CHAPITRE 73
OOC : Bonjour à tous. Voici un nouveau chapitre. Si vous voulez laisser un review, cela me fera toujours plaisir. Sinon, c'est comme vous voulez. Cela ne change rien pour moi.
Cinq minutes plus tard
« Personne ne panique ! Nous sommes là ! Nous sommes là ! »
Nautica et Nightbeat vinrent à la rencontre de Riptide, Getaway et Skids dès l'instant où Megatron leur révéla l'identité des tueurs de la Lost Light.
« …Même si je ne comprends pas pour quelle raison on a été obligés de se regrouper d'urgence. »
Getaway haussa les épaules.
- C'est un jeu, Nautica, répondit-il, presque condescendant, comme si Nautica aurait déjà dû le savoir. Le favori en temps de guerre. Quand quelqu'un crie « DJD », tu dois trouver tes amis et courir comme si ta vie en dépendait.
Ce n'était pas drôle…
Elle croyait que quelque chose de grave s'était produit.
- Ces tueurs professionnels sadiques, grinça Riptide. Ils aiment seulement une chose : hacher, écorcher et tirer sur les Decepticons qui sortent du rang. Enfin, ils adorent tuer les Autobots aussi.
- Et pourquoi pensez-vous que…ce soient eux ? demanda Nautica d'une petite voix.
Pourquoi la DJD ? Pourquoi viendraient-ils à bord de la Lost Light pour les anéantir si c'était le cas ?
- C'est simple, fit Riptide. Helex force ses victimes à manger leurs propres cerveaux. Et Tarn…
- Il se calque sur Megatron, se rappela Skids. Il a même son propre canon fusion. Mais contrairement à son idole, il a aussi une addiction à la transformation à nourrir. C'est pourquoi il force ses victimes à se transformer avant de mourir : c'est plus facile de retirer un transformation-cog quand il est encore chaud.
Quelle horreur…
Elle savait déjà combien Swerve avait été traumatisé en entendant leurs noms…et maintenant…
- Peux-tu imaginer, Nautica, lui souffla Skids, ne peinant pas à camoufler sa terreur, peux-tu imaginer ce qui s'est produit quand ces types sont montés à bord ?
Un carnage.
Il s'agissait d'imaginer l'impensable : s'ils étaient réellement sur un Lost light du futur…alors, ils seraient tués par la DJD ?
Ils seraient tous tués par la DJD ?
Nautica eut un haut-le-cœur. Alors…alors, elle aussi ?
Comment avait-elle été tuée, elle ? Avait-elle réussi à s'échapper ? Cela expliquerait pourquoi elle, Skids, Getaway et Riptide étaient encore présents… ? Pourquoi ils n'avaient pas disparu…
Ou alors, n'avait-elle pas survécu non plus ?
Bien sûr, elle pouvait aller chercher son propre cadavre pour le savoir...
Lui avait-on tiré dessus ? Lui avait-on retiré son T-cog ?
Ou comme Riptide le rappelait, Helex l'avait-elle forcé à manger son… ?
- Nautica ! fit Skids en la voyant défaillir.
- …ça va, ça va…
Si elle devait affronter la DJD dans un futur proche…si elle savait la mort horrible qui l'attendait…nulle hésitation qu'elle mettrait fin à ses jours d'elle-même, si cela permettait d'échapper à cet enfer.
Elle fixa sa clé à molette. Brainstorm lui avait même installé une fonction, exprès pour cela. Pour les coups durs.
Ayant quitté sa cellule, Megatron renchérit :
- Je savais que cela se produirait. La DJD ne m'est pas loyale : ils sont loyaux à la Cause Decepticon. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que je renonce publiquement à la Cause et qu'il n'y ait aucune conséquence.
Donc, c'était une vengeance ?
Une vengeance contre Megatron pour avoir renoncé à la Cause ?
- Je sais qui était enfermé…qui était le cadavre décapité, déclara Nightbeat. Celui qu'on a trouvé avec Nautica.
