Rohlàlà, je devais poster mercredi….
– Ben pourquoi tu postes que maintenant alors?
À ton avis?
– Tu t'es fait bouffer par un anaconda maléfique?
… Grave. C'est pile pour ça. Rien à voir avec mon moral dans les chaussettes.
– Faut s'méfier des anacondas maléfiques, j'l'ai toujours dit.
… Seigneur mais Bélial t'as collé une droite dans les mignonnes pour que t'aies les neurones autant à l'envers ou…?
– … Nan. Cuite.
Ah.
– On a vidé toutes les réserves de vin de messe du Vatican hier soir avec Lilith, juste pour les faire chier. C'était de la piqueeeeeeeeeeette… mais y'en avait genre… 15 258 quintals?
… ben putain. T'as les neurones qui font plouf-plouf dans du vin de messe.
– 'Xaaaaactement.
Elle est folle ta vie, Lulu, c'est fou.
BREF! J'avais bien fini de taper le chapitre pour mercredi sauf que ouais, j'avais pas la tête à ça, c'est pas la méga forme en ce moment je vous l'avoue, on vient de m'annoncer que je ne pouvais pas rester squatter chez les gens qui m'hébergent et du coup c'est un peu le binns. J'vais me débrouiller hein, pas d'inquiétude à avoir, mais ça fait assez mal au p'tit cœur tout mou quand on vous sort une nouvelle fois que l'endroit que vous appelez pourtant votre chez-vous ne l'est pas et vous devez vous en aller.
Du coup, j'vous cache pas que ça fait deux semaines que j'ai du mal à écrire (j'ai dû pondre quoi… 3K?) (c'te blague). J'ai bien commencé à écrire le prochain mais il se peut qu'il sorte avec du retard. Mais on verra en temps voulu ça! Quoi qu'il en soit, je n'arrête pas cette fic.
Pour ce chapitre, on laisse un peu de côté Kaede et sa tendre (pour ce qui est de ce qui arrive à Sûuko… héhé, ça sera un prochain chapitre!) (avouez vous m'aimez) et on retourne voir Beni dans son monde intérieur… même que c'est le bordel.
EH, EH, AU FAIT!
ON A TAPÉ LES 600 REVIEWS
600! MOTHERFUCKING! PUTAIN! DE! REVIEWS
J'VOUS AIME BORDEL DE CUL À CORNES
(j'ai tellement lâché une danse du bonheur comme une débile quand j'ai vu ça, MERCI PUTAIN DE BORDEL DE MERDE, MERCI DU FOND DE MON CŒUR QUI CHIALE DES PAILLETTES DE BONHEUR LÀ)
.
Merci à Triuss POUR CETTE PUTAIN DE 600È REVIEW AAAAAH! et je suis bien contente que mon histoire qui part dans tous les sens te plaise héhé
Et merci à Rizalone, encore et toujours! Tu gères! Je suis contente que la description te plaise, j'ai adoré l'écrire!
Discalibur :c'te fic est un bordel complètement anarchique avec mes persos pas super-super futés au milieu et ceux de Bleach, de Tite Kubo, et le tout… ben le tout, c'est du gros n'importe quoi
130. Fini de jouer, Mini Charbon Poilu!
Quelque part. Benikyogai Benitsuki, beau milieu d'une des bastons les plus randoms qui soit..
Alors franchement au début, ça allait encore. Une bonne vieille baston classique à coups de patates dans la gueule, de genoux dans les couilles et de pieds dans les tripes, tout ce qui est de plus lambda et habituel. Le bon gros défouloir de base, quoi. Bon, ça manquait d'armes, d'hémoglobine et de dents qui volent mais à part ça, rien de zarbi.
Pis après, c'est parti complètement en steak… mais en steaks chelous, en fait.
J'veux dire, j'en ai connu, des bastons qui partent dans tous les sens, du genre que même Madame Irma avec une bouteille de whiskey pur mal dans les veines n'aurait su prédire. Mon truc, c'est quand même de me bastonner à moitié à oilpé contre des hollows qui tapent entre 10 et 30m de haut et les hollows, c'est du grand n'importe quoi en termes de créations made in Kami-sama. Ça n'a aucun sens ces trucs : vas-y qu'il y en a un qui vole, un autre qui ressemble à un hérisson fusionné avec le réacteur 4 de Tchernobyl, un autre qui crache du feu violet ou encore un qui pète en rythme sur l'air de la macarena, c'est un putain de festival sans queue ni tête ou presque.
