Check Mate DxD

Chapitre 105 : À Avalon et retour/Avalon no modotte

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Dean avait déjà vu des images de la Terre depuis l'espace, mais l'y regarder en vrai était bien plus impressionnant. Une partie, celle éclairée par le soleil derrière lui, était d'un bleu profond garni de nuages vaporeux avec, par endroit, des masses continentales. L'autre était sombre, mais le spectacle n'en était pas moins magnifique. En effet, les terres étaient parcourues d'une myriade de lumières scintillantes qui formaient comme de la dentelle.

De là où il était, il reconnaissait certaines formes connues comme la Corne de l'Afrique ou l'Inde. S'aidant de ces repères, il remonta la surface du globe jusqu'à trouver la botte si particulière de l'Italie. En remontant encore, il repéra enfin sa destination. L'île de Grande-Bretagne.

Sur les cartes, elle lui avait toujours fait penser à un kangourou avec un chapeau. Mais à présent, il ne se sentit plus de faire des comparaisons. Tout ce qui comptait, c'était rentrer chez lui.

« C'est magnifique » dit la voix d'Ahiram dans sa tête. « Est-ce que c'est… est-ce que tout ça, c'est de l'eau ? »

Avant de partir, Dean avait jeté un dernier coup d'œil à la planète qui l'avait accueillie pendant plus d'un mois. Elle était magnifique elle aussi, mais elle était également très différente. C'était une boule de plusieurs tons d'ocre parsemé de nuages gris, un désert sans fin où les plus grandes étendues d'eau ne devaient pas être plus vastes que le lac de l'oasis. Il était donc normal pour quelqu'un qui n'avait jamais connu que le sable d'être impressionné par les océans de la Terre.

« C'est vraiment une très belle planète » reprit le vieil homme. « Mais que sont ces choses qui flottent ? »

Dean sourit. Aux yeux de son compagnon, cela ne devait être que de gros cylindres de métal avec des ailes bleues et brillantes, mais lui savaient ce qu'il en était.

« Ce sont des satellites artificiels » répondit-il. « Ils permettent d'observer la Terre depuis l'espace ou de relayer les communications. »

Il n'avait pas vraiment besoin de tout expliquer. Ayant pour tâche principale de trier les gigantesques connaissances alteranes contenues dans le cerveau de Dean, il avait accès à des conceptions, des principes et des idées bien au-delà de son champ de compréhensions habituel. Il pouvait également les traduire en s'aidant de celles, certes simples, mais complètes, de son hôte.

« Il y en a beaucoup » remarqua-t-il.

En effet, de là où il se trouvait, un peu au-delà de la limite de l'orbite géostationnaire de la planète, il pouvait voir les nombreux satellites qui tournaient autour de la Terre. D'après ses cours, il y en avait plus de 400 et tous n'étaient pas utilisés. Certains étaient devenus obsolètes et avaient été abandonnés, le coup d'une expédition de rapatriement étant prohibitif.

« Allons-y » dit finalement Dean.

« Tes sorts de dissimulations sont en place ? » Demanda Ahiram.

« Oui, ne t'inquiète pas. »

Il avait eu le temps pendant le voyage de consulter le Compendium de Merlin. C'était d'ailleurs une chance, car s'il ne l'avait pas fait, il ne serait même pas encore arrivé à la moitié du chemin pour retourner sur Terre.

Dans l'espace, son pouvoir était considérablement augmenté par la Magie Pure qui le saurait ce qui lui permettait d'atteindre des vitesses folles. Malheureusement, il était limité par la physique ce qui avait rendu impossible pour lui de dépasser celle de la lumière. C'était un problème, car à ce rythme-là, il ne serait pas rentré sur Terre avant plusieurs centaines d'années.

Cependant, il y avait dans le grimoire quantité de sorts qui étaient bien au-delà de ce que n'importe quel Sorcier pouvait imaginer. L'un d'eux permettait notamment de courber l'espace, d'ouvrir un trou dans la trame de l'univers jusqu'à un subespace afin de voyager plus rapidement d'un point à un autre. En clair, ce sort permettait de créer un trou de ver.

C'est comme cela qu'un trajet de plusieurs centaines d'années a été accompli en seulement une petite semaine. Enfin, en gros, puisque dans l'espace, on n'avait pas la même notion du temps. Son organisme était tellement saturé de magie qu'il n'avait besoin ni de dormir, ni de manger ou de boire. Des pauses avaient cependant été nécessaires pour reposer son esprit et se déconnecter, mais au final, elles avaient été peu nombreuses. Comme il y en avait eu sept et que Dean s'était dit qu'il n'avait besoin que d'un seul arrêt par jour, cela ramenait la durée de son voyage à une semaine.

Cependant, ce n'était pas la seule chose qu'il avait trouvée parmi les sorts du Compendium. Certains charmes de dissimulation semblaient assez puissants et novateurs. Non seulement ils permettaient de ne pas être repéré par des procédés optiques, mais également par des capteurs (mouvements, thermosensibles, sonores, etc.).

Un mot écrit par Merlin à son successeur au début du livre indiquait qu'il avait créé ces sorts lors de son temps sur Terre pendant les règnes des Rois Uther et Arthur Pendragon. Quand il avait développé la Magie Humaine en utilisant diverses Runes, il en avait également conçu une autre qui utilisait l'alphabet alteran. Il avait ainsi créé des sorts puissants, mais qui ne seraient d'aucun usage à ses contemporains… contrairement à Dean et aux Magiciens de son époque.

Donc soit Merlin avait pensé qu'ils seraient en contact avec la technologie alterane ou toute autre technologie extraterrestre, soit il avait prévu que quand Dean prendrait possession de son grimoire, il lui faudrait se rendre invisible par tous les différents senseurs qui entouraient sa planète d'origine. Mais pour cela, il aurait fallu qu'il ait des dons de voyance, n'est-ce pas ?

Dean vérifia une dernière fois qu'il était bien impossible à détecter avant de se rapprocher de la ceinture de satellites. Il dépassa prudemment l'un d'eux sans que celui-ci ne réagisse. Le ferait-il seulement ? Probablement pas. Il ne servait donc à rien d'être aussi précautionneux. D'autant qu'il était encore à plus de 35 000 km de la Terre. C'est pour cela qu'il accéléra l'allure.

« Attention ! » Cria alors la voix d'Ahiram.

Dean pila net. À ce moment-là, quelque chose passa devant lui, quelque chose d'assez gros. S'il ne s'était pas arrêté, il aurait été percuté.

« Qu'est-ce que… » balbutia-t-il.

Il pivota légèrement, mais l'objet partait déjà. C'était un débris de métal imposant qui aurait sans doute pu lui faire très mal. Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire là ?

Dean tourna à nouveau la tête vers la Terre et sursauta quand quelque chose d'autre passa devant son nez. Cette fois, ce n'était pas aussi dangereux. Pas aussi gros également. Instinctivement, Dean tendit la main et le saisit. C'était un tournevis. Un astronaute avait dû le perdre lors d'une réparation et il avait continué à flotter en orbite.

Regardant autour de lui, Dean constata que ces deux objets n'étaient pas les seuls. Débris de satellites, de fusées, outils, ferrailles diverses et variées… il avait entendu dire que l'espace était devenu une vraie poubelle, mais il ne pensait pas que c'était à ce point. Heureusement, peu étaient aussi gros que la plaque en métal qui avait failli le heurter. C'était en majorité des objets comme ce tournevis voir même plus petits.

Dean regarda celui-ci une nouvelle fois puis le mit dans sa poche. Sa mère lui avait appris à ne jamais jeter des déchets par terre. Qu'il soit au milieu de l'espace ne changeait rien.

« Au fait, comment tu as su pour le gros machin qui a failli me percuter ? » Demanda-t-il à Ahiram.

Normalement, il ne pouvait voir que ce que Dean voyait lui-même. Si lui n'avait pas identifié le danger, alors comment le vieil homme dans sa tête avait-il pu faire ?

« Je pense que j'ai utilisé ce que tu appelles ta "Vision Magique" » répondit celui-ci. « Cela fait des jours que j'expérimente mes possibilités dans ton corps et je crois que j'ai réussi à activer cette capacité. »

« Pourtant moi je n'ai rien vu » fit remarquer Dean. « Si tu l'as activé, j'aurais dû le voir arriver non ? »

« Pas sûr. Je pense que la Vision Magique ne se superpose pas à la vue, mais permet à l'esprit d'étendre sa perception, coupant le contact avec les autres sens… ou au moins l'assourdissant. Sauf que moi, je suis un esprit indépendant alors quand ma conscience s'est agrandie, ça n'a eu aucun effet sur toi. »

« Logique… » répondit pensivement Dean. « Décidément, tu apprends vite… »

« Je pense que c'est parce que je ne suis plus limité par ma propre compréhension des choses et que je partage la tienne. Ayant en plus accès à ta mémoire sémantique et aux leçons d'Hariel, j'ai un meilleur point de vue sur le sujet. »

« Meilleur que moi alors que c'est ma tête » grogna l'adolescent.

« Console-toi en te disant que comme j'ai utilisé ta force cérébrale, tu aurais pu arriver au même résultat… enfin, si tu réfléchissais un peu. »

Dean perçut le ricanement de l'homme au travers de ses paroles. Ça aussi c'était nouveau. Ahiram avait de l'humour. Il ne savait cependant pas si c'était parce qu'il partageait son esprit ou si c'était parce qu'il était enfin débarrassé du pesant devoir qui l'avait accablé pendant tant d'années.

Il ne faillit percuter aucun autre débris pendant le reste du trajet. Notamment parce qu'Ahiram utilisait toujours sa Vision Magique pour avoir l'œil sur leur environnement immédiat. Tout compte fait, c'était assez pratique, il pouvait se concentrer sur leurs déplacements. Cela lui permit de facilement atteindre la zone de la ceinture inférieure de Van Allen, au niveau de laquelle se trouvait principalement la Station Spatiale Internationale. Heureusement, elle ne survolait pas l'Europe pour le moment. Dean serait donc tranquille pour quelque temps. Selon sa période, elle mettait environ quatre jours à faire le tour de la Terre. Il ne faudrait pas autant à Dean pour rentrer.

