Nsperis est de retour pour toutes les prochaines parties du Manoir!
(Car Lirae a malheureusement trop de travail...)
Comme on voulait s'excuser du retard accumulé, voici un petit chapitre bonus en point de vue externe...
En + du chapitre de la semaine!
PS: vous noterez que les dialogues sont passés en Gras. L'idée nous a été donnée par Erza et Sirius, deux amis auteurs!

Le soleil factice et diaphane de l'Entremonde projetait un mince rayon au travers de l'unique fenêtre drapée d'une pièce isolée du Manoir Oblivion, renforçant la blancheur pâle des lieux. La chambre abritait en tout et pour tout un long divan de couleur perle, assorti avec un fauteuil carré et sans dossier devant une table basse de salon. Des tables en bois, sur lesquelles gisaient un nombre incalculable de papiers gribouillés, avaient été disposées le long des murs agrémentés des armoiries ailées de la citadelle. Certains classeurs noirs rangés à la va-vite indiquaient un vague début de classement de la part de l'ancien hôte de la chambre. Néanmoins, les toiles d'araignée décorant les différentes cartes du Manoir Oblivion placardées sur les parois, laissaient penser que la salle avait été abandonnée depuis longtemps.

Un éclatement sonore et brutal retentit soudain dans le morne silence de la pièce, simultanément à l'apparition d'un bulbe noirâtre au centre de celle-ci. Une silhouette féminine vêtue du manteau de l'Organisation s'en extirpa et tomba maladroitement à côté du canapé. En haletant, la jeune femme blonde se mit à fouiller frénétiquement dans une petite malle dissimulée derrière le meuble tandis qu'un autre individu encapuchonné et aux larges épaules viriles venait d'apparaître dans son dos. D'un geste lent du poignet, l'homme referma le portail de ténèbres qui les avaient conduits jusqu'ici avant d'aller se placer confortablement contre l'un des murs libres de la chambre. Il croisa les bras sur son puissant torse et se mit à observer son acolyte avaler fiole de potion sur fiole de potion de sous sa capuche obscure. Tel un animal aux abois, Arlène retourna vivement son menton droit et jeta un oeil jaune mauvais en direction de son allié tout en crachant:

"Me regarde pas comme ça."

L'homme ne bougea pas d'un pouce mais lança, d'une voix teintée d'agacement:

"Un simple merci aurait suffi."

Arlène arracha le lambeau de tissu qui restait de la manche de son manteau et se laissa inélégamment choir dans le divan, dans un geste qui semblait coutumier. Elle poussa un râle tout en laissant aller sa nuque en arrière un instant, puis redressa lentement sa tête pour fixer son interlocuteur en face d'elle, ses sourcils blonds froncés et ses bras nonchalamment posés de chaque côté du dossier rembourré du divan.

"Pourquoi ne pas avoir demandé à Lauriam? siffla l'ancienne Simili. Il connaît tout aussi bien le Manoir que moi."

"..."

"C'est l'ancêtre ou une des ses satanées versions qui t'a demandé d'être ma nounou?"

"..."

"Grrrh, s'irrita la femme devant l'absence de réactions de l'autre Chercheur. Ils ne me font pas confiance? C'est un test? Mais pourquoi t'avoir envoyé, toi? Niveau confiance, il me semble que t'es pas vraiment mieux que nous deux..."

Enfin, l'homme poussa un soupir, comme si la vue même de cette femme le fatiguait, et expliqua d'une voix hautaine:

"C'était stupide de ta part de les affronter. Les autres Chercheurs savaient que tu allais sûrement faire n'importe quoi. Je te rappelle que tu devais juste les suivre discrètement et les laisser faire le sale travail. C'était si difficile?"

Arlène le dévisagea avec une claire haine et se défendit, les dents serrées par une colère mal contenue:

"J'avais des comptes à régler avec le mioche..."

"Et alors? la coupa son acolyte toujours sans bouger de sa position statique. ça reste une action stupide, en plus d'avoir sous-estimé Sora. Maintenant ils savent que nous sommes dans le Manoir Oblivion. Tu n'en as attaqué que deux, et ils t'ont déjà salement amochée. Mais ils sont quatre en tout. Leur magicienne est même particulièrement puissante parce que…"

Il fit une pause et souffla de frustration depuis le dessous de sa capuche, mi-impressionné:

"Elle a réussi à détecter mon aura, quand je les suivais."

