J'entre à l'intérieur et j'entends des voix chuchoter. J'approche en titubant et je reconnais Fred, George, Ginny, Ron et Hermione.

-«On risque de se faire surprendre!, dit Hermione.

-Si tu continues de faire autant de bruit, sûrement, réplique Ron.

-Taisez-vous!, ordonne Ginny.»

Puis, le silence se fait. Les cinq enfants m'ont entendue et figent. Toutefois, en me voyant, leurs yeux s'écarquillent.

-«Séléna?, disent en chœur les jumeaux.»

Fred et George me rejoignent et m'aident à rester debout.

-«Qu'est-ce qui s'est passé?, demande Ron, livide.»

Hermione se rapproche rapidement de la porte et cogne avec empressement. Madame Weasley ouvre, visiblement fâchée.

-«Je vous ai dit de ne pas nous déranger!, dit-elle.

-Désolé, madame Weasley, mais…

-Vous êtes mieux d'avoir une très bonne raison de…

-Maman!, la coupe Ginny d'une voix alarmée en pointant dans ma direction.»

La mère des Weasley fige à son tour en me voyant.

-«Oh! Séléna.»

À la mention de mon prénom, du mouvement se fait entendre derrière la femme. Puis, Severus est là et s'avance vers moi. À ses côtés, Remus est présent.

Mon ami me regarde de la tête aux pieds, visiblement inquiet. Il voit le sang qui tombe sur le sol et son visage perd le peu de couleur qu'il y a habituellement.

-«Emmenez-la à l'intérieur, ordonne d'une voix douce Remus.»

Les jumeaux me soutiennent pendant que j'entre dans la pièce où la réunion de l'Ordre a lieu. Dès que je passe la porte, j'entends des bruits de stupéfaction. Je tourne la tête vers la longue table où les membres sont présents.

Dumbledore est assis tout au bout et me regarde avec une colère dans les yeux, mais je sais qu'elle n'est pas adressée vers moi. Jeff, Julia et Shawn sont présents et accourent vers moi en me voyant. Tonks se lève debout, bouche bée. Maugrey serre ses poings, visiblement choqué. Bill est figé. Fleur a ses mains devant sa bouche, horrifiée. Arthur rassure sa fille et Hermione. Hagrid fixe la table, fâché. McGonagall est livide. Molly s'empresse de me faire une place confortable. Sirius est outré. Les autres membres que je ne connais pas m'observent en ne comprenant pas ce qui m'est arrivé.

Fred et George m'installent dans la chaise que leur mère leur a désignée avant de reculer rejoindre Ron.

-«Comment puis-je t'aider, Severus?, demande Remus.

-En restant dans un coin, en silence, répond sèchement Severus.»

Il se tourne vers Jeff, Julia et Shawn.

-«Vous trois, retournez vous asseoir et ne vous mettez pas dans mon chemin.»

Le ton et le regard de leur ancien professeur les font reculer. Severus retourne son attention sur moi. Il fouille dans ses robes et en sort trois fioles contenant une potion chacune. Il me les tend. Je lève le bras gauche et agrippe le contenant. Mon ami se rend vite compte que ma main tremble trop pour que je sois capable d'avaler le liquide. Il place sa main sur la mienne pour la stabiliser et fige.

Pendant plusieurs secondes, il ne bouge plus. Ses yeux s'écarquillent avant qu'une rage apparaisse. Ses doigts se serrent de plus en plus fort autour des miens me causant de la douleur. Mais il ne s'en rend pas compte. Il n'est plus dans la réalité. Je sais pertinemment qu'il voit dans sa tête les images d'horreur que j'ai dans la mienne. Il voit la scène défiler encore et encore.

Au bout d'un moment, il retire sa main comme si la mienne est devenue brûlante. Il ferme les yeux et essaye de garder le contrôle.

-«Aide-la, ordonne-t-il à l'intention de Remus.»