Celui-ci sortit alors le Sceptre de Merlin ainsi que son Compendium qu'il ouvrit. Sur la page à côté de la formule du Grand Saut, il y en avait une autre. La Grande Plongée. Si la première servait à quitter une planète pour atteindre l'espace, la seconde permettait de faire le trajet inverse, depuis l'espace rejoindre la surface d'une planète.

Il ferma les yeux et entama le sort. Il lui fallait d'abord définir une destination. Par défaut, il le conduirait au périgée de sa position, mais avec de la concentration, il pouvait la paramétrer avec précision. Il était déjà en train de survoler l'Angleterre, mais diriger sa magie pour retrouver le point exact qu'il désirait atteindre n'était pas une mince affaire. Des images de paysages défilaient dans son esprit : landes, rocailles, villes… il focalisait sa pensée non seulement avec son esprit, mais également avec son cœur. Il savait où il voulait aller. Chez lui. Il espérait donc que ce sentiment d'appartenance guiderait sa cible jusqu'à destination.

Et il y parvint. Il avait réussi à retrouver la maison de ses parents. Sa maison.

Tout joyeux, il continua la formule et une fois celle-ci terminées. Il se sentit comme aspiré vers le sol. C'était à peu près la même sensation que quand Ganos l'avait envoyé sur la planète d'Ahiram, mais en beaucoup plus subtil. Et heureusement d'ailleurs, qu'est-ce que cela aurait été si la petite banlieue où il habitait se transformait un énorme réservoir de Magie Pure ? Ses pouvoirs deviendraient fous sans compter ceux de ses frères et sœurs. Il n'osait en fait même pas imaginer.

Soudain, il y eut un flash et il sentit quelque chose sous ses chaussures. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte que c'était le sol. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas posé le pied par terre qu'il avait presque oublié la sensation que cela faisait.

Il cligna des yeux puis regarda autour de lui. Un sourire se dessina alors sur son visage en reconnaissant l'endroit où il se trouvait. Dans son dos, il y avait des arbres et devant lui, l'arrière d'une maison avec une porte en verre menant sur une terrasse dallée. C'était chez lui.

Comme il habitait dans un lotissement qui bordait une petite forêt, il avait préféré réapparaître à cet endroit-là. Cela lui évitait de se faire repérer surtout que les charmes de dissimulations n'avaient pas résisté à la Grande Plongée.

Il entendit alors un bruit et se tourna vers l'entrée arrière de la maison. Eddy, son frère, qui avait à présent 9 ans sortit sur la terrasse et se figea. Dean le comprenait un peu. Après tout, il avait quand même un énorme bâton métallique et un gros grimoire à la main. Cela ne l'empêcha pas de lâcher les deux quand il poussa un cri et se précipita sur lui pour l'enlacer.

« Dean ! Dean ! C'est trop bien ! Tu es rentré ! » S'exclama-t-il très fort.

À peine quelques instants plus tard, Tasha et Tania, les jumelles de sept ans, sortirent à leur tour pour prendre Dean dans leurs bras. Celui-ci les serra alors fortement contre lui jusqu'à ce qu'il entende un halètement surpris. Il leva la tête et vit sa mère qui se tenait, avec son père, devant la porte. Ils avaient les larmes aux yeux.

Dean se détacha donc de ses frères et sœurs pour les enlacer. Les yeux fermés, il savourait leur étreinte. Ils lui avaient tellement manqué. Il n'était pas parti longtemps, moins que quand il allait à Poudlard, mais la peur de ne peut-être jamais les revoir avait rendu leur absence plus amère… et leurs retrouvailles plus douces.

« Je t'avais dit qu'il arrivait aujourd'hui » dit à ce moment-là une voix qu'il connaissait bien.

Dean lâcha alors ses parents et jeta un œil derrière eux. Hariel était là. Hermione également. Il leur sourit.

« Si vous saviez où j'ai été » leur dit-il. « J'ai pas mal de choses à vous raconter. »

Les deux autres se regardèrent, complices.

« C'est marrant que tu dises ça » commença Hermione.

« Parce que nous aussi » termina Hariel.

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Dire que Dean était celui qui pensait avoir des choses à raconter. Entre retour vers le passé au temps des chevaliers et la visite du pays des fées après avoir traversé un labyrinthe géant fait de livres magiques, sa petite Odyssée spatiale faisait un peu pâle figure.

« Tu sais Cousin, tu aurais pu te rendre compte à ce moment-là que quelque chose n'allait pas » dit Hariel.

Dean en était au moment de la deuxième épreuve dans la grotte sous Glastonbury Tor. En gentlemen, ils avaient laissé Hermione commencer son récit. Dean l'avait écouté sans rien dire (ou plutôt il avait bu ses paroles avec admiration), mais Hariel, lui, n'avait pas pu contenir ses questions.

« Donc, tu ne te souviens pas du tout de ce qu'il s'est passé entre le moment où tu as rencontré la Déesse et celui où tu t'es réveillé sur la barque ? » Avait-il demandé.

Hermione avait secoué la tête. On pouvait lire une certaine frustration sur son visage.

« Juste des flashs » avait-elle répondu. « Je crois avoir revu Dagda et deux autres personnes… Une femme et un homme. Probablement la Reine de l'Hiver et le Roi de l'Automne. »

« La… Boand et le Lug, c'est ça ? »

Hermione avait hoché la tête.

« Je ne connais pas leur nom » avait-elle continué. « La Déesse était là aussi. Je crois qu'elle les a tous fait participer à un rituel pour retirer les fragments… »

« Ou alors à ton couronnement » avait ajouté Hariel avec un grand sourire aux lèvres. « Parce que maintenant, tu es une Reine. Et dire que je pensais que je serais le premier. Est-ce qu'on doit t'appeler Majesté ? »

Dean se le demandait aussi. La nouvelle du nouveau statut de son amie le perturbait. Elle changeait également ses perspectives. Au fil du temps, ses sentiments pour elle se renforçaient et il ne savait pas comment ce titre allait affecter leurs relations futures. Mais Hermione semblait moins s'en préoccuper que ce qu'il craignait.

« Oh la ferme ! » Avait-elle seulement grogné.

Son récit achevé, Hariel avait enchaîné avec le sien. Dean avait également été très attentif. Il avait surtout remarqué les nombreuses interrogations de son cousin au sujet de Merlin… ou Myrddyn et de ses étranges pouvoirs. Il savait que pour une fois, ce serait lui et non Hariel qui avait toutes les réponses et il frémissait d'impatience de pouvoir les lui révéler.

C'était la raison pour laquelle les questions de ce dernier l'énervaient un peu. Il leva donc les yeux au ciel.

« Ah oui ? Et comment est-ce que j'aurais pu savoir que quelque chose n'allait pas ? » Demanda-t-il sur un ton légèrement acide.

« L'épreuve consistait à remettre des chiffres dédoublés dans l'ordre. Or c'était des chiffres arabes modernes et ceux-ci n'ont gagné l'Europe que vers le Xe siècle. Il y avait clairement un anachronisme qui aurait dû te mettre la puce à l'oreille… enfin, moi je dis ça, je dis rien » ajouta-t-il en bredouillant.

Le regard de Dean était vraiment très noir.

« C'était passionnant ta petite leçon d'histoire » dit-il avec une voix dégoulinante de sarcasme. « Je peux continuer maintenant ? »

« Bien sûr, bien sûr… » marmonna Hariel.

« Hermione ? »

Il se tourna vers elle, mais vit qu'elle semblait perdue dans ses pensées.

« Hermione ? » Répéta-t-il.

« Mm ? » Demanda-t-elle finalement en sursautant.

« Ça va ? »

« Euh… oui, oui. Je réfléchissais juste à quelque chose que Hariel a dit… désolé, ce n'est pas grave, continu. »

Dean hésita quelques instants puis hocha la tête. Mais au moment où il allait reprendre son récit, la porte du salon s'ouvrit et Draco pénétra dans la pièce en poussant un chariot. Le jeune Magicien gémit et s'affaissa dans son fauteuil.

« J'interromps quelque chose d'important ? » Demanda le Démon en clignant des yeux, surpris.

« Apparemment oui » dit Hariel en se retenant de rire. « Mais je crois qu'il s'en remettra. »

Draco resta quelques secondes hésitant puis s'avança dans la pièce en poussant toujours son chariot. Sur celui-ci se trouvait un service en porcelaine fine avec une théière bouillante du bec de laquelle s'échappait de la fumée. Draco la prit puis versa trois tasses qu'il déposa sur la table basse devant chaque invité. Il y ajouta ensuite un petit pot à sucre avec une pince, un pichet de crème et enfin un plateau de pâtisseries.

« Merci, Draco » dit Hariel en lui souriant. « C'est un merveilleux goûter. »

Dean, de son côté, regardait nerveusement les douceurs sous ses yeux. Il avait envie d'en manger une tout de suite, mais il ne voulait pas qu'Hermione le prenne pour un goinfre. Pourtant il avait faim. Il n'avait pas déjeuné ce matin et était parti directement pour le Makai.

La veille, après les retrouvailles, il avait un peu discuté avec ses amis. Comme il venait juste d'arriver, Dean désirait passer un peu de temps avec sa famille. Hariel avait alors proposé de se retrouver le lendemain tôt (heure anglaise) dans la résidence d'été des Gremory. Épuisé par son voyage, Dean s'était couché très tôt, mais s'était réveillé tout aussi tôt. Avec le décalage horaire important entre chez lui et le Makai, il savait que ça ne dérangerait personne là-bas s'il partait dès maintenant.

Mais il avait tout de même laissé un mot à ses parents, histoire qu'ils ne s'inquiètent pas. Enfin, pas plus que ce qu'ils s'étaient inquiétés pendant tout l'été. Heureusement que HariEx avait été là pour les rassurer.

