Bonjour à tous ! Merci pour vos reviews et votre présence constante sur cette fic malgrés les délais de parution ! Ma donne résolution de l'année est de finir la fic d'ici à fin 2021. Il serait temps ^^
Bonne lecture.
Les Portes de l'esprit
Mary était étrangement consciente que ce n'était pas la réalité. Quand elle avait ouvert les yeux dans sa chambre au Phare, chez elle, elle n'avait jamais douté de ne pas vraiment être là. Mais ça ne réussissait pas l'inquiéter. Même si elle savait que ça devrait. Pourtant, elle se sentait en sécurité. Aucun son ne lui parvenait. Et elle était seule.
Se redressant, elle tendit les mains devant elle, les trouvant... différentes ? La jeune fille souleva la jambe gauche de son pantalon et constata avec un certain étonnement que ses cicatrices récemment acquises à cause de sa métamorphose en animagus mal exécutée n'étaient plus là.
- Maman ?
Le son de sa voix semblait étouffé comme si elle avait du coton dans les oreilles, ce qui, après vérification, n'était pourtant pas le cas. En se concentrant, elle constata que le silence autours d'elle n'était pas complet : il semblait y avoir un bruit de fond, très faible, mais constant. Balançant ses jambes sur le côté du lit pour se redresser, elle fit le tour de la chambre, tomba sur son reflet qui lui renvoya un regard surprit. C'était elle... et en même temps pas. Enfin si, mais elle avait quelques années de moins. Peut-être 11 ou 12 ans au lieu de 15, presque 16. Etant donné qu'il était peu probable qu'elle soit remontée dans le temps, la situation n'en devenait que plus curieuse. Elle tenta une nouvelle fois d'appeler sa mère, son frère puis, après un instant de réflexion, son père. Si elle avait 12 ans il était encore vivant à cette époque là. Elle n'eut pas plus de succès. Mary essaya d'attraper, avec succès, les objets présents et de les déplacer. Rien ne se passa.
Décidant que rester là ne l'aiderait pas à comprendre ce qu'il se passait, elle saisit la clenche de la porte et l'ouvrir vivement... Au lieu du couloir auquel elle s'attendait, il y avait de l'autre côté le dortoir des Serdaigles où elle avait posé ses valises depuis son entrée à Poudlard. Jetant un regard derrière elle, elle constata que sa chambre au Phare était toujours là. Les objets précédemment déplacés étaient revenus à leur place initiale. Elle observa la pièce, mais personne d'autre qu'elle n'était présent. Sans s'alarmer d'avantage, elle franchit le seuil et la porte se referma doucement puis se mit à rétrécir jusqu'à ne plus former qu'une mince ligne sur le mur qui disparue.
Le dortoir des Serdaigles était plongé dans la pénombre, faisant briller les étoiles du plafond. Il était vide, les baldaquins des lits étaient ouverts. La seule malle présente était la sienne. Son nom y était gravé. Par curiosité, elle l'ouvrit. Des nuages de couleurs diverses en sortirent pour tournoyer autours d'elle, mais elle fut incapable de s'en saisir et ils traversèrent la porte menant hors du dortoir. Reportant son attention sur la malle, elle constata que le fond avait disparu. Elle se pencha, tendant la main et se sentit basculer dedans. Pour la première fois depuis son réveil dans cet endroit étrange, elle ressentit de la peur et battit des pieds tout en poussant de toutes ses forces sur la main qui tenait le bord de la malle pour essayer de se redresser. Avec soulagement, elle sentit ses genoux se poser sur le sol du dortoir et la malle se referma d'elle-même avec un claquement doux, reprenant une trompeuse apparence inoffensive.
Plissant la bouche, Mary se leva et chassa ses longs cheveux roux de devant son visage, gardant une mèche dans sa main qu'elle entortilla autours de son doigt. La peur avait disparu au profit de la trompeuse tranquillité qui l'avait habité jusque là. Mais malgré cette tranquillité, elle se sentait… dérangée par quelque chose. Quelque chose qui ne tournait pas rond et qui générait une certaine anxiété qui ne parvenait cependant pas à prendre le dessus sur la tranquillité mais qui ne disparue pas.
