Bonjour à tous,
Nouveau samedi, nouveau chapitre. J'espère qu'il vous plaira en tout cas.
Merci pour les reviews, je m'y suis attelé juste avant de publier ce nouveau chapitre donc normalement je n'ai oublié personne ;).
Bonne lecture !
PS : Je m'excuse à l'avance pour les fautes qui ont pu se glisser à l'intérieur, j'ai essayé de le corriger avant publication mais j'ai les yeux particulièrement fatigués aujourd'hui alors j'ai rapidement laissé tomber... Désolé?
En temps ordinaire, et pour une personne de qualité qu'il cherchait à subjuguer, Harry n'aurait pas hésité à faire montre d'une préparation millimétrée, calculée sur une échelle de valeur gravitant vers les sommets dans le seul but de magnifier encore ce qui pouvait l'être dans son château. Les préparatifs auraient pu être mis en place plusieurs jours auparavant, mobilisant l'entièreté de son personnel pour dépoussiérer ce qui devait l'être, déplacer ce qui encombrait, peaufiner un détail qui pourrait ne pas échapper à l'œil avisé d'un quelconque expert en agencement et nettoyer la plus petite parcelle de salissure des caves jusqu'au grenier.
Le chanceux visiteur, invité à Lamballe pour parler affaire, nouer une alliance ou restaurer celle dont les liens auraient pu se distendre par le passé, devait ainsi repartir les yeux encore brillants des choses qu'il avait vues, des mets dont il s'est régalé et des conversations polies qui devaient sceller leur union. Une remarque amicale par-ci, un compliment par-là, une touche d'affection mesurée et les promesses d'un avenir radieux sous de meilleurs auspices, tout cela agrémenté de petites activités de loisirs enrichissantes et distrayantes, et ainsi pouvait s'achever le séjour de ce fameux visiteur dont Harry était persuadé d'avoir des nouvelles très vite.
Barons de l'empire, riches magnats occupés à leurs affaires par delà les mers, bourgeoisies locales et gens lettrés, tous cherchaient à s'accaparer la part du butin que représentait le jeune prince de Lamballe ; Une fortune considérable était à la clé, et jusqu'au plus petit inventeur, chacun y allait de ses éloges à l'encontre du jeune prince pour parvenir à lui soutirer quelques pièces. On prêtait même à Harry des liens forts étroits avec l'Empereur, ce qui n'était bien évidemment pas vrai, mais cette rumeur avait au moins le mérite de redoubler les rencontres et les visiteurs inattendus à Lamballe. Mieux valait alors laisser répandre ces racontars dans son propre intérêt.
Chacun venait à Lamballe autant rencontrer le maître de ces lieux qu'admirer le château en lui-même, et des siècles d'agrandissement, d'embellissement et d'ameublement du meilleur goût l'avait rendu incontournable pour les habitants de la région. Mais pour autant, Harry souhaitait garder une certaine forme de tranquillité, poliment renvoyer les plus curieux à leurs affaires et ne pas être dérangé à longueur de journées. Ses protections magiques installées sur l'ensemble du domaine lui garantissaient en partie cette quiétude salvatrice, et celui qui pénétrait celles-ci sans être reconnu ni d'elles ni des membres de la garde mise en place pour s'assurer de la sécurité des propriétaires avait de fortes chances de ne pas en ressortir indemne.
Harry aurait espéré que l'homme face à lui subisse le même châtiment, qu'il se torde de douleur sous ses pieds en demandant grâce alors que son corps était pris de spasmes violents, mais le vieillard à l'autre bout de la table continuait à arborer ce même petit rictus moqueur insupportable et qui lui donnait des envies de lui tordre le cou.
- Curieux endroit pour une réunion, commenta d'ailleurs Dumbledore en regardant autour de lui. Je m'attendais à un salon plus...privé.
- Vous n'aurez pas les honneurs d'un entretien en tête à tête autour d'une tasse de café, s'excusa faussement Harry. La bibliothèque fera l'affaire.