« D'ailleurs, je me demande comment elle a su que j'irais bien » commenta-t-il avant de souffler sur son thé. »

« Myrddyn » répondit Hariel. « Il lui en a parlé. »

« Mais comment lui… »

« Il voit l'avenir » intervint une voix dans sa tête.

« Mais bien sûr ! » S'exclama Dean. « S'il était capable de connaître l'avenir, il a dû le lui révéler. C'est aussi comme ça que son hologramme à Camelot savait que j'allais venir et qu'il en a fait une légende au sein de la tribu des Insoumis. »

« Et aussi pourquoi il a utilisé des chiffres qui n'étaient pas en usage à son époque pour ses épreuves » rajouta Hariel. « Il voulait que tu puisses comprendre. »

« Et c'est reparti avec ça… » soupira Dean en roulant des yeux.

« Mm… Draco ? » Intervint Hermione.

Elle préférait changer de sujet. Mieux valait éviter que ça s'envenime entre les deux cousins.

« D'après ce que j'ai appris, il s'est passé pas mal de choses ici aussi » dit-elle.

Draco blêmit légèrement, mais hocha la tête. Hermione se sentit gênée. En voulant se garder d'une situation tendue, il semblait qu'elle en avait créé une autre.

« Je… j'ai aussi entendu dire que tu avais été blessé et que tu n'étais sorti du lit que récemment, est-ce que ça va ? »

« Oui, je… oui, ça va très bien » répondit Draco.

Comme il se trouvait juste à côté du fauteuil d'Hariel, celui-ci lui prit la main pour le soutenir.

« Disons que lors de ces événements, les autres ont progressé alors que moi… »

« Ah non ! » S'exclama alors Dean. « C'était à mon tour de raconter mon histoire ! »

« Frustré, Cousin ? » Demanda Hariel sur un ton légèrement moqueur.

Mais au lieu de s'énerver, Dean lui rendit son sourire.

« À mon avis, toi aussi tu vas vouloir que je continue » dit-il. « Après tout, d'après ce que tu nous as dit, Mer… Myrddyn t'a dit que j'avais les réponses à toutes tes questions. »

Hariel plissa les yeux.

« Tu veux dire… »

« Ouais » s'exclama alors Dean avec un sourire triomphant. « Et si tu veux le savoir, tu vas devoir être très gentil. »

Il fallut donc dix minutes de courbettes à Hariel pour que Dean accepte enfin de continuer de raconter son histoire, mais seulement grâce à l'intervention d'Hermione. De son côté, Draco était plutôt soulagé. Il n'avait pas vraiment envie de parler de ce qu'il s'était passé sur Agreas…

« C'est… c'est totalement dingue » dit Hermione.

Dean venait d'achever son récit et elle était là première à ouvrir la bouche depuis.

« Dingue ? » S'exclama Hariel. « Tu trouves que c'est dingue ? Mais c'est plus que ça, c'est… c'est… c'est carrément… carrément cosmique oui ? Les Magiciens descendent d'extraterrestre et les Dieux sont des énergies qui se sont incarnées depuis une dimension alternative et ont ensuite créé leur peuple ! »

Les Humains, qu'ils soient magiques ou non, avaient donc pour origine une race extraterrestre provenant d'une autre galaxie. Une race extraterrestre technologiquement très développée. Cela expliquait tout… ou au moins cela donnait de nombreuses pistes. Si le langage de Morgane et de Myrddyn semblait très technique et avancé, c'était parce qu'il l'était… ou du moins, pour Myrddyn il en était sûr.

L'étrange énergie qu'il sentait sur Avalon et lors du transport depuis Glastonbury Tor devait être celle qu'utilisaient leurs machines. Quant à la raison pour laquelle Avalon était sur la Lune, cela devait être parce qu'il s'agissait en fait de l'une de ces cités vaisseaux spatiaux des Alterans. Hariel se souvient avoir été surpris par la forme de l'île, mais en écoutant son cousin, il s'était rendu compte que c'était la même que celle de Camelot. D'ailleurs, c'était aussi sans doute parce qu'il s'agissait d'un vaisseau spatial que Myrddyn avait pu « l'amener » si facilement depuis la Lune, en la pilotant, et c'était sans doute également comme ça qu'elle s'était écrasée sur la planète des Insoumis.

Le problème c'était qu'à présent qu'il avait toutes ces explications, d'autres questions se pressaient dans sa tête. Tellement qu'il n'y avait qu'un seul moyen pour y répondre.

« On y va ? » Demanda-t-il tout d'un coup.

Dean, Hermione et Draco se tournèrent alors vers lui, perdus.

« On y va… où ça ? » Demanda Dean.

« Sur Avalon ! » S'exclama Hariel avec enthousiasme.

« Mais c'est sur la Lune ! » S'écria Hermione en réponse. « On ne peut pas décider ça comme ça ! »

« Et pourquoi ? » L'interrogea son ami. « Il suffit de se téléporter jusqu'à Glastonbury Tor et d'emprunter le passage de la Source Blanche. On peut y être en même pas une heure. »

« Ou alors, on peut utiliser le Grand Saut puis voler jusque là-bas » proposa Dean que l'idée commençait à séduire.

« Ou même se téléporter directement sur l'île » s'emballa le Démon. « Ah non, c'est vrai, il faut éviter de se téléporter au travers des champs de force. Je ne sais pas si c'est la même chose pour la technologie alterane, mais il vaut mieux être prudent. On pourrait se téléporter juste au-dessus de la Lune et traverser après. »

« Euh… non, mauvaise idée » intervint alors son cousin. « Selon le Compendium de Merlin, c'est risqué d'utiliser la téléportation pour se rendre directement dans l'espace à cause de la différence d'environnement de chaque côté et de l'adaptation du corps aux nouveaux paramètres. »

« Le Grand Saut permet une adaptation automatique ? » Demanda Hariel.

« Oui, et comme il transforme les données de ceux qu'il transporte en signal lumineux compressé, les marqueurs environnementaux différents ne sont plus si important » lui répondit Dean.

« C'est incroyable ! »

« Dites les garçons » intervint alors Hermione, « désolé de doucher votre enthousiasme, mais personnellement je ne me vois pas aller dire à mes parents que je vais juste sur la Lune pour la journée. »

L'expression de Dean s'effondra à ces mots. C'est vrai qu'après ce qui s'était passé, ses parents étaient un peu à cran. Leur annoncer qu'il repartait, même pour la journée, n'était peut-être pas une très bonne idée.

« Oh allez ! Il suffit d'y aller maintenant et vous serez de retour chez vous le soir » les rassura Hariel. « Après tout, c'est toi qui as dit que c'était pour un jour Hermione et vous avez déjà eu le droit de venir ici. Que vous soyez dans le Makai ou sur la Lune, quelle différence ? »

« C'est une façon de voir les choses » grogna Hermione. « Mais je suis pas sûr que ce soit la même chose pour mes parents ou ceux de Dean. »

« Mieux vaut demander pardon que la permission » cita innocemment Hariel.

« En clair, ce que tu dis, c'est qu'on ne leur en parle qu'à notre retour, c'est ça ? »

Hariel sourit. Hermione regarda Dean qui haussa les épaules. La jeune fille se mit alors à secouer la tête en soupirant.

« Très bien, j'accepte » dit-elle. « Mais si je me fais engueuler, je dis que c'était ton idée. À eux… et à Venelana et Zeoticus. »

Les yeux d'Hariel s'écarquillèrent légèrement et il déglutit.

« Très bien, je prendrais mes responsabilités » souffla-t-il.

« Je viens avec vous ! » S'exclama alors Draco.

Hariel se retourna vers lui, de l'inquiétude dans le regard.

« Tu es sûr ? » Lui demanda-t-il. « Cela fait très peu de temps que tu es sorti du coma… »

« J'en suis sûr » dit Draco d'un air décidé.

Il resterait auprès d'Hariel quoi qu'il en coûte. Il devait prouver qu'il pouvait lui être encore utile. Le prouver à Hariel… et à lui-même.

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Un mois et demi. Il avait fallu un mois et demi pour que le dossier du colonel West remonte jusqu'à la Maison-Blanche. C'était trop, beaucoup trop. Surtout que la menace était réelle.

Certes, le rapport des Sergents Warren et Casey était difficile à croire. Une vieille relique égyptienne en métal datant de fouilles de 1948 qui se met à bouger et à briller, c'était complètement tiré par les cheveux. Pourtant les caméras embarquées sur leurs uniformes étaient formelles. En tant que leur supérieur, le Colonel Walter Oswald West avait regardé plusieurs fois les deux enregistrements avant de transmettre son propre rapport sur l'incident.

Et puis il avait attendu. Une semaine, deux semaines. Toujours rien. Il est vrai que l'administration militaire n'était pas très rapide, mais quand même. Il avait donc commencé à faire des recherches sur l'objet en question et ce qu'il avait découvert l'avait rempli d'effroi.

Apparemment, l'objet avait été déterré sur le plateau de Gizeh par un homme du nom de Paul Langford, un archéologue Britannique. Également professeur à Oxford, il avait été envoyé par l'Université dans le cadre d'une expédition des pays Alliés pour faire un inventaire des dégâts qu'auraient pu faire les forces Britanniques, Italiennes et Allemandes lors des deux batailles d'El Alamein.

À l'époque, le but était principalement la sauvegarde du patrimoine culturel mondial. Cependant, un second objectif était de reprendre pied dans ces pays afin de pouvoir reprendre les fouilles. C'était ce qui avait amené le Professeur Langford à creuser dans cet endroit particulier du désert où il était tombé sur une dalle de pierre et en dessous, l'artefact.

Jusque-là, les comptes-rendus n'avaient rien d'extraordinaire. Selon eux, les Anglais n'ayant pas encore les moyens de s'occuper des nouvelles trouvailles puisqu'ils avaient un pays à reconstruire, ils l'avaient confié aux États-Unis qui l'avaient conservé depuis lors. C'était à ce moment-là que le Colonel West avait senti les incohérences. Les registres de la base disaient que l'objet n'avait été amené ici qu'en 1965. Et il n'était nulle part fait mention de l'endroit où il avait été pendant les 17 années précédentes.