Après avoir exploré le dortoir, constaté qu'elle ne voyait rien à travers les minces fenêtres en forme de meurtrières, elle se décida à ouvrir la seule porte restante, se demandant où elle allait se retrouver. Cette fois, elle y fut aspirée comme elle avait failli l'être par la malle. Elle chuta, lâchant un bref cri qui se perdit dans l'air ouaté. Elle atterri sur quelque chose de dur, de froid et de mouvant. Il s'agissait de billes de la taille de sa tête et d'un beau bleu profond. Elle voyait des parois de verre transparente partout autours d'elle… il semblerait qu'elle soit enfermée dans une sorte de cloche. Un bruit de roulement retentit au dessus d'elle et quand elle leva la tête, elle vit qu'une nouvelle bille bleue, de la taille de sa tête, s'apprêter à tomber pile sur elle. Rapidement, nageant, roulant, glissant à moitié et tâchant de ne pas se faire ensevelir, elle s'éloigna de la trajectoire de la bille, allant se cogner à la paroi de verre. La bille tomba avec un bruit de mat mais loin d'elle. Reprenant son souffle, Mary se retourna pour voir ce qu'il y avait de l'autre côté de la vitre. Elle reconnu avec étonnement le hall devant la Grande Salle dont les portes étaient fermées, mais l'endroit était reconnaissable entre tous. A droite les escaliers menant aux étages, à gauche ceux, plus sombres et petits, menant aux cachots. Ici le couloir qui permettait de se rendre aux cuisines et aux dortoirs des Poufsouffle. Là, l'escalier qui permettaient de sortir du château. Une nouvelle bille tombant derrière elle la fit sursauter. Il lui fallut quelque secondes pour comprendre qu'elle se trouvait dans l'un des quatre sabliers qui comptaient les points des Maisons dans le Hall d'entrée. Celui de Serdaigle vu la couleur.
Mary tapota du doigt le verre, réfléchissant à la manière dont elle pourrait sortir de là vu qu'il n'y avait pas de porte et des fissures apparurent sous sa main. La retirant précipitamment, elle regarda les fissures s'agrandir… Et sans un bruit, le verre se brisa, entraînant une vague de ville dans le Hall, et elle avec. Etrangement, elle s'en sorti sans blessure ni douleur malgré la chute conséquente au milieu de ces énormes billes. Quand elle se redressa sur ses genoux, elle constata que lesdites billes étaient revenues à leur taille normale –ou peut-être était-ce elle qui avait été miniaturisée pour entrer dans le sablier. Au bleu se mêlaient le rouge, le vert et le jaune. La dalle entre ses mains était fendue.
Levant la tête, elle ouvrit la bouche, ébahie et légèrement effrayée. Le Hall auparavant lumineux et en parfait état quand elle l'avait vu depuis le sablier étaient à présent dévasté. De la poussière, des petits brasiers… L'un des battant de la porte de la Grande Salle avait été arraché et avait brisé une des quatre tables, l'autre pendait mollement à une de ses charnières. Se redressant pour mieux prendre conscience de la situation, elle grimaça. Ses genoux étaient écorchés, tout comme ses mains. Il n'y avait toujours personne à part elle. Les flammes ne faisaient aucun bruit et n'émettaient aucune chaleur.
Par où aller ? Il y avait 3 escaliers, un couloir, une porte. Levant la tête vers le plafond, elle vit que la fumée du feu se transformait en nuages, les mêmes que ceux qui étaient sortis de la malle un peu plus tôt, mais à présent la majorité étaient gris ou noir. Ils se dirigeaient vers la Grande Salle. Déglutissant Mary enfonça un doigt dans son oreille, essayant de chasser le bruit de fond qui ne cessait de l'agacer. Mais ça ne changea rien. Valait-il mieux suivre ou fuir la direction des nuages ? Elle jeta un regard vers l'escalier menant à l'extérieure mais tout semblait noir au-delà de la porte, comme lorsqu'elle avait regardé par les fenêtres du dortoir. Ce n'était pas très engageant.
La rousse se résolut à suivre les nuages et s'approcha de la porte de la Grande Salle. Le bruit dans ses oreilles s'amplifia encore et elle ne pouvait à présent plus qualifier l'endroit de silencieux, même si aucun autre bruit ne lui parvenait. Arrivée au seuil de la porte de la Grande Salle, elle baissa les yeux et vit qu'un liquide d'un rouge riche, sombre et vibrant, se mit à suinter. Ce n'était pas liquide comme du vin mais plutôt… poisseux, comme du… du sang. Le sang dégoulinait tout au long de la Grande Salle, autours de ses chaussures, et quand elle se retourna, elle vit que le liquide continuait, se répandant dans le Hall et de là dans toutes les directions… Ca montait même les escaliers menant aux étages.