"Oooouh et quoi? cracha Arlène en prenant un rictus cruel tout en s'asseyant au bord de son divan. Tu as peurd'eux? Je sais qu'ils sont des Porteurs de Keyblades. Mais je les ai pris par surprise aussi facilementque des gamins dans un parc! Si la grosse bourrine suicidaire ne l'avait pas poussé, le soi-disant "élu" aurait perdu sa tête à l'heure qu'il est…"

Pour augmenter sa plaidoirie, Arlène sortit sa langue hors de sa bouche, qu'elle coinça entre ses canines acérées, et se passa l'index sous la gorge, mimant une décapitation. Devant le manque de réaction de l'autre Chercheur des Ténèbres, elle se rembrunit, visiblement agacée, et cracha:

"J'ai baissé ma garde, mais ça ne se reproduira pas. J'ai pas besoin d'entendre les sermons d'une sale…"

Le temps d'un battement de cils, une sphère de brasier obscure vola à travers la pièce, brûlant au passage une mèche blonde à la base de la nuque de la Nymphe Furieuse, qui tiqua nerveusement alors que le sort allait finir sa course dans le mur derrière elle, entraînant de ce fait la combustion de plusieurs plans des lieux. Le Chercheur encapuchonné avait enfin daigné bouger et se tenait les poings serrés le long du corps, droit comme un "i". Ce fut d'une voix lente et menaçante qu'il lâcha:

"Fais très attention à ce que tu vas dire… tu pourrais bien le payer très cher."

Loin d'être effrayée, Arlène poussa un rire hystérique, visiblement satisfaite d'avoir réussi à faire sortir son allié de ses gonds. Elle minauda d'une voix lancinante:

"Ooooh mais c'est qu'il est susceptible le toutou!"

Victorieuse, elle s'affala à nouveau sur le canapé, telle une reine devant l'un de ses sujets, et chantonna:

"On va devoir faire équipe, trésor… Tu sais très bien que si tu me tues, c'est le vieux chnoque qui va être vert de rage! Je crois qu'il commence a en avoir marre de devoir retrouver des Chercheurs…"

L'homme baissa quelque peu sa tête, paraissant décontenancé. Arlène reprit d'une voix faussement navrée et insultante:

"Eh oui mon pauvre chou… t'es de la seconde main. Y a eu d'autres candidats avant toi."

La femme se coucha alors de tout son long sur le divan et, la tête reposant dans sa paume tandis que sa position faisait ressortir la forme féline de ses hanches, elle observa avec amusement l'homme encapuchonné en face d'elle.

"C'est à se demander comment tu as survécu jusque-là, d'ailleurs…"

L'homme en noir resta silencieux quelques instants, méditant ces dernières paroles. Après quoi il leva une grande main gantée devant lui, faisant de ce fait cliqueter les décorations argentées de sa capuche, et sembla l'observer un moment. Il finit par admettre, d'une voix étrangement douce tout en serrant le poing:

"Je l'ignore moi-même… mais une chose est certaine:"

Comme un feu ravivé sous des braises grises, la passion remonta dans la gorge de l'homme lorsqu'il fixa Arlène de ses deux yeux orangés brillants dans l'obscurité de sa capeline, en déclarant:

"Plus vite on sortira de ce satané Manoir, plus vite je pourrai participer à une mission bien plus intéressante…"

Les deux yeux ambrés d'Ansem le Sage observaient placidement l'horizon mauve de l'océan entourant le Domaine des Ténèbres. Assis sur un rocher, il méditait calmement en écoutant le doux clapotis des vagues devant lui. Sortant d'une longue transe, il déplaça ses iris dans ses orbites pour les poser sur son compagnon dans ce monde de solitude intemporelle: en tailleur dans le sable noir à sa gauche, Mickey lustrait la lame bleue sombre ornée d'étoiles argentés de sa nouvelle Keyblade, Astérisme. L'arme du roi des royaumes de la Lumière avait en effet changé de forme dès l'abandon de la Chaîne Royale D par celui-ci… comme si la valeur de cet acte avait renforcé la bravoure et la force au sein du cœur de sa majesté. Le Sage de Jardin Radieux observa plus attentivement le visage de son compagnon d'infortune: un pli noir sur son front ainsi qu'une moue boudeuse sous son museau indiquaient une claire mélancolie de la part du rongeur, qui ne lui ressemblait guère. Comme prenant une soudaine décision, Ansem se releva alors, peinant à se mettre sur ses vieilles articulations après tant d'inactivité. Intrigué par ce soudain mouvement, Mickey leva un regard étonné en direction du doux sourire qui venait d'apparaître dans la barbe de blé du scientifique. Ce dernier proposa enfin, de sa voix lente et roucoulante:

"Et si nous allions un peu nous promener, mon vieil ami?"

