CHAPITRE 72

OOC : Bonjour à tous. Voici un nouveau chapitre. Si vous voulez laisser un review, cela me fera toujours plaisir. Sinon, c'est comme vous voulez. Cela ne change rien pour moi.

« Wow. Tu y es allé fort, cette fois-ci », siffla Kaon alors qu'ils traversaient les couloirs du Peaceful Tyranny pour se rendre à l'infirmerie, là où le medic actuel les attendait nerveusement.

Tesarus s'assit contre le mur. Le medic tremblait de tous ses membres. Mais alors qu'il effectua un mouvement vers lui pour lui scanner le corps, Tesarus lui montra les dents. Cela fut suffisant pour que le robot frêle sursaute et évacue l'infirmerie comme une fusée. Il avait peur de se retrouver dans sa turbine et d'y être broyé.

Tesarus poussa un soupir alors qu'il croisa ses bras sur son châssis, pensif.

- J'imagine, répondit-il vaguement.

- Hm. Tu as l'air grincheux, commenta Kaon. Pourquoi donc ? Enfin, je sais que tu n'aimes pas les réparations, mais tu es plus grincheux que d'habitude.

Tesarus détourna le regard, ne souhaitant pas expliquer le problème à son camarade.

Connaissant Kaon, il irait tout rapporter à Tarn. Et ce dernier le convoquerait pour une évaluation privée et lui rappellerait qu'il est trop fier. Que seule la Cause comptait, et que personne n'avait le temps pour ses petits déboires personnels.

Depuis qu'il avait signé, il s'était accommodé à cette vie : pas de projet personnel, pas de vie personnelle, pas de vie de famille…Tout cela, il s'y était accommodé.

Mais…

- Oh, rien…

Il marqua un temps.

Il finit par céder. C'était trop important pour le garder pour lui.

- C'est juste que ce traître m'a vraiment blessé, à parler de ce nouveau gars. Tu me connais…J'ai toujours été ce grand méchant robot qui terrifiait les autres. C'est ma personnalité ! C'est à moi !

Et le fait qu'un dénommé Mors, ou n'importe qui d'autre, prenne sa place…cela le mettait hors de lui.

Kaon plaça les mains sur ses hanches, blasé.

- Bah. Tu es toujours aussi grand.

- Je dois retrouver mon charme ! insista Tesarus.

- Et tu crois que ce type, Mors, va simplement disparaître ?

Sans le réaliser, Kaon venait de lui donner une idée.

Immédiatement, Tesarus se releva.

- Tu es un génie !

S'il avait encore ses optiques, Kaon les aurait clignées, stupéfait.

Il ne comprenait pas.

- Je le suis ?

- Oui ! C'est une très bonne idée ! On trouve Mors, je le rends à l'état de pièces détachées et je redeviens la vedette.

Et il allait avoir besoin d'aide.

Kaon s'était figé.

- « On » ? avait-il répété, ébahi.

- Oui ! Je viens d'avoir une idée pour forcer ce gars à se montrer.

- Mais…cela ne va pas être un chouïa dangereux ? Je ne suis pas sûr que Tarn apprécierait qu'on quitte notre poste…

Mais Tesarus l'ignorait déjà.

Il s'était transformé en son mode tank, tandis que Kaon le suivait difficilement. Tesarus savait qu'il n'était pas rassuré, mais c'était sûrement dû au fait qu'il avait plus peur de la réaction de Tarn que du soi-disant monstre qui dévorait les voyageurs.

- Où est-ce qu'on va ? hasarda Kaon alors que son souffle manquait tandis qu'il essayait de garder la distance avec le tank.

- Ne t'inquiète pas. Nous y sommes presque.

Une fois arrivés sur les lieux, à l'extérieur de la ville en question, Tesarus se retransforma. Il fit signe à Kaon de s'approcher avant de tendre les bras pour désigner leur futur campement.

- Voilà le plan : on va s'installer ici, déclara Tesarus. Et on va attendre que la nuit tombe. Je vais t'utiliser comme appât et tu vas le conduire jusqu'à moi. Et ensuite…Tu me laisses m'en charger.

La réaction de Kaon fut immédiate.

- Appât ? On n'a jamais parlé de cela, Tesarus !

- Tu es entre de bonnes mains. Tu sais que je ne laisserais rien t'arriver.

Tesarus lui avait seulement adressé un sourire déterminé.

- On n'abandonne pas un camarade.

- Pas question ! Je me casse !

- Kaon…

Cela avait duré une bonne heure. Une bonne heure durant laquelle Tesarus avait essayé de le convaincre de marcher, de l'accompagner.

Au bout d'une heure à flatter son ego et à user de bons arguments, Kaon avait fini par obtempérer, quoiqu'à contrecœur. C'était évident. Après tout, il s'agissait de son combat, pas celui de Kaon.

Un combat de géants…Un combat de monstres…

Telle était la façon dont Tesarus le percevait.

Le piège fut enclenché. Tesarus s'était caché, prêt à fondre sur son rival tandis que Kaon attendait sur une colline en hauteur la moindre trace qui détecterait le dénommé Mors.

Tesarus n'avait aucun souvenir de combien de temps ils avaient attendu. Le ciel était devenu de plus en plus rouge, de plus en plus sombre…Depuis sa cachette, il ne pouvait plus discerner les traits de Kaon.

Seulement sa silhouette.

Tesarus était patient…mais pas à ce point-là. Et Kaon le fut encore moins.