Il marqua une pause.
- Tu suggères que l'action de la DJD est une réponse à ta désertion mais…Nautica et moi avions trouvé Overlord, mort, dans une cellule sous le vaisseau.
Nautica referma les optiques.
Rewind…mort parce qu'Overlord s'était échappé de sa cellule.
Nightbeat se rappelait qu'il avait été un traître. Que peut-être la DJD l'avait placé sur sa Liste et qu'il s'agissait de la raison pour laquelle ils étaient montés à bord.
Mais…
- …Pourquoi était-il là ? Comment la DJD a-t-elle pu le retrouver ici ?
Malgré elle, la remarque de Nightbeat regonfla Nautica d'un vague soulagement.
Donc…Ce vaisseau n'était pas un vaisseau du futur ? Et ces cadavres…Ce n'était pas eux qui mourraient dans un futur proche ?
- J'ai l'impression que des évènements déjà produits se sont passés différemment. Comme s'ils ont été modifiés.
Brusquement, quelque chose les coupa dans leurs réflexions.
Une traînée bleuâtre, la mousse quantique…elle venait d'entrer en action, manquant de les faire tomber en les touchant.
Il fallait réparer le Rodpod tout de suite, mais Riptide cria qu'ils devaient d'abord trouver les autres survivants.
- Il n'y a aucun survivant, déclara abruptement Megatron.
Nautica lui fit face, tétanisée.
Megatron la surplombait de toute sa hauteur…
- Comment le sais-tu ? l'interrogea-t-elle.
- Il n'y a aucun survivant, répéta-t-il, stoïque.
- Mais comment le sais-tu ?
- Parce que j'ai entraîné la DJD à n'en laisser aucun.
Skids grogna. Derrière elle, Nautica le sentait enragé.
Elle devinait pourquoi. La DJD…était l'œuvre de Megatron.
Il était responsable de leurs créations…et ils venaient tout juste de commettre un tel massacre. Un tel crime.
Ravage les coupa. Il était en train de renifler une armure qu'ils connaissaient bien.
L'armure d'Ultra Magnus…
- Attendez. Je sens quelque chose, fit le chat.
Il releva la tête.
- …Je sens quelqu'un.
- Je vois quelqu'un, renchérit Megatron alors qu'il se penchait vers l'armure d'Ultra Magnus à son tour.
Quelqu'un dans l'armure…
Minimus Ambus ?
Non, impossible. Et le doute de Nautica fut confirmé quand Megatron tendait les bras pour aider la personne cachée dans l'armure à s'en extraire.
Un vague sourire anima le visage de Megatron tandis que la surprise tomba sur le reste des Autobots.
- …On dirait que Tarn devient négligent.
Quelqu'un qu'ils auraient littéralement pris pour un fantôme.
Dans les bras de Megatron, Rewind reprenait lentement connaissance.
Et dès qu'il posa ses optiques sur Megatron, la terreur le foudroya et il se plaça en position défensive, comme une faible tentative de se protéger.
La lumière revint.
Allongé au sol, Tarn ne sentait plus son propre corps. Même s'il essayait de le bouger, il en était incapable.
Et même s'il le pouvait…il lui manquait un bras et une jambe. Et puis, son corps avait été rossé par tellement de coups que la simple indication qu'il était encore en vie était sa respiration faible quoique rauque.
L'organique apparut à nouveau devant lui.
Valak…Cette fois-ci, toute trace de moquerie avait disparu de ses traits. La mâchoire serrée, Tarn remarqua des larmes rouler sur ses joues.
La fureur…juste la fureur et la haine.
Dirigée contre lui.
« …Monstre », articula Valak, le ton tremblant.
Tarn fut incapable de répondre.
Son corps obéissait à la volonté de ces organiques. Il n'en tenait qu'à lui de lui ordonner de se tirer une balle et d'en finir une bonne fois pour toutes.