La grande pièce n'avait pas changé depuis ses années de formation avec la princesse de Lamballe, et si les rayons s'étaient agrémentés de quelques ouvrages supplémentaires, si désormais il savait pertinemment avoir sous les yeux des fresques de la mythologie grecque basées sur la recherche des connaissances et du savoir, si Apollon dominait le centre du plafond d'où pendait toujours un imposant lustre juste au dessus de leurs têtes et si les escaliers mobiles continuaient de temps à autre à se déplacer d'une étagère à l'autre tandis que des manuels, déplacés par des mains invisibles, parcouraient la grande pièce pour aller se poser dans un autre rayonnage, Harry aurait pu croire qu'il avait encore huit ans et qu'il s'apprêtait à assister à un énième cours sous la supervision de sa mère.
Sauf si l'on exceptait l'imbuvable vieil homme devant lui.
- Je pense que c'est la première fois que vous me faites l'honneur de me convier parmi vous ma chère, reprit Dumbledore en se tournant vers la princesse de Lamballe, assise à la droite de son fils. Les rumeurs disaient donc vrai ; Cet endroit est fort charmant. Je ne voudrais pas trop m'aventurer en vous proposant de renouveler à d'autres fois l'invitation à séjourner chez vous.
- Je suis au regret de vous informer que le nombre de nos chambres est malheureusement limité et qu'elles sont actuellement toutes occupées, se désola faussement Marie-Louise en arborant au passage un air navré tout à fait convaincant.
Faisant brièvement l'inventaire des chambres disponibles, Harry lui ne put s'empêcher de sourire face au mensonge de sa mère mais se garda bien de la corriger sur le sujet ; Devoir supporter pour quelques minutes la présence de Dumbledore chez lui était déjà difficilement envisageable, alors l'imaginer paradant à travers les couloirs et salons du château était purement et simplement hors de question.
- Dommage, soupira Dumbledore. J'aurais aimé converser avec vous sur notre passé commun, sur nos expériences personnelles… ressasser le bon vieux temps diront certains. J'ai une revanche à prendre sur notre dernier duel, je ne l'ai pas oublié.
- Nous aurons je suis sûre l'occasion de pouvoir réparer ce regrettable oubli, lui certifia la princesse en le regardant droit dans les yeux.
La proposition avait plutôt l'air d'une menace à peine voilée, et personne n'était dupe sur les véritables intentions sous-jacentes ; Harry espérait simplement qu'elle lui en laisserait un petit morceau pour se calmer les nerfs.
- Vous aviez à nous informer de quelque chose il me semble, commenta alors Rogue en évitant soigneusement de rencontrer le regard de son ancien mentor. Nous sommes là pour en discuter, pas pour envisager votre installation ici-même ou discuter de sujets qui ne concernent en rien notre affaire.
- Allons Monsieur Rogue, soyez amical envers notre invité, le sermonna d'un ton léger la princesse de Lamballe. Il ne faudrait pas lui laisser une mauvaise impression après sa première visite… N'est-ce pas Monsieur Dumbledore?
- Vous me voyez là plus étonné qu'ayant de l'humeur, l'informa t-il en fixant Severus qui persistait à ne jamais croiser les yeux bleus de l'ex-directeur. J'avais déjà exprimé quelques doutes quant à la fidélité de Severus pour ses supérieurs, mais je n'avais jamais pensé qu'il puisse travailler pour vous. Vous devriez d'ailleurs vous en méfier, il en est déjà à sa deuxième trahison jusqu'à maintenant. Sa fiabilité est dès lors à remettre en doute…
- Soyez sans crainte, Monsieur Rogue ne pourra jamais me trahir, le coupa Marie-Louise. Je n'ai aucun doute quant au fait qu'il risquerait sa vie pour nous, en particulier lorsque ceci touche à certaines personnes de ma connaissance.
Un petit rire s'échappa des lèvres sèches et ridés de Dumbledore avant qu'il ne se saisisse du verre installé devant lui et en boive son contenu d'une traite.
- Je vois que les sentiments de Severus à l'égard de Lily ne sont plus un secret de polichinelle, commenta t-il avec amusement tandis que la mâchoire de Rogue se crispait. Si j'avais su qu'il fallait avoir à mes côtés cette femme pour me garantir votre fidélité, je l'aurais alors probablement enlevé bien plus tôt.