Il n'avait beau pas être très gradé, le Colonel West avait tout de même des contacts qui lui avaient permis de découvrir des dossiers confidentiels sur ce laps de temps. En vérité, l'artefact n'avait pas tout de suite été remisé. L'université de Stanford, qui l'avait récupéré, avait invité le Professeur Langford à venir l'étudier chez eux, ce que l'homme avait accepté.

Suite à cela, deux découvertes majeures avaient été faites. D'abord que l'objet était en fait une machine. Ensuite que le métal dont elle était faite était totalement inconnu sur Terre. Pendant une année entière, ils avaient essayé de la faire fonctionner, mais sans résultats.

Les choses avaient évolué en 1948, quand un groupe paramilitaire russe s'était introduit sur le territoire pour prendre le professeur en otage. Apparemment, lors des fouilles, le contingent soviétique était tombé sur des fragments de fresques et de tablettes au sujet de la machine. Ils s'étaient bien gardés de parler de cela à quiconque et avaient ramené le tout à Moscou. La traduction qu'ils en avaient faite sous-entendait que l'artefact était en fait une arme extraterrestre. Bien entendu, que ce soit pour la soustraire aux Américains ou pour l'utiliser eux-mêmes, les Russes n'allaient pas rester les bras croisés.

Cependant, leur prise d'otage avait été avortée et l'appareil avait été récupéré par l'armée. Le Gouvernement du Président Truman avait alors accordé au professeur Langford des fonds quasi illimités afin de lui permettre de le faire fonctionner. Malheureusement en 1965, le Président Johnson avait ordonné la fin du projet et la porte s'était retrouvée remisée dans l'entrepôt que protégeait le Colonel West.

Les raisons n'étaient pas expliquées. Cependant, en fouillant un peu plus, celui-ci avait trouvé un avis de décès au nom d'Ernest Littlefield, fiancé à une certaine Catherine Langford, la fille de Paul Langford. Le nom d'Ernest Littlefield était également mentionné dans le rapport comme l'assistant de recherche du professeur. Bien évidemment, les causes de la mort n'étaient pas expliquées. Mais, pour que celle-ci provoque l'arrêt des travaux, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : le professeur avait réussi à faire marcher la machine, mais avait échoué à la contrôler et Ernest Littlefield avait perdu la vie.

Ces informations rendaient donc le rapport du Colonel d'autant plus important. En effet, si l'arme s'était bien réactivée sous ses yeux alors le risque était réel et les autorités devaient absolument faire quelque chose soit pour la confiner, soit pour l'étudier et comprendre son fonctionnement afin de pouvoir l'utiliser ou limiter les dégâts. De son avis, les deux seraient en fait nécessaires. C'est la raison pour laquelle il s'était lancé dans une croisade dans le but de prévenir sa hiérarchie du danger.

Ses efforts avaient porté leur fruit, car il se trouvait à présent à la Maison-Blanche, plus particulièrement dans le bureau ovale. Se sentant mal à l'aise dans son uniforme pourtant impeccable, il se tenait droit aux côtés du Général Dempsey, le Chef d'État-Major des armées en face du bureau du Résolue où était assis le Président Obama.

Ce dernier avait face à lui un ordinateur qui diffusait les images prises par les caméras embarquées des deux hommes qui avaient assisté à l'activation de l'arme. Autour de lui se trouvaient éparpillés les documents du volumineux dossier que le Colonel West avait rassemblés sur cette affaire. Le Président l'avait minutieusement examiné avant de demander à voir les vidéos.

« Vous pensez donc que la menace est sérieuse ? » Interrogea-t-il finalement à son invité.

« Oui, Monsieur le Président » répondit le Colonel West.

Le Président tourna alors les yeux vers le Chef d'État-Major.

« Les différents chefs de corps d'armée ont estimé que la menace était d'importance, tout comme moi, Monsieur le Président » reprit le Général Dempsey.

Le Chef des Armées des États-Unis hocha la tête puis regarda derrière le général, vers un quatrième homme qui se tenait en retrait.

« Quelque chose à ajouter Secrétaire Carter ? »

« Rien, Monsieur le Président » répondit le Secrétaire à la Défense. « Si ce n'est qu'à mon avis nous devrions confier la direction des opérations à l'US Air Force. »

« Allons, Monsieur le Président » s'indigna Dempsey. « L'US Army peut très bien… »

« Je comprends votre attachement à votre ancien corps d'armée, Général » l'interrompit Carter. « Mais compte tenu de nos actions militaires dans le monde, il serait dommageable de perdre une partie de notre force terrestre pour cette opération. »

Le Général Dempsey grogna, mais n'ajouta rien. Il savait que le Secrétaire avait raison.

« Dans ce cas, c'est réglé. Je vous laisse prévenir le Général Welsh ainsi que la Secrétaire James. Nous devons mettre tout cela rapidement en place. »

« Et où cela, Monsieur le Président ? » Demanda Dempsey.

Le Président se tourna alors vers le Colonel West.

« Quelles sont vos recommandations, Colonel ? »

« Une base déjà en activité et principalement souterraine serait le mieux à mon avis, Monsieur le Président » répondit celui-ci en essayant de ne pas rougir de l'honneur qui lui était fait. »

« Bien, nous trouverons un mieux adéquats rapidement. Après cela, c'est vous qui dirigerez le projet, West. »

Celui-ci se retint à peine d'écarquiller les yeux.

« Moi, Monsieur le Président ? Mais je n'ai pas le grade pour cela, ni… »

« Vous l'aurez » interrompit Barack Obama. « Dans le cadre de ce projet, vous serez muté à l'US Air Force et promu Général. »

Surpris, le Colonel West resta quelques secondes figé avant de faire le salut militaire.

« À vos ordres, Monsieur le Président. »

Celui-ci hocha la tête et signifia à ses invités la fin de leur entrevue. Une fois seul, il se permit de réfléchir pendant quelques instants. Il avait besoin de parler à quelqu'un, mais il ne savait pas à qui pour le moment. Il ne voulait pas impliquer Michelle, pas encore. Peut-être plus tard, mais pour l'instant, mieux valait que tout cela reste secret.

Il leva alors les yeux et son regard tomba sur la porte de son bureau privé. C'était peut-être ça la solution…

Il se dirigea donc vers celle-ci et l'ouvrit avant de pénétrer rapidement à l'intérieur et de soigneusement refermer derrière lui. C'était une pièce assez simple. La seule décoration était un imposant tableau représentant George Washington.

« Dites-moi, à quel point informez-vous les Sorciers de ce qui se raconte ici ? » Demanda-t-il.

À ce moment-là, George Washington se mit à bouger et tourna ses yeux dans la direction de son lointain successeur.

« C'est à moi que vous parlez ? »

Son regard et son ton étaient légèrement méprisants. Barack se demandait toujours si c'était parce qu'il était noir et que George était un ancien esclavagiste. Certes, c'était un comportement qui allait avec son époque. De plus, il avait tout de même été un abolitionniste convaincu, signant les Résolutions de Fairfax en 1774 et militant au Congrès Américain dans les années 80. Cela n'empêchait cependant pas le 44e Président des États-Unis de penser que le 1er le méprisait pour sa couleur de peau. Sans doute ne saurait-il jamais la vérité. Après tout, ce tableau resterait ici bien après son départ et même bien après sa mort.

« À qui d'autre voulez-vous que je parle ? » soupira Barack.

« Un peu moins d'impertinences, je vous prie, jeune homme » s'offusqua le tableau. « Quant à la réponse à votre question, sachez que je me contente de faire passer des messages, le reste ne les concerne absolument pas. En sept ans ici, vous devriez le savoir tout de même ! »

Barack sourit. Oui, George serait parfait pour discuter de ce projet. Et puis après tout, qui pouvait de nos jours se venger d'avoir George Washington comme confident ?

0o0o0

La première fois qu'Hariel avait été dans l'espace, il n'avait pas vraiment eu le temps d'en profiter. De plus, à ce moment-là, son esprit tournait autour d'une seule et unique question : « Mais c'est quoi ce bordel ? ». Cette fois-là, il pouvait à loisir analyser le phénomène.

Tout d'abord, il avait vraiment imaginé qu'il « flotterait » dans l'espace, comme on flotte dans l'eau. Cependant, ce n'était pas le cas. Étrangement, il ne ressentait aucune force extérieure. Il restait simplement là où il était arrivé. Il discernait une sorte de pesanteur relative qui lui faisait avoir conscience de son corps, mais chacun de ses mouvements semblait plus fluide qu'il ne l'avait jamais été sur Terre. Normal, ici il n'y avait pas d'air, donc pas de frottement.

En parlant d'air, il prit alors une grande inspiration. Même chose que dans l'atmosphère terrestre. Même sensation de gonflement de la poitrine, même sensation de respiration… pourtant ce n'était pas de l'air, mais de la magie, de la magie pure qui entrait dans son système et nourrissait ses cellules en lieu et place de l'air. En fait, il n'y avait plus d'air dans son organisme. Et heureusement d'ailleurs, s'il y en avait eu, celui-ci se serait dilaté lors de son arrivée dans l'espace et aurait pour lui faire exploser la cage thoracique. Sauf que le Grand Saut avait dématérialisé son corps, laissant l'oxygène de ses poumons derrière lui.

Le plus étrange pour lui cependant était qu'il était encore debout, comme au moment du départ. Sauf qu'au moment du départ, ses pieds se trouvaient sur le sol et que là, ils étaient surs… rien. Rien du tout. Il était debout sur du vide. Ou presque puisqu'il pouvait voir la Terre loin sous lui.

« C'est très bizarre » se dit-il à lui-même en essayant de taper du bout de sa chaussure sur la surface dure en dessous de lui.

Il avait bien la sensation de quelque chose sous sa semelle, mais ce n'était pas vraiment solide. Pourtant cela le supportait parfaitement.