« …J'en ai marre. J'abandonne, Tesarus. »

Mais au moment où il était sur le point de descendre, une lueur apparut au loin, devenant de plus en plus brillante au fur et à mesure qu'elle s'approchait.

Kaon gronda.

Tesarus réprima un sourire.

Il s'agissait de lui. Mors.

Le monstre se montrait.

Kaon répliqua sans hésiter avec son électricité pour le faire ralentir avant de sauter de son emplacement pour foncer dans la direction où se trouvait Tesarus.

- J'arrive, Tesarus !

Tesarus se tint prêt.

Enfin, le combat s'annonçait.

Le combat de titans.

Il était temps de savoir s'il allait tomber dans le piège.

Bingo !

Au moment où le monstre se transformait et fondait sur Kaon, Tesarus surgit devant lui, s'étant redressé de toute sa hauteur pour se montrer plus imposant, plus menaçant.

Sa turbine s'était activée.

Mors lui adressa un regard à la fois menaçant et surpris. Il ne s'attendait sûrement pas à trouver quelqu'un de sa taille. Encore moins avec quatre bras déployés et une turbine prête à le hacher…

Tesarus commença avec un coup de poing en plein visage, le faisant reculer et l'éloignant de Kaon.

- Ravi de te rencontrer, Mors. J'ai entendu tellement parler de toi, fit Tesarus, le ton sarcastique.

Mors grogna, moqueur.

- Ouais, super. Peux-tu me dire à quel jeu tu joues ?

Héhé…Il l'ignorait donc ?

Tesarus serra les poings.

- Mon nom est Tesarus, annonça-t-il, solennel. Je suis venu t'anéantir. Normalement, je dirais que c'est juste du business mais…Là, c'est juste personnel !

Le monstre n'avait pas l'air de saisir.

Tant pis. Il n'y avait rien à comprendre. Tesarus le frappa encore avec l'autre bras.

Mors recula facilement. Tesarus jeta un coup d'œil derrière lui. Kaon était en retrait, la main à son oreillette.

Etait-il en train de prendre les paris ?

Il espérait qu'il pariait sur lui.

Tesarus ne laissa pas le temps à Mors de répliquer qu'il lui envoya un coup de boule. Il profita qu'il soit à terre pour le soulever au-dessus de ses épaules. Il fut tenté de l'envoyer dans sa turbine mais cela serait trop facile.

Tesarus le jeta au loin. Mors atterrit contre un rocher. Cela lui ouvrit la lèvre et l'energon tâcha le sol à ses pieds.

C'était tout ?

Il n'allait même pas se défendre ? C'était cela, le monstre craint par les habitants ? Les gens le craignaient lui, au lieu de craindre Tesarus ?

- Je ne sais même pas pourquoi il y a eu tant de rumeurs vis-à-vis de toi…

Tesarus le ramassa et le souleva à nouveau, à bout de bras, cette fois.

- Je vais te donner un bon spectacle !

Mors se transforma au vol.

Il se mit à rire.

Un rire tonitruant, profond.

- Cela fait si longtemps que je n'avais pas eu un tel adversaire !

Il parut…enchanté.

Tant mieux. Tesarus l'était tout autant.

- Je vais adorer te dépecer !

- Et moi donc !

Chacun des géants prirent leur élan.

Ils étaient sur le point de se jeter l'un sur l'autre…

Mais au moment où ils allaient se rejoindre et éclabousser leur environnement d'energon, un tir de canon les sépara.

Immédiatement, Tesarus et Mors s'arrêtèrent.

Ils se retournèrent vers la source du canon.

Et Tesarus ne put être en mesure de cacher sa peur et sa déception en voyant Tarn apparaître devant eux, le canon levé et encore fumant, Kaon à ses côtés.

Il l'avait contacté.

Mais Tarn ne paraissait pas en colère.

Non...il parut même…fier.

Fier ? Fier de lui, de Tesarus ?

- Je vois que tu nous as trouvé une nouvelle recrue, Tesarus.

Tarn s'avança vers eux, son attention focalisée sur Mors.

Le ton léger, Tarn compléta :

- Notre équipe a peut-être enfin déniché un Helex.


Helex devina qu'il était à bord d'un camion. Autour de lui, il pouvait sentir les autres cadavres des mécaniques qui étaient tombés durant leur combat dans l'arène, qui avaient perdu contre lui ou contre un autre adversaire. Tous ces cadavres, entassés les uns sur les autres, sur lui, les optiques vides, l'expression de terreur scellant à jamais leur visage…

Ils n'avaient pas pris soin de vérifier qu'Helex était bel et bien mort…Mais peu importait. Il était tombé. Cela leur suffisant.

Cela sentait l'energon à plein nez…cela empestait, même. Mais cela ne déplaisait pas au géant à quatre bras.

Non…Cette odeur…cela lui donnait même faim.

Et c'était une bonne chose.

Il aurait besoin de cela…cette faim, cette folle envie meurtrière pour sortir, pour récupérer les autres et quitter Ataglan…Après avoir anéanti tous ces organiques.

Le trajet avait été long…Helex aurait été incapable de savoir où ils les emmenaient. Le géant ne chercha même pas à bouger. S'il bougeait, sa couverture serait grillée.

Mais quand le camion s'arrêta enfin, Helex comprit qu'ils avaient atteint leur destination.

Une odeur de fumée, de brûlé, atteignit les narines du mécanique.

Où était-il ? Dans quel endroit se trouvait-il ?