Il aurait fallut qu'elle hurle. Qu'elle recule. Qu'elle cherche à se sortir de là. Mais la boule qui se forma dans sa gorge le lui interdit. Elle avait l'impression qu'elle devait continuer. Que plus elle continuerait, plus elle irait vers le but final de cette errance dans ce paysage à la fois connu et inconnu, réel sans l'être.
Alors, elle leva le pied et avança. La sensation de succion était horrible, mais au moins n'avait –elle pas le bruit qui l'accompagnait. Quand elle le put, elle monta sur une des quatre tables pour éviter de marcher dans le sang. La Grande Salle était tout aussi dévastée que le Hall. Le plafond était éventré à un endroit, et elle avait la sensation qu'elle aurait dû se rappeler qui avait fait ça sans y arriver. De l'autre côté, il faisait également sombre, mais le noir semblait pénétrer par l'ouverture, menaçant de tout engloutit. Elle força l'allure.
Il n'était pas bien compliqué de savoir où elle devait aller : tout le sang qui se répandait dans la Grande Salle semblait provenir de la petite porte qui se trouvait derrière la table des professeurs et qu'elle n'avait franchie d'une seule fois.
Elle ne s'arrêta pas pour regarder derrière elle cette fois et y plongea la tête la première. Le bruit de fond devint insupportable, mais plaquer ses mains sur ses oreilles ne servit à rien. Elle s'était mise à haleter elle ne savait quand. Elle déboucha dans son petit laboratoire de potion personnel. Sauf que le mur extérieur avait disparu. Et soudain, elle fut terrifiée de ce qu'elle allait voir dehors alors que jusque là, à chaque fois qu'elle avait regardé, il n'y avait rien. Elle essaya de faire demi-tour. Plus de porte. Elle essaya de trouver l'astuce qui la faisait apparaître à Poudlard. Sans succès. Elle était coincée. Il ne lui restait qu'une chose à faire : se pencher sur le vide extérieur.
Un cri. C'était un cri. Continue et terrible. C'était un cri qu'elle entendait depuis qu'elle s'était réveillée. Le cœur battant, la boule dans sa gorge devenant si grosse qu'elle n'arrivait presque plus à respirer malgré son halètement, elle s'approcha à petit pas, de profil, du bord de la pièce. Quelque chose semblait briller au fond.
Ce qu'elle vit la fit tomber à genou. Le froid l'envahi. Le vide également. Et elle hurla. De toute la puissance de ses poumons. Son hurlement se superposa à merveille à celui qu'elle entendait jusque là, et elle réalisa que ça avait toujours été elle qui criait même si ça n'avait aucune sens. Elle porta ses mains à sa tête, mais fut incapable de détourner le regarde de ce qu'elle voyait. Pourtant elle ne désirait que partir mais elle ne pouvait pas. Et elle hurlait, hurlait, hurlait, et elle voyait du sang goutter de ses yeux sur le sol, pour aller alimenter le fleuve qui se déversait dans la Grande Salle tandis qu'elle s'écroulait au bord du gouffre.
- Potter.
La voix doucereuse, au ton égal, réussit à percer son cri qui résonnait pourtant si puissamment qu'elle n'aurait jamais dû l'entendre. Son nom de famille sembla la transpercer et elle se retourna, tremblante, haletante, nauséeuse.
Rogue pinça les lèvres. Quand il avait reçu le message de Dumbledore, il avait un moment hésité à y répondre. Quand il avait su pourquoi on l'avait fait venir, il avait hésité à partir dans une grande envolée de cape dédaigneuse. Quand il avait pénétré dans l'esprit de la fille de James Potter, il avait bien dû admettre que la convocation en urgence prenait son sens. On aurait que quelqu'un avait consciencieusement saboté l'endroit. Mais ce n'était pas un travail soigné, on aurait plutôt dit qu'un animal avait déchiqueté le tout à coup de crocs et de griffes enragés. Comment diable cette enfant s'était-elle débrouillée pour se retrouver avec un esprit dans cet état ? Et ce hurlement insupportable qui se répercutait partout comme un écho…
La trouver n'avait pas été difficile pour un Maître Occlumens de son niveau, bien qu'il se soit perdu quelque fois dans les méandres des souvenirs brisés et des portes qui ne donnaient sur rien.
