CHAPITRE 86
Sa visière abaissée, le visage fermé, Nautica se dirigea à pas lents vers l'atelier.
Elle n'en avait pas spécialement envie. Pas du tout, même. Pourtant, d'habitude, elle adorait s'y rendre. Elle adorait venir y travailler ou même jeter des coups d'œil curieux aux nouvelles créations qui y apparaissaient durant son absence.
Mais là...Elle s'y rendait à contrecoeur, seulement pour emprunter du matériel et ainsi, terminer sa thèse avant de l'envoyer pour validation.
Ainsi, elle se sentirait libérée d'un poids. Elle s'y était plongée corps et spark ces derniers jours. Au moins, cela lui offrait une excuse pour ne pas avoir à quitter ses quartiers. Et cela, le co-capitaine l'avait compris. Ou du moins, il ne l'en empêchait pas. Après tout, aux dires d'Ultra Magnus, Megatron sortait à peine de sa chambre, encore plus depuis le procès.
Elle put voir de la lumière émanant de sous la porte.
Bien sûr.
La fembot poussa un léger soupir et pressa sur le bouton d'ouverture.
Quelqu'un était déjà là. Brainstorm lui faisait dos, penché sur son plan de travail. Nautica garda le silence. Elle ne chercha même pas à le saluer, se contentant de l'ignorer pour récupérer ce dont elle avait besoin.
« ...Ma partenaire me manque. »
Nautica se raidit aux mots de Brainstorm. Elle se tourna vers lui.
Désormais, il lui faisait face, un outil à la main. Sous sa plaque, elle aurait pu y deviner une mine réjouie.
Avait-il effacé son insigne Decepticon ?
- Je suis juste là pour t'emprunter du carburant. Je ne te dérange pas plus longtemps.
- Il s'agit autant de ton atelier que du mien.
- Vraiment ? ne put-elle s'empêcher de répliquer sèchement.
Elle préféra ne pas poursuivre la conversation. Alors qu'elle récupérait son Pad, elle remarqua avec surprise que ce dernier était allumé et que le fichier de sa thèse était ouvert.
Comment était-ce possible ? Qui avait—
- Je l'ai lu, lui déclara Brainstorm alors qu'il posait ses outils.
Nautica écarquilla les optiques, figée sur place.
- Tu as—
- J'ai corrigé quelques tournures de phrase et certaines appellations. Tu peux voir les corrections en activant la commande et les valider si nécessaire mais...Ta thèse a de la richesse. Tu as un don avec les mots. Quand tu l'auras terminée, je serais ravi de te dire de la publier sur tous les sites inimaginables des plus célèbres ingénieurs et scientifiques de la galaxie.
D'habitude, cela ne la dérangeait pas. Au contraire, elle était celle qui avait supplié Brainstorm de jeter un coup d'œil à sa thèse, tellement elle se sentait peu sûre d'elle.
Mais actuellement, elle le prit mal. Elle plaqua son Pad sous le bras- avant de lui adresser, le ton cinglant :
- Je ne t'ai pas demandé de le faire ! Enfin, je ne t'ai pas demandé de continuer à le faire.
Le corps de Brainstorm se tendit, quand bien même il garda une expression indéchiffrable.
Nautica soupira. Elle était sur le point de quitter l'atelier. Elle reviendra chercher le matériel plus tard, quand Brainstorm en aurait terminé.
- Tu sais ce qui nous manque ? A tous les deux ? Ce qu'il nous faudrait ?
Nautica s'arrêta.
Les bras croisés, Brainstorm articula lentement, semblant chercher ses mots. Probablement pour ne pas l'énerver davantage.
- Une idée. Pour une future expérience. Il nous faut des plans, des designs, des outils pour mettre en œuvre cette idée. Peu importe de quoi il s'agit. Cela nous occuperait et en même temps, on mettrait à profit nos talents.
- Tu veux dire ton talent.
Brainstorm laissa les bras retomber le long de son corps.
- On pourrait...Je ne sais pas, commença Nautica, luttant pour éviter que la colère ne continue de monter en elle. Créer une machine à remonter le temps et tuer notre capitaine ? Au point d'altérer indéfiniment notre propre ligne de temps ? Qu'est-ce que tu en dis ? Ah. Et je suis sarcastique.
- J'avais compris.
L'aviateur baissa la tête. Il sembla se ressaisir et reprit, le ton dynamique mais avec davantage d'amertume :
- Il y a sûrement quelque chose que tu apprécierais, Nautica. Que tu aimerais avoir. Au fond de toi. Dis-moi.
Elle se mit à réfléchir.
- Oui, finit-elle par dire, froidement. Un bouton qui répéterait combien tu es idiot. Mais impossible de le concevoir, pour le grand Brainstorm, le meilleur scientifique du monde et le plus intelligent Decepticon qui n'ose même pas révéler ses plans à sa « partenaire » ?
- ...Nautica. S'il te plaît. Arrête.
Son ton était devenu faible, maintenant.
Oui, elle désirait s'arrêter. Au fond d'elle, elle le souhaitait. Mais elle s'en sentait incapable.
- J'en ai marre. Je n'aime pas les menteurs, Brainstorm. Encore plus ceux qui mentent pour commettre des atrocités.
- Nautica. Je voulais seulement sauver Quark. Sauver Rewind. Sauver tout le monde.
Il aurait été inconcevable pour elle de voir Brainstorm dans un tel état. Il avait toujours paru fort.
Là...Il paraissait tellement fragile.
- ...On a tous perdus quelqu'un, Brainstorm, déclara-t-elle, le ton plus dur qu'elle ne le pensait. Mais on n'a pas annihilé une ligne de temps pour autant. Tu voulais sauver Quark pour être avec lui, hein ?
- Tu te trompes.