« C'est une illusion » lui dit alors Dean dans sa tête tout en « marchant » vers lui.

« Je le vois bien » répondit son cousin de la même manière. « Enfin, façon de parler. »

« C'est parce que tu imagines un support sous tes pieds que tu le sens » reprit l'autre. « Après le Grand Saut, c'est normal parce que ton corps reste dans la même posture. Après, il suffit de faire… ça. »

La position de Dean changea un peu. En fait, seule la position de ses pieds se modifia. Au lieu d'être à plat sur un sol illusoire, ils pensaient dans les airs. C'était comme s'il flottait ou qu'il voulait avec des ailes comme celle des Démons. Le maintien n'étant plus sur les pieds, ceux-ci se relâchent et retombaient légèrement.

Dean fit un sourire et se mit à voler autour d'eux. Il fit des zigzags, quelques loopings, puis se posa à nouveau sur le sol… sauf qu'il avait la tête en bas… Non. Il n'avait pas la tête en bas. C'était impossible d'avoir la tête en bas dans l'espace. Il n'y avait ni haut, ni bas, ni droite, ni gauche tout simplement parce qu'il n'y avait pas de pesanteur.

« Attends, c'est comme ça que tu fais ? » Demanda Hermione qui s'essayait elle aussi à la télépathie.

Langue tirée, elle sauta en l'air, mais retomba sur le sol d'active créé par son esprit.

« C'est comme la magie » lui dit alors Dean en se remettant dans le même sens qu'elle. « Imagine que tu fais bouger un objet par la pensée avec ta magie sauf que cet objet, c'est toi. »

Hermione hocha la tête. Elle se concentra quelques instants puis décolla. Elle monta sur quelques mètres avant de songer à s'arrêter. Elle fit ensuite pivoter son corps dans un autre sens et éprouva la sensation de toujours être à la verticale, de toujours ressentir la même gravité que si elle était debout alors que ses amis semblaient à l'envers pour elle.

Rapidement, Draco parvint à contrôler également ses déplacements et Hariel aussi. Ils étaient prêts à partir. Heureusement, ils étaient déjà assez loin des satellites donc ils n'avaient pas besoin de sorts de dissimulation.

« C'est exprès que tu nous as fait réapparaître là ? » Demanda Hariel.

« Oui » lui répondit son cousin. « Il est impossible de conserver des sortilèges actifs quand on utilise le Grand Saut. Il aurait donc fallu mettre ceux pour berner les satellites dès notre arrivée. Alors j'ai préféré éviter le problème en nous propulsant de l'autre côté de la limite de la haute atmosphère. »

« Ça fait quand même près de 40 000 km » remarqua Hariel, impressionné.

« Ça ne s'appelle pas le Grand Saut pour rien » dit son cousin en haussant les épaules avec une fausse modestie.

« Si c'est si puissant, pourquoi ne pas avoir réapparu directement près de la Lune ? »

« Trop loin. Même avec tout mon pouvoir, 300 000 km c'est trop avec ce sort. Surtout avec des passagers. J'aurais été totalement épuisé. Ou pire. Et puis il n'est pas fait pour ça. C'est juste pour aider à quitter l'atmosphère sans risque. Ce n'est pas comme si on en avait besoin pour plus que ça. »

En effet, grâce à la Magie Pure de l'espace, il ne leur fallut que quelques secondes pour avaler les centaines de milliers de kilomètres entre la Terre et son satellite naturel. Ils n'avaient même pas eu besoin d'attendre leur vitesse maximale pour cela. Quand à l'atterrissage, vu que la Lune n'avait pas d'atmosphère, Dean avait jugé qu'ils pouvaient descendre sans utiliser le Grand Retour. De plus, comme la dernière fois qu'Hariel y avait été, il s'était retrouvé sans problème dans le vide spatial, il avait supposé que la barrière d'invisibilité qui entourait l'île servait également de membrane protectrice permettant de passer de l'un à l'autre des environnements sans risque.

C'était le cas.

Avalon n'avait pas changé depuis 1500 ans. C'était ce qu'avait pensé Hariel quand il l'avait revue. Cependant, il n'avait pas vraiment eu le temps de l'admirer puisqu'il avait des amis à sauver. En effet, ce à quoi aucun d'eux n'avait réfléchi, c'était qu'en n'utilisant pas le Grand Retour, qui les aurait amenés directement à terre, ils dépassaient le champ de force et se retrouvaient à l'air libre et plus dans l'espace. Donc plus soutenus par la Magie Pure.

Et comme seuls les Démons avaient des ailes, les deux autres étaient tombés.

« Plus ja-mais » siffla une Hermione furibonde à son meilleur ami une fois que ses pieds furent sur le sol.

Ce n'était pas qu'Hariel et Draco les avaient rattrapés de justesse avant qu'ils ne s'écrasent… mais pas loin.

Hariel et Draco s'excusèrent. Puis le premier se mit à regarder autour de lui. Oui, c'était bien la même Île qu'autrefois (même si pour lui ça faisait à peine plus d'un mois). Cependant, l'atmosphère était étrange. Plus… éteinte qu'elle ne l'était auparavant. Hariel ne savait pas comment l'expliquer, mais l'énergie qui habitait ce lieu à l'époque d'Arthur vibrait tellement que ça pouvait donner des frissons. Mais à présent, toute cette énergie semblait stagner… comme si c'était des restes oubliés. Est-ce que cela voulait dire que Myrddyn était…

« Venez » dit-il finalement à ses amis.

Il ne pouvait pas continuer à se poser des questions ainsi. Il devait aller voir par lui-même. Il se dirigea donc vers l'anneau forestier qui entourait la grande montagne au centre de l'île. Ils se trouvaient dans le secteur de la plaine vallonnée et herbue, donc il suffisait d'aller presque tout droit, dans la forêt tempérée, pour atteindre la maison de son ancêtre.

Tout en marchant, il regardait autour de lui. Y avait-il vraiment une ville de pierre ou de métal sous toute cette terre ? Et cette gigantesque montagne, dissimulait-elle vraiment des tours semblables à celles dont Dean leur avait parlé en décrivant Camelot ? Hariel se sentait à la frontière de ses connaissances. Il avait envie de faire une pause et de prendre un livre sur le sujet pour le lire. C'était ce qu'il avait toujours fait, il s'était toujours préparé aux situations, mais cette fois…

Cette fois, rien, l'inconnu, le brouillard total. À cause de cela, son ventre faisait des nœuds et son cœur battait à tout rompre. C'était une sensation étrange, angoissante, insolite… mais aussi excitante. Jusqu'à présent, les choses qu'il ignorait étaient minimes et survenaient dans un cadre qui lui était familier ou dans un scénario qu'il avait prévu. Malgré les surprises, tout n'était pas imprévu. Ici oui. Et toutes les questions qui fourmillaient dans sa tête lui donnaient le vertige.

Retrouver la maison fut légèrement plus difficile que prévu. Après tout, cela faisait 1500 ans. La végétation avait évolué depuis. Le cycle de la vie était passé et des centaines d'arbres et de plantes étaient nés, avaient vécus et péris avant son retour. Après ça, comment arriver à s'y reconnaitre ?

Ils débouchèrent finalement dans une clairière au centre de laquelle Hariel identifia parfaitement la chaumière de Myrddyn. Elle, par contre, n'avait pas changé. Sans doute l'un des sortilèges de son ancêtre. Comme la première fois qu'Hariel était venue, quelqu'un était assis devant la maison. Sauf que ce n'était pas Myrddyn.

« Morgane » soufflèrent Hariel et Hermione de concert, le premier soulagé et la seconde, enjouée.

« Ganos ? » Hésita Dean.

Le nom ainsi que son ton surpris firent se retourner ses amis vers lui avant de diriger à nouveau leurs regards vers la Mage.

« Vous avez tous les trois raison » répondit celle-ci.

Son visage n'avait pas changé depuis qu'Hariel l'avait connu dans le passé ou depuis qu'Hermione l'avait rencontré dans sa vision de Samhain, presque un an auparavant. Pourtant quelque chose était différent. Elle portait une robe longue, blanche et cintrée recouverte d'un châle à volants translucides. La matière semblait luire légèrement. Ce n'était pas le genre de vêtement auquel étaient habitués l'un et l'autre. Dean, cependant, se souvenait de l'avoir déjà vue habillée comme ça.

« Lequel des deux est ton vrai nom ? » Demanda Hariel.

« Si tu parles de mon nom de naissance alors c'est Ganos. Ganos Lal » répondit la femme.

« C'est un nom Alteran n'est-ce pas ? » Demanda à son tour Dean. « L'hologramme de Merlin a dit qu'il était Alteran, mais il n'a pas parlé de vous. »

« Ce n'était pas à lui de le faire. Chacun à ses propres secrets et il respectait cela. »

« Vous vous connaissez depuis longtemps Myrddyn et vous ? » Demanda Hermione.

« Nous vivions ensemble sur Atlantis dans la Galaxie de Pégase » répondit Ganos. « Et nous avons fait l'ascension ensemble. »

« C'est une des questions que je me posais » intervint Hariel. « D'après l'histoire de Dean, ça s'est passé plus de 8 500 ans avant notre rencontre, mais à cette époque, vous étiez bien… humains, non ? »

Ganos le regarda et sourit.

« Et si nous discutions à l'intérieur » dit-elle.

À ce moment-là, la porte de la chaumière s'ouvrit. La femme y entra suivie par les trois adolescents. Hariel vit qu'ici aussi, rien n'avait changé.

« C'est très bien entretenu » remarqua Hermione.

« Myrddyn a fait en sorte que tout reste comme il l'a laissé avant de partir. »

« Est-ce que ça veut dire qu'il est… » commença Hariel.

« Mort ? Je ne pense pas » lui répondit Ganos. « Je pense que je le saurais. Il n'a pas refait l'ascension non plus, ça, c'est sûr. »

« Contrairement à vous » fit remarquer Dean.

