brigitte26 : je ne sais pas encore vraiment, peut-être, ou bien une maladie... mystère, autant pour vous que pour moi :)))

Kelewan : J'estime que la quête des Horcruxes n'aurait jamais dû être menée par des enfants, il me paraît donc normal que ce soit des adultes, plus particulièrement des créatures, qui s'en chargent ! J'espère que ces tranches de vie de tous les jours ne dérangent pas trop, car je vais sans doute continuer d'en faire, c'est un peu ma marque de fabrique ;)

lesaccrosdelamerceri : Aurora prendra de la place dans l'histoire normalement, je l'aime bien !


Chapitre 29 : Visions d'ho-rr/nn-eur


Carmilla aurait frissonné si elle n'avait pas sept-cents ans.

Dans l'immense pièce au plafond lisse et haut, toute la chaleur était drainée, ne laissant qu'une couche de givre sur les objets en relief.

En arc-de-cercle, se trouvaient toutes les personnalités les plus inhabituelles du monde des créatures.

A l'extrême droite, le Roi des Gobelins, Fraagar VI ; à sa gauche, Sulux, son Conseiller.

Puis, Mango II de Daissys, la Reine des Fées, qui, pour une raison mystérieuse, avait tenu à être présente. Peut-être sa sœur, Mythia IV, debout à ses côtés, y était-elle pour quelque chose.

Au centre, comme des médiateurs, se tenaient les plus puissants du Parlement des Démons. A droite, Dilara, dont la peau noire tranchait avec le blanc de celle du reste des créatures à droite. Au centre, Achille, et, à gauche, Settimo.

De l'autre côté de l'arc, les couleurs de peau se firent plus teintées.

Représentant les Lycanthropes d'Angleterre, Lisa, la dominante de la plus grande meute du pays, était accompagnée de Katharina et Howley, deux loups aux visages neutres et aux muscles surdéveloppés.

Ils étaient installés à l'extrême gauche, comme pour être le plus loin possible des Gobelins et des Fées, même s'ils n'échangeaient pourtant aucun regard.

Et puis, entre eux et les démons, le plus inattendu. Légèrement plus avancé que les autres, il se détachait majestueusement, grand et élancé, des écailles rouge foncé couvrant ci-et-là son visage dur et noble, marqué de cicatrices plus claires sur sa peau noire à demi cachée par un masque.

Sygelth était l'un des êtres les plus puissants ayant foulé ces terres. Roi – ou Reine, personne ne le savait réellement – incontesté des Dragons, il avait prit la tête du Monde des Dragons après avoir assassiné Kygenon, l'ancien roi, qui gouvernait grâce à la tyrannie, à une époque plus ancienne encore que les débuts de la civilisation humaine. Il avait la réputation d'avoir vaincu l'armée entière du roi à lui seul, et de n'en être ressorti qu'avec une coupure ; elle traverserait la partie droite de son visage, de la tempe à la mâchoire, et serait la raison pour laquelle il porterait un demi-masque en écailles – qui seraient, toujours selon les rumeurs, celles de Kygenon –.

Rien de cela n'était prouvé, mais c'était une croyance populaire, qui correspondait au peu d'informations que l'on avait sur la nuit durant laquelle Sygelth s'était introduit dans le palais et à la matinée où l'on avait retrouvé une majorité des soldats, dont la tête avait été tranchée, ainsi que le roi mort, sur la place du château.

Ceux qui avaient survécu avaient juré n'avoir jamais soutenu le tyran, les yeux dans ceux de Sygelth, et avaient repris le cours de leur vie.

Les Dragons n'avaient plus jamais subi de carnage.

Tous debout, plus ou moins immobiles et plus ou moins nombreux par espèce, ils formaient un groupe des plus stupéfiants. Jamais on n'aurait imaginé les représentants de ces espèces ensemble dans une pièce fermée, sans arme mortelle pointée sur la gorge d'un voisin.

Les Gobelins, les Fées, les Démons, les Dragons et les Lycanthropes.