- Tu n'es même pas capable d'assumer. Je te croyais intelligent. Mais tu l'aurais été, tu aurais assumé. Depuis le début.
Pourquoi persistait-elle à lui parler ?
Nautica ne voulait plus l'affronter.
- Ta clé à molette.
Elle fronça les sourcils. Brainstorm ramassa quelque chose posé sur son tableau de bord avant de la lui tendre.
Sa clé à molette...Elle ne l'avait pas récupéré depuis le procès.
- Tu l'avais oubliée au tribunal.
- Garde-la. Je n'en veux plus.
Cela la tuait. Cela la tuait de réagir comme cela. Elle adorait cette clé à molette. C'était son objet le plus précieux.
Elle tourna les talons et se concentra sur son Pad, sur sa thèse, afin de ne pas laisser les émotions monter en elle tandis qu'elle entendit Brainstorm se remettre au travail derrière elle.
En remarquant les corrections effectuées par ce dernier, elle réalisa que Brainstorm n'avait pas signé de son nom habituel.
- Qui est Genitus ? lui adressa-t-elle, le ton interrogateur.
Brainstorm ne se retourna pas.
- ...Mon véritable nom. Genitus de l'Opération : Solar Storm. Je suis un soldat. Un MTO.
Cela fut tout.
Nautica quitta l'atelier et referma la porte derrière elle.
- Nautica ?
Elle releva la tête vers Chromedome. Ce dernier était appuyé contre un mur du couloir, la toisant avec de l'inquiétude mélangée à de la tristesse.
- Tu ne devrais pas te montrer aussi dure.
- Je suis désolée. Je ne vais pas m'arrêter d'être en colère contre lui.
Chromedome secoua la tête, désapprobateur.
- Ce qu'il a fait est terrible. C'est vrai. Mais...Cela peut arriver à tout le monde de basculer. Surtout après avoir perdu quelqu'un qui nous est cher. On ne sait pas comment on réagit au deuil, tu sais. Notamment de l'être aimé.
Il marqua un temps.
- Je suis resté dans mes quartiers après la mort de Rewind, à écouter son message. C'était peut-être sa façon à lui de gérer la perte de Quark, Nautica. Tu ne sais pas comment tu pourrais réagir face à une mort injuste et...j'espère que cela ne t'arrivera jamais.
Cela réduisit Nautica au silence.
Elle aurait répliqué quelque chose. Mais à la place, elle détourna la tête et s'éloigna précipitamment pour s'enfermer dans sa chambre et ne plus en ressortir de la soirée.
Ils avaient utilisé le téléporteur pour ramener Leozack de la planète où il avait été envoyé en reconnaissance.
Quand il y retourna, le Second de Deathsaurus ne paraissait être plus que l'ombre de lui-même. On le fit asseoir, on l'examina mais il avait du mal à s'exprimer autrement que par monosyllabes.
Dans les quartiers de Deathsaurus, lui et Tarn se concentrèrent pour comprendre ce qui s'était réellement passé sur Memorem 5, au point que de toute l'équipe envoyée par Deathsaurus, il n'y ait plus que Leozack vivant.
Ce qui frappa surtout Tarn, c'était l'absence de blessures sur la carrosserie de Leozack. Il n'y avait pas eu de trace de lutte, encore moins de trace d'energon. Non. Il en était immaculé et c'était quelque chose de curieux. Une lutte contre un ennemi aurait engendré des marques. Tarn était suffisamment venu sur le terrain pour le savoir.
« Je ne comprends pas », s'exprima Deathsaurus, impuissant. « Tu dis que tu n'as pas vu tes ennemis ? »
Leozack secoua la tête avec véhémence.
- Il y avait forcément quelqu'un. L'équipe ne peut pas avoir été décimée comme ça. Il doit forcément y avoir une explication.
- Des organiques ? proposa Baccus.
- Non...On les aurait aperçus. Non, il n'y avait personne, répondit Leozack avec douleur.
- ...Dont le medic. Le medic est également mort...
Deathsaurus se prit le visage dans les mains.
Une équipe de sept...Six morts. Un survivant.
Tarn le regarda du coin de l'optique. A sa place, il ne serait pas aussi calme. Mais c'était la manière de fonctionner de Deathsaurus. Il venait d'apprendre la nouvelle. Il ignorait de la manière dont il fallait réagir. Surtout que cela affectait ses propres guerriers.
- Et tu ne t'es pas séparé de ton équipe ? A aucun moment ? lui demanda Deathsaurus.
- Aucun, Votre Eminence.
- Alors, je ne comprends pas...
Deathsaurus secoua la tête. Leozack le regarda avec de la tristesse mélangée à de la culpabilité.
- Je suis désolé.
- Désolé de quoi ? D'être en vie ? Tu n'as pas à l'être.
- C'est peut-être un gaz mortel pour les mécaniques, proposa Baccus. Ou l'environnement de la planète.
- Dans ce cas, Leozack aurait été affecté aussi.
Tarn était aussi perdu que Deathsaurus. Ils n'étaient pas les seuls. Personne n'avait la moindre explication par rapport à ce qui venait de se passer.
Mais il était certain qu'on ne pouvait pas mourir comme ça, sans aucune justification. Quelque chose s'était forcément produit.
Tarn avait une théorie, mais il n'était pas certain qu'elle soit fondée : Leozack massacrant ses camarades et prétendre à un terrible incident. Néanmoins, il savait lire les gens quand ils mentaient et Leozack n'avait pas l'aura de quelqu'un qui mentait en inventant une telle histoire, même pour se couvrir.
Néanmoins, Tarn avait appris à toujours se méfier des autres. Mais il préférait attendre d'être seul avec Deathsaurus pour l'évoquer. Cela ne servirait à rien de l'accuser publiquement. De toute manière, Leozack nierait avec véhémence. Et Deathsaurus croirait son subordonné. Il portait une confiance aveugle à ses hommes.