« Monstre ! » répéta Valak, le ton plus haineux.
Sa voix…
Tarn voulut lui cracher tout ce qu'il pensait de lui…tout ce qu'il pensait de la race organique en général.
A la place, il eut encore la force de lui demander, d'un ton courtois et à disposition de ses caprices :
- …Que puis-je pour vous ?
Valak enleva sa cape.
Il la jeta dans les bras du garde à proximité de lui.
Il s'avança vers Tarn, les manches retroussées, les poings serrés.
Le regard de Tarn dériva brièvement. Quelque chose recouvrait ses jointures. Quelque chose de doré, d'un métal dur…
Un poing métallique.
- Reste par terre, grogna lentement Valak, la gorge serrée.
Tarn demeura immobile.
Valak se plaça au-dessus de lui avant de lui écraser le châssis de tout son poids.
Le robot masqué savait ce qui l'attendait.
Son poing se leva…et il commença à le frapper en plein visage.
Tarn tressaillit à peine.
- Monstre…
L'autre poing se leva à son tour.
Tarn fut roué en pleine joue. Un garde demanda à Valak s'il souhaitait le frapper pour lui, pour qu'il n'ait pas à se blesser via le métal des mécaniques, mais Valak l'ignorait. Il l'entendait à peine.
Un troisième coup dans le châssis qui lui coupa la respiration.
- Monstre…race…inférieure…tueur…sadique…psychopathe…
A chaque insulte, une nouvelle attaque.
Les coups plurent encore et encore. Pendant un instant, la vision de Tarn disparut. Il ne vit plus rien. Un bruit de grésillement parvint à ses audios et la lumière revint.
La mine enragée et meurtrière de Valak n'avait pas disparu.
- Vous…vous avez tué mon fils ! Vous et vos mécaniques…vous avez tué MON FILS !
L'energon gicla.
Tarn sentit un goût amer dans sa bouche. Il comprit qu'il avait perdu trois dents par la seule intervention du chef de la Black Block Consortia.
- Mon fils…répéta Valak alors que son ton montait pour devenir plus menaçant tandis qu'il s'était relevé. Il avait marqué un temps avant de reprendre, tout aussi violemment, bourrant le robot masqué de coups de pieds dans les côtes, espérant probablement obtenir une réaction douloureuse de la part du leader de la DJD.
Intérieurement, Tarn serra la mâchoire.
Hors de question qu'il lui procure un tel plaisir.
- Mon fils…Asmodée…Il était tout pour moi ! hurla Valak tandis que son pied déchira la côte droite de Tarn, laissant entrevoir ses fils métalliques à l'air libre. Asmodée ! C'était comme ça qu'il s'appelait ET VOUS L'AVEZ TUE ! VOUS AVEZ PRIS MON SEUL FILS !
S'il n'avait pas été autant en peine, Tarn aurait fixé Valak avec une expression de pitié mélangée à de la cruauté.
- Tout cela pour quoi…POURQUOI, HEIN ? hurla Valak alors qu'il dégaina un couteau et planta la lame dans le ventre de Tarn.
Tarn laissa échapper une toux étranglée par l'energon qui commençait à tâcher le sol autour de lui.
- POURQUOI ?
Valak le poignarda encore, au même endroit.
- POURQUOI ? POUR UNE FICHUE TECHNOLOGIE QUE VOUS AURIEZ UTILISE POUR DECIMER MON PEUPLE ? POUR PERPETRER VOS MASSACRES ?
Les optiques de Tarn s'éteignirent avant de se rallumer à nouveau.
La lame ensanglantée couvrait sa vision, les mots de Valak se mélangeant dans sa bouche.
- Vous ne savez pas ce que c'est, d'être parent ! gronda Valak, la voix teintée par les sanglots. De toute façon, je doute que vous, les mécaniques, vous soyez en mesure de comprendre ce genre d'émotion. Aucun…aucun parent ne devrait survivre à son enfant. Aucun.