Ce dernier s'exécute sans hésiter. Je bois les trois potions, une de régénération du sang, l'autre pour enlever la douleur et la dernière pour me calmer. Ça prend quelques secondes avant que les effets se fassent ressentir. Mon esprit devient plus clair maintenant que la douleur diminue et les spasmes arrêtent. Je peux respirer normalement à nouveau. Toutefois, je tremble toujours.

Severus bouge à nouveau. Cette fois, il entreprend de retirer mes robes pour que je sois vêtue que de ma blouse et mon pantalon. Puis, lentement, il déboutonne ma manche droite et la relève. Le sang qui a commencé à coaguler reste collé sur le vêtement et les plaies recommencent à saigner de plus belle. Il sort sa baguette et jette des sorts de guérison. Il réussit à diminuer le flot. Il se met à nettoyer mes blessures. Je grimace de douleur, mais je le laisse faire. Une fois terminé, il applique une pommade pour aider la guérison et demande à madame Weasley de trouver des bandages. Elle revient quelques minutes plus tard avec le matériel et Severus couvre mon bras.

Mon ami vient pour se relever, mais je m'agrippe à lui comme si j'allais tomber si je le lâche. Son contact me fait du bien, mais je sais que cela fait en sorte qu'il voit ce qui se passe dans ma tête. Au bout d'un moment, il fait un geste brusque pour se sortir de ma poigne et se met debout.

-«Sev!, m'écrié-je en essayant de retrouver son contact.

-Je n'en peux plus de voir cette scène, réplique-t-il avec colère.

-Mais…

-C'est non!, hurle-t-il avant de quitter la pièce.»

Je le regarde partir.

-«Mais qu'est-ce qu'il lui prend?, demande Sirius, fâché du comportement de son ennemi. C'est quoi son problème de laisser tomber son amie qui a besoin de lui.

-C'est correct, Sirius, dis-je calmement. Je comprends son geste.

-De quoi parlait-il en disant qu'il n'en peut plus de voir cette scène?, questionne madame Weasley.

-C'est à cause du lien qui existe entre lui et moi, réponds-je

-Le quoi?, demande Ron, curieux.

-Nos destins sont liés, expliqué-je.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça?, insiste Jeff.

-Nos baguettes sont sœurs. De ce fait, un lien unique nous unis. L'un ne peut pas aller sans l'autre. Nous devons constamment être ensemble.

-Pauvre toi, murmure Sirius.

-Et lorsqu'il y a un contact physique, Séléna et moi pouvons communiquer et voir les pensées de l'autre, révèle Severus qui est dans l'embrasure de la porte, les bras croisés sur sa poitrine.

-On peut même savoir le prochain mouvement de l'autre comme si nos cerveaux ne font qu'un, ajouté-je. C'est spécial, unique et pratique.

-J'ai donc vu ce qui s'est passé en répétition. Chaque détail, chaque parole. J'ai senti sa douleur.»

Un long silence où tous sont perdus dans leurs pensées. C'est Jeff qui parle le premier.

-«C'est pour ça qu'on vous voyait marcher main dans la main à l'école!, réalise-t-il. Tout le monde trouvait ça étrange, mais, là, tout s'explique!

-Donc, les rumeurs étaient fausses, ajoute Shawn.

-Il y a quand même eu le bal de Noël où…, s'incruste Fred dans la conversation.

-Ferme-là!, ordonnent Severus et moi en chœur, les joues légèrement rosées.»

Dumbledore, McGonagall, Jeff, Shawn, Julia, Remus, Hagrid, Fred, George, Ron, Ginny et Hermione ont un petit rire qu'ils essayent tous de cacher. Bill me regarde avec curiosité, l'air de me dire que je vais devoir lui donner plus d'explications.

Le commentaire de mon ami me fait sourire et je me sens plus calme. Mes tremblements sont arrêtés et ma peur s'envole. Je suis en sécurité et entourée de gens que j'aime.

C'est le directeur de Poudlard qui ramène tout le monde à l'ordre.

-«Aussi amusant qu'est ce souvenir, nous devons revenir à cette réunion.»