Un raclement de chaise sur sa gauche avertit Harry que son parrain s'était levé, et s'il ne s'était pas lui-même levé pour se saisir de son bras, il était persuadé que Remus aurait déjà attaqué Dumbledore.
- Ignore-le Remus, lui conseilla Harry alors qu'il pointait toujours sa baguette vers le vieil homme. Laisse le se complaire dans la fange d'où il a été extrait à sa venue au monde pour employer des procédés aussi vils et cruels. Tu es bien au dessus de tout ça.
- En effet asseyez-vous Remus, lui dit Dumbledore en lui souriant. Il serait regrettable que nous soyons obligés de vous attacher comme lors de notre dernier entretien pour réussir à vous calmer.
- Tu paieras pour ça Albus, l'avertit furieusement Remus avant de finalement obtempérer et reprendre sa place autour de la table.
- Quant à vous, veuillez mesurer vos paroles en ces lieux, reprit froidement Harry.
- Ou? Demanda t-il calmement.
La main d'Harry se leva d'elle-même, et au même moment le corps de Dumbledore se souleva de sa chaise pour flotter à quelques centimètres. Les mains sur son cou, le vieil homme suffoquait et poussait des râles d'agonie tandis qu'il essayait inutilement de se dégager de la poigne qui l'étranglait. Puis avec un nouveau geste, Harry le repoussa loin derrière, son corps heurtant lourdement la porte qui émit des craquements sinistres à son contact. Sa silhouette s'écroula par terre dans un amas de tissus violacés, immobile.
- Ou ceci, répondit alors Harry en sentant ses lèvres se plisser légèrement.
- Comment voulez-vous que j'appelle à la modération nos compagnons si vous en êtes incapable vous-même Gabriel? Argua la princesse de Lamballe en soupirant.
- Navré mère, mais les manières de ce vieillard me sont tout simplement intolérables, s'excusa son fils bien qu'il ne l'était pas du tout.
- Je ne puis vous en vouloir, concéda celle-ci.
- Misère…, soupira Severus en se prenant la tête dans les mains.
Au même instant un bruit de tissu que l'on traînait pouvait être entendu là où se trouvait Albus, et celui-ci se relevait lentement, les mains soutenant son poids et la respiration sifflante. Ses lunettes étaient de travers, et sa barbe presque emmêlée avec ses cheveux, mais si un regard pouvait tuer, alors Harry était persuadé d'être mort à l'instant même.
- Allons Monsieur Dumbledore, il est indigne pour une personne de votre acabit de demeurer plus longtemps à terre, l'encouragea t-il avec amusement. Venez reprendre votre place en notre compagnie, vous aviez semble t-il des choses à nous dire, alors nous sommes tout ouïe.
L'ex-directeur mit du temps à se remettre sur ses jambes, et la démarche hésitante, il se traîna presque jusqu'à la table qu'il avait involontairement quitté. Son regard lui ne quittait jamais une seule seconde celui d'Harry, mais le plus jeune des deux ne savait pas s'il s'agissait de la colère, de la crainte ou même d'une curiosité malsaine qu'il parvenait à lire à travers. Dumbledore l'étudiait plus que de raison, et cela le mettait mal à l'aise.
- Que cela ne se renouvelle pas, ou je mettrais un terme à notre collaboration sur le champ, dit-il froidement.
- Montrez du respect à l'égard de ceux qui me sont chers et cela ne se renouvellera pas, lui certifia Harry.
Tous deux se faisaient face en silence pendant un temps qui semblait interminable. Les mains sur la table, Harry s'attendait d'un instant à l'autre à ce que Dumbledore perde patience et ne l'attaque, et par conséquent à devoir faire usage de magie entre ces murs… Mais l'attente eut beau être longue, son avertissement avait de toute évidence fait mouche car le vieil homme ne tenta rien contre lui.
- Je sais où se trouve l'un des horcruxes de Voldemort, lui annonça alors Dumbledore. Je venais vous en informer et vous proposer de m'accompagner pour le récupérer et le détruire.