Il abaissa sa lame, se couvrant le visage d'une main tandis qu'un garde se précipitait vers lui, les larmes tombant aux pieds du leader de la Black Block Consortia.
Si Tarn avait pu parler, s'il avait été en pleine possession de ses facultés, il lui aurait dit que certains mécaniques seraient en mesure de comprendre.
Des mécaniques qui élevaient des petits étincelants. Et la guerre était telle ce qu'elle était. Beaucoup avaient perdu les petits êtres qu'ils chérissaient tant.
Valak ne serait pas le seul parent à survivre à son enfant.
Oui. Tarn lui aurait dit que ces parents mécaniques, ceux qui avaient perdu un étincelant, sauraient comprendre sa douleur.
Mais malheureusement, ce n'était pas le cas de Tarn.
Tarn n'était pas parent et il ne le deviendrait jamais. Donc, il se sentait complètement indifférent par rapport au deuil de Valak.
Valak se reprit. La rage n'en devint que plus virulente.
- Vous n'avez JAMAIS été des êtres naturels ! Des êtres faits de cher ! Vous êtes juste…du métal. De la rouille !
Et eux, de la vermine qui lui donnait envie de vomir…
- Mais que pouvez-vous comprendre ? cracha Valak avant de lui écraser le nez à travers le masque qui se cabossa sous l'impact. Vous êtes un monstre ! Vous êtes incapable d'aimer !
Si…
Si, il savait aimer. Mais le monde ne valait pas d'être aimé, à l'exception de quelques personnes. Le reste pouvait brûler dans son enfer.
Les optiques humides, Valak s'arrêta, reprenant lentement son souffle.
- …Vous ne savez même pas aimer vos camarades. Votre équipe…Vous avez abandonné deux des vôtres et vous vous en moquez.
Non…
Non, Tarn ne s'en moquait pas.
- Vous ne méritez même pas d'être leader d'une quelconque équipe.
Tarn le savait…Il savait que c'était de sa faute, ce qui était produit. Le Conclave le pensait, Tesarus, Helex et Nickel le pensaient…et lui-même y pensait tous les jours, à chaque seconde.
Après un dernier coup derrière le casque, Tarn sentit la chaleur lui monter à la tête, signe qu'il était sur le point de perdre conscience.
- Puisque vous vous souciez si peu de votre équipe, Tarn, entendit-il Valak prononcer les mots telle une condamnation à mort, je vais vous accorder votre souhait.
- …A votre service, Valak, répondit-il tandis que ses propres moteurs rugissaient en raison d'un dysfonctionnement lié aux coups.
Sans qu'il ne puisse entendre la suite, Tarn se laissa glisser dans l'inconscience.
Valak fixa le robot étendu sur le sol d'un air dur et impitoyable.
Pour quiconque avait été extérieure à la scène, à ce qui venait de se produire, aurait peut-être ressenti une once de pitié pour le mécanique pathétique qui baignait à présent dans son propre energon, accueillant les coups avec déférence et servitude.
Mais Valak ne ressentait aucune sympathie, aucune compassion pour le responsable de la mort de son fils.
Asmodée…
Valak secoua la tête, sentant l'émotion revenir à lui.
Il avait presque failli confesser que son fils avait été tué par ses subordonnés. Par ceux sur Ofsted XVII. Mais cela aurait procuré un semblant d'espoir à leur leader.
De toute manière, aux dires du messager, ils étaient morts. Et il espérait qu'ils brûlaient dans le feu de l'enfer.
Quoique…ils n'avaient pas d'âme. Ces pourritures ne possédaient aucune âme. Ils n'auraient même pas droit à ce châtiment.
« …Votre Altesse ? »
Valak referma les yeux. Il savait qu'il devait garder le contrôle de lui-même. Que ce n'était pas digne du Dieu de la Black Block Consortia, de se laisser s'emporter. Mais à l'heure actuelle, il se moquait éperdument de ce que ses gardes pensaient de lui.
