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Chapitre 43
Le gravier crissa sous les pneus quand Izuna écrasa le frein, rangeant sa voiture aux vitres teintées en vrac près d'un véhicule de collection qu'il ne regarda même pas tant il était habitué à le voir. Il coupa le contact et déboucla sa ceinture avant de soupirer, saisissant l'épais dossier qui était dans la boîte à gants.
Le cadet Uchiha ne savait pas exactement ce que contenait le classeur, il ne s'était pas permis de le consulter avant Madara qui était celui qui avait diligenté l'enquête. Il n'était pas question pour Izuna de couper l'herbe sous le pied de son aîné.
La portière claqua, ses chaussures glissèrent un peu sur le sol gelé et il avança prudemment jusqu'à l'entrée de la villa, saluant les deux vigiles aux lunettes noires qui restaient près de la porte.
— Monsieur est dans la pool house, précisa celui de droite en s'inclinant légèrement alors que l'autre ouvrait le battant d'un air empressé.
Izuna ne prit pas la peine de répondre : de toute façon, la musique que son frère avait allumée au volume maximum aurait étouffé le moindre mot qu'il aurait prononcé. Le soupir entremêlé de jurons qu'il lança fut avalé par le bruit d'une trompette et il s'avança, traversant l'ensemble de la villa en quête de la chaîne hifi pour pouvoir baisser le son. Quand ce fut fait, il s'orienta tout naturellement vers la pool house pour trouver son aîné emmitouflé dans un peignoir, un verre à pied empli de vin dans sa main.
— Frère ! s'exclama Madara avec un sourire. Je ne t'attendais pas avant quinze heures !
— Il est quinze heures, rétorqua Izuna en serrant le dossier contre lui.
L'ambiance sous la véranda chauffée était suffocante et il jurait sacrément avec son costume et son manteau, face à son frère en peignoir éponge, les cheveux trempés d'une eau imbibée de chlore. Madara s'installa dans un transat, le cadet pinça les lèvres.
— Il n'y a que toi pour vouloir prendre un bain de soleil en plein hiver, commenta-t-il en s'asseyant du bout des fesses sur le second transat.
— Impossible n'est pas Madara Uchiha. Si je veux, je fais. Et ce n'est certainement pas une saison qui m'arrêtera. Quelle nouvelle m'apportes-tu avec cet air de croquemort ?
Izuna posa le dossier sur ses genoux, entreprenant de déboutonner son manteau, retirant au préalable ses gants et son écharpe. Après avoir roulé des yeux, il finit par tendre le résultat de l'enquête à son frère.
— Voilà, c'est ce que tu avais demandé sur Nagato Uzumaki, le colocataire d'Itachi.
— Parfait. J'espère qu'Itachi n'apprendra jamais que j'ai fait mes petites recherches, il risquerait de se fâcher.
L'amusement qui vibrait dans les yeux de Madara montrait bien qu'il ne se préoccupait pas de la colère de son neveu. Il était évident que ce dernier comprendrait que son oncle était inquiet et qu'il s'agissait seulement de protéger la famille. Il parcourut la première page qui dressait un rapide portrait socio-économique de l'homme.
— Quarante-et-un ans, lut Madara, dans la police depuis vingt ans, a commencé sa carrière dans les forces spéciales, dans l'unité qui lutte contre le grand-banditisme, muté à la brigade financière lors de la naissance de sa fille, rétrogradé, il est passé de lieutenant à inspecteur, le temps d'apprendre les ficelles du métier, mais il n'est jamais remonté en grade, jusqu'à présent. Oh, il a reçu des éloges de Fugaku, apparemment, le monde est petit…
Le demi-rictus contrarié sur le visage de Madara fit déglutir Izuna.
— Les éloges de Fugaku sont généralement teintés d'une pointe d'aigreur, expliqua Izuna. Sans doute l'inspecteur a-t-il trouvé des anomalies qu'il a signalées et Fugaku étant ce qu'il est…
— Probablement, oui.
Finalement, Madara secoua la tête.
— Bon, un flic qui fait bien son job, c'est déjà ça de pris. Son appartenance aux forces spéciales explique pourquoi il apprend à Itachi à se défendre, conclut-il. C'était surtout ça qui m'inquiétait. Je me demandais si mon neveu ne me cachait pas quelque chose, comme un harceleur ou un fan un peu trop entreprenant…
Il tourna la page.