- Je n'ai jamais entendu parler de cette planète. Memorem 5, déclara Tarn après un silence.
- Elle est inconnue du bataillon, répondit Deathsaurus. Elle est habitable pour les mécaniques et elle est formée des mêmes composants que la planète Elba. Il n'y a pas âme qui vive là-bas. C'est la raison pour laquelle on a eu l'initiative de la cyber-former. On a même pensé que cela serait plus facile.
- Même pas des organiques ? insista Tarn, curieux.
- Non. Il n'y a personne, répondit Leozack.
Tarn fronça les sourcils derrière son masque.
Les mêmes composants qu'Elba ? La planète où il y avait eu la prison Garrus-9 ?
- Et on sait pourquoi il n'y a jamais eu personne qui a décidé d'y résider ? demanda Tarn à nouveau.
- Probablement pour les raisons qui ont anéanti mon équipe, déclara Deathsaurus, le ton grave.
Leozack se passa la main sur le visage. Deathsaurus le toisa avec inquiétude avant de lui donner congé.
- Va à l'infirmerie. Les infirmiers te feront passer un scanner pour vérifier qu'il n'y ait pas de substance dans ton corps. Même si cela ne remplacera pas le medic.
- Vous n'en avez pas un second ? l'interrogea Tarn alors que Leozack s'éloignait.
Cela l'étonnait. Il fallait au moins deux medics pour un vaisseau, encore plus pour un Cluster pareil. Deathsaurus opina du chef.
- Il s'est rendu au refuge des Decepticons. Il ne reviendra pas avant quelques jours.
- Tu n'as qu'à lui dire que c'est urgent, lui répliqua Tarn.
- Mais il y a des étincelants qui sont sur le point d'être formés, là-bas.
Tarn croisa les bras, songeur.
Pouvait-il... ? Oui. Après tout, ils s'étaient alliés.
- Nickel peut s'occuper de Leozack.
Les optiques de Deathsaurus s'éclairèrent.
- Mais...on avait dit que personne ne se mêlait de l'équipe de l'autre. N'était-ce pas ce dont nous nous étions convenus ?
- Si. Mais il s'agit de notre unité. Donc, mon medic devient ton medic, Deathsaurus. C'est aussi simple que cela.
Le robot ailé parut agréablement surpris. Néanmoins, il ne tarda pas à accepter la proposition de Tarn. Le leader de la DJD contacta Nickel et lui ordonna de s'occuper de se rendre à l'infirmerie du Cluster afin de s'occuper de Leozack. La medic ne discuta pas et raccrocha quelques instants après.
Tarn remarqua l'expression dévastée de Deathsaurus sur son visage. Le leader de la DJD hésita mais finit par s'avancer vers lui et posa la main sur son épaule. Il s'agissait d'une manière de le rassurer, de le réconforter.
- Je sais ce que cela fait.
Après tout, il avait cru longtemps que Kaon et Vos étaient morts, sur Ofsted XVII.
- Merci, répondit Deathsaurus, le ton éteint.
- Néanmoins, commença Tarn, cherchant ses mots avec prudence. Ne penses-tu pas que c'est étrange ? Que seul Leozack ait survécu ?
Deathsaurus fronça les sourcils à cette remarque.
- Que veux-tu dire ? Qu'est-ce que tu insinues ?
- Pour l'heure, nous devons évaluer toutes les possibilités. S'il y avait eu des problèmes existants sur Memorem 5, on en aurait entendu parler, non ? Megatron en aurait eu vent, au moins.
Surtout s'il s'agissait d'une planète facile à cyber-former.
Deathsaurus secoua la tête.
- Impossible, répondit-il, comprenant rapidement ce que Tarn insinuait.
- Il n'y a jamais eu de dissension dans tes rangs ? Ou même des espions agissant pour le compte des Autobots ou d'un autre ?
- Jamais, répondit-il, catégorique. Autrement, ils ne m'auraient pas rejoint. Et Leozack est l'un de mes meilleurs hommes. Je le connais depuis longtemps. Même avant que je n'abandonne Megatron.
Si Deathsaurus en était certain...
- Je dis seulement qu'il y a une première fois à tout, fit Tarn, sans chercher à développer davantage, étant donné que le robot ailé était suffisamment tendu. Mais s'il y a un traître dans tes rangs, il faut qu'on le sache. Car cela pourrait porter atteinte à nos objectifs, Deathsaurus. Et on ne pourra pas anéantir Megatron ou les Autobots qui l'accompagnent.
Il fallait demeurer pragmatique. Le robot ailé parut considérer ses mots, quand bien même il garda le silence.
- S'il y a vraiment un ennemi sur Memorem 5, on ne va pas aller l'affronter. Pas maintenant. Je sais que cela te tue, car tu es Commandant et que ce sont tes hommes, déclara Tarn, compréhensif. Mais il y a d'autres enjeux. On ne peut pas combattre autant d'ennemis à la fois, même par vengeance.
- Je dois le savoir, répondit Deathsaurus, la mâchoire serrée.
- Le meilleur moyen, ce serait d'inspecter les corps. Au moins, on serait fixés. On saurait la manière dont ils sont morts.
Et s'il s'avérait que Leozack était un traître...
Deathsaurus se retourna vers Tarn. Le leader de la DJD comprit qu'il approuvait l'idée.
- Ils ont également droit à des funérailles.
- Alors, fais-en sorte de les ramener, fit Tarn avant de tourner les talons pour quitter la salle et rejoindre son propre vaisseau. On en saura plus après coup.
- ...Je m'en veux.
Tarn pressa sur le bouton d'ouverture.
- Je n'aurais pas dû les envoyer sur une planète tous seuls. J'aurais dû les accompagner. Ou bien, me renseigner davantage.