Valak garda les poings serrés. Ces derniers étaient tâchés d'energon. Il les observa d'un air vide et ordonna à recevoir une serviette afin de se les essuyer.
« …Qu'on le répare. Qu'on lui rattache ses membres. »
Son ton était froid. Xoos se figea, ne comprenant pas où il voulait en venir.
- Mais…Votre Altesse ? Ses subordonnés ont tué votre fils. Vous…vous n'allez quand même pas le laisser vivre après un tel crime. Il devrait subir l'écartèlement public. La population sera même ravie d'assister à une telle sanction. Encore plus celle du leader de la DJD.
- Cela ne rendra pas mon fils.
Valak tourna les talons, l'autre garde les accompagnant s'approchant du robot pour lui cracher au visage dans un ultime geste de mépris.
- Mais je donnerai un spectacle à la population…préparez le prochain combat.
Il marqua un temps avant de sortir de la pièce.
- Je désire qu'on y réunisse tous les membres de la DJD. Ils vont s'entretuer. Et même si je suis sûr que Tarn en sera le vainqueur, je me demande comment il réagira à l'idée d'avoir tué ses camarades. Je souhaite voir sa réaction.
Encore plus sa Minicon bien-aimée…
En parlant d'elle…Valak grogna et se hâta vers ses quartiers.
Il devait protéger Leviathan.
Oui…il les ferait tous s'entretuer. Et il verrait la réaction de Tarn. Il l'enregistrerait même.
Avant d'actionner la puce qui lui ferait exploser le processeur.
Il n'y avait pas plus douce vengeance.
Assises dans l'herbe dorée du parc situé à proximité de la Tour, Leviathan contemplait sa mère tricoter. La princesse esquissa un petit sourire enchanté par cette vision alors que la mécanique achevait son ouvrage.
Une fois que cela fut accompli, la mécanique brandit l'écharpe devant elle.
« Est-ce que cela te convient, Leviathan ? »
Leviathan approuva du chef et tendit le cou pour que la mécanique l'entoure de son écharpe, avant de la lui resserrer doucement.
Rose…sa couleur préférée…
« Elle est parfaite, maman. Tu sais…je ne pensais pas revoir une de tes créations. La dernière avait été une robe. »
La mécanique pencha la tête sur le côté, étonnée.
- Tu souhaites une robe ?
- Non…Non. L'écharpe est très bien. Je…je voulais passer du temps avec toi. Tu m'apprendras à tricoter ? Pour que je sache le faire ?
La mécanique se mit à rire.
- Volontiers, Leviathan.
- …Merci, maman.
Le robot se pencha vers elle pour lui caresser doucement la tête. Leviathan ferma les optiques, appréciant le contact tendre et maternel.
- …Maman ?
- Hm ?
- Peux-tu me dire que tu m'aimes ?
Le robot retira sa main.
- Malheureusement, Leviathan…Je ne suis pas programmée pour aimer.
Face à cette phrase, Leviathan ressentit un pincement au cœur.
Oui…Elle n'avait pas oublié…elle n'avait pas oublié qu'il s'agissait d'un robot programmé pour agir comme une mère.
Mais…elle avait cru…
- …Cela ne fait rien. Dis-le-moi quand même.
- Si Leviathan le souhaite.
La mécanique se rapprocha d'elle.
- …Je t'aime, Leviathan.
- Encore, maman. S'il te plaît.
Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas entendu ces mots.
Même pas de son propre père, Valak.
- …Je t'aime, Leviathan.
- Encore.
- Je t'aime, Leviathan.
La mécanique lui adressa un sourire presque chaleureux.
- …Je t'aime, ma fille.
Leviathan se couvrit le visage d'une main.
Son épaule monta et descendit, l'émotion la submergeant sans qu'elle ne s'en rende compte.
Cela lui faisait chaud au cœur.
