… mouais, j'avais dit mercredi 3 mars à la base pour le nouveau chapitre.
– Et?
Ben on est le 11 en fait, le 3 c'était la semaine dernière. Suis un peu Lulu.
– Boaaaaaarffff… au fond t'sais, le temps c'est vachement subjectif comme notion.
… j'avoue.
– Eh bah voilààààààààààààààà détente du slip ma gueeeeeeeeeeeeeeule…
Hmm, j'crois que Lulu a un tout p'tit peu forcé sur son joint du matin, il fait une super belle imitation de la limace avachie sur le sol. Et avec un sourire de bienheureux magnifique. Ça va, Woodstock?
– Tranquiiiiiille…
Bon ben au moins je serai pépère pour lancer ce chapitre!
Et hem, je sens que ça va être une énième présentation de chapitre à la « ohlàlàààà, ma vie c'est compliquéééé, j'ai plein de problèèèèèmes... »
– Ben la vie, c'est compliqué hein…
Roooh, sans déc', merci de ton aide, Platon à cornes.
– Mais de rieeeen… Oh des bubuuulles…
Bref!
J'sais plus trop ce que je vous ai déjà dit ou pas mais bon, en gros, ça va faire un an que je suis sans domicile stable et donc que je squatte chez des gens sans avoir d'endroit à moi, le tout avec le gros de mes affaires stockées dans des cartons auxquels je n'ai pas accès – et putain un an j'vous jure ça commence à faire long haha. J'ai toujours pas de taf – j'en avais choppé un en janvier mais j'ai dû le quitter après genre même pas une semaine, yay – donc c'est compliqué aussi de ce côté-là. Et par dessus le marché, à croire que Lulu en personne s'est dit qu'il allait un peu se venger de ma gueule, j'ai perdu mon amie d'enfance, on était meilleures potes depuis 20 ans bordel (elle est pas morte hein) (mais notre amitié, d'un autre côté… haha)… et là je suis en train de perdre ma petite amie, après cinq ans de relation. Le moral il est AU TOP DU TOP MOI J'VOUS LE DIS.
– Pourquoi tu chiales aloooooors…?
J'chiale pô. J'transpire des yeux, rien à voir.
– Aaaaaah okéééé…
Bref, du coup ouais, le mois écoulé là, ça a pas été ouf (j'en ai marre de dire ça de ma vie, j'vous jure, j'ai l'impression qu'à chaque fois j'me répète « alors ouiiii, ça va paaas, mais ça finira par alleeeer... ») (ras le booool) alors bon, pour écrire et poster, j'avais pas le moral. J'ai bien essayé de poster ce chapitre ce week-end mais j'ai commencé à chialer sur mon écran donc bonnnn… Enfin bref! En avril normalement, j'aurais un nouvel appart et à partir de là, je devrais au moins pouvoir respirer un peu, ça fera du bien.
– MAIS ON S'EN BATS LES COUILLES DE TA LIFEEEEEEUH, FAIS PÉTER LE CHAPIIIIIIIITRE
… tu lis même pas mes chapitres.
– Nan mais j'aime bien t'emmerder. En fait.
… ça se tient.
BON ALLEZ, J'AI ASSEZ CHOUINÉ, PLACE AU D-D-D-DUEL!
– … au duel? De quoi tu causes bordel?
Tss, t'as aucune culture.
Bonne lectuuuure!
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Merci à TARAIMPÉRATRICE YASSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS! trop contente de te revoir bordel! (prends ton temps t'inquiètes, moi je fais toujours des bonds de bonheur lorsque je vois ton pseudo dans mes reviews héhé) eh ouais, Beni a un arbre généalogique assez déglingos du slip… héhé, je suis heureuse que Mini Charbon Poilu vous plaise! évidemment, lui aussi, j'lui en fous plein la gueule et Beni se rappelle même pas de lui héhé
Et merci à Rizalone, toujours au taquet! Héhé, j'suis contente que les conneries monumentales que je ponds arrivent à vous faire rire, parfois j'ai peur de partir trop loin dans mes délires et de vous perdre au milieu x) Pour Mini Charbon Poilu, nan, il n'a pas rétréci. Par contre, vu que Kazeshini le voyait en étant avachie dans l'herbe, elle a effectivement eu la sensation qu'il était très grand. Il est plus grand qu'un gorille normal ceci-dit et a à peu près la tête au niveau du torse de Beni ou Shuuhei (qui lui a d'ailleurs collé une droite)
(603 reviews, aaawwwwww j'vous aimeuh)
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Discalibur :c'te fic est un bordel complètement anarchique avec mes persos pas super-super futés au milieu et ceux de Bleach, de Tite Kubo, et le tout… ben le tout, c'est du gros n'importe quoi.
131. Kaede… vous ne la connaissez pas, mère.
Rukongai, quelques siècles avant qu'une certaine créature mono-neuronale à cheveux rouge décide de s'évader de l'hôpital de la 4ème division du Gotei en sautant par la fenêtre du quatrième étage sans parachute – parce que c'est pas drôle sinon.
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Shun Dosaimeki remontait tranquillement le petit chemin de terre zigzaguant à travers les hautes herbes parsemées de coquelicots, grignotant allègrement les quelques fraises qu'il avait piquées une petite heure plus tôt au gamin qui avait eu le malheur de croiser son chemin. Non, il n'avait pas touché au gosse, il lui avait juste fait peur et racketté ces quelques fraises qu'il comptait probablement vendre au petit marché que Shun avait dépassé quelques minutes plus tôt. Le gamin avait pleuré et on ne pouvait pas dire que ça avait particulièrement déplu au jeune homme mais c'était tout. Les enfants, il laissait ça à sa mère. Lui, ça ne l'intéressait pas. Ils étaient trop… petits.
