CHAPITRE 77
OOC : Bonjour à tous. Voici un nouveau chapitre. Si vous voulez laisser un review, cela me fera toujours plaisir. Sinon, c'est comme vous voulez. Cela ne change rien pour moi.
Sécurisé dans le bunker situé au sous-sol de la tour, entouré par ses gardes, Valak jeta un coup d'œil en direction du turbofox, enchaîné, muselé et enfermé dans une cage.
Plus Valak l'observait, plus il jugeait l'idée que les mécaniques possèdent des animaux de compagnie ridicule. Après tout, est-ce qu'une voiture prendrait un vélo comme animal de compagnie ?
Non. Aucunement. L'idée en devenait d'autant plus ridicule. Malgré les coups de taser qu'il avait reçu, le Chien de la dénommée DJD continuait de couiner occasionnellement. Au bout d'un moment, cela en devenait insupportable. Valak finit par effectuer un mouvement d'humeur et se tourna violemment vers Xoos.
« Fais-le taire ! »
Xoos hocha la tête. Si le turbofox n'avait pas été muselé, ce dernier aurait grogné à la vue du garde s'approcher.
Sans aucun état d'âme, Xoos lui infligea une énième décharge. Le turbofox poussa un cri étouffé dans sa gorge avant de s'écrouler sur le sol. Valak se rassit violemment sur son siège, une grimace méprisante sur son visage. Il se massa le front avant de se tourner vers Xoos une nouvelle fois.
« …A-t-on retrouvé ma fille ? »
Xoos fit signe que non.
« Dois-je y aller moi-même ? » s'énerva Valak. « Parce que vous n'êtes pas fichu de faire votre boulot ? »
Il en avait assez d'attendre. La situation était dangereuse et Leviathan n'était nulle part. Il avait envoyé tous ses gardes la chercher pour l'escorter jusqu'au bunker où elle y rejoindrait son père à l'intérieur, en attendant que les mécaniques de la DJD soient tous morts. Bien sûr, il avait envoyé les militaires pour abattre le vainqueur avant de remonter à la surface.
Tarn. Sûrement Tarn. Après tout, c'était lui le plus fort du groupe. Bien sûr qu'il aurait le dernier mot sur ses camarades.
Pour une étrange raison, alors qu'il se tenait enfermé dans cet endroit, probablement le plus sécurisé d'Ataglan, un autre souvenir émergea dans l'esprit de Valak.
L'une des décisions qu'il avait dû prendre, en tant que nouveau dieu d'Ataglan. En tant que nouveau représentant de la Black Block Consortia, de la race organique…
Oui. Il s'en souvenait comme si c'était hier. Mais pourquoi s'en rappeler maintenant ?
« …Les forces de Megatron ont massacré la base militaire sur Immatura. La seule qu'on avait sur cette planète de mécaniques. »
« Et avant cela…Ils ont massacré une autre base militaire au côté nord d'Ataglan. Notre propre planète ! »
Présidant à la table du conseil de défense, les éclats de voix fusèrent. Chacun protesta, chacun prenait un malin plaisir à contredire l'autre.
« Et s'ils parviennent jusqu'à la ville-phare ? Notre ville-phare ! Ce n'est qu'une question de temps avant que tout ne soit rasé ! »
Valak se massait les tempes. Cela commençait à devenir houleux. Il avait l'impression que la conversation tournait en ronde, que chacun parlait dans le vide. Après tout, ils étaient encore sous le choc. La nouvelle avait été diffusée sur tous les écrans de la galaxie. Même encore, l'un des conseillers avait branché son Pad pour diffuser le discours de Megatron suite au massacre de leurs compatriotes organiques.
Un discours plein de haine, de prétention à la supériorité de la race mécanique…Plus Valak le visionnait, plus il était empli de colère…
Comment un tyran pareil, un mécanique, pouvait-il encore ne serait-ce que « respirer » alors que des millions d'organiques avaient péri par sa main ? Par sa faute ?
L'une des conseillères s'effondra en larmes. Valak la toisa. Elle venait de perdre sa sœur dans l'attaque sur Immatura. Il l'excusa et cette dernière quitta la pièce, le cœur lourd.
« La réponse est : qu'est-ce qu'on fait ? » cria un autre. « Parce que si on ne réplique pas, ils nous croiront faibles ! »
- Je suis d'accord ! Le peuple a besoin de leur dieu pour les rassurer. Mais juste…Comment répliquer ?
- Doit-on demander l'aide aux autres organiques ? Au Conseil Galactique ? Si on formait une nouvelle union contre ces mécaniques…
Valak secoua la tête.
- Ils jugeront nos réactions trop virulentes.
- Et comment veulent-ils qu'on réagisse ? Ce ne sont pas leurs troupes qui ont été décimées en quelques heures ! cracha un autre.
- Attention ! Vous parlez à un dieu !
Un autre leva la main.
- …Et les Autobots ?
Valak ne le regardait même pas, trop concentré sur le sourire béat de Megatron.
- …Vous osez poser cette question ? Je vous rappelle qu'il s'agit d'un mécanique qui a massacré nos bases ! gronda un autre. Et vous osez proposer qu'on demande de l'aide à d'autres mécaniques ?
- Mais…Optimus Prime…nous avons leur protection.
- Les Autobots sont inutiles. Ils ne servent à rien, déclara froidement Valak. Et ils vont certainement sortir un discours comme quoi, la vengeance n'aboutira jamais en rien. Alors qu'Optimus Prime est un grand hypocrite…Ses Autobots ne valent pas mieux que les Decepticons qui massacrent notre univers. Ils ne feront rien. Ils refuseront même que l'on réagisse.