Les portes du camion s'ouvrirent.

Des organiques commencèrent à ramasser les cadavres entassés pour les sortir du camion. Ils devaient être deux ou trois…

« Gardez le gros pour la fin. Autant se débarrasser d'abord des plus petits. »

Helex attendit qu'ils aient le dos tourné pour entrouvrir une optique.

Devant lui, depuis l'intérieur du camion, il analysa l'environnement.

Tout était étonnamment si chaud…

Du feu…du feu qui brûlait au loin…

Cela provenait d'un four…Non. Deux, trois fours.

C'était la provenance de la chaleur.

La flamme, la fumée…cela brouilla temporairement sa vision.

Helex devina qu'il était dans une sorte d'usine. Une usine particulière…

Il fut obligé de refermer ses optiques lorsque les organiques revinrent pour ramasser d'autres mécaniques avant de les placer dans une sorte de brouette et les pousser loin du camion, en direction des fours.

Des fours…Quelque chose qu'Helex reconnut comme un convertisseur…une bassine transportée par les organiques, remplie de liquide, qu'Helex analysa rapidement comme étant du métal fondu…

Il venait de comprendre.

Une aciérie.

Ils y faisaient fondre les mécaniques. Probablement pour les transformer en objet qu'ils pourraient utiliser pour leur propre compte.

Sûrement des armes…Tel Megatron le faisait autrefois.

Il ne fallait pas qu'il se fasse tuer.

Il ne fallait pas qu'il se fasse fondre par ces organiques.

Helex repensa péniblement à la raison pour laquelle ils avaient dû abandonner Kaon et Vos sur Ofsted XVII…cela avait été sa faute, parce que la situation avait été trop dangereuse et parce qu'il avait eu trop peur de se faire tuer par les organiques.

Il secoua la tête, essayant de se ressaisir. La situation n'était pas la plus dangereuse pour lui. Il les maîtriserait.

Comme il l'avait toujours fait.

Helex n'allait pas les laisser faire. Encore moins les laisser le faire fondre aussi.

Il attendit.

Il attendit jusqu'à ce que les derniers cadavres soient rapatriés et emmenés aux fourneaux.

« …Il ne reste plus que celui-là. »

L'un des organiques s'approcha.

« …je m'en occupe. »

Son collègue hocha la tête et s'éloigna rapidement pour s'occuper de la fusion d'autres métaux. L'organique en question amena la brouette à proximité du camion.

Enfin, il tendit les bras pour soulever le bras gauche d'Helex, qui pendait dans le vide.

Helex réprima un sourire mauvais.

Il sentit l'organique grimacer.

« …Je vais avoir besoin d'aide…Hmmff ! »

Helex ne le laissa pas appeler ses camarades.

Il saisit l'organique par le poignet avant de l'attirer à l'intérieur du camion, usant ses autres bras pour refermer les portes.

L'organique voulut crier mais Helex lui plaqua une main forte sur la bouche. De la salive émana de celle du géant. Il fixa l'organique avec appétit.

« …Je vais te manger. »

Helex lui agrippa le bras droit et le lui brisa. Le cri de l'organique se perdit, étouffée par la main du géant.

Il approcha son autre main de son cou.

« Et avant cela, je vais t'étrangler. Peut-être même te placer dans mon four. Tu sentiras l'effet d'être fondu, toi aussi », susurra-t-il avec une doucereuse menace.

L'organique se raidit.

Oh oui…C'était si tentant de se débarrasser de cet organique, de ceux qui les avaient enfermés ici…

Helex laissa sa main en suspens.

« …Tu as envie de vivre, j'imagine ? »

Bien sûr.

Tout le monde voulait vivre.

L'expression dans les optiques de l'organique était suffisamment éloquente en elle-même. Helex ricana doucement.

« Alors, voilà ce que tu vas faire. Tu vas m'emmener jusqu'aux lieux où sont enfermés les autres mécaniques. Les mécaniques vivants, je précise. Ceux que vous utilisez comme des animaux dans les arènes. »

Il marqua une pause.

« …Tu vas tout me dire. Y compris comment désactiver la puce qui fait exploser les processeurs des mécaniques. Tu vois de quoi je parle. »

L'organique se figea.

« …N'ose pas me dire que tu ne le sais pas. Débrouille-toi pour le savoir. Et tu vivras. Peut-être. Autrement, je te tue et je demanderai à un autre organique qui acceptera. A-t-on un arrangement ? »

Il ne dégagea pas sa bouche.

Quelqu'un frappa aux portes du camion. On demanda s'il restait encore des mécaniques.

Helex plongea ses optiques dans celles de l'organique, la menace évidente qui tomberait tel un couperet si l'organique donnait une mauvaise réponse.

Lentement, prudemment, il retira la main de sa bouche.

L'organique reprit son souffle, Helex gardant le poing en l'air, prêt à l'utiliser.

« …Tout est bon », répondit l'organique, la voix tremblante. « …Je…je vais prendre le volant. Je retourne à la ville pour le prochain combat. »

Helex attendit.

Le silence répondit. La tension fut à son comble. Le géant aux quatre bras pria que l'organique gobe et les laisse tranquille. Pour qu'il puisse repartir.

L'organique finit par acquiescer. Quelques minutes plus tard, des bruits de pas s'éloignèrent.

Ils étaient à nouveau seuls. Helex se redressa et ordonna à l'organique de monter au volant du camion.