Cela réveille tout le monde qui s'assoit à leur place. Les enfants quittent la pièce et la porte se ferme derrière eux.

-«Qu'est-ce que j'ai manqué?, demandé-je.

-Très peu, répond Dumbledore. Nous étions en train de nous présenter pour que tous puissent se connaître.»

J'écoute les gens dire leur nom, leur profession et se décrire en peu. Je me rends compte que Severus et moi seront les derniers.

-«Severus Rogue, maître des potions à Poudlard, agent double, dit simplement mon ami.»

Plusieurs personnes se regardent entre elles. Sirius fait une face de dégoût, mais garde le silence. Je peux voir qu'il croit que Severus n'est pas digne de confiance.

-«Je m'appelle Séléna. Je travaille avec Severus.»

Je ne sais pas quoi dire de plus. Je me sens mal à l'aise.

-«Séléna, pourrais-tu développer un peu plus?, demande Dumbledore d'une voix douce.»

Je regarde le vieil homme sans comprendre.

-«Je… Je suis douée pour le combat et la fabrication de potions.

-Non, tu sais très bien de quoi je parle.

-Je ne veux pas en dire plus.

-Séléna, tous ont besoin de comprendre ton rôle. Ils doivent savoir le danger dans lequel tu es et pourquoi tu vas être blessé à plusieurs reprises. Ce n'est plus le temps de cacher qui tu es réellement et personne ici présent va divulguer l'information.»

Je baisse les yeux. Je prends une grande inspiration, me préparant mentalement à recevoir mes commentaires désobligeant de tous.

-«Mon nom est Séléna Jedusor. Je suis la fille de Lord Voldemort.»

Pendant quelques instants, tous ceux qui ne sont pas au courant me regardent en espérant que je parte en rire en disant que c'est une blague. Toutefois, je garde mon sérieux.

-«Oh!, fait Bill, abasourdi.

-La fille de Voldemort?!, éclate Sirius en se levant et en regardant Dumbledore. Mais à quoi pensez-vous? Déjà qu'on doit endurer un Mangemort, là, vous nous donner la fille de Voldemort! Vous êtes malade! Ils vont nous trahir et…»

Mon poing frappe la table, alors que je me lève à mon tour, en colère.

-«Moi? Traître?, crié-je. As-tu vu comme tout le monde comment je suis entrée ici? As-tu vu mes blessures? Comment penses-tu que je me suis fait tout ça? J'ai été maladroite pendant que je faisais la cuisine? Bien-sûr que non! J'ai été torturé par Voldemort! Par mon propre père! Pourquoi? Parce que j'ai refusé de faire du mal à un moldu. Mon père m'a torturé jusqu'à ce que je jette le sort Doloris à cet innocent. Puis, Voldemort a continué à me faire du mal jusqu'à ce que je… Bref, tu comprends comment ça c'est fini pour le moldu. Alors, je crois que j'ai de bonnes raisons de vouloir me battre contre la tyrannie de Voldemort.»

Un silence malaisant s'installe. Personne ne sait comment réagir à cela. Sirius baisse la tête, murmure un «désolé» et s'assoit.

-«Séléna, s'il te plait, repose-toi, supplie madame Weasley. Tu as eu une dure soirée et…

-Je n'ai pas envie de me reposer!, hurlé-je.

-Tu es blessé et...

-Ce n'est rien.

-Severus, dit-lui.»

Mon ami a un petit rire sans joie.

-«De ce que je vois, elle se porte merveilleusement bien, dit-il avec nonchalance.

-Mais...

-Madame Weasley, je sais que vous vous inquiétez pour son bien-être. Toutefois, ce n'est pas la première fois qu'elle est dans cette situation. De plus, c'est moi qui l'ai entraîné au combat dès son arrivée à Poudlard et je peux vous assurer que je n'y suis pas allé de main morte. Je sais ce dont elle est capable et ce qu'elle peut endurer. Elle est beaucoup plus forte que ce que vous croyez.»