Megatron qui proclamait la liberté de leurs systèmes…
Cela en fut trop pour Valak. Il ordonna à ce que l'on coupe l'écran.
- Leur système ne concerne pas les organiques. Il n'a jamais concerné les organiques. C'est seulement une excuse pour venir nous anéantir et asseoir leur soi-disant supériorité mécanique…Alors qu'il ne s'agit que de métal et de rouille.
Non. Il n'y avait rien que Megatron ne connaissait. La démocratie, les négociations, d'éventuelles réparations…Megatron leur rirait seulement au nez et ordonnerait à faire feu sur Ataglan.
Non. Tout cela était pour les faibles.
Mais Valak était un leader fort. Un leader qui lutterait pour son peuple. Jusqu'à la fin. Quitte à ce qu'il devienne aussi dangereux à son tour, il ne pardonnerait pas cet acte impardonnable.
- Adressez un communiqué. Je vais m'adresser à la nation, grinça Valak. Ensuite…Nous riposterons.
- Mais…comment, Votre Altesse ? balbutia l'un des conseillers.
Valak le toisa froidement.
- A votre avis ? Ils s'en sont pris à nos bases. On s'en prendra à leur race de robots sans âme.
- Nous allons donc riposter ? Les forces Decepticon sont en ce moment-même à…
- Qui a dit que j'allais attaquer les forces Decepticons ?
Un silence lourd tomba sur l'assemblée.
- Que…Que voulez-vous dire, Mon Seigneur ? le questionna l'un d'eux.
- Megatron ne comprend que par la force. Donc, nous allons riposter. Mais il s'y attendra. Il s'attendra à des représailles. Il faut trouver quelque chose qui le surprendra. Quelque chose auquel il ne s'attendra pas. Il tient tellement à sa supposée race supérieure ? Il va voir ce que cela en coûte donc, de s'en prendre à des « vermines » comme ils nous appellent.
- Mais…que comptez-vous faire, Mon Seigneur ?
- On répond à la force par la force.
Valak marqua une pause.
Il ne devrait avoir aucune hésitation.
- …Quelle est la planète qu'on évoquait, au dernier conseil ?
- …Prion, Votre Altesse. La planète de Minicons. Mais que voulez-vous dire ?
- N'avait-on pas dit qu'il y avait des richesses là-bas ? Des trésors sur cette planète qu'Ataglan serait à même d'utiliser ?
- Oui…encore hier, on se demandait comment les récupérer sans se faire attaquer par les mécaniques y vivant. Comment négocier…
- Il n'y aura aucune négociation.
Valak se redressa.
- Nous ferons d'une pierre deux coups. Nous prendrons leurs richesses…et nous enverrons un message à Megatron.
- Un message… ?
- Vous savez très bien ce que je veux dire.
Valak soupira.
En temps normal, il aurait considéré envoyer d'abord un ultimatum à Prion. Mais actuellement, toute discussion avec les mécaniques était suspendue.
Sa décision ne fut pas accueillie avec chaleur. Au contraire. Il sentit une certaine appréhension, hésitation chez ses conseillers.
- …Les Autobots vont riposter à leur tour, Votre Altesse. Ils n'accepteront pas une frappe chez les leurs. Même si ce sont des Minicons, il y a toujours un risque.
- Surtout que…il ne s'agit pas d'une base. Ce sont des civils, renchérit un autre.
- Des civils ? Ce sont seulement des machines. On les désactive, on les répare. Ce n'est pas comme si on commettait un réel génocide.
Valak était décidé.
Et il était déterminé à faire appliquer son ordre.
- Vous croyez que Megatron a tergiversé avant de frapper les nôtres ? Il y a également des civils à Ataglan. On sera sur la liste si on ne réagit pas.
- Mais Votre Altesse…ce genre de discours…ce sont ces discours qui ont fait que notre peuple s'est séparé du Conseil Galactique la dernière fois.
- Le Conseil Galactique est faible.
Des nobles hautains qui se croyaient être plus sages parce qu'ils étaient plus nombreux.
Valak…Valak était un militaire. Un véritable chef de guerre.
- Préparez tous les vaisseaux. La moitié de votre flotte. Les soldats les mieux préparés. Et ensuite, vous partirez pour Prion. Là-bas, prenez les richesses…et faites-en sorte qu'il n'y ait plus aucun mécanique debout sur cette planète.
- Votre fils…
- Asmodée restera avec moi. Il n'est pas encore prêt.
Et même s'il l'était, Valak n'était pas prêt lui-même à le laisser se rendre sur un tel champ de bataille.
Son ton ne laissait place à aucun appel. A aucune contestation. A ses yeux, Valak ne faisait rien de mal.
Il s'agissait seulement d'équilibrer les scores…Montrer à Megatron que la race organique ne devait pas être sous-estimée. Qu'eux-aussi étaient en mesure de se défendre.
- …Vous êtes sûr de vous ?
Quelle question idiote.
- …Si je ne l'étais pas, vous croyez que je vous demanderais de partir immédiatement ? répliqua-t-il froidement.
Ces mécaniques allaient payer. Tous autant qu'ils étaient.
Les organiques étaient arrivés bien avant les mécaniques. Il ne laisserait pas des machines massacrer son peuple.
