met en colère. Toutefois, il prend une plume et m'aide.
Une semaine plus tard, la première réunion de l'Ordre du Phénix a lieu. Severus et moi avons environ une heure à nous avant d'y aller. Nous discutons de la manière dont nous allons rédiger notre livre de potions lorsque mon avant-bras gauche brûle. Je lève les yeux vers mon ami et il secoue la tête. Seule moi suis appelée. Une pointe de panique s'empare de moi à l'idée de voir mon père sans Severus.
D'ailleurs, Severus me regarde étrangement.
-«Ça devrait aller aussi bien que la dernière fois, lancé-je en essayant de me convaincre.
-J'ai un mauvais pressentiment, avoue-t-il.
-Merci de me rassurer.
-Je suis réaliste, Séléna, et honnête avec toi.
-Oui, je sais. Bref, je dois y aller. Je te verrai à la réunion de l'Ordre.»
Il acquiesce, inquiet. Il me regarde quitter sa maison.
À l'extérieur, un sentiment de vulnérabilité m'envahit. Je déteste être loin de la sécurité de Severus, surtout si c'est pour passer du temps avec Voldemort. Je prends le temps d'inspirer profondément pour me calmer. «Je suis forte, pensé-je. Je peux affronter n'importe quoi. Rien ne peut m'arrêter parce que je suis une puissante sorcière. Du moins, c'est ce qu'on me dit.» C'est plus ou moins confiante que je transplane.
Je rejoins mon père et l'ambiance est écrasante. J'ai l'impression que l'air est difficilement respirable.
Voldemort me regarde avec un grand sourire cruel. Ses yeux sont sévères. Il est menaçant. Plus loin derrière lui, il y a un jeune homme à genoux, attaché. Un moldu. Il est apeuré. Tout son corps tremble. Pendant quelques secondes, je suis figée sur place. Puis, je comprends ce qui se passe. Mon père m'offre un «cadeau». J'avale ma salive avec difficulté, mon cœur battant rapidement dans ma poitrine.
Je remarque à peine la présence d'un Mangemort, Macnair, qui m'observe avec un petit sourire machiavélique. Dans sa main droite, il tient un couteau.
Plus loin, Nagini a les yeux fixés sur le moldu, prête à bondir sur lui.
-«Séléna, me salue Voldemort. J'avais hâte à ce moment. J'avais l'intention de faire ça plus tard, mais j'ai été impatient.»
Je ne réponds pas, ne sachant pas comment réagir.
-«Je crois que tu es assez intelligente pour comprendre ce qui se passe, continue-t-il. Alors, vas-y, je te regarde.»
J'ouvre la bouche pour répliquer, mais aucun son ne sort. Mes yeux se posent sur l'homme qui me supplie du regard de le sauver.
-«Je t'en pris, aide-moi!, m'implore le moldu à voix basse, les larmes aux yeux. S'il te plait!
-Séléna, qu'est-ce qui se passe?, demande Voldemort. Sors ta baguette et donne-lui une bonne leçon.»
Lui donner une leçon? Qu'a-t-il fait de mal? Est-ce un crime de naître moldu? À ce que je sache, non. Alors pourquoi lui faire du mal?
Une douleur fulgurante parcourt tout mon corps. Je tombe sur le sol. Je crie sans pouvoir m'en empêcher. Pendant plusieurs longues secondes, je reçois le sortilège Doloris. Lorsqu'il arrête, je reste par terre à chercher mon souffle.
-«Laissez la tranquille!, crie le moldu.
-Silence!, ordonne Voldemort.»
Ce dernier s'approche de moi et me force à me mettre sur les pieds.
-«Je suis déçu de toi, ma chère, dit-il. Je croyais que tu aurais été heureuse du cadeau que je t'offre. Mais je vois que Dumbledore t'a beaucoup influencé. Il t'a rendu faible.
-Je ne suis pas faible, réponds-je d'une petite voix.
-Alors, prouve-le!»
Tranquillement, je sors ma baguette et la pointe sur le moldu. Ma main tremble. Toutefois, je ne peux pas me résoudre à torturer cet innocent.