- Je t'aime aussi, maman…
Des bruits de pas la fit se retourner.
Leviathan fronça les sourcils. Des gardes apparurent au loin, entourant quelqu'un tandis qu'ils se déplaçaient pour la rejoindre.
L'organique ne mit pas longtemps à deviner de qui il s'agissait.
Que faisait son père dehors ? N'était-il pas supposé être aux arènes, à présider les jeux ?
Les gardes s'arrêtèrent à quelques mètres d'elle. Ils s'écartèrent pour laisser passer le dieu. Le regard de Leviathan dériva vers Xoos et elle remarqua que ce dernier lui tournait le dos, comme s'il souhaitait ne pas assister à la scène qui allait suivre.
- …Papa ? l'appela Leviathan d'une petite voix.
Son père la dévisagea sans aucune émotion.
Son attention fut attirée par la mécanique derrière sa fille. Et tout de suite, ses sourcils se froncèrent, la haine et le mépris brûlant en lui comme un volcan en éruption.
Sans aucune explication, il annonça un ordre qui eut l'effet d'une bombe aux oreilles de sa fille.
- …Saisissez-vous de la mécanique.
Leviathan se figea. Xoos demeura en retrait, mais cela n'empêcha pas les autres d'exécuter l'ordre. Alors que les gardes se dirigèrent à grands pas vers le robot, Leviathan ouvrit la bouche, mais aucun son n'en émana.
La mécanique attendit sans réagir, sans protester. Ce fut lorsqu'un garde tendit la main vers la mécanique que Leviathan sortit de sa torpeur. Immédiatement, elle se remit debout et se plaça entre le garde et la mécanique.
- Pourquoi ? protesta-t-elle.
- Leviathan…n'ose pas entraver ma route, gronda son père.
- Mais…qu'est-ce que vous allez lui faire ?
Son père la rejoignit avant de la saisir par le bras fermement. Leviathan cria et commença à se débattre pour lutter, mais le chef se contenta de la tirer vers lui pour qu'elle dégage le passage.
- Non ! Je t'en prie ! Je…je l'ai acheté ! Papa ! Elle est à moi !
- C'est une mécanique ! hurla-t-il. Et un membre de la DJD ! Un membre de la DJD qui devrait être livré à la fonte sans aucun état d'âme !
- Non ! Elle est à moi ! répéta Leviathan.
- Xoos !
Xoos emboîta le pas de Valak et attrapa Leviathan par les épaules, quoique sa poigne fut bien plus tendre que celle de son père.
- Calme-toi, lui chuchota-t-il pour la rassurer.
- Non ! Ce n'est pas juste ! Laisse-la tranquille ! Elle est à moi !
- Leviathan…Ne rend pas les chose plus compliquées ! la rabroua son père d'un ton sans appel.
- C'est ma mère !
Elle avait crié cette phrase comme si elle émanait de son cœur.
- C'est ma mère ! répéta Leviathan. Ma maman ! Laisse-la tranquille ! Je t'en prie ! Laisse-la partir ! Papa ! Laisse-la-
Elle fut coupée par une douleur qui lui foudroya la joue.
Elle ne réalisa que trop tard que son père venait de la gifler. Ce geste figea les gardes, y compris ceux qui s'étaient emparés de la mécanique.
- Votre Altesse—commença Xoos.
- Silence ! hurla Valak. Bon sang, Leviathan…Quand vas-tu grandir ? Tu es une adulte! Tu n'es même plus une enfant! Tu es une adulte et tu te comportes mentalement comme un enfant! Quand vas-tu comprendre ? Tu crois que cette mécanique est ta mère ?
Leviathan releva le menton vers lui, les yeux embués de larmes de rage.
- Ce n'est pas ta mère ! Elle est juste un robot qui a commis des massacres ! Le massacre de notre peuple tout entier !
- Tu…tu fais des généralités…bredouilla Leviathan.