« …Votre Altesse ? »
Valak cligna des yeux. Il se redressa vivement avant de marcher en direction de la porte, prêt à sortir.
- Je vais chercher ma fille.
Xoos lui barra immédiatement la route.
- Ne faites pas cela ! La situation n'est pas encore maîtrisée !
- Ma fille est en danger ! Vous me demandez à moi, un père, de la laisser là-bas ?
Il en était hors de question.
- …J'ai déjà perdu un enfant. Je ne perdrais pas le dernier.
- Votre Altesse, sans vous, Ataglan sera perdu ! s'exclama Xoos. Ne faites pas cela ! Je suis sûr que nos troupes—
- Alors, pourquoi ne sont-ils pas revenus ?
Mais ils n'eurent pas le temps de discuter davantage.
L'un des commandants du bunker venait de faire irruption dans la pièce. Valak se tourna vers lui, méfiant.
- …Que se passe-t-il ?
- Vous…vous devriez venir voir, Votre Altesse.
Valak laissa les bras retomber le long de son corps.
Il avait comme…un sentiment désagréable dans sa poitrine…à l'endroit même où était supposé être son cœur.
Sans répondre, Valak suivit machinalement le commandant jusqu'à la salle principale. La salle de commandement.
Ils étaient tous rassemblés autour de la table. Sans un mot, chacun observa la scène qui se déroulait sur le grand écran qui recouvrait la moitié de la pièce.
Quand Valak releva le menton à son tour, le choc le tétanisa sur place.
Lui non plus ne voulait pas y croire.
- …Que se passe-t-il ?
C'était une question idiote. Il savait très bien ce qui était en train de se produire.
Sur l'écran, les portes de la prison qui s'ouvraient.
Des mécaniques qui émanaient de cette même prison en masse, sortant à toute hâte comme si leur vie en dépendait.
Des mécaniques qu'ils avaient fait prisonniers…des mécaniques qui leur appartenaient…des mécaniques qu'ils avaient enfermés…
Impossible.
- Comment est-ce possible ! Le système…le système doit être opérable, non ? Même à moitié ! cracha Valak en se tournant vers son commandant.
- Je…je ne crains que cela ne soit pas possible, Votre Altesse. Nous…nous avons perdu la liaison avec l'équipe à la surface…aucun mécanicien ne nous a…contactés pour nous prévenir de la situation…
- Et les puces ? Faites-les exploser !
- Mais le système a subi un important dysfonctionnement…
- Alors, la deuxième ! Actionnez la deuxième puce !
- …On a perdu la ligne, avoua l'un des soldats en communication.
La gorge de Valak se noua.
Lentement, le dieu de la Black Block Consortia s'assit face à l'écran.
Il ne put que contempler tous ces mécaniques libérés défiler dans les rues d'Ataglan. Pour la première fois, pour la première fois depuis le début de son règne, Valak ressentit une émotion qu'il ne connaissait pas.
L'impuissance…
Qu'il détestait ce mot.
Brusquement, le silence de la pièce fut interrompu par un son provenant de l'écran.
Une musique…
Une musique que l'univers connaissait bien. Une musique que Valak exécrait par-dessus tout.
- …Non…
Le thème de la DJD.
The Empyrean Suite…
- Impossible ! Ils ne peuvent pas…ils sont sous contrôle de la puce ! cracha Valak en frappant la table d'un coup de poing rageur.
- Donnez l'ordre de tirer à vue ! ordonna le commandant à sa place, quelque chose que le dieu ne lui tenait pas rigueur face à la situation qui dégénérait en comptant les minutes.
Le commandant s'immobilisa.
- Quoi ? s'écria Valak. Quoi ?
- …Quelqu'un…a récupéré la communication.
Le cœur de Valak rata un battement.
Néanmoins, il posséda encore de force pour ordonner à ce que la communication soit branchée sur l'écran afin qu'ils puissent parler avec leur interlocuteur.
Valak eut l'impression que tout était devenu effroyablement long…l'attente était insupportable. Et lorsque l'interlocuteur en question apparut sur l'écran, Valak réprima à peine un frisson.
Impossible…
- …Tarn, s'exprima difficilement le dieu organique.
Il devina que le robot masqué s'était installé au bureau devant l'ordinateur central de la Tour. Encerclé par les fidèles membres de son culte, Valak écarquilla les yeux en remarquant les cadavres d'organiques jonchant sur le sol.
- …J'aimerais bien savoir ce que vous ressentez à l'instant, Valak, lui adressa Tarn.
Cette lueur dans ses optiques rouges…
Valak put la reconnaître. Une lueur de victoire…comme si le mécanique jugeait toute résistance de la part de Valak inutile.
Comme si le mécanique croyait déjà avoir gagné…
Mais Valak refusait de l'admettre.
- Vous ne méritez pas que je vous réponde, rétorqua sèchement Valak.
- …Je crois qu'à votre place, je ne serais pas aussi arrogant.
- Vous n'êtes que des mécaniques ! Sans âme ! Sans sentiment ! Je mourrais bien avant de supplier l'un de vous !
Les deux géants de la DJD purent être visibles sur l'écran. Les deux affichèrent un sourire méprisant à cette remarque.
Tarn ne répondit aucunement à cette insulte. Valak se demanda même s'il l'avait entendue.
Bien sûr que oui…
Mais il se garda de réagir. A la place, Tarn pianota sur le clavier de l'ordinateur. Il cliqua sur un bouton et Valak devina qu'il avait ouvert une fenêtre sur l'écran.