- Proposition intéressante…, marmonna Harry en se massant le menton. Devons-nous être deux pour détruire un tel objet?
- Non, mais je pensais ainsi vous prouver ma bonne foi en vous conviant à sa destruction, répondit-il. Peut-être même consentirez-vous à le faire vous-même, vous ne manquez pas de puissance pour accomplir un tel acte, je présume?
- Je n'en ai aucune idée…
- Et où se trouve cet horcruxe? Les interrompit la princesse de Lamballe.
- Dans le comté de l'Essex, dans une caverne bordée par la mer du Nord et à quelques kilomètres de Colchester, les informa Dumbledore. Voldemort accorde une grande importance mémorielle aux emplacements utilisés pour contenir ses morceaux d'âme, qu'il s'agisse de son histoire personnelle, de son histoire familiale ou de l'Histoire avec un grand H. Cette caverne est pour lui le souvenir de l'époque où, encore enfant, il y venait avec les autres pensionnaires de l'orphelinat dans lequel il vivait s'y promener de temps à autre… Mais surtout pour s'exercer à la magie qu'il commençait à découvrir. Cet endroit a donc une portée fortement symbolique à ses yeux. C'est là où il a découvert qu'il n'était pas un enfant normal mais un être tout à fait exceptionnel…
Exceptionnel était peut-être exagéré selon lui, mais sous certains aspects cette définition pouvait aisément dresser le portrait du seigneur des ténèbres terrorisant l'Angleterre. Harry se méfiait autant des pouvoirs de Voldemort que de l'homme face à lui. Mais la curiosité le gagnant, il se sentit prêt à passer l'éponge des griefs qu'il éprouvait pour Dumbledore pour partir en vadrouille avec lui.
- Ne serait-il pas plus souhaitable que tu ramènes l'horcruxe ici et que nous le détruisions dans un endroit où mon neveu ne courrait pas le risque d'une autre de tes machinations? Argua avec raison Remus.
- L'horcruxe n'aura beau être qu'un objet inanimé, il essaiera de se défendre de toutes les manières possibles. Si vous souhaitez mettre en jeu l'intégrité physique de ce château et des personnes y habitant, libre à vous.
- Je viendrai avec vous pour m'assurer de sa sécurité, déclara alors d'un ton décidé Marie-Louise. Je ne vous imagine pas tentant quoi que ce soit contre mon fils, car vous n'êtes pas suffisamment bête pour vous attaquer à un prince, autrement vous savez ce que cela implique pour le reste des familles princières magiques. Ce ne serait alors pas seulement la Grande Bretagne qui vous traquerait, mais l'Europe dans son entièreté.
- Qui plus est, je doute qu'il s'en prenne à un officier de l'Empereur, reprit Harry. Son altesse mobiliserait alors des moyens dont il n'a même pas connaissance, et mon régiment me vengerait.
Son affirmation n'était pas tout à fait vrai, et il n'était pas même certain que Napoléon mobiliserait effectivement des troupes pour traquer Dumbledore, mais l'ancien directeur de Poudlard n'avait pour l'heure pas besoin de savoir qu'il bluffait. Celui-ci demeurait d'ailleurs étrangement silencieux, son regard passant de Marie-Louise à lui pour revenir à la première personne, comme s'il pesait dans son esprit le pour et le contre de leurs allégations.
- Entendu, dit-il en se levant. J'ose espérer qu'après notre petite promenade vous aurez définitivement confiance en moi. Je ne cherche que deux choses avant de vous laisser tranquille ; Vaincre définitivement Voldemort et laver mon honneur en m'absolvant des crimes que l'on m'impute injustement. Non je n'ai pas tué le ministre de la magie, et dès lors que le magenmagot aura le cadavre de Voldemort sous les yeux, les mensonges que l'on diffuse contre moi disparaîtront.
Puis il sortit de la pièce sans demander son reste.