Son butin de fraises des bois en mains, il avait continué son chemin d'un pas tranquille, admirant la qualité du travail de Kaede. Lui qui s'était attendu à quelques séquelles, le voilà qui se promenait tranquillement comme si de rien n'était, son sabre clair battant tranquillement contre les pans de son hakama sombre. Il se sentait juste un peu faible et aurait besoin de beaucoup de repos mais à part ça, rien. Il pouvait se lever, il pouvait marcher, il pouvait courir, c'était incroyable.
Avant de repartir de Shin'Ô le plus discrètement possible, aidé de la jeune femme et quelques sortilèges de son cru, il s'était saisi d'un uniforme de shinigami et c'était désormais ce qu'il portait, agrémenté d'une insigne de la septième division qu'il avait dérobée des années auparavant et qu'il conservait soigneusement – ces gens, ces idiots autour de lui se méfiaient bien trop peu de ce jeune homme au si beau sourire, si avenant dans son uniforme de shinigami.
Et effectivement, en traversant quelques minutes plus tôt le petit marché de plein air qui s'était installé le long de la route, personne ne lui avait jeté le moindre regard suspicieux, à ce beau blond grignotant des fraises. Pourtant, ils auraient dû. L'avantage des tenues noires des shinigamis, c'était que le sang restait peu visible, avalé par le tissu sombre. Lui, en avançant, il percevait bien l'odeur du sang remontant du tissu dans lequel le liquide rouge avait été piégé. Et pas un regard de soupçon, pas une once de méfiance… Il en aurait gloussé de rire.
Évidemment, le sang en question n'était pas le sien. Non, c'était celui d'une nana, une vulgaire prostituée qui n'avait eu guère d'intérêt. Oh, il s'était amusé avec elle sûr, mais ça n'avait rien eu de très palpitant. Il l'avait payée plus cher qu'il n'aurait payé une passe mais moins cher que pour pouvoir en faire réellement ce qu'il voulait. De ce qu'il en avait compris, celle-ci était punie et la lui refiler pour une petite heure était sa punition avant de la reléguer dans un bordel d'un moins bon standing.
C'était sûr qu'après lui être passé entre les mains, sa valeur avait fortement chuté. Elle était encore en vie – un vrai gaspillage, pour lui – mais il lui avait écorché tout le dos alors forcément… En repensant aux hurlements qu'elle avait poussé, attachée par les poignets à la tête du lit et allongée sur le ventre, luttant pour dégager cet homme d'au dessus d'elle, tranquillement assis sur ses hanches d'où il pouvait aller tailler dans sa chair si délicate avec un plaisir non dissimulé, Shun gloussa doucement. D'ici quelques jours, il lui faudrait mettre la main sur quelqu'un avec avec qui il pourrait réellement jouer mais en attendant, ça avait tout de même fait un bon divertissement.
D'ailleurs, ça faisait un bon moment qu'il n'avait croisé personne, signe qu'il n'allait pas tarder à arriver chez lui. Enfin, si on pouvait appeler ça un chez soi. Il n'aimait pas trop vivre chez sa mère. Cette petite maison cachée dans les bois était… recluse, inconfortable. Et qu'est-ce que ça puait là-dedans. Au moins lui quand il s'amusait, il faisait ça dehors, pas là où il comptait dormir. En temps normal, il dormait plutôt à l'hôtel, changeant régulièrement.
Shun, contrairement à sa mère, avait des goûts de luxe. Il aimait les belles choses et les beaux vêtements, la nourriture raffinée et les chambres de bon goût. Il aimait s'entourer de choses élégantes et délicates tandis que sa mère continuait de s'enfermer dans ce quasi taudis où elle jouait avec ses enfants. Ceci-dit, le jeune homme trouvait que c'était une bonne idée d'avoir un lieu où pouvoir s'en donner à cœur joie le plus tranquillement du monde. Peut-être qu'un jour, il ferait ça… mais l'adrénaline à l'idée d'être pris, se cacher, dissimuler les cadavres, tout ce genre de choses, ça lui plaisait également.
Bien sûr, ça avait son lot d'inconvénients comme le fait que désormais, plusieurs flics – ces idiots de la neuvième – avaient fait le lien entre plusieurs de ses victimes. Bah ! Oui, l'étau commençait à se resserrer lentement sur lui mais il ne s'en faisait pas plus que ça. Si ce n'était que ça le problème, il lui suffisait juste de changer de terrain de chasse… Il avait une solution à tout et ne se faisait du soucis que pour peu de choses. La seule chose qui l'inquiétait un peu en ce moment, c'était Dai. À ce propos…
– Alors ma beauté ! Comment tu te sens aujourd'hui ?
Un court silence lui répondit. Shun se mordit la lèvre puis se saisit d'une autre fraise. Son sabre… n'allait pas très bien. En fait, l'esprit allait même plutôt mal. Oh Kaede l'avait soigné lui puis s'était occupée des blessures de son zanpakuto et effectivement, une fois que les plaies de Shun avaient été résorbées, celles de Dairanjoku avaient perdu de leur gravité. Il avait habilement mené le tout pour que la jeune femme ne se pose pas plus de question que ça sur ses plaies au ventre et effectivement, elle avait tout simplement assimilé celles de Shun à celles du sabre.
Il y avait bien un genre de mimétisme – en le choppant au ventre de ses mains terminées en longues griffes noires acérées, la femme-tigre avait également blessé son zanpakuto, comme un effet de répercussion – mais ça, ça n'avait pas grand-chose à voir avec la plaie de Dairanjoku. Le sabre était blessé, au même endroit que Shun, mais ça n'était qu'une coïncidence pas si étonnante que ça étant donné que le ventre restait une des zones les plus à découvert et donc fragiles, du corps humain – et Dai était bien humanoïde.