- Deathsaurus. Je ne pense pas que ce soit la planète, le problème.
Il marqua un temps, avant d'ajouter :
- De toute façon, on commet tous des erreurs. En tant que Commandants. On ne peut pas y échapper. Ne t'en veux pas pour cela et concentre-toi sur l'objectif. Ramène tes camarades et tire tout cela au clair.
Ce n'était pas son équipe. C'était à Deathsaurus de régler cela. Tarn pouvait seulement le conseiller.
Et s'il y avait vraiment quelque chose sur Memorem 5, alors il valait s'éloigner de cette planète le plus vite possible.
L'heure actuelle était à Megatron. Pas sur une planète dont ils ne connaissaient rien.
Tarn demanda à Helex un pont pour se téléporter au Peaceful Tyranny. Lui aussi se sentait exténué. Il avait besoin de se reposer.
Ils furent tous contactés à l'infirmerie de la Lost Light pour examiner le cas de « super-scraplets » qui se seraient téléportés sur le vaisseau. Tailgate avait acheté cet hoverboard et cela aurait amené ces super-scraplets à bord.
Rodimus nia avoir touché le hoverboard et ainsi, ne saurait être infecté. Mais Ratchet lui déclara en l'examinant que ce n'était pas le contact physique qui importait, mais la proximité.
Nautica en eut assez.
C'était trop. C'était l'élément en trop depuis cette Quête.
La disparition de la Lost Light, Brainstorm, des scraplets...Quand est-ce que cela allait s'arrêter ?
- Donc, je peux potentiellement attraper une infection parce que j'ai croisé quelqu'un qui aurait regardé un hoverboard de seconde main ? Fantastique ! cracha-t-elle alors que Ratchet l'examinait à son tour. Et si j'avais un mode sarcasme qui aurait des jambes, je danserais joyeusement !
Le medic l'observa, confus.
Nautica prit une inspiration.
Elle devait se calmer.
- Oui. Je suis toujours en colère contre Brainstorm. Tu crois connaître quelqu'un et c'est un menteur !
Qui s'était juste fichue d'elle. Non. Il s'était moqué d'eux tous.
Et il osait encore lui parler. Avoir l'audace de rester sur le vaisseau...
Ratchet poussa un soupir alors qu'Ultra Magnus déclara avoir perdu un datapad. Lui qui ne perdait jamais ses affaires, c'était tout un monde qui s'effondrait autour de lui.
- De toute façon, tout est bancal sur ce vaisseau.
- Bancal ? répéta Rodimus en haussant un sourcil. Que veux-tu dire par « bancal » ?
Ratchet se focalisa sur les résultats. Néanmoins, il conserva un ton plein de reproches.
- Deux Autobots confessent leurs crimes. L'un est exilé et publiquement humilié. L'autre s'en sort avec une tape sur le poignet. Et de manière privée, en plus. C'est un traitement bancal, Rodimus. Cela l'est !
Nautica fronça les sourcils à cette remarque.
Oui...Brainstorm aurait dû être exilé, tout comme Drift.
Parce que même si Drift avait conduit à la mort de Pipes en emmenant Overlord sur le vaisseau, Brainstorm avait failli condamner un univers tout entier.
- Je suis désolé d'entendre ça, s'adressa le medic à Nautica. Si tu décides de parler de nouveau à Brainstorm, demande-lui son vrai nom.
- Je connais son vrai nom, répondit Nautica. C'est Genitus de l'Opération : Solar Storm. Il est un MT...Oh.
Brainstorm avait été créé grâce à Megatron et à ces MTO.
Nautica sentit la chaleur lui monter à la tête. Ratchet remarqua son visage se décomposer. Il se contenta d'approuver gravement du chef :
- Exactement. Si son plan avait marché, s'il avait pu empêcher la guerre, Brainstorm n'aurait jamais existé. Il n'aurait jamais été créé. Je ne cautionne pas ses actions mais il a agi dans un but altruiste.
Sans Megatron, beaucoup de choses n'auraient jamais été produites...
Le poids de la culpabilité l'écrasa presque en réalisant ce que cela signifiait. Ce que tout cela signifiait.
Elle qui croyait que Brainstorm avait agi pour être avec Quark...
Non. C'était tout le contraire. Il n'avait pas l'intention d'être avec Quark...Il voulait juste le sauver. Sauver Rewind, quand bien même cela aurait signé sa propre disparition.
Nautica se retourna vers Ratchet tandis que sa propre vision se brouillait.
Incroyablement injuste.
- Firestar a raison. Je suis juste une idiote.
- Non.
Il marqua une pause.
- Mais...avant qu'il ne décide de partir pour de bon, ou qu'on l'exile pour de bon, parle-lui. Ne fais pas comme moi.
- Il te manque, hein ? lui adressa-t-elle, le ton doux.
Ratchet détourna la tête.
Il ne répondit jamais à sa question. Mais elle avait compris.
- ...Merci, Ratchet, le gratifia-t-elle avant de se lever pour quitter précipitamment l'infirmerie.
« Viens… »
Lui...Le robot qui l'accompagnait dans ses rêves était de retour. Il ne l'avait pas revu depuis longtemps.
« Viens. »
Tarn releva la tête vers lui. Son regard était vitreux. Il eut l'impression d'être pris au piège, la tête sous l'eau.
Enfermé dans son propre passé, dans une boucle qui revenait encore et encore...
« Viens…il ne faut pas rester là ! Suis-moi ! »
Tarn tendit sa main orange vers lui.
De sa propre voix s'échappèrent quelques mots. Des mots dont il en ignorait la provenance.
- ...Je te croyais mort.
Cet individu était-il supposé être mort ?
« Suis-moi…on n'a plus beaucoup de temps…on n'a plus beaucoup de temps…Je t'en prie, suis-moi. »
- Suis-moi…Il ne faut pas rester seuls. On ne doit pas rester seuls...n'est-ce pas ? lui répondit Tarn, la voix lasse.