« Je te surveille. Si tu vends la mèche, je te tue de la manière la plus atroce. Je suis membre de la DJD. Compris ? »

L'organique émit des gémissements plaintifs suite à la douleur à son bras. Helex secoua la tête. Ce n'était pas une blessure mortelle.

Il se débrouillerait.

Sans un mot, l'organique fit démarrer les moteurs du camion. Les membres tremblants, il posa sa main valide sur le volant.

Le camion se remit en marche et roula.

Helex se cala à l'arrière, sans détacher son regard de l'organique qui constituait à présent son seul moyen de revenir auprès des autres membres de la DJD.

Il commencerait par libérer Tesarus…ensemble, ils chercheraient Tarn et Nickel.

S'il pouvait les sauver…S'ils pouvaient repartir…Peut-être qu'il pourrait redorer son blason auprès de Tarn et des autres…

Mais s'il était tué par une race inférieure…

Helex blêmit. Il prit une inspiration, essayant de se calmer.

Il avait connu pire que cela. Il devait libérer la DJD. S'ils tombaient, Megatron ne mènerait jamais à bien son ascension.

Alors, il attendit. Il attendit jusqu'à ce que le camion franchisse les portes de la ville.

Il avait connu pire…

Telle fut la phrase qu'il se répéta inlassablement pour se rassurer. Il n'était pas un froussard. Il ne devait pas le devenir.

Il était membre de la DJD. Autrefois, il était un monstre qui terrorisait les voyageurs. Les organiques n'allaient pas lui faire peur, après tout.


La voiture se gara devant le supermarché. Une fois que les moteurs furent coupés, Leviathan descendit et claqua la portière derrière elle.

Escortée par Xoos, comme habituellement, Leviathan se dirigea vers le magasin, accompagnée par sa maman.

Lorsqu'elle pénétra à l'intérieur du magasin, Leviathan put sentir les regards braqués sur elle.

Les regards ahuris, tétanisés des divers clients, des citoyens qui faisaient leurs courses. Bien sûr, voir la princesse était toujours impressionnant.

Sauf qu'actuellement, elle était accompagnée d'une mécanique. Alors que son père avait ordonné leur destruction, la voilà qui faisait ses courses en leur compagnie.

« Mademoiselle… »

Leviathan se retourna. Xoos se racla la gorge, une expression embêtée sur son visage.

- Vous savez que vous n'avez pas à faire les courses. Vous avez des serviteurs pour cela.

- Je n'aime pas rester à l'intérieur, enfermée toute la journée.

Surtout qu'elle faisait toujours les courses avec sa mère, autrefois.

Leviathan vit la mécanique prendre un paquet de nourriture, avant de le plonger dans son cadis.

- Tu sais que j'aime cela ! sourit Leviathan, enthousiaste.

- Bien sûr que je le sais, répondit la mécanique.

- Tu n'es pas ma maman pour rien.

La mécanique lui offrit une courte révérence avant de fouiller les rayons.

- Mademoiselle…intervint Xoos à nouveau.

- Hm ?

- …Ce n'est pas votre mère. Vous le savez, n'est-ce pas ?

- Si, elle l'est.

Leviathan s'extasia à nouveau dès que le robot lui montra un nouveau paquet de nourriture qu'elle appréciait. La mécanique le plaça à côté des autres paquets, dans le cadis.

- Non, Mademoiselle…je crains que non.

- Elle prend soin de moi. Elle s'occupe de moi, elle fait la cuisine, elle passe du temps avec moi, elle m'aide aux devoirs ! Elle me chante une berceuse, elle me lit une histoire le soir avant de dormir.

- Mais parce qu'elle y a été programmée…

Leviathan n'écouta plus Xoos.

Quelqu'un chuchota derrière elle. Quand elle se retourna, elle aperçut deux femmes se figer avant de se redresser pour se tenir droites.

Peu importait, Leviathan les avait déjà entendues.

Une honte. On sait que les mécaniques ont massacré notre peuple.

- Vous faites des généralités ! cria Leviathan.

- Mademoiselle…tenta d'interférer Xoos.

- Les mécaniques ne sont pas tous des monstres ! Vous avez la preuve juste devant vous.

Les citoyennes baissèrent la tête.

Elles paraissaient…désolées pour elle.

Pourquoi ?

- …Elle est de la DJD, Votre Altesse.

- Je me moque qu'elle soit de la DJD. Vous ne l'insulterez pas en ma présence. Vous n'insulterez pas ma mère en ma présence.

- Mais Votre Altesse…

Le reste de la phrase de la citoyenne se perdit dans sa voix.

Elle pouvait continuer. Elle ne se ferait pas exécuter pour avoir parlé.

- …Vous n'avez jamais eu qu'une seule mère. Ce n'est pas une mécanique.

Le visage de Leviathan se fissura légèrement.

- …Elle est ma mère actuelle. Et…elle me rend heureuse. Vous êtes tenues de l'accepter. Compris ?

Son timbre de voix fut calme.

Leviathan attrapa le bras du robot.

- Allez, maman. On y va. On peut aller se promener ?

La mécanique sourit.

- Bien sûr, Leviathan. N'importe quoi pour passer du temps avec toi.

Leviathan fut reconduite à l'extérieur du magasin tandis que Xoos payait la nourriture qu'elles avaient acheté.

Elle entendit une phrase. Elle ignora si cela lui fut destiné ou non.

Pauvre femme.

Pauvre…femme?

Pourquoi était-elle…une pauvre femme ?