Tout ça pour dire que la bastion qui part en steaks, chuis habituée. Mais là, c'est parti en steaks façon cosmique, avec des steaks à cornes et à pustules. En fait, c'est à partir du moment où les arbres ont rejoint le combat qu'on a atteint le Grand et Sublime N'importe Quoi.
– VIENS T'BATTRE, ENFOIRÉ DE SHAOLIN HORTICOLE! je hurle à pleins poumons tout en assenant mon talon droit de toutes mes forces contre le sol, pile là où se tenait une vicieuse branche une micro-seconde auparavant.
C'est qu'ils esquivent vite, ces p'tits bâtards consanguins à feuilles. Je reprends mon souffle un court instant et puis go, pirouettes en l'air façon Beni le Barbare et c'est parti pour un nouveau festival de tatanes volantes.
Là tout de suite, c'est un peu l'apocalypse façon arbres : avant que ça ne parte en steaks à cornes et à pustules, ils étaient chacun à leur place, tranquillement à vivre leur vie chlorophyllienne d'arbres je suppose sous les rayons du soleil et avec les piafs qui chantonnent cui-cui comme des bienheureux… et maintenant ben, c'est plus trop ça.
Au départ, c'était un simple un contre un, moi contre le type me suivant, planqué dans les hautes herbes : j'ai bondi en hurlant – classique – et j'ai tenté de la jouer en un coup et de l'assommer direct sauf qu'il est rapide le bougre, plus rapide que ce à quoi je m'attendais et aussi plus petit et du coup, il m'a royalement esquivé – moins classique, ça.
Évidemment, je l'ai poursuivi de coups de pieds fouettés et retournés à travers les hautes herbes en beuglant un paquet de conneries à la seconde. On aurait pu penser qu'il allait fuir en ligne droite mais non, il s'est mis à faire tout un tas de zig zag complètement tarabiscotés, c'était d'ailleurs plutôt drôle. En fait, c'était si drôle qu'il se marrait tout seul et je pouvais l'entendre éclater de rire d'un pur bonheur de temps en temps à autre.
Ouais, je sais, dis comme ça, ça fait un peu bizarre : j'poursuis un gus tout petit et super rapide en essayant de l'aplatir comme une vulgaire crêpe et lui… il se marre. Évidemment que ça fait bizarre dis comme ça mais sur le coup, moi je n'ai pas trouvé ça chelou. Et d'ailleurs, je ne trouve toujours pas ça chelou, alors qu'il continue à se marrer comme un enfant en train de jouer au meilleur cache-cache de la terre entière et que maintenant, les arbres sont aussi de la partie.
En fait… ben je crois bien que c'est un enfant, ce type. Bon un enfant super chelou et probablement dopé à des trucs pas du tout légaux – aucun enfant sur cette putain de terre ne serait capable de me balader ainsi – mais je sais pas, il y a quelque chose qui me dit que c'est un enfant.
Pourtant, il a une voix grave, rien à voir avec celle du p'tit chaperon rouge partant chasser le grand méchant loup au bazooka – j'aimais bien quand Maman me racontait ce conte, j'crois qu'elle improvisait au fur et à mesure en fait… mais c'était rigolo et franchement, fallait voir les têtes que Sûuko faisait, c'était trop drôle. Mais je sais pas, c'est dans sa manière de rire, sa manière de m'esquiver et de piquer une boulette à travers les herbes hautes… Ouais, un gosse dopé qui joue à cache-cache, le tout au milieu d'un verger des plus randoms qui soit où les arbres ont soudainement décidé de laisser tomber leur couverture d'arbres-trop-sages-qui-bougent-jamais-alors-qu'en-fait-c'est-des-putains-de-machines-à-tuer.
Ce qui me titille tout de même c'est que je n'ai toujours pas réussi à lui foutre la main dessus. En fait, je n'ai même pas encore réussi à voir à quoi il ressemble ! Ça se trouve, ça fait vingt minutes que je course un munchkin vert à pois roses et je ne le sais pas, ah. Enfin, qui qu'il soit, Munchkin ou lutin du père Noël égaré, je suis sûre d'une chose, il n'est pas vert à pois roses, il est noir. Pas noir, genre noir de peau, nan il est noir genre sa daronne c'est le vide spatial et son daron c'est de l'obsidienne, il est noir genre pot de peinture couleur trou noir, il est noir, noir, noir. Charbon noir.