- J'aimerais que vous écoutiez attentivement. Et que vous preniez des notes sur ce qui va suivre.
La vision de Valak se troubla.
Non…Il refusait de se l'avouer. Il n'avait pas peur…
Non. Il n'avait pas peur. Pas peur de ce robot. Pas peur de ces mécaniques. Les organiques…les organiques allaient tous les terrasser.
- Appel général, s'adressa Tarn au même instant où les mécaniques évacuant la prison se figèrent net sur l'écran. Ici, Tarn. Leader de la DJD.
Valak se sentit blêmir.
Certains mécaniques ouvrirent la bouche, terrorisés. D'autres poussèrent un cri d'effroi aux mots prononcés par Tarn.
Bien sûr…Personne n'oubliait qui était la Decepticon Justice Division, ce qu'ils représentaient pour les traîtres mécaniques de la soi-disante Cause Decepticon. Même s'ils étaient sur une planète ennemie, la DJD demeurait des psychopathes et une menace à ne pas négliger.
- Dois-je activer ma Voix pour obtenir votre attention ? Non ? Bien, se réjouissait Tarn. Que chacun m'écoute attentivement. Nous avons pris d'assaut la Tour d'Ataglan. Grâce à mon mécanisme, à ma Voix, j'ai été en mesure de désactiver les puces que la Black Block Consortia a implanté dans vos processeurs. J'ai été en mesure de libérer l'un des prisonniers qui a ensuite libéré tous les autres de cette manière. Mais bon, les détails n'ont aucune importance. Permettez-moi de vous rappeler ce qui importe réellement.
Tarn se redressa sur son siège.
- Je sais que certains sont des traîtres placés sur la Liste. J'ai pu accéder à leurs fichiers sur l'ordinateur central. Je ne dirais pas qui. Ils se reconnaîtront d'eux-mêmes. Ma Voix peut faire dysfonctionner les machines. Et je peux également détruire vos sparks si j'en ai envie. A moins que je ne vous offre une amnistie totale au nom de notre Seigneur Megatron.
- Votre Altesse…
Valak secoua la tête. Il se sentit défaillir face aux mots puissants de l'abomination que représentait le leader de la DJD.
- Nous luttons tous ensemble contre l'espèce organique qui vous a emprisonnés, qui vous ont montés les uns contre les autres. Alors, aidez-nous à les combattre et vos noms seront effacés de la Liste. Je vous promets que tout sera pardonné. Si vous êtes prêts à vous racheter aux yeux de la Cause Decepticon, je vous prie de vous rendre à la Tour d'Ataglan. Le leader Valak s'y trouve à l'intérieur.
Valak se retourna vers le commandant.
- Dites-moi…Dites-moi qu'il y a une porte de sortie…
Mais sur l'écran, les mécaniques n'avaient pas pris la peine de considérer l'offre de Tarn. Ils s'étaient déjà assemblés pour se rendre vers la Tour d'Ataglan.
Ensemble, les uns après les autres, ils commencèrent à l'encercler, bloquant tout accès d'entrée ou de sortie. Quand bien même Valak avait envoyé l'armée, il ignorait s'ils en viendraient à bout de tous les mécaniques qui avaient été enfermés.
Il aurait mieux fait de les faire fondre…
Tarn se replaça face à la caméra. Valak eut l'impression que malgré la distance qui les séparait, Tarn était en mesure de le voir.
De voir, de savourer son visage se décomposer, se briser…
- Nous désirons seulement Valak, susurra Tarn. Je vous conseille de vous rendre de votre plein gré, dieu de la Black Block Consortia, si vous ne souhaitez pas qu'on massacre les habitants…
Comme à l'époque…où il avait eu peur que Megatron dirige ses armées vers la ville d'Ataglan et fasse tomber la Tour…Qu'il fasse tomber Valak…
- Votre Altesse, ne l'écoutez pas…balbutia Xoos.
- Je mourrais avant de me rendre ! cracha Valak.
Il se redressa d'un bond, défiant Tarn du regard.
- Les mécaniques périront. Ils périront tous. Je ne me rendrais pas ! Jamais je ne me rendrais !
- Voyez-vous cela ?
Amusé, Tarn se cala sur son siège.
- Dites-moi quelque chose, Valak…est-ce que vous avez encore une raison de vivre, à l'heure actuelle ? Vous vous croyez être un bon leader ? Pourquoi continuer de lutter ?
Valak grogna.
Bien sûr…bien sûr, il avait une raison de vivre.
- J'en ai sûrement une meilleure que la vôtre, Tarn. Des fanatiques…des fanatiques qui obéissent aveuglément à une cause perdue pour satisfaire leurs penchants sadiques…
- Un bon leader se rendrait pour protéger les habitants dont il a la responsabilité, Valak.
- Comme vous…comme vous avez protégé vos camarades ? répliqua sèchement Valak.
- N'ose pas parler de nos camarades !
Ce ne fut pas Tarn qui répondit.
Une autre voix s'était exprimée. Une forme apparut sur l'écran.
Une Minicon bleue de sa connaissance se tenait debout sur la table, près de Tarn. Valak plissa des yeux en l'apercevant, ne comprenant pas.
- Vous…vous avez tué nos camarades. Kaon et Vos. Vous vous en rappelez ? gronda la mécanique, la respiration sifflante.
Valak esquissa un sourire méprisant à son égard.