Ganos sourit et la lueur de ses vêtements s'amplifia. En fait, c'était tout son corps qui brillait. Hariel sentit la peau de ses bras frémir. Il les regarda et vit qu'ils étaient couverts de chair de poule. C'était l'énergie qui se dégageait d'elle qui faisait cela. Non, elle ne dégageait pas d'énergie, elle était faite d'énergie. C'était ça, l'ascension.

« Et c'est parce que vous avez vous-même fait l'ascension à nouveau que vous savez qu'il ne l'a pas fait ? » Demanda Hermione.

Elle aussi ressentait les picotements de l'énergie.

« En quelque sorte. Mais prenons d'abord les choses dans l'ordre. »

Elle leur indiqua la grande table en bois de la salle à manger où se trouvaient quatre tasses de thé fumantes ainsi qu'une assiette de biscuits. Ganos s'assit au bout et les quatre autres autour d'elle.

« Il faut que vous compreniez que les êtres ascensionnés de la Voie Lactée forment une sorte de collectif qui possède une politique très stricte de non-intervention. Cependant, tous ne sont pas d'accord. Moros, enfin, Myrddyn, était de ceux-là. Sachant qu'il ne pourrait pas faire entendre raison aux autres, il a décidé de retourner sur Terre. »

« Et vous l'avez suivi ? » Demanda Hermione. « Vous aussi n'étiez pas d'accord avec les autres ? »

« Au début si, mais malgré nos idées divergentes j'ai quand même suivit Moros. Et puis j'ai vu ce qui était arrivé à nos descendants » répondit Ganos.

« Leur soumission aux Dieux et aux entités supérieure ? » Demanda Hariel.

« C'est cela. Même si ce n'était pas le but premier, Myrddyn a décidé d'aider les humains et en particulier notre peuple, les Magiciens. Ils voulaient les affranchies du joug des Dieux. »

« Et il y a réussi en créant sa propre magie » conclut Hariel.

« C'est cela. C'est exactement cela. »

« Mais les autres ne l'en ont pas empêché ? » Demanda Dean. « La non-intervention et tout… »

« Ils ne pouvaient rien faire puisque Moros avait renoncé aux pouvoirs qu'il avait reçus après l'ascension. Il ne possédait à l'époque que ses pouvoirs humains. Mais cela a été bien suffisant, non ? » Demanda-t-elle en regardant Hariel.

Celui-ci ne répondit pas. Il y eut un moment de silence. Tout le monde sentait qu'Hariel voulait dire quelque chose sans y arriver.

« Qu'est-ce qui s'est passé… après ? » Demanda-t-il.

Il était inutile qu'il précise de qui il parlait. Ses amis le savaient et Ganos aussi.

« Comme dans les légendes, le règne d'Arthur a été… grandiose. Il a uni l'Albion… l'Angleterre, sous une même bannière et a tenu tête aux Romains au Sud et aux Vikings à l'Est et au Nord. Officiellement, il était marié à Nimueh… Guenièvre. Mais comme tu le sais, les deux fricotaient aussi avec Moros. Dans leur entourage, tout le monde était au courent, mais personne n'a jamais rien dit, même pas quand Nimueh a donné naissance au Prince Héritier. »

Elle sourit, comme perdue dans ses souvenirs.

« De toute façon, cela n'avait pas d'importance. Il possédait une magie puissante et le pouvoir de manier Excalibur. Cela faisait bien de lui le fils de ses deux parents. Personnellement, je pense qu'il y avait aussi une part de Moros en lui. »

« Raison pour laquelle j'ai hérité de son sang » en conclut Hariel.

Il ricana.

« Parfois, je me dis que la magie ne peut plus m'étonner et… »

Il ne finit pas sa phrase. C'était inutile.

« Mais vous aussi vous avez eu un enfant d'Arthur, non ? » Demanda Hermione. « Hariel descend d'un côté d'Arthur, Nimueh et Myrddyn et de l'autre d'Arthur et vous. Est-ce vous et lui… »

« Il n'y a jamais rien eu entre nous » dit brusquement Ganos. « Je voulais un enfant de lui et Arthur a accepté de me le donner. »

Hariel savait que ce n'était pas tout. Pendant sa vie avec eux, il les avait observés. Arthur avait été attiré par elle, mais ce coup de cœur avait été totalement balayé après qu'il ait rencontré Nimueh. Par la suite, le jeune Démon doutait qu'il ait considéré la Mage comme autre chose qu'une sœur. Il avait de la tendresse et de l'amitié envers elle. Mais pas de l'amour. Cette enfant devait être pour Ganos le seul moyen d'avoir un peu de lui à ses côtés.

« Et ce fils, c'était… Mordred ? » Demanda Hermione.

« Euh… ça, c'était le nom du Magicien qui a essayé de conquérir l'Angleterre et qui a été tué par Uther » intervint Draco.

« Je pensais bien, mais dans les légendes arthuriennes… »

« Je croyais que tu avais compris depuis longtemps qu'il ne fallait pas se fier totalement aux légendes » soupira le Serpentard.

« Je le sais bien, c'est pour ça que je demande » s'exclama la jeune fille.

« Mais pourquoi aurait-elle donné à son fils le nom d'un meurtrier de masse ? » S'énerva Draco.

Hermione allait répondre à son tour sur le même ton, mais elle en fut empêchée.

« En fait » intervint Ganos. « Mordred était bien quelqu'un de ma famille… en quelque sorte. C'était… l'un de mes descendants. »

Il y eut un silence. Les quatre Magiciens laissèrent à la femme le temps de trouver ses mots.

« Quand j'ai fait l'ascension, mes enfants, eux, ont décidé de retourner sur Terre » expliqua-t-elle.

« Et donc Mordred descent d'eux en ligne directe » en conclut Hariel.

Ganos hocha la tête.

« Une fois à nouveau dans un corps, je l'ai senti. J'ai senti qu'il était de mon sang et j'ai voulu le connaître, me rapprocher de lui. C'est pour cela que je n'ai pas vu ce qu'il préparait. Moros avait essayé de me prévenir, mais je ne voulais pas l'écouter. Et quand enfin j'ai compris, il était trop tard. »

Elle eut un petit rire amer.

« Moros ne m'en a même pas voulu » dit-elle. « Il m'a même menti pour me protéger. Il a dit que Mordred avait détruit sa tour alors qu'il l'avait détruit lui-même pour l'empêcher de l'utiliser à des fins néfastes. Il ne voulait pas que je sache quel monstre il était devenu. Mais il n'a jamais rien réussi à me cacher… »

Elle prit une grande inspiration, comme pour chasser des larmes.

« Pour tout vous dire, mon fils s'appelait Galaad » reprit-elle. « Celui de Nimueh, c'était Lancelot. »

« Autant pour les légendes Arthuriennes » grogna Hermione à voix basse en se penchant vers Hariel.

« On voit mal comment ce Lancelot-là aurait pu tomber amoureux de Guenièvre… à moins que ce soit un complexe d'Œdipe. »

« Tu es dégueulasse. »

« Arrête, on dirait ta sœur. »

« Bien sûr, les nobles n'étaient pas d'accord avec cela » reprit Ganos. « Ils craignaient qu'un bâtard reconnu ne mette en doute la légitimité du prince héritier ou que des opposants politiques se servent de mon fils pour le manipuler et l'assoir sur le trône à la place de son frère. Arthur a dû promulguer une loi pour exclure définitivement Galaad et ses descendants de l'ordre de succession. »

« Mais c'est horrible ! » S'exclama Hermione.

« Et concrètement, ça veut dire quoi pour moi ? » Je descends à la fois de Lancelot et de Galaad, non ? »

« Quand on pense que notre vie ne peut pas être plus bizarre » grogna Dean.

« Excalibur t'a reconnu. Ce seul fait est une preuve incontestable de ta légitimité » dit Ganos d'une voix ferme en balayant les doutes du jeune Prince.

Puis elle se tourna vers Hermione.

« Et tu as raison, c'était une décision très difficile pour Arthur, car il aimait ses deux fils. Et pour le montrer à tous, il a donné à Galaad et à sa descendance un héritage aussi puissant qu'Excalibur. »

« Collbrande » dit Hariel.

Ganos hocha la tête.

« À cette époque, la secte des chrétiens était encore très jeune. Une mission était parvenue jusqu'à nous pour requérir le droit de s'établir en Grande-Bretagne. »

« La mission Grégorienne ? » Demanda Hariel.

« Avant cela » dit Ganos. « C'était une petite congrégation de puissants Exorcistes chrétiens venus en paix. Arthur a accepté leur présence à condition que leur prosélytisme reste modéré. En remerciement, Ils lui ont offert l'Épée Sacrée Collbrande, forgée avec le pouvoir de Yahvé comme Excalibur l'avait été avec celle de Dana. »

C'était un détail qu'Hariel ignorait. Il avait dû se perdre dans le temps, car il n'en avait jamais entendu parler. La famille de son cousin Arthur connaissait peut-être le secret, mais en tout cas, ils n'en avaient jamais fait part à personne. Cependant, il restait encore des zones d'ombre dans l'histoire de Collbrande.

En effet, Yahvé, le Dieu de la Bible était mort depuis très longtemps à cette époque. L'Épée devait donc être plus ancienne que cela, plus ancienne qu'Excalibur et les Exorcistes devaient descendre d'une tribu israélite qui servait déjà Dieu avant sa mort. Les Exorcistes l'ayant amenée étant chrétiens, il était probable que cette tribu ait reconnu en Jésus le véritable fils né de l'essence de Yahvé et se soit convertie…

« Et ensuite ? » Demanda-t-il.

« Ensuite, ça a été l'âge d'or et puis il y a eu Camlann. »

Donc cette partie des légendes était véridique.

« Arthur avait Excalibur et Collbrande » dit Hariel, « alors comment a-t-il pu… Il ne les avait pas, n'est-ce pas ? »

Ganos secoua la tête. Son regard était hanté.