- Nous devrions venir avec vous, marmonna Remus une fois que la double porte se referma sur lui. Qui sait ce qui vous attend là-bas? C'est peut-être un piège…
- Pour une fois je suis en accord avec le loup-garou, ajouta Rogue en tournant lentement sa tête vers la princesse de Lamballe. Le professeur Dumbledore a plus d'une fois montré son double-jeu par le passé, il n'hésiterait pas à commettre contre vous la même perfidie commise contre Lily.
- Croyez moi mes amis, je puis vous affirmer qu'il ne fera rien contre nous, leur certifia t-elle en adressant un sourire à son fils. Nos menaces ne sont pas que de simples mots, et lui-même en est conscient. Par ailleurs… Je pense avoir suffisamment confiance en nos capacités personnelles pour supposer que nous pourrons faire face à n'importe quelle contrariété.
Approuvant ses dires, Harry serra la main que la princesse avait glissé sur la table vers lui. La savoir à ses côtés lui donnait l'impression de pouvoir affronter une armée entière sans courir aucun risque, et ce n'était pas un vieillard en fuite qui lui paraissait être une menace sérieuse pour tous les deux.
Une toute autre ambiance l'attendait quelques minutes plus tard lorsqu'il posa ses pieds sur un sol détrempé, rocheux et recouvert par endroit d'une quantité d'algues qui ajoutait des petites notes de vert au tableau qui se dressait autour de lui. L'air était glacial pour un mois d'août jusqu'à présent chaud, et le ciel était sombre, nuageux et menaçant. Une petite pluie leur tombait pour le moment dessus, mais il n'avait aucun doute qu'une grosse averse menaçait de bientôt frapper la région. La mer qu'il pouvait voir sur sa droite était déjà démontée, de grosses vagues semblables à des rouleaux déferlaient sur la côte en heurtant les récifs avec violence. L'air marin lui demeurait intact, salé jusque dans les bronches, et quelques mouettes voletaient à l'horizon sans réel but hormis de trouver au plus vite un abri pour passer la tempête qui s'annonçait ; Les falaises verticales, noires et lisses à proximité devaient très certainement déjà grouiller de vie maritime.
- C'est plus loin, leur indiqua Dumbledore en désignant de sa main un amoncellement de roches qui semblaient descendre en dessous du niveau de la mer.
- Drôle d'endroit, commenta Harry en regardant toute la zone. Il est impossible pour des bateaux même de pécheurs de venir ici sans se heurter aux récifs, et impossible également par voie terrestre ; les falaises sont trop abruptes.
- En effet, approuva la princesse de Lamballe tandis qu'elle se changeait pour une tenue plus en adéquation avec la marche et l'escalade. Que vous disiez qu'un enfant soit capable de venir jusqu'ici me laisse effectivement à penser qu'il ne pouvait le faire sans user de magie. Mais pour quel motif?
- Les enfants font parfois des choses qui nous laissent pantois ; La logique derrière nous échappe, mais pour eux ce qu'ils font est parfaitement sensé. Tester son courage, se prouver et prouver à d'autres que l'on est capable de prouesse sans commune mesure, pousser toujours plus loin les barrières qui limitent nos mouvements, qui nous confortent dans nos peurs et dans les interdits que l'on se fixe… être directeur d'une école comme Poudlard pendant si longtemps m'a permis d'appréhender ces facettes si particulières chez les enfants et les jeunes adultes que l'on ne se formalise plus des raisons qui les poussent parfois à commettre des choses insensées pour le commun des mortels.
- S'adonner à ce genre de folie n'est pas uniquement l'apanage des enfants, argua Harry tandis que leur marche les faisait s'approcher progressivement du pied des falaises. Faire des choses qui dépassent la raison est également le moyen pour certains adultes de se prouver à soi-même certaines choses, quitte à faire des erreurs de jugement… Vous devriez le savoir vous-même Dumbledore.
Le vieil homme fit sans doute mine de ne pas l'avoir entendu malgré la faible distance les séparant, et de son pas décidé, il poursuivait sa route sans lui accorder la moindre attention. Leur avancée était toutefois lente, à plusieurs reprises arrêtée par un obstacle qu'il fallait enjamber ou gravir pour continuer leur périple, mais Dumbledore semblait savoir où aller, comme s'il s'y était déjà rendue. Le vent continuait à leur souffler dans les cheveux, et la mer toujours plus violente, frappait si puissamment la berge qu'Harry avait l'impression de sentir le sol trembler.