Le robot lui adressa un sourire triste.
- Tu vas me demander où aller, hein ? Gauche ou droite ?
Quelle direction prendre ?
- Gauche…ou droite ? J'ignore moi-même quelle direction prendre. Quel chemin où aller. Alors, guide-moi.
« Je t'en prie…suis-moi. »
Tout allait exploser dans quelques instants.
Et étrangement, Tarn n'avait pas peur.
Non...Il s'en moquait. Il se moquait de tout. C'était comme si on avait appuyé sur un bouton et qu'il n'avait plus aucune émotion forte...même si un missile le séparerait de cet individu qu'il était supposé connaître.
Tarn baissa le bras et laissa le missile s'écraser sur lui.
Derrière lui, il sentit quelqu'un l'étreindre.
Tarn voulut le repousser, rejeter la personne, lui crier de ne pas la toucher, mais il en fut incapable.
La personne le plaquait doucement contre le mur et Tarn se laissa faire. Alors que ses lèvres se baladaient sur son cou, Tarn inclina même la tête pour approfondir le contact.
Le leader de la DJD ferma les optiques, appréciant les diverses sensations qui le traversaient.
« Qu'est-ce que Megatron t'a coûté ? »
Tout, voulut-il lui dire.
« Il t'a coûté tous tes amis, n'est-ce pas ? Et malgré tout, tu l'aimes encore ? »
Tarn rouvrit les optiques.
Des amis ?
- Je n'ai pas d'ami, répondit-il.
« Je peux être lui. »
Tarn réprima un soupir bienheureux alors que des mains se baladaient sur son torse.
« Viens avec moi. »
Comme ce robot inconnu dans son rêve...
- Ne me laisse pas, s'entendit-il dire.
Les mains disparurent.
Et Tarn se retrouva seul.
Il était tombé en recharge sur le canapé de sa salle commune.
Que faisait-il là, d'ailleurs ? Il était supposé être déjà retourné au Cluster. Tarn décala son regard. A côté de lui, Vos et Kaon étaient également tombés en recharge, la tête de Kaon sur l'épaule de Vos tandis qu'il le serrait contre lui.
Tarn les observa avec curiosité avant de soupirer. Il finit par se lever et attrapa le plaid tombé au sol pour les recouvrir avec.
Vos entrouvrit un optique.
« Désolé », s'excusa-t-il vaguement.
Vos hésita.
Il finit par lui dire qu'il avait fait un cauchemar.
« Ah oui ? »
Carcer, Elita-One, sa condamnation à l'emprisonnement éternel.
Les optiques dans le vague, Tarn prit un air songeur.
« ...Moi aussi, j'ai fait un cauchemar. Certains souvenirs qui me reviennent. »
Et ces cauchemars-là étaient les pires.
« ...Il faut juste les oublier et prétendre qu'ils ne sont jamais arrivés, même si c'est difficile. »
Elita-One, Carcer...
Vos devait les oublier. C'était mieux pour lui. Tarn quitta la pièce, abandonnant Vos et Kaon, pour rejoindre la salle de contrôle. Il y activerait le téléporteur pour rejoindre le Cluster. Deathsaurus avait sûrement déjà dû rapatrier les corps. Peut-être qu'il avait trouvé la réponse à ce qui s'était produit sur Memorem 5.
Peut-être que Tarn avait eu raison tout du long. Que Leozack avait tué ses camarades de sang-froid et avait prétendu à un accident.
Et peut-être Leozack était-il déjà mort exécuté.
Mais au moment même où Tarn s'avançait vers le téléporteur, les portes de ce dernier s'ouvrirent.
Tarn abaissa le regard. Nickel était de retour au Peaceful Tyranny. Tarn la regarda et laissa la curiosité l'envahir.
« Alors ? »
Nickel soupira.
- Laisse-moi le temps de souffler, dit-elle avant de quitter la salle de contrôle.
Tarn jeta un œil au téléporteur. Il finit par hausser les épaules et changea ses plans, suivant Nickel à travers les couloirs.
- J'ai passé un scan sur le corps de Leozack. Je l'ai examiné au peigne fin.
- Et alors ?
- Et alors, normalement, il existe quelque chose appelé le secret médical entre le medic et son patient. Et je devrais te rabrouer pour oser me poser la question.
Elle soupira avant de reprendre :
- Mais tu ne devineras jamais ce que j'ai trouvé.
- Et...Qu'est-ce que tu as trouvé ? l'interrogea Tarn.
- Rien. Il n'y a rien dans son corps.
Tarn écarquilla les optiques. Perplexe, il lui adressa :
- Mais...même pas de trace de toxine ou de quelconque substance ? Quelque chose de mortel ou de potentiellement dangereux pour ses camarades ?
- Non. Il n'y a rien. Aucune substance. C'est extrêmement étrange.
- Et...Des blessures ? continua Tarn. Je n'ai rien vu d'un point de vue extérieur mais peut-être qu'à l'intérieur...
- Aucune blessure non plus, Tarn. Rien à signaler, lui répondit-elle gravement. Leozack n'a rien. Physiquement, du moins.
Tarn laissa les bras tomber le long de son corps.
- ...Donc, ça peut potentiellement signifier qu'il n'y a rien sur cette planète et que s'il n'y a aucun ennemi, Leozack a trahi Deathsaurus et a tué ses camarades.
- Ou peut-être qu'il y a vraiment un ennemi mais qu'on ignore quoi. J'ai cuisiné un peu Leozack, l'air de rien. Mais franchement...même si je le connais peu, j'ai du mal à l'imaginer tuer ses camarades comme ça. Surtout qu'ici, ils sont comme nous. Ils se serrent les coudes. Il avait l'air sincèrement ébranlé. Au point qu'il a demandé le psychiatre du Cluster.