Quelques secondes passent avant que je me trouve de nouveau au sol à me tordre de douleur. Cette fois, le sort dure longtemps et, lorsqu'il termine, mon corps est parcouru de spasmes incontrôlables.
-«Lève-toi et fais ce que je te demande!, hurle Voldemort.»
J'essaye de me lever, mais échoue. Cela provoque la colère de mon père qui continue d'utiliser le sortilège de torture sur moi.
Au bout d'un moment, qui me paraît être des heures, Macnair est à mes côtés, son horrible sourire toujours aux lèvres.
-«Tu sais, dit-il, il n'y a pas seulement le sortilège Doloris qui fait mal.»
Il prend mon bras droit et la lame de son couteau coupe ma peau. Je sursaute face à son geste. Il rit.
-«Ça aussi ça fait mal, continue-t-il en me blessant à nouveau.»
Je peux sentir mes vêtements devenir imbibés de mon sang. J'essaye de reprendre mon bras, mais Macnair me tient fermement. Je tremble de plus bel en sentant la lame contre ma peau à plusieurs reprises.
-«Sais-tu ce qui est douloureux lorsqu'on a ce genre de blessure?, demande-t-il.»
Il fouille dans ses robes et sort une boite. Il me la montre. Sur celle-ci, on peut y lire «Sel». Mes yeux s'écarquillent. La douleur est presque insoutenable lorsque les cristaux entrent en contact avec mes plaies. Je crie et il rit.
-«Fais ce qu'il te demande de faire!, hurle le Moldu.»
Je lève les yeux vers lui. Il a un regard suppliant.
-«Vas-y, continue-t-il. Je ne peux pas continuer de voir ça. Alors, obéis à ses ordres.»
Je me mets tranquillement sur les pieds. Tout mon corps me fait mal. Je lève ma baguette vers lui.
-«S'il te plait, vas-y, dit-il.»
L'incantation sort de ma bouche et le moldu tombe au sol, se tortillant de tous les côtés. Je fais durer le sort jusqu'à ce que Voldemort applaudisse.
-«Finalement, lance-t-il en s'approchant de moi. Ce n'était pas si difficile, non? Tu as encore besoin de pratique, mais ça viendra. Maintenant, tue-le.
-Quoi?!, m'écrié-je sans réfléchir.»
Mon père me gifle. Je titube.
-«Tu m'as très bien entendu.»
Je retourne mon attention vers le moldu et je panique.
-«Fais-le, me pousse l'homme. Vite.»
J'ouvre la bouche pour répliquer, mais il me coupe la parole.
-«Je ne veux plus te voir souffrir, tu ne le mérites pas. Alors, vas-y.
-Même le moldu t'encourage, lance Voldemort.»
Je lève ma baguette à nouveau, la main tremblante. Je fixe les yeux de l'homme et j'espère qu'il voit à quel point je suis désolée. Je prends une inspiration. Je prononce l'incantation, ses deux horribles mots. Le moldu tombe au sol. Puis, plus rien. J'observe le corps inanimé de l'homme et je me sens nauséeuse.
-«C'est très bien, Séléna, dit Voldemort. Tu as réussi. Mais tu as passé trop de temps auprès de Dumbledore. Je vais devoir corriger cela. Pour le moment, tu peux partir, mais je t'attends à une meilleure performance la prochaine fois.»
Mon père s'approche du moldu. Il m'a oublié.
-«Nagini, mange, ordonne Voldemort au serpent.»
Le serpent s'avance. Elle n'attendait que ce moment. Cela me rend encore plus nauséeuse. Sans attendre, il tourne des talons et quitte l'endroit.
Lorsque mes pieds touchent le sol devant le 12, square Grimmaurd, je me rends compte à quel point je ne me sens pas bien. Je suis nauséeuse, je tremble, j'ai des spasmes, mon bras droit dégouline de sang et tout mon corps me fait mal. Aussi, je me sens vidée de toute mon énergie. Surtout, je me sens mal par rapport à ce que je viens de faire. «Je suis un monstre» sont les seules paroles qui tournent en boucle dans ma tête.