Et puis même, j'crois pas qu'il ait de peau… Nan, c'est pas un munchkin écorché que je course, merci bien, c'est juste que du peu que j'ai réussi à apercevoir de lui pour le moment, j'ai quand même la nette impression qu'il a un pelage. Meilleure hypothèse, c'est un morceau de charbon à fourrure frappé de gigantisme et ayant passé un pacte avec le peuple des arbres moines shaolins. Franchement, ça se tient.
– TA GRAND-MÈRE LE TOURNESOL, FACE DE RAT CONSANGUIN À BITE PUSTULÉE! je hurle en bondissant en arrière histoire d'éviter un revers de branche particulièrement vicieux.
Ah ouais, ouais, les arbres, faut que je vous explique le coup des arbres… Je récapitule : début de baston tout ce qu'il y a de plus normal avec ce gars si vif et rapide qu'il esquive la plupart de mes coups avec un peu trop de facilités, échange de grosses patates dans la gueule – pour un petit gabarit, croyez moi qu'il a une sacrée droite – et on s'envoie mutuellement voler dans les herbes hautes qui ont d'ailleurs l'avantage de super bien amortir les chutes, c'est génial.
Puis à un moment, je sais pas, je commence à avoir une patate de tous les diables, l'illumination de la Noble Patate de la Déesse Baston ou une connerie dans le genre et je me sens un regain d'énergie. Et là, ça commence à puer pour sa face de charbon poilu parce que je bloque vachement mieux ses coups et je commence à carrément m'adapter à sa vitesse. J'étais pas peu fière, je l'avoue. Eh, c'est que j'ai été entraînée par la grande, l'unique, l'incroyable Kaede Amaikoddoku, j'ai une réputation à tenir tout de même, j'allais pas non plus me faire boloss par un p'tit machin à poil qui court dans l'herbe. Donc je le sens vachement bien, j'accélère encore le rythme – et il continue à se marrer hein – et là… les arbres contre-attaquent.
À un moment, toute contente de moi, j'ai réussi à l'acculer contre un arbre ou presque et j'étais plutôt contente de pouvoir enfin le chopper. Sauf qu'au lieu de se mettre à paniquer parce que Super Beni va lui tomber sur le coin de la gueule comme la misère sur le monde, il a éclaté de rire et foutu un coup de poing à l'arbre derrière lui.
Si, si, une patate. En plein dans le tronc de l'arbre.
Même que c'était chelou – outre le fait qu'il attaque ainsi un arbre qui ne lui a strictement rien fait… à moins que l'arbre ait insulté sa daronne en langage d'arbre, j'ai pas fait gaffe – j'ai du coup pu clairement apercevoir son poing et là c'était rigolo parce qu'il était tout blanc, comme s'il l'avait fourré tout entier dans un pot de crème chantilly.
Enfin bref, il a donc collé une droite à l'arbre et l'arbre a pas dû kiffer parce que juste après, j'ai pris une racine en pleine gueule. Mais attention, pas la racine style carotte non la putain de racine de putain d'arbre moine shaolin putain de vénère, un machin de quinze centimètres de diamètre à pleine vitesse en pleine gueule. Et bordel, ça fait mal à l'impact de se le prendre dans la poire. J'l'avais bien dit que les arbres c'était des p'tits vicieux !
Résultat, j'ai volé quinze bons mètres en arrière et j'me suis écrasé sans la moindre grâce contre un autre arbre, en plein dans ses petites feuilles vert amande. Enfin… ça, c'est ce que j'ai cru mais quand les branches dudit arbre se sont à leur tour réveillées, j'ai vite capté que non, je ne m'étais pas écrasé sur le-dit arbre, celui-ci m'avait attrapé au vol. Tout simplement.
Bref, j'ai hurlé, je suppose que l'arbre lui aussi a hurlé de surprise et ses branches se sont brusquement écartées et j'ai aussitôt atterri dans l'herbe moelleuse à ses pieds. À ses racines ? Aucune idée de la sémantique arbrifique merci bien. Évidemment, aussitôt de retour sur la terre ferme, j'ai piqué une boulette. L'instinct de la baston est relativement simple : quand la situation te dépasse, tire toi bordel. Ma spécialité, c'est les pains dans la gueule mais chuis pas trop naze en sprint non plus.