— Oh, c'est donc à ça que ressemble l'inspecteur qui a ravi le cœur d'Itachi, s'exclama-t-il en tombant sur une photo. Oui, bon…
Il la tendit à son frère qui fronça les sourcils en étudiant avec attention le visage. La photo était ancienne, l'homme paraissait extrêmement jeune dessus.
— Que fait-on, alors ? s'enquit Izuna. Est-ce que tu souhaites qu'on surveille Itachi de plus près, pour être sûr qu'il ne coure aucun risque ?
Madara secoua la tête.
— Pas la peine.
Il chaussa des lunettes de soleil, fermant le dossier et le rendant à son frère pour empoigner son verre.
— Uzumaki semble être hyper protecteur avec lui, si j'en crois ce que raconte Itachi. Et qui de mieux qu'un ancien des forces spéciales hyper protecteur pour faire attention à mon neveu si précieux à mes yeux ?
Izuna hocha la tête avec un sourire. C'était impressionnant de constater à quel point Madara tenait à ce gosse. Il n'avait jamais vu son aîné se préoccuper à ce point du bonheur d'une personne, c'était à croire qu'Itachi était le fils que Madara n'avait jamais voulu avoir.
Dès le premier jour, l'aîné s'était attaché à son neveu retrouvé comme s'ils s'étaient connus depuis toujours. Madara avait adoré la franchise avec laquelle Itachi avait dit « je suis acteur de X », cette façon sèche et sans appel de s'exprimer. Quand le jeune homme voulait quelque chose, il faisait tout pour l'obtenir, comme le prouvait la manière dont il avait coupé les ponts avec son père.
Madara et Fugaku n'entretenaient plus de relation depuis des années déjà, bien avant qu'Itachi ne quittât la demeure familiale. Izuna avait assisté aux retrouvailles entre son frère et Itachi, appréciant sans un mot la façon qu'ils avaient de se jauger.
Lui aussi aimait bien le petit, même s'il émettait plus de réserves que son aîné. C'était principalement parce qu'il n'était pas capable de faire confiance à quiconque hormis son frère, cependant, il n'avait pas de réelle raison de se méfier d'Itachi : celui-ci ne vivait que pour jouer dans ses films et lire ses polars.
Il n'avait aucune ambition, aucun rêve de grandeur, il n'avait rien de commun avec son père ou avec son cadet qui commençait à faire parler de lui, depuis quelques mois. On le disait insatiable, impatient et colérique. Des défauts majeurs pour un gestionnaire d'entreprise, si on avait demandé son avis à Izuna.
Madara fronça les sourcils.
— Penses-tu que cet Uzumaki soit digne de l'affection d'Itachi ? demanda-t-il.
Izuna haussa les épaules en saisissant le dossier, le parcourant des yeux avec attention. Après quelques minutes à examiner le récit de la vie de l'inspecteur, il finit par hocher la tête.
— Il a l'air d'être une personne qui prend soin des siens. C'est une qualité que tu apprécies, il me semble. Il ne m'inspire pas trop d'antipathie.
Madara hocha la tête.
— C'est ce que je pensais également, confirma-t-il. Alors je prierai pour mon neveu et pour qu'il puisse parvenir à ses fins.
Cette phrase sembla conclure aussi bien le sujet de conversation que la séance de bronzage de Madara puisqu'il se redressa, incitant son frère à se rhabiller pour le suivre à l'intérieur de la villa.
— As-tu finalement réglé les problèmes concernant nos délais de livraison ?
Nagato pivota pour tendre les assiettes à Hinata qui le remercia pendant que Kiba fouillait dans les tiroirs à la recherche de couverts. Kisame et Itachi étaient en train de servir les apéritifs dans le salon. Sakura leur avait envoyé un message pour les prévenir qu'elle était en chemin, s'excusant du retard.
En arrivant à l'appartement 1301, Kisame avait expliqué que sa compagne avait décidé de passer chez ses parents, le prétexte du repas entre amis lui permettant d'écourter si jamais ça tournait mal. Apparemment, Sakura n'imaginait pas une seule seconde être bien reçue, particulièrement quand elle raconterait les raisons de son départ et qu'elle préciserait qu'elle n'avait pas l'intention de quitter l'univers du porno.
Quand il avait énoncé ça, les regards avaient convergé vers Nagato qui grimaçait. Il avait alors soupiré profondément en expliquant qu'il pouvait comprendre les parents de Sakura.
