Bonjour ! On se retrouve aujourd'hui pour l'OS mensuel sur Boruto ! Mini-spoiler du chapitre 58, donc.
Vraiment tout mini.
J'espère que ça vous plaira, bonne lecture !
Jusqu'à la lune
— Tu ne comprends pas !
Le hurlement de Kawaki résonne, précédé du claquement par lequel il repousse la main compatissante de Boruto. Bien entendu, dans son chagrin, Kawaki sait que son ami a perdu son père, mais ça passe au second plan quand la sensation de vide qui envahit son cœur se répercute sur tout son corps et pèse sur ses os.
— Je n'ai pas pu le sauver, gargouille-t-il en empêchant ses yeux de se remplir de larmes.
S'il comprend pleinement l'impact de son parjure, Boruto, lui, ne le perçoit pas. Il cille, tend une main en direction de Kawaki qui recule avec force pour éviter le contact de son presque-frère.
— Est-ce une raison de détruire tout ce qu'il s'est échiné à construire toute sa vie ? siffle Boruto. Ce que tu suggères, c'est de la folie !
Il n'a pas le temps d'argumenter que Kawaki sort en claquant la porte. Il veut se jeter à sa poursuite, mais la main de son mentor se pose sur son épaule. Les yeux bleus – si semblables à ceux de son défunt père – de Boruto se posent sur Sasuke.
— Je ne comprends pas, souffle le genin.
— Moi oui, admet Sasuke. Il est dans l'erreur. J'ai commis la même, il y a fort longtemps. Je me charge de Kawaki, assure-t-il d'une voix ferme. Reste auprès de ta mère. Elle a autant besoin de toi que tu n'as besoin d'elle.
Sasuke s'extirpe difficilement de son lit de convalescence et enfile ses vêtements avant de quitter sa chambre sous l'air plein de gratitude que lui jette son élève.
Quand il retrouve Kawaki, ce dernier est installé sur un toit et il contemple le Visage de Pierre de Naruto. Et ce sont ses yeux qui sont durs comme de la pierre, pleins de rage, de colère, de tous ces sentiments qu'il ne parvient pas vraiment à contrôler, comme cette maudite, maudite impuissance.
Il n'entend pas Sasuke approcher. Il faut dire que Sasuke excelle dans l'art de se rendre imperceptible. Kawaki ne connaît l'homme qu'à travers l'admiration sans frontière que lui porte Boruto et la déférence respectueuse avec laquelle Sarada parle de lui. Il sait qu'il y a une photo de lui dans le bureau du Septième, qui date de quand ils étaient enfants.
Quand la voix grave et assurée résonne, Sasuke se tient debout, derrière lui. Il sursaute, mais fait mine de ne pas entendre. De toute façon, qu'est-ce qu'il pourrait bien comprendre à son ressenti, ce type ?
— Le pire, c'est pas le chagrin, c'est la frustration.
L'affirmation résonne dans le cœur de Kawaki, si vraie, trop vraie. Il fait un geste équivoque, incitant Sasuke à sourire légèrement. Il a aussi vécu ça, un adulte venant lui faire la morale alors qu'il se noie dans cette frustration incommensurable, l'idée horrible qu'il n'a pas été à la hauteur. Kakashi lui a adressé un discours semblable, si longtemps auparavant.
— Qu'est-ce que tu en sais ? grogne Kawaki sans se tourner vers lui.
Alors, ne commettant pas l'erreur qu'avait fait son maître dans sa jeunesse, Sasuke choisit de s'asseoir près de Kawaki, les mettant sur un pied d'égalité.
— J'ai perdu la personne qui m'était chère, moi aussi, admit Sasuke. Mon frère aîné. Il s'est battu pour une cause et cette cause me l'a enlevé.
L'histoire est simplifiée à l'extrême. Sasuke porte son regard sur l'adolescent en deuil et sourit tristement.
— Quand je l'ai appris, j'ai souhaité me venger. M'éloigner de cette cause qui me l'a volé. La vérité, c'est que j'étais frustré de n'avoir rien pu faire. C'est de ma propre impuissance que je voulais me venger. Et j'imagine que toi, c'est pareil.
Kawaki détache son regard du Visage de Pierre, honteux. Il baisse les yeux sur sa main crispée sur son genou. Quand il y regarde de plus près, il voit les similitudes entre Sasuke et lui, pas uniquement ce bras manquant, alors il comprend. Un jappement ironique lui échappe.
— Et c'est pour m'en empêcher que t'es là ?
— Non. Je serais mal placé pour te dire de ne pas le faire. Je veux seulement que tu prennes ta décision correctement. Ce que tu cherches à faire ne t'apportera pas de satisfaction. Détruire ne soulage que le temps de détruire.
Il prend un silence.
— De toute façon, Boruto te bottera le cul jusqu'à la lune si tu tentes quoi que ce soit. Vous êtes frères. Les frères font ça. Ils t'empêchent de commettre les pires erreurs.
Il sourit, une nostalgie emplissant son cœur de tendresse alors qu'il croise le regard de pierre de Naruto, figé face à lui.
Éternel.
Kawaki se tasse sur lui-même.
— Qu'est-ce que je suis censé faire, alors ? Le Septième, il… Je n'étais pas assez fort et je n'ai pas pu–
Les larmes qu'il retient depuis qu'il a serré contre lui le corps sans vie de Naruto le submergent d'un coup et il fond en sanglots désordonnés. Pris au dépourvu, Sasuke le rapproche mollement de lui pour lui offrir une étreinte plus maladroite que réconfortante. Il sait qu'il ne dégage pas la chaleur de Naruto – personne ne le fait, Naruto était un soleil, il irradiait –, mais il tente quand même.
Il promet à son ami, par-delà la mort, qu'il protègera Konoha, qu'il protègera ses enfants, tous ses enfants, y compris celui qui sanglote dans son épaule et qu'il ne sait pas réconforter.
Parce que s'il ne le fait pas, Naruto est bien capable de revenir à la vie uniquement pour lui botter le cul jusqu'à la lune.
J'espère que ça vous a plu ! À bientôt !