Madame Weasley ouvre la bouche pour répliquer, mais Dumbledore l'arrête.

-«Je suis d'accord avec Severus, avoue-t-il. Je crois que ce que Voldemort a fait, c'est de lui donner une autre raison de se battre. Il a allumé un feu en elle et, si j'étais à sa place, j'aurais peur.

-Merci, professeur, lance-je avant de m'asseoir.

-Maintenant, j'aimerais qu'on discute de ce que je m'attends de vous tous, ajoute le vieil homme.»

Dumbledore énonce ses vœux et répond à quelques questions. L'une d'entre elles me fait réagir.

-«Pourquoi on n'attaque pas tout de suite Vous-Savez-Qui?, demande Shawn. Il n'a pas son armée en ce moment.

-Ni lui, ni nous sommes prêts à se battre, réponds-je avant Dumbledore. Eh puis, nous ne savons pas encore comment se débarrasser de Voldemort. Il a toujours un moyen de survivre à la mort. Tant que ce n'est pas trouvé, on ne peut rien faire sauf de la prévention.

-Oui, mais, si on attend, il deviendra trop fort.

-Je comprends ton point, Shawn. Toutefois, ce n'est pas comme ça qu'une guerre fonctionne. Compare cela à un jeu d'échecs. Voldemort et Dumbledore sont les rois. Seuls, ils ne sont rien. Ils ont besoin d'une armée. Nous sommes à cette étape en ce moment. Chacun des rois sont en train de décider qui sont les pions et qui sont les pièces plus importantes, c'est-à-dire qui joueront un rôle clé. Dès que toutes les pièces seront en place, la guerre pourra vraiment commencer. D'ici là, aucun des côtés n'attaquera l'autre.»

Shawn acquiesce doucement, comprenant mes explications. Dumbledore me sourit, les yeux brillants.

-«Je n'aurais pas mieux expliqué la situation, dit le directeur de Poudlard.»

Il fait le tour de la table du regard avant de continuer de parler.

-«Parlant de rôles clés, je vais vous donner mes ordres pour le moment. Chacun d'entre vous devra, à tour de rôle, protéger Harry pendant l'été. Je vous donnerai un horaire sous peu. Minerva, il faudra renforcer les protections autour du château. Filius et Pomona vous aideront. Bill et Fleur, essayez de voir s'il y a des transactions étranges à Gringotts. Hagrid, tu iras dans quelques jours à la rencontre des géants pour essayer de les rallier à notre cause. Remus, tu as la même mission, mais avec les loups garous. Pour ceux qui travaillent au Ministère de la Magie, surveillez ce qui s'y passe et gardez un œil sur ceux qui prétendent ne plus suivre les ordres de Voldemort. Charlie et Jack, qui ne sont pas présents, vont s'occuper de ce qui se passe en dehors du Royaume Uni. Kingsley, reste auprès de Fudge et rapporte-moi les décisions qu'il prend. Alastor et Tonks, restez à l'affût d'éventuelles attaques sur la communauté moldus. Sirius, Harry aura besoin de toi plus que jamais, supporte-le. Julia, garde un œil sur le Chemin de Traverse et donne-moi un rapport aussi souvent que possible. Severus, tu sais déjà quoi faire. Séléna, je vais t'en demander beaucoup, mais j'en ai besoin. Avec ton talent en Legilimancie et ta faculté de parler Fourchelang, je veux savoir tout ce qui se passe dans la tête de Voldemort, ses intentions, ses plans, bref, tout. Écoute ce qu'il dit à son serpent. Aussi, je veux que tu lui obéisses. S'il te demande de torturer, tu tortures. S'il te demande de tuer, tu tues.»

Mon visage devient livide et un malaise général flotte dans l'air.

-«Pourquoi?, réussis-je à dire.

-Voldemort doit être convaincu que tu n'es pas de mon côté. Je suis sûr qu'avec les événements de la soirée, il a un doute sur ton allégeance. Montre-lui que tu es une véritable Mangemort. Il doit te faire entièrement confiance.