- Par ici, les invita alors Dumbledore en amorçant une descente entre les rochers.
Une petite cavité était visible contre le mur de roches, légèrement inondée par de l'eau de mer formant une petite mare juste devant. Le sol était par chance dur sous leurs pieds lorsqu'ils s'y engagèrent, mais à mesure qu'ils exploraient la cavité, celle-ci bien que s'écartant plongeait toujours plus dans les profondeurs de la falaise, et bientôt ils furent contraint de poursuivre leur aventure à la nage, leurs baguettes allumées permettant de leur éclairer le chemin.
Une autre anfractuosité leur apparut au fond de la première, et le sol qui remontait leur permit de se remettre sur leurs jambes. Frigorifiés, chacun appliqua alors un sort de séchage sur leurs vêtements avant d'inspecter de nouveau la zone et de pénétrer dans l'ouverture et de se retrouver dans une petite grotte.
- C'est un cul-de-sac, commenta Harry en regardant les alentours d'un air circonspect.
- Il doit y avoir un autre passage, dit-il en tournant sur lui-même pour examiner les parois et le plafond. Vous avez également senti sur le chemin les résidus de magie utilisée en ces lieux. Nous sommes sur la bonne voie.
Le vieil homme inspectait à l'aide de sa baguette les murs de la grotte, s'attardant parfois sur un espace en particulier en marmonnant des incantations, déplaçant une pierre en croyant enclencher un mécanisme d'ouverture avant de finalement se tenir immobile dans un espace en particulier, la main posée contre la roche.
- C'est ici.
Les effluves de magie semblaient en effet plus important à cet endroit, mais la pierre humide ressemblait à n'importe quelle autre surface de la grotte. Dumbledore agita une nouvelle fois sa baguette, et une arcade se dessina dans la paroi, suffisamment haute et large pour les laisser passer, mais à peine tendit-il la main pour la toucher qu'elle disparut.
- Je pense… que l'entrée de la prochaine salle nécessite un tribut, déclara alors Dumbledore en se tournant vers eux. Et connaissant Voldemort, je me demande s'il ne s'agit pas là d'un tribut particulier, un sacrifice de sa propre personne pour passer l'étape suivante…
- Sanguinolae Magicae…, confirma la princesse de Lamballe en examinant également la paroi à l'aide de sa baguette. L'accès ne nous sera possible qu'en offrant un peu de sang à la grotte, ou du moins aux protections mises en place. De la magie noire basique, mais utilisée de manière à écarter les visiteurs les moins avertis des dangers qu'ils courent.
Harry se saisit alors de sa propre épée qu'il enleva de son fourreau, et sans attendre l'assentiment de l'un de ses accompagnateurs, il remonta légèrement la manche de son manteau et pressa la lame contre sa peau. Une gerbe de sang jaillit et éclaboussa la paroi de pierre qui se retrouva constellée de petites gouttelettes sombres et glissant lentement sur elle.
- Vous auriez pu me laisser faire, argua Dumbledore d'un ton qui laissait à penser qu'il était furieux qu'Harry l'ait fait à sa place.
Marie-Louise passait sa baguette sur la profonde entaille qu'il venait de se faire, et la blessure guérit instantanément à son geste.
- Nous discuterons de l'ordre des préséances plus tard si vous le voulez bien, lui répondit Harry avant de lui passer devant et de traverser l'arcade qui venait de réapparaître et demeurait bien présente désormais.
Harry eut alors sous les yeux une vision assez étonnante ; La salle dans laquelle il venait de pénétrer était bien plus imposante que la précédente, si vaste d'ailleurs qu'il ne parvenait pas à en avoir le bout. Le plafond était haut, parcouru de stalactites de plusieurs mètres pour certaines qui laissaient s'écouler sur la surface d'un immense lac noir des gouttelettes d'eau brisant le silence inquiétant de l'endroit. Une lueur verdâtre était visible au loin, sur un petit îlot au centre de l'étendue d'eau devant lui. La lumière de leurs baguettes magiques donnait aux parois de la caverne un aspect humide, comme enduites d'une couche de graisse, mais leur clarté ne parvenait malgré tout pas à percer l'obscurité presque complète de la zone.