Il marqua un temps pour réfléchir.
- Deathsaurus a pu rapatrier les corps ?
- Il a envoyé une équipe le faire. Ils devraient être de retour prochainement.
- Je vois...
Ils n'avaient pas besoin de cela...Surtout qu'à l'heure actuelle, Megatron était la cible privilégiée.
Si, en plus, il y avait un ennemi qui s'en prenait à eux...
Nickel reprit sa route. Tarn reporta son attention sur elle.
Il crut qu'elle se dirigeait vers l'infirmerie ou bien vers sa chambre...
Mais il fut surpris de s'apercevoir qu'elle se dirigeait en réalité vers les wash-racks. Tarn s'arrêta net. Nickel se retourna vers lui et lui adressa une expression surprise.
Voyant qu'il ne bougeait pas, sa voix s'éleva à nouveau :
- Tu ne viens pas ?
Derrière son masque, Tarn fronça les sourcils, incrédule.
- Que veux-tu dire ?
- Aux wash-racks? On pourrait continuer à discuter. Vous le faites bien, en équipe, quand vous rentrez de mission.
Tarn ne sut comment réagir.
Pour une raison qui lui échappait, il jugeait que ce n'était pas approprié. C'était bête. Ils se connaissaient bien. Il n'y avait rien de dangereux. En plus, Nickel paraissait sûre d'elle. Elle soupira, lasse, avant de lui rétorquer :
- Ça va. On n'est pas des étincelants.
- ...En effet.
- Alors, qu'est-ce que tu attends ?
Sans lui laisser le temps de lui répondre, Nickel tourna les talons et activa ses fusées pour actionner le bouton d'ouverture des wash-racks.
Tarn demeura immobile au beau milieu du couloir.
Sans un mot, il effectua un pas, deux pas...
Puis, il suivit Nickel à l'intérieur des wash-racks.
Tandis que l'eau coulait, Tarn attendait à l'extérieur du wash-racks, les bras croisés, le dos appuyé contre le mur alors que Nickel se nettoyait. La chaleur de l'eau forma de la buée sur les miroirs à l'opposé du leader de la DJD. Tarn ne pouvait quasiment plus discerner son reflet.
Il garda le silence. Quand bien même Nickel était celle qui l'avait invité, il eut le réflexe de lui laisser un peu de tranquillité et de ne pas la presser sur ce qui était arrivé au Cluster durant son absence. Finalement, ce fut elle qui s'exprima :
« J'ai dit à Deathsaurus qu'on avait tué Valak. »
Tarn leva la tête, surpris.
Il ne sut pas ce qui le surprenait le plus. Le fait qu'elle ait avoué à Deathsaurus qu'ils avaient tué Valak ou le fait qu'elle communique avec lui.
Déjà, la dernière fois...Puis ça...
- Tu l'apprécies, constata-t-il, le ton laissant transparaître son amertume.
- Pas vraiment, déclara Nickel. Mais bon...Il n'est pas désagréable. Il a dit « bon débarras, Valak n'a eu que ce qu'il méritait ».
Tarn marqua un temps avant de continuer :
- ...C'est le cas. Et c'est grâce à toi.
- C'est toi qui as pris le relais, rétorqua-t-elle, le ton détaché.
- Pff. Je n'ai quasiment rien fait. J'étais enfermé, sous le contrôle de cette puce tout du long. Et sans toi, ni Helex, ni Tesarus, j'y serais encore.
- Oui. Mais c'est toi qui m'as permis de me venger. Et c'est toi qui—
Elle s'arrêta.
Il l'entendit rire discrètement de l'autre côté. Tarn ne put s'empêcher de sourire discrètement sous son masque.
Ils pensaient à la même chose.
- Disons que c'est une victoire partagée, conclut Tarn.
- Deathsaurus était admiratif. Il a dit que je deviendrais Commandant, un jour.
- Il m'a dit la même chose.
Tarn décroisa les bras.
A la fois furieux contre Deathsaurus sur ses plans pas très subtils, sur le fait qu'il le poignardait dans le dos alors qu'ils faisaient équipe contre Megatron, et hésitant sur la conduite à adopter, il ne put s'empêcher de la questionner :
- Il essaie de t'embrigader dans son Cluster.
- Hm. Jaloux, Tarn ? lui répondit Nickel alors qu'elle sortait sa tête de sous le wash-racks, un sourire mesquin sur les lèvres.
Elle avait vraiment le spark d'un Decepticon.
Le silence tomba à nouveau, coupé par les jets d'eau qui s'intensifièrent.
- ...Dis, tu peux me laver le dos ? lui demanda distraitement la Minicon.
Son leader fronça les sourcils, stupéfait par sa requête.
- Pardon ?
- Quoi ? Je n'arrive pas à atteindre certaines parties. Ce n'est pas parce que je suis petite que tout devient soudainement plus facile.
Tarn ne bougea pas.
Intérieurement, il se demandait si elle était consciente de ce qu'elle lui demandait. Connaissant Nickel, ce n'était jamais clair. Quoiqu'avec elle, cela tendait plus sur un « oui, elle savait parfaitement ce qu'elle faisait » plutôt qu'un « non, elle était entièrement naïve ».
Il fut sur le point de refuser, mais son corps bougea de lui-même vers les wash-racks. Veillant à ne pas glisser sur l'eau recouvrant le sol, il se pencha doucement vers Nickel qui lui tendait le savon et se pencha en avant, plaçant son dos bien en évidence :
- Merci, le gratifia-t-elle alors que Tarn commençait à étaler le savon sur son dos.
Il n'était pas très à l'aise. Autant, il n'avait aucun problème avec le contact physique et à faire la même chose avec ses camarades (c'était même fréquent que Kaon lui demande un coup de main quand ils revenaient de mission), mais avec Nickel...c'était étrange. Différent.