Sauf qu'en fait, ça n'a servi à rien du tout : j'étais cernée. Allez, grand maximum j'aurais pu fuir sur cinquante mètres… mais pas plus parce que tout autour de moi, tout bêtement, y'avait soudainement des arbres. Tous les arbres de cette foutue plaine… Bon, peut-être pas tous, j'en sais rien, mais aux dernières nouvelles, ils étaient tous éparpillés aux quatre coins de ce bled, clairement pas en train de faire une jolie petite ronde maléfique d'arbres moines shaolins à deux doigts de sacrifier je ne sais pas moi, à tout hasard ma face de fraise transgénique hein, à leur divinité de la chlorophylle satanique.
Choquée par ce spectacle et la vitesse à laquelle ils avaient pu se déplacer, les yeux incapables de se détacher de leurs branches se mouvant lentement alors qu'il n'y avait plus la moindre trace de vent ici, je l'avoue, j'ai pilé sur place, les yeux grands comme des soucoupes et la mâchoire quelque part au trente-sixième sous-sol. D'ailleurs, je dois dire que les arbres sont carrément bons joueurs, aucun d'entre eux ne m'a attaqué à ce moment-là – alors que clairement, y'avait une ouverture quoi.
Mais à la seconde où l'ébahissement a arrêté de court-circuiter ma pauvre cervelle, ils sont passés à l'attaque. Et moi j'ai hurlé « RAMENEZ VOS FEUILLES, BANDE DE PUCELLES ! » Pis depuis ben j'me bastonne avec des arbres. Voilà.
– NIQUE TA RACE DE CHLOROPHYLÉ, ESPÈCE DE MARGUERITE ANÉMIÉE! je hurle, toute inspirée par le nouveau champ d'insultes végétales que ce binns sans nom m'inspire et je me sers avec bonheur d'une des branches qui vient d'essayer de m'aplatir comme une crêpe pour rebondir et aussitôt repartir.
Mon insulte beuglée avec force vire en hurlement de bonheur alors que je me saisis d'une autre branche pour faire basculer tout mon corps sur le côté et envoyer mon pied gauche déglinguer le bout de racine qui a l'air bien décidé à me faire des guilis – ou des trous dans le bide, au choix. Un sourire fou dévorant mon visage, j'enchaîne aussitôt par un magistral coup de boule sur une branche que je fais ainsi dégager à quelques mètres de moi. Franchement, c'est le pied total.
J'veux dire… ça fait un bout de temps que je me doute que les arbres nous cachent quelque chose. Tora a beau me regarder avec des yeux ronds quand je lui en parle, j'ai toujours trouvé ça super suspect qu'ils passent leurs journées parfaitement immobiles à ne pas bouger d'un pouce. On est d'accord que ça pue carrément le coup fourré.
Vu le nombre de troncs d'arbres en déplacement que je peux compter à l'instant présent – au moins douze… en plus ils sont plutôt lents niveau déplacement racinaire du coup ça va, c'est pas trop compliqué pour garder le fil – j'avais bien raison en disant que si, ils pouvaient bouger. La preuve, ils sortent leurs racines, tentent de me chopper ou de me coller une patate – … en vrai, là, le terme patate est archi approprié vu que les patates sont des racines… putain chuis un génie – puis retournent dans la terre un bon mètre plus loin et PAF, déplacement des arbres. Bon, ils sont nuls à chier au cent mètres et se feraient battre à plates coutures par les tigraux de la Meute sans que ceux-ci ne fassent trop d'efforts mais OH, PUTAIN LES GENS, LES ARBRES BOUGENT ! LES ! ARBRES ! BOUUUUUUUUGENT !
J'avais raison depuis le départ ! J'vais tellement chopper un prix Nobel putain.
Leurs branches sont plus rapides que leurs racines et heureusement parce que sinon niveau baston, ça serait clairement d'un ennui mortel… dans ce cas-là, autant aller se fritter avec le troisième âge directement, y'aura plus d'adrénaline. Mais dans l'ensemble, elles ne sont pas non plus vives comme l'éclair. Le souci, c'est leur nombre. Un arbre, c'est euh… beaucoup de branches. Alors douze arbres multiplié par beaucoup de branches… même si on soustrait ma badassitude… qu'on a quand même divisé par le manque de Kamishini mais qu'on a multiplié par mon légendaire art de la patate cosmique et qu'on met le tout au carré… euuuuuuh… ben ça fait quand même un beau challenge pour ma tronche. Même que c'est purement mathématique.