- Comment allons-nous traverser? Demanda t-il alors à Dumbledore en ne quittant jamais des yeux la lueur verdâtre au loin.
Il doit y avoir un moyen de le faire sans risque…, marmonna t-il en se dirigeant vers le bord du lac.
Tous trois eurent cependant beau fouiller les moindres recoins, observer le relief et scruter l'eau à la recherche d'un indice, rien ne semblait pouvoir leur permettre le passage. La princesse de Lamballe se saisit alors d'une pierre qui ressemblait fort à un galet et sur laquelle elle grava à l'aide de sa baguette une forme compliquée tout en marmonnant des paroles incompréhensibles pour les deux autres. À son tour, elle porta sa baguette contre sa peau, laissa une entaille de laquelle s'écoulait lentement un mince filet de sang qu'elle laissa librement tomber sur la pierre. Puis, elle la jeta prestement dans l'eau, son contact provoquant un clapotis bruyant qui se répercutait en écho contre les parois de la caverne. L'eau brilla alors subitement d'un rouge éblouissant, comme une mer de sang sinistre dont les reflets rendaient l'endroit encore plus inquiétant qu'il ne l'ait déjà, avant de s'éteindre tout aussi vite.
- L'eau est infestée de magie noire, dit-elle en se relevant. Je n'avais encore jamais vu autant de magie à l'œuvre dans un seul endroit. Il nous faudrait éviter son contact au maximum.
- Il y a quelque chose dans l'eau? Lui demanda son fils en passant sa baguette au dessus de celle-ci pour essayer de voir dans ses profondeurs.
- Il faudrait sonder le lac dans son entièreté pour en être certain, mais cela prendrait un temps bien trop long. Creatura Revelio !
Sa baguette elle aussi pointée devant elle, Marie-Louise garda le silence quelques secondes, les yeux fermés tout comme son visage. Puis elle réitéra son geste en utilisant d'autres sortilèges du même type.
- Rien, déclara t-elle finalement. Hormis nous, il n'y a personne d'autre dans cette grotte. Pas de créatures, de monstres, d'êtres humains, d'animaux ou même de poissons. Juste nous, et ce lac.
- Nous pourrions envisager d'ouvrir un passage à travers l'eau vers cet îlot, suggéra alors Dumbledore en s'approchant lui aussi du lac.
- Contentez vous d'être notre guide avant de vouloir vous prendre pour Moïse séparant en deux la mer Rouge, se moqua Harry. Pour ce qui est d'aller de l'autre côté, nous avons nos méthodes.
Une fumée grise commença alors à lentement tournoyer autour de lui, depuis ses pieds jusqu'à la naissance de son cou, en devenant au fil des secondes de plus en plus compacte et animée. La fumée l'enveloppait presque totalement, et Harry sentit ses pieds quitter la terre ferme pour flotter dans les airs. Puis par sa seule volonté, il avança rapidement vers la lueur verdâtre, volant au dessus des eaux du lac qu'il découvrait toujours plus grand et distant de son point de départ ; Si vraiment Dumbledore avait eu l'envie de séparer en deux cette masse d'eau, leur marche aurait bien duré cinq minutes avant de pouvoir atteindre l'îlot au centre de la caverne.
Au bout du compte il amorça une descente rapide, et dès l'instant où ses pieds touchèrent de nouveau le sol, la fumée autour de lui disparut d'elle-même dans une bourrasque de vent. À côté de lui sa mère atterrit également, et Dumbledore leur enjoignit le pas juste après dans un tourbillon de fumée blanche distincte des leurs.
L'îlot était suffisamment grand pour accueillit facilement une vingtaine de personnes. En son centre se trouvait un grand bassin blanc posé sur un piédestal qui contrastait avec la noirceur des pierres alentours, et la lueur verdâtre semblait émaner de l'intérieur de celle-ci. Harry remarqua également la présence d'un canot, à peine assez grand pour une personne et échoué là par son précédent propriétaire qui ne semblait pas en avoir eu besoin pour repartir.