- Tu te débrouilles bien, commenta-t-elle alors qu'elle fermait les optiques, appréciant l'instant.
Tarn lui adressa un signe de tête en guise de réponse.
- Tu te rappelles quand je t'ai fait un massage ? Au Spa ? Tu étais tombé en recharge en plein milieu du massage.
- Je m'en souviens.
Il put deviner son sourire sur le visage.
- Tu sais, j'ai rêvé d'un souvenir avec Atone. A Prion. Cette nuit. Cela faisait...pas mal de temps que je n'en avais pas fait.
Quelle coïncidence.
Vos qui rêvait d'Elita-One et de Carcer
Nickel qui rêvait d'Atone et de Prion...
Et lui...
Etait-ce réellement ses propres souvenirs ?
- Je pense que tu rêveras toujours d'elle, décréta Tarn. Elle était importante pour toi. Très importante pour toi. Donc, tu ne peux pas l'oublier.
- Je ne peux pas l'oublier.
Nickel se raidit. Et Tarn ôta sa main, craignant qu'il ait eu un quelconque geste déplacé, sans que cela soit volontaire.
- ...Mais...j'ai l'impression de la trahir. Par moments.
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Si j'aime quelqu'un d'autre...est-ce que c'est la trahir pour toi, Tarn ?
Elle se retourna vers lui.
Tarn se sentit prit de court. Encore plus quand Nickel le dévisagea avec cette expression indéchiffrable.
Une expression qu'il n'avait jamais eu l'occasion de voir. Une expression qui lui est étrangère.
Malgré lui, Tarn sentit son propre spark s'accélérer dans son châssis, sans comprendre d'où cela provenait.
- Je ne crois pas que c'est trahir, Nickel. Pour côtoyer des traîtres, je ne pense pas que tu mérites d'être punie pour refaire ta vie. Même sans Atone.
- ...Tu le penses ?
Tarn se sentit se détendre légèrement, gardant le savon en main.
- S'il y avait quelque chose, je pense qu'elle serait heureuse pour toi. Que tu aies pu avancer. C'est ce que je crois. Après...je ne la connaissais pas suffisamment pour le savoir.
Nickel ferma les optiques, intégrant la réponse.
Elle releva le menton vers lui et, d'un pas lent, mais sûr, elle s'approcha de lui, gardant cette même expression indéchiffrable.
Elle lui rappelé combien la Cause était belle...
Elle était belle.
- Tarn, lui déclara-t-elle, presque dans un chuchotement.
- Oui ?
- ...Tu comprends ce que cela signifie, n'est-ce pas ?
Tarn plongea ses optiques dans les siennes.
A nouveau, son spark s'accéléra.
Oui. Il comprenait ce que cela signifiait.
« Qu'est-ce que Megatron t'a coûté ? »
Ne me laisse pas.
Ce fut comme un signal.
En même temps que ses principes, Tarn laissa tomber le savon à ses pieds.
L'instant d'après, Nickel était déjà dans ses bras. La pressant contre lui, il sentit ses mains lui caresser le visage à travers le masque, avant de descendre lentement vers son cou.
Tarn ferma les optiques, se laissant faire.
Enfin, il les sentit. Il sentit les lèvres de Nickel sur son cou. D'abord timidement, la Minicon se sépara de lui avant de réinitier le contact, l'approfondissant même.
Tarn poussa un léger soupir de satisfaction tandis que les lèvres de Nickel laissaient une traînée de petits baisers le long de son cou, descendant au fur et à mesure jusqu'au bord de son châssis. Elle ne s'arrêta pas et posa ses deux mains sur son torse, le lui caressant de manière tendre et insistante à la fois, formant des cercles tandis qu'elle lui embrassait le châssis.
Tarn garda les optiques closes, complètement embrumé parce qu'il ressentait. Quand la langue de Nickel entrouvrit ses lèvres pour marquer son châssis, Tarn ne put s'empêcher de frissonner.
Il en souhaitait plus.
Il désirait plus que cela.
Il plaça le visage de Nickel à hauteur du sien, une de ses mains lui effleurant délicatement la joue.
- ...Tu m'autorises ? lui souffla Nickel, le désir évident dans ses optiques.
Tarn le confirma d'un signe de tête.
Juste pour cette fois...
« Qu'est-ce que Megatron t'a coûté ? »
Juste pour cette fois, il l'autorisait.
La Minicon tendit les bras vers son visage afin de lui ôter le masque de la Cause Decepticon.
Tarn la laissa faire, prêt à continuer.
Mais au moment même où ses mains touchèrent les bords de son masque, Tarn et Nickel furent interrompus par un appel de la part d'Helex qui émanait de la salle de contrôle :
- Tarn ! Deathsaurus vient de nous contacter !
Tarn réprima un soupir de frustration, beaucoup plus discret que celui de Nickel. Alors qu'il se détachait de la Minicon, il grimaça de dépit sous son masque tandis que Nickel garda les bras croisés sur son châssis, boudeuse.
- ...Tu ferais mieux d'y aller.
Sous son masque, Tarn lui adressa un regard d'excuse.
Nickel haussa les épaules. Même si elle était déçue, elle put malgré tout lui sourire :
- La suite au prochain épisode. Si tu le souhaites, bien sûr.
S'il le souhaitait...
Tarn hocha la tête avant de se redresser pour quitter les wash-racks, débarquant en trombe dans la salle de contrôle pour y rejoindre Helex.
Il ne fut pas le seul. Tesarus, Kaon et Vos avaient également été réveillés par l'appel général, Kaon gardant un bras autour des épaules du fusil-sniper pour s'y appuyer tandis qu'il se frottait les optiques, émergeant encore.