Comme c'était touchant…des mécaniques qui croyaient se soucier les uns des autres, alors qu'il s'agissait de psychopathes sans aucune émotion…
- Pourquoi devrais-je me soucier de tes pertes, mécanique ? Vous êtes seulement des machines. Tu ne représentes rien. Tu ne représentes rien dans cet univers. Absolument rien.
En silence, la mécanique contempla Valak, une expression indéchiffrable sur son visage.
- …Je vous conseille de vous rendre, Valak. Vraiment. Ne rendez pas les choses plus difficiles.
Tiens donc. Elle le croyait réellement ? Dire que Leviathan avait osé se prendre d'affection pour—
- …Parce que je peux vous dire la même chose. Pourquoi devrais-je me soucier de vos pertes, organique ? Vous critiquez Tarn. Mais…Après tout, vous n'avez pas su protéger votre fils…
Elle marqua une brève pause, détournant légèrement le regard avant de le reporter droit sur Valak, féroce et cruel.
- …Et vous n'avez pas su protéger votre fille.
La fin de sa phrase eut l'effet d'une bombe.
Valak…ne comprit pas. A l'intérieur de son corps, son cœur battait si fort qu'il aurait cru qu'il sortirait de sa poitrine.
Lentement, il s'approcha de l'écran. Les mains tremblantes, Valak articula :
- …Je te demande pardon ?
Qu'avait-elle fait ?
La Minicon ne changea pas d'expression.
Elle avoua :
- …Vous souhaitez savoir qui m'a libérée ? Votre fille. Elle m'a rendue mon téléphone. Elle voulait s'enfuir avec moi, loin de vous, loin d'Ataglan. Elle était prête à vous abandonner. Vous. Son père. Mais l'orage a éclaté et le pont s'est effondré.
- …Tu mens.
Valak secoua la tête, la chaleur montant brusquement en lui.
- Tu mens.
La Minicon poursuivit :
- …Si je mentais, je dirais que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour la sauver mais qu'il était trop tard. Mais je vais dire la vérité : je l'ai laissée couler. Je l'ai laissée se noyer.
Valak sentit une boule se former dans sa gorge. Une boule qui manqua de l'étouffer face aux révélations de la Minicon.
- …Elle est morte. Elle est morte et elle ne reviendra jamais, compléta la mécanique sans aucune émotion.
Valak ouvrit la bouche.
Aucun son n'en émana.
Leviathan…Non. Elle devait mentir…Leviathan était vivante ! Elle était certainement quelque part !
Leviathan…n'était pas morte…
Leviathan…n'avait pas pu mourir.
- Non…Non…articula Valak.
Il eut l'impression que son âme avait tout juste quitté son corps. Qu'il était devenu spectateur de la scène.
- …Vous avez tué…vous avez tué ma fille ?
La medic ne fléchit pas.
Valak ne se rendit pas compte que Tarn avait déjà récupéré la communication.
- Encore une fois, je vous pose la question, Valak : est-ce que vous avez encore une raison de vivre ?
Il n'avait pas perdu Leviathan…
Il n'avait pas perdu…ses deux enfants…n'est-ce pas ?
L'un après l'autre…tous les deux à cause de la DJD.
Valak ignora les mots douloureux.
- …Trouvez…trouvez ma fille, balbutia-t-il, la mort dans l'âme.
- …Nos hommes…font tout ce qu'ils peuvent, Votre Altesse.
- Elle n'est pas morte. Elle ne peut pas être morte.
Pourtant, la mécanique paraissait sincère.
Cette créature paraissait sûre d'elle. Il essaya une dernière fois de dénicher le mensonge dans son regard. Une trace de sadisme pour lui faire perdre ses moyens.
Mais elle ne mentait pas…ses optiques ne criaient pas le mensonge. Elle était sincère…
Il sentit son cœur se fracturer avant de se briser à l'intérieur de son être.
Son esprit hurlait de rage et de douleur. Mais son corps ne bougeait pas, n'exprimait rien.
Contrairement à la fois où il avait appris la mort d'Asmodée, Valak ne versa pas de larmes. Il ne donnerait aucun plaisir à Tarn ou à ces monstres de la DJD.
Malgré qu'il repense à la dernière conversation qu'il avait eu avec sa fille…
J'en ai assez que tu te comportes comme un bébé, encore plus quand tu as des responsabilités dès à présent.
Il avait été…si dur avec elle.
Non…Valak l'effaça de son esprit. Il se contrôla. Il se contrôla comme il le pouvait. Cela fut dur, cela fut éprouvant…Mais il parvenait à garder le contrôle de lui-même pour conserver un visage fermé, vidé de toute émotion.
De toute émotion…si ce n'était la pure haine qu'il ressentait pour eux.
- …Très bien.
Valak se leva.
- Votre Altesse !
Il n'entendit plus aucun bruit.
Il n'entendit plus les mots de Xoos, de son commandant ou des autres organiques dans la salle…
Non. Il ne se focalisait que sur une chose : la direction à prendre.
La porte…
- Votre Altesse !
Il marcha lentement, fixant droit devant lui.
A l'intérieur, il n'y avait plus rien. Plus aucune trace de vie en son corps.
- …Rappelez l'armée. Dites-leur de ne pas lutter. Je sors.
- Votre Altesse ! l'interpella Xoos avec inquiétude.
- …Je sors, insista-t-il, la mâchoire serrée.
Ces mécaniques avaient encerclé a Tour. Ils tenaient son peuple entre leurs mains…
Et cette mécanique…le narguait alors qu'elle avait tué sa fille. Son dernier enfant.