La femme-tigre en l'attaquant avait fait du mal à son sabre mais cette blessure là avait été causée à sa tête, comme un choc contre un mur et son arcade sourcilière gauche avait cédé, libérant des flots de sang. Si Kaede n'avait rien vu de cette plaie-là, c'était tout simplement que Shun avait réussi à la soigner avant d'arriver chez elle. Une arcade sourcilière, ce n'était pas si compliqué que ça. Et contrairement à la majorité des shinigamis et tous ceux de Shin'Ô, le jeune homme avait l'habitude de soigner son sabre depuis le temps, il savait comment faire.
– Dai, mon chou… ?
Un long sifflement pataud lui répondit et il pu sentir son sabre se lover contre son âme, presque tendrement. Le jeune homme s'arrêta, arrivant à l'entrée du bosquet dissimulant la demeure de sa mère. Dairanjoku était tout pour lui. Son sabre était la chose la plus précieuse de sa vie – à cet instant, tout du moins. Oh, il aimait sa mère. Déjà, parce qu'elle était sa mère et qu'elle avait pris soin de lui depuis qu'il était né mais aussi parce qu'elle et lui, ils partageaient quelque chose qu'ils ne pourraient jamais partager avec qui que ce soit d'autre. Cela devait rester caché, leurs petits jeux sanguinaires, sinon c'était la case prison – ou la mort – et leur vie perdrait alors tout intérêt. Se cacher et être heureux ou mourir. Simple. Simple et douloureux.
Shun souffla doucement puis se remit en marche, désormais bien loin de toute trace de civilisation. Ici, il n'y avait que sa mère. Se frayant un chemin qu'il connaissait par cœur à travers les buissons et les bouleaux aux troncs clairs, il murmurait de longues phrases rassurantes à son sabre, lui adressant compliments, mots doux et encouragements. Shun aimait sa mère. Mais il n'était pas plus heureux que ça à l'idée de la rejoindre. Il détestait cette baraque, haïssait cette vie de reclus. Et puis sa mère…
Oui, ils se ressemblaient. Mais ils n'étaient pas identiques. Et elle continuait de ne pas le considérer comme son égal. Puisqu'il était son enfant, puisqu'il était sorti de son ventre, il lui appartenait. Il était sa possession et Shun n'avait guère eu de problèmes avec ça avant d'entrer à Shin'Ô. En fait, avant de mettre un pied dans le monde, le vrai monde des vrais gens, loin de la misère des faubourgs, ça ne lui avait pas vraiment problème que sa vie appartiennent à sa mère.
Tous ces gens si beaux, vivant à l'abri, au creux d'un paradis intouché… Oh, il était prêt à parier qu'aucun d'entre eux n'avait grandi en entendant des enfants hurler jusqu'à leur mort. Shin'Ô, le Seireitei et tous ces jolis districts… il les avait trouvés si beaux, si propres, si protégés ! Si sereins. Et lui, lui le monstre au sourire si charmeur, il était là, en leur cœur et oh que les abîmer était jouissif. Il se délectait de toute la part d'ombre de ce monde qui se prétendait si beau, si pur et si parfait. Regardez votre corruption, ô fonctionnaires. Regardez votre aveuglement, ô shinigamis. Regardez votre hypocrisie, ô simples citoyens et regardez à quel point ce monde que vous prétendez parfait est aussi sale et répugnant que le reste.
Shun adorait plonger dans les immondices du Seireitei, se délecter de ses bordels haut-de-gamme qui cachaient l'horreur derrière de l'or et de jolis sourires, fréquenter leurs bars souterrains où la débauche rugissait langoureusement, frayer avec leur haute société si avide de se dévergonder, de s'abîmer, enivrés par plus d'argent qu'il n'aurait jamais pu rêver en posséder. Il adorait ça. Il adorait ce monde hypocrite, sa face pure et lisse et sa face sombre où il avait l'une des plus belles places.
Il voulait rester dans ce monde-là mais sa mère était loin d'être d'accord. Elle, ce monde ne l'intéressait pas. De plus, elle craignait de se faire repérer et arrêter et elle ne cessait de frapper son fils à la tête dès qu'il évoquait l'idée de s'installer là-bas. Il lui appartenait et il devait donc la suivre et vivre avec elle et l'aider elle à vivre la vie qu'elle voulait. Il était le fruit de ses entrailles, sa vie entière devait être à son service, c'était l'ordre naturel des choses. Alors forcément, avec Shun, ils avaient des relations parfois tendues. Encore que, s'il n'y avait que ça, il n'aurait probablement rien dit, se serait contenté de suivre ses ordres puis se serait débrouillé pour vivre sa vie à lui à côté.
Shun leva lentement la main dans les airs puis toqua rapidement sur la porte de la petite maison selon l'enchaînement secret dont ils avaient convenu puisque malgré tous les conseils qu'il avait pu lui donner, la Comète ne parvenait pas du tout à identifier son fils à son reiatsu. Oui, Shun aimait sa mère. Mais à dire vrai, il était aussi en colère contre elle. Ce qu'elle avait fait, il ne lui pardonnerait jamais.
– C'est moi. ajouta t-il machinalement tout en continuant de murmurer ses paroles douces à son sabre dont il sentait l'âme mutilée contre la sienne.
De l'autre côté de l'épaisse porte – il avait dû la changer deux fois à la demande de sa mère qui avait toujours peur que ses précieux enfants lui échappent – il l'entendit ôter à la hâte tous les cadenas, loquets et autres verrous qu'elle avait installés. Il l'aimait. Mais il la haïssait également.