Mickey hésita quelques secondes, avant de fermer les yeux et de jeter d'une petite voix à nouveau pleine d'entrain:

"Et bien oui, pourquoi pas! ça nous changera un peu de la plage!"

Ravi par cette décision, Ansem se retourna, ce qui froissa l'étoffe rougeâtre de sa toge, et ouvrit le chemin qui les ramena dans les landes enténébrées du Domaine sombre. Mickey prit bien soin de faire disparaître sa Keyblade, au risque de faire apparaître une horde de Sans-Coeurs, attirés par son pouvoir, et de remettre sa capuche magique sur sa tête.

Habitués au silence, les deux amis avançaient à pas de promeneur sur un semblant de sentier de sable poussiéreux, leur silhouettes se découpant vaguement sur un ciel violet et leur peau irrégulièrement éclairée par l'étrange lueur bleutée de monticules rocheux parsemant les collines de ce paysage de cauchemar. Le roi, clopinant aux côtés du grand sage, lui jetait parfois des coups d'œil intrigués. Au bout de quelques temps, n'y tenant sans doute plus, le petit monarque débuta une discussion:

"Ansem… nous n'en avons jamais vraiment parlé auparavant mais… puis-je te poser une question un peu personnelle?"

Tout en continuant à marcher, mains entrelacées dans le bas de son dos, le vieil homme lâcha, galamment:

"Je t'en prie."

Mickey hésita un dernier instant, cherchant ses mots.

"Comment t'es-tu retrouvé dans cet endroit, la première fois? Je me souviens qu'à l'époque, tout le monde t'avait cru mort…"

Comme s'il venait de marcher sur un caillou particulièrement pointu, le Sage se stoppa net et le roi se mordit la lèvre: peut-être craignait-il d'avoir abordé un sujet trop sensible. Le sourire d'Ansem le rassura cependant, alors qu'il bifurquait sans explication vers une autre route du Domaine obscure, qu'il semblait connaître comme sa poche.

"Je pense que je n'ai pas besoin de te rappeler qu'à cette époque j'avais Xehanort pour élève", débuta Ansem en pesant chacune de ses paroles, tout en continuant à avancer.

"Qui avait modifié l'apparence de Terra, ajouta Mickey de sa voix aiguë, oui je me souviens de ce garçon…"

"Ce jeune homme avait commencé à récupérer la mémoire de son symbiote, et c'est contre ma volonté, bravant mon interdiction, qu'il a continué en secret des recherches sur le cœur humain, que j'avais décidé d'abandonner plus tôt dans ma carrière…"

La mine du vieil homme devint plus grave et plus sombre à cette remembrance. Avec une once de honte dans la voix, il précisa:

"Tu dois savoir que mon passé de scientifique me hante encore, tourmentant les nuits sans fin que je vis en ces lieux... "

Sentant la détresse dans le timbre de son ami, Mickey intervint:

"Ansem… tu ne devrais pas ressasser ces souvenirs. Tu es quelqu'un de bien à présent. C'est grâce à toi que Sora a pu se réveiller de son coma, que Riku est revenu dans la lumière et que le Kingdom Hearts factice de Xemnas n'a pas pu être complété."

"Il est vrai… admit le vieillard avec réserve. Mais je n'ai pas toujours été ce "héros" si admirable... "

Un douloureux souvenir fit froncer les sourcils du vieux philosophe, qui finit par avouer avec tristesse:

"J'ai commis des abominations… par désir, par curiosité malsaine. Mon égo me poussait toujours plus avant vers le précipice de la démence, qui se trouvait aux frontières de la morale. Le progrès de la science n'a été qu'une grossière excuse qui ne faisait que maladroitement camoufler ma soif de gloire…"

Le sage posa un regard ambré attristé sur son ami, creusant davantage les rides profondes de son front, avant d'ajouter:

"Au commencement, si j'ai décidé d'aider le jeune Riku dans le Manoir Oblivion, puis Sora et Naminé à leur sortie de celui-ci, ce n'était pas par charité ni bonté de coeur… je voulais me racheter, Mickey. Tenter de réparer mes échecs, mes fautes, et tout le mal que j'avais fait à d'autres jeunes gens avant eux…"

"D'autres jeunes gens…?" répéta Mickey, dubitatif.