- Qu'est-ce qui se passe ? s'adressa Tarn à Deathsaurus aussitôt que la tête du robot ailé apparut sur l'écran.
Il garda sa fureur pour plus tard. L'expression grave du robot ailé indiqua qu'il ne l'appelait pas pour une bonne nouvelle.
- J'ai envoyé une équipe rapatrier les corps, Tarn. Je...je ne sais pas quoi dire.
Tarn demeura silencieux, attendant la suite tandis que son spark s'accélérait dans sa poitrine :
- ...Comme ils ne revenaient pas, j'ai envoyé quelqu'un en éclaireur. Ils...ils sont morts, Tarn.
Il n'était pas sûr de comprendre.
- Ton équipe que tu avais envoyé en reconnaissance pour cyber-former Memorem 5 ?
- ...Non, Tarn. L'équipe que j'ai envoyé rapatrier les corps...on a retrouvé leurs cadavres sur Memorem 5.
La nouvelle eut l'effet d'une bombe.
Au même instant où Tarn ouvrait la bouche pour demander des explications, la communication se coupa.
« ...Je suis vraiment désolée. »
Elle était venue le retrouver à l'atelier.
Avant même qu'elle ne s'étale dans une longue tirade d'excuses et de justifications à son comportement, comme elle s'y était soigneusement préparée, Brainstorm l'avait interrompue d'un geste de la main.
Il y avait un meilleur endroit pour discuter.
En effet. Ils s'étaient rendus au bar de Swerve. Ils avaient commandé deux gros cocktails, ce qui n'était pas dans leur habitude de travailleurs acharnés. Nautica avait insisté pour les payer mais Brainstorm n'avait pas cessé de la surprendre en disant que c'était déjà fait.
- Le prochain, c'est la maison qui offre ! leur annonça Swerve alors qu'il passait devant eux. N'oubliez pas de vous embrasser avant de vous réconcilier !
- Swerve, soupira Skids, leur adressant un sourire dépité.
Nautica ricana nerveusement. Elle s'accouda face à son partenaire.
Que pouvait-elle dire de plus ?
- Je suis vraiment désolée.
- C'est plutôt ironique que tu t'excuses alors que c'est moi qui a été soumis à un procès, lui répondit Brainstorm, le ton malicieux.
- Oui...mais je croyais...Je pensais que...
Nautica soupira, ne finissant pas sa phrase.
- Je croyais que tu avais fait tout cela pour être avec Quark. Je n'avais aucune idée que tu...ne cherchais même pas à être avec lui.
Brainstorm lui adressa un regard tendre sous sa plaque.
- Non, effectivement. Parce que Quark ne partageait pas mes sentiments. Je n'avais aucune chance d'être avec lui de cette manière.
- Alors...pourquoi ?
L'aviateur haussa les épaules, reposant son cocktail devant lui.
- ...Il aurait été promu. Il serait devenu Scientifique en Chef à un moment donné. Il s'agissait de son rêve.
- Et tu voulais qu'il accomplisse son rêve ? Au point d'effacer ta propre existence ?
L'expression maussade de Brainstorm réapparut.
- C'est ça, l'amour. On place les désirs de l'autre avant les siens.
Nautica ferma les optiques, un sourire bouleversé qui fissurait son visage.
Elle aimerait pouvoir aimer comme ça, effectivement.
- Mais peut-être que j'aurais dû...Juste...endurer mon deuil et passer à autre chose, déclara Brainstorm. Car au final, même si j'aimais Quark...J'ai appris à aimer d'autres choses. Des choses qui valent la peine qu'on...ne les détruise pas et qu'on ne soit pas effacés pour elle.
- Je crois que c'était ça, qui m'a le plus déçue. Le fait que tu effaces ta propre existence, comme ça...et le fait que tu ne m'as jamais parlé de tes plans. De Quark. De ce que tu étais. Je pensais que tout était faux.
Elle prit une gorgée de son cocktail. Elle finit par avouer, la voix tremblante :
- J'ai rejeté Skids.
- Tu as quoi ? répéta Brainstorm, pas sûr de comprendre.
- J'ai rejeté Skids alors que j'avais toutes les raisons de ne pas le faire. D'accepter. J'ignore ce qui m'a pris et...Je ne comprends pas.
Elle s'attendait à ce que Brainstorm lui demande ce qui lui était passée par la tête, au point de procéder à un scan pour fouiller son processeur.
Mais il n'en fit rien. Il se contenta de lui adresser une expression désolée.
- On ne peut pas forcer quelqu'un à nous aimer. Mais on ne peut pas forcer non plus quelqu'un à aimer tout de suite.
- Tu crois ?
- Si tu ne te sens pas prête, Nautica...Pour une relation ou pour autre chose. Ne te force pas. Attends seulement le bon moment. Skids comprendra et s'il le vaut, il t'attendra.
Nautica sentit comme un poids avait été retiré de ses épaules.
- Merci, Brainstorm.
- De rien, on fait tous des erreurs.
- Dois-je t'appeler Genitus, alors ?
Brainstorm parut hésiter. Il finit par secouer la tête.
- ...Brainstorm suffira.
Il se frotta les mains, une lueur excitée dans ses optiques.
Une lueur qui lui était très familière et qui amusa Nautica.
- On a plein de nouvelles idées à essayer, partenaire !
- Seulement si tu me laisses faire le design, lui répliqua-t-elle, un air de défi sur son visage.
- Oh. Et en parlant de ça...
Il sortit quelque chose de derrière son dos.
Nautica manqua de faire un bond.
Sa clé à molette !
- J'ai ajouté un nouveau bouton, précisa-t-il avant d'appuyer dessus.
« Brainstorm est un idiot ! »
« Brainstorm est un idiot ! »
Il l'avait vraiment fait ?
Amusée, Nautica répondit :
- ...Je crois que c'est ma nouvelle fonction préférée.