« Les Exorcistes étaient nos alliés, mais leur confiance en leur dogme et en leur hiérarchie les ont aveuglés. Ils ont accueilli des frères de leur Église qui avaient été envoyés par le Pape afin de détrôner Arthur. Ils le considéraient comme un roi païen et voulaient mettre à sa place quelqu'un qui pourrait les aider à faire triompher leur foi en Albion. »

Hariel fronça le nez. C'était pour ça qu'il se méfiait des religions. Quelles que soient les bonnes intentions des débuts, au final, ce n'était qu'une question de pouvoir.

« Pour l'affaiblir, ils se sont servis de leurs alliés Exorcistes pour nous capturer, Nimueh et moi… et nous tuer. »

Dean sentit un poids sur son estomac. Cette femme devant lui avait connu ses ancêtres et elle parlait de leur mort. Cela lui faisait quelque chose. Puis il se tourna vers Hariel et son cœur se serra. La douleur pouvait se voir sur ses traits. Bien sûr, c'était aussi ses ancêtres à lui, mais il n'y avait pas que ça. C'était des personnes qu'il avait rencontré et surtout qu'il n'avait quittées que récemment alors qu'ils étaient encore en vie et heureux. Évidemment, il savait qu'à cette époque ils étaient déjà morts, il devait s'être fait une raison. Mais apprendre les détails exacts de leur décès, surtout si dramatique, cela devait le dévaster.

« Avant d'expirer, j'ai réussi à effectuer une nouvelle fois l'ascension. J'ai voulu emmener Nimueh avec moi, mais les autres m'en ont empêché. Je n'ai pu qu'assister à sa mort sans rien pouvoir faire. »

Il n'y avait aucune larme dans ses yeux. Ce n'était pas la peine, car sa tristesse se sentait dans les tremblements de sa voix et de sa mâchoire alors qu'elle parlait.

« Fou de douleur, Arthur a voulu nous ramener à la vie en utilisant la magie du Graal. Il a donc envoyé tous ses chevaliers à sa recherche. »

Et voilà les vraies raisons de cette quête mythique.

« Galaad et Lancelot voulaient aussi y aller alors leur père leur a donné Collbrande et Excalibur pour les protéger. »

« Laissant ainsi le Royaume sans protection » dit Hariel d'une voix blanche. « J'imagine… j'imagine que ses ennemis en ont profité. »

« Ils sont venus en force » acquiesça Ganos. « Arthur a mené ses troupes dans la plaine de Camlann, mais sans les chevaliers et sans les Épées Sacrées… »

« Il est… mort » souffla difficilement Hariel.

« Les chevaliers ainsi que Galaad et Lancelot avaient appris l'attaque, mais ils sont arrivés trop tard. Dans leur colère, nos fils à Nimueh et à moi ont utilisé leurs Épées pour détruire l'armée ennemie. Mais dans la bataille, Excalibur s'est brisée. »

« J'imagine que les survivants de l'Église ont récupéré les fragments » dit Hariel.

Ganos acquiesça.

« Sans elle, Lancelot ne pouvait plus prétendre au trône. Galaad, lui, ne l'avait jamais pu. Blessés, ils se sont séparés et ont continués chacun de leur côté, laissant Albion à l'abandon. »

« Et puis Galaad a fondé la lignée Pendragon dont descendent Arthur et Le Fay » dit Hariel.

« Mon fils n'avait pas droit au trône, mais bien au nom » répondit Ganos. « Dans sa famille, certains pouvaient porter Collbrande, d'autres possédaient des pouvoirs magiques et d'autres n'avaient rien, comme ta grand-mère Rose, qui est partie pour épouser Humphrey Evans et de qui tu as hérité mon sang. »

« Quant à Lancelot, sans l'Épée, il a cultivé sa magie et rejoint des communautés de Magiciens. Puis l'un de ses descendants, Linfred de Stinchcombes a fondé la Maison des Potter… »

À nouveau, Ganos hocha la tête.

« E... Excusez-moi » dit alors le jeune Démon en se levant.

« Hariel ! » S'exclama Draco alors que son… ami sortait de la maison.

« Je pense que tu devrais le laisser seul un petit moment » lui dit Ganos alors qu'il se levait à son tour pour le rejoindre.

« Mais il… »

« Oui, je sais, il souffre et tu pourras l'aider à aller mieux, mais plus tard. Pour l'instant, il doit évacuer sa peine. C'est le seul moyen pour qu'il retrouve sa tranquillité d'esprit afin d'accomplir ce pour quoi il est venu. »

« Qu'est-ce qu'il est venu faire ? » Demanda Dean en clignant des yeux.

« Le fourreau » dit Hermione. « Le fourreau pour Excalibur. »

« Oui » acquiesça Ganos. « Le fourreau qui, non seulement guérira ses blessures, mais aussi lui permettra de manier l'épée sous sa forme de Démon. »

La respiration d'Hermione se bloqua. C'était un sacré pouvoir qui serait bientôt entre les mains de son ami.

« Fort heureusement, le temps qu'Hariel revienne, nous allons pouvoir te préparer pour le rituel nécessaire à sa fabrication, Dean. »

Le jeune garçon sursauta.

« Moi ? » S'exclama-t-il. « Mais pourquoi moi ? »

« Moros n'est plus ici. Quelqu'un doit donc le faire à sa place. »

« Mais vous ne pouvez pas, je ne sais pas, lui demander de revenir ou chercher quelqu'un d'autre ? »

« J'ignore pas où se trouve Moros » répliqua Ganos. « Il se cache même de moi. Je sais juste qu'il se trouve quelque part dans cette Galaxie. Après la mort d'Arthur, il est resté veiller sur Galaad et Lancelot, mais quand eux aussi sont partis… pour oublier son chagrin il a décidé de reprendre son projet, celui pour lequel il s'était à nouveau incarné en premier lieu. »

« Quel projet ? » Demanda Hermione.

« Détruire les Ori avant qu'ils ne nous découvrent. »

« Détruire… des êtres faits d'énergie ? » Demanda Hermione, incrédule.

« Il savait que les Ori étaient toujours une menace, mais les autres ne voulaient rien faire. C'est pour ça qu'il est parti. »

« Bon, d'accord, Merlin est pas dispo. Mais vous ne pouvez pas le faire vous ? »

« Je n'ai pas de corps physique pour cela et je ne peux pas utiliser mes pouvoirs. Les autres s'en rendraient compte. »

« Mais… mais et la porte ? Le thé ? »

« C'est seulement la maison qui a fait cela, pas moi. Je suis sur la corde raide avec les autres. Même vous parler est risqué et je pourrais être rappelé à tout moment. »

« Mais pourquoi ça devrait être moi ? » Insista Dean. « Je ne sais pas forger ! »

« Tu es sûr ? » Demanda Ganos avec un léger rictus.

Dean se figea, incertain. Non… il n'avait quand même pas…

« Je crois que si » répondit Ahiram.

Aussitôt, des images apparurent dans son esprit et il se rendit compte qu'effectivement, il avait toutes les informations nécessaires pour remplacer Merlin lors de ce rituel. Il semblerait que les connaissances qu'il avait acquises n'étaient pas seulement alteranes, mais que son ancêtre en avait aussi rajouté des siennes.

« Quand le moment sera venu, Hariel ira chercher une branche de l'arbre de cristal puis tu procéderas au rituel et tu forgeras le fourreau avec son aide et celle du dernier ingrédient. »

« Le dernier ingrédient ? Tu veux dire… euh… pour Arthur, c'était Nimueh et pour Hariel… »

« N'a-t-il pas un être qui le chérit plus que tout au monde et qu'il chérit en retour ? »

Hermione ouvrit la bouche pour répondre, mais rien ne lui venait à l'esprit. Elle avait beau réfléchir, elle ne savait pas qui pouvait correspondre à cette description. Mais alors qu'elle cherchait, elle entendit la porte claquer. Elle regarda autour d'elle. Draco avait disparu.

0o0o0

Hariel n'était pas allé bien loin. Il avait juste besoin de sortir de cette pièce et de respirer. De respirer fort. Pour chasser les larmes.

Depuis qu'il avait rencontré son ancêtre, il avait espéré que les légendes étaient fausses et qu'Arthur et tous les autres étaient morts paisiblement dans leur lit. Bien entendu, il savait qu'il se leurrait lui-même, mais il voulait tellement y croire.

La vérité faisait mal. Très mal. Il ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qu'il aurait pu faire s'il avait été là, s'il avait pu… non, c'était inutile. Il ne devait pas penser comme ça. On ne pouvait pas changer le passé.

On ne pouvait pas non plus ramener les morts à la vie. Ou plutôt, c'était trop rare pour espérer que cela fonctionne. Peu avaient réussi. Jésus, Issei… mais ce qu'il fallait savoir c'était que tous ceux qui étaient revenus à la vie avaient été… transformés. Ils étaient revenus différents d'avant. C'était quelque chose que craignait Hariel parfois, le changement qu'il ne pouvait prévoir.

Il respira fortement pour évacuer sa tristesse. Il ne devait pas être triste pour eux. Il ne devait pas regretter leur mort, mais fêter leur vie. C'est ce qu'ils voudraient qu'il fasse. Il le savait.

Un bruit derrière lui le fit se retourner. C'était Draco. Il avait l'air inquiet. Hariel lui fit un petit sourire pour le rassurer.

« Ça va mieux ? » Lui demanda celui-ci.

« J'avais juste… besoin de prendre l'air. »

« Tu es sûr ? Mor… Ganos a dit qu'il faudrait que tu sois en paix avec toi même pour le rituel du fourreau. »

Hariel écarquilla les yeux.

« J'avais complètement oublié ça » dit-il avec un léger gloussement. « Elle a dit qu'on allait pouvoir le faire ? »

« Oui et il semblerait que c'est Dean qui va devoir s'y coller » ricana le Serpentard. « Apparemment, Merlin lui a laissé des consignes dans la tête. »

Hariel éclata de rire.