"Une jeune fille, pour être plus exact…" précisa le vieux scientifique en s'arrêtant soudainement d'avancer.

Le roi Mickey fronça ses sourcils noirs qui se confondaient avec sa courte fourrure rase, guettant un mouvement de la part de son ami, ou tentant de comprendre ce que le regard cuivré du vieillard cherchait dans l'obscurité autour d'eux.

"Ce devrait être non loin d'ici…"

Toujours aussi mystérieux, et perdu dans ses pensées, Ansem se prit le menton de sa grande main parcourue de taches brunes dues à son âge. Grattant hasardeusement les poils drus de sa barbe, il semblait retracer un itinéraire inconnu à son compagnon…

"Oui, c'est là que j'ai…oui, il me semble..."

Continuant à grommeler des mots sans queue ni tête, Ansem le Sage reprit finalement son chemin dans les landes infernales, Mickey sur les talons. Ce dernier savait très bien que bien qu' incompréhensible au premier abord, aucune action de son ami n'était entreprise jamais au hasard: il le conduisait bien quelque part dans le Monde des Ténèbres. Mais où?

Quelle ne fut pas la surprise du petit monarque de reconnaître enfin, après un dernier virage caché par un rocher nervuré, un joli champ de fleurs blanches et brillantes, presque éblouissantes, disposé au centre de ce qui aurait pu être une clairière désertique au sol grisâtre, sableux et sec. Pris d'une brusque euphorie à la vue de ces simples plantes fragiles vivant au milieu de ce monde hostile, le rongeur se précipita vers elles en s'exclamant:

"Les Belles-de-Nuit! Elles sont toujours là!"

Ansem ouvrit de grands yeux abasourdis tout en laissant son ami le devancer et s'agenouiller près des pétales nacrés.

"Tu connais donc l'existence de ce lieu?"

"Oui! admit Mickey en tournant un visage souriant vers le sage. Nous sommes passés par ici avec Riku, lorsque nous étions à la recherche de Aqua. Je me souviens que Riku avait besoin de réconfort, et qu'il est resté un moment au milieu des fleurs…"

Mickey hésita, se prit le menton pour réfléchir, puis finit par terminer en jetant une main sur le côté:

"Si je me rappelle bien, il a même emporté une des ses fleurs avec lui!"

Avec une lenteur respectueuse, presque religieuse, Ansem vint rejoindre son compagnon mais refusa de s'accroupir. Il resta quelques instants à observer le champ d'espoir inespéré que représentait ses plantes lumineuses, mais il semblait voir en elle un présage bien plus néfaste que le roi. Enfin, après ce qui ressemblait à une prière silencieuse, le viel homme finit par lâcher, dans un souffle:

"Ainsi, vous avez trouvé sa tombe…"

Le dernier mot de la phrase d'Ansem tomba dans l'esprit de Mickey comme une pierre et il se retourna, presque choqué et dans l'attente inquiète de la terrible suite de l'aveu du vieux scientifique.

"Oui… répondit Ansem à la question non formulée. C'est moi qui l'y est enterrée."

Mickey se remit sur ses courtes jambes et hésita quelques instants, regardant ses grands pieds, mal à l'aise. Enfin il osa demander en fixant tristement le vieux scientifique:

"C'est cela que tu voulais me montrer? Mais quel rapport avec ta première visite de ce royaume?"

Ansem, comme perdant subitement sa force vitale, ou peut-être son courage, dut aller s'asseoir sur un bloc de pierre bleuté. Compréhensif, le roi du Domaine de la Lumière le suivit mais resta debout à une distance respectueuse, attendant la suite de la tragique histoire.