Leviathan secoua la tête et accéléra le pas.

Elle était heureuse. Elle avait un père, une mère, un frère…Tout ce qu'elle désirait.

Cela lui était plus que suffisant.


Le camion ralentit avant de s'arrêter complètement.

L'organique coupa le moteur et lentement, il tourna la tête dans la direction d'Helex, qui ne l'avait pas quitté des optiques.

« …Nous sommes arrivés ? »

L'organique bredouilla :

- …O-oui.

- Maintenant, tu vas me dire où dois-je aller. Tu le sais forcément.

L'organique se couvrit le visage.

- Regarde-moi quand je te parle !

- …Vous devez aller…au bureau d'accueil. Il…il y a un registre. Pour trouver le prisonnier que vous cherchez…Et…vous vous y rendez. Il y a…un ascenseur.

- Et pour réactiver mon camarade ? Il y a une commande, n'est-ce pas ?

L'organique acquiesça, complètement apeuré.

- Alors, donne-la-moi !

- Je…je crois que vous devez rentrer le numéro du prisonnier et…appuyer sur démarrage.

C'est tout ? pensa Helex. C'était aussi simple que cela ?

- …Et pour la puce ?

- Je…je ne sais pas…

- Tu le sais forcément ! Ou tu connais quelqu'un qui sache la désactiver !

L'organique se mit à gémir.

- Appelle-le ! Appelle-le ! gronda Helex alors qu'il resserra sa prise autour de son cou, prêt à le lui rompre. Demande-lui comment désactiver la puce !

Il le relâcha en le repoussant violemment. L'organique manqua de se cogner contre la vitre de sa fenêtre.

- Et pas d'entourloupe ! Personne ne te sauvera à temps ! le menaça Helex quand l'organique commença à composer les coordonnées pour établir la liaison avec son contact.

L'organique déglutit difficilement alors que son doigt appuyait lourdement sur le bouton de mise en relation.

Helex devina qu'il était aussi terrorisé que lui ne l'avait été, lorsqu'ils avaient été cernés par la flotte de la Black Block Consortia et du Conseil Galactique.

Le géant aux quatre bras s'accouda au siège, attendant que la communication s'établisse.

- …Oui…ça va ? fit l'organique, éclaircissant sa voix afin de paraître plus assuré, de camoufler sa terreur.

Helex grogna.

- Je veux juste…savoir…comment…on désactive la puce des mécaniques ? Celle qui permet de…d'exploser leur processeur ?

L'organique à l'autre bout de la ligne l'interrogea, lui demanda pourquoi.

- …Dis que tu es intéressé à l'idée d'en acheter un, lui chuchota Helex.

- Je veux en acheter un.

L'organique lui répondit qu'il n'en avait pas les moyens et que cela n'avait pas d'intérêt de désactiver la puce.

- Juste…dis-moi.

Un silence répondit.

L'interlocuteur soupira. Il finit par lui révéler la procédure à mettre en place pour désactiver la puce en question.

Dans la Tour de Valak, un ordinateur géant s'y trouvait au vingtième étage. Le serveur central contenait tous les noms des mécaniques et possédait la commande pour désactiver la puce du mécanique qu'il souhaitait acheter.

Le manuel de fonctionnement se situait dans l'un des tiroirs de la salle où était situé l'ordinateur en question.

Helex montra les dents.

Parfait.

Il lui déclara qu'il pouvait raccrocher. L'organique s'exécuta et se tourna vers Helex, blême.

Allait-il le tuer maintenant ?

- …Il y a des gardes à l'intérieur, fit Helex. Tu vas les attirer ici. Le temps que je rentre à l'intérieur et que je libère mes camarades.

L'organique se recroquevilla dans son siège.

- Pitié…je ne sais pas comment…

- Tu trouveras sûrement un moyen.

Helex se pencha vers lui, dévoilant ses dents acérées, sa longue langue, lui indiquant clairement son sort s'il ne trouvait pas une solution rapidement.

L'organique ouvrit la bouche. Aucun son n'en sortit.

Il finit par reporter sa main valide vers la communication. Il composa d'autres coordonnées.

- Les coordonnées de la prison ? sourit Helex.

- …Oui.

La connexion venait de s'établir.

- …Il y a…une bombe à l'intérieur du bâtiment, inventa l'organique. Vous devez immédiatement évacuer !

- Quoi ?

- Evacuez immédiatement ! Cela va exploser dans quelques minutes ! Pitié !

Il avait tellement hurlé que son cri avait vrillé les audios d'Helex.

- Qui est à l'appareil ?

L'organique n'en ajouta pas plus.

Il raccrocha.

- Brillant, commenta Helex. Tu vois. Tu peux être intelligent. Les organiques peuvent être très créatifs.

Helex se redressa.

Il était prêt à sortir, pour se rendre vers la prison où étaient détenus ses camarades.

Mais alors qu'il ouvrit la porte, il se retourna vers l'organique en question.

Le soulagement était faible, mais évident sur son visage.

Helex ricana et referma la porte.

Puis, il bondit sur lui pour le dévorer à pleines dents.


En tout cas, la diversion avait fonctionné.

Dès qu'Helex s'approcha de la prison, il se cacha en apercevant les organiques sortir en trombe en file indienne, partageant tous la même expression paniquée sur le visage. Depuis l'intérieur, une alarme qui résonnait, couvrant les cris des organiques en charge qui se poussaient pour se précipiter dehors.

Une alerte à la bombe.