Valak se moquait bien de ce qui lui arrivait. Il était hors de question de provoquer un bain de sang pour pas grand-chose.
Ils le voulaient, lui…Ils n'auraient qu'à le chercher.
Il ne perdrait pas le peu de dignité qui lui restait.
Honnêtement, ils n'auraient pas pensé que Valak tomberait aussi facilement dans leur piège.
A moins qu'il ne s'agisse d'un dernier tour…Mais selon Tarn, même s'il essayait de s'enfuir, il ne serait pas en mesure de le faire.
La Minicon n'aurait pas cru qu'il sortirait, qu'il se rendrait de son plein gré. Elle aurait cru qu'il lutterait encore un peu…
Mais à croire que les organiques aimaient leurs enfants aussi…Ils se moquaient bien de détruire les autres, mais ils aimaient leurs enfants. Debout, aux pieds de Tarn, son téléphone à la main, Nickel attendait.
Helex et Tesarus étaient restés garder la salle informatique, quand bien même Nickel pouvait les apercevoir à travers la vitre de leur étage, observant la scène de loin.
Cela était presque surréaliste…tous ces mécaniques réunis autour d'un même endroit, autour de la Tour d'Ataglan, prêts à lutter contre un même ennemi commun.
Nickel les observa silencieusement. Eux aussi aspiraient à la vengeance. Après tout ce que ces organiques leur avaient fait, à les utiliser comme des bêtes de foire pour divertir le peuple, à les faire fondre pour leur propre compte, pouvait-on leur en vouloir d'appeler au sang ?
L'attente fut interminable, insoutenable. Nickel croyait même qu'elle n'en verrait jamais la fin.
Elle sentit une main se poser sur son épaule. Tarn la regardait. Il s'agissait de sa manière à lui de la rassurer.
« …C'est bientôt fini, Nickel. »
L'expression de la Minicon s'était durcie.
Elle acquiesça.
Oui…peu importait la suite, c'était bientôt fini.
Et Tarn vit juste. Bientôt, une silhouette émergea devant eux.
Une silhouette organique. La silhouette organique qu'elle avait vu la première fois qu'elle était retournée à Prion.
« Nous sommes très heureux par cette victoire.. Tout cela n'aurait pas été possible sans nos alliés. Je tiens à les remercier en personne. Après des siècles de lutte, la Black Block Consortia peut enfin redonner une terre vivable aux espèces organiques les plus représentatives de la Galaxie. »
Nickel ferma les optiques.
« Je comprends qu'il y ait eu des victimes innocentes qui aient souffert. Nous le regrettons. Nous le regrettons amèrement. Mais leurs proches doivent garder à l'esprit que leur peine ne peut pas être mesurée à la nôtre : les émotions sont dans la biologie. Pas dans la fabrication. »
Tels avaient été ses propres mots.
Valak se tenait debout. Nickel le dévisagea silencieusement.
Après tout ce temps à l'attendre, à attendre de rencontrer en personne l'assassin de Prion, l'assassin de tous ses proches, Nickel ne ressentit aucune satisfaction à voir son désir se réaliser.
Non. Elle souhaitait seulement qu'il paie.
Tarn s'avança lentement vers Valak. Ce dernier ne bougea pas. Son garde derrière lui dégaina son arme, mais son leader le dissuada d'un signe de tête de l'utiliser.
- …C'est moins facile, sans vos puces, n'est-ce pas ? lui adressa Tarn.
Valak le toisa d'un air vide.
- Où est le Chien ?
- Vous n'avez qu'à le récupérer vous-même, grinça le leader de la Black Block Consortia.
- …Dans une autre vie, je vous aurais sûrement respecté en tant que chef. Si vous n'avez pas été organique, bien sûr. Vous rendre ainsi, j'aurais accordé qu'il s'agisse d'une preuve de vaillance. Mais…qu'il y a-t-il à respecter ? Massacrer toute une population innocente, une population civile pour se venger de Megatron…qu'il y a-t-il de respectable à cela, Valak ?
Non.
Il n'y avait rien à respecter. Tarn semblait vouloir ajouter quelque chose.
Mais à la place, son regard se braqua sur Nickel.
Il savait ce qu'elle voulait. Il reçut le message. Silencieusement, Tarn s'écarta.
Il avait compris. Il avait compris que Valak était à elle. A elle et personne d'autre.
Nickel se rapprocha. Malgré sa petite taille, elle ne cilla pas face à Valak.
Elle ne montra aucune faiblesse. Juste…de la dureté. La dureté qu'elle avait acquis depuis qu'elle était Decepticon. Depuis qu'elle était membre de la DJD…
Il y avait tellement de choses qu'elle aimerait lui dire. Lui demander…
Mais lorsque vint le moment, la seule question que Nickel eut aux lèvres fut un simple mot :
- …Pourquoi ?
Cliché. Stupide. Elle aurait aimé faire plus…mais c'était comme si tout s'était perdu, tout s'était mélangé en elle.
Pourquoi ? Pourquoi avoir massacré son peuple ? Pourquoi avoir tué ses proches ?
Quant à Valak, la haine dans ses yeux devint davantage évidente lorsqu'il porta son attention sur elle.
Il ne répondit même pas à sa question.
- …Quel genre de monstre es-tu ?
Les optiques de Nickel se plissèrent d'incrédulité.