Ils avaient rapidement changé de sujet, réorientant la conversation vers l'actualité, et Kiba avait demandé les raisons de la colère des syndicats de policiers face à la loi de protection de la vie privée des personnages publics, parce qu'il ne saisissait pas vraiment pourquoi les forces de l'ordre s'indignaient d'un tel dispositif. Ils en étaient là de la discussion quand ils avaient entrepris de dresser la table.
— Je ne sais pas, lança Kiba, en tant que célébrité, je suis plutôt content de savoir que je pourrai protéger mes gamins…
Hinata approuva et Nagato souleva le couvercle de la casserole pour vérifier la cuisson de son repas.
— Le problème est que la majeure partie des personnes utilisant cette loi s'en sert pour dissimuler des évasions fiscales, des blanchiments d'argent et des opérations frauduleuses, expliqua Nagato. Même l'utilisation qu'en fait Itachi est dans la zone grise.
Dans le salon, le susnommé hocha la tête.
— C'est vrai, mais ce n'est pas illégal.
— Je n'ai pas dit ça, se radoucit Nagato en lui tendant un regard contrit. Et ce n'est de toute façon pas contre les acteurs de X que se positionnent les syndicats, mais contre les magnats de la finance qui retournent cette loi à leur avantage, nous mettant des bâtons dans les roues. Si vous saviez à quel point ça rend mon travail compliqué, grogna-t-il en roulant des yeux. Alors je comprends pourquoi les syndicats montent au créneau.
Ils passèrent au salon et s'installèrent autour de la table, devant les verres qui leur avaient été servis.
— Tu es syndiqué, toi ? interrogea Kisame avec curiosité.
Nagato secoua la tête, écarta un peu les pieds. Son genou percuta celui d'Itachi et il s'excusa avant de répondre :
— Je l'étais, au début, oui. Mais j'ai eu des désaccords majeurs avec des représentants syndicaux, alors j'ai claqué la porte.
Il refusa d'en dire plus sur les conflits en question et Kisame n'insista pas.
— P-pourt-tant, enchaîna Hinata, ma-malg-gré les désac-cords, c'est p-p-pratique d'avoir un synd-dicat. Je s-suis ad-dhérente au s-syndicat des t-t-travailleurs du s-sexe, moi, ils aident, p-p-parfois.
L'officier de police approuva doucement, puis il sourit.
— Oui, bien sûr et je leur suis reconnaissant quand ils obtiennent des avancées qui me permettent de mieux faire mon travail de protection des populations. Cependant, certains s'octroient le droit de choisir quelles populations protéger et ça me déplaît. Je fais ce métier pour donner la possibilité aux gens démunis d'être en sécurité, je ne veux pas que les personnes que je suis censé protéger aient peur de moi… Je n'ai pas envie d'avoir honte de ma profession et ça, je pense que vous pouvez le comprendre.
Ils hochèrent tous la tête d'un air grave et un silence s'étendit pendant qu'ils buvaient une gorgée de leurs apéritifs. L'odeur du repas se diffusait lentement dans tout l'appartement et Kiba finit par poser son verre sur son sous-bock, croisant le regard de Nagato.
— En tout cas, ça sent super bon, tu cuisines bien !
Il haussa les épaules.
— Non, pas vraiment, je suis seulement les instructions sur mon livre, je suis plutôt doué pour obéir aux ordres.
Kisame se redressa et lui coula une œillade rieuse.
— Ça m'intéresse, ça, s'amusa-t-il en voyant Nagato rosir légèrement.
Ce dernier finit par se redresser en entendant des coups frappés à la porte, profitant de cette occasion pour fuir la conversation qui devenait inconfortable. Il avait jusqu'à présent réussi à éviter d'orienter les discussions sur sa vie sexuelle inexistante, il préférait encore que ça continue ainsi.
Il ouvrit la porte, tombant nez à nez avec Sakura qui lui offrit un sourire ravi, lui tendant une bouteille de vin. Il s'écarta et elle passa, charriant avec elle un parfum qui le fit réagir sans réfléchir. Il la retint, se rapprocha et fronça les sourcils.
— Qu'est-ce que c'est que cette odeur ? grinça-t-il.
Il la connaissait, pour l'avoir sentie récemment. Elle était sur une des lettres de menaces. La considérant un instant, la main serrée sur son poignet, il analysa dans le moindre détail l'assistante de son colocataire, ses rétines chargées de soupçon et de colère.
— Lâche-moi, chuchota-t-elle, tu me fais mal.
— Réponds à ma question.