-Vous voulez que je devienne comme lui.

-Tu ne vas jamais être comme lui. Ne l'oublie pas.»

Je baisse les yeux, ne sachant pas trop comment réagir.

-«Ce n'est pas tout, continue Dumbledore.

-Bien entendu, murmuré-je pour moi-même.

-Je veux que tu espionnes Harry pendant l'été.

-Et pourquoi ce n'est pas moi qui fais ça?, questionne Sirius, fâché. C'est de mon neveu qu'on parle.

-Désolé, Sirius, mais j'ai besoin de savoir ce qui se passe dans sa tête et Séléna est la meilleure pour ça.»

Sirius se renfrogne dans sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine.

-«Donc, je résume: devenir la pire criminelle qui existe et surveiller un adolescent. Que c'est merveilleux! J'espère que vous avez perçu le sarcasme, professeur.

-Tu sais très bien que ton rôle est très important, Séléna, dit Dumbledore.»

J'observe quelques instants le vieil homme et vois dans sa tête que ce n'est pas tout.

-«Vous ne trouvez pas que c'est assez?, lancé-je, découragée.»

Tout le monde me regarde les sourcils froncés, sauf Dumbledore qui est surpris.

-«Je n'ai pas vu c'est quoi, mais je sais que ce n'est pas fini, continué-je.

-Pendant la guerre, ton rôle sera majeur. Tu devras me remplacer si jamais il m'arrive quelque chose.

-Quoi?!, m'écrié-je d'une petite voix.

-Tu es la seule assez puissante pour faire face à Voldemort.

-Attendez un peu. Je suis très loin d'être aussi forte que mon père.

-Pour le moment, mais tu as le potentiel d'être plus forte que lui. Pour ce faire, tu auras droit à un entraînement spécial avec moi.»

Je le regarde, figée. J'entends Jeff et Shawn faire un «wow!».

-«Vous êtes en train de me dire que vous allez être mon mentor.

-C'est exact, répond Dumbledore avec un grand sourire.»

Je ne sais pas quoi dire. Je suis sous le choc. De pouvoir apprendre sous la tutelle de Dumbledore est un privilège exceptionnel. Je ne pense pas que beaucoup de gens ont eu ce droit. Cela me rend heureuse tout en m'effrayant. Après tout, il est l'un des plus puissants sorciers qui existe.

-«Je… D'accord, balbutié-je. Merci.»

La réunion continue et ça me prend plusieurs minutes avant de revenir à la réalité. Dumbledore finit par conclure et répond aux dernières questions. Une me vient en tête.

-«Nous discutons beaucoup sur le rôle de chacun et comment protéger Harry, quoi faire avec lui, dans quelle direction nous devons le pousser, mais pourquoi n'est-il pas présent?

-C'est exactement la question que je me pose moi aussi!, lance Sirius.

-Harry n'est encore qu'un enfant, répond madame Weasley. Laissons-le en dehors de la guerre.

-Le laisser en dehors de la guerre?, répété-je. Il est au cœur de cette guerre depuis qu'il est né! Il a le droit de savoir ce qui se passe et ce qu'on attend de lui!

-Je suis sûr qu'il veut se battre, ajoute Black. Il va se sentir utile s'il est ici, à nos côtés.

-Eh puis, je suis sûr que personne ici n'aimerait que des gens vous disent constamment quoi faire, où aller, comment penser. Il n'est pas un animal de cirque où il va recevoir un biscuit à chaque fois qu'il va à l'endroit qu'on veut. C'est un être humain avec des droits.

-Et il est assez vieux pour prendre ses propres décisions. S'il veut nous joindre, qu'il prenne sa baguette et qu'il vienne se battre avec nous.

-Le garder dans les ombres est absurde.

-Être une marionnette n'est pas une vie.

-Il a déjà affronté plus de danger que la plupart d'entre nous.