- Je suppose que le moyen classique pour venir jusqu'ici était cette petite barque, commenta t-il avant de remarquer du coin de l'œil que Dumbledore se précipitait vers le bassin.
Lui-même s'en approcha, mais s'il s'attendait d'un instant à l'autre à avoir sous les yeux l'un des horcruxes de Voldemort, la déception le gagna en constant que l'intérieur du bassin… était vide, si l'on exceptait la minuscule quantité de liquide qui produisait cette lueur. .
- Qu'est-ce que…, marmonna t-il en fronçant ses sourcils. Où est l'horcruxe?
- Quelqu'un nous a peut-être précédé, bredouilla le vieil homme en paraissant particulièrement troublé. Regardez autour de vous.
Harry orienta sa baguette sur le sol, à la recherche du moindre indice pouvant les aiguiller quant à la destinée de l'horcruxe, et il ne mit pas longtemps avant de remarquer un morceau de parchemin froissé à côté d'un médaillon ouvert et jeté là sans précaution. Intrigué, il ramassa d'abord le parchemin, le déplia et le lut :
Au Seigneur des Ténèbres,
Je sais que je ne serai plus de ce monde
bien avant que vous ne lisiez ceci
mais je veux que vous sachiez que c'est moi
qui ai découvert votre secret.
J'ai volé le véritable Horcruxe
et j'ai l'intention de le détruire dès que je le pourrai.
J'affronte la mort dans l'espoir
que lorsque vous rencontrerez un adversaire de votre taille,
vous serez redevenu mortel.
R.A.B.
- Qu'est-ce donc que cette histoire encore? S'impatienta par dessus son épaule la princesse de Lamballe en ayant lu en même temps le message.
Dumbledore, qui de son côté avait ramassé le médaillon et l'observait scrupuleusement, demeurait étonné par la tournure des événements, les sourcils levés et une main dans sa moustache qu'il caressait frénétiquement.
- Qui est ce R.A.B? S'enquit pour sa part Harry en relisant une seconde fois le message.
- Impossible…, marmonna le vieillard. Je ne… Mais… Comment? Je ne comprends pas… J'étais persuadé… Se pourrait-il qu'il sache?
Puis sans même les prévenir, Dumbledore tournoya sur lui-même et transplana. Harry et sa mère se regardèrent d'un air interdit, incrédules face à ce qu'ils pensaient être un fiasco complet. Leur chasse à l'horcruxe avait tourné court, ils repartaient bredouille et avec plus de questions en tête qu'à leur arrivée.
Et Lily demeurait toujours autant insaisissable.
A/N : Chapitre terminé. Bon eh bien, une découverte qui n'en est finalement pas vraiment une ; L'horcruxe de la grotte a disparu, sauf que l'on sait depuis un moment qu'il a été détruit dans l'incendie de Grimmaurd Place. Loupé Dumbledore !
Maintenant il reste à savoir qui s'est permis de précéder Dumbledore, Harry et Marie-Louise dans la grotte, et de laisser trainer par terre le petit mot de Regulus... Vraiment, quel toupet de laisser traîner ses déchets comme ça !
Un détail qui a son importance a également été glissé dans ce chapitre... à voir si vous l'avez repéré ;)
Juste pour revenir sur un point : la manière dont se déplace Harry vers la fin du chapitre est entièrement reprise des films ; J'ai eu beau chercher je n'ai vu aucune page sur internet mentionnant ce moyen de déplacement, la manière dont on doit s'y prendre et s'il s'agit de magie blanche ou noire ; Comme dans les films cette fumée est noire pour les mangemorts et blanche pour l'ordre du phoenix, j'ai supposé que c'était une question d'aura, alors j'ai choisi le gris pour lui comme pour sa mère.
Le prochain chapitre arrivera bien évidemment samedi prochain, un personnage refera son apparition, et une surprise vous attendra à la toute fin !
à bientôt !