"Lorsque j'étais jeune et cruel, soupira le sage en fermant les yeux de regrets, j'avais expérimenté certaines de mes théories sur les émotions et la psyché humaines sur des cobayes... vivants. A cause de mon orgueil, et bien que j'aie décidé d'arrêter ses immorales recherches, j'ai décidé de garder les rapports y faisant référence, et les ai cachés. Mon apprenti, Xehanort, a néanmoins mis la main sur eux et, dans le plus grand des secrets, a fait construire à mes autres apprentis un laboratoire secret, sous la forteresse de Jardin Radieux… Lorsque j'ai appris leur trahison, ainsi que l'existence d'un tel lieu, je leur ai ordonné de tout arrêter et de stopper cette folie! … mais il était déjà trop tard…"

Ansem rouvrit ses yeux ambrés brillants d'émotions. Il dut déglutir plusieurs fois avant de pouvoir poursuivre:

"J'ignore combien il y a eu de victimes… mais c'est là que j'ai découvert cette jeune fille. D'après ses rapports, Xehanort l'aurait découverte, amnésique, dans notre monde. Selon lui, elle avait un coeur spécial, particulièrement intéressant, et c'est pourquoi il la nomma "Sujet X" et débuta toute une batterie de tests innommables et inhumains sur elle…"

Le Sage fronça ses sourcils, peut-être de colère, ou de dégoût, et reprit avec une passion dans la voix qu'on lui connaissait guère:

"Courroucé par ce spectacle, j'ai libéré cette pauvre hère, dans le but de soigner ses blessures… Mais Xehanort, enragé par la perte de son précieux spécimen, perdit la raison et débuta la fabrication d'une véritable armée de Sans-Coeurs dans le but de me pourchasser, et de récupérer ce qu'il considérait comme sien. Le flot de créatures assoiffées de cœurs entraîna la destruction de Jardin Radieux, dont la serrure fut découverte par elles, qui dévorèrent alors jusqu'à son essence… Si certains de ses habitants rescapés apparurent à la Ville de Traverse, ce monde né des fragments de nombreux autres, la jeune fille et moi-même nous réveillâmes en ces terres funestes…"

Abasourdi par le flot de ses révélations désastreuses, Mickey en resta sans voix. Des larmes de culpabilité brillèrent alors véritablement dans les iris cuivrées du vieil homme, tandis qu'il terminait son histoire, la voix éraillée par la honte:

"J'ai tout tenté pour la sauver… mais en vain. Aujourd'hui encore, je ne saurai dire quel fut, de son corps ou de son esprit, le responsable de son décès… Après avoir creusé sa sépulture, j'ai débuté une longue errance dans ce monde brisé, laissant sa noirceur entrer dans mon âme, acceptant en punition pour mes péchés de devenir la créature des ténèbres qui sommeillait en moi depuis des années…"

Devant la profonde détresse de son ami, Mickey ne put plus tenir son silence et décida d'intervenir, engageant:

"Ansem, tu as fait tout ce que tu as pu, au péril de ta vie, pour sauver cette jeune fille. Xehanort a un cœur mauvais de nature, et cela n'est pas de ta responsabilité. Cesse de te tourmenter avec cela, et regarde plutôt ce qui a fleuri sur son corps: l'espoir."

Le roi fit un pas de côté, pour montrer le champ de Belles-de-Nuit au vieux scientifique, qui l'observa d'un œil éteint. Le monarque reprit:

" Cette jeune personne n'est peut-être plus, mais je suis certain qu'elle t'était reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour elle. Et si la lumière au sein de son cœur a réussi à faire pousser ses fleurs dans ce monde mourant, c'est que son âme devait être pure, et emplie de gentillesse et de compassion."

A cette évocation passée, un timide sourire apparut sur les lèvres d'Ansem, qui admit:

"Il est vrai… elle était bien de cette nature."

Il y eut un silence entre les deux hommes, qui se regardèrent sans jugement, et avec empathie pour l'un, et redevance pour l'autre. Enfin, Ansem soupira et souffla, comme apaisé:

"Merci, mon vieil ami… d'avoir écouté l'histoire d'une âme torturée. Il me semble que mon coeur est un peu moins lourd, à présent…"

"Les peines ne sont supportables que si elles sont partagées", en conclut le roi Mickey en tendant sa petite main gantée au vieillard pour l'aider à se relever.

Alors, les deux monarques reprirent lentement et sereinement le chemin tortueux qui allait les ramener à la Marge Noire, limite providentielle du Domaine des Ténèbres, d'où ils attendaient patiemment, chaque jour, leur prochain salut…

Petite défi: QUI est le mystérieux Chercheur?
Et qui est la jeune fille dont parle Ansem le Sage?