Il se considérait comme un être peu impressionnable dut à son passé mouvementé, aux horreurs qu'il avait commises et à celles auxquelles il avait assisté. Il avait appris à faire la part des choses et à se protéger. Cependant, la vue de ce qu'il restait de l'esprit de Mary Potter lui porta un coup. Peut-être à cause de sa ressemblance physique avec Lily.
Elle était là, écroulée au sol, empoignant ses cheveux comme si elle voulait les arracher, la peau grise, le sang s'écoulant sur son visage, la pupille de son œil avait disparu. Oui, de son œil, au singulier car, quand elle se tourna vers lui, elle n'avait plus qu'une moitié de visage. Une partie de son épaule gauche avait également disparue de même que son bras et de son torse du même côté. Du sang coulait également du bord de ses membres disparus.
Au moins cessa-t-elle de hurler et ses oreilles en furent grandement soulagées. Comment diable avait-elle pu disparaître à moitié ? Il n'avait jamais vu ou entendu parler d'un tel phénomène…
- Potter, répéta-t-il.
Il devait la convaincre de s'éloigner du gouffre devant lequel elle s'était effondrée. Il ne voulait surtout pas regarder dedans et risquer de devenir fou à son tour. Quelque chose lui disait, et son instinct se trompait rarement, que ce qui était visible au-delà du gouffre n'était pas une chose qu'on était habituellement amené à voir lorsqu'on pratiquait la légilimancie.
- Pro…ffe…sseur ?
Elle semblait avoir du mal à articuler. Ne semblait pas le voir de son œil aveugle car elle tourna la tête à droite et à gauche. Elle haletait.
- Oui Potter. Venez ici. Approchez vous. Guidez-vous à ma voix.
Elle gémit et il craignit qu'il qu'elle se remettre à hurler. Alors il continua à parler. Doucement, d'un ton égal et en n'oubliant pas de mettre son nom dans chaque phrase. Après un temps infini, elle sembla décider de l'écouter et rampa à moitié sur le sol vers lui. Il n'y avait que deux mètres mais c'était les deux mètres les plus longs de sa vie.
- Ai…dez…moi… disait-elle.
Aux larmes de sang se mêlèrent de vraies larmes et quand elle fut assez près, il attrapa la seule main qui restait à la rousse. Elle était glaciale, et le froid se propagea dans son bras comme si il était en train de plonger sous la banquise. Elle leva le visage et le choc de sa pupille verte, de retour et si similaire à celle de Lily, faillit lui faire perdre pied à son tour. Elle ne semblait cependant toujours pas capable le voir.
Une brusque lumière venant du gouffre attira son attention et il détourna le regard. Tenant toujours fermement Mary, il appuya sa main libre sur le mur. Son expérience en légilimancie lui permit de faire apparaitre une porte dans laquelle il s'engouffra sans attendre avant de la claquer. Il se trouvait dans un endroit sombre, mais la sourde impression de menace avait disparue. La lueur en revanche, était toujours là, mais semblait arrêtée par la porte. Il la voyait filtrer sur les quatre côtés, semblant prête à défoncer l'obstacle au moindre signe de faiblesse.
Baissant le regard vers ce qu'il restait de la conscience de l'esprit dans lequel il se trouvait, il se demanda si ça suffirait à empêcher le tout de s'effondrer. Il ne voyait qu'une manière de réussir à arranger les choses, mais l'Occlumancie était déjà très compliquée à apprendre aux enfants et aux adolescents lorsque leurs esprits étaient intègres…
- Potter, vous m'entendez ?
Il redressa la jeune fille et l'adossa contre la porte. Sa moitié gauche manquant toujours à l'appel, elle bascula sur le côté, si bien qu'il dut la maintenir pour qu'elle reste droite.
- Oui…
- Est-ce que votre mère vous a enseigné l'occlumancie ?
Crystall Entwhistle était tout aussi, voir plus –ils ne s'étaient jamais confrontés en magie de l'esprit– expérimentée que lui en matière. Avec un peu de chance, elle avait abordé les bases avec sa fille. Considérant la prudence de la sorcière et le fait que le Seigneur des Ténèbres en ait après la rousse, il était raisonnablement certain que c'était le cas.
- Oui… un… peu.