Elle trembla et déglutit.
— De l'encens. De la myrrhe. J'étais à la messe avec mes parents et y a ce truc qui brûle partout, à l'église, avoua-t-elle en baissant les yeux son poignet. Je t'avais dit que mon père était bizarre, mes parents sont catholiques. Lâche-moi, tu me fais mal.
— Pardonne-moi, s'excusa-t-il, je ne voulais pas te blesser.
Elle recula prudemment quand il la libéra et il ne fallut que quelques secondes à Kisame et Itachi pour arriver près d'eux.
— Que se passe-t-il ? lança le premier en se dressant devant sa compagne.
Nagato n'entendait qu'à peine, la colère sur ses traits se renforçant quand il comprit finalement, quand tous les éléments se mirent en place. La cicatrice en forme de croix, la haine profonde envers le sexe, quelqu'un à qui n'importe qui ferait confiance, l'odeur sur les lettres…
Le père Danzô.
Il coula un regard vers Itachi et ouvrit la bouche.
— Mais quel fils de connard ! s'écria-t-il avant de tâter ses poches pour récupérer son téléphone, se détournant du groupe d'amis qui le contemplaient avec perplexité.
Le temps que la sonnerie retentît, il perçut la voix de Sakura qui demandait à Itachi « Mais qu'est-ce qu'il a ? ».
Itachi sourit en observant l'endroit où Nagato avait disparu.
— Je crois bien que l'instinct des inspecteurs a frappé. Tu as dû lui donner la solution à cette enquête qui le perturbe depuis quelque temps. Ne lui en veux pas trop, il ne souhaitait probablement pas être désagréable…
Sakura hocha la tête, ses yeux se perdant eux aussi sur la porte fermée par l'officier de police. Kisame grogna un peu en attrapant son bras pour contempler l'endroit légèrement rougi et Itachi leur tendit une grimace d'excuses avant de dévier la conversation :
— Ça s'est bien passé ?
Elle fut invitée à venir au salon avec les autres et s'installa dans le canapé.
— À peu près, répondit-elle. J'ai quelque chose pour toi.
Elle fouilla dans son sac un court instant et finit par en sortir un jouet qu'elle plaça dans la main de son partenaire.
— Oh ! Un squishy toy, se réjouit Itachi en portant sa main devant ses yeux pour examiner l'objet.
Il mesurait environ cinq centimètres et représentait un pénis souriant.
— Il est très mignon, s'exclama Itachi en le tendant à Hinata pour qu'elle pût l'observer à son tour avant de le reposer sur la table.
— Je savais que tu étais jaloux du mien, alors je me suis dit que ça te ferait plaisir.
— Je le mettrai sur mon réveil, confirma Itachi alors que Nagato revenait vers eux.
L'air un peu contrarié, serrant son téléphone dans sa main, l'inspecteur lâcha un profond soupir en s'asseyant près d'Itachi.
Il avait contacté Kakashi pour lui dire qu'il tenait enfin une piste solide et qu'il allait pouvoir commencer l'enquête de façon plus sérieuse. Il avait parlé de Sakura, de l'odeur sur le papier qu'il avait retrouvée sur elle, il avait longuement expliqué que ça collait au prêtre du quartier : la cicatrice sur le menton ressemblait à l'ombre de la vidéo, le vocabulaire des menaces correrspondait à une mission sacrée, il était dans le secteur et avait tout à fait la possibilité de demander à des gens de déposer les lettres dans la boîte à sa place.
Kakashi avait alors exhalé de contrariété puis lui avait appris que, malheureusement, ni lui ni Yahiko ne pourraient continuer à l'aider sur ce coup-là, une plus grosse affaire étant arrivée – « je ne peux pas t'en dire plus, tu connais le métier aussi bien que moi ».
De nouveau isolé, il allait devoir réfléchir à des stratégies pour pouvoir tout à la fois s'occuper de Mikan et veiller à la sécurité d'Itachi.
Il en était là de ses pensées quand il remarqua le jouet qui traînait sur la table. Tendant la main, il l'attrapa entre ses doigts pour le porter à ses yeux, louchant légèrement dessus. Il remarqua le visage avant d'identifier la forme et, quand il le fit, il cligna des paupières rapidement, se tournant vers Itachi.
— Pourquoi y a-t-il un pénis à l'air sympathique sur notre table basse ?
— Sakura me l'a offert, elle a pensé à moi.
Haussant un sourcil sceptique, Nagato reporta son regard sur le jouet avant de sourire à Sakura.