Quant à mon p'tit bout de charbon à pattes carrément rapide ben… aucune idée où il se trouve exactement. Oh, il est toujours là aucun doute, j'peux sentir sa présence autour de moi. Merde quoi, après l'avoir coursé en une drôle de partie de chat-torgnoles-dans-la-gueule pendant euh, un bon temps – toujours aucune idée de combien de temps s'est écoulé ici – c'est quand même la moindre des choses.
Ça reste un peu chelou parce que rien que la présence de Tora, ça m'a pris des années à la ressentir… et encore plus d'années à prendre conscience que cette drôle de sensation qui me faisait sourire comme une crétine, ben c'était la présence de Tora. Et Mini Charbon Poilu là, en maximum une heure j'arrive à la repérer et à l'identifier ? C't'un peu chelou quand même… oui, chuis hyper badass et tout mais ça fait une courbe de progression un peu piquée aux stéroïdes là quand même.
Mais ouais, il est toujours là. Et vu qu'il continue à éclater de rire comme un gosse avec les deux mains dans le pot de Nutella à intervalles à peu près régulières ouais, je sais grosso merdo où il se trouve. C'est pas compliqué, depuis qu'il a frappé le tronc tout à l'heure et que ça a déclenché la crise d'adolescence collective de tous mes p'tits potes à feuilles, je ne touche plus le sol ou presque : c'est un festival de branches et de racines se déplaçant dans les airs à une vitesse suffisamment importante pour que j'y consacre toute mon attention et déploie un sacré paquet de techniques secrètes de viking volant pour ne pas me faire défoncer ma gueule.
Les racines sont plutôt lentes mais les branches, surtout les plus fines, c'est une autre paire de manches… Eh, ça reste des putains de moines shaolins qui maîtrisent le kung-fu arboricole du turfu, faudrait voir à pas les sous-estimer non plus. Pis j'vous dis pas à quel point l'impact doit chatouiller ! Perso, je ne suis pas pressée de le découvrir.
Enfin, désormais, ça ne se passe plus sur la plaine du tout mais au sein de la canopée de ces arbres qui se sont regroupés apparemment pour me péter la gueule. En vrai, vu la masse que font toutes ces branches en mouvement, je pourrais presque me croire en train de crapahuter comme une andouille dans les arbres de nos Montagnes tandis que Tora panique quelques bons mètres plus bas à l'idée que j'lui fasse une Beni la Crêpe et m'éclate à ses pattounes de tigrou. Enfin presque, ces arbres là sont loin du méga chêne centenaire et vénère qu'on se trimballe à la palanquée chez nous…
Bref, tout ça pour dire que si effectivement, je bondis à quelques mètres du sol dans les branchages en permanence, c'est également son cas. Il était déjà rapide au sol et au milieu ces herbes hautes mais là, c'est carrément autre chose. Parce que là, ça doit faire trois fois qu'il parvient à faire tout le tour de ma position alors que je bondis en tous sens, attaque et contre-attaque sans répit au milieu de branches comme autant de tentacules à feuilles. L'est rapide, l'enflure.
Je ne suis pas particulièrement lente non plus mais franchement, au beau milieu de ce déluge arboricole en tous sens, forcément, ça ralentit et ça donne lieu à pas mal d'esquives sur place. À la base, j'essayais de sortir de cette masse de branches et de feuilles volant en escadrilles mais depuis tout à l'heure, j'ai du faire maximum cinq mètres. Mais lui naaan aucun soucis ! M'est avis qu'il est en fait bien plus rapide parmi ces branches qu'à terre.
Tiens d'ailleurs au passage, ce qui est chelou c'est qu'elles ne visent pas trop la tête. Bon, peut-être que je me plante, je ne suis pas experte au combat ès arbres mais ouais, j'ai surtout l'impression qu'elles tentent de m'envoyer voler ou de m'attraper, pas vraiment de m'éventrer. J'suis juste en train de m'éclater comme une gamine, j'vous jure. Ça me rappelle un peu les entraînements de Maman de quand j'étais petite j'vous avoue. Sauf qu'elle avait pas une tronche d'arbre, quoi.