-Séléna, Sirius, c'est assez, coupe Dumbledore. Harry va rester en dehors de tout ça et vivra sa vie d'étudiant en paix. J'aimerais que vous respectiez cette décision et que vous ne lui partagiez pas le contenu des réunions de l'Ordre. Ai-je été bien clair?

-Ouais, Black et moi répondent en chœur.»

Sirius et moi croisons le regard de l'autre et nos yeux brillent de cette soudaine complicité. Toutefois, nous savons que nous devons obéir aux volontés de Dumbledore même si nous ne sommes pas d'accord.

La réunion se termine et madame Weasley nous invite à rester pour le repas. Severus est le premier à s'excuser et à quitter. De mon côté, je reste afin de passer du temps avec mes amis. Discuter de tout et de rien me fera du bien. Cela me changera les idées.

Fred, George, Ron, Ginny et Hermione viennent nous rejoindre et tous mangent dans la bonne humeur. Ce qui me rend heureuse, c'est que personne ne me met de côté malgré qui je suis et ce que j'ai fait durant la soirée. Tous croient que je suis du côté du bien. Même Sirius me parle sans animosité.

Il est tard lorsque les gens commencent à quitter. Je serre fort mes amis dans mes bras. Bill ne réussit pas à me convaincre de lui dire ce qui s'est passé au bal avant de partir. Madame Weasley force ses enfants à aller au lit. Seuls Remus, Sirius et moi sommes présents dans le salon.

Les deux amis me partagent des souvenirs de leur temps à Poudlard et nous passons un bon moment ensemble.

-«Tu es sympathique pour une Serpentard, me dit Sirius.»

Son commentaire me fait rire.

-«Nous ne sommes pas tous méchants, tu sais.

-La grande majorité, oui.

-N'exagère pas. Mais merci du compliment. C'est très touchant, surtout qu'il est adressé à l'héritière de Serpentard.

-Ah oui, c'est vrai. Je retire ce que j'ai dit alors.

-Hey!»

Nous rions. Puis, Remus nous annonce qu'il doit retourner chez lui. Il doit, après tout, préparer ses voyages vers des communautés de loups garous.

-«Fait attention à toi, d'accord?, lui dis-je pendant que je le serre contre moi.

-Bien-sûr et toi aussi prends soin de toi. Contactes-moi si tu as besoin de quoi que ce soit.

-Ça, c'est sûr!»

Remus fait une accolade à son ami et il s'en va. Je vais alors chercher mes vêtements pour quitter à mon tour. Sirius me suit.

-«Je voulais te dire que je suis désolé de t'avoir accusé d'être une traître, s'excuse-t-il.»

Je me tourne vers lui. Il est sincère.

-«Ça va, j'y suis habituée.

-Je suis sérieux, Séléna. Je m'en veux.

-T'inquiète, je te crois.

-Je ne comprenais pas ce que Remus te trouvait, mais je comprends maintenant. Ta réaction lorsque tu m'as crié dessus pour te défendre contre mon attaque, la façon dont tu as essayé de convaincre tout le monde de laisser Harry joindre l'Ordre et comment tu l'as défendu contre Remus en loup garou l'an dernier m'a convaincu que tu es une personne de confiance.

-C'est gentil.

-Mais ne t'attends pas que à ce je fasse confiance à Rogue. Oublie ça.

-Je sais pertinemment comment vous vous détestez, alors je ne vais pas me faire de fausses illusions. Toutefois, c'est étrange que tu me fasses confiance, mais lui non. Après tout, Severus et moi travaillons ensemble, nous habitons sous le même toit et il n'y a pas de secret entre nous.

-Tu es différente de lui et je ne comprends pas comment vous vous entendez aussi bien.

-Je crois que nous avons mentionné un certain lien entre lui et moi plus tôt dans la soirée, non?

-Ouais, c'est vrai. J'avais oublié.»

Je me dirige vers la porte et je m'arrête.

-«Merci de ta confiance, dis-je. C'est important pour moi, surtout en ce moment.»

Sirius me sourit. Je lui souhaite de passer une bonne nuit et quitte le quartier général de L'Ordre du Phénix.