- Quel genre de monstre es-tu pour prendre la fille d'un autre ? Une fille innocente des crimes de son père ? Tu te crois être une victime ? gronda Valak, menaçant. Alors que tu rejoins la DJD…que tu fais cela ? Prendre la vie d'innocents ? Tu te crois meilleure que nous ? Que les organiques ?
Il ne s'adressait même plus à Tarn.
Son attention était juste focalisée sur elle. Et pour la Minicon, cela lui convenait.
Doucement, Nickel secoua la tête.
- …Je n'ai pas tué votre fille. Je ne l'ai juste pas empêché de mourir.
- Comment oses-tu te regarder dans le miroir après ce que tu as fait ? cracha Valak.
Il n'était plus l'impétueux leader qui regardait de haut les mécaniques.
Nickel essaya de ne pas répliquer à son hypocrisie.
- Vous m'en voulez parce que j'ai pris votre fille. Mais vous…vous m'avez aussi pris mes étincelants.
- Tiens donc, ricana Valak, haineux.
- …Les étincelants que j'aurais pu avoir avec ma Conjunx. Vous me les avez enlevés. Si je suis un monstre, vous l'êtes tout autant.
La réponse de Valak fut immédiate.
- Ce n'est pas comparable ! cracha-t-il.
Cela scia Nickel.
Qu'espérait-elle au juste ? Des regrets ? Des excuses ? Même cela, cela aurait été insuffisant…mais cela…c'était juste du profond mépris.
- Ce n'est pas comparable. Vous êtes des machines…Juste…des machines sans aucune émotion ! N'osez pas jouer la victime ! Vous me racontez des histoires mais vous ne comprenez pas ce que c'est de perdre un enfant ! Vous ne pouvez pas imaginer plus grande douleur que cela ! N'osez pas jouer dans la même cour que moi !
Des murmures émanèrent de la foule des mécaniques qui avaient répondu à leur appel.
Des murmures méprisants, scandalisés…
Derrière elle, même Tarn parut se tendre face à ces mots durs.
Valak était le seul à croire une telle chose. La voix tremblante, Nickel rétorqua, crucifiée :
- …On a des émotions. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ? Parce qu'on n'est pas de la même espèce, vous valez mieux que nous ? Vous avez massacré Prion…vous avez tué ma Conjunx et…vous n'avez aucun regret.
- Pourquoi aurais-je des regrets pour une vulgaire machine que j'ai simplement désactivé ? hurla Valak avec rage.
Cela acheva Nickel.
Atone…une…vulgaire machine. Elle était juste cela, pour lui.
Cela fut le mot de trop à encaisser. Tarn faillit bondir dans la direction de Valak pour le faire taire tout de suite, mais la Minicon l'en empêcha d'un signe de tête. Nickel ravala ses sanglots de colère. Elle siffla, une furie noire en elle qu'elle ne cherchait même pas à camoufler.
- Je n'ai plus rien à ajouter, décréta-t-elle avec mépris.
Elle ne parlait plus à Valak. Elle s'adressait à Tarn avant toute autre personne :
- Megatron se fera un plaisir de le dépecer lui-même.
- Oh, mais rien ne nous empêche de nous amuser un peu en attendant de le rapatrier à notre Sauveur, répondit Tarn, une menace camouflée par la chaleur dans sa voix.
- Je vous en prie.
Ces quatre mots, exprimés par Valak…
La Minicon se figea. Elle n'eut pas le temps d'entendre Tarn crier son nom pour la prévenir. Clignant des optiques, Nickel s'était déjà retournée.
« Votre Altesse », entendit-elle.
Cette vision fut si brève, si rapide qu'elle aurait pu passer inaperçue. Cette simple vue…la vue de Valak qui avait dégainé son laser-gun pour le pointer droit sur Nickel, prêt à lui tirer dans la tête.
Les lèvres de Valak bougèrent mais Nickel n'entendit pas ses mots.
Peut-être avait-il dit quelque chose comme « prendre Nickel avec lui. » Prendre le meurtrier de sa fille s'il devait mourir.
Mais Nickel n'y fit pas attention. Elle ne fit même pas attention à Tarn qui, derrière elle, s'était empressé de la rejoindre pour la tirer hors du danger immédiat.
Elle ne voyait qu'Atone. Elle n'entendait qu'Atone.
Nickel…il faut que tu sois forte.
Je ne te l'ai pas dit. Mais je t'ai trouvée très efficace aujourd'hui, au travail.
Où tu iras, j'irai.
Nickel cligna une nouvelle fois des optiques…mais avant même qu'il n'appuie sur la gâchette, la Minicon se retrouvait déjà devant lui.
Elle avait été plus rapide que lui. Ou l'était-elle devenue ? Comme par automatisme, comme s'il s'agissait d'un entraînement à la DJD, le pied métallique de Nickel entra en collision avec son genou.
Valak glapit de douleur. Nickel n'en eut pas assez.
Elle lui envoya un coup de genou, entre les deux jambes, cette fois-ci.
Cela fut suffisant pour qu'il lâche le laser-gun qu'elle récupéra au vol, le prenant dans sa main droite.
Elle fixa Valak droit dans les optiques. Ce qu'elle comptait faire semblait déjà évident aux yeux de tous.
- Protégez notre dieu ! hurla l'un des gardes.
- ça suffit ! N'intervenez pas ! cria Valak en leur faisant signe de reculer.
Comme c'était touchant…il leur épargnerait une boucherie supplémentaire.