— Tu as une drôle d'image de lui.
— C'est la partie de son corps que je vois le plus, expliqua Sakura.
Le policier réussit, pour une fois à retenir la grimace de dégoût. À vrai dire, il ne se sentait plus vraiment si écœuré que ça. En plus, il ne pouvait pas vraiment contredire Sakura, c'était une partie qu'il avait lui-même beaucoup trop vue ces derniers jours, à cause de cette satanée live-performance.
— En moins grand, s'exclama Kiba avec un ricanement graveleux.
La conversation revint sur la rencontre entre Sakura et ses parents, continuant quand ils passèrent à table et Nagato n'écoutait pas vraiment, portant une oreille peu attentive sur le récit, saisissant des bribes d'explications.
— Ils avaient l'air contents de me voir, annonça Sakura. Ma mère a sacrément vieilli, elle a des cheveux blancs partout…
Nagato déglutit, saisissant ses couverts, ses yeux se perdant sur le contenu de son assiette. Que faire, maintenant qu'il avait un suspect tangible ? Bien entendu, il pourrait examiner les antécédents du bonhomme. Pour l'instant, il n'avait rien de concret pour le relier aux menaces de mort, si ce n'était cet instinct qui lui murmurait que c'était lui.
— … leur ai expliqué mon parcours… Ils n'étaient pas ravis, mon père a beaucoup tempêté et crié, je leur ai raconté Orochimaru, ET Entertainment et j'ai dit que j'avais déposé une plainte, grâce à Nagato.
Il lui tendit un sourire en entendant son nom, revenant un instant dans la conversation.
— Je n'ai rien fait de plus que te présenter les bonnes personnes.
— Peut-être, mais une telle démarche contre eux va faire du bruit. J'espère que d'autres actrices me suivront dans ma démarche… Enfin, mes parents n'ont pas vraiment accepté mon choix… Ils étaient contents de me voir, mais… Ils n'ont pas vraiment apprécié que je fréquente un homme ayant douze ans de plus que moi.
Elle porta une main désolée à l'épaule de Kisame qui la regarda, tout aussi chagriné pour elle. Pas qu'il s'en souciait vraiment, Sakura ferait de toute façon ce qu'elle voulait, mais ça aurait été plus facile s'ils avaient pu tolérer une union comme la leur. À côté de lui, Itachi se tortilla, mal à l'aise.
— C'est pas tant que ça, douze ans d'écart, commenta-t-il.
Ses yeux rencontrèrent ceux de Nagato et il détourna le regard pour trouver celui d'Hinata qui se teinta de compassion quand le policier répondit :
— Moi je pourrais pas, je pense. Ça fait trop de différence à mon goût.
Il fit un calcul rapide.
— Avec douze ou treize ans d'écart… En fait, c'est comme si j'étais en couple avec Itachi, quand il a eu la majorité, j'étais marié depuis six ans, j'étais lieutenant, propriétaire de ma maison et on envisageait d'avoir un enfant, avec Konan. On en est pas du tout aux mêmes stades de nos existences.
La moue d'Itachi donna à Nagato l'impression qu'il l'avait blessé, mais il ne sut dire comment.
— Ça dépend vraiment des relations, enchaîna Sakura en se forçant à ne pas compatir à haute voix pour Itachi. Dans notre cas, ça ne pose pas vraiment de problème de ce genre. Toujours est-il que mes parents…
Nagato n'écoutait de nouveau plus, se perdant dans ses pensées. Il n'était de toute évidence pas vraiment d'accord pour le flagrant délit : ça impliquait d'utiliser Itachi comme appât et il était seul pour gérer une telle opération. La moindre merde pouvait coûter cher et il refusait parfaitement de mettre son colocataire en danger.
Peut-être devrait-il essayer d'en apprendre plus sur les habitudes du prêtre. Peut-être même pourrait-il assister au dépôt d'une des lettres. C'était au mieux onirique, mais ça ne serait de toute façon pas de trop de connaître un peu son suspect.
C'était peut-être le bon moment pour poser sa semaine. Il avait suffisamment d'heures à rattraper, c'était certain que les ressources humaines valideraient immédiatement sa demande. Ça lui permettrait de tout faire.
Sa décision était prise.
Il revint dans la conversation, étendant ses jambes sous la table, son pied rencontra ceux d'Itachi qui porta un regard perplexe avant de lui sourire doucement.