Tous, face à la Reine de l'Essaim Originel des Vampires. Une Reine sans nom, sans visage, mais dont l'autorité n'avait jamais été désavouée. Une Reine dont on ne voyait que la bouche et le menton, l'une rouge carmine, l'autre blanc laiteux. Le reste de sa face était couvert d'un voile noir en dentelle opaque, de la même matière que sa robe, qui tombait élégamment sur elle, couvrant son corps entier, ne laissant pas un millième de peau à l'extérieur.

Elle ne se leva pas. La Reine ne se levait pas sans raison.

Elle se contenta d'un léger mouvement de doigts, et cinq objets apparurent, rapidement suivis d'une bulle noirâtre et inquiétante.

La pièce perdit encore des degrés, au plus grand damne des Fées, des Démons et des Lycanthropes. Là où les premières ne dirent rien, les autres grimacèrent faiblement. Sygelth aurait dû se sentir particulièrement mal, lui, créature du feu, mais ne bougea pas d'un milliard de centimètre.

La Reine ouvrit la bouche, et plus aucun bruit n'exista, mis à part sa voix, dansante, froide, merveilleuse et terrifiante.

-Nous possédons les six morceaux d'âme de Tom Jedusor, qui se prénomme également Voldemort. Je requiers votre aide pour les détruire.

La Reine Mango II frappa une fois dans ses mains.

-J'accepte la demande.

Les autres créatures frappèrent deux fois des mains en guise de confirmation.


Les Gobelins et les Fées exorcisèrent ensemble les deux objets qui leur avaient été attribués, Sulux et Mythia IV frémissant imperceptiblement tandis que les deux souverains restaient de marbre. L'instant suivant, avant même que le morceau d'âme n'ai le temps de parler, le Médaillon de Serpentard et la Coupe de Poufsouffle étaient redevenus des objets on-ne-peut-plus communs – du moins aux yeux des créatures, qui ne jugeaient pas ces choses comme réellement précieuses –.

Ils échangèrent un regard, hochèrent la tête, et retournèrent à leur place.

Les Démons et les Lycanthropes firent de même et allièrent leurs forces. Avec une violence rare, les loups plantèrent leurs griffes menaçantes sorties pour l'occasion dans la couverture du journal d'adolescent, puisant dans leur énergie vitale pour purifier l'erreur de la nature qui se trouvait sous leurs mains fortes. Dans le même mouvement, les Démons lavèrent le diadème. Le morceau à l'intérieur eut le temps de souffler qu'ils venaient de perdre le savoir éternel, ce qui fit ricaner les créatures, avant de s'effondrer au sol.

D'un mouvement ample, la Reine des Vampires enferma les restes magiques des quatre Horcruxes dans une bulle magique, qui flamba lentement, sous le regard passionné des créatures autour.

Les loups et les Démons reprirent leur place dans l'arc, et regardèrent Sygelth et la Reine, qui avaient gardé leurs deux objets et se faisaient face, l'ai concentré.

L'âme présente dans la bague était pour la Reine, celle qui avait habité Neville Londubat était pour le Dragon.

Puis, les lèvres rouges s'étirèrent.

-Mon enfant, rejoins-nous donc.

Carmilla sortit de l'ombre de son trône, et planta ses yeux dans ceux, bronze, de Dilara. Elle ressemblait à Wendy, énormément. Elles avaient toutes deux les cheveux d'or, la peau noire de jais, le visage taillé dans la pierre la plus belle, la plus harmonieuse.

Wendy était bien plus belle. Sa peau était bien plus mate et lisse, ses lèvres bien plus émotives, ses yeux bien plus dorés, ses cheveux bien plus lumineux.

-Ma Reine, salua-t-elle sans lâcher du regard les autres créatures, attendant de savoir quelle attitude sa Créatrice lui demanderait d'adopter.

-Mon enfant, j'ai entre mes mains la bague de la famille Peverell, crée par La Mort en personne.

Carmilla resta indifférente, malgré sa fierté. C'était son enfant qui l'avait trouvée et ramenée, le sien.