Helex attendit qu'il n'y ait plus personne pour se ruer à l'intérieur, ignorant l'alarme qui résonnait intensément. Helex se dirigea à grands pas vers l'accueil et se mit à retourner le bureau dans tous les sens, à la recherche du registre en question.

Il parvint à le dénicher au fond d'un tiroir. Une liste de noms de prisonniers et leurs numéros de cellule. Par chance, leurs noms étaient restés sous forme de caractères Cybertroniens et non en caractères organiques. Peut-être n'avaient-ils pas su comment les retranscrire dans leur langue?

Helex chercha rapidement celui de Tesarus.

Il le trouva à la cellule R44. Celle d'Helex avait été la R43.

Nickel était à la cellule R45. Ils avaient été vraiment les uns proches des autres.

Et Tarn…

Il fronça les sourcils, parcourant hâtivement plusieurs fois le registre.

Tarn n'était inscrit nulle part.

Pourquoi ?

Helex grimaça. Certains noms avaient été rayés. Probablement ceux qui étaient tombés au cours des combats dans les arènes.

Celui de Tesarus et celui de Nickel n'avaient pas été rayés. Pas encore.

Autant foncer. Il rechercherait Tarn plus tard. Peut-être était-il dans un autre quartier. Il ne croyait pas qu'il avait été tué par les organiques. C'était leur leader, après tout. Helex mémorisa les numéros avant de courir dans le couloir pour se rendre aux cellules en question.

Tesarus…Nickel…J'arrive.

Il vit les numéros défiler du coin de l'optique. Helex s'arrêta devant un plan pour rechercher plus facilement.

Les cellules de R10 à R50 étaient au quatrième étage.

Il balaya la salle du regard.

L'ascenseur.

Helex se précipita dessus et écrasa son doigt sur le bouton pour l'appeler.

Un bip lui indiqua que l'ascenseur s'était arrêté. Helex n'attendit pas que les portes s'ouvrent et s'engouffra à l'intérieur, avant d'appeler sur le bouton 4.

Par chance, il n'avait encore croisé personne.

Ils attendaient sûrement tous à l'extérieur, attendant que cela explose.

L'ascenseur s'arrêta au quatrième étage. Helex sortit.

R43…R44…

R44 !

Il s'arrêta devant la porte de cellule et fracassa le bouton d'ouverture d'un coup de poing. La porte s'ouvrit et Helex trouva Tesarus immobile, appuyé contre le mur, désactivé.

Helex aperçut une console du coin de l'optique. Il se dépêcha de la faire marcher.

Le numéro…

Puis…démarrer.

R44…Démarrer…

En effet, cela fut simple. Quelques instants après, Tesarus bougea. Il poussa un grognement et Helex s'abaissa pour le détacher.

« …Enfoiré d'organique ! » commença Tesarus.

Il prépara son poing. Brusquement, il releva la tête et croisa le regard d'Helex.

« …Helex ? »

Helex leva les optiques.

- Ravi de te voir aussi.

- Qu'est-ce que tu fiches ? Tu as réussi à t'échapper ? Malgré ta peur des organiques ?

- Tu préfères que je te laisse ici ?

Tesarus soupira. Helex se releva et Tesarus l'imita, se massant les poignets, désormais libres de ses chaînes.

- Il faut libérer Nickel ! Et Tarn !

- Je n'ai pas déniché le numéro de cellule de Tarn.

Helex fonça vers la cellule R45, Tesarus sur ses talons. Mais quand il l'ouvrit, la cellule était vide.

Tesarus ouvrit la bouche, livide.

- …Ils…ils l'ont tuée ? Ils les ont tués ?

Helex secoua la tête.

- Je ne crois pas. Son nom n'a pas été rayé du registre, comme certains. Et celui de Tarn n'y est pas non plus. Non. Ils doivent être quelque part.

- Et le turbofox ?

- Tu crois que c'est essentiel, à l'heure actuelle ?

Tesarus se raidit. Helex soupira.

- Que les choses soient claires : si tu es libre, c'est grâce à moi. Tu le signaleras à Tarn.

- En fait, tu viens juste nous libérer pour retrouver grâce à ses optiques ? Sympa pour moi.

- Ce n'est pas toi qu'il a démonté lors de notre dernière conversation. C'est de ma faute si Kaon et Vos ont été laissés derrière !

- Mais par Megatron, Helex. Tu crois que c'est essentiel de retrouver grâce à ses optiques ? Tu penses qu'il le mérite ?

Helex grimaça.

Il devait sûrement dire cela parce qu'il avait toujours été jaloux d'Helex, même avant son intégration à la DJD.

- …On en parlera plus tard. Je sais comment désactiver la puce qui anéantit nos processeurs.

- Mais on doit d'abord trouver Nickel et Tarn !

- Oui mais la désactiver nous enlèvera une épine du pied !

- …Il y a deux puces, déclara Tesarus. D'après ce que j'ai entendu dire…

- Et l'autre ? Tu sais ce qu'elle peut faire ?

Tesarus lui offrit un geste d'ignorance.

- …On désactivera les deux, alors, fit Helex. Mais apparemment, le système central se trouverait à la Tour du big Boss. Valak.

- Je saurais comment nous y rendre.

Helex plissa les optiques, méfiant.

- Comment ?

- Un téléporteur.

Ils remarquèrent que la sirène avait cessé de résonner.

Helex serra les poings. Dans quelques secondes, les gardes allaient rappliquer.

- …On sort d'ici ? fit Tesarus.