Jamais il ne pourrait lui pardonner de ne pas avoir aimé Shyoga comme elle l'avait aimé lui, de l'avoir terrorisé et menacé. Les enfants enlevés, violés, torturés, mutilés, ça il s'en fichait. Ce n'était pas son truc mais ça ne lui avait jamais fait ni chaud ni froid de remplir ces fosses mortuaires pour sa mère. À la limite, leurs hurlements et suppliques avaient pu lui taper sur les nerfs de temps en temps mais c'était tout. Alors que Shyoga… son frère… Non, il n'y avait aucun pardon possible pour cela. Shyoga était parti à cause d'elle. En fait, il avait fui avant qu'elle ne le tue. À cause de sa mère, il avait perdu son frère. Et c'était une plaie qui ne se refermerait jamais.
La porte s'ouvrir en grand sur la Comète et son sourire charmeur et confiant revint aussitôt sur ses lèvres.
– Bonjour, mère.
– Tu es déjà de retour? fit-elle d'un air suspicieux dans l'embrasure de la porte en le scrutant rapidement de son beau regard bleu céruléen.
Il haussa des épaules en souriant tandis qu'elle s'écartait pour le laisser entrer.
– Je vous l'avais dit non? Elle est balaise cette fille.
Son fils passant devant elle, la Comète passa une main tendre dans ses beaux cheveux blonds. Vraiment, son fils était superbe. Elle était bien contente que ce gosse qu'elle avait violé ai donné au fruit de ses entrailles ces beaux cheveux couleur d'or. Oh, elle avait un faible pour les petits bruns mais son fils était vraiment beau. Avec ses yeux bleus à elle, Shun était une pure merveille. Si l'enfant sorti de son ventre n'avait pas été beau – ou intéressant – elle aurait probablement fini par le tuer elle-même. De toutes façons, si ça avait été une fille, elle s'en serait immédiatement débarrassé. Seuls les garçons en valaient vraiment la peine.
– Je vois bien, lui répondit-elle tranquillement avec un sourire de satisfaction tout en refermant tranquillement la porte derrière eux, mais je ne t'attendais pas avant une bonne semaine supplémentaire.
Shun ne lui répondit pas tout de suite, passant un regard un peu hautain sur l'amoncellement de boites plus ou moins anarchique dans lequel vivait sa mère. Il n'y avait toujours aucun meuble ici, même pas de quoi s'asseoir ailleurs que par terre. Retenant un soupir, le jeune homme entreprit de se déchausser avant d'aller mollement s'asseoir contre un mur. Kaede avait beau avoir réalisé un vrai travail d'orfèvre, elle avait bien précisé qu'il avait tout de même besoin d'un sacré repos. Et sa vision commençait un peu à tourner. Rien de grave et les fraises avaient fait du bien mais tout de même, il était temps de se poser.
– Désolé de vous déranger, mère. fit-il alors que celle-ci repassait devant lui sans lui accorder un regard.
À tous les coups, songea Shun, elle avait ramené un gosse pour s'amuser avec, pensant qu'elle serait tranquille le temps que son fils se soigne et se remette de ses blessures. Elle n'avait pas pu résister. Surprise Maman, je suis déjà de retour.
– Oh, mais tu ne me déranges jamais mon amour. Seulement, ce n'était pas ce que j'avais anticipé.
Et allez, dans cinq minutes, elle allait lui reprocher d'avoir guéri aussi vite, tiens.
– Et cette jeune fille, tu l'as…
Shun haussa un sourcil.
– Tuée ? Ça va pas, non ? On en a besoin.
La Comète agita la main devant elle d'un air agacé avant de se saisir d'un long couteau effilé recouvert de sang. Évidemment, le jeune homme avait relevé l'odeur de sang à peine avait-il franchi la porte de la maison mais au moins maintenant, en voyant l'épais liquide goutter en longs filets écarlates le long de l'acier effilé, il savait qu'il y avait bel et bien un gosse ici, probablement encore en vie. Il se concentra quelques courtes secondes et effectivement, repéra la petite présence à quelques mètres d'eux, puis se concentra à nouveau sur son zanpakuto que la présence dudit couteau rendait encore plus nerveux.
– Ça, c'est ce que tu dis. gronda t-elle. Moi je te dis que tu aurais mieux fait de la tuer. Les morts ne parlent pas.
Shun soupira.
– Mère…
– Oh, quoi encore ? Tu es loin d'être un idiot mon fils et tu sais parfaitement qu'on ne peut pas… avoir quelqu'un comme elle autour de nous.
Se tortillant légèrement pour s'asseoir un peu plus confortablement, Shun étendit ses longues jambes devant lui.
– Mère, nous n'avons guère le choix.
Agacée, la Comète haussa les épaules et rangea son long couteau désormais propre d'un geste sec. Shun lui, restait plutôt tranquille. Il avait l'habitude. Et puis, il savait qu'il avait raison et qu'elle finirait par rejoindre son avis.
– Vous l'avez terminé ?
Elle se retourna vers lui, ré-ajustant un pan du voile blanc couvrant ses cheveux tacheté de quelques éclaboussures de sang.
– De ?
– Votre enfant. Votre jouet du moment.
Aussitôt, son visage s'adoucit et s'illumina d'un doux sourire étrangement tendre et maternel.
– Non, non, pas aussi vite… souffla t-elle. Oh, je pensais avoir terminé avant que tu ne reviennes mais il reste amusant. D'ici quelques jours, je pourrais te le laisser, si tu veux.
Il hocha négativement de la tête. Intérieurement ceci-dit, il souriait. Sa mère était si simple à comprendre… Le voir revenir aussi tôt l'avait frustrée, agacée, alors qu'elle comptait bien se payer un bon moment seule sans l'avoir dans les pattes mais il suffisait de la faire parler de ses enfants pour qu'elle retrouve sa bonne humeur. Si facile.