Valak la toisa avec froideur tandis que Nickel leva le gun pour le pointer à l'endroit où un spark, ou peu importait l'organe qu'il possédait à la place, était supposé être.
Encore maintenant, elle entendait Atone.
Nickel…ne te laisse pas envahir par les émotions.
J'ai besoin de la Nickel forte et puissante que tu es. Du médic qui sait se battre. On n'a pas le temps pour le deuil. On doit survivre. Tu dois survivre.
En guise de réponse, Valak tressaillit à peine.
Il se contenta d'écarter les bras, comme s'il montrait qu'il était prêt.
Qu'il était prêt à recevoir le laser qui mettrait fin à sa vie.
- …Monstre, l'insulta-t-il une énième fois.
Nickel ne bougea pas.
Un seul tir pour Atone…
A la place, Nickel abaissa son laser-gun et tira en plein dans la cheville du leader.
Ce dernier hurla de douleur avant de vaciller. A genoux devant elle, Valak gémissait tout en pressant sur la blessure qu'elle lui avait infligée.
Mais il n'y avait pas qu'Atone…Il y avait également tout Prion.
Croyait-il que cela serait aussi simple que cela ?
- Monstre…Abomination…siffla-t-il, un air de défi sur son visage.
Nickel rechargea son gun.
Elle lui tira dans l'épaule.
Pour Kaon.
Cela fit reculer violemment l'organique. Le liquide rouge coulait de son épaule à présent.
- Machine…machine sans émotion…répétait-il.
Nickel le rechargea encore.
Et tira dans l'autre épaule.
Pour Vos.
Elle se rapprocha lentement et sûrement, se plaçant à quelques centimètres de l'organique.
Nickel tira à nouveau.
Un. Deux. Trois. Quatre tirs.
Quatre fois dans la poitrine.
Pour ce qu'il avait infligé au reste de ses camarades…
Cette fois-ci, les tirs avaient précipité Valak au sol. Etendu devant elle, une piscine se formait autour de lui tandis qu'il crachait du liquide rouge par la bouche, toisant Nickel qui se positionna debout au-dessus de lui.
- …Assassin…génocidaire…continua-t-il de l'insulter.
Il ne supplierait pas. Elle le savait.
Elle laissa tomber son laser-gun. Elle se pencha ensuite vers lui et, sans prêter attention aux effets néfastes qu'il y avait de toucher les organiques en raison de leur monstruosité, Nickel planta ses deux doigts dans les plaies qu'elle venait à peine d'infliger.
Le cri de douleur de Valak se perdit dans sa gorge.
Nickel enfonça ses doigts davantage, déterminée à le faire souffrir.
Dans son dos, elle pouvait presque sentir le sourire de triomphe derrière le masque de Tarn.
- …Déchet…souffla Valak dont la respiration manquait au fur et à mesure.
Nickel ne détacha pas ses optiques de lui.
Elle voulait seulement voir la vie dans ses yeux le quitter peu à peu…et lentement…
Nickel remonta ses mains jusqu'au visage de Valak.
Puis, sans avertissement, elle enfonça ses pouces dans ses yeux.
- Assassin ! Meurtrier ! continua-t-il de répéter en se débattant avec rage alors que Nickel exerçait la pression sur ses yeux, le visage dur.
- …Nickel…entendit-elle.
Nickel ignora Tarn.
Ses mots se noyèrent dans le liquide rouge qui continuait d'émaner de lui. A présent, il se mit à geindre.
Il ne suppliait pas…mais elle entendit deux noms.
Deux simples noms…
- …Asmodée…
Ses yeux explosèrent. Mais Nickel continua d'enfoncer les pouces profondément dans ses orbites.
- …Leviathan…geignit-il avec souffrance.
Ses enfants…les derniers mots qu'il prononcerait.
Laisse sortir toute ta rage…
Nickel enfonça…enfonça…enfonça…
Cela devenait trop long. Valak ne mourrait toujours pas. Mais elle était de la DJD. Elle était prête à imiter ses camarades et à le faire souffrir si c'était nécessaire.
Lorsqu'elle atteignit enfin le cerveau, Valak cessa de parler.
Nickel ôta ses pouces embués de sang…et le cadavre de Valak s'écroula, son visage scellé à jamais d'une expression d'horreur.
Atone…on a réussi…
Valak était mort.
Elle l'avait tué. Valak était mort…mort pour ses crimes sur Prion.
Enfin…enfin, c'était fini.
Nickel laissa les bras tomber le long de son corps. Tous ses membres convulsaient sous l'émotion intense qui la traversait, qui l'envahissait.
C'était fini. Son peuple était vengé.
Atone…était enfin vengée.
Nickel laissa échapper un gloussement.
On a réussi. On peut partir…on peut aller se réfugier en sécurité…
Nickel continuait de trembler.
On peut se réfugier en sécurité…réalisa-t-elle.
On peur partir ensemble…se réfugier en sécurité…
Cette phrase tourna sans cesse dans sa tête, comme un mantra. En sécurité…en sécurité…oui. C'était ce qu'elle aurait voulu avec Atone…
C'était ce qu'elle avait tant voulu…depuis ce jour.
Se réfugier en sécurité…
- Nickel… ? l'appela Tarn, le ton inquiet.
Nickel le laissa venir à elle.
Mais avant même qu'il ne puisse la toucher, elle se sentit partir. Tout devint noir autour d'elle tandis qu'elle bascula en arrière.
Nickel perdit connaissance et se laissa tomber.
Atone…je t'aime.