- …On sort d'ici.


« …Un incident avec Leviathan ? »

Assis sur son trône, Valak fixa son garde devant lui. Nerveux, Xoos acquiesça du chef.

- Oui, Votre Altesse. Je pense…je pense qu'elle ne fait pas la différence entre sa vraie mère et une mécanique.

Valak s'accouda sur le bras de son trône.

Son expression sévère s'était transformée en expression inquiète, concernée.

- …Je vois. Elle n'a toujours pas fait son deuil.

- Je pensais qu'il était nécessaire de vous prévenir.

- Tu as bien fait.

Valak ferma les yeux, essayant de réfléchir.

Il secoua la tête, la lèvre pincée.

- …Je croyais lui avoir bien enseigné les choses, Xoos. J'aurais l'air de quoi, maintenant ? De quoi aura-t-elle l'air, face au peuple ? Nous sommes la famille royale et elle…nous humilie en se baladant au supermarché, au bras d'une mécanique qu'elle appelle « maman ».

Non. Ce n'était pas acceptable.

Il allait devoir la recadrer. Et sévèrement.

- Elle aimerait peut-être seulement un peu de votre attention, Votre Altesse, proposa Xoos.

- …Je m'en veux.

Oh oui. Il se sentait coupable de ne pas avoir su empêcher que cela arrive.

- Vous n'avez pas à le faire. Vous avez des responsabilités sur vos épaules. Vous n'avez pas autant de temps à consacrer à votre fille.

- …Mais elle reste ma fille. Et une héritière importante qui prendra ma suite.

Xoos opina du chef. Valak se redressa sur son trône.

- Je vais sûrement essayer de passer plus de temps avec elle. Et ainsi, cette « lubie » lui passera. Mais il est clair que je n'aurais jamais dû céder à ce qu'elle obtienne cette…mécanique.

- Je comprends, Votre Altesse. Mais au moins…

Xoos ne put jamais finir sa phrase.

Les portes de la salle s'ouvrirent et un messager entra. Il paraissait essoufflé, comme s'il avait couru…

Mais quand il croisa le regard de Valak, il détourna immédiatement la tête.

- …Eh bien ?

Le messager se mordit la lèvre. L'expression sombre, Valak comprit qu'il avait une nouvelle lourde à annoncer.

Qu'est-il arrivé ?

- …Je ne sais pas…comment vous l'annoncer, Votre Altesse.

- Hé bien, parle donc ! s'impatienta Valak.

Le messager ne s'exprima pas immédiatement. Nerveux, il se triturait les doigts, cherchant ses mots.

- …J'ai des nouvelles d'Ofsted XVII, Votre Altesse.

A l'intérieur de sa poitrine, le cœur de Valak manqua de s'arrêter.

- …Votre fils…Asmodée…il a été tué au combat. Par les membres de la DJD ayant échoué sur la planète.

Un lourd silence tomba sur la pièce.

Xoos, le messager…Valak ne les regardait plus.

- …Mais…on a anéanti les membres de la DJD…en représailles. Ils s'étaient refugiés dans un amphithéâtre…votre fils…votre fils a été vengé, Votre Altesse.

Les mots se mélangeaient.

Un sifflement avait envahi les oreilles de Valak tandis que le messager continuait de parler.

Asmodée…Asmodée…n'était pas mort…

Asmodée n'était pas mort…Il ne pouvait pas mourir…Il ne pouvait pas…

Les mains tremblantes, Valak s'appuya sur son trône pour se redresser.

Sa vision se brouilla. Il effectua deux pas…avant de s'écrouler au sol.

- Votre Altesse !

- Médecin ! entendit-il.

Asmodée…son fils…son fils…

Valak était au bord du malaise…mais malgré qu'il sombrait dans l'inconscience, l'âme à présent déchirée en deux, il poussa un hurlement de rage mélangé à de l'angoisse et de la douleur.

Asmodée était mort…

Asmodée était mort…tué par les mécaniques…tué par la DJD…

Tandis que son garde et son messager l'entouraient, la pression et le stress accabla tellement Valak que ce dernier s'évanouit avant que le médecin n'arrive.


« Un…deux… » compta Nightbeat.

Nautica se tenait proche de lui, tremblant de tous ses membres.

Elle craignait le pire…même si elle craignait avant tout la réaction de Brainstorm par rapport au fait qu'ils aient fouillé dans sa valise.

Mais Nightbeat avait raison…Ils devaient fouiller à l'intérieur…la situation l'exigeait.

Elle espérait que Brainstorm comprenne.

« Trois ! Une maaaaaaaain- »

Nightbeat ouvrit le contenu.

Il la reposa, blasé.

- Volé.

- Cela…Cela aurait du sens, en fait.

- N'est-ce pas ? Une valise ouverte, accessible à tous…

- Je dirais donc de la refermer et de passer à autre chose, suggéra Nautica.

Nautica passa sa clé à molette qui faisait office de lampe torche pour fouiller le contenu afin d'approfondir leurs recherches.

- …Un « gaz pour les tueurs en fuite » ? lut Nightbeat. Tu es sérieuse ?

- Il y a quelque chose à l'intérieur, fit Nautica. Mais c'est invisible…

- Tu veux dire que c'est caché ?

Nightbeat jugea cela ridicule.

Nautica se demandait simplement si cela était réellement vide…peut-être un genre de gaz à l'intérieur ?

Connaissant Brainstorm, cela ne la surprendrait pas.