– Non, non, je vous le laisse. Je ne vais pas me mettre à piquer vos affaires, tout de même… fit-il en souriant. J'irai m'en trouver un, quand je serai plus reposé et en meilleur état… et je pourrais vous en ramener un également, si vous voulez.
Il n'aimait pas trop chasser pour sa mère – pas parce que kidnapper un enfant le répugnait ou était particulièrement compliqué non, c'était juste qu'il n'aimait pas se faire faire chier à prendre quelqu'un si ce n'était pas pour lui même s'amuser avec. Mais il avait besoin que sa mère accepte Kaede alors si pour ça, il fallait qu'il lui ramène des gamins à la pelle, il n'allait pas se faire prier.
– Mmmm… pourquoi pas ! Ça ferait une surprise et puis tu as toujours bon goût, même si tu t'obstines à ne t'amuser qu'avec des adultes.
Mimant le geste de la saluer de son chapeau, il sourit de plus belle.
– Mais ce n'est pas de ça dont nous parlions, mon petit! fit-elle, en ayant tout de fois l'air de meilleure humeur que quelques minutes plus tôt.
– Je sais, je sais! rigola t-il. Mais mère, par rapport à Kaede… Nous n'avons pas le choix.
– Pfff ! J'en doute fortement.
– Primo, je suis totalement incapable de la tuer. Mère, cette fille… elle est puissante. Le glorieux espoir de Shin'Ô, un putain de génie.
La Comète haussa les épaules d'un air agacé, l'air de dire que dans ce cas, il n'aurait pas dû aller la voir. Cette fille n'était pas comme eux et la laisser dans leur entourage, c'était prendre le risque d'éveiller les soupçons.
– Deuxio, je n'avais pas le choix.
– Oh ça va, tu n'étais pas si blessé que ça non plus…
– Mère… gronda t-il doucement.
C'était pour la protéger elle qu'il avait reçu de telles blessures. C'était parce qu'il avait fait rempart de son corps entre sa mère et la furie surnaturelle qui fonçait vers elle qu'il avait récolté ce beau trou à l'abdomen que Kaede avait dû soigner. Il se souvenait encore parfaitement de l'impact et de la sensation glaciale de ses griffes perforant sa chair et ses organes. Elle l'avait… attrapé par les viscères, littéralement. Elle avait refermé sa main comme une serre, chaque doigt enserrant l'intérieur de son abdomen d'un poigne de fer, et s'était servi de sa prise pour le soulever dans les airs avant de l'envoyer voler au loin, percutant quelques arbres en chemin. C'était pour sa mère qu'il avait failli crever de cette plaie.
– Tu as bien réussi à revenir jusqu'à moi, non ?
L'adrénaline l'avait poussé à agir, de même que la peur. Il avait déployé un shunpo sans réfléchir et avait récupéré sa mère à toute vitesse avant de fuir avec elle aussi vite et aussi loin qu'il le pouvait de ces Montagnes et de ces monstres.
– Mère, que vous vouliez minimiser ce qui s'est passé là-bas, c'est votre problème. Je vous rappelle que nous y étions simplement sur votre bon vouloir. Mon job, c'était de vous protéger.
– Et je dois reconnaître que pour ce coup-là, tu t'en es plutôt bien tiré. fit-elle avec un sourire. Regarde moi, pas une seule blessure !
Il avait surtout manqué d'y passer. Il se força à garder le sourire si nonchalant qui ornait ses lèvres même si, à l'instant présent, il avait plutôt envie de sortir de cette fichue baraque et de lui claquer la porte au nez. Sa mère vivait dans son propre monde et tous ceux autour d'elle ne faisaient que vivre dans le sien. Alors forcément, elle était incapable de se mettre à la place des autres – de ce côté-là, elle était pire que Shun. À ses yeux, son fils n'avait pas manqué de mourir pour elle, il avait tout simplement fait ce qu'il devait faire. Dans le monde intérieur de ce dernier, Dairanjoku siffla de plus belle, produisant un son inquiet et inquiétant.
– T'inquiètes beauté. Je ferai ce qu'il faut. Tout ira bien.
Sa mère… était sa mère. Il lui avait fallu du temps pour comprendre tous ses mécanismes – et son sabre, paradoxalement plus humain que lui, l'avait bien aidé en cela – mais au final, il la connaissait et la comprenait suffisamment pour savoir qu'il était pieds et poings liés et qu'il avait désespérément besoin de Kaede pour revenir en vie de ces Montagnes.
– Il s'en est fallu de peu, fit-il en souriant.
Déjà désintéressée de la conversation, elle haussa des épaules. Elle, ce qu'elle voulait, c'était son enfant du moment, celui caché quelque part dans cette maison. Il était sage celui-là, était resté silencieux malgré l'arrivée de Shun. Tiens, pour la peine, elle ne lui crèverait pas le deuxième œil tout de suite.
– Mère…
Elle leva les yeux au ciel. Shun l'ennuyait. Elle ne voulait pas se préoccuper de ça pour l'instant.
– Vous me faites confiance, déclara t-il tout de même de sa voix toujours si charmeuse. Vous m'avez fait confiance pour cette expédition sur les Montagnes.
Les yeux bleu océan de la Comète redescendirent froidement vers son fils.
– Et tu as lamentablement échoué. siffla t-elle. Nous n'étions pas sensés repartir sans ce que j'étais venue chercher.
Dairanjoku siffla à nouveau, de peur.
– T'en fais pas. Tout va bien Dai, tout va bien.
Dairanjoku… avait peur. Shun pouvait clairement sentir sa terreur et celle-ci était présente en permanence ou presque. Tout l'effrayait et sa mère ne faisait évidemment pas exception. Contre son âme, son zanpakuto mourrait de peur, qu'importe que la Comète soit parfaitement incapable de mettre un pied dans le monde intérieur de son fils. Et puis, jamais elle n'aurait fait du mal à son enfant adoré. Mais désormais, Dai était trop abîmé pour réaliser cela.
– Tout va bien. Il n'y a aucun danger. Dai, je suis là et je vais bien. Tu vas bien.
Face à sa mère, Shun rigola doucement.
– Parce que vous n'aviez aucune idée du danger auquel on serait exposés une fois sur ces foutus Montagnes.
En fait, le danger, elle s'en fichait. La Comète était terrifiée à l'idée d'avoir mal, de ressentir une douleur physique mais son obsession était plus grande que ça. Ou plutôt, les deux se mêlaient. La plus grande douleur jamais éprouvée par sa mère correspondait à l'attaque de ce tigre femelle durant sa jeunesse qui avait déchiqueté son bras droit et lacéré son corps de ses griffes puissantes en la plaquant au sol dans la neige froide.
Et son obsession, c'était récupérer un petit garçon, un garçon de ces fameuses gardiennes de l'équilibre. Une revanche, une vengeance, une façon de s'assurer qu'elle était celle en contrôle, celle qui avait le pouvoir, celui d'infliger la douleur à l'autre, celle qui détient la vie au fil des lames de ses couteaux, tout ça à la fois. Alors il le savait, c'était assez évident, jamais sa mère ne laisserait son obsession disparaître. Ça la dévorait de l'intérieur, elle avait besoin de ce petit garçon, ce merveilleux petit garçon dont elle rêvait plus qu'aucun de ses autres enfants. Alors qu'importe ce qui pouvait se trouver sur ces Montagnes, rien ne se tiendrait entre elle et son parfait, parfait petit garçon monstrueux. Pas la peine d'essayer de l'en dissuader.
Et elle avait attendu suffisamment d'années comme ça, maintenant, elle le voulait. Son plan de base, ça avait été d'attendre que Shun devienne shinigami pour la protéger là-bas. Les shinigamis étaient forts, non ? Mais si shinigami signifiait bien puissance, cela aurait aussi signifié se jeter dans la gueule du loup. Il n'allait pas terminer Shin'Ô, c'était une évidence. Trop dangereux, trop risqué pour eux deux. Mais il y avait quand même étudié de longues années. Et puis il avait son sabre et un esprit dans sa tête qui lui parlait d'elle ne savait quoi, il devait être fort non ? Elle ne voulait pas s'en préoccuper. Ça n'était pas son soucis. C'était à Shun de s'en occuper.
– Shun, c'est à toi d'évaluer ça, pas à moi !
– Justement, je l'évalue.
– On en a déjà parlé, pourquoi est-ce que tu tiens tant à me casser les oreilles avec…
Le jeune homme balaya sa phrase d'un geste de la main avant de se dandiner quelque peu sur place pour ramener ses jambes sous lui.
– Mère, la situation a changée. Cette première expédition était une catastrophe.
Lui, il se rappelait parfaitement de la douleur perforant son ventre et tout son être. Il n'était pas pressé de remettre ça.
– Et nous y retournerons, je vous le garantis. Mais si on veut pouvoir revenir avec un enfant… il nous faut de l'aide.
– On peut très bien se débrouiller seuls ! Toi et moi mon fils, nous n'avons jamais eu besoin de personne.
– Mère… une seule gardienne et j'ai manqué de mourir. On n'était qu'en lisière de leur territoire et leurs enfants ne vivent pas là, vous le savez aussi bien que moi
La Comète se mit à faire les cent pas et la silhouette menue de l'enfant caché dans l'ombre derrière une pile de boîtes se recroquevilla encore plus sur lui-même, le plus possible que son corps déjà malmené le lui permettait. Fais toi tout discret, songea Shun, parce que si tu as le malheur de respirer un peu trop fort, elle déversera toute sa frustration sur toi.
– Vous voulez cet enfant et je veux vous l'obtenir, vous le savez.
Comme s'il avait le choix. Il était son fils.
– Avec Kaede, je vous l'obtiendrai.
– Tu as l'air bien sûr de toi.
Shun haussa les épaules d'un air nonchalant.
– Eh bien, voyons voir. Kaede Amaikoddoku… majore de promo chaque année ou presque depuis sa première année à Shin'Ô. Excellente élève au point que les profs ont décidé de lui rajouter des cours qu'elle est la seule à suivre et de la former personnellement. Surdouée du kidô capable d'inventer et de mettre au point par elle-même de nouveaux sortilèges et ce, avant même d'avoir obtenu son diplôme de shinigami. Ce qui consiste, ceci-dit au passage si je ne me trompe pas, en une grande première dans l'histoire de la Soul Society sur au moins seize siècles. fit-il, énumérant chacun des atouts de la jeune femme en comptant sur ses doigts fins et graciles qu'il dépliait un par un dans les airs au fur et à mesure de sa tirade. A été la toute première de notre promotion à entendre son sabre puis à lui parler et enfin à entendre son nom. Oh et, au cas où ce n'était pas évident avec le petit miracle qu'elle a accompli sur moi, génie de la médecine.
Son énumération terminée, il écarta lentement les bras, comme pour mieux appuyer l'évidence de son propos. Kaede était leur meilleure chance, leur meilleur atout s'ils voulaient revenir en vie de ces Montagnes. Et il n'avait aucunement l'intention de crever là-bas, loin de tout, éventré sur un rocher couvert de mousse par des créatures folles, tout ça pour un caprice de sa mère.
– Ah, et niveau baston, elle envoie du lourd. Elle ramasse n'importe qui, c'est une vraie furie cette nana. Elle me battrait à plates coutures sans même faire un effort et d'après la rumeur, qui me paraît plausible, elle est aujourd'hui aussi puissante qu'un gradé des douze divisions.
Face à lui, sa mère resta immobile. Elle n'avait rien dit mais elle l'avait écouté. Un court silence passa. Visiblement, elle semblait réfléchir à tout ce que son fils lui exposait.
– Et puis… ajouta Shun en haussant les épaules. J'l'aime bien cette nana, elle est barge.
D'un mouvement si vif que Shun eu presque du mal à le voir, la Comète fondit brusquement sur lui. L'instant d'avant, elle se tenait debout face à lui, le regard dans le vide, statuesque et imposante dans sa tenue immaculée aux plis savamment agencés, le dominant de toute sa taille. Et l'instant d'après, son visage n'était plus qu'à une vingtaine de centimètres du sien, ses pupilles bleues plantées dans les siennes et elle avait ses deux mains chaudes sur ses joues, enserrant sa tête. Il retint de justesse un geste de surprise.
– Mère, prévenez quand vous faites un truc pareil, j'ai encore la tête qui tourne de..
– Mon fils… le coupa t-elle. Lumière de mes jours, regarde moi…
Leurs regards se rencontrèrent et leurs bleus jumeaux se mêlèrent.
– Mon fils, mon si beau fils…
L'amour de sa mère pour lui était évident. Et il aimait sa mère, lui aussi. Leur lien était fort, puissant, qu'importent leurs divergences. Leur lien était fort mais pas seulement parce qu'il s'agissait du lien unissant une mère et son fils, une progénitrice et la vie qui était sortie de ses entrailles. Il y avait quelque chose en plus et cela tenait à leur nature, à chacun : ils étaient deux fous dangereux. Ils torturaient et tuaient pour leur bon plaisir et c'était ainsi qu'ils existaient sur cette terre, ils n'auraient su faire autrement. Infliger la douleur, détruire d'autres êtres humains, c'était ce dont ils avaient besoin. Pas de la même façon ni forcément pour les mêmes raisons mais tous les deux, ils partageaient ça, cette incapacité à vivre sans blesser, écorcher, mutiler, torturer, briser, écraser, détruire d'autres vies. Ils étaient seuls, de par leur nature, isolés de fait par une société qui ne pourrait jamais vouloir d'eux. Ils n'avaient rien ni personne, à part l'autre, cet autre lié par le sang qui ne pourrait jamais vous haïr ni vous trahir. Ce qu'ils avaient, c'était au dessus des mots, au dessus du sens commun, et c'était forgé dans la chaleur du sang qui coule et le bruit des os qui cassent.
– Mon fils… répéta t-elle en le fixant intensément du regard, caressant ses joues pâles du dos de ses pouces. Je comprends ce que tu veux dire. Je t'écoute et je te comprends. Mais crois moi… Nous ne pouvons emmener personne d'autre que nous là-bas. Et surtout pas une future shinigami.
Shun soupira tristement.
– Qu'importe ce que tu penses comprendre de cette fille, elle n'est pas comme nous.
– Mère, si vous vous obstinez à retourner sur ces Montagnes des enfers avec des mercenaires, vous y laisserez votre vie.
– Les mercenaires ne risquent pas de me livrer aux shinigamis, eux.
– Peut-être pas, je vous l'accorde. Par contre, ils risquent bien de vous abandonner là-bas.
– Je ne les paierai qu'au retour !
– Alors ils vous tueront et vous dépouilleront !
– Shun !
– De toutes façons mère, vous n'aurez jamais assez d'argent pour les convaincre de vous accompagner au cœur de ces Montagnes maudites. L'argent que vous pouvez leur proposer ne sera jamais suffisant pour ça, ce n'est pas le genre de motivation que l'argent achète.
Alors que lui… lui, il aimait sa mère. Pour elle, il était prêt à presque tout. Après tout, quand il s'était agi de lui faire un bouclier de son corps face à cette furie qui fonçait sur eux, il n'avait pas hésité. Le cœur lourd, il posa une main aimante sur sa joue.
– Mère… si vous y retournez, même avec moi à vos côtés, vous mourrez.
– Mon fils, si tu ramènes cette fille… si tu introduis cette shinigami parmi nous, c'est nous qui mourrons.
Shun inspira doucement. Il comprenait les craintes de sa mère. Après tout, Kaede portait le shihakusho et le hakama de Shin'Ô. Mais lorsqu'il voulut reprendre la parole, elle le devança :
– Mon fils, écoute moi… Elle n'est pas comme nous. Tu peux dire ce que tu veux, elle n'est pas comme nous, ne le sera jamais. Elle en peut pas nous comprendre… te comprendre.
Lentement, elle ôta ses mains de ses joues mais, au lieu de se relever, elle s'assit délicatement devant lui.
– Si je dois mourir là-bas, dit-elle tranquillement, à la recherche de mon enfant, à tes côtés… eh bine, je l'accepte.
« Moi pas » aurait voulu hurler Shun. La simple idée que sa mère allait effectivement mourir un jour et l'abandonner complètement, le laisser seul parmi ce monde dont il ne pourrait jamais réellement faire partie, lui tordit les tripes.
– Je ne dis pas ça pour te faire du mal mon fils… mais cette fille ne nous amènera que des ennuis. Du genre qu'on a toujours essayé d'éviter.
Shun ne dit rien, la tête reposant contre le mur derrière lui.
– Cette Kaede, elle ne sera jamais comme nous. insista la Comète face à son silence.
– Je sais, mère ! Je n'ai pas prétendu le contraire. Mais…
– Shun… gronda t-elle doucement.
– Mère, par tous les cieux, je la connais, pas vous.
– C'est une shinigami !
Il ricana brièvement.
– Pas plus que moi !
– Tu vois très bien ce que je veux dire. gronda t-elle de plus belle.
– Mère, je sais que l'uniforme de shinigami vous file une peur bleue mais…
La Comète fixa un instant l'uniforme que son fils portait avant de rouler des yeux et de renifler d'un air méprisant.
– Je sais qui ils sont.
– Nos ennemis, oui, oui, je sais… n'empêche que vous m'avez poussé à les rejoindre.
– Ne dis jamais ça, siffla t-elle en pointant vers lui un doigt menaçant. J'avais juste besoin que tu deviennes plus puissant. Il n'a jamais été question que tu rejoignes leurs rangs.
– Ouais… sauf qu'à l'époque je ne savais pas que c'était impossible de quitter leur foutu cursus. Résultat, je les ai doublement au cul en ce moment.
– Il faudra que tu règles ça, mon fils.
Il hocha de la tête. À ce sujet, il avait déjà quelques idées. Leur prochaine expédition dans les Montagnes – à laquelle il refuserait de participer si Kaede ne venait pas, il tenait peu à y mourir – lui serait parfaitement utile à ce sujet-là. Tout le monde savait que personne ne revenait de ces Montagnes alors si cette information arrivait à leurs oreilles et s'il y restait caché suffisamment longtemps, ils finiraient par le croire mort. Ensuite… ensuite, il verrait. De toutes façons, il le savait, il ne pourrait jamais vivre comme sa mère en marge de la société. Lui, il sortait vivre au cœur de la Soul Society et planter ses crocs au cœur de cette société aveugle. Il reviendrait, un jour ou l'autre… il verrait en temps voulu. Pour l'instant, il fallait qu'il disparaisse quelque temps de leurs radars.
– Je sais, mère. Mais chaque chose en son temps. Kaede est comme moi, elle n'est pas encore piégée au sein des armées de la cour. Lorsqu'elle viendra avec nous, pour nous protéger, pour vous protéger et être capable de nous soigner si nous sommes blessés…
– Ce qui nous éviterait de devoir à nouveau rebrousser chemin, je suppose.
– Exactement. À ce moment-là, elle ne sera pas plus shinigami que vous ou moi.
– Je n'attendrai pas… se mit à gronder la Comète mais ce fut au tour de Shun de lui couper la parole.
– D'ici peu, mère, ne vous en faites pas. Moins d'un an, je vous le jure.
– Un an ?!
– Oui, je sais, je sais… vous voudriez déjà répartir. Mais regardez moi. Regardez nous. Repartir maintenant sans se préparer davantage serait du suicide.
– C'est amener une étrangère qui serait du suicide.
Shun haussa des épaules.
– Pas si on la dupe du début à la fin. Pas besoin de lui dire pourquoi exactement on part chercher un enfant.
La Comète plissa des yeux.
– Et qu'est-ce que tu voudrais lui dire, hmm ? Ne sois pas idiot, tu…
– Mère, du calme. Je me charge de cette partie. fit-il en souriant tranquillement.
Elle l'observa quelques courtes secondes, scrutant son expression de ses prunelles bleues. Puis elle éclata de rire et fit doucement glisser le long de l'arrête fine de son nez droit.
– C'est vrai… mon si beau fils. Toi qui sait si bien te fondre parmi eux et leur mentir…
Elle retira son doigt d'un geste sec, cessant brusquement de sourire.
– Et tu penses que ça serait suffisant pour convaincre cette petite favorite de Shin'Ô d'abandonner son avenir brillant pour aller risquer sa peau loin de tout ?!
Elle le fusilla du regard.
– Ne sois pas stupide.
– Je ne pense pas non. Kaede… vous ne la connaissez pas alors que moi, ça fait des années que je la connais.
Lorsque Dairanjoku lui avait parlé pour la première fois de sa vie et qu'il avait senti tout son monde voler en éclats, c'était elle qui avait été à ses côtés, elle qui l'avait serré dans ses bras. Personne ne l'avait serré dans ses bras sans qu'il ne les y force ou prévoie déjà de les tuer.
– Elle est… hmm, commença t-il en penchant quelque peu la tête sur le côté. Elle est instable.
La Comète haussa un sourcil dédaigneux.
– Et tu veux quelqu'un d'instable avec nous ?
Il rigola doucement.
– Non, ce que je veux dire, c'est qu'elle est… hmm, fragile disons. Elle est balaise cette nana, forte comme pas permis. Mais elle est bourrée de failles. En ce moment, elle est sous pression, c'est l'enfer de tous les côtés.
Il passa une main dans ses cheveux d'un air distrait.
– Le problème de Kaede, c'est qu'elle s'est elle-même coincée dans tout un tas de situations à la con en train de la broyer littéralement sur place. Et elle culpabilise tellement qu'elle ne parvient pas à s'en extraire. Elle s'est complètement coincée cette idiote. ricana t-il doucement.
– Je ne vois pas comment tu comptes me convaincre en me disant ça… siffla sa mère.
Le sourire de Shun s'élargit brusquement d'un air inquiétant.
– Ce que je veux dire, c'est qu'elle est tellement en équilibre au dessus du gouffre que ça en fait quelqu'un de manipulable.
Cette fois, une lueur de joie sauvage se mit à brûler dans les yeux de la Comète.
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Rohlala, j'ai eu du mal à l'écrire ce chapitre… Mais enfin ouais, on s'approche de plus en plus du « comment Kaede s'est retrouvée à se barrer du Seireitei en laissant sa chérie derrière elle le tout pour finir enceinte de Shun », j'espère que ça vous plaira!
Oh, sinon, à propos du sabre de Shun… effectivement, il y a un gros souci avec Dairanjoku mais héhé, vous comprendrez pourquoi plus tard!
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Prochain chapitre EN THÉORIE le mercredi 24 marspour la suite de cette aventure de fous furieux du slip ~