- Non ! Elle est membre de la DJD, Leviathan ! Elle n'est pas ta mère…elle ne sera jamais ta mère…Tu n'as plus de mère, Leviathan ! Elle est partie depuis longtemps ! Tu m'entends ? Elle est partie ! Quand vas-tu le comprendre ?
Il insista bien sur cette dernière phrase.
Ta mère est partie…
Et ce que son père annonça manqua de l'achever.
- Et, déclara-t-il alors qu'il réprimait un sanglot, ton frère est parti aussi. Asmodée…Asmodée est mort. Il a été tué par eux…Par la DJD…Par ces mêmes mécaniques…
A cette annonce, Leviathan crut que son âme avait quitté son corps.
Elle fixa son père, éberluée tandis que quelque part, elle ressentait l'emprise de Xoos sur ses épaules.
Cette annonce…elle ne voulut pas y croire.
- …Non…Asmodée…
- Asmodée est mort, le confirma Valak alors que les larmes roulaient sur ses joues. Et toi, tu couvres un…meurtrier. Un meurtrier sans aucune âme.
Leviathan sentit ses jambes se dérober sous elle.
S'il n'y avait pas eu Xoos pour la tenir, elle se serait sûrement effondrée sans même s'en rendre compte.
Asmodée…
Non…Elle venait juste de retrouver une mère…
Elle n'avait pas perdu…son frère aussi ?
- …Non…put-elle seulement articuler, le reste des mots se perdant dans sa gorge.
Valak ferma les yeux, le regard sombre en dépit des larmes qui roulaient sur ses joues.
- Grandis un peu, Leviathan. J'en ai assez que tu te comportes comme un bébé, encore plus quand tu as des responsabilités dès à présent.
Son père ne lui accorda aucune autre attention.
Il fit seulement le geste d'emmener la mécanique avant de rejoindre les gardes, sans aucune considération pour sa fille qui s'était effondrée dans les bras de Xoos, se laissant aller à ses pleurs tandis qu'elle repensait au visage de son frère qui ne reviendrait jamais.
Il ne reviendrait…jamais…
« …On est d'accord ? »
Stationnés dans leurs modes véhicules derrière le bâtiment, Tesarus et Helex attendaient que la voie se libère. Les organiques en charge de la prison revenaient peu à peu à l'intérieur du bâtiment. Ils avaient sûrement réalisé que l'alerte avait été fausse et que tout n'avait été que le fruit d'un canular.
- De ? lui demanda Helex.
- Les organiques sont bêtes, hein ?
- Et tu ne le savais toujours pas ?
Le tank bleu risqua un œil à l'extérieur. Il finit par se retransformer.
- La voie est libre.
- On ne va pas directement au téléporteur ? Les arènes sont par-là ! lui signala Tesarus alors qu'il lui indiquait la direction opposée.
Les arènes menaient au téléporteur. Il n'avait cessé de le répéter à Helex depuis leur sortie de la prison. Mais son camarade avait d'autres plans.
- Je t'ai dit que cela serait trop risqué de se rendre à découvert jusqu'aux arènes ! Je te rappelle qu'on est deux pauvres mécaniques sur une planète remplie d'organiques.
- Et alors ? On peut les écraser sans problème ! On a un hachoir et un four à disposition. On est les deux plus forts de la bande.
Le robot bleu aux quatre bras grogna.
- Je te rappelle que s'ils ont eu Tarn, c'est qu'on ne doit pas les sous-estimer !
- C'est surtout que tu as peur des organiques !
Helex se retourna pour le fusiller du regard.
- Je n'ai pas peur des organiques, pour la dernière fois ! Concentre-toi, Tesarus !
Tesarus soupira.
- Alors ?
- Alors, j'ai laissé le camion garé à deux pas de là ! Le cadavre de l'organique qui m'a filé les informations est encore chaud. On va s'en servir.
- Attends, tu as dévoré un organique ?
- Oui. Et je peux te garantir qu'il était plus juteux que je ne le croyais.