- Caché, invisible…ça veut dire la même chose, réalisa Nautica. Je ne sais pas ce qui me prend. Je parle mal.

- Si tu caches le contenu, pourquoi ne pas cacher la valise elle-même ?

- Je ne sais pas ! s'écria Nautica, rapidement oppressée par les questions de Nightbeat.

- A moins que la chose à l'intérieur—

Nautica releva la tête.

Son spark manqua de sortir de son châssis à la vision qui s'offrit à elle.

- Et la morale de cette histoire : n'espère pas trop de la vie. Elle est pleine de déception.

- …Nightbeat…

- N'en espère pas trop.

- Nightbeat ! Oublie cette stupide valise et ouvre les optiques !

Un cadavre…

Un cadavre empalé, dont l'energon avait séché…

Cette vision foudroya Nautica. Et quand Nightbeat s'approcha aussi, elle le sentit sursauter dans son dos.

- …C'est Tailgate, n'est-ce pas ?

Nightbeat ouvrit la bouche, cherchant quoi répondre.

- Oui. Pauvre gosse.

Sa gorge était serrée.


« Où est Riptide ? » demanda Skids alors que lui et Getaway roulaient à travers les couloirs du vaisseau.

Ce dernier s'était séparé d'eux.

- Tu n'as pas entendu « le dernier arrivé au pont doit polir le badge de Megatron » ? lança Getaway, sarcastique.

- C'était lui ?

- Non, c'était moi, avoua Getaway. Je voulais de la paix et du calme.

Dans son mode véhicule, Skids devina que Getaway essayait de se comporter normalement.

- Bravo pour avoir réparé les lumières, au fait, le complimenta Skids.

- Bravo à Megatron. Ca valait le coup de cogner.

- C'est bizarre. J'avais presqu'envie de m'excuser pour l'avoir enfermé mais…je m'inquiète. Si j'arrêtais de le haïr ?

Getaway accéléra.

- Si un Decepticon tue un Autobot, tu le détestes. Mais un million ? Un million d'Autobots ? Cela n'a aucun sens. Et c'est bien le problème, dit-il l'air de rien. Plus le crime est grave, plus c'est difficile d'y répondre.

Oui.

Sur ce point, Skids admettait qu'il n'avait pas tort. Il était content que Getaway soit là. Autrement, il aurait perdu la boule.

Devant Nautica, en plus.

- Les gars ?

Riptide venait d'apparaître devant eux.

- …Il y a un moyen pour que j'arrête de voir cela ? fit Riptide en désignant une rivière de cadavres derrière lui.

Skids et Getaway se figèrent brutalement dans un crissement de pneu.

Ils en oublièrent presque de se retransformer.

- …Par les esprits célestes, balbutia Skids, qui a fait cela ?

Getaway ne réagit pas.

Il contempla les cadavres sans rien dire.


Alors qu'ils commençaient à fouiller, Getaway se demanda pourquoi certains étaient dans leurs alt-modes.

« Vraiment ? Pourquoi se transformer en jet alors que tu es à l'intérieur ? Ou en sous-marin ? »

Peut-être pour fuir quelque chose, pensa Skids.

Ou pour combattre ?

En tout cas, il aurait aimé être aussi calme que Getaway mais au moins, Skids jugeait qu'il contenait bien mieux ses émotions que Riptide qui sautillait dans tous les sens, tétanisé.

- Il y a deux blessures, constata Getaway. Une blessure par balle et l'autre…Qu'est-ce que c'est que cela ? On dirait des trous percés…

Skids s'approcha pour mieux détailler les blessures en question.

En effet…

- Il y a des années, raconta Skids, j'ai été introduit aux thématiques cérébrales. Un ami à moi…tu pouvais lui montrer n'importe quel mode…et il pouvait te désigner où était exactement situé le cerveau. Cela peut ne pas être cela mais tout le monde ici a été tiré à la tête…comme une exécution de masse.

Il se rapprocha pour toucher la paroi du alt-mode et examiner les trous.

- Pour les trous…si je peux fouiller et voir…Attends.

Il se redressa.

- Quelque chose manque.

- Hé, tu peux parler ? fit Riptide. Nightbeat au téléphone. Skids, tu as l'air…mal.

Skids avait cessé de bouger.


De l'autre côté, Nautica et Nightbeat avaient emprunté des escaliers qui menaient à une salle qu'ils ne connaissaient pas et qu'ils n'avaient jamais vu avant.

Ils venaient de trouver un corps attaché, suspendu en l'air, décapité.

De qui s'agissait-il ?

Qui avait été là ?

Ni Nautica, ni Nightbeat ne reconnurent la personne.

Skids prit l'appel.

- C'est Skids. Toi et Nautica, vous devez revenir MAINTENANT. On part.

- Tu ne veux pas savoir ce qu'on a trouvé ? fit Nightbeat.

- Attends…Maintenant, Megatron essaie de me contacter.

« …Qu'est-ce que c'est ? » l'interrogea Skids, la voix blanche.

Megatron reprit la communication.

- J'ai trouvé des Autobots…Ils ont été tué d'une manière spécifique, lui rapporta le co-capitaine alors qu'il fouillait la bouche de Drift.

- Ne me dis pas qu'il leur manque leurs transformation-cogs.

Megatron prit une inspiration, ignorant les craintes de Skids.

Elles étaient fondées, de toute manière.

- Le vaisseau a été attaqué par la Decepticon Justice Division, annonça-t-il.