« Il ne me restera plus qu'à aller à la Grotte Sans Retour pour une branche de cristal et puis… »

Il blêmit. La branche n'était que l'un des deux ingrédients nécessaires. Il fallait aussi un protecteur. Une personne qui serait le gardien du fourreau, son pendant humain. Une personne… une personne qui l'aimait autant qu'il l'aimait. Existait-il seulement quelqu'un qui corresponde à cette description dans son entourage ?

« Laisse-moi le faire » dit alors Draco.

« Quoi ? » Demanda Hariel, surpris.

« Le réceptacle. Du fourreau. Laisse-moi faire ça pour toi. »

« Draco… » commença prudemment le jeune Démon.

« Après ce qui s'est passé à Agreas, je veux être utile ! »

« Mais tu es… »

« Non ! Tous les autres ont progressé, mais moi au contraire j'ai régressé. Ne le nie pas, je sais que tu le sais. HariEx t'a transmis ses souvenirs. Maintenant, c'est comme si c'était les tiens. »

« C'est vrai, je t'ai vu faire une erreur. Une erreur dangereuse, mais qui n'a aucune conséquence. Tout le monde va bien » le rassura Hariel. « Toi y compris. Et j'apprécie ce que tu fais. J'apprécie que tu veuilles m'être utile, mais je ne pense pas que ça suffise pour… »

« Je t'aime ! » S'écria alors celui-ci.

Hariel écarquilla les yeux face à cette déclaration spontanée. Devant lui, Draco rougissait furieusement, mais son étaient braqués sur le sien.

« Ça fait longtemps que je suis auprès de toi, mais je n'avais pas remarqué au départ. Mais voilà. Je t'aime. Je suis amoureux de toi. »

Il avait le souffle court, comme si chaque mot qu'il prononçait lui demandait un effort considérable.

« Dans un de tes articles, tu as écrit ce qu'il faut pour faire un couple. »

« Tu lis mes articles ? » Demanda Hariel avec un sourire tendre.

« Tous sans exception ! » S'exclama Draco. « Je ne comprends pas toujours tout, mais celui-là, j'ai compris. Tu as dit que pour qu'un couple sur, il fallait que les personnes qui en font partie ressentent mutuellement de l'amitié, du désir et de la tendresse. On est ami depuis avant même que je ne sois ton serviteur et je te désire comme un fou depuis que mon corps peut désirer quelqu'un. Quand à la tendresse… je ne savais pas ce que c'était et c'est toi qui me l'as montré alors je veux partager la mienne avec toi. »

Puis Draco se tut soudain. Comme dans l'attente. Hariel, lui, le regardait avec un œil nouveau. C'est vrai, Draco avait toujours été son ami, un ami sincère, mais il y avait bien plus que cela entre eux, une alchimie. Draco le désirait. Il le désirait de tout son être. Il désirait son corps, son esprit, son âme. Cette passion qui le dévorait, Hariel l'avait senti, mais lui non plus n'avait pas compris ce que cela signifiait. Il y avait des gens qui aimaient son âme, comme sa famille, ses amis, d'autres désiraient son esprit, son intelligence. Il y en avait même qui désiraient son corps, mais Draco était le seul à le vouloir lui entièrement, au-delà de ses biens matériels et de ses titres. Juste lui.

Et Hariel aimait cela. Après tout, qui ne rêverait pas d'être inconditionnellement chéri ?

« Je le veux » dit-il alors presque inconsciemment.

« Qu… quoi ? » Balbutia Draco.

« Je le veux » répéta Hariel.

Et cette fois, il n'y avait rien d'inconscient ou de léger. C'était volontaire et très sérieux.

« Je le veux Draco. Je veux que tu sois mon fourreau… et plus encore » ajouta-t-il en se jetant dans ses bras.

Draco se figea. Le corps d'Hariel était contre le sien, son torse contre son torse et sa tête dans le creux de son cou. Dans un premier temps, il n'osait pas bouger. Puis, prudemment, il passa ses bras autour du corps de son… son ami ? Son petit-ami ? Il ne savait pas, mais il s'en fichait. En fait pour le moment, une seule question le taraudait.

« Euh… tu as dit que j'étais ton fourreau… mais… euh… c'est que pour l'épée, hein ? Je pourrais quand même de temps en temps… tu sais, être au-dessus ? »

Hariel poussa un léger rire puis approcha sa bouche de l'oreille de son compagnon.

« Si tu es sage, peut-être » susurra-t-il.

Puis il se recula. Il regarda affectueusement Draco pendant quelques instants puis ferma les yeux et avança les lèvres. L'autre garçon écarquilla les yeux et son visage devint encore plus rouge. Il hésita un peu puis se décida à saisir sa chance. Fermant les yeux à son tour, il tendit ses lèvres vers celle d'Hariel. Il avait chaud, très chaud, trop chaud. Plus il descendait et plus il se sentit bouillir de l'intérieur. Puis soudain, quelque chose se mit à couler de son nez..

« Merde ! » S'exclama-t-il en plaçant une main sur son visage pour arrêter le saignement.

Hariel de son côté savait ouverts les yeux et éclate de rire.

« Ce n'est pas grave, Draco » dit-il en essayant de ne plus trop montrer son amusement. « On fera mieux la prochaine fois. »

0o0o0

Il n'avait pas fallu longtemps à Hariel pour revenir de la Grotte Sans Retour avec sa branche de cristal. Dean lui aussi était prêt. Ainsi que Draco.

Une nouvelle fois, il ne devait pas rester beaucoup de souvenirs de la cérémonie à Hariel. Mais Draco en avait vécu chaque instant. Il avait laissé sa chaire brûler quand Dean avait placé le fourreau encore à vif sur ses mains nues. Il avait donné son sang pour le mélanger à l'eau qui allait refroidir l'objet et il avait donné ses larmes pour remplir l'objet de pouvoir.

Au final, Hariel put enfin saisir le fourreau et y placer son épée. Il la brandit et laissa ses cheveux redevenir rouges alors qu'il ouvrait ses sceaux. Aucune réaction, aucune douleur. Ils avaient réussi.

Cependant, voyant que le soleil se couchait, il s'adressa à Ganos.

« Je crois que nous allons devoir rentrer » dit-il. « Il se fait tard. Mais… euh… si je reviens, est-ce que tu seras là ? »

La jeune femme secoua la tête.

« Je ne peux pas rester éternellement ici. Les autres ne le tolèreraient pas. »

« Pourtant… tu avais promis de m'apprendre les sorts de soins suprêmes… » dit Hariel, un peu triste.

Mais Ganos fit alors un sourire.

« Je peux toujours te les apprendre tout de suite, à toi ainsi qu'aux autres. Ce sera sans doute long, mais après tout, ce n'était pas comme si le temps avait de l'importance ici. »

0o0o0

Une nouvelle fois, Dean avait choisi l'arrière-cour de ses parents pour revenir sur Terre. C'est ainsi que dans un flash de lumière, quatre personnes apparurent soudainement dans une banlieue londonienne sans que personne ne le remarque.

Une fois arrivé, Dean rangea le Compendium dans son harnais. Le Sceptre de Merlin, lui, était destiné à prendre une tout autre forme, celle d'un bracelet métallique autour de son poignet. Puis il se tourna vers sa maison et soupira.

« Je n'arrive pas à croire que ça fait un an qu'on est parti, mais qu'ici on est toujours là même après-midi que pour notre départ » dit-il.

« Personnellement j'adore les Bulles de Dilatation Temporelle » dit Hariel en faisant référence à la technologie qui influait sur le temps à Avalon.

« Moi je suis plus enthousiasmé par le truc qui fait qu'on n'a pas du tout l'air un an plus vieux qu'on le devrait, tu trouve pas ? » Demanda Hermione.

Hariel allait répondre, mais il fut interrompu par une sonnerie. Lâchant la main de Draco (qu'il avait beaucoup tenue pendant cette année loin de chez eux), il sortit donc son téléphone portable, regarda l'écran et fronça les sourcils.

« Étrange, c'est Heathcliff » dit-il en acceptant l'appel de son majordome.

Depuis la fin de la scolarité d'Hariel à Boston, celui-ci était resté à la maison de Mission Hill avec Catherine afin de s'occuper des lieux et des personnes à qui il prêtait les clés pour des vacances.

« Bonjour Monsieur » dit la voix grave du Démon. « J'ai essayé de vous joindre plusieurs fois aujourd'hui, mais sans succès. »

« Mm… oui » répondit Hariel. « J'ai été… hors réseau… en quelque sorte. »

Il pouvait presque entendre Heathcliff lever un sourcil interrogateur depuis l'autre bout du fil. Il faut dire que son téléphone avait été trafiqué par Ajuka Belzébuth lui-même. Les chances d'être hors réseaux étaient légèrement improbables.

« Toujours est-il que je vous appelle pour vous prévenir que vous avez une invitée. Une certaine… Rita Skeeter ? »

À suivre…

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Woah….et encore un chapitre de fini. En plus, il est bien long. J'espère que ça vous a plu ?

Je suis pas sûr au sujet de la dernière partie sur Obama, avec Washington. Je sens que je devrais en dire plus pour éviter les malentendus ou autre, mais en même temps c'est un détail mineur dans le récit, non ?

Au fait, en parlant de ça, dans cette partie, à part le Colonel West, tous les personnages sont réels. J'ai fait des recherches pour avoir leur nom et tous et toutes.

La nouvelle la plus importante ici c'est quand même la DÉCLARATION, non ? HPDM forever! Vous avez pas trouvé ça super chou ? Moi oui. J'avoue, même moi je m'y attendais pas. Bon, je savais que j'allais écrire quelque chose comme ça, mais c'est seulement en l'écrivant que je me suis dit Wow, ça y est, c'est le moment…

Comme je l'ai fait pour VORACITY, j'ai commencé à utiliser un correcteur orthographique pro. Bon sang, qu'est ce que je peux faire comme fautes et comme répétitions. J'espère que vous aurez noté les changements.

En tout les cas, n'hésitez pas à m'envoyer des commentaires. Surtout si y'a des trucs que vous ne comprenez pas ou qui sont mal expliqués. Aucune question n'est stupide. Sinon je vous dis à la prochaine fois.