Et ça continue ainsi, sans que je ne prête attention au temps qui passe. Il n'y a rien de grave ou d'urgent, ici, juste… je ne sais pas moi, un moment sympa. Une bonne sieste à l'ombre d'un arbre par un beau jour de printemps, une bonne baston contre un Mini Charbon Poilu, une bonne baston contre de vicieux arbres moines shaolins… aaaah, la belle vie. Manque plus que Tora.
Me sentant de plus en plus à l'aise dans ma baston arboricole, j'écrase mon coude droit pile dans le creux de la branche qui tente de me chopper à la hanche et me sert de l'impact pour enchaîner avec un joli rouler-bouler aérien que je parachève avec un très beau coup de pied volé – si, si, du grand art. Mon talon renvoie au loin une énième racine tandis que j'éclate d'un long rire de barbare et bascule sur le côté avec dans l'idée de chopper deux branches au vol et de les nouer ensemble, histoire de bien les emmerder.
J'suis bien partie dans mon élan pour en faire du macramé que soudain, quelque chose attrape ma cheville droite.
– GAGNÉ ! s'exclame aussitôt la voix du tit bidule qui éclatait de rire et que je course depuis tout à l'heure à mes pieds.
Immédiatement, comme si ce cri dans lequel son sourire est parfaitement audible sonnait la fin des hostilités, les branches ralentissent leurs mouvements puis, le plus tranquillement du monde, reprennent une position plus regroupée autour de leurs troncs respectifs tandis que j'écarquille les yeux.
Puis je perds brusquement l'équilibre et tombe tête la première vers le sol vu que les branches qui me servaient d'appui se barrent en même temps que leurs troncs repartent tranquillement reprendre leurs positions en verger. Évidemment, je lâche un juron… et évidemment, je ne m'écrase pas la gueule au sol vu que notre individu mystère me tient toujours par la cheville. Et que visiblement, lui, il sait tenir dans un arbre.
La tête à l'envers et franchement vexée, je relève la tête pour enfin savoir à quoi il ressemble – et l'insulter aussi un peu probablement, je ne suis pas bonne perdante – sauf que j'ai à peine le temps d'esquisser le geste qu'il imprime brusquement un fort mouvement sur ma cheville et… euh, ben en gros, il me balance en l'air. Genre… deux ou trois mètres au dessus de lui.
– YOUPIE ! fait-il.
– AAAAAAAAAAH! je hurle, un peu à court de répartie stylée tandis qu'il éclate à nouveau de rire.
Alors que je sens que mon corps va entamer sa descente, battant un peu bêtement des bras, je jure à nouveau puis hop, petit salto des familles et je me récupère correctement sur une des branches épaisses du seul arbre qui est resté à sa place like a boss. Merde, il s'est planqué derrière le tronc. Ooooh, marre du cache-cache !
– Bon! je souffle d'un coup sec. Fini de jouer, Mini Charbon Poilu !
Je me redresse promptement.
– Ben oui, répond t-il tranquillement de sa voix aux accents un peu enfantins.
Et d'un mouvement souple, se balançant d'une main accrochée à une branche au dessus de sa tête, il sort enfin de sa cachette et je peux enfin le voir clairement.
– Salut. lâche t-il avec les yeux pétillant de joie et en sourire révélant de larges crocs d'ivoire.
… Woaw.
UNE PELUCHE QUI PARLE !
Je m'explique ! Mini Charbon Poilu est bien plus petit que moi, disons que si j'étais debout à côté de lui, sa tête m'arriverait à peu près au niveau du torse, région boobies. Il est bien aussi noir que du charbon sauf en quelques endroits, et il est bien poilu, d'un pelage qui a l'air tout doux d'ailleurs. Et en fait, ben c'est un gorille.
Un gorille aux crocs longs comme un index, deux grands yeux du noir le plus profond qui soit, quatre pattes et un torse largement musclés à mon avis capables de déchirer en deux le tronc d'un des arbres moines shaolins qui ont eu leur petit moment de baston, une multitude de larges taches blanches sur les bras et les jambes, ce qui fait que ses mains et pieds sont eux parfaitement blancs et pleins de petites taches blanches faisait comme une constellation autour de ses yeux et de son nez…
Ouais, trop mognon, c'est bien ce que je dis. Une putain de peluche.
– Comment t'es trop chouuu… je lâche sans réfléchir plus que ça, laissant mes fesses tomber sur la grosse branche sur laquelle j'ai atterri, mes pieds battant tranquillement dans le vide. Une brise de vent chaud fait voleter quelques mèches de mes longs cheveux.
Tout content, il sautille sur place et fait un tour complet sur lui-même, comme pour me permettre de mieux l'observer et l'admirer. Amusée, j'éclate de rire et applaudis brièvement. Puis il s'assoit sur une branche face à moi et bats rapidement des mains de bonheur à son tour.
– Ça fait du bien que tu sois là. lâche t-il finalement de sa voix chantante.
Je souris. Ouais, je sais. Je n'y comprends pas grand-chose mais de ça, j'en suis certaine. Je suis bien, là. Je sais que toute cette situation devrait m'intriguer, me questionner bien plus que ça. Mais eh, c'est quand même pas faute si ça me paraît incroyablement naturel tout ça. J'me sens bien ici, tout simplement.
– C'est vraiment trop zarbi quand même… je lâche toutefois.
Il fronce les sourcils.
– Ben non. J'ai gagné, c'est tout.
– Gnein ?
– Ah bah si, j'ai gagné! s'écrie t-il d'un air visiblement très content de lui – si quelqu'un m'avait un jour dit qu'un gorille sorti de nulle part au gabarit suffisamment imposant pour que je l'estime largement capable de coller une bonne patate de forain à Tora en mode tigrou et l'assommer à moitié m'aurait paru absolument trop craquant, j'crois que je leur aurais crevé les yeux juste pour la forme.
J'y peux rien, il me fait rire. Nan, j'me marre pas comme une andouille. Mais je sais pas, lui parler, le voir et l'entendre, ça me fait quelque chose.
– T'as gagné quoi ?
– Ben le jeu. me fait-il en me regardant comme si clairement, je sniffai du chocolat en poudre. Je t'ai attrapée avant que toi tu m'attrapes.
– Aaaaah… je fais en souriant de plus belle. Parce qu'on jouait à chat ?
– Ben oui banane, comme toujours.
Cette fois, je fronce les sourcils.
– Comment ça, comme toujours ? C'est la première fois que je vois ce bled. Et tes arbres moines shaolins. Tu les contrôles, pas vrai ?
Il me regarde doucement et les grandes billes noires qui lui servent d'yeux me semblent d'un coup bien triste.
– La dernière fois, tu m'as demandé si j'avais vendu mes parents aux autorités arboricoles afin de passer une alliance avec ceux du verger.
… Okay alors là, ça devient vraiment étrange.
– Je t'ai jamais vu de ma vie.
Il soupire tristement, triturant une feuille d'un air distrait de ses grandes paluches si agiles.
– Si. Plein de fois.
– Euuuuh… tu dois confondre, ma poule. Chais pas avec qui parce que clairement personne ne m'arrive à la cheville mais…
– Héhé, tu peux le dire !me coupe t-il tout fier. C'est toi la meilleure.
Une nouvelle brise de vent doux me parvient et m'amène à nouveau toutes ces odeurs qui renferment tant de souvenirs. Quelque chose m'échappe et je ne comprends pas quoi. Et sans que je puisse me l'expliquer, ce constat m'énerve. Je n'aime pas ça.
– Mec, je sais même pas comment tu t'appelles !
Il sourit tristement puis doucement, faisant basculer son corps épais avec une légèreté déconcertante, il se balance doucement de branche en branche pour rejoindre la terre ferme tandis que la branche sur laquelle je suis assise se déploie lentement pour m'y amener.
– Roooooh putain la styllitude… je souffle, quand même impressionnée. T'as bel et bien passé un pacte avec les arbres !
Amusé – et très fier de lui – il éclate de rire.
– Ben eh, faut bien que je sois à la hauteur !
– De ?
– Ben de toi.
D'un air probablement très con, je cligne des yeux. J'l'avais pas vu venir celle-là. J'veux dire… je sais que j'suis badass. Mais personne m'avait jamais sorti qu'il voulait être « à ma hauteur », être balaise… pour moi, en quelque sorte. Tranquillement, il laisse ses fesses tomber en arrière et reste assis là dans l'herbe à me regarder.
– De toutes façons ici… c'est ton monde. C'est toi qui le dirige. Et comme toi et moi ben voilà, c'est un peu la même quoi… ben ouais, j'peux diriger ces arbres.
Et il me sort ça comme si ça faisait complètement sens !