Tesarus réprima un frisson de dégoût.
- Tu bouffes vraiment n'importe quoi…
- Et toi, tu ne sais pas réfléchir !
- Eh ! Tu crois que c'est le moment de m'insulter ?
- La ferme !
Helex lui désigna au loin le camion qui se détachait du paysage, toujours à la même place. Fort heureusement, personne n'avait eu l'idée de le déplacer.
Le silence tomba. Les deux se préparèrent, prenant leur élan.
Helex compta jusqu'à trois.
Un…deux…
Il inhala, exhala.
Trois !
Les deux géants foncèrent vers le camion en courant à toute vitesse comme des dératés, faisant trembler le sol au moindre de leurs pas.
- Pour la discrétion, on repassera ! Si on cause un tremblement de terre—se plaignit Tesarus.
- La ferme !
Portes du camion grandes ouvertes, le souffle manquant, Helex s'engouffra le premier à l'intérieur tandis que Tesarus se glissait sur le siège passager. Il remarqua le cadavre à moitié dévoré de l'organique. Il grogna et l'agrippa avant de le jeter par la fenêtre pour prendre place tandis qu'Helex démarrait les moteurs.
- Rassure-moi, tu sais conduire ce véhicule ? hasarda Tesarus.
- Pff. C'est plus primitif qu'un vaisseau spatial.
Le camion démarra au quart de tour. Après avoir calé à plusieurs reprises, Helex réprima un soupir de frustration. Il finit par appuyer sur l'accélérateur (en espérant que la pédale supporte son pied et ne soit pas écrasée au passage) avant d'effectuer un demi-tour sec pour prendre la direction désignée par Tesarus pour rejoindre les arènes.
- La DJD n'est vraiment plus que l'ombre d'elle-même, soupira Tesarus en se recroquevillant dans son siège. D'abord Kaon et Vos…Puis Tarn et Nickel…à qui le tour ?
- A toi, peut-être ?
Mais Helex était confiant.
Ils allaient libérer Tarn et Nickel et ils s'échapperaient tous. Il retrouverait ainsi sa place dans l'équipe. Mais alors qu'il roulait, il pensa à quelque chose qui l'interpella.
- Tesarus.
- Quoi ?
- Il faut tracer la position du Peaceful Tyranny. Peut-être que ces organiques l'ont volé aussi pour l'utiliser pour leur propre compte.
Tesarus grimaça en guise de réponse.
- Et comment faire ?
- Il doit y avoir un système dans l'ordinateur central qui nous permettrait de le localiser.
- C'était Kaon qui savait tout cela. Localiser, pirater…
- Ouais bah, Kaon, il n'est pas là !
Rien que de penser à leur camarade le mettait hors de lui. Helex accéléra à nouveau. Il désirait arriver à la Tour le plus vite possible et en finir avec tout cela.
Soudain, il se tourna vers l'autre géant, incrédule.
- …Dis-moi, Tesarus, c'est toi qui as enclenché cette sirène ?
- Non.
Cela venait de derrière eux.
Ils s'échangèrent un regard désespéré avant de se retourner lentement pour regarder dans l'angle mort.
Deux voitures de police conduites par des organiques avaient déclenché les sirènes et s'étaient lancées à leur trousse.
Helex les contempla, blasé. Cette blague…
- …On ne s'arrête pas, hein ? lui demanda Tesarus pour confirmation.
En guise de réponse, Helex écrasa son pied sur l'accélérateur.
En effet, non.
- On va les coincer dans un endroit pour pouvoir les piéger, déclara froidement Helex.
Tesarus tendit ses deux plus grands bras pour s'étirer tandis que les deux voitures de police fonçaient droit sur eux à pleine vitesse.
- Il ne manquait plus que ça. Une course-poursuite.
- Encore un jour normal au monde magique de la DJD, releva Helex avant de charger, espérant dénicher facilement un moyen pour les fuir.