- Bien, dit-il satisfait. Nous allons occluder ensemble Potter. Je vais vous aider à dresser vos barrières, mais j'ai besoin de vous Potter, vous comprenez ?
Elle ne dit rien et il répéta donc plus lentement. La lueur derrière la porte sembla gagner en intensité.
- J'ai… mal, geignit-elle.
- Oubliez ça. Concentrez vous sur ma voix et vider votre esprit. Vous comprenez Potter ? Potter ?
Elle ne lui avait pas répondu. Mais il devina qu'elle s'employait à lui obéir car son œil qui jusque là ne semblait pas le voir parut soudainement se focaliser dans le sien. Pour l'ancrer avec lui, il pressa aussi fort qu'il le put sa main sur son épaule qu'il tenait toujours. La lueur derrière la porte vacilla puis disparue en même temps que celle-ci et Rogue s'employa à pousser ses propres barrières dans l'esprit de la rousse afin de tenir à distance le chaos de son esprit disloqué.
Ils se trouvaient à présent dans le noir, mais il pouvait sentir que leur environnement était en train de changer. La prise qu'il exerçait sur Mary disparue et il retint un juron en pensant qu'elle n'avait pas réussi à faire ce qu'il lui demandait –pas que ça le surprenne venant de la fille de James Potter. Il plissa les yeux quand soudainement, de la lumière jaillit de nulle part, l'éblouissant brièvement.
Quand il se redressa, il se trouvait dans ce qui était visiblement une chambre d'enfant. C'était bien rangé, les murs étaient peints d'une chaude couleur jaune et un balai trainait dans un coin. Il y avait une unique fenêtre qui ne donnait sur rien. Il la voyait frémir d'ici et préféra ne pas s'en approcher. Aucune trace d'une éventuelle porte toutefois ce qui, pour le moment, était rassurant. Il interrogea ses barrières d'occlumancie, soigneusement déployées autours de la petite chambre avant de se redresser. Sur le lit était assise Mary Potter.
A son grand soulagement, elle était entière cette fois. Il n'y avait plus trace de sang. Et le hurlement n'était pas revenu. Elle semblait toutefois avoir rajeuni jusqu'aux alentours de 11 ou 12 ans. Elle ressemblait plus à Lily. L'adolescence lui avait donné une silhouette maigrelette plus semblable à celle de James Potter qu'à celle de Lily Evans, mais aussi jeune, la similitude était réellement confondante… Et douloureuse dans son cas.
Il devina qu'il s'agissait là d'un mécanisme de défense de son esprit face à ce qu'il lui était arrivé. Restait à savoir si elle avait conservé des souvenirs de la période postérieure à ses 12 ans… Si ça n'était pas le cas, il allait avoir beaucoup de mal à l'aider.
- Potter, dit-il.
La fillette hocha la tête, le fixant avec intensité et beaucoup trop de sérieux.
- Nous sommes revenus ici, dit-elle. C'est là que je me suis réveillée la première fois. Mais il y avait une porte.
Elle jeta un coup d'œil anxieux au mur nu où ladite porte aurait dû se trouver, mais celle-ci n'apparut pas et elle sembla se détendre.
- Vous souvenez-vous de ce qu'il vous est arrivé au-delà de vos 12 ans ?
Ils sursautèrent en concert. Mary à cause du bruit que fit la fenêtre, comme si quelque chose l'avait brutalement percutée. Des fissures apparurent dans le verre. Le professeur de Potion à cause de ce qui avait violemment essayé de traverser ses barrières d'occlumancie pour pénétrer dans la pièce… et y avait presque réussi.
- Je prendrais ça pour un oui.
- Je ne sais pas pourquoi j'ai cette apparence.
- De toute évidence pour vous protéger de ce qui vous est arrivé.
Mary hocha la tête, se mordillant la lèvre. Comment allaient-ils pouvoir sortir de là ? Elle sentait confusément que l'horrible professeur la protégeait de ce qu'était devenu son esprit. Même si elle ne comprenait pas très bien pourquoi, elle s'en sentait si soulagée qu'elle aurait pu lui faire un câlin. Confusément, elle se remémorait l'horreur de ce qui lui était arrivé quand T…Elle sursauta de nouveau et la fenêtre se fissura un peu plus.
- Potter, veuillez cesser d'appeler à vous vos souvenirs, ordonna sèchement le sorcier.