– Mouais, logiiiiique. je fais en rigolant un peu nerveusement. D'ailleurs, je…
Soudainement, ma vue se fait floue et ma réplique meurt dans ma bouche.
– WOH ! C'est quoi ça, maintenant?! je m'exclame alors que tout autour de moi devient de plus en plus blanc. C'est toi qui fais ça ?!
– Oh non, fait sa voix tranquille et un peu triste. Là, c'est toi. Tu vas reprendre conscience.
… euh, chuis pas dans les vapes aux dernières nouvelles.
– Au revoir, fait sa voix douce qui s'atténue irrémédiablement.
– Merde ! Attends !
Et effectivement, je me sens partir.
– Attends ! Je connais même pas ton nom !
– Ça sera une prochaine fois… Peut-être.
Et sa voix est si triste, oh si triste, ça me tord les tripes… !
– J'reviendrai ! J'te le promets !
Un silence passe alors que j'ai de plus en plus la sensation de plonger dans l'obscurité.
– Promis… ? fait sa toute, toute petite voix.
– J'TE L'JURE! je hurle. JE TE JURE DE REVENIR ET ON S'FERA LA REVANCHE ET ALLIÉS ARBRES MOINES SHAOLINS OU PAS, C'EST MOI QUI GAGNERAI !
Je l'entends une dernière fois rigoler puis je tombe pour de bon dans le noir absolu, un noir si profond que tout repère disparaît. Finis les arbres et le soleil éclatant, finis les nuages paresseux et les fleurs qui ondulent doucement sous la brise, finis son rire et sa présence. Tout s'évanouit et je me raccroche de toutes mes forces à ces images, toutes ces images de ce drôle de moment que je viens de vivre et je m'efforce de le graver en moi.
Je ne sais toujours pas ce qu'était cet endroit et qui il est mais ça ne change rien au fait que je compte bien tenir ma promesse. L'obscurité continue de m'engloutir et j'erre dans les affres de l'inconscience.
Puis soudain, une lumière éclatante me parvient et mes sensations me reviennent péniblement. Mini Charbon Poilu avait raison semble t-il, je suis en train de reprendre conscience !
Pâteusement, je cligne des yeux. D'abord éblouie par la lumière du soleil qui me parvient, je n'arrive à rien distinguer de ce qui m'entoure, on adore. Mais une chose est sûre, il n'y a ni fleurs ni verger ici. Quelqu'un continue de m'appeler mais pas moyen de capter quoi que ce soit, j'ai encore touts les neurones pas branchés les uns aux autres.
C'est terminé, la sensation de bien-être de tout à l'heure. Là, mon corps pèse deux tonnes et j'ai vaguement envie de vomir. A pu la tite pause champêtre des familles. Je grommelle vaguement – aucune idée de si c'est dans ma tête ou si le son de protestation tout mou face à ce monde bien décidé à me briser les brunes ceci-dit – et tente de rouvrir les yeux.
Au dessus de moi, le soleil est d'un bleu éclatant. Ma vision s'adapte lentement mais il y a bien une silhouette floue au dessus de moi et vu les sensations que mon corps me renvoie, je suis allongée sur quelque chose d'assez peu confortable, quelque chose style gravier. Peu à peu, je reviens pleinement à moi et ça y est, je perçois parfaitement la voix au dessus de moi qui m'appelle.
Et aussi les petites baffounettes qu'on me colle, histoire de m'aider à me réveiller. Alors hmm, juste un conseil comme ça, franchement arrêtez les baffounettes sinon j'vous bouffe les doigts. Crus et avec un peu de sauce ketchup.
– Beni… ? Oh, Benikyogai… tu m'entends ?
La voix est douce, inquiète. Je grommelle à nouveau.
– Super Beni à la Terre, j'vous reçois cinq sur cinq…
Et cette fois, les mots ont bien franchi mes lèvres.
.
.
.
.
.
.
Comme quoi Beni avait bien raison de se méfier des arbres, hein.
Oh et sinon, le gorille, on est d'accord que ce n'est pas un nouveau venu, il avait déjà essayé de croquer dans Kazeshini au chapitre 93. La montagne l'a mangée.
Sur ce, je vous laisse me dire ce que vous avez pensé de tout ce bordel sans nom! Et si vous avez une idée sur qui est en train de l'appeler aussi, j'suis preneuse… héhé.
.
Prochain chapitre le mercredi 3 mars pour la suite de cette aventures de grands dingues!