Na !

-Suite à sa purification, elle reviendra à James Fleamont Potter.

Cela eut le don de l'intéresser.

-Je suppose qu'il souhaitera l'obtenir.

-Je pense qu'il l'offrira à son fils, répliqua immédiatement la vampire, sûre d'elle.

-La cape, la pierre. Il ne lui manquera plus que la baguette, fit remarquer la Reine, laissant complètement de côté les autres créatures, qui, pourtant, ne s'en formalisèrent pas.

Ils étaient sur son territoire, après tout.

-Je ne pense pas qu'il s'en soucie un jour.

-Très bien. Je t'offre le droit de nettoyer la bague, dit-elle en lui tendant finalement l'objet, à mains nues, les lèvres relevées en un léger sourire.

-Merci, ma Reine.


Tous regardèrent avec fascination la magie s'échapper de chaque pore de sa peau, envahissant l'atmosphère, à la limite d'avaler l'air. Chacun se détendit quand la chaleur revint peu à peu, tandis que, magnifique, la magie de Carmilla entourait la bague, virevoltant autour, s'infiltrant à l'intérieur, la traversant.

Carmilla avait une belle magie, qui lui était proférée par des siècles d'études de l'apparence de ses capacités. Une bonne illusionniste...

L'âme craqua en silence, en beauté, comme un acteur rend sa dernière parole à ses spectateurs, comme le cygne tombe de la scène pour le bouquet final.

Carmilla laissa le bonheur de la violence s'effriter en elle, la force de la noirceur rejoindre le néant, disparaître à jamais.

Elle savoura chaque once de la monstruosité qu'elle avait aidé à arrêter.

-Merci, ma Reine.

Cette dernière la congédia, et elle disparut tout aussi sec, saluant d'un hochement de tête les autres créatures, emportant avec elle la bague.

Sygelth était un roi calme, paisible, qui protégeait sa population à tous les prix. On en oubliait parfois qu'il avait tué un autre roi, un fou, qui avait décimé la moitié de sa propre race, et condamné d'autres à une vie d'animal.

Aujourd'hui, il était dur de ne pas s'en rendre compte, alors qu'il inspirait longuement l'âme noire, l'avalant avec une délectation terrifiante. Les Fées tremblèrent ; elles étaient plus sensibles que les autres à la puissance du Dragon.

Il ne leur accorda pas un regard, et continua son festin, ruinant l'âme de l'intérieur, avec un plaisir non dissimulé.

Se débarrasser d'elle n'était pas simple, puisque, contrairement aux autres morceaux, elle n'était pas enfermée dans un objet, mais dans une bulle magique. Elle requérait plus de puissance.

Une puissance qu'il se fit un plaisir de déverser, essoufflant les Fées et les Lycanthrope, fascinant les autres assez pour qu'ils oublient l'oxygène qui venait peu à peu à manquer.

Sygelth était d'une beauté fatale en cet instant.

La Reine sourit discrètement, fixant avec une délectation inquiétante le corps tendu par l'afflux de magie.

Elle se demandait quel goût avait le sang de Roi des Dragons.


-Comment ça, une vision ?

Harry cessa tout mouvement, au beau milieu de l'infirmerie, et fronça les sourcils.

Hermione Granger et Neville Londubat parlaient, tandis que le garçon était allongé dans un lit. Elle semblait particulièrement inquiète, et il comprit sans difficulté qu'il tentait, en vain, de dédramatiser la situation.

-Ce n'était pas grand-chose. J'ai juste vu un serpent dans une forêt.

-C'est grave ! La magie est étrange, mais elle ne laisse rien au hasard !

-Ecoute, je discuterais avec le professeur McGonagall, ça te va ?

La brune hocha frénétiquement la tête, ses lourds cheveux bondissant au passage, et, distraitement, Harry fit la liste des sorts et produits qui lui permettraient de les ordonner un peu.

Il resta concentré sur la situation.

-Ça m'intéresse. Les rêves, ce n'est pas réellement mon domaine, mais c'est celui de Draco, peut-être qu'il en saura un peu plus, intervint-il, provoquant un sursaut aux deux autres étudiants.

Hermione fut immédiatement sur ses gardes, et Neville se contenta de hausser un sourcil, l'air de réfléchir. Il l'observa de haut en bas, et Harry intercepta une lueur calculatrice qui lui était étrangement familière.

C'était la même que les plus âgés de Serpentard lorsqu'ils négociaient diverses choses.

Il préféra sagement noter ce fait dans un coin de sa tête pour y revenir plus tard, et rester centré sur ce qui se déroulait.

-Vraiment ?

C'était Neville qui avait parlé, avant que la brunette n'ai le temps de lui dire de se taire.

-Vraiment. Les visions et les rêves veulent toujours dire quelque chose, lorsque l'on prend la peine de les écouter et de les interpréter.

-Et en échange ?

Harry mima l'offense, tirant un sourire aux deux Gryffondor.

-En échange, j'aimerais parler à Fred et George Weasley. J'aurais besoin d'eux.

Neville fronça imperceptiblement les sourcils, masquant à la perfection sa surprise. Encore un mystère.

-Je suppose que je peux leur demander. Est-ce que je peux savoir pourquoi ?

-Pour le compte de mes amies.

Il ne chercha pas à en savoir plus ; il ne chercha pas à en dire plus non plus. A côté d'eux, assise sur une chaise, droite, Hermione n'avait pas bougé d'un pouce, mal à l'aise. Harry lui sourit le plus amicalement possible, malgré son naturel dur.

-Tu es Hermione Granger, celle qui s'est retrouvé au bazar, n'est-ce pas ?

Les secrets restaient toujours bien gardés entre sang-purs se respectant.

-Oui, répondit-elle instantanément, malgré une évidente hésitation. Ta maison en parle beaucoup ?

-Personne d'autre que quelques-uns ne sont au courant. Ce n'est pas vraiment une fierté, expliqua-t-il avec un air contrit.

-Je suppose. Vous n'avez pas eu de problèmes, n'est-ce pas ? S'enquit la fillette, sincèrement inquiète, et il sentit une vague de compassion pour elle, qui se souciait des Serpentards malgré son statut de Gryffondor née-moldu.

-Non, ne t'en fais pas. Ce n'est remonté nulle part. En revanche, celui qui a fait ça s'est pris un sacré savon, pour nous avoir tous mis en danger.

-Un savon ?

Harry et Hermione se tournèrent vers Neville, comme s'ils venaient de se souvenir de son existence, et hochèrent la tête, comme sur la même longueur d'ondes.

-Se faire disputer. C'est une expression moldue, expliqua brièvement le brun.

-Je pensais que tu étais un sang-pur, dit-elle doucement, toujours incertaine.

-Pas vraiment. Je suis un sang-mêlé pur, ce qui veut dire que mes deux parents sont sorciers, mais que l'un d'eux, en l'occurrence ma mère, est né-moldu. Je viens d'une famille plus ouverte d'esprit que la majorité, même s'ils ne sont pas très amoureux des moldus, avoua-t-il, les lèvres pincées.

-C'est étrange. Du peu que j'ai entendu, Serpentard ne prend que des sang-purs...

-Ce sont des idioties. Ils ont des nés-moldus aussi, simplement, c'est une maison qui valorise les élèves ambitieux et fiers. Il est normal que de nombreux sang-purs s'y retrouvent, puisque l'ambition et la fierté sont les piliers de notre éducation, intervint pour la seconde fois Neville, extrêmement sérieux.

Encore une fois, Harry grimaça intérieurement. Neville recommençait ses vacillements de comportement étranges. Comme s'il perdait le contrôle sur quelque chose... sa vraie personnalité ? Ou une façade...

Le garçon secoua mentalement la tête, se remettant les idées en place. C'était n'importe quoi. Neville Londubat était le Survivant. Les héros n'avaient pas de face cachée.

Même en le disant, ça sonnait faux.