Plus facile à dire qu'à faire ! Ils se trouvaient dans son esprit et lesdits souvenirs étaient partout. Sans même les appeler ils essayaient de la rejoindre… Et elle ne le voulait pas ! Elle devait se concentrer sur autre chose. Comme…
- Qu'est ce qu'on fait maintenant ?
Rogue la toisa comme il aurait regardé une salissure particulièrement tenace sur sa chaussure et soupira. Avec étonnement, elle le regarda s'asseoir en tailleur au sol.
- Nous n'avons guère le choix : il va falloir que je vous apprenne l'Occlumancie et que vous soyez une élève disciplinée et attentive.
Il ne semblait guère croire que cela était possible et elle sentit sa bouche se tordre avec amertume. Elle avait toujours été attentive en cours. Pour la discipline, il fallait avouer qu'elle aimait bien défier le règlement, mais en cours elle suivait les instructions. Elle savait toutefois que l'Occlumancie ne lui réussissait pas malgré les entrainements que sa mère lui avait imposés et ceux qu'elle s'était imposée dans le cadre de sa transformation en animagus… Si pour s'en sortir elle devait la maîtriser, elle n'était pas certaine d'y parvenir.
- Je connais les principes, mais je n'arrive pas à occluder correctement, dit-elle.
- Je suppose que votre mère vous a appris en premier l'occlumancie par le vide ?
- Oui. Mais penser à rien est impossible : mon cerveau est toujours en train de bouillonner de tas de choses.
- Alors essayez de ne vous concentrer que sur une chose.
Elle lui jeta un regard interrogateur et il eut l'air agacé qu'elle n'ait pas compris. Mais il était coincé avec elle ici et se fendit donc d'une explication supplémentaire : il n'avait guère envie de se trouver bloqué ici ad vitam aeternam.
- Par exemple, concentrez-vous sur la préparation d'une potion bien précise et que sur ça. Encore et encore. Ou sur autre chose, cela n'a pas d'importance. Il faut simplement que ça vous soit familier, que cela vous rassure et que vous le connaissiez par cœur.
La première chose à laquelle elle pensa fut Ladon. Son serpent l'avait toujours accompagnée depuis qu'elle l'avait sauvé. Il était là en tout temps, elle savait à quoi ressemblait la moindre de ses écailles et ils se portaient un amour inconditionnel comme il se devait entre un familier et son Maître. Le fouchelangue avait créé entre eux un lien unique. Fermant les yeux, elle s'attela donc à visualiser le serpent orange sous toutes ses faces. Sa douceur quand elle passait les doigts dessus. Sa langue bifide qui lui caressait la joue quand il voulait la rassurer. La manière dont il se lovait dans ses cheveux ou contre elle pour se réchauffer.
Sans qu'elle n'en prenne conscience, son rythme cardiaque et sa respiration se calmèrent et Rogue sentit la pression s'atténuer sur les barrières qui les protégeaient. Il ne savait pas qu'elle s'était durement entraînée en secret. Il s'imaginait qu'elle avait essayé sans jamais y mettre les efforts nécessaires comme l'aurait fait l'enfant gâtée et avide d'attention qu'il voyait en elle. Aussi fut-il raisonnablement étonné que cela soit si facile : un seul conseil bien placé avait-il été suffisant pour qu'elle apprenne ce qu'il avait mis des mois de dur labeur à maîtriser ?
Peut-être que ce serait finalement plus aisé qu'il ne l'avait imaginé ? Même si l'étape suivante était plus complexe : il allait falloir reconstruire son esprit et le structurer pour isoler et maîtriser ce qui l'avait endommagé. Le but premier de l'occlumancie était de réussir à protéger son esprit contre les intrusions. Mais on pouvait aussi y avoir recours uniquement pour le structurer. Il devenait alors aussi facile de visualiser un souvenir que d'ouvrir un livre d'histoire dans une bibliothèque. Y parvenir demandait énormément de temps, de patience et de discipline. Beaucoup préféraient ne jamais se lancer dans cette branche de l'occlumancie car on vivait très bien sans. Et s'il était nécessaire tout de même de garder net certains souvenirs ou au contraire de les condamner, les sorciers qui pouvaient se le permettre préféraient souvent l'usage des pensines. C'était le cas pour Dumbledore par exemple, pour ne citer que lui.
Avec un pincement de lèvre amer, Rogue se demanda combien de temps il allait rester bloqué dans l'esprit de l'adolescente…
A suivre...
