Hey coucou vous !

Je sais, j'ai 1000 ans de retard (pardon pardon pardon pardon !)

La vie va beaucoup beaucoup beaucoup trop vite et la vie n'est pas simple en ce moment... J'ai eu vraiment du mal à écrire ce chapitre. Il a été assez intense, et délicat, je savais où je voulais aller sans pour autant savoir comment faire mais... bref, il est là. Et j'me dis que finalement après les annonces d'hier soir cela va peut être vous faire un peu de bien...

Je tiens à vous remercier, vraiment, pour tout vos mots malgré mon absence de ces quelques semaines (je ne sais même plus combien ^^) et tout votre soutien, votre gentillesse depuis le début de notre aventure. Rassurez-vous, ça n'est pas un adieu ! J'écrirais toujours, je le sais, peu importe ce qu'il se passe dans ma vie.

Pour les semaines à venir, je vais faire une petite pause et prendre des vacances (d'écriture) bien méritées. J'ai des centaines d'idées (oui oui) pour de nouvelles romances. J'espère vous retrouver quand je les publierai ici à nouveau. Pour Je suis, on ne s'affole pas, je vais finir de publier tranquillement !

Concernant cette histoire... que dire ? J'avais dit que je ferais 20 chapitres. On en est à 23... ce chiffre qui me suit depuis la naissance de ma fille... je trouve que cela est assez parlant.

Ici, le dernier chapitre de La Jolie valse des flocons de neige de Central Park... oui, vous avez bien lu.

J'écrirai peut être un épilogue, si vous me le demandez, mais j'aime assez l'idée de ne pas avoir de point final... je crois avoir dit ce que je voulais dire, je crois avoir fait vivre à mes (pauvres) personnages ce que je voulais leur faire vivre... J'espère qu'ils seront heureux désormais !

Je ne vous embête pas plus, et si vous m'avez lu jusqu'ici vous êtes trop fortes !

Merci mille fois, pour tout, vraiment. Vous ne savez pas à quel point vous illuminez ma vie avec vos mots.

J'ai hâte et peur de lire vos réactions, comme à chaque publication...

A bientôt,

Je vous embrasse.

Tied.

Chapitre 23

Holly Jolly Christmas – Michael Bublé

POV Edward

La soirée bat son plein.

Tout est superbe, absolument tout.

Les invités sont contents, l'équipe est là, au complet, et tout le monde a l'air ravi. Ma famille échange entre deux coupes de champagnes et leur rire résonnent douloureusement dans mon âme vide. Chaque personne à qui j'ai parlé m'a félicité pour la réussite de la soirée.

Je suis ravi... oui, je le suis.

La musique douce, presque stellaire résonne lentement dans la salle bondée. Je m'accroche désespérément à ce que me dit Jones en face de moi, dans son costume bas de gamme, sans pour autant comprendre le moindre mots de ce qu'il raconte. Faudrait déjà que j'arrive à l'écouter, à m'y intéresser. Mais ça n'est pas le cas.

- Ah Edward ! Madame Brighton te cherche depuis une heure ! s'exclame Rosalie dans un sourire de glace en arrivant sur ma droite, coupant nette la voix de mon vis à vis.

Dieu bénisse cette femme.

- Jones, salut-elle dans un sourire si froid que l'homme qui me tient la jambe depuis un quart d'heure se pétrifie.

Je refoule un léger sourire presque compatissant envers Jones dont les yeux sont figés sur la blonde superbe à mon côté.

On dirait presque qu'il a peur qu'elle lui brise la nuque si jamais il ose l'ouvrir. Je connais Rosalie depuis tellement longtemps maintenant que je sais qu'elle n'est pas dangereuse, pas le moins du monde, malgré son caractère bien trempé et son franc parler qui en stupéfait plus d'un.

Madame Brighton n'existe pas. Elle n'a jamais existée -ou pas dans notre monde- mais c'est notre technique pour nous sortir des situations un peu... dérangeantes. Et cette technique idiote et vieille comme le monde marche à tous les coups.

Avant que je n'ai pu réagir, elle me tire par le bras qu'elle passe au-dessus du sien et m'entraine avec elle au milieu des convives.

Ma tête bourdonne, les rires et les conversations autour amplifient cette sensation d'étouffement qui n'a de cesse de m'étrangler depuis...

- J'ai bien cru qu'il ne te lâcherait jamais ! souffle Rosalie quand nous nous rapprochons du buffet le long des énormes baies de la salle à travers laquelle la ville brille dans la nuit.

La ville est d'ailleurs magnifique, certainement, mais elle est largement ternie par son absence.

L'amertume est acide et me brule quand elle remonte le long de mon torse alors que Rose me glisse un regard en voyant que je ne réponds pas.

- Ça va ? demande-t-elle, un peu plus crispée par mon manque de réaction.

J'acquiesce d'un hochement de tête bref, peu envieux de m'étaler sur le sujet. Que pourrais-je bien dire ? Que je ne suis qu'un crétin ?

- Elle va venir, finit-elle par dire après un instant où mes yeux voguent sur la ville grouillant toujours malgré la soirée plus qu'avancée.

Ma mâchoire se serre si fort que je suis certain de la sentir craquer.

- Fais pas cette tête. Elle est en colère mais elle n'est pas bête. Elle sait que cette soirée peut être un véritable tournant dans sa carrière.

Sa répartit pourrait m'amuser, si la situation n'avait pas été aussi pourri. Évidement qu'elle le sait. Elle sait aussi que je lui mens depuis des semaines et que j'ai agis en arrogant pensant qu'il peut tout avoir. Et évidement qu'à l'instant, je me fou royalement de sa carrière, ou de la mienne. Je veux qu'elle vienne pour moi, pour nous. Je veux qu'elle me traite de connard et qu'elle me dise qu'elle me pardonne d'être un mec dont l'arrogance l'a mené là où il est.

Je peux tout avoir.

Rien ne m'a jamais vraiment posé de problème, rien n'a jamais été insurmontable.

Mon boulot, ma carrière... ça n'a pas été facile, ça n'a pas été donné. J'ai du travailler comme un acharné pour arriver là où je suis mais peu importe les épreuves et les montagnes sur mon chemin, j'ai toujours été gagnant. J'ai toujours fini par obtenir tout ce que je voulais, tout ce que je souhaitais.

Ça a marché pareil avec les femmes depuis... depuis toujours. Rien n'a jamais été compliqué, difficile. Je voulais, je prenais, sans avoir besoin de quémander, de supplier. Je n'ai jamais été amené à penser que c'était mon argent, ma position qui rendait tout tellement... simple, mais, depuis ce matin, je sais que c'est ce qui a tout bousillé. Ça, et mon impressionnant égo.

Mais elle... Est-ce son inaccessibilité qui l'a rendue tellement... irrésistible ? Où ai-je bien pu entendre un jour que les causes perdues avait quelque chose d'irrésistible ?

- Elle va venir, répète Rosalie avec un peu plus d'entrain, comme si elle voulait s'en convaincre elle-même.

Pour ma part, je veux qu'elle vienne. Je veux... je veux la voir. Je veux qu'elle m'étonne encore parce que, depuis le début, depuis le premier instant où j'ai posé les yeux sur elle, elle n'a été que ça.

Que surprise.

Qu'étonnement.

J'avale la dernière gorgée de ma troisième coupe de champagne d'une traite, espérant apaiser la brulure de la colère qui me torture le corps mais rien n'y fait.

Je veux qu'elle vienne.

Et, à la fois, l'affronter sera la pire punition du monde.

Ça, je le sais. Je le sais parce que Jacob m'a appelé en fin d'après-midi, me disant qu'elle lui avait passé le savon du siècle et qu'elle était réellement fâchée contre lui. Elle lui en veut. Elle s'en veut à elle-même et moi... n'en parlons pas.

Mais elle l'aime. Elle l'aime comme son frère et elle reviendra vers lui lorsque sa colère sera retombée.

Ce qui n'est pas mon cas.

J'attrape une autre coupe de champagne au premier serveur qui passe sous le regard désapprobateur de Rosalie.

- C'est ma soirée. J'ai besoin de me détendre, lui rappelé-je d'une voix tendue.

- Essaie d'être tout de même en état de faire ton discours. Tu as une heure pour retrouver le sourire et essayer de faire croire aux convives que tu es heureux de ta soirée de lancement. NewMoon c'est ton projet Edward. Ça fait des mois que tu bosses dessus alors ne gâche pas tout. Chaque personne présente ce soir attends que tu émettes le moindre faux pas pour te prendre tout ce qui t'appartient depuis toujours, me rappelle-t-elle en souriant froidement à un petit groupe de femme plus loin qui nous jettent des regards sans cesse.

Ses mots me font serrer les dents encore une fois.

Ce monde est impitoyable, tout le monde le sait. Je le sais, mieux que beaucoup présents ici ce soir.

Ma boite a été la seule à toujours être en évolution. Jamais de régression, jamais de revers, d'échecs. Depuis qu'elle a vu le jour, tout en elle est une réussite et ça ne plait pas à tout le monde.

La plupart des invités présents ce soir sont des membres à part entière de ceux qu'on appelle la concurrence. Je sais qu'au moindre faux pas...

- Donnons-leur un peu de quoi alimenter leurs bavardages tu veux ?

Le regard noir de Rosalie quand j'avale la moitié de ma coupe de chambre en une gorgée me fait presque rire. Si cet alcool pouvait au moins me faire oublier ce que je ressens à l'instant...

Un couple que je reconnais comme les propriétaires de l'hôtel vient à notre rencontre, me faisant brusquement regretter d'avoir quitté Jones. S'il y a bien quelqu'un de plus complaisant et baratineur que lui, ce sont bien eux. Tout ça pour que je ne quitte surtout pas leur hôtel…

- Monsieur Cullen ! Quelle belle soirée vous nous avez réservez là !

- Monsieur et Madame Colmarton, les salué-je sans prendre la peine d'être la personne la plus agréable du monde. Rose, je te présente les propriétaires de ces lieux.

Ma belle-sœur les salut avec la classe dont elle sait faire preuve et entame une conversation absolument charmante avec eux que je n'arrive déjà plus à suivre.

Ils parlent de la soirée, de l'organisation de celle-ci, et de la beauté du travail qu'à accompli mon organisatrice d'évènement.

J'ai du mal à repousser le fait que mon estomac se retournent quand ils nous demandent son nom, et que Rosalie répond à ma place.

Vais-je réussir à affronter cette putain de colère qui monte en moi chaque fois que le moindre souvenirs me traverse ? Vais-je cesser d'être ce con arrogant et froid qu'elle déteste ? Devrais-je aller tambouriner à sa porte jusqu'à ce qu'elle accepte de me parler ? Va-t-elle venir ?

- On m'a dit que la première édition était publiée dès lundi ? me demande l'homme d'un certain âge face à moi, rattrapant mon attention maladroitement alors que je m'enfonce sans le vouloir dans les brides de notre dispute du matin même.

- Dès demain, enfaite, rectifié-je en tentant d'être moins crispé que je ne le suis.

- Demain ? s'étonne Colmarton en haussant ses sourcils épais où des dizaines de fils argentés ont dû prendre place avec les soucis qui accompagnent son hôtel.

Ou est-ce sa femme d'au moins 30 ans de moins qui l'épuise à ce point ? Cette blonde à la peau trop tirée pour être naturelle m'adresse un léger sourire qui m'en dit plus long sur sa personnalité que si elle m'avait parlé. Quel est le désir de ces hommes vieillissant de s'enticher de femme aussi superficielles ? Se croient-ils puissants d'être avec des femmes qui pourrait être leurs filles ?

- Demain, affirmé-je seulement désireux de mettre un terme à cette conversation.

- Eh bien, vous ne perdez pas de temps ! s'amuse mon vis à vis dans un sourire alors que sa femme s'esclaffe grossièrement.

L'étau autour de mon torse se resserre, me donnant la sensation que je manque brusquement d'air et de patience.

- Je n'en ai jamais perdu, asséné-je d'une voix plate, insouciant de froisser le propriétaire des lieux.

Je m'éloigne dans un murmure d'excuse alors que Rosalie se paralyse quand je croise son regard inquiet.

Je dois sortir. Je dois prendre l'air.

J'ai la sensation que je vais tout casser autour de moi si le monde ne se tait pas, si la vie ne s'arrête pas.

Je ne comprends d'ailleurs pas comment cela est possible. Le monde ne s'est pas arrêté, les gens n'ont pas arrêté de marcher, de rire, de vivre. Le soleil se lèvera demain et la Terre continuera de tourner.

J'ai pourtant la sensation que mon monde s'est brutalement arrêté, et que l'air n'est cruellement plus aussi respirable que ce matin même.

Je n'ai pas le temps de traverser la pièce que mon corps entier ressent un frisson qui ne m'est maintenant plus inconnu.

Je sais qu'elle est là avant même que mes yeux ne se posent sur elle.

Il ne me faut qu'une seule courte seconde pour la repérer au milieu de la foule.

Mon souffle se coupe quand mon regard tombe sur sa nuque fine alors que tout disparait à part elle.

Elle est venue.

Elle est là. Malgré tout, malgré... moi.

Elle est là, sous mes yeux, sublime et extraordinaire.

L'espace d'un instant, je la regarde sans être capable de faire le moins mouvement, sans même être capable de respirer.

Son visage fin de dessine de profil et la façon dont ses doigts pressent sa pochette trahissent sa nervosité.

Elle observe un court instant les invités autour d'elle avant de baisser les yeux sur sa robe qu'elle lisse nerveusement de sa main libre, comme si elle ne se sentait pas assez... pas assez bien pour être ici ce soir.

Mais elle est... elle n'est pas bien, elle est merveilleuse. Étourdissante. Elle est mieux que toutes les femmes présentes ici, mieux que toutes celles de cette ville, de cet état.

Ma gorge s'assèche quand je me rends compte qu'elle est sans aucun doute la plus belle femme que je n'ai jamais vue. La dentelle sur son épaule gauche mêlée de strass me rappelle brutalement la sensation de sa peau sous mes doigts et la colère se réveille à nouveau brutalement en moi, me faisant serrer les dents sous la pression qui écrase violemment mon cœur dans mon torse.

Comment ai-je pu laisser cette femme m'échapper ?

Mon cœur cesse de battre quand son regard accroche le mien au milieu des invités.

Et le temps se suspend.

Si j'ai eu la minute précédente la sensation que l'on m'écrasait le cœur, j'ai là le sentiment qu'on me le broie à mains nues sous le sentiment qui nait dans ses yeux à la seconde où ils capturent les miens.

Pourquoi ne lui ai-je pas dit que j'étais le pire des égoïstes ? Pourquoi ne lui ai-je pas imposé de simplement rester chez elle ? Discuter ? La supplier à genoux de me pardonner ?

Les gens autour continuent de parler, de rire.

La musique continue de bercer la foule et le champagne coule à flot, créant un tintement de verres sans fin tout autour de nous, mais tout est flou, tout est assourdit, insignifiant, étouffé.

Plusieurs personnes passent même entre nous dans l'espace qui nous sépare mais, comme depuis le premier instant, le monde n'a plus l'air d'exister.

Il n'y a qu'elle.

Il n'y aura toujours qu'elle.

Notre connexion s'efface subitement quand elle est interpellée par quelqu'un, me faisant lâcher un flot inaudible d'insultes qui passent entre mes lèvres, troublant la chamade de mon cœur soudain à nouveau vivant.

La bruit, les lumières, la foule, tout me revient comme une claque, m'étourdissant.

Je m'apprête à maudire la personne qui me l'a arrachée avant de me rendre compte que c'est ma propre mère qui discute désormais avec elle.

- Tu comptes rester planté là à la regarder ?

J'adresse un regard noir à Rosalie qui m'a rejoint.

- Tu devrais aller discuter avec elle.

- Elle a été clair.

- Je ne t'ai jamais vu si peu combatif, commente ma belle-sœur en avalant la fin de sa coupe de champagne.

Je serre les dents, définitivement agacé.

- Je lui ai assez imposé de chose depuis...

- Tu crois ? ironise-t-elle avant d'émettre un léger rire.

Je lève les yeux au ciel, finit ma coupe de champagne avant de reposer mon verre. Je n'arrive pas à détacher mon regard d'elle. Je ne peux pas le faire. Même si j'avais envie de regarde autre chose qu'elle... non, définitivement, je ne peux pas. Je ne veux pas.

Elle est merveilleuse, et le mot est faible.

- Si tu ne vas pas lui parler, moi j'y vais, décide brutalement Rosalie avant de se diriger d'un pas sûr vers la femme parfaite de l'autre côté de la salle.

Si je pouvais taper dans quelque chose, je le ferais.

J'observe ma belle-sœur traverser gracieusement la pièce, atteignant ma mère et Isabella qui discutent tranquillement.

Dois-je les rejoindre ? Puis-je les rejoindre ? Depuis quand ai-je besoin d'une autorisation pour faire quoi que ce soit ? Depuis quand ai-je le sentiment qu'il m'en faut une ?

Après une seconde à les regarder, mes questionnements sont balayés par son regard qui accroche le mien une nouvelle fois, coupant ma respiration sous l'intensité qui fait briller ses yeux.

J'ai l'impression que mon estomac vient de remonter dans ma gorge, si bien que je me perds dans ses pupilles sombres, inondés d'incompréhension, de colère et d'un sentiment que je n'arrive pas à comprendre. Est-ce de la tristesse ? De l'espoir ?

Rosalie à raison. Je dois me battre.

À nouveau, alors que j'amorce un premier pas sans même l'avoir pleinement décidé, le temps se fige et le monde autour de moi disparait, ne me laissant plus qu'elle sous les yeux.

Elle est belle. Elle est vraiment belle. Quel idiot ne la remarquerait pas ? Quel abrutis serais-je de la laisser partir sans même tout tenter pour la récupérer ?

Je ne peux l'avoir perdu pour toujours. Ça n'est pas possible, pas tolérable.

Ses yeux brillent d'une nouvelle émotion indéchiffrable quand elle comprend que je m'approche dans l'unique but de lui parler. Ses doigts serrent un peu plus fort sa pochette et je suis certain qu'elle n'écoute pas le moindre mot de l'échange qu'on Rosalie et ma mère en face d'elle.

Alors que je bouscule plusieurs personnes sans même y prêter attention, son regard profond change à nouveau. Elle a l'air... perdue, vulnérable et à la fois tellement forte, tellement... tellement étourdissante.

Quelle femme au monde peut-elle être toutes ces choses à la fois ?

Quand je suis si près que j'entends leur discussion, je la vois retenir brutalement sa respiration. Elle a l'air d'avoir envie de fuir le plus loin possible, tout en étant cependant incapable de bouger.

- Oh Edward ! s'enthousiasme ma mère joyeusement quand elle me remarque, je disais à Isabella que cette soirée...

- C'est merveilleux, approuve Rosalie dans un sourire chaleureux.

Sa froideur a donc totalement disparu et se constat me rappelle pourquoi nous en sommes là ce soir.

- Tout est grâce à Isabella, confirmé-je d'une voix plus grave qu'à la normale en glissant un regard vers elle.

Elle s'est statufiée, littéralement.

Le rougissement qui envahit ses joues retourne mon estomac en même temps qu'il me fait du bien. Elle réagit à ma présence comme avant, comme... juste comme avant. Je l'observe sans m'en cacher, laissant mes yeux divagués sur son visage légèrement maquillé. Ses yeux sont entourés d'or, rendant leur profondeur encore plus impressionnante.

Quelqu'un a-t-il un jour osé dire que les yeux marrons étaient insignifiants ? Fades ? Les siens sont incroyables, renversants. J'n'ai jamais croisé un regard comme le sien. Jamais.

Sa respiration se saccade légèrement quand elle prend conscience d'à quel point je suis absorbée par elle mais, c'est plus fort que moi. Je dois la regarder. Je dois savourer chaque millimètre de sa peau. J'ai le sentiment intolérable que c'est là ma dernière occasion de pouvoir le faire… est-ce le cas ?

Mes yeux glissent sur la ligne fine de sa mâchoire avant d'airer jusqu'à la finesse de sa nuque que son chignon flou révèle.

- J'étais certaine que ça allait être une réussite mais je ne pensais pas que cela serait si beau ! la complimente ma mère. Les bandeaux au plafond... Mon dieu ! D'où vous viennent de si belles idées ?

- Je... j'ai été inspirée, balbutie Isabella en reportant son attention à ma mère, tentant de cacher le tremblement de sa voix.

Faire le constat qu'elle réagit toujours aussi intensément à mon contact me rassure. Rien n'a changé. Je sais qu'elle ressent toujours la même chose. Je sais qu'elle est toujours... elle. Et que je suis toujours moi.

- Vous m'excusez ? Je dois...

- Elle me doit une danse, la coupé-je, peu envieux de l'entendre dire qu'elle doit s'éloigner de moi.

J'ignore le regard furieux qu'elle m'adresse soudain et m'approche d'elle, ne lui laissant pas le choix. C'est hors de question qu'elle m'échappe.

- Ton frère nous attends, approuve Rosalie en me glissant un regard appuyé.

Elles s'éloignent sans attendre qu'Isabella puisse réagir, nous laissant seuls.

Pour la première fois depuis des mois, voire des années, je me sens nerveux.

Quand elle recule d'un pas, ne sachant apparemment plus quoi faire ou dire, mon cœur sursaute dans mon torse.

- Danse avec moi.

Je la vois froncer légèrement les sourcils alors qu'elle détourne le regard quand je lui fais face, semblant incapable de me regarder.

- Edward...

Sa voix est lourde de reproche alors que je m'approche davantage. Son parfum délicat m'entoure, affolant mes sens.

- Tu me dois une danse, lui rappelé-je d'une voix plus douce, seulement désireux de la sentir contre moi.

Son regard s'assombrie légèrement.

- C'était avant de...

- Isabella !

Le ton tranchant de ma voix la fige alors qu'elle rougit à nouveau, me faisant serrer les dents. Un instant, son regard capture le mien pendant qu'elle se bat contre elle-même interminablement.

- Une seule, me prévient-elle durement, mécontente.

Je ne me prive pas de savourer ce que son acceptation me fait ressentir. Ce qu'elle me fait éprouver...

- Ravale ce sourire Edward. Ce n'est qu'une seule danse.

- Une danse, approuvé-je en souriant tout de même, incapable de me retenir.

Elle lève les yeux au ciel en me contournant pour rejoindre la piste de danse où bon nombre de couples ont pris place.

Je repère Emmett qui danse avec ma mère un peu plus loin et Alice et Jasper qui ont l'air plus... plus heureux que jamais. Du coin de l'œil, je vois même Angela et Ben, les amis de Bella qui rient et dansent.

Ils ont certainement dû passer la journée dans l'affolement le plus intense de leur carrière, et maintenant que le buffet à presque totalement été dévorés, ils se détendent. Il faudra que je pense à les remercier quand la femme à mon côté aura cessé de vouloir m'arracher les yeux.

Je vois brièvement Angela nous jeter un regard avant de faire les gros yeux à Isabella. Leur échange silencieux ne m'échappe pas. Que pense-t-elle ? Qu'elle fait l'erreur de sa vie en m'accordant cette danse ? Qu'elle devrait m'écouter ? Que je devrais cesser d'être aussi stupide ?

Quand mon regard se pose sur la nuque de la femme qui marche devant moi d'un pas sûr, j'inspire lentement.

Je sais ce que je veux.

Elle sursaute quand ma main attrape la sienne et que je la tire de l'autre côté de la piste de danse.

Je la veux que pour moi. Je veux qu'elle ne soit qu'à moi, même si cela ne dure qu'un instant… qu'une danse.

Le contact de sa peau créer une foule d'émotions en moi, accentuant les sentiments que j'éprouve pour elle. Qu'importe qu'elle soit en colère contre moi, qu'importe qu'elle m'en veuille... savoir que je ne la laisse pas indifférente, peu importe qu'elle me déteste, me donne de l'espoir. Elle ressent quelque chose. Elle ressent encore quelque chose.

On s'éloigne légèrement des autres, je l'entends protester mais l'ignore, la tirant derrière moi avant de la ramener vivement contre moi, coupant sa respiration quand sa poitrine s'écrase contre mon torse.

Je pourrais fermer les yeux tant sa chaleur contre moi est grisante, mais son regard emprisonne le mien, me rendant incapable de détacher mes attention d'elle. Je n'ai jamais rien connu de tel que l'effet qu'elle me fait.

Pendant une longue seconde, son regard se voile de ce qu'elle ressent, elle aussi.

Je dois inspirer profondément pour être capable d'amorcer le premier mouvement, l'entrainant lentement dans cette danse... notre danse. Est-ce réellement la seule qu'elle va m'accorder ?

Son corps contre le mien est tendu et ses tremblements s'accentuent quand je passe mon bras autour de ses hanches dans l'unique but de la rapprocher.

- Je n'étais pas sûr que tu viendrais, avoué-je après quelques secondes à me perdre dans ses yeux d'une intensité incroyable.

Elle pince les lèvres nerveusement avant de regarder brièvement autour de nous. Mes doigts glissent sur le tissu doux de sa robe noire, espérant capter son attention.

- Tu ne vas pas me répondre ?

- As-tu répondu à mes questions, toi ?

Un soupire se bloque dans ma gorge quand la colère revient dans son regard qu'elle braque dans le mien. Cette danse ne s'annonce pas comme je l'espérais. Qu'est-ce que je croyais ?

- Je te dirais tout ce que tu veux savoir.

Ma phrase la fait se fermer un peu plus.

Nous dansons une minute dans un silence pesant alors que mon cerveau s'agite et que mes pensées fusent. Je ne peux que comprendre sa colère contre moi. Je suis un connard doublé d'un arrogant. Mais je sais aussi que si elle réagit aussi violemment, c'est qu'elle éprouve la même chose pour moi que ce que j'éprouve pour elle.

- Tu es magnifique, murmuré-je en l'approchant un peu plus de moi.

- Lequel de vous deux a eu cette idée totalement pourrit de me mentir ? m'ignore-t-elle royalement.

Son regard en colère retrouve le mien et la culpabilité me secoue.

- Moi.

Elle serre les dents, refoulant ce que ma réponse lui fait ressentir.

- Je sais que c'était...

- Tu ne sais pas, non, contre-t-elle avec force.

- Je ne te dirais pas que je regrette tout ça.

Ma remarque semble la blesser alors que son souffle se coupe une seconde. Je fronce les sourcils, secoué par sa colère qui m'inonde par vagues alors qu'elle se raidie contre moi à mesure que les secondes passent.

- Je ne regrette pas ce qui m'a mené à toi, repris-je plus doucement.

Elle rougit, à nouveau, puis détourne le regard sur les invités dansant autour de nous. La lumière est douce, et les spots miniatures qu'elle a fait accrocher dans les toiles sombres au plafond dessinent des éclats de lumières sur sa peau pâle.

- Tu m'as menti, reprend-elle la voix plus faible.

- Je sais.

- Tu es d'une arrogance inouïe et je t'en veux au point d'avoir envie de t'arracher les yeux.

- Je sais.

- Personne ne m'a jamais mise autant en colère que toi.

- Je sais, répété-je ne sachant pas quoi lui dire d'autre.

Elle a raison. Elle a raison depuis le départ.

- Je te déteste.

Je retiens mal mon sourire alors que je la serre plus étroitement contre moi, inspirant lentement son parfum délicat comme pour m'en imprégner.

- Je sais.

Elle soupire, mais se détend légèrement contre moi.

Je nous berce quelques secondes en silence. Mon cœur est moins lourd, ma colère moins ardente et mon chagrin moins pesant. Je sais qu'elle ne me pardonnera pas aisément, mais je sais qu'elle ne me déteste pas. Ma victoire est ici... juste ici.

- Je ne conçois pas une relation où l'autre me ment, reprend-elle d'une voix tremblante après un instant.

Ses mots provoquent un sentiment amer qui me noue la gorge douloureusement.

- Je ne te mentirai plus jamais, promis-je en sentant mon cœur ralentir.

Elle secoue la tête. J'ai la sensation qu'elle est au bord des larmes et, à la fois, qu'elle se force à ne rien ressentir. Comment un si petit corps peut-il être secoué par autant d'émotions ?

Un sentiment que je déteste envahit mon être entier, rendant douloureuse la moindre respiration.

- Tu ne comprends pas, murmure-t-elle en se reculant légèrement, suspendant notre danse. Je... je n'ai pas envie de... je n'ai pas envie de tout ça.

Ma gorge s'assèche alors que je cesse de bouger.

- De tout ça ? répété-je.

Je sais de quoi elle parle. Il faudrait être un idiot de ne pas le comprendre, de ne pas vouloir le comprendre.

- Tout ça, affirme-t-elle en tremblant un peu plus.

L'évidence s'impose à moi alors qu'elle s'éloigne légèrement. Ma main serre la sienne, l'empêchant de bouger.

- Ne dis pas ça.

- Edward...

- Ne dis pas ça. Tu... tu n'as pas idée de... du nombre de fois où j'ai voulu t'en parler. Tu ne sais pas ce que ça m'a fait que tu l'apprennes comme ça.

- Ce que ça t'a fait ? répéte-t-elle abasourdie. As-tu seulement pensée à ce que j'ai ressenti, moi ?

- Je ne fais que ça, craché-je entre mes dents, incapable de rester de marbre face à ce qu'il se passe.

Les larmes gagnent ses yeux alors que je l'approche à nouveau, espérant apaiser la douleur dans son regard et la colère qui y flotte encore.

- Ça n'était pas... ça n'était rien, dis-je maladroitement. Je ne voulais pas te mentir, je voulais juste... je voulais juste te rencontrer.

- Mais tu l'as fait Edward !

- C'est la dernière chose au monde que je voulais.

- Je ne peux pas faire comme s'il ne s'était rien passé, comme si mon meilleur ami n'avait pas arrangé ce... cette chose entre nous...

- Il n'a fait que nous présenter, m'agacé-je malgré moi, désireux qu'elle comprenne que la trahir n'était pas mon intention.

Son sourcil s'arque légèrement en même temps que je me rends compte du ton sec que je viens d'employer.

Je serre les dents en fermant les yeux une seconde, souhaitant retrouver mon calme et réussir à faire disparaitre la nouvelle évidence qui nait en elle.

- Je crois...

- Notre danse est terminée, me coupe-t-elle en m'échappant, rompant tout contact entre nous.

- Isabella...

- Ça suffit Edward. Je... ça suffit.

Avant que je n'ai pu respirer, ni même tenter de parler, d'agir, elle disparait entre les invités, partant à grandes enjambées loin, le plus loin possible de tout ce qui semble être... moi.

Puis, la colère resurgit à nouveau.

Plus intense.

Plus sombre.

Cette fois, elle veut m'engloutir.

Elle brule mes yeux atrocement alors que je prends conscience de ce qu'il vient de se passer.

Elle part, à nouveau.

Elle part et rien de ce que je dirais ne pourra la retenir. Que puis-je faire d'autre ? Que puis-je faire de plus ?

Je me retiens mal de hurler ma rage au milieu de sa soirée alors que sa silhouette disparait, rejoignant l'ascenseur à l'autre bout de la salle.

Je suis pratiquement sûr de la voir essuyer ses joues en tremblant avant de s'engouffrer dans l'ascenseur et de disparaitre quand les portes de celui-ci se referment.

Il y a un léger moment de flottement quand elle a totalement disparue de ma vision.

Quelque chose dans l'air qui me fait comprendre qu'avant ce soir, qu'avant elle, qu'avant qu'elle ne décide de mettre définitivement un terme à notre relation par mon unique faute, je n'avais jamais souffert.


Il neige à nouveau.

De gros flocons tombent du ciel et virevoltent pour s'en aller s'écraser en bas. Tout, tout en bas.

J'admire leurs danse sans la voir, ayant la sensation que le vide sous mes yeux reflète celui qui est tapis en moi et ne cherche qu'à m'engloutir.

Ma famille est rentrée. Tout le monde est rentré. Pour la première fois de sa vie, Rosalie n'a pas su quoi que me dire quand elle m'a rejoint à l'endroit où Isabella m'a laissé.

Les derniers invités m'ont salué poliment et ont disparu à leurs tour.

Leur soirée a été parfaite.

Pendant longtemps, je reste sans bouger.

J'ose à peine respirer.

Si je le fais, vais-je tomber et m'écraser au sol comme ces putains de flocons ? Les vitres immenses me protègent pourtant du vide.

La ville endormit ne dors pas vraiment. Le monde ne s'est pas arrêté de tourner, et ma colère ne fait qu'accroître ce sentiment que le mien à pourtant cessé d'exister. Mes mains enfoncées dans mon pantalon habillé se serrent et se desserrent au rythme des battements douloureux de mon cœur alors que le silence m'entoure cruellement.

Je soupire quand l'ascenseur s'ouvrit dans un léger ding me faisant fermer les yeux.

Ma mère, encore. Ou Rosalie qui vient pour me botter les fesses d'avoir laissé partir la femme de ma vie sans même réussir à être assez digne d'elle pour la retenir. Peut-être même Alice qui vient me rappeler à quel point j'ai tout foiré.

Des bruits de talons résonnent lentement dans l'immense pièce à présent vide de vie. J'n'ai pas envie de parler, d'en parler. J'n'ai pas envie de réaliser à quel point j'ai tout perdu.

Les pas cessent non loin derrière moi. Je soupire, désireux que l'intruse dans ma bulle de silence se taise et reste muette. Je n'ai pas besoin d'entendre que je ne…

- J'aime la neige.

Cette voix…

Mon cœur cesse de battre. Mon ventre sursaute si violemment que je dois fermer les yeux une seconde pour rester debout.

Suis-je en train de rêver ? Ai-je finalement fait disparaitre cette vitre pour tomber dans la vide ? Le paradis est-il si près, si accessible ?

Isabella.

Je me tourne pour être certain que sa présence n'est pas une hallucination. Sa vision me coupe le souffle. Ses yeux sont brillants, son maquillage légèrement effacé, son nez et ses joues rosies par le froid et sa bouche est rouge. Elle a l'air glacée dans sa robe qui divulgue trop de sa peau pale sans pourtant en dévoiler assez.

Elle est plus belle qu'elle ne l'a jamais été.

Les questions m'assaillent brutalement alors que son regard se perd sur le paysage que je contemplais il y a une minute à peine.

Je me fou du paysage, de la beauté de la ville enneigée et même de cette stupide soirée que je viens de passer.

Tout s'apaise quand mes yeux croisent les siens.

Son regard est sombre, brillant, brulant. Elle a l'air tellement sûre d'elle que, maintenant, je ne suis plus sûr de rien la -nous- concernant. Que fait-elle là ?

Le doute me secoue si fort quant à sa présence que j'ai la sensation de n'être qu'un insecte qu'elle pourrait écraser sans la moindre difficulté. D'un mot, d'un regard, elle a le pouvoir de détruire ma vie. A-t-elle consciente d'être la personne la plus surprenante, la plus remarquable que j'ai pu rencontrer ?

- Tu... quoi ? répété-je d'une voix sourde quand je me rends compte qu'elle a dit quelque chose.

- J'aime la neige.

Mes sourcils se froncent d'eux-mêmes. Pourquoi me dit-elle ça ? Pourquoi l'aime-t-elle ? Pourquoi maintenant ?

- Je suis arrivée dans la rue en descendant d'ici, explique-t-elle calmement. J'ai quitté cette soirée (elle glisse un regard à la salle désormais vide avant de revenir à moi), je t'ai quitté, toi, et j'ai pris l'ascenseur pour descendre... pour... pour partir.

Elle fronce légèrement les sourcils à son tour, semblant se perdre dans ses propres explications. Mon cœur bat si fort désormais qu'il résonne contre mes tempes.

Vais-je réussir à ne pas foncer à elle pour la toucher ? L'embrasser ? À quel moment mon cerveau va-t-il ne plus réussir à combattre les sentiments qu'elle provoque en moi et qui vont faire s'arrêter mon cœur ?

- Quand je suis arrivée sur le trottoir, il s'est mis à neiger.

Elle inspire lentement, puis un très léger sourire étire sa bouche. Dieu qu'elle est belle.

- J'ai levé les yeux vers le ciel, les flocons sont venus m'embrasser, poursuit-elle en me dévisageant intensément. Je... je me suis rendu compte que j'aimais ça. Ce, ce froid, cette brûlure.

Ma gorge est sèche alors que je scrute chaque centimètre de son visage parfait. Qu'est-elle en train de dire ?

- J'aime ça.

Un léger silence passe alors qu'elle tord ses mains nerveusement entre elles. Je ne comprends rien. Que fait-elle là ? Pourquoi me dit-elle ça alors qu'elle m'a quitté ? Qu'elle est partie ?

- Je... pourquoi tu me dis ça ? soufflé-je, faisant écho à mes pensées emmêlées.

- J'ai repensé à ce que tu m'as dit, à plusieurs reprises. Que… que tu me ferais aimer la neige. Aimer Noël. Aimer l'eau, aussi.

Je pourrais rire si mon cœur ne battait pas si fort et si l'intensité de son regard ne m'emprisonnait pas au point de ne plus savoir mon propre prénom.

- J'aime l'eau, maintenant, avoue-t-elle fièrement. Enfin, avec toi, reprend-elle dans un sourire discret mais bien réel. Pour la première fois de ma vie j'ai... j'ai aimé Noël. Vraiment. Cette soirée avec ceux que j'aime... et je... avec toi.

Elle inspire profondément, comme pour se donner le courage de poursuivre. Un rougissement la traverse légèrement avant qu'elle ne fasse un pas vers moi.

- Je ne pensais pas pouvoir un jour savourer littéralement la danse que les flocons font en tombant.

- Tu...

- J'ai passé une heure à les regarder tomber sur Central Park, me coupe-t-elle en faisant un nouveau pas vers moi.

Son regard se trouble légèrement avant qu'elle n'inspire profondément. Suspendu à ses lèvres, j'ai la sensation que ma vie ne sera plus jamais la même.

- J'ai pensé à Riley, confesse-t-elle plus bas. J'ai pensé à notre histoire, à son combat... j'ai pensé à sa mort. À ce que j'ai ressenti le matin de l'enterrement.

Son émotion à quelque chose de nouveau que je ne saurai définir. Un certain apaisement flotte dans son regard et rassure quelque chose en moi aussi.

- J'ai pleuré, avoue-t-elle sans honte. Parce que, parce que je sais que c'est terminé. Parce que notre vie, à lui et moi est finie à jamais. Elle ne reviendra pas. Il… Il ne reviendra pas. Je sais qu'une partie de moi l'aimera toujours, quoi que je fasse dans ma vie, quoi que je décide de faire, où que j'aille. Je sais aussi que je ne serais pas la même si je ne l'avais pas perdu. J'ai compris que passer à autre chose n'était pas l'oublier... c'était... c'est juste, avancer, avec lui, quelque part en moi pour toujours.

Brièvement, elle essuie une larme qui roule sur sa joue avant de sourire malgré ses yeux brillants de larmes et l'étouffement que créer son chagrin. Je le sais. Le mien m'étouffe et mon cœur sursaute quand elle fait un autre pas vers moi, s'approchant des baies immenses dans mon dos. Elle est tellement forte ce soir, cette nuit. Tellement forte, tellement… tellement belle.

- Je sais qu'il voulait que je sois heureuse et je... je ne le suis pas, poursuit-elle avec calme.

La culpabilité revient malgré moi. Elle n'est pas heureuse à cause de moi. C'est d'une telle évidence qu'il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Comment ai-je pu croire que je méritai un seul instant son pardon ? Comment ai-je pu croire que cela serait si... facile ? Qu'elle me pardonnerait et que nous reprendrions une vie normale ensemble ?

- Je ne suis pas heureuse parce qu'à l'instant où je t'ai quitté j'ai su que je faisais une erreur.

Ses mots provoquent un soulagement tel que j'ai la sensation que je vais pleurer comme un gamin. A-t-elle dit ce que je crois qu'elle a dit ? Ai-je bien entendu ? Mon cœur redouble la cadence, accélérant mon souffle.

- Je n'ai pas... je n'accepte pas ce que vous avez fait avec Jacob. Je... vous m'avez menti et en dépit de tout ça j'ai... je crois que je ne suis pas capable de vivre sans toi une seule seconde alors que tu es... tu es là, vivant, devant moi et que tu es juste...

- Isabella...

Elle ferme les yeux, d'autres larmes débordants qu'elle essuie piteusement alors que je me bats pour ne pas la prendre dans mes bras dans la seconde. J'ai l'impression de ne pas avoir le droit de le faire.

- C'était... je te demande pardon, j'ai été idiot de penser que je pouvais t'avoir rien que... rien qu'en organisant tout ça c'était...

- Tu es parfait pour moi, ajoute-t-elle dans un tremblement, coupant court à mes mots et pensées emmêlées.

Elle inspire doucement, avant de reprendre :

- Je... je déteste ton arrogance et ta répartie idiote qui me pousse toujours à bout mais je n'arrive pas à me résoudre à simplement... partir.

- Alors ne pars pas, ne pars plus, soufflé-je maladroitement, avançant d'un nouveau pas vers elle, combattant mal mon envie de la toucher, de l'étreindre.

Un doux sourire éclaire son visage malgré de nouvelles larmes qui débordent. Quand je suis assez près pour l'atteindre, ma main entoure sa nuque alors qu'un soupire nous échappe au même moment. Sa peau, sa chaleur, son parfum… Ai-je été plus heureux un jour ? Je suis certain que non.

- Il fallait que je fasse quelque chose, avant de... avant de revenir, reprend-elle après une seconde où je me perds dans son regard larmoyant.

À nouveau, l'incompréhension me secoue. Ma main glisse jusqu'à son visage que je caresse brièvement, savourant la douceur de sa peau.

- Il fallait que je tourne la page.

Je ne comprends rien. Qu'a-t-elle fait ? Que doit-elle faire encore pour que plus rien ne nous sépare ? A-t-elle compris que je mourrais pour elle ?

Sa main attrape la mienne à son visage, avant qu'elle n'embrasse ma paume légèrement, me faisant frissonner de la tête aux pieds.

Quelque chose d'extrêmement fort flotte dans ses yeux à l'instant où ses doigts glissent le long les miens avant de disparaitre dans un tremblement que je n'oublierai certainement jamais.

Le métal est froid.

Et mon cœur semble sur le point d'exploser quand mes yeux se baissent sur le creux de ma paume.

Son alliance fine en or blanc trône au milieu de ma paume qui me parait soudain immense.

Je reste plusieurs longues secondes muet, incapable d'émettre le moindre mot tant ce que je ressens n'a jamais eu d'égal.

Elle m'a choisi.

Elle a choisi de rester, d'avancer. Elle a choisi de me pardonner. Elle a choisi de vivre et je suis l'imbécile arrogant et à la répartie idiote avec qui elle a décidé de le faire.

- Dis quelque chose, chuchote-t-elle dans une supplique après un instant où j'ai la sensation de ne plus toucher Terre.

- Je t'aime, lâché-je la voix tremblante, l'émotion prenant le pas sur tout ce que j'ai toujours contrôlé.

Un rire étranglé sort de sa gorge et ses larmes débordent à nouveau quand ma main libre entoure son visage pour la ramener à moi, la maintenant au plus près de moi que notre position peut le permettre. Son nez frôle le mien maladroitement.

- Putain je t'aime, répété-je maladroitement, inondé par ce qu'elle me fait ressentir.

- Je t'aime aussi, souffle sa voix cassée et tremblante après une seconde où son regard d'une intensité insolente verrouille le mien.

Si j'ai cru avoir déjà été heureux dans ma vie, profondément, littéralement heureux... je me trompais.

Quand elle se hisse sur la pointe des pieds pour poser ses lèvres contre les miennes, je comprends que je n'ai jamais su ce qu'était le véritable bonheur avant elle.

Celui qui vous inonde.

Celui qui vous rends invincible.

Celui qui vous fait aimer les flocons de neige.