Le repas fini, l'ensemble des amis d'Itachi repartirent, Kisame s'exclamant que c'était sympa de faire des déjeuners de couple.
Vers dix-sept heures, Mikan fut de retour, accompagnée par sa mère. L'enfant retira immédiatement son manteau et ses chaussures, qu'elle abandonna dans les bras de Konan, avant de se jeter sur son père qui la récupéra au vol pour lui demander si elle allait mieux.
— Voui, signala la petite fille, mais j'ai un devoir à faire pour l'école demain et j'ai pas pu le faire avant parce que c'est compliqué, parce que Maître Iruka il veut que on amène des photos de notre famille, mais moi, mamie elle a dit que Maman et toi vous étiez plus de la même famille alors que je sais pas comment je vais faire et je veux pas me faire fâcher par Maître Iruka, il me fait peur quand il prend sa grosse voix fâchée. Itachi ! T'as vu ? Mamie, elle m'a fait un pull où y a une belette dessus !
Les deux adultes se tournèrent d'un même mouvement vers le colocataire qui redescendait de son bureau pour s'approcher. Il salua Konan d'un hochement de tête, récupérant dans ses bras Mikan qui tendait les mains vers lui.
— Très jolie belette, affirma-t-il. Je suis jaloux.
— Je suis sûre on peut demander à Mamie de t'en faire un aussi.
Ils s'éloignèrent un peu pendant que Mikan continuait à babiller, expliquant son problème à Itachi qui résolut le souci en disant qu'elle n'aurait qu'à ramener deux photos.
Nagato tendit un regard perplexe à Konan qui soupira.
— Tu as quelques minutes pour qu'on fasse le point ?
— Bien sûr, installe-toi dans la cuisine. Qu'est-ce qu'ils vont faire de ces photos ?
Konan avança après avoir retiré ses chaussures et déboutonné son manteau.
— Un travail sur la couleur, d'après ce que j'ai compris. D'ailleurs, Maître Iruka m'a alertée sur les mathématiques. Elle galère un peu ces temps-ci. Un retour de la dyscalculie, grimaça-t-elle.
— Merde, jura-t-il, elle avait fait des progrès, pourtant… Tu ne m'as pas dit qu'elle était malade ? C'est ma mère qui m'a prévenu…
Konan se laissa aller sur la chaise.
— Yahiko m'a dit que tu travaillais sur un dossier difficile et pointu, je n'ai pas voulu t'encombrer l'esprit, c'était trois fois rien, elle est déjà guérie. Elle tient de toi, pour ça, un système immunitaire vraiment inégalable.
Elle laissa passer un silence et baissa les yeux.
— Tu as fait un test de paternité, lança-t-elle.
— Oui.
Dans une exhalation contrariée, elle secoua la tête, posa ses mains sur la table.
— Tu aurais pu me prévenir…
Elle changea de sujet aussitôt après :
— Est-ce que je pourrais la récupérer lundi soir prochain, plutôt ? Je la récupérerai directement à l'école, si ça t'arrange, je voudrais seulement avoir le temps de faire sa chambre correctement… Mon déménagement est prévu pour ce week-end et avec Yahiko qui part en mission, ça va être compliqué… Je… S'il te plaît ?
Il humecta ses lèvres.
— Tu ne t'intéresses pas au résultat ?
— Non. Je sais que tu es son père. Je te l'ai dit, elle tient de toi.
Un nouveau silence durant lequel il ferma les paupières.
— D'accord. Je la garde dimanche prochain. Elle sera mieux ici qu'au milieu d'un déménagement de toute façon.
Konan lui tendit un sourire maladroit.
— On a trouvé un appartement à quelques rues d'ici, ça devrait simplifier la vie de tout le monde.
Hochant la tête, Nagato soupira, déglutissant de malaise. Konan prit congé quelques minutes plus tard, le remerciant pour sa disponibilité. Il resta silencieux un instant, puis la cavalcade de Mikan dans les escaliers l'arracha à ses pensées, avant qu'il n'eût le temps de se ressaisir totalement, elle était déjà près de lui, talonnée par Itachi, et elle lui expliquait qu'il fallait qu'ils allassent de suite dans le parc pour faire une photo de famille pour pouvoir l'impressionner – « l'imprimer », corrigea Itachi d'un ton amusé.
Nagato se laissa entraîner par l'enthousiasme de sa fille avec un sourire, portant un regard étonné à son colocataire qui s'habillait aussi, « il faut bien un photographe ».
À bientôt !
