Khach

Un de ces jours, il faudrait expliquer à Rufus pourquoi les gens aisés décidaient que les mets dont les classes laborieuses étaient contraints de se sustenter méritaient qu'on se souvienne de leur recette, au lieu d'être irréversiblement relégués aux oubliettes de l'horreur et du mauvais goût.

Témoin, le bouillon de pieds et tête de veau. Non mais vraiment, qui allait croire qu'il s'agissait d'une bonne idée ? Apparemment, il s'agissait d'un plat traditionnellement consommé pour qui avait bu trop d'alcool la veille, et peut-être que le poète pouvait comprendre : si la dégustation de cette horreur était incontournable pour qui décidait de se payer une cuite, les problèmes causés par l'ivresse devaient être rarissimes dans la contrée d'origine.

Et pour une fois, ce n'était pas de l'Est que venait cette monstruosité, comme Orga aimait à rappeler que chez lui, il n'y avait déjà pas assez de place pour les indigènes alors pensez donc pour le bétail, surtout les animaux exigeant autant d'espace que les vaches.

D'un autre côté, Rufus était certain qu'il approuverait le principe derrière le plat, et c'était suffisamment déprimant pour qu'il se refuse à en dévoiler l'existence au